• il y a 11 mois
La championne olympique de judo en titre raconte sa nouvelle vie où elle concilie sport de haut niveau et maternité.

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Transcription
00:00 d'avoir cette médaille-là et de montrer, voilà,
00:01 regardez ce que j'ai pu faire avec ma fille à côté de moi en allaitant.
00:05 Je pense que c'était le message le plus fort que j'ai pu avoir
00:08 et que j'ai pu montrer de toute ma vie et ça, c'est ma fierté.
00:10 Bonjour, je suis Clarisse Agbenenou, je fais donc du judo.
00:18 Je suis championne olympique, six fois championne du monde,
00:20 cinq fois championne d'Europe et maman.
00:22 J'ai décroché un sixième titre avec ma fille.
00:24 Pour moi, c'était un moment qui a été particulier.
00:27 Je n'y croyais pas mes yeux.
00:28 Je me suis dit, mais déjà, maintenant, à ce moment-là,
00:30 où moi, je me voyais plutôt revenir en 2024 en me sentant un peu mieux physiquement,
00:34 j'étais bien contente de pouvoir mettre le point sur la table
00:36 et de pouvoir me dire, je suis de retour,
00:38 dix mois après mon accouchement et que ce n'est pas fini,
00:41 que ce n'est que le début,
00:42 de me dire que tout ce que j'ai mis en place avec les personnes qui m'entourent,
00:45 avec les professionnels de santé, que tout fonctionne,
00:47 c'est le bon augure pour la suite.
00:48 Quand j'ai accouché, j'ai repris deux, trois jours après
00:50 où j'ai commencé à faire du travail sur mon périnée,
00:53 sur mon transverse, vraiment petit à petit.
00:55 Il me semble que deux semaines après, un peu moins de deux semaines,
00:57 j'ai commencé le yoga, bien sûr, en faisant attention à mon périnée,
01:00 mon transverse, en faisant pas trop de planches,
01:02 mais j'ai commencé avec ça.
01:04 Trois semaines après, je faisais un peu de vélo
01:05 pour éviter les charges et les rebonds sur mon périnée.
01:08 Il faut vraiment faire attention à la périnée.
01:09 Je pense que je vais vous le dire souvent,
01:11 mais c'est très important pour les femmes et pour les hommes, bien évidemment.
01:14 Et derrière, j'ai commencé le judo,
01:15 même pas un mois après où c'était sans chute.
01:18 Au début, vraiment beaucoup de déplacement, de la technique,
01:20 tous les autres sports où j'ai repris vraiment tout mon travail sur le transverse,
01:24 mon travail préparation physique.
01:26 Ça a été vraiment les moments les plus difficiles de ma vie, je crois.
01:29 La reprise du sport avec un allaitement est possible.
01:33 Par contre, il faut que tout soit bien imbriqué,
01:35 que tout soit dit, tout soit cadré.
01:37 Il faut vraiment avoir des professionnels de santé,
01:39 il faut avoir une nutritionniste.
01:40 Il y a eu des moments où il fallait réajuster
01:42 parce que ce n'était pas ce qu'il me fallait,
01:44 ou au niveau du goût, de la préférence.
01:46 Et même, il y a la consistance au niveau du lait.
01:48 Donc, c'est des choses qui sont très importantes.
01:50 L'hydratation, tout peut se faire,
01:51 mais il faut vraiment aller et consulter.
01:54 C'est très important.
01:55 Il y a plein de fois où je suis presque tombée dans les pommes,
01:57 où je n'avais plus d'énergie,
01:58 où j'ai eu du mal et me suis même presque blessée.
02:01 Moi, j'avais dit aux entraîneurs que je reviendrais à l'entraînement avec ma fille
02:04 et qu'on trouverait un chemin d'entente,
02:07 que ce soit pour les entraîneurs, pour les filles à ne pas déranger,
02:10 et pour mon enfant et l'accompagnant
02:12 qui a eu le droit de venir avec ma fille pour la garder.
02:14 Et petit à petit, il y a eu des choses qui n'ont pas pu,
02:16 qui ne se sont pas bien passées,
02:18 mais à un côté, il fallait aussi laisser le temps de...
02:20 C'était de l'inconnu, ça n'existait pas.
02:22 Au fur et à mesure, on a trouvé des solutions, des chemins d'attente.
02:25 Il y a eu beaucoup de communication, beaucoup de questionnements.
02:28 Et finalement, maintenant, je vois que tout est bien cadré.
02:31 Il y a aussi l'ANS qui a mis en place cette éluse pour moi
02:35 et qui subvient à mes besoins financièrement.
02:37 Donc, ils payent, que ce soit les billets pour mon accompagnant ou pour ma fille
02:41 pour qu'elle puisse venir me voir en compétition et en stage.
02:44 Donc, ça, c'est vraiment une chance pour moi.
02:46 Ce qui me permet d'être sur tous les fronts,
02:47 moi, je pense qu'on ne pense pas souvent aux personnes à l'extérieur,
02:51 mais on a vraiment besoin de toutes ces personnes-là,
02:53 que ce soit le conjoint, les parents, les beaux-parents, les amis.
02:58 Moi, j'ai vraiment besoin de ces personnes-là.
02:59 C'est vraiment eux qui me "drive",
03:00 qui me donnent la possibilité d'aller m'entraîner,
03:02 de faire mes stages, de faire mes compétitions.
03:04 Quand mon entraînement est terminé,
03:05 c'est vrai que ma première préoccupation, c'est ma fille.
03:07 Est-ce qu'elle va bien ? Est-ce qu'elle a besoin de moi ?
03:09 Est-ce qu'elle a besoin de Tété ?
03:10 Quand je fais mon entraînement,
03:11 avant, j'avais le temps de faire une petite sieste ou de me poser.
03:13 Là, c'est ma fille.
03:14 Si elle a fait sa sieste pendant mon entraînement,
03:16 je joue avec elle pendant que tout le monde fait sa sieste,
03:18 et le temps que je lui donne à manger aussi,
03:20 que je profite d'elle.
03:21 Et derrière, c'est vrai que souvent,
03:22 je recours pour aller à l'autre entraînement.
03:24 Donc, ce n'est pas facile, ce n'est pas simple.
03:25 Mais moi, je me nourris de cette énergie-là.
03:27 Je me nourris de profiter de ma fille,
03:28 de voir ses sourires, de la voir avec moi au quotidien.
03:30 Après ce sixième titre,
03:31 ça m'a donné énormément de légitimité.
03:33 J'ai même eu des messages qui me disaient
03:35 "Mais Tété, tu es déjà légitime, pourquoi tu dis ça ?"
03:37 Malheureusement, c'est vrai qu'en tant que femme,
03:39 maman, quand on est femme,
03:40 à chaque fois, il faut souvent refaire.
03:42 Il faut montrer qu'on a toujours quelque chose à refaire.
03:45 Il y a toujours quelque chose à redire.
03:46 C'est comme ça.
03:46 Je trouve ça dommage.
03:47 En plus, quand on est maman dans une carrière de sportive de haut niveau,
03:49 là, c'était "Non, mais tu n'y arriveras plus.
03:51 Là, ta carrière est terminée.
03:53 C'est bien, tu reprends."
03:54 Mais je pense que ça s'est arrêté au moment où tu as décidé d'être maman.
03:58 Donc, d'avoir cette médaille-là et de montrer
03:59 "Voilà, regardez ce que j'ai pu faire avec ma fille à côté de moi en allaitant."
04:03 Je pense que c'était le message le plus fort
04:05 que j'ai pu avoir et montrer de toute ma vie.
04:08 Et ça, c'est ma fierté.
04:08 Je reçois énormément de messages de la part,
04:10 mais même pas de sportifs, juste de personnes lambda.
04:13 Et je pense que les messages qui me touchent le plus,
04:15 hormis les mamans, parce qu'il n'y a pas d'autres vitrines pour elles,
04:18 c'est les messages des papas qui se disent
04:20 "Moi, je vois ma femme au quotidien.
04:22 Je ne sais pas comment elle fait, mais alors vous, c'est énorme.
04:24 Et c'est bien parce que vous donnez de la force à ma femme."
04:27 J'espère pouvoir vous montrer encore de belles choses
04:29 et que ces Jeux Olympiques vont encore montrer que les choses sont possibles
04:32 parce que ce sera vraiment le Graal
04:33 et ça pourra montrer la continuité et ce qui s'est passé pendant ces deux années.
04:37 [Musique]

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