• Titre original : Libertins
• Pitch : « Pénétrez dans la Venise des Amours interdites »
• Réalisation : Lionel Baillemont
• Scénario et dialogues : Lionel Baillemont
• Décors : Marc Aurèle Giradin-Fascioda
• Costumes : Nathalie Hamel, Evelyne Fascioda et Veronica Grange
• Langue originale : Français
• Format : couleur — 2,40:1 — 4K — son stéréo
• Genre : historique
• Durée : 1h26 minutes
• Visa 150 678 – Déconseillé au moins de douze ans
• Pitch : « Pénétrez dans la Venise des Amours interdites »
• Réalisation : Lionel Baillemont
• Scénario et dialogues : Lionel Baillemont
• Décors : Marc Aurèle Giradin-Fascioda
• Costumes : Nathalie Hamel, Evelyne Fascioda et Veronica Grange
• Langue originale : Français
• Format : couleur — 2,40:1 — 4K — son stéréo
• Genre : historique
• Durée : 1h26 minutes
• Visa 150 678 – Déconseillé au moins de douze ans
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🎥
Court métrageTranscription
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00:35 Ce genre de film historique, et surtout quand le réalisateur a une vision très précise de ce qu'il veut,
00:41 on a l'impression de tourner quelque chose de différent,
00:47 quelque chose de marquant, d'insolite.
00:55 C'est-à-dire que le réalisateur a vraiment une idée de ce qu'il veut, de la photo qu'il veut,
01:01 de l'ambiance qu'il veut donner à son film, et ça, en tant que comédien, c'est très rassurant.
01:07 Oui, c'est une question qui revient souvent, à laquelle j'ai toujours plaisir à répondre,
01:12 mais pourquoi faire de l'historique alors que c'est très compliqué, alors qu'on pourrait faire un film contemporain,
01:17 avec des gens qui rentreraient dans une boulangerie, encore une fois, pour acheter des baguettes,
01:21 ce serait beaucoup plus facile, il n'y aurait pas d'histoire de costumes, etc.
01:24 Moi, ça ne m'inspire pas.
01:26 Pour moi, l'histoire reste quelque chose de riche, des millions de films sont possibles,
01:32 et quand je vois les grands films historiques, y compris d'ailleurs,
01:37 on peut considérer les films de cow-boys des années 60, comme "Il était une fois dans l'ouest",
01:42 ce qu'on peut considérer aussi comme un film historique,
01:44 quand on voit ce qu'on peut faire au niveau des décors, au niveau des acteurs, au niveau des costumes,
01:49 moi, je trouve ça extraordinaire.
01:52 Pour ce film, on a dû louer beaucoup de costumes, enfin, c'est un nombre de costumes,
01:56 et quand je rentre chez Euro Costume, un fournisseur de costumes,
01:59 et que je vois tous ces pannels suspendus sur des cintres, moi, je reste en extase.
02:07 C'est trop beau, ces habits sont trop beaux, j'aurais envie de les attraper,
02:12 à peine brasser, de faire reculer ma voiture et de les glisser discrètement dedans.
02:16 Et c'est extraordinaire, une femme ou un homme qu'on habille avec des habits d'époque
02:22 prend une dimension physique et mentale absolument incroyable.
02:28 Et c'est ça qui me plaît, c'est cette fascination que je peux avoir,
02:31 et que le public a aussi pour simplifier, on va dire, des marquis et des marquises
02:37 qui restent toujours très vendeurs visuellement.
02:39 Et donc moi, ça, ça me plaît beaucoup.
02:41 La question que m'a posée un acteur dernièrement du film, c'est
02:45 "Qu'est-ce que tu as voulu démontrer dans ton film, dans ce film libertin, qu'est-ce que tu as voulu démontrer ?"
02:49 Bon, d'abord, c'est une question qui est en général assez vacharde, parce que c'est très difficile,
02:54 on est tellement dedans qu'à la limite on ne sait pas trop ce qu'on veut démontrer
02:57 d'une façon vraiment carrée, précise, c'est pas...
03:00 Le travail de création, c'est pas des mathématiques,
03:03 on ne peut pas expliquer comme ça, d'une façon claire sur le papier, exactement ce qu'on a voulu faire.
03:08 Bon, moi, je veux transmettre ma passion de l'histoire,
03:13 ma passion de ce qui a pu se dérouler,
03:16 de la façon dont les hommes se sont comportés au fur et à mesure des siècles.
03:19 Encore une fois, je le redis, mais la fascination du costume, du décor,
03:24 et derrière ça, qu'est-ce qu'il y a ?
03:26 Il y a l'esprit, un esprit, somme toute, pas très différent de l'esprit que nous vivons aujourd'hui,
03:34 avec les, malheureusement, les mêmes problèmes récurrents de société,
03:39 les mêmes histoires, les mêmes...
03:41 Les hommes qui cherchent l'amour, les femmes qui cherchent l'amour,
03:44 les hommes qui cherchent l'amour et l'argent,
03:46 les femmes qui cherchent l'amour et l'argent,
03:48 les hommes qui cherchent l'amour, l'argent et le pouvoir,
03:51 idem concernant la femme,
03:53 donc on est exactement dans le même cas de figure qu'aujourd'hui.
03:55 Alors, on va me dire, pourquoi les mettre en costume et filmer les choses ?
03:59 Simplement pour montrer au grand public que tout cela, ce n'est pas nouveau,
04:04 que l'histoire se prend toujours un peu les pieds dans le même tapis,
04:07 et que quelque part aussi, les envies, les besoins et les attentes sont les mêmes.
04:12 Et ça, c'est très très important de savoir ça,
04:14 parce qu'on a tendance à croire que nous vivons dans une époque où on a tout inventé,
04:19 où avant c'était à la limite des ploucs qui vivaient,
04:23 qui n'avaient aucune idée de rien et qui ne savaient rien.
04:25 Mais non, non, non, non.
04:26 Même si on remonte 3000 ans, 4000 ans, 5000 ans en arrière,
04:29 on avait des gens très intelligents, avec des idées vraiment novatrices,
04:33 sur le monde, sur la société, etc.
04:35 Et donc ça, c'est bien aussi de montrer que ça existe,
04:37 pas seulement à travers un livre d'histoire,
04:39 qui peut être attentinaire et barbatif,
04:42 mais au niveau d'une image, où ça s'anime,
04:44 et les personnages ont des discours qui sont fascinants, parfois fascinants.
04:49 Les dialogues du XVIIIe sur le monde, sur la morale, etc.,
04:53 non seulement font leur part belle dans le film,
04:56 mais pour moi sont très importants à montrer.
04:59 Moi, je trouve ça noble d'avoir la chance d'incarner un personnage qui a vraiment existé.
05:09 Ça met une pression en plus, parce qu'on ne sait pas vraiment comment ils étaient.
05:14 On n'a que des écrits, mais essayer de comprendre leur psychologie,
05:19 vraiment comment ils se sentaient, comment ils pensaient,
05:23 pour pouvoir au mieux les incarner.
05:25 Ce qu'on va faire, c'est qu'on va faire une version où tu parles vraiment très peu,
05:30 parce que là, tu es trop partie pour moi.
05:32 Attends, et ensuite, vous retournerez vous coucher.
05:34 Du coup, j'ai eu un trou là.
05:35 Antoine, ensuite, vous retournerez vous coucher.
05:38 -Sagement. -Avec lui.
05:40 C'est tout, hein ? Oui, c'est tout.
05:42 -Sagement. -Sagement avec lui.
05:44 Oui, bien sûr.
05:45 Voilà. Alors, parle, mais ne pas t'enterrer.
05:48 Tu es partie trop. Faites-le plus hors champ,
05:50 parce que vous êtes quand même très serré au niveau du truc.
05:53 Alors, remettez-vous une sur l'autre.
05:56 Parce que là, je vais partir à droite.
05:59 Comme ça, on va avoir plus de champ.
06:01 La première fois que j'ai lu le scénario,
06:05 j'ai été frappé par la finesse des dialogues.
06:08 Je crois que ce qui était vraiment intéressant,
06:10 c'était d'avoir presque une vraie retranscription
06:14 des dialogues de l'époque.
06:16 Et ça, on est presque dans le travail d'historien
06:20 plus que dans le travail de cinéaste.
06:22 Et d'avoir pu allier les deux,
06:24 j'ai trouvé ça vraiment épassionnant et intéressant.
06:27 Tout cinéaste a besoin d'acteurs.
06:31 Sauf s'il se met en scène lui-même,
06:33 ce qui est tout à fait possible.
06:35 Sauf s'il va chercher sa famille,
06:37 ce qui est encore une fois possible.
06:39 Moi, ce coup-ci, je voulais m'entourer
06:41 pour ce film d'acteurs authentiques
06:43 et de vrais acteurs, si je peux dire.
06:45 Pas que dans mes films précédents,
06:47 il n'y avait pas de vrais acteurs.
06:49 Ce n'est pas ce que je veux dire.
06:51 Mais là, j'ai tenu à prendre des gens
06:53 qui ont un jeu tout à fait particulier.
06:55 Et surtout, on a fait des répétitions
06:57 pour les voir.
06:59 Et c'est vrai que le choix d'un acteur
07:01 est un moment d'angoisse,
07:03 on va dire, pour un réalisateur.
07:05 Puisqu'on n'a pas vraiment le droit à l'erreur.
07:08 Il faut que l'acteur joue vraiment.
07:11 Et là, j'ai eu sur ce film
07:13 de très bonnes surprises.
07:15 Tous les acteurs ont vraiment tenu leur rôle,
07:18 c'est le moment de le dire.
07:20 Ils ont vraiment travaillé,
07:22 se sont vraiment mis dedans.
07:24 Après, il faut savoir que tout acteur
07:26 qui se présente,
07:28 prenons par exemple Marinard,
07:30 qui joue le rôle d'Anne Prospère.
07:32 Elle était venue pour faire
07:34 le rôle d'une prostituée dans le film.
07:36 Et elle l'a joué bien.
07:38 Mais je savais qu'elle avait
07:40 quelque chose de plus.
07:42 Donc je lui ai dit, non,
07:44 je n'ai pas envie de vous donner ce rôle-là.
07:46 J'ai envie de vous donner le rôle d'Anne Prospère.
07:48 De but en blanc, je lui colle le texte
07:50 sous le nez, qu'elle ne connaissait pas.
07:52 Et je lui ai dit, allez-y, jouez-moi-le.
07:54 Elle essayait de sortir un peu le rôle.
07:56 Tout ça, je lui ai dit, non,
07:58 je pense que vous pouvez arriver à faire quelque chose.
08:00 Je lui ai dit, travaillez-le, on se revoit
08:02 dans quelques jours.
08:04 La fois d'après, elle est venue aux répétitions.
08:06 Et là, elle était absolument parfaite.
08:08 Parfaite pour le rôle.
08:10 Je lui ai dit, vous êtes absolument parfaite.
08:12 Et effectivement, dans le film,
08:14 elle s'est réveillée parfaite.
08:16 Là, encore une fois, il y a l'espèce d'instinct
08:18 qui fait qu'on pressent que tel ou tel acteur
08:20 sera mieux dans tel ou tel rôle.
08:22 Ça n'empêche pas les erreurs.
08:24 Je suis très content
08:26 qu'elle soit passée d'un rôle
08:28 que je lui avais donné, où elle était
08:30 un rôle plus "mineur",
08:32 il n'y a pas de jeu de mots là-dedans,
08:34 à un rôle plus important, plus étoffé,
08:36 plus sérieux, dans lequel elle a donné
08:38 et à la fin, dans les scènes finales,
08:40 elle est absolument extraordinaire de puissance.
08:42 Parce qu'elle a compris
08:44 ce que beaucoup,
08:46 beaucoup d'acteurs n'ont encore pas compris,
08:48 c'est qu'un rôle,
08:50 ça ne se prend pas à la moitié.
08:52 Il faut être à fond.
08:54 Il n'y a pas entre les deux,
08:56 cela n'existe pas.
08:58 Si vous pensez à votre image,
09:00 à ce que vous allez dire,
09:02 que votre père ou votre mère va regarder l'image,
09:04 et donc il ne faut pas qu'on voit
09:06 que vous ayez un petit bout de sein qui dépasse
09:08 du costume, si vous pensez comme ça,
09:10 ça ne sera pas bien.
09:12 À l'écran, ça ne supporte pas la demi-vérité.
09:14 Il faut vraiment que l'acteur soit à fond.
09:16 Et là, tous les acteurs qu'on a eu dans ce film
09:18 ont vraiment joué le jeu.
09:20 Et ça, c'est formidable.
09:22 [Quel est le premier scène où vous vous êtes marqué?]
09:24 Je crois que c'est la première scène
09:26 où j'apparais dans le film.
09:28 C'est une scène où j'apparais masqué
09:30 avec un grand masque vénitien.
09:32 Et notamment un plan
09:34 où on ne voit
09:36 que le bout du nez
09:38 du masque apparaître
09:40 dans l'angle du couloir.
09:42 Et cette scène-là
09:44 m'a particulièrement marqué.
09:46 C'est une scène sans dialogue.
09:48 Mais...
09:50 C'est l'ambiance.
09:52 Et l'esthétique de la scène
09:54 me reste vraiment en mémoire.
09:56 [Quel est le rôle que vous donnez à tous les acteurs?]
09:58 Par principe,
10:00 je traite tous les comédiens
10:02 avec la même valeur,
10:04 avec le même respect.
10:06 Je donne à tous
10:08 le meilleur rôle possible,
10:10 le meilleur dialogue possible.
10:12 Ce n'est pas parce que
10:14 chez moi, on est acteur principal
10:16 qu'on doit monopoliser l'écran
10:18 et qu'on doit non.
10:20 Je suis absolument opposé à ça.
10:22 Encore une fois, la très longue scène de la poésie,
10:24 on voit deux autres acteurs
10:26 qui sont à l'arrière et qui regardent
10:28 avec un petit regard.
10:30 Et moi, ça, ça me plaît.
10:32 Qu'il n'y ait pas que l'acteur principal
10:34 et l'autre actrice qui joue avec lui
10:36 qui soient vraiment présents.
10:38 Les autres acteurs ont le droit d'être là,
10:40 ils ont le droit d'exister.
10:42 Moi, je ne fais aucune graduation
10:44 et aucune échelle de qualité dans les acteurs.
10:46 Je ne dis pas que je le redis,
10:48 mais je l'ai dit déjà dans d'autres entretiens.
10:50 Je suis totalement opposé
10:52 aux gens qui font de la figuration.
10:54 La figuration, je suis contre.
10:56 Pour moi, c'est une école de la frustration
10:58 pour un acteur.
11:00 Il doit pouvoir s'exprimer,
11:02 même s'il joue 15 secondes, 20 secondes.
11:04 Il est présent à l'écran, il existe,
11:06 il a une véritable dimension.
11:08 Et donc, ça fait partie, pour moi,
11:10 du respect dû aux acteurs.
11:12 Et donc, on a tourné
11:14 à Venise.
11:16 Alors, quand on dit ça aux gens,
11:18 "Ah, c'est formidable, vous avez tourné à Venise",
11:20 etc., bon, Venise, ça a été
11:22 d'une galère,
11:24 sans faire de jeu de mots, d'une galère pas possible
11:26 puisque maintenant,
11:28 je ne sais pas ce qui va se passer dans l'avenir,
11:30 mais aujourd'hui, à la minute où je parle,
11:32 les rues de Venise, les ruelles de Venise
11:34 sont couvertes, les murs sont couverts de graffiti
11:36 de façon absolument insupportable,
11:38 même sur les monuments.
11:40 Des fois, ils ont essayé de remettre un petit coup de badigeon,
11:42 mais on voit les graffiti à travers ça.
11:44 Donc, pour tourner, déjà,
11:46 pas simple,
11:48 un monde fou,
11:50 des conditions de bruit,
11:52 avec les bateaux, la foule,
11:54 etc., il faudrait pouvoir
11:56 arrêter toute la circulation,
11:58 mais c'est très difficile à faire.
12:00 En plus, il faudrait éviter le vent,
12:02 parce que dès qu'il y a du dialogue, les micros,
12:04 ils sont tout de suite malheureux.
12:06 Des travaux sans fin, il y a toujours des endroits dans Venise
12:08 où c'est en travaux. Donc, ce qui fait qu'en fait,
12:10 la version tournage extérieur
12:12 Venise a été
12:14 absolument compliquée.
12:16 Ça n'a pas du tout été une partie de plaisir,
12:18 même simplement pour prendre
12:20 une simple vue d'un monument,
12:22 même ça, c'est compliqué.
12:24 Les églises, maintenant, les entrées sont
12:26 payantes, à l'intérieur, il n'y a aucune lumière,
12:28 donc on ne peut rien faire.
12:30 Et puis, les extérieurs,
12:32 encore une fois, soit les ruelles
12:34 sont sombres, mal éclairées,
12:36 donc ça a été vraiment très compliqué.
12:38 On a réussi, en deux fois,
12:40 on a fait deux voyages à Venise,
12:42 on a réussi à sortir à peu près
12:44 on va dire,
12:46 cinq minutes d'images
12:48 utilisables, ce qui n'est vraiment pas
12:50 beaucoup sur un film d'une heure vingt-six.
12:52 En même temps, le film, au départ,
12:54 se passe à l'intérieur,
12:56 c'est quelque chose que je voulais,
12:58 donc les extérieurs ne sont pas anecdotiques,
13:00 mais ils situent le décor
13:02 de l'intériorité du film,
13:04 mais il n'empêche que ça a été quand même
13:06 compliqué d'arriver à quelque chose
13:08 visuellement, dix-huitièmes,
13:10 si on peut dire, parce que
13:12 peut-être que les spécialistes vont me dire que mon dix-huitième
13:14 à moi n'est pas tout à fait le bon dix-huitième.
13:16 Mais enfin, on a réussi quand même à s'en sortir,
13:18 et ça n'a pas été simple du tout.
13:20 J'aimerais que le public
13:22 retrouve un peu le plaisir
13:24 d'un cinéma
13:26 qui malheureusement a disparu,
13:28 qui est le cinéma des années soixante,
13:30 soixante-dix, avec une image
13:32 particulière, une ambiance
13:34 particulière, un soin apporté
13:36 aux dialogues, aux images,
13:38 voilà.
13:40 Un plaisir de spectateur
13:42 qu'on a malheureusement
13:44 un peu perdu, et que je pense
13:46 qu'on peut retrouver avec ce film.
13:48 Alors, je n'ai
13:52 commencé le cinéma qu'il y a dix ans,
13:54 pourquoi
13:56 ne l'ai-je pas commencé plus tôt ?
13:58 Dans la mesure où je considère aujourd'hui que c'est un art
14:00 noble et un art qui me fascine,
14:02 même si je n'en ai pas parlé,
14:04 mais même si tout le côté
14:06 business, métier, me révulse
14:08 tout autant que le cinéma m'attire,
14:10 cette espèce
14:12 d'empire de l'argent, cet empire
14:14 de la notoriété,
14:16 cette mainmise sur
14:18 un petit groupe, par un petit
14:20 groupe de gens du cinéma
14:22 qui est régenté de façon mondiale,
14:24 d'une façon parfois
14:26 excessivement commerciale à mon goût,
14:28 ça bien sûr c'est quelque chose sur lequel je ne peux pas
14:30 être en accord. Moi je fais
14:32 partie des gens qui font du cinéma de façon
14:34 indépendante, underground
14:36 pourrait-on dire, mais quelque part
14:38 je pourrais, ce n'est pas le cas,
14:40 mais je pourrais en être fier d'arriver
14:42 à ce résultat sans être passé par tous
14:44 les imbroglios
14:46 et à m'être mis à genoux devant
14:48 tous les producteurs français et autres.
14:50 Ça, on pourrait considérer que c'est une fierté,
14:52 une source de fierté, simplement
14:54 je veux dire qu'il serait temps qu'il y ait
14:56 un certain nombre de gens dans le monde, que ce soit dans le monde
14:58 politique ou cinématographique,
15:00 qui descendent un peu de leur
15:02 estrade et qui viennent un petit peu voir
15:04 ce qui se passe en dessous. Et là à mon avis, il y a des choses
15:06 très très intéressantes, mais si on n'est
15:08 pas
15:10 coopté par un tel
15:12 ou sponsorisé par un tel autre,
15:14 on ne peut rien faire en France au niveau du cinéma.
15:16 Long métrage j'entends,
15:18 et encore moins historique, donc il faut le savoir.
15:20 Mais sinon,
15:24 j'ai l'impression que ce tournage
15:26 ce n'était pas la réalité.
15:28 C'était une autre...
15:30 C'était un rêve.
15:32 Du coup,
15:34 je ne sais plus trop ce qui est réel ou pas.
15:36 Mais même dans le cinéma
15:38 finalement, puisqu'on
15:40 incarne un personnage et puis après
15:42 on est renou et puis après
15:44 on est un personnage, c'est très bizarre quand même.
15:46 [Musique]
15:48 Tu as fait donc trois longs métrages,
15:58 dont "Mademoiselle de la Charse",
16:00 c'est ça, avec Marie-Christine Barraud,
16:02 entre autres.
16:04 Alors c'était quoi "Mademoiselle de la Charse"?
16:06 Alors c'est une héroïne du sud de la France
16:08 qui a combattu
16:10 les envahisseurs.
16:12 Et ce n'était pas son métier,
16:14 parce que l'armée était un métier.
16:16 Et donc, étant la seigneur locale,
16:18 il a fallu qu'elle sorte les épées
16:20 et qu'elle se combatte à la place de ses frères
16:22 qui étaient absents.
16:24 Et là, on en arrive donc à "Libertin",
16:26 qui sort à l'automne 2019.
16:28 Alors le titre, ça raconte la fuite
16:30 d'un arresteur de cartes français à Venise,
16:32 afin d'éviter un procès,
16:34 c'est ça? Pourquoi?
16:36 C'était l'histoire vraie?
16:38 Oui, pour Meurs dissolue.
16:40 Donc il se retrouve rapidement
16:42 confronté aux enquêtes des espions vénitiens.
16:44 Alors pourquoi tu as voulu raconter
16:46 cette histoire? Enfin, à ta manière.
16:48 Donc, moi, ce qui m'intéressait
16:50 de Massur, c'est le 18ème
16:52 dans son aspect "libertinage", parce que
16:54 dans le mot "libertinage", il y a le mot "liberté".
16:56 Oui, très bien.
16:58 Et donc, c'est une remise en cause du système, tant sur le plan politique
17:00 que sur le plan religieux, et sur le plan,
17:02 bien sûr, des Meurs, tu l'avais compris, comme moi.
17:04 C'est le film qui s'appelle "Libertin", oui, je pense.
17:06 Oui, mais il y a... Il y a des Meurs légères.
17:08 Oui, mais c'est plus fort, c'est plus profond
17:10 que cela.
17:12 Il y a de l'humour, au second degré. Il y a beaucoup d'humour.
17:14 Oui, on va faire ses confiances.
17:16 Il y a beaucoup d'humour, et surtout,
17:18 il y a les grands thèmes qu'on aimait développer dans ce temps-là,
17:20 taper sur la religion.
17:22 Et même, à un moment donné,
17:24 le personnage principal
17:26 dit "à bien y regarder,
17:28 l'homme pourrait être considéré comme une sorte de singe".
17:30 Et bien, plusieurs
17:32 dizaines d'années avant Darwin,
17:34 c'est quand même très révolutionnaire pour l'époque.
17:36 Alors, est-ce qu'il y a des scènes un peu choquantes?
17:38 Ah non, il n'y a qu'une scène choquante.
17:40 Moi, j'ai vu "L'Abandonnance", et malheureusement, je ne peux pas la passer
17:42 parce que j'ai peur de me faire taper sur les doigts par le CSA.
17:44 Il y a quand même des scènes un peu...
17:46 Je dirais équivoques.
17:48 Ah non, elles ne sont pas équivoques, elles sont nues.
17:50 Oui, elles sont nues. Elles sont caches, quoi.
17:52 Non, mais pour moi, il n'y a rien de plus beau que la nudité,
17:54 et on n'a pas de raison d'en avoir honte.
17:56 Alors, les acteurs, Ruy Ferreira.
17:58 Voilà. Très bien.
18:00 Marina Delmont, Jérémy Hamon, et Alex Accar,
18:02 qui est un des acteurs que je connais.
18:04 Alex Accar est venu deux ou trois fois où j'ai eu le pépé.
18:06 Exact. Une peintre et chanteuse qui a beaucoup de talent.
18:08 Elle fait plein de choses, j'adore.
18:10 Quel rôle est-elle dans ce film?
18:12 Elle joue la tenancière d'une maison de prostitution.
18:14 Ah, voilà.
18:16 Quand j'ai proposé ça, elle a beaucoup rigolé.
18:18 Alors, le scénario, il se passe plein de choses.
18:20 Il y a des rebondissements, c'est statique, c'est dynamique.
18:22 Non, pas du tout. C'est très dynamique, ça rigole beaucoup.
18:24 60% de l'action, ce n'est pas dans une maison de prostitution,
18:26 mais pas dans le côté sinistre, justement,
18:28 mais dans le côté libertin.
18:30 C'est-à-dire que les gens veulent s'amuser,
18:32 ils veulent être libres.
18:34 Oui, voilà, c'est un côté fun.
18:36 Exactement. Et puis, on lance tous les sujets quitte à provoquer, etc.
18:38 Par exemple?
18:40 Il y a des disputes. Toujours la religion,
18:42 qui était quand même le sujet polémique de l'époque.
18:44 Et si tu veux juste une citation...
18:46 Je t'en prie, une citation de toi?
18:48 Non, non, en fait, qui est dans le scénario.
18:50 Et l'un des personnages dit "Et la morale, monsieur?"
18:52 Et l'autre répond "Oh, vous savez, la morale est une drogue amère
18:54 pour laquelle l'homme a un dégoût naturel."
18:56 Parfait.
18:58 Est-ce qu'il y a une happy end?
19:00 Pas tout à fait, justement.
19:02 Parce que le personnage se rend compte
19:04 que la maîtresse qu'il a emmenée à Venise,
19:06 en fait, il l'aime.
19:08 Et donc, il a eu tort de se comporter comme ça avec elle.
19:10 On l'attend dans toutes les maisons de prostitution.
19:12 Est-ce qu'ils vivent ensemble? Ils ont beaucoup d'enfants?
19:14 Non.
19:16 C'est pas du tout un conte de fées, en fait.
19:18 Non, non, non, pas du tout.
19:20 Bon, de toute façon, on verra ça. Ça sort à l'automne.
19:22 Les bandes-annonces sont visibles, pas chez toi, mais sur le net.
19:24 Sur le net, oui.
19:26 Merci, Lionel. De rien.
19:28 Applaudissements, s'il vous plaît.
19:30 Sous-titrage Société Radio-Canada
19:32 ...
19:34 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
19:37 [SILENCE]