Alain Biseau a suivi depuis 40 ans l'évolution des stocks de poisson à l'IFREMER. Il fait un bilan plutôt positif de l'évolution des stocks et des pratiques des pêcheurs, même s'il reste des améliorations à faire. Il note aussi l'effet de plus en plus évident des problèmes liés au changement climatique et aux pollutions.
© Collectif Pêche et Développement & Trigone Production - Décembre 2023 * Réal Christophe Hoyet
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00:35 On va accueillir maintenant Alain Bizeau.
00:38 Merci.
00:40 Donc vous avez travaillé à Ifremer.
00:43 L'enjeu était aussi de nous faire un peu l'état de la ressource,
00:46 des populations.
00:47 Donc je vais vous laisser la parole et puis après on échangera avec Nathan.
00:51 C'est toujours un peu difficile de parler à Pierre Mollou.
00:54 Je n'ai pas toute son expérience, j'ai quand même passé 40 ans à l'Ifremer.
00:58 Je suis biologiste des pêches.
00:59 J'ai suivi l'évolution des ressources depuis les années 80.
01:05 Sans faire un grand exposé, on peut dire quand même que les choses ne se sont pas améliorées.
01:10 Alors les ressources se sont améliorées et nos relations avec les pêcheurs se sont améliorées aussi.
01:14 On est pierre chevert pour en témoigner.
01:17 Lorsque j'ai commencé, c'était on ne se parlait pas.
01:20 Ou alors quand on se parlait, on s'engueulait.
01:22 Et puis au fil du temps, on a appris à se connaître,
01:25 on a appris à parler le même langage.
01:28 Et maintenant, on fait du partenariat scientifique-pêcheur
01:31 avec un enrichissement mutuel de nos expériences et des diagnostics
01:36 qui sont maintenant de plus en plus partagés.
01:38 Même si les scientifiques continuent à travailler aussi avec des données qui sont propres.
01:43 Donc on m'a demandé de faire un état des lieux en Europe.
01:46 En fait, ça pourrait être très simple comme présentation.
01:49 C'est juste dire que les choses se sont beaucoup améliorées depuis une vingtaine d'années,
01:53 que tout n'est pas encore parfait,
01:55 mais que globalement, c'est plutôt bien.
01:58 Alors en fait, il faut quand même savoir que...
02:01 On parle de ressources, mais les ressources, c'est quoi ?
02:04 C'est des espèces différentes.
02:06 Nous, scientifiques, on ne travaille pas au niveau de l'espèce.
02:08 On travaille au niveau de population.
02:10 On appelle ça des stocks.
02:11 Ce n'est pas un très joli mot,
02:12 mais c'est une espèce de poisson ou de crustacé dans une zone géographique donnée
02:17 et qui a peu de contact avec la même espèce dans une zone géographique proche ou éloignée.
02:23 Donc on a des populations de poissons, des stocks de poissons,
02:27 qui ont une dynamique propre.
02:29 Et moi, ça me hérisse toujours quand j'entends parler du cabillaud.
02:33 Le cabillaud est en danger, il ne faut pas manger du cabillaud.
02:36 Mais quel cabillaud ?
02:37 Est-ce que c'est le cabillaud de mer Celtique ?
02:39 Est-ce que c'est le cabillaud de mer du Nord ?
02:40 Ou le cabillaud de mer de Barents ?
02:42 Ou le cabillaud d'Islande ?
02:43 Qui sont la même espèce de cabillaud,
02:45 mais avec des dynamiques très différentes et des statuts qui sont très différents.
02:49 Donc ce que je vais vous présenter, c'est trois niveaux, trois diagnostics,
02:54 ou bilans qui sont complémentaires, que vous allez voir,
02:57 qui vont tous dans le même sens.
02:59 D'abord un bilan qui est issu de tous les diagnostics qui sont effectués
03:02 par le Conseil international pour l'exploration de la mer,
03:05 qui est une très belle organisation intergouvernementale,
03:09 dont le siège est à Copenhague,
03:11 mais qui surtout regroupe tous les pays riverains de l'Atlantique Nord-Est,
03:15 donc les pays de l'Union Européenne,
03:17 mais également la Norvège, le Royaume-Uni, la Russie,
03:22 qui est suspendue pour l'instant à cause de la guerre en Ukraine,
03:24 mais ça n'intervient pas dans le bilan.
03:27 Et puis de l'autre côté de l'Atlantique, le Canada et les Etats-Unis d'Amérique.
03:33 Ce Conseil international, il réunit tous les ans,
03:37 ou il fédère tous les ans, les recherches et les diagnostics,
03:40 en mettant en commun toutes les données qui proviennent de tous les pays,
03:43 de tous les instituts de recherche de ces pays,
03:46 et pour faire des diagnostics qui sont issus de la communauté scientifique,
03:51 qui sont critiqués, on appelle ça une revue en termes scientifiques,
03:57 par des pairs, et qui donnent lieu à des recommandations
04:01 pour la gestion des pêches, et de plus en plus pour la gestion des écosystèmes au sens large.
04:07 Recommandations qui sont après reprises par les différents gestionnaires,
04:11 en l'occurrence pour l'Union Européenne, la Commission Européenne,
04:14 qui fait des propositions aux ministres, qui valident, ou qui ne valident pas d'ailleurs,
04:19 qui en tout cas décident des quotas de pêche tous les ans,
04:23 de savoir la quantité de poissons qu'on peut pêcher,
04:25 avec l'objectif de maintenir une activité durable de pêche.
04:29 Donc ça, ce sera le premier bilan.
04:31 Le deuxième, c'est un bilan fait par la Commission Européenne,
04:35 mais qui se base sur les mêmes diagnostics que du CIM,
04:38 du Conseil international dont je parlais tout à l'heure.
04:40 Et puis, un bilan que je faisais lorsque j'étais à l'IFRAMER,
04:45 sur les espèces et les populations qui sont exploitées par les pêcheurs français,
04:50 dans l'Hexagone, mais j'ai aussi fait dans les territoires d'outre-mer,
04:53 pas seulement les stocks français, mais évidemment tous ceux qui sont pêchés par les pêcheurs français.
04:58 Les bilans, en fait, les diagnostics, savoir si un poisson est bien pêché ou pas bien pêché,
05:03 ou en tout cas si son état est bon ou mauvais,
05:06 ça repose sur deux indicateurs et pour chaque indicateur, on a un seuil
05:10 qui permet de dire si on est au-dessus ou au-dessous de l'objectif.
05:14 Le premier indicateur, c'est ce qu'on appelle le taux d'exploitation.
05:17 En langage scientifique, on dit mortalité par pêche, mais enfin, taux d'exploitation,
05:21 ce qui est en gros le ratio entre ce qui est capturé et ce qui est disponible,
05:25 donc la biomasse exploitable d'une population de poissons,
05:29 avec l'objectif de maintenir une activité, un rendement maximum durable.
05:34 C'est le terme utilisé pour la politique commune des pêches
05:38 et de manière plus générale au niveau international.
05:41 Et lorsqu'on est au-dessus de ce seuil, on est dans une situation de surpêche.
05:46 Et puis, parallèlement, on regarde, on essaie de quantifier la biomasse,
05:51 la quantité de poissons et notamment des reproducteurs,
05:53 parce que c'est important pour la pérennité de la population,
05:56 et en fixant également des seuils.
05:59 Et quand on est en dessous de ce seuil, on considère que le stock est dégradé.
06:04 Dégradé, ou lorsqu'une biomasse est très très faible, on dit qu'il est effondré.
06:08 On a entendu tout à l'heure parler de disparition de poissons.
06:11 Moi, je n'aime pas du tout ce terme, parce que ça ne s'agit pas de ça pour nous,
06:14 en tout cas pour nous, scientifiques.
06:16 On a parlé aussi, lors de la crise du thon rouge, dans les médias,
06:19 on parlait de la disparition de l'espèce.
06:22 Ce n'est pas du rhinocéros blanc d'Afrique.
06:25 Notre diagnostic, c'était une très forte surpêche, une très forte surexploitation.
06:29 Donc on était, pour ces deux indicateurs, à la fois très haut pour le taux d'exploitation
06:34 et très bas pour la biomasse, mais il n'y avait pas de risque de disparition du thon rouge.
06:39 Donc attention à ce terme.
06:41 Effondrement, ce n'est pas terrible non plus, mais c'est quand même moins pire que disparition.
06:46 Alors, juste une courbe pour illustrer ce que je disais.
06:49 Vous avez en vert la quantité de poissons d'une population.
06:53 En randonnée, vous avez l'abondance.
06:56 Et puis en abscisse, vous avez la pression de pêche, le taux d'exploitation,
07:00 qui, évidemment, fonctionne du nombre de bateaux, de leur puissance, des engins utilisés, etc.
07:05 Et vous voyez que la courbe bleue, elle commence, évidemment, quand il n'y a pas de pêche,
07:10 il y a beaucoup de poissons déjà et puis il n'y a pas de capture, puisqu'il n'y a pas de pêche,
07:13 et que plus la pêche s'intensifie et plus la courbe bleue monte,
07:17 pendant que la courbe verte glissant, évidemment, puisque quand on pêche des poissons,
07:20 ce qu'il y a dans la mer diminue, enfin, moins en moins,
07:23 c'est que plus on pêche et moins on pêche, en fait.
07:26 Plus il y a de bateaux, plus il y a une intensité de pêche importante,
07:29 et puis ça passe par un maximum et ça diminue.
07:31 Et ce maximum, c'est l'objectif de la politique commune des pêches d'aujourd'hui,
07:34 c'est des captures maximales sur le long terme.
07:37 Et vous voyez que ce maximum de production, de cette courbe bleue de capture,
07:41 on a, si on redescend sur l'axe des abscisses,
07:45 on a un niveau d'intensité de pêche qui est donc l'objectif premier
07:49 de la politique commune des pêches, ce qu'on appelle la mortalité par pêche
07:53 qui correspond au rendement maximum durable.
07:56 Et que lorsqu'on est au-dessus, lorsqu'il y a plus de pêche que ce seuil,
07:59 on est dans une situation de surpêche.
08:02 Et on voit également que lorsqu'on est à cette intensité de pêche
08:06 qui permet le maximum, on a une biomasse qui est beaucoup plus faible
08:10 que la biomasse origine lorsqu'il n'y avait pas de pêche, évidemment,
08:13 parce que quand on pêche, on diminue,
08:16 mais que l'on appelle la biomasse au rendement maximum durable
08:20 qui est le deuxième objectif de la politique commune des pêches.
08:24 Donc je reprends les résultats issus des travaux du Conseil international
08:28 pour l'exploration de la mer, en vous présentant pour trois régions,
08:32 la mer du Nord, la Mancheste d'une part, les mers celtiques d'autre part,
08:37 mer celtique c'est entre la Bretagne et l'Ecosse,
08:41 puis le Golfe de Gascogne, deux familles de poissons,
08:46 d'une part les poissons qu'on appelle les poissons bantiques,
08:49 donc qui vivent collés au fond ou très proches du fond,
08:52 les beaux-droits, les sols, les cardines,
08:55 et puis à droite vous aurez les poissons dits des merceaux,
08:58 qui sont moins inféodés au fond,
09:01 comme les lieux, les églophins, les merlus et le cabiot.
09:06 Vous voyez les graphées du haut,
09:08 qui représentent l'évolution du rapport entre le taux d'exploitation réalisé
09:13 et l'objectif de taux d'exploitation durable,
09:17 avec la ligne horizontale qui est la ligne 1,
09:20 qui veut dire que lorsqu'on est sur cette ligne,
09:22 on est exactement à l'objectif de RMD.
09:25 Vous voyez plein de courbes de toutes les couleurs,
09:28 qui correspondent aux différentes populations qui sont étudiées,
09:31 et puis la grosse courbe noire qui montre la moyenne de toutes ces courbes,
09:35 et ce qu'on peut voir, si l'on regarde les deux courbes du haut,
09:39 c'est une très forte baisse autour des années 2000,
09:44 avec des situations de fortes surpêches auparavant,
09:48 et une diminution pour arriver maintenant assez proche,
09:51 disons à la fois en-dessus ou en-dessous,
09:54 de l'objectif du rendement maximum durable.
09:57 Donc une très nette amélioration Mer du Nord et Manchester.
10:00 Et les deux graphiques du dessous représentent la biomasse.
10:04 Alors ce n'est pas le ratio entre la biomasse estimée
10:07 et la biomasse au rendement maximum durable dont on parlait tout à l'heure,
10:11 parce que c'est un peu compliqué à estimer.
10:14 On peut les estimer par les modèles, toutes choses étant égales par ailleurs,
10:17 mais dans la réalité, ça reste très théorique.
10:20 Donc on a défini un seuil.
10:22 Le plus important, c'est surtout de voir la tendance de la courbe,
10:25 et on voit qu'avec un peu de retard à l'allumage, j'allais dire,
10:28 la diminution de la pression de pêche a conduit
10:31 à une augmentation des biomasses de ces différents stocks,
10:34 avec des augmentations qui sont plus ou moins importantes,
10:37 plus importantes pour les poissons batiques que pour les poissons des mersaux.
10:42 Donc en bilan sur la Mer du Nord et la Manchester,
10:46 vous avez en vert le nombre de stocks de population
10:49 qui sont estimés pêchés durablement sur la gauche,
10:54 et avec des biomasses qui sont "convenables" à droite.
10:59 En rouge, ceux qui ne sont pas bien,
11:01 et en gris, les stocks pour lesquels on a des évaluations,
11:04 mais on ne peut pas encore les classifier,
11:07 puisqu'on n'a peut-être pas à la fois les indicateurs,
11:10 et surtout pas les points de référence qui permettent de dire si c'est vert ou rouge.
11:13 Mais vous voyez qu'il y a une grande proportion de stocks
11:16 pour lesquels on a encore des incertitudes.
11:19 Alors je vais passer rapidement sur la Mer Celtique et sur le Globe du Gascogne,
11:22 parce que les courbes sont à peu près identiques.
11:25 Il y a une baisse peut-être moins brutale que depuis plus longtemps pour la pression de pêche,
11:29 une augmentation un peu plus importante pour la biomasse,
11:32 en tout cas en ce qui concerne les espèces bintiques.
11:35 Et pour ce qui est des petits camemberts,
11:38 vous voyez que le pourcentage de stocks en bon état,
11:41 donc à la fois en termes de taux d'exploitation et de biomasse,
11:45 est plus important qu'en mer du Nord,
11:48 avec quand même là aussi une large proportion de population
11:51 pour lesquelles on n'a pas de diagnostic ou pas de classification.
11:55 Pour le Globe du Gascogne, à peu près le même signal,
12:00 baisse de la pression de pêche, augmentation de la biomasse.
12:03 Alors vous ne voyez peut-être pas bien toutes les petites courbes de toutes les couleurs,
12:07 en dehors de la grosse courbe noire.
12:10 Vous avez quand même des disparités importantes entre les espèces.
12:13 Vous avez notamment une que l'on ne voit peut-être pas très bien,
12:16 mais qui est la plus basse de la courbe de biomasse,
12:19 qui concerne la sole du Globe du Gascogne.
12:22 Bien que pour la sole du Globe du Gascogne, on est maintenant en dessous de cet objectif
12:26 d'intensité de pêche visé par la Politique Commune des Pêches,
12:30 la biomasse a du mal à se reconstituer,
12:33 et elle ne se reconstitue pratiquement pas.
12:36 Ce n'est pas lié à la pêche uniquement.
12:39 On n'a pas encore vraiment identifié le problème,
12:42 mais il y a un vrai problème de survie des œufs et des larves de la sole,
12:47 et probablement, puisque le développement des œufs et des larves se passe dans un milieu relativement côtier,
12:52 un problème de pollution peut-être augmenté par les problèmes de réchauffement climatique,
12:58 et donc de plancton également.
13:01 En ce qui concerne l'Europe, ça va être assez vite, parce qu'en fait ils reprennent les mêmes courbes,
13:04 donc il n'y aura pas beaucoup de surprises en termes de diagnostics.
13:08 Une forte baisse du taux d'exploitation et une augmentation de la biomasse.
13:13 Alors eux, ils n'ont pas pris le même référentiel que le CEM.
13:16 Le départ de leurs courbes, c'est la biomasse en 2003.
13:19 Malgré tout, on voit bien une augmentation de la biomasse.
13:23 Donc ça, c'est pour l'Atlantique Nord-Est,
13:26 et puisqu'en Europe, il y a aussi la Méditerranée, c'est beaucoup moins glorieux en Méditerranée.
13:30 On a des taux d'exploitation moyens qui sont beaucoup, beaucoup supérieurs
13:35 à l'objectif du rendement maximum durable,
13:38 et des quantités de reproducteurs qui augmentent, mais qui sont encore très, très faibles.
13:44 Donc, situation plutôt favorable dans l'Atlantique Nord-Est
13:49 et qui reste très préoccupante en Méditerranée.
13:52 Et c'est à peu près les mêmes diagnostics qu'on a montrés
13:56 depuis que l'on fait ces bilans tous les ans maintenant, depuis 5 ou 6 ans,
14:01 sur la classification des débarquements français.
14:04 Alors, ce que je vous ai montré tout à l'heure, c'était la pression de pêche et les biomasses.
14:08 Et là, on raisonne en termes de débarquement.
14:11 Chaque poisson débarqué, identifié par rapport à son origine géographique
14:16 et donc à son appartenance à une population,
14:19 et avec les diagnostics qui sont faits au CUM,
14:22 on peut dire que ce poisson-là, il vient de telle population,
14:25 et cette population, elle est en bon état, elle n'est pas en bon état.
14:28 Et donc, on a classifié les débarquements en France depuis 2000.
14:32 Et donc, on a les différentes proportions de l'état des populations,
14:36 et on voit, même constat que précédemment, une très nette amélioration.
14:42 On était à peu près à 20% de débarquements en 2000
14:46 qui promenaient des populations non surpêchées,
14:49 et on est aujourd'hui à 51%.
14:51 Alors, évidemment, 51%, ce n'est pas 100%.
14:54 Pour autant, l'amélioration, elle est nette.
14:57 On voit également dans ces graphiques qu'il y a à peu près un quart des débarquements français
15:02 qui proviennent de populations pour lesquelles on n'a pas de diagnostic ou pas de classification.
15:07 Donc là, il y a encore du travail à faire de la part des scientifiques,
15:10 même si on ne mettra pas un chercheur derrière chaque espèce.
15:14 Mais une amélioration des connaissances, c'est indispensable.
15:18 Une amélioration des pratiques, également.
15:21 En nombre de stocks, on voit...
15:23 Alors, ça, c'est par rapport au nombre de stocks évalués et classifiés.
15:26 On voit, là aussi, une très forte amélioration,
15:29 une très forte augmentation du nombre de stocks non surpêchés
15:33 et une très forte diminution des stocks surpêchés.
15:37 Donc, en conclusion, et je ne fais que me répéter,
15:41 une très nette amélioration de la situation, au moins dans l'Atlantique Nord-Est.
15:45 En Méditerranée, c'est beaucoup plus complexe.
15:48 Et hormis le ton rouge qui se porte bien maintenant,
15:50 les autres espèces, ce n'est pas très brillant.
15:53 Pas encore 100%.
15:55 Alors, 100%, c'est peut-être... c'est complètement utophique.
15:58 Je pense qu'il y a encore des choses à faire.
16:00 Les projections sont beaucoup plus compliquées à faire
16:02 parce que nos projections, en général,
16:04 raisonnent, toutes choses étant égales par ailleurs,
16:07 et on sait que ce n'est jamais le cas,
16:09 qu'il y a le réchauffement climatique,
16:11 qu'il y a des espèces dans des zones géographiques
16:13 qui n'ont pas beaucoup de chances de se régénérer.
16:15 C'est le cas du cabillaud.
16:17 Le cabillaud, on en parlait tout à l'heure.
16:19 En mer Celtique et au moins dans le sud de la mer du Nord,
16:21 il est en limite très sud de sa répartition.
16:24 Et l'eau, se réchauffant,
16:26 il est quasiment voué à...
16:28 alors, pas vraiment à disparaître,
16:30 mais en tout cas à se raréfier de telle manière
16:32 que l'exploitation ne sera plus possible.
16:36 Donc, beaucoup de travail encore à faire,
16:38 à la fois pour nous, scientifiques,
16:40 et puis pour les gestionnaires,
16:42 qui ont quand même pris leur responsabilité depuis 2000
16:44 en fixant des quotas, j'allais dire,
16:46 qui sont plus proches des recommandations des scientifiques,
16:50 et puis aussi des pêcheurs,
16:52 qui ont, depuis bien longtemps maintenant,
16:54 amélioré leur pratique,
16:56 et René Pierre ne me contrôlera pas en disant que
16:58 les efforts sur la sélectivité des engins,
17:00 et notamment des chalus,
17:02 c'est quelque chose de très important.
17:04 Il y a sans doute encore des progrès à faire,
17:06 mais ça a beaucoup contribué à améliorer les choses.
17:08 Et puis, le respect des quotas,
17:10 et l'exemple le plus flagrant,
17:12 c'est l'autorouge en Méditerranée,
17:14 mais je pense qu'il y a aussi une prise de conscience
17:16 de la part des pêcheurs que des stocks bien gérés,
17:18 c'est aussi leur avenir.
17:20 Et j'aime beaucoup, on peut dire ce qu'on veut
17:22 de la réconciliation européenne,
17:24 mais j'aime beaucoup cette illustration de la commission
17:26 qui dit "inséparable entre poisson et pêcheur",
17:28 parce que tout l'enjeu, c'est bien ça,
17:30 c'est de réconcilier conservation et exploitation.
17:32 Voilà, merci.
17:34 (Applaudissements)
17:36 (...)
17:40 -Merci pour la clarté de vos propos.
17:42 Première question
17:44 avant que la salle s'exprime.
17:46 On parle beaucoup de réchauffement climatique.
17:48 Vous voyez, je ne sais pas,
17:50 des rapports professionnels,
17:52 des évolutions de poissons.
17:54 Je suis un gamin du golfe,
17:56 je vois pas mal d'acteurs qui me disent
17:58 "c'est bizarre, on voit des évolutions
18:00 parfois de poissons,
18:02 je ne sais pas si le réchauffement les fait monter
18:04 plus vers le nord, mais voilà justement,
18:06 vous parlez du Camillot,
18:08 est-ce que ça a ces impacts-là,
18:10 est-ce que vous le prenez aussi en compte,
18:12 par exemple, dans vos analyses ?
18:14 Vous travaillez peut-être avec d'autres chercheurs
18:16 sur cette question du réchauffement climatique
18:18 ou du réchauffement de la mer ?
18:20 -C'est vrai que l'apparition
18:22 de nouvelles espèces dans nos eaux
18:24 ne date pas d'aujourd'hui.
18:26 Quand j'ai commencé à Lorient
18:28 dans les années 80,
18:30 les premiers étés,
18:32 on voyait quelques pêcheurs arriver
18:34 avec des poissons bizarres, on n'avait jamais vu ça.
18:36 On cherchait dans nos bouquins, c'était des balistes.
18:38 Aujourd'hui,
18:40 on ne vient plus nous demander ce que c'est
18:42 parce que c'est devenu relativement banal.
18:44 Donc ça, c'était un exemple
18:46 de l'apparition d'espèces.
18:48 Mes collègues très chers,
18:50 qui s'appellent toujours Jean-Claude Quérault,
18:52 qui travaillait à La Rochelle,
18:54 ont fait beaucoup d'études
18:56 sur l'évolution du centre de gravité
18:58 des populations de poissons,
19:00 en montrant des évolutions
19:02 de dizaines de kilomètres
19:04 tous les ans
19:06 en fonction du réchauffement.
19:08 Je parlais du cabillaud.
19:10 Ce n'est pas que le cabillaud prend son baluchon
19:12 et va plus au nord parce qu'il a trop chaud.
19:14 C'est le poisson qui est là
19:16 et qui va se reproduire
19:18 avec peut-être des difficultés,
19:20 mais c'est surtout les œufs et les larves
19:22 qui vont avoir des difficultés à se reproduire.
19:24 Le réchauffement climatique a une influence
19:26 sur les compositions planctoniques
19:28 qui influent forcément
19:30 sur le développement des œufs et des larves.
19:32 Lorsqu'on parle de déplacement
19:34 de populations, c'est bien le déplacement
19:36 du centre de gravité des populations
19:38 qui retrouve plus au nord
19:40 des conditions biologiques
19:42 de développement plus favorables.
19:44 Le prendre en compte dans nos...
19:46 Dans les diagnosis,
19:48 c'est un état des lieux.
19:50 Effectivement, on prend en compte
19:52 les modifications
19:54 de croissance,
19:56 de maturité, parce que ça,
19:58 on les a observées.
20:00 De là à prévoir,
20:02 auprès dire ce qui pourrait se passer
20:04 dans 10 ans, c'est beaucoup plus compliqué.
20:06 - Des petites questions.
20:08 Il y a une première question
20:10 dans le tout.
20:12 - Yann Jauratis, au niveau associatif
20:14 de pêche loisir.
20:16 Au début de votre propos,
20:18 vous parliez des reproducteurs.
20:20 Que ce soit la pêche du loisir ou la pêche professionnelle,
20:22 on nous demande de prélever
20:24 uniquement que les reproducteurs.
20:26 Y a-t-il un lacune là-dessus ?
20:28 - Un des slogans, j'allais dire,
20:30 à la fois des scientifiques
20:32 et des gestionnaires,
20:34 c'était de laisser les petits poissons
20:36 grandir et se reproduire.
20:38 Un des axes d'amélioration,
20:40 c'était d'améliorer la séductivité des engins,
20:42 laisser passer les petits poissons
20:44 pour qu'ils puissent grandir et se reproduire.
20:46 Je pense qu'il y a eu un effort
20:48 considérable là-dessus.
20:50 De fait,
20:52 la recommandation, c'était de pêcher
20:54 plutôt des poissons adultes,
20:56 sachant que les poissons adultes
20:58 se sont déjà reproduits,
21:00 et que si on préserve
21:02 les juvéniles,
21:04 les poissons adultes vont être remplacés
21:06 par des poissons qui vont pouvoir
21:08 devenir adultes et se reproduire.
21:10 Il y a eu un exemple très frappant,
21:12 c'était le merlu.
21:14 Le merlu est une aire de distribution
21:16 très large qui va du Golfe de Gascogne
21:18 jusqu'à la Norvège.
21:20 Dans toutes les années 1990 et avant,
21:22 90-95 % des captures de merlu
21:24 étaient des poissons
21:26 qui ne s'étaient pas encore reproduits.
21:28 Sur les 95 %,
21:30 il y en avait plus de la moitié
21:32 qui étaient des poissons hors taille.
21:34 C'est un des times, ça ne me regarde pas,
21:36 mais en tout cas la France a été condamnée
21:38 comme beaucoup d'autres, comme certains d'autres.
21:40 Donc malgré tout,
21:42 avec cette exploitation
21:44 qui était très orientée
21:46 sur les jeunes,
21:48 le stock arrivait à se maintenir,
21:50 j'allais dire.
21:52 Et puis au milieu des années 90,
21:54 il y a eu une pêche qui s'est développée
21:56 aux accords avec des filets
21:58 et qui visait les reproducteurs.
22:00 Et donc, tout en continuant
22:02 à pêcher,
22:04 les chalutiers pêchent des petits merlus
22:06 sur la vasière du Gop de Gascogne, notamment.
22:08 Évidemment, quand on pêche à la fois
22:10 trop de petits et trop de vieux,
22:12 ça ne peut pas durer longtemps.
22:14 Et le stock s'est cassé la figure.
22:16 Et aujourd'hui, la sélectivité,
22:18 notamment des langoustiniers
22:20 qui pêchaient beaucoup de petits merlus,
22:22 mais pas que des langoustiniers,
22:24 s'est beaucoup améliorée.
22:26 Les captures juvéniles sont maintenant
22:28 beaucoup moindres que dans les années 90.
22:30 Donc le stock de merlus a explosé
22:32 et on peut continuer à capturer
22:34 des merlus
22:36 un peu immatures,
22:38 dans le Gop de Gascogne notamment,
22:40 mais également des adultes.
22:42 Et on pêche maintenant, on retrouve maintenant sur les étals,
22:44 des gros merlus que vous n'aviez peut-être pas connus
22:46 dans votre enfance.
22:48 Il faut trouver un bon compromis entre tout ça.
22:50 Il faut laisser suffisamment de jeunes
22:52 pour pouvoir remplacer les adultes,
22:54 mais il faut pêcher aussi des adultes
22:56 qui sont aussi un bon compromis
22:58 entre le nombre disponible
23:00 et leur taille et leur poids.
23:02 C'est juste toute une histoire de compromis.
23:04 Alors, le repos biologique,
23:06 c'est-à-dire arrêter de pêcher lorsque
23:08 le poisson est en train de se reproduire,
23:10 c'est une très bonne idée pour des populations
23:12 qui sont en très mauvais état,
23:14 mais c'est une très fausse bonne idée
23:16 pour les autres.
23:18 Il y a un très bon article en ligne
23:20 sur le site de l'IFREMER
23:22 qui essaye d'expliquer le pourquoi.
23:24 C'est plutôt une fausse bonne idée.
23:26 C'est une pression de pêche équilibrée
23:28 sur l'ensemble de l'année
23:30 qui permet de maintenir un stock
23:32 de géniteurs suffisamment important
23:34 plutôt que de privilégier
23:36 ou de s'interdire de pêcher
23:38 au moment de la reproduction.
23:40 D'autres questions ?
23:42 J'ai connu l'effondrement
23:44 du stock de lieux jaunes.
23:46 A l'époque, tu avais dit que c'était fini,
23:48 qu'on avait fait comme affaire d'œuvre.
23:50 Et puis, un peu de temps après,
23:52 c'est remonté,
23:54 parce qu'on est parti plus au large,
23:56 plus dans le creux.
23:58 Le problème,
24:00 c'est que la seule variante
24:02 d'ajustement qu'on a,
24:04 c'est la pêche, en fin de compte.
24:06 Le modèle ne le prend en compte
24:08 que, et pour le coup,
24:10 avec du retard.
24:12 Parce que, quand on a commencé
24:14 à voir, il y a 3 ans maintenant,
24:16 l'arrivée des poulpes,
24:18 on était loin de savoir
24:20 ce que ça allait donner
24:22 sur la totalité,
24:24 y compris de la reproduction.
24:26 Et ça, c'est vrai que ça prend du temps.
24:28 On a déclenché,
24:30 on est parti plus sur le poulpe
24:32 pour essayer d'éradiquer
24:34 plutôt que de laisser survivre cet animal-là.
24:36 Parce qu'il y en avait vraiment trop.
24:38 Et là encore, on en a vraiment un paquet.
24:40 Il faudra regarder
24:42 la résolution
24:44 du Parlement européen,
24:46 qui est sortie le 9 mai 2023
24:48 pour intégrer mieux la pêche
24:50 et les avis des pêcheurs
24:52 dans la gestion et les mesures
24:54 de gestion surtout des stocks.
24:56 Par contre, j'aimerais mieux que ce soit toi
24:58 qui dise, on est rendu à combien
25:00 d'importations des produits haliotiques
25:02 au niveau français ?
25:04 Le pourcentage de ce qui est
25:06 consommé en France par rapport
25:08 à ce qui est produit,
25:10 et puis peut-être les perspectives d'avenir
25:12 pour ce qui reste de la pêche actuellement
25:14 en métropole.
25:16 Le problème des importations est un vrai problème.
25:18 Ça fait couler
25:20 beaucoup d'encre et probablement
25:22 aussi créer des illusions.
25:24 On dit que
25:26 70% des produits aquatiques
25:28 qui sont consommés
25:30 en France, mais le pourcentage est à peu près
25:32 le même en Europe en général,
25:34 sont des produits d'importation.
25:36 Au premier rang, on décale le saumon.
25:38 Le deuxième rang, je crois que ce sont
25:40 les crevettes tropicales. Et le troisième,
25:42 c'est les thons.
25:44 On parle de souveraineté alimentaire.
25:46 Les députés et les sénateurs s'agitent
25:48 beaucoup avec cette question
25:50 de souveraineté alimentaire. Ce ne sont pas les seuls,
25:52 mais il y a beaucoup de rapports là-dessus,
25:54 en disant qu'il faut développer la pêche,
25:56 la coagulture, pour garder en France
25:58 une totale autonomie
26:00 en termes d'alimentation de produits aquatiques.
26:02 La coagulture du saumon
26:04 en France, elle est peanuts.
26:06 La coagulture de crevettes tropicales,
26:08 en tout cas,
26:10 peut-être dans les territoires d'outre-mer,
26:12 mais pour l'instant,
26:14 c'est quasi inexistant.
26:16 Et les thons, en termes d'aquaculture,
26:18 c'est un peu compliqué,
26:20 même si j'ai vu qu'il y avait des articles
26:22 sur comment on arrivait à faire
26:24 de la reproduction maintenant.
26:26 Mais on n'en est pas encore là.
26:28 Si on veut de la souveraineté alimentaire,
26:30 le saumon sauvage,
26:32 il n'y en a quasiment plus. Des crevettes,
26:34 on a quelques bouquets, mais on ne va pas
26:36 aller avec ça.
26:38 Et le thon, on voit que
26:40 les armements à Thony en ce moment
26:42 sont plutôt en difficulté.
26:44 Donc ce n'est pas sur ces trois espèces-là
26:46 qu'on va pouvoir régler le problème
26:48 de la souveraineté alimentaire.
26:50 Il y a des rapports qui veulent développer
26:52 l'aquaculture, mais développer l'aquaculture,
26:54 à part
26:56 tout ce qui est conquis d'éculture,
26:58 c'est-à-dire moules et huîtres pour lesquels
27:00 la France est en très bonne place,
27:02 la coagulture de poissons,
27:04 ça reste anecdotique.
27:06 Et les quelques projets
27:08 que l'on voit
27:10 de fermes de saumon
27:12 d'élevage intensif à terre,
27:14 ça pose quand même des questions
27:16 et puis de toute façon, ça ne reviendra pas.
27:18 Contrebalancer
27:20 les, je ne sais pas combien,
27:22 de milliers de tonnes de saumon importé.
27:24 Donc pour moi, si on veut de la souveraineté alimentaire,
27:26 il faut changer notre mode de consommation.
27:28 Il faut arrêter de manger du saumon,
27:30 arrêter de manger des crevettes tropicales.
27:32 Du thon, ça devient
27:34 de plus en plus compliqué. Mais le problème,
27:36 c'est que la pêche ne permettra pas
27:38 de... En tout cas,
27:40 je n'ai pas montré les diagrammes de la FAO,
27:42 mais c'est exactement le cas
27:44 en Europe.
27:46 FAO, au niveau international,
27:48 on a une stagnation des captures mondiales
27:50 depuis maintenant une cinquantaine d'années.
27:52 Avec
27:54 la meilleure perspective que l'on peut
27:56 envisager, c'est le maintien
27:58 à ce niveau-là. Au niveau français,
28:00 je pense qu'on ne l'a non plus. Il n'y a pas
28:02 d'expansion, d'augmentation
28:04 des captures possibles.
28:06 Je pense qu'on est vraiment au maximum.
28:08 Et donc, il faut
28:10 plutôt réduire notre consommation si on veut
28:12 arriver à la souveraineté alimentaire.
28:14 Et en tout cas, privilégier les poissons
28:16 de pêche plutôt que des poissons
28:18 d'éblage.
28:20 C'est très
28:22 personnel, comme vision des choses.
28:24 Je ne suis plus ex-IFRAMER.
28:26 - Liberté de parole
28:28 formidable. - Même si l'IFRAMER a
28:30 beaucoup travaillé sur le développement de la co-culture.
28:32 - Bien sûr.
28:34 - Une dernière question et puis on passera
28:36 à la table ronde.
28:38 - J'ai oublié de voir votre point de vue sur la sardine.
28:40 Justement, on en parlait tout à l'heure sur le fait
28:42 qu'il y a des paramètres seulement extérieurs,
28:44 autres que la pêche, qui influent sur
28:46 le rajeunissement de la population,
28:48 l'intégration des poissons.
28:50 Comment on peut gérer
28:52 ce genre de variabilité
28:54 qui, a priori, va arriver
28:56 de plus en plus fréquemment sur des stocks ?
28:58 Est-ce qu'il faut
29:00 dès à présent anticiper,
29:02 réduire, changer les curseurs
29:04 justement par rapport à l'orographique ?
29:06 Comment on peut...
29:08 Parce que ce qui était vrai
29:10 il y a 10 ans, on peut le changer
29:12 assez rapidement aujourd'hui par des paramètres extérieurs.
29:14 - Alors la sardine, c'est
29:16 effectivement un très bon exemple.
29:18 Le phénomène de difficile de croissance,
29:20 il est apparu en Méditerranée il y a maintenant
29:22 une dizaine d'années. On le voit maintenant dans le Golden Cascode
29:24 depuis quelques années.
29:26 C'est effectivement des facteurs complètement extérieurs
29:28 à la pêche,
29:30 des changements liés aux pollutions,
29:32 différentes évolutions des nutriments.
29:34 On le disait,
29:36 la pêche, ça reste la
29:38 manière d'ajustement. On ne peut pas...
29:40 Un ancien président du Comité national
29:42 des pêches disait "il n'y a qu'à mettre des glaçons
29:44 dans la manche pour refroidir, comme ça les cabillauds
29:46 pour se reprendre". Ça ne marchera
29:48 pas complètement comme ça. On ne va pas non plus
29:50 fermer le Rhône ou la Loire
29:52 parce qu'elles rejettent
29:54 trop de saloperies. Donc il faut
29:56 effectivement ajuster les prélèvements
29:58 à la disponibilité des ressources.
30:00 Alors pour la sardine,
30:02 en tout cas dans le Golden Cascode, il n'y a pas
30:04 de cotin, donc c'est juste
30:06 la disponibilité. En tout cas,
30:08 les conservaires ont un rôle important
30:10 puisque c'est eux qui fixent
30:12 un peu les... qui achètent.
30:14 Et donc c'est plus une régulation
30:16 "naturelle", entre guillemets. Enfin, même si
30:20 l'argent n'est pas tout à fait naturel, mais
30:22 c'est aussi un autre sujet.
30:24 Pour le cabillaud, en tout cas, pour lequel
30:26 on a des
30:28 interrogations sur la pérennité
30:30 d'une présence du cabillaud
30:32 en mer celtique, on est
30:34 typiquement dans ce que vous disiez, c'est-à-dire
30:36 on constate une diminution
30:38 du cabillaud, on sait que la pêche
30:40 y est pour un petit peu, mais que
30:42 c'est essentiellement le réchauffement climatique,
30:44 que la situation est quasi
30:46 désespérée, et pour autant
30:48 nous, on nous demande de
30:50 dire combien de cabillauds on peut
30:52 capturer pour maintenir, pour essayer de maintenir
30:54 le stock. On dit, pour maintenir le stock
30:56 il ne faut pas capturer de cabillauds du tout.
30:58 Donc notre recommandation
31:00 pour la mer celtique, c'est, on ne pêche pas
31:02 de cabillauds l'année prochaine. Pas de pêcher
31:04 de cabillauds l'année prochaine, ça veut dire quoi ?
31:06 Dans la politique commune des
31:08 pêches aujourd'hui, il y a, on parle
31:10 d'objectifs rendement maximum du RAM,
31:12 très bien, mais il y a aussi
31:14 une autre chose qui s'appelle l'obligation
31:16 de débarquement, c'est-à-dire que
31:18 tout poisson qui est soumis
31:20 à TAC,
31:22 enfin au quota, doit être
31:24 débarqué. Mais quand on n'a pas de quota,
31:26 on ne peut pas les débarquer. Donc,
31:28 quand il n'y a pas de quota, il faut s'arrêter de pêcher.
31:30 Alors, s'arrêter
31:32 de pêcher du cabillaud,
31:34 si on avait des engins qui étaient capables de...
31:36 Alors on y travaille, il y en a, il ferait bien avec des engins,
31:38 avec l'intelligence artificielle, etc.
31:40 Moi, ça, c'est un peu compliqué encore.
31:42 Si on avait des engins qui permettaient de continuer à pêcher
31:44 sans pêcher aucun cabillaud,
31:46 on pourrait continuer à pêcher, mais si on applique strictement
31:48 l'obligation de débarquement
31:50 et le quota zéro,
31:52 ça veut dire qu'il faut arrêter de pêcher
31:54 toute espèce en mer septique parce que
31:56 tout engin de pêche en mer septique, il est susceptible
31:58 de pêcher un cabillaud.
32:00 Et là, ça pose quand même
32:02 un sacré problème. Ça veut dire que
32:04 tous les pêcheurs qui vont en mer septique
32:06 doivent soit mettre la clé sous la porte,
32:08 ce qu'ils ont fait pour
32:10 beaucoup à cause du Brexit,
32:12 et puis à cause de ces problèmes de disponibilité
32:14 de la ressource, ou alors il faut qu'ils aillent pêcher
32:16 ailleurs. Et pêcher ailleurs, ça veut dire où ?
32:18 Dans le Gare de Gascogne, où on est déjà
32:20 dans une situation où l'équilibre est
32:22 plutôt bon.
32:24 Si on met tous les bateaux qui pêchent en mer septique
32:26 dans le Gare de Gascogne, ça va perturber
32:28 cet équilibre et faire
32:30 boule de neige. Donc c'est un vrai
32:32 problème. Pour autant, est-ce qu'un jour
32:34 le Conseil des ministres européens,
32:36 ou des décideurs vont dire
32:38 "le cabillaud en mer septique, on laisse tomber
32:40 et on continue à pêcher,
32:42 et puis tant pis, s'il n'y a plus de cabillaud en mer septique,
32:44 il y aura du cabillaud ailleurs."
32:46 Ça c'est une décision politique
32:48 qui ne nous appartient pas.
32:50 En tout cas, nous, scientifiques.
32:52 Un homme passionnant,
32:54 qu'on réinvitera, je pense,
32:56 plus longuement. Merci beaucoup.
32:58 [Applaudissements]
33:00 [Musique]
33:02 [Musique]
33:04 (musique tranquillement)
33:12 (musique tranquillement)
33:17 (musique tranquillement)
33:22 (musique tranquillement)
33:27 (musique tranquillement)
33:32 [Musique entraînante diminuant jusqu'au silence]