Anne Fulda reçoit Sylvain Reisser pour son livre «Les mille vies de Fangio» dans #HDLivres
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00:00 Bienvenue à l'Heure des Livres, Sylvain Resser.
00:02 Vous êtes un journaliste très connu par ceux qui aiment et apprécient l'automobile.
00:07 Vous êtes spécialiste du secteur depuis près de 30 ans.
00:09 Et vous venez de publier "Les 1000 vies de Fangio", un livre qui est paru aux éditions du Rocher.
00:14 Un livre qui est très intéressant sur ce champion dont on connaît tous le nom,
00:19 enfin en tout cas ceux d'une certaine génération,
00:21 puisque c'est presque rentré dans le langage commun de conduire comme Fangio,
00:25 qui est une légende du sport.
00:27 On se demande pourquoi vous êtes intéressé à lui, parce qu'il est né en 1911.
00:32 Ce n'est pas franchement votre génération ?
00:35 Oui, c'est tout à fait vrai, mais son nom est rentré dans le langage commun.
00:41 Alors si aujourd'hui on le dit un peu moins, j'ai une petite anecdote.
00:45 C'est que Alain Prost était déjà champion du monde.
00:48 Et un soir, il va dîner avec sa femme et il conduit un peu vite.
00:51 Et sa femme lui dit "arrête de te prendre pour Fangio".
00:54 Donc le personnage est assez incroyable,
00:58 parce que c'est le seul champion du monde de Formule 1
01:02 à avoir gagné sur quatre marques,
01:05 Alfa Romeo, Ferrari, Maserati, Mercedes, que des noms mythiques.
01:09 Et il a couru pendant seulement sept saisons,
01:12 et il a été cinq fois champion du monde.
01:15 Donc c'est assez incroyable.
01:17 C'est étonnant.
01:18 Alors contrairement à ce que l'on pourrait croire,
01:20 il n'est pas italien, mais argentin.
01:22 Et l'Argentine, c'est un pays où il a vécu, où il a grandi,
01:26 et il est resté attaché toute sa vie.
01:28 Oui, dès qu'il pouvait d'ailleurs,
01:30 parce qu'il a fait l'essentiel de sa carrière en Europe
01:33 pendant une petite dizaine d'années,
01:35 mais dès qu'il pouvait y rentrer en Argentine, sur ses terres,
01:38 il n'a jamais quitté le village de ses origines,
01:42 Balcarcé, qui est à 400 km au sud de Benozer.
01:47 Et il est toujours resté attaché à sa terre.
01:49 D'ailleurs, il avait fortune faite, il avait acquis des terres.
01:53 Le coin est connu pour la pomme de terre,
01:55 et il avait acquis des champs de pommes de terre,
01:58 pour la petite histoire.
01:59 Alors il devient même un héros national, là-bas.
02:01 Il était proche des Perronnes,
02:03 et il devient aussi une figure de héros national.
02:06 Complètement.
02:07 En fait, c'est grâce au président Perronne
02:11 qu'il réussit à faire carrière,
02:12 parce que le président Perronne veut promouvoir l'Argentine
02:15 juste après la guerre, en 1946-1947.
02:18 Et il lance un programme de sport automobile,
02:21 qui fait venir les pilotes étrangers,
02:24 principalement des Italiens, pour courir en Argentine.
02:27 Et les meilleurs pilotes argentins,
02:29 dont faisait partie Fangio à cette époque,
02:31 commencent à courir grâce à Perronne.
02:34 Alors c'est un destin assez romanesque,
02:36 parce qu'en fait, rien ne le prédestinait vraiment.
02:38 D'abord, il était plutôt chétif, il aimait le foot.
02:41 Et puis, en fait, les dés sont jetés
02:44 lorsque son père le place comme apprenti dans un garage.
02:47 Il a 12 ans, je crois que c'est ça ?
02:49 Oui, il était originaire d'une famille quand même assez pauvre.
02:53 Et effectivement, comme vous le dites,
02:55 son papa le place chez un garagiste du village, de Balcarcé,
03:00 pour gagner un petit peu d'argent pour ramener à la famille.
03:04 Et c'est là où il se passionne véritablement pour la mécanique.
03:08 Sa passion, sa première passion, c'est la mécanique.
03:11 Il répare les moteurs, etc.
03:13 Et toute sa vie, ça va le suivre.
03:15 D'ailleurs, il aura, et c'est ce qui va faire un peu son succès,
03:18 c'est qu'il avait une oreille mécanique.
03:20 Et donc, c'est avec ses premiers petits boulots dans le garage.
03:27 Après, il va commencer à conduire des voitures,
03:30 à ramener les voitures des clients chez eux.
03:32 Et c'est comme ça qu'il va...
03:33 C'est comme ça que la passion naît.
03:34 C'est comme ça que la passion naît et se développe.
03:37 Et alors, son destin bascule complètement,
03:41 il devient vraiment champion.
03:42 Bon, il y a après son service militaire.
03:44 Et après la guerre, après la Seconde Guerre mondiale,
03:47 c'est là que la machine s'emballe, si on veut dire.
03:49 Oui, alors il court un petit peu.
03:51 Alors, les courses en Argentine avant la guerre,
03:53 c'était des courses très longues qui traversaient
03:55 la plupart des pays d'Amérique latine.
03:57 C'était des courses de 10 000 kilomètres.
04:00 Il en fait quelques-unes avant la guerre, puis il y a la guerre.
04:03 Et après la guerre, effectivement, comme je le disais,
04:06 il y a des pilotes étrangers qui viennent courir en Argentine
04:09 grâce à Perón, qui veut lancer un programme.
04:12 Et c'est là où on voit que, véritablement,
04:15 Franjo, c'est un bijou, c'est un génie.
04:18 Et donc, il commence à aller courir en Europe.
04:21 Un génie dont le nom est tellement connu
04:24 que ce que vous racontez au début du livre,
04:26 il est même enlevé à Cuba en 1958 par des castristes.
04:32 On sent que cet enlèvement pourra faire parler d'eux.
04:35 Oui, c'est assez incroyable.
04:36 D'ailleurs, c'est peut-être le seul,
04:39 c'est d'ailleurs le seul sportif dans l'histoire
04:42 qui a été enlevé par des gens.
04:45 Donc, c'était des hommes de Castro
04:48 qui voulaient attirer l'attention de la communauté internationale
04:52 sur la tyrannie du régime de Batista
04:56 et qui n'ont rien trouvé de mieux que d'enlever Franjo,
05:00 qui courait une course à Cuba début 1958 en février.
05:04 Donc, il est enlevé alors qu'il prenait l'apéritif à son hôtel.
05:08 Il disparaît pendant 36 heures
05:11 et il racontera dans le Figaro, d'ailleurs,
05:14 que la détention était courtoise,
05:17 tellement ses ravisseurs avaient pris soin de lui.
05:20 Alors ça, effectivement,
05:23 ça fait partie des nombreuses anecdotes qu'il y a sur lui.
05:26 On voit aussi que, conformément à les légendes,
05:28 il multiplie les conquêtes,
05:29 mais regrettera à la fin de sa vie de ne pas avoir constitué le foyer.
05:32 Lui, qui finalement aura trois enfants.
05:36 En tout cas, c'est vraiment à lire parce que c'est très intéressant.
05:39 C'est passionnant.
05:40 Ça s'appelle "Les mille vies de Franjo".
05:42 C'est paru aux éditions du Rocher.
05:44 Merci beaucoup, Sylvain Resset.
05:45 Merci, Anne.
05:46 [Musique]
05:50 [SILENCE]