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AmusantTranscription
00:00 Bonjour à tous, bonjour à toutes. Les sessions de studio, c'est le moment où tout ce qui a été imaginé sur le papier
00:04 se matérialise enfin. C'est aussi un moment qui peut coûter cher
00:07 quand tu veux louer les meilleurs studios avec les meilleurs ingé-sons et avec toute la pression qui va avec.
00:11 Certaines sessions sont même devenues mythiques. Imaginez les Beatles qui chantent au Abbey Road Studio,
00:16 Tupac en train d'écrire California Love ou bien Britney en train d'enregistrer Toxic. Moi ce qui m'intéresse aujourd'hui
00:22 c'est même tout l'inverse. Quand le stress monte et que tout est gâché, quand ça se passe pas bien quoi.
00:26 Que ce soit à cause d'un animal, d'un mauvais trip à l'acide ou d'une descente de police. Bref, on va parler des sessions stud qui ont dérapé.
00:55 Pour commencer je vais vous parler d'une collab qui fait rêver toute la planète. Enfin, sur le papier. Prenez Michael Jackson,
01:01 Freddie Mercury et mettez les dans la même pièce.
01:03 Rien que ça c'est déjà une dinguerie.
01:05 Alors imaginez seulement qu'ils étaient potes, qu'ils faisaient de la musique ensemble et qu'ils avaient même prévu de faire un album en commun.
01:10 Oui. Sauf que ce projet n'a finalement jamais vu le jour et ça c'est à cause d'une nuit en studio où rien ne s'est passé comme
01:16 prévu. Ok, contexte. On est en
01:18 1980 à Los Angeles.
01:20 Ce soir là le groupe Queen joue l'une de ses quatre dates prévues dans la ville, sur les planches du forum.
01:24 L'ambiance est folle, Queen chante ses plus gros titres et le public est surbouillant. Et parmi les spectateurs il y a un mec qui a vraiment
01:30 kiffé le show. Il a tellement kiffé qu'à la fin il demande vraiment à rencontrer le leader du groupe,
01:34 Freddie Mercury. Et ce spectateur en question c'est pas n'importe qui, c'est Michael Jackson. Et MJ, un an plus tôt, il avait sorti un
01:41 album qui a fait un carton avec ça.
01:44 A cette époque, Michael il a 22 ans et il roule déjà sur l'industrie musicale.
01:47 Depuis ses premiers succès avec les Jackson 5 et son album solo, tout le monde le considère comme l'artiste le plus prometteur de sa génération.
01:53 Et donc il cherche à rencontrer Freddie à la fin du concert.
01:56 Michael lui raconte qu'il a particulièrement aimé un morceau, sauf que c'est un morceau qui n'a pas été publié.
02:00 Il a donc décidé de le faire en 1980.
02:02 Mais il a aussi décidé de le faire en 1990.
02:04 Et c'est là que Michael se rend compte qu'il n'a pas vraiment aimé le morceau.
02:07 Et donc il cherche à rencontrer Freddie à la fin du concert.
02:10 Michael lui raconte qu'il a particulièrement aimé un morceau, sauf que ce morceau Queen y sont prêts à le jeter parce que...
02:15 Mais ils le trouvent pas convaincant.
02:17 Mais Michael est sûr de lui.
02:18 Et il réussit à convaincre Freddie Mercury et son groupe de sortir le single et de le pousser au maximum.
02:23 Et c'est ce qu'ils vont faire.
02:24 Et ce morceau, c'est celui-là.
02:34 Avec 7 millions d'exemplaires vendus, des passages en radio, des certifications dans tous les sens,
02:39 Another One Dance, et sa classique ligne de basse est l'un des plus gros succès de toute la carrière de Queen.
02:44 Et à partir de ce moment-là, Freddie et Michael vont commencer à se rapprocher.
02:47 Ils vont devenir potes.
02:48 Et ils s'aiment bien les gars, tu vois.
02:49 Sauf que bon, voilà.
02:50 Les deux sont très occupés entre les tournées, les sessions de studio, les voyages, et puis surtout le fait qu'ils ne vivent pas du tout sur le même continent.
02:56 Ils vont avoir du mal à se capter.
02:57 Ils vont arriver finalement à se voir en studio.
02:59 Mais trois ans plus tard.
03:00 À cette époque, Freddie s'est éloigné de Queen et décide de tenter l'aventure solo.
03:04 Et entre-temps, Michael, lui, a roulé sur le monde entier avec son album Thriller.
03:16 On est en août 83 et ils se retrouvent enfin en studio pour un moment qui se veut être historique.
03:22 Ils enregistrent quelques maquettes et Freddie est tout de suite impressionné par l'expertise de Michael.
03:27 Alors il décide de travailler des morceaux et ça se passe bien, très bien.
03:30 À tel point qu'il décide de travailler sur un album en duo.
03:33 Sur le papier, ça avait tout pour être une dinguerie.
03:35 Arriver au studio à Los Angeles, ça paraît déjà plus compliqué.
03:38 Déjà, Freddie, quand il arrive, il se retrouve direct à patauger dans le caca des animaux.
03:42 Alors oui, parce que oui.
03:43 J'ai oublié de vous préciser, mais Michael Jackson, il adorait les animaux.
03:46 Et il les adorait tellement qu'il avait toute une ménagerie chez lui.
03:48 Il avait des alligators, des ours, des animaux exotiques, comme un alpaga, un serpent.
03:53 Et Freddie, il comprend pas le délire.
03:54 Lui, il est venu dans son petit jean blanc, ses mocassins, pour chanter avec le roi de la pop.
03:58 Tandis qu'MJ, il est là à lui faire le tour du propriétaire.
04:01 Et lui, il marche dans la mer, il y a des animaux partout, il comprend pas trop le délire.
04:04 La seule chose à retenir de ça, c'est que ça marque juste une très grosse différence de style.
04:07 Bon, une fois dans le studio, ça se complique encore un peu.
04:10 Les deux stars n'ont pas vraiment d'inspi, ils n'arrivent pas trop à terminer leur morceau.
04:13 Et bref, ça prend pas, la magie n'est pas au rendez-vous, quoi.
04:16 Alors, faut préciser que c'est en partie à cause d'une chose, la cocaïne.
04:19 Dans le studio, comme dans la vie, Freddie, il prend de la C, beaucoup de C.
04:22 Et ça, ça met mal à l'aise Michael.
04:24 Résultat, c'est des morceaux qui ne se finissent pas, c'est vraiment pas ouf.
04:27 Mais ce qui va achever la session, c'est quand Michael décide de ramener un lama dans le studio.
04:31 Oui, un lama.
04:33 Parce que oui, à cette époque, MJ a un lama de compagnie, qui s'appelle Louis.
04:36 Coucou Louis.
04:37 Alors, on connaissait déjà Bubbles, son chimpanzé,
04:39 parce qu'il l'emmenait régulièrement avec lui lors de conférences de presse, de réunions, etc.
04:43 Et bien maintenant, on connaît Louis, le lama.
04:45 Coucou Louis.
04:46 Et donc Michael, il avait pris l'habitude de se déplacer avec son lama.
04:49 Et du coup, il a pensé que c'était une bonne idée de le ramener au studio.
04:52 Un lama dans un studio, une bonne idée ? Non.
04:55 Freddie ne réagit pas bien du tout face à ça.
04:57 Alors peut-être que c'est à cause du mix drogue et lama.
05:00 En tout cas, il appelle son manager Jim Bish furieux, et il lui hurle au téléphone
05:03 "Faut que tu me sortes de là frère Roche, au studio avec un lama, je t'expliquerai, c'est la merde."
05:07 Et ce qui aurait pu être le projet du siècle, va se terminer lamentablement comme ça quoi.
05:11 Et c'est un peu triste en vrai.
05:13 Bon évidemment, laissez-moi en faire des caisses, ce n'est pas la seule raison.
05:16 C'est surtout l'addiction de Freddie, leur manque d'inspi et de temps qui a flingué le projet.
05:20 Mais Louis, on te retient quand même. Coucou Louis.
05:22 Alors bon, au final, qu'est-ce qu'il en est ressorti de cette session ?
05:25 Victory est la seule chanson que Freddie et Michael ont écrite ensemble,
05:40 et l'une des seules 3 chansons finalisées qu'ils ont enregistrées.
05:43 Brian May et Roger Taylor ont essayé de la sortir sur leur album compilation de 2014, Queen Forever,
05:48 mais les héritiers de Michael Jackson ont été fermes et ne leur ont pas donné l'autorisation de sortir ce morceau.
05:53 Pour State of Shock, une des 3 pistes, elle sortira finalement le 6 juillet 84,
06:05 sur l'album Victory, de MJ, mais sans Freddie.
06:08 * Extrait de Victory *
06:19 Lui, c'est Leonard Cohen. C'est l'un des plus grands chanteurs des années 60 et 70,
06:23 et si son nom ou sa tête ne vous dit peut-être rien, vous avez sûrement déjà entendu ce morceau.
06:27 * Extrait de Victory *
06:39 C'est "Hallelujah", morceau qui a poppé notamment grâce à la reprise de Jeff Buckley.
06:43 * Extrait de Hallelujah *
06:59 Donc Leonard Cohen, il a déjà sa petite carrière, il arrive à son 5ème album.
07:02 Et pour redonner un petit coup de boost à sa carrière, il décide de faire appel à Phil Spector,
07:06 un des meilleurs producteurs de son époque.
07:08 Et il faut que je vous parle de ce Spector.
07:10 En 1958, il n'a que 19 ans. Il écrit et produit un morceau de son groupe,
07:14 The Teddy Bears, qui devient numéro 1 des ventes aux Etats-Unis.
07:17 Comme ça part bien, dans les années 60, il travaille avec un des plus grands labels new-yorkais,
07:20 et produit les plus gros hits de son époque, comme "Be My Baby" d'Ear Onet.
07:24 * Extrait de Be My Baby *
07:40 En fait, Phil Spector se fait un nom en tant que producteur,
07:42 en mettant au point une technologie très innovante, à l'époque dite "wall of sound".
07:46 En gros, le fait de superposer des instrus et de créer un écho spécifique.
07:50 Alors bon, c'est vite fait résumé parce que c'est quand même plus compliqué que ça,
07:53 mais on est ici pour vulgariser nous.
07:55 Les morceaux ont un succès énorme.
07:57 Phil Spector devient riche, mais vraiment très riche, à seulement 25 ans.
08:00 Et quand il va décider de s'associer aux Beatles et à John Lennon pour produire leur album,
08:04 il va produire tous leurs albums des années 70, et être le producteur numéro 1 du pays.
08:08 C'est tout. Juste ça.
08:09 Du coup, en 1977, quand Leonard Cohen l'appelle pour son 5ème album, Spector va accepter.
08:14 Sauf qu'il y a une chose que Leonard Cohen ne sait pas,
08:16 c'est que notre bon vieux Philou, il est un peu barré.
08:18 Déjà, quand il commence les sessions d'enregistrement, l'ambiance est un peu bizarre.
08:21 Phil Spector boit beaucoup. Vraiment beaucoup.
08:23 Dans la pièce, il y a des bouteilles de vin qui traînent partout,
08:25 et Spector, non seulement il boit tout le temps, mais carrément, il boit à la paille.
08:29 Du vin. À la paille. Ça me dégoûte.
08:33 Il boit tellement que plusieurs fois, il s'écroule par terre, ivre mort.
08:36 Voilà l'ambiance.
08:37 Et surtout, l'autre problème de Phil Spector, c'est sa santé mentale.
08:40 Il est paranoïaque, il a de sérieux troubles bipolaires,
08:42 et il se balade en permanence avec des armes.
08:45 Du genre, il y a des armes partout dans le studio, au cas où.
08:47 On sait jamais. Il est paranoïaque à ce point.
08:49 Dans une interview de 2001, Leonard Cohen raconte qu'il glissait souvent sur des balles qui recouvraient le sol,
08:54 que tous les musiciens étaient armés, et que du coup, il y avait toujours des flingues posées un peu partout dans le studio.
08:59 Juste rappelez-vous que Leonard Cohen, c'est un mec qui écrit des balades.
09:02 Ce que je veux dire par là, c'est que c'est pas un gars habitué des armes.
09:08 Et ça va aller trop loin.
09:10 Leonard Cohen raconte aussi qu'un jour, en croquant dans un burger de Spector, il tombe sur un truc dur.
09:15 Et là, il découvre que Phil Spector cachait des flingues dans ses burgers.
09:19 C'est quoi cette anecdote de con ?
09:22 D'ailleurs, si je puis me permettre, c'est mérité, parce que ça veut dire que Leonard, il croque dans un burger qui ne lui appartient pas.
09:27 Par contre, Phil Spector, il cache des... Mais la taille du burger ?
09:30 Comment tu caches une arme dans un burger ? C'est abusé.
09:32 Alors, un autre problème dont il faut parler, c'est que tous ces petits flingues-là, c'est pas pour décorer.
09:36 Phil Spector, il aimait bien s'en servir.
09:38 Tant qu'à faire.
09:39 Une fois, lors de l'enregistrement d'un des morceaux, il a braqué un des violonistes,
09:42 juste parce qu'il aimait pas trop sa façon de jouer.
09:44 Voilà. À la dure.
09:45 Une autre nuit, par exemple, Phil Spector est complètement bourré,
09:48 il va braquer son flingue sur la nuque de Leonard Cohen, avant de lui dire
09:52 "Je t'aime, Leonard. Je t'aime."
09:54 "Vous auriez fait quoi, vous ?"
09:56 Leonard Cohen raconte qu'il a répondu
09:58 "J'espère bien, Phil. J'espère bien."
10:00 Alors, si Leonard avait fait des recherches, il saurait que c'est juste la routine pour Phil Spector.
10:04 En 1975, lors d'une session studio avec John Lennon,
10:07 il a tiré plusieurs coups de feu au-dessus de sa tête, juste pour l'intimider.
10:10 Voilà. C'est une habitude du gars, faut juste se renseigner un peu.
10:14 Bref. Entre les cuites et les bouchées dans des burgers au flingue,
10:17 Cohen arrive quand même à écrire et enregistrer 8 morceaux, et personne n'est mort.
10:21 Yes.
10:22 Donc, il s'en sort plutôt bien.
10:23 Sauf qu'à la dernière séance studio, Spector se barre avec tous les enregistrements.
10:27 Il se barre, et il fait tous les arrangements de son côté, sans prévenir personne.
10:31 C'est Phil Spector. Voilà.
10:33 Et d'ailleurs, sans rien demander à personne, Phil Spector va sortir l'album de son côté,
10:36 en novembre 1977.
10:38 Alors, qu'est-ce qui est sorti de cette session ?
10:40 Eh bien, c'est la cata.
10:41 Ça sonne mal, les prises de voix sont mauvaises, les arrangements sont crades, bref.
10:44 Spector a complètement ruiné l'album, qui sera le plus gros échec de la carrière de Leonard Cohen,
10:49 au niveau vente, comme au niveau artistique.
10:51 Et là, je suis sûr que vous êtes intrigués du coup par Phil Spector, et que vous voulez en savoir plus.
10:55 Eh bien, dites-vous qu'il va continuer à kiffer les flingues, tout en devenant de plus en plus fou.
10:59 Arrive ce qui devait arriver, en 2003, au cours d'une soirée arrosée,
11:02 il tue d'une balle dans la tête l'actrice Lana Clarkson, dans son manoir, près de Los Angeles.
11:07 Et il mourra en prison, en 2021.
11:09 On est en 2013.
11:14 A cette époque-là, Kanye West, il est tout en haut.
11:16 Son dernier album avec Jay-Z a tout raflé, et ses fans, ils n'attendent qu'une chose, son retour.
11:21 Alors, pendant son passage à la Fashion Week de Paris, le rappeur a une révélation.
11:24 C'est ici qu'il veut s'installer pour réaliser son nouvel album, qui sera Yezus.
11:28 Donc voilà, quoi.
11:29 Bon, déjà, je savais pas, mais Yezus a été fait en grande partie à Paname.
11:32 Comme à son habitude, Kanye, il voit les choses en grand.
11:34 Pour réaliser son projet, il veut aller dans les meilleurs studios.
11:37 Du coup, à Paris, il se tourne vers les studios de la scène.
11:39 C'est un énorme complexe, en plein centre de Paris, qui a accueilli du beau monde.
11:42 Que ce soit IKON, Ali Shaki, Snoop Dogg, bref.
11:45 C'est le genre de studio que tous les artistes que tu connais louent pour tourner, parce que ça a de la gueule.
11:49 D'ailleurs, tous les médias qui font des trucs où ils tournent dans des studios,
11:51 généralement, c'est les studios de la scène de Paris.
11:53 Enfin non, pas toujours, j'abuse.
11:54 Mais pour beaucoup.
11:55 Bref.
11:56 Du coup, un soir, un ingénieur son, Sébastien Goyer, il reçoit un appel.
11:59 "Oui, salut Seb, demain, Kanye, il vient dans ton studio, euh."
12:02 "Ok."
12:03 Du coup, Kanye arrive finalement dans les studios, et il s'y installe pour plusieurs semaines.
12:07 Évidemment, il n'est pas seul.
12:08 Il est accompagné de son équipe, qui comporte une vingtaine de personnes,
12:11 dont un certain Mike Dean, The Weeknd, Travis Scott, et les Daft Punk.
12:15 Une petite team d'Avengers, quoi.
12:17 Et au studio, l'ambiance, c'est quasiment l'armée.
12:19 Tout le monde travaille en continu.
12:21 Chaque coin de la pièce est utilisé pour faire quelque chose.
12:23 The Weeknd, par exemple, il cherche des samples,
12:25 pendant que Travis Scott, il fait des morceaux de son côté.
12:27 Kanye, lui, il est au milieu de la pièce,
12:29 grand manteau de fourrure blanc, cure-dents entre les dents,
12:31 et il dirige tout ce beau monde comme un chef d'orchestre.
12:34 Le but, c'est de faire un bête d'album, donc du coup, bah, le studio ne s'arrête jamais.
12:37 Les ingé-sons se relaient, et le but, c'est de tourner 24 heures sur 24.
12:42 C'est un malade.
12:43 En plus de ça, toute cette équipe est aussi installée dans un hôtel particulier,
12:46 juste un peu plus loin dans Paris,
12:48 avec exactement la même config, et le même matériel pour composer.
12:51 Sauf qu'au studio, Kanye, il est pas content.
12:53 Et quand Kanye, il est pas content, il fait des caprices.
12:56 Il aime pas trop le son des enceintes.
12:58 Les studios de la scène, ils lui ont un mode "Pas, ça sonne pas bien, c'est nul, hein".
13:02 Pourri, le truc.
13:03 Du coup, ce qu'il a envie de faire, c'est de mettre ses enceintes à lui.
13:05 Les siennes.
13:06 On va enlever tout ça, on va mettre mes enceintes.
13:08 Mais, y a un petit problème.
13:09 Les enceintes, bah, c'est pas des petites caisses faciles à bouger.
13:11 Elles sont encastrées dans le mur.
13:12 Mais quand Kanye, il veut quelque chose, bah, Kanye, il l'a souvent.
13:15 Alors, la solution, c'est de prendre une masse,
13:17 et de détruire le mur du studio.
13:19 On avait la prévenue pour casser le mur, pour rentrer ses enceintes, quoi.
13:22 Et qu'est-ce qu'elles avaient de plus, ses enceintes ?
13:24 Bah, c'est ses enceintes, elles.
13:25 Ouais, c'est le son qu'il connaît.
13:27 C'est le son qu'il connaît, donc il voulait absolument avoir sa couleur de son, quoi.
13:31 C'est juste irréalisable pour la plupart des projets,
13:33 d'arriver et de faire un trou dans le mur d'un méga studio.
13:36 Et voilà, les enceintes sont rentrées.
13:38 C'est-à-dire que si tu loues ton studio à quelqu'un comme Kanye West,
13:40 tu prends le risque qu'il te détruise ton mur si ça lui plaît pas.
13:43 Mais...
13:45 Y'a de grandes chances que Kanye West soit l'un des pires locataires, n'ayons pas peur de le dire.
13:49 Quatre mois après cette histoire, sortait Yesus,
13:52 l'un des albums les plus marquants de sa discographie,
13:54 peut-être même un poil trop en avance sur son temps.
13:57 Mais bon, à part ça, le studio, c'est pas qu'un lieu où on prend de la coke,
14:00 où on promène des lamas, où on braque des gens.
14:02 On y fait parfois aussi de la musique.
14:04 Mais vous l'aurez compris, ça, c'est vraiment bien plus rare.
14:06 Lui, c'est Jim Morrison, le leader du groupe The Dors.
14:13 Au milieu des années 60, The Dors, c'est un groupe hyper connu.
14:16 Leur premier album a fait un carton et leur musique fait le tour de la planète.
14:19 Et ça, c'est parce que The Dors ont inventé un tout nouveau style de rock
14:22 qui va accompagner les années hippie, le rock psychédélique.
14:25 The Dors, en anglais, ça veut dire "les portes".
14:40 Et c'est une référence à ce livre.
14:42 "Doors of Perception", où l'auteur raconte son expérience avec les drogues.
14:46 Parce que oui, chez les Dors, la drogue, ça tourne pas mal.
14:48 Et surtout, chez son chanteur, Jim Morrison.
14:50 Et c'est sa prise de substance qui sera à l'origine d'une session studio pas comme les autres.
14:54 A la fin de l'été 66, le groupe s'installe au Sunset Sound,
14:57 un studio d'enregistrement de Los Angeles.
14:59 Un soir, les Dors décident de travailler sur le dernier morceau de l'album.
15:02 Alors Jim ressort un texte qu'il avait écrit quelques années plus tôt pour sa copine de lycée.
15:06 Le morceau s'appelle "The End".
15:08 *Musique*
15:17 Sauf qu'il y a un problème, Jim, il est trop défoncé à l'acide.
15:20 Et du coup, il est plus trop en état de chanter.
15:22 C'est pas grave, la session, on le reportait demain.
15:24 On refait ça demain, les gars. Pas de soucis.
15:26 Mais le lendemain, Jim ne vient pas. Personne ne sait où il est.
15:29 Alors ses potes l'appellent, le cherchent, et finissent par le trouver dans une église.
15:32 Juste en face du studio.
15:34 Évidemment, il est toujours défoncé à l'acide.
15:36 Tellement défoncé qu'il revient dans la cabine du studio avec un livre de prières.
15:40 Il va se mettre à déchirer les pages, tout en murmurant des phrases.
15:43 Tout le monde demande ce qui lui arrive, l'ingéson va pousser le volume,
15:45 et tout le monde va l'entendre chuchoter ce genre de choses.
15:48 "Kill the father, fuck the mother"
15:52 Tout ça en boucle.
15:54 Bon, l'ambiance est chelou.
15:56 Là-dessus, Jim Morrison va en rajouter une couche.
15:58 Il va éteindre toutes les lumières, allumer des bougies et de l'encens,
16:01 et sous l'effet de la drogue, il rentre carrément en trance.
16:03 Pendant plus de 11 minutes, Jim chante son texte d'une traite.
16:06 Il va improviser une petite histoire d'un tueur qui déambule dans une maison,
16:10 et puis il va s'arrêter.
16:11 "The End" vient d'être enregistré,
16:13 et ce sera l'un des morceaux les plus iconiques de l'histoire du rock.
16:16 Voilà. Vous voyez ?
16:17 Ça c'est rock.
16:18 Ça c'est une vraie session studio où il s'est passé quelque chose.
16:21 Pas la peine de vous dire que ce morceau est un classique.
16:23 Francis Ford Coppola lui donnera d'ailleurs une nouvelle vie,
16:26 en l'utilisant en ouverture du film "Apocalypse Now".
16:28 "This is the end, beautiful friend"
16:34 Mais du coup, est-ce que c'est la fin de l'anecdote ?
16:39 Pas vraiment.
16:40 A la fin de l'enregistrement, tout le monde rentre chez lui, sauf Jim.
16:43 Lui, il est encore bien perché, du coup,
16:45 il décide d'aller se balader en pleine nuit, dans Los Angeles.
16:47 Et puis voilà.
16:48 Il se balade, il boit de l'alcool à la bouteille,
16:50 et il a une super idée.
16:51 Et si je retournais au studio ?
16:52 Pour quoi faire ? Aucune idée.
16:54 Il retourne au studio, une fois devant,
16:56 il escalade le grillage du Sunset Sound,
16:58 et il réussit à rentrer à nouveau dans la pièce.
17:00 Il s'assied, retire ses bottes, et il allume un joint.
17:02 Sauf qu'à un moment, il va phaser.
17:04 Sur la porte du studio, il y a un néon rouge.
17:07 Et son cerveau, je vous rappelle qu'il est défoncé à l'acide.
17:09 Donc, rationalisons pas tout.
17:11 Son cerveau, il voit un néon rouge.
17:13 Il a un mélange d'acide, de cannabis, d'alcool, ce que tu veux.
17:16 Et là, Jim Morrison va se dire,
17:17 "Oh, un néon rouge, ça veut dire qu'il y a une alerte,
17:20 ça veut dire qu'il y a un problème,
17:21 ça veut dire qu'il y a un danger,
17:22 ça veut dire qu'il y a un incendie, il y a un incendie, il y a un incendie."
17:26 Et direct, il se lève, il attrape l'extincteur du studio,
17:28 il est pris de panique, il arrose de mousse anti-feux
17:30 tous les instruments et tout le matériel du studio.
17:33 Évidemment, c'était dans sa tête.
17:34 Il se barre, il escalade à nouveau la grille,
17:36 et dans sa course, il laisse une de ses bottes qui reste coincée dedans.
17:40 Le lendemain, le propriétaire du studio, il découvre le bornel,
17:42 et il n'est pas très content.
17:44 C'est normal, son studio est rempli de mousse, et son matériel est mort.
17:47 Sauf que quand le groupe et l'ingénieur du son rappliquent,
17:49 c'est qu'ils découvrent que la bottine de Jim est dans le grillage,
17:52 pleine de mousse d'extincteur, ils éclatent de rire,
17:54 et ils savent d'où ça vient.
17:55 Sauf que le petit truc, c'est que le mec n'en a aucun souvenir.
17:58 Bah oui, sinon c'est pas très drôle.
18:00 Finalement, le label fera un bon gros chèque au studio en dédommagement,
18:03 et tout sera rentré dans l'ordre.
18:04 Mais voilà, ça fait une histoire rigolote,
18:06 et surtout que la création de "The End" est folle,
18:09 et juste lunaire.
18:10 Même dans un film, on dirait "Ah, c'est un peu trop, là,
18:12 t'as abusé sur le storytelling, personne n'y croit."
18:14 En bref, les enfants, allez-y mollo sur l'acide,
18:16 sauf si c'est pour faire des chefs-d'oeuvre.
18:18 Merci à tous de m'avoir écouté,
18:20 laissez un petit j'aime, passez une bonne soirée,
18:22 et pensez à vous abonner.
18:23 Salut !
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