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Les sages-femmes vont être autorisées à pratiquer l'IVG instrumentale. Le décret étendant leurs compétences pour faciliter en faciliter l'accès a été publié au Journal officiel ce dimanche. Des avortements qu'on appelle aussi "chirurgicaux", en opposition à ceux qui se font par voie médicamenteuse. Caroline Combot, sage-femme à Belfort et présidente de l'Organisation nationale syndicale des sages-femmes (ONSSF) salue "une avancée".

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Transcription
00:00 7h46, notre question ce matin concerne le droit à l'avortement.
00:03 Avez-vous déjà eu des difficultés d'accès à l'IVG ?
00:06 On en parle avec votre invitée, Nicolas Joly.
00:08 Je reçois Caroline Combeau, sage-femme à Belfort
00:10 et présidente de l'Organisation Nationale Syndicale des Sages-Femmes.
00:13 Bonjour.
00:14 Bonjour, merci pour votre invitation de bon matin.
00:17 Je vous en prie, on en parle ce matin puisque les sages-femmes
00:19 vont être autorisées à pratiquer l'IVG instrumentale,
00:22 aussi appelée avortement chirurgical, en plus de l'IVG médicamenteuse.
00:26 Pourquoi est-ce que c'est une avancée selon vous ?
00:28 Alors, le texte est sorti hier matin, très tôt,
00:31 pas tout à fait dans la rédaction que l'on attendait,
00:35 mais effectivement c'est une avancée qui date déjà un petit peu
00:38 puisqu'elle a été dans un premier temps proposée
00:41 pour la loi de financement de la Sécurité Sociale en 2021,
00:45 vraiment actée par la loi Gaillot de mars 2022,
00:49 et on attendait les décrets d'application
00:51 puisqu'une expérimentation a démarré au début de l'année 2023
00:55 et avec des résultats positifs.
00:57 C'est-à-dire ? Qu'est-ce qu'elle a donné cette expérience ?
00:59 En fait, elle a permis de montrer que les sages-femmes
01:01 étaient tout à fait en capacité technique de réaliser ces actes,
01:05 comme les autres médecins qui pratiquaient avant elle,
01:09 et donc le gouvernement a décidé de généraliser cette pratique
01:13 afin d'élargir l'offre de soins.
01:15 Parution donc hier du décret au journal officiel,
01:18 quand est-ce que ça pourrait être mis en place concrètement ?
01:20 Est-ce que vous pouvez le savoir ?
01:21 Aujourd'hui.
01:21 Aujourd'hui, dès aujourd'hui c'est possible ?
01:22 Dès aujourd'hui c'est possible,
01:24 sous réserve que les équipes soient formées
01:26 et de certaines conditions qui ont été spécifiées dans ce décret
01:30 qui posent quelques petits problèmes techniques néanmoins.
01:33 D'accord, donc peut-être quand même quelques délais
01:34 avec un peu de formation à faire.
01:37 Alors beaucoup d'équipes sont déjà formées,
01:38 attendaient avec impatience la publication de ce décret,
01:42 mais beaucoup d'établissements, tout est prêt en fait.
01:47 Alors qu'est-ce que ça va changer finalement concrètement
01:49 pour les femmes qui souhaitent se faire avorter aujourd'hui ?
01:51 Alors nous ce qu'on met vraiment en avant c'est le choix,
01:53 le choix qui est offert aux femmes,
01:54 puisque à l'heure actuelle, en fonction des équipes
01:57 et en fonction des modalités pratiques qui pouvaient être proposées,
02:01 elles n'avaient pas forcément le choix de la méthode.
02:04 Là effectivement avec plus de praticiens,
02:06 elles pourront, quel que soit le terme de la grossesse,
02:09 choisir la technique d'avortement.
02:11 Notre question ce matin concerne le droit à l'avortement.
02:14 Avez-vous déjà eu des difficultés d'accès à l'IVG ?
02:18 Vous nous appelez dès maintenant,
02:19 dites-le franchement, 03 84 22 82 82,
02:22 et on en parle avec votre invitée, Nicolas Joly.
02:25 Je suis avec Caroline Combeau, sage-femme à Belfort,
02:27 présidente de l'organisation nationale syndicale des sages-femmes.
02:31 Alors certains témoignages mettent en évidence des angles morts,
02:34 on peut le dire, en matière de droit à l'avortement en France.
02:36 Je vous propose d'écouter cette intervention à l'Assemblée nationale
02:39 de la ministre des Solidarités de la famille Aurore Berger,
02:41 c'était il y a deux ans, elle était alors députée.
02:43 Les entraves continuent dans notre pays,
02:46 et c'est ce dont nous parlons ce matin.
02:48 Non, madame Bonivard, je suis désolée,
02:50 je suis désolée, quand je vous vois faire ce geste,
02:53 comme quoi je serais, je ne sais pas, folle de dire cela,
02:55 navrée de vous dire que oui, dans notre pays,
02:58 nous avons vécu nous-mêmes parfois des entraves à l'IVG,
03:01 nous avons vécu des délais qui étaient trop longs,
03:03 nous avons vécu des médecins qui nous ont obligés
03:05 à écouter des battements de cœur,
03:06 nous l'avons vécu,
03:08 et nous ne voulons pas que les femmes dans notre pays
03:10 continuent à le vivre.
03:11 Alors la réponse n'est peut-être pas idéale ou suffisante,
03:14 mais ce matin, nous apportons une réponse à ces femmes.
03:16 C'est encore le cas aujourd'hui, ce que dit Aurore Berger
03:18 sur le droit à l'avortement en France.
03:19 Oui, effectivement, alors c'est très hétérogène
03:22 en fonction des territoires,
03:24 avec des délais d'accessibilité qui sont plus ou moins longs,
03:29 sur lesquels on essaye vraiment de travailler.
03:31 Alors c'est vrai qu'on a eu des chiffres récents
03:33 qui montraient que l'IVG médicamenteuse,
03:36 notamment pratiquée par les sages-femmes,
03:37 était en réelle expansion,
03:40 puisque c'est une loi de 2016
03:43 qui a permis aux sages-femmes de réaliser ces IVG.
03:46 On se rend compte que la profession de sages-femmes,
03:48 c'est vraiment emparer cette possibilité.
03:50 Alors ce qui étonne souvent,
03:52 parce qu'on nous place plus du côté des naissances,
03:54 mais en fait, les sages-femmes accompagnent les femmes
03:57 dans tous les moments de leur vie,
03:58 que ce soit des bons ou des mauvais moments.
04:00 Et donc, cette accessibilité plus élargie pour les femmes
04:04 a permis effectivement de réduire certains délais.
04:07 Néanmoins, sur des grossesses un petit peu plus avancées,
04:10 il faut passer par le bloc opératoire
04:13 ou les salles techniques.
04:14 Et là, effectivement, ça coincait encore un petit peu.
04:17 - On parle du droit à l'avortement.
04:18 Est-ce que les femmes font encore aujourd'hui
04:20 beaucoup usage de leur droit ?
04:21 Est-ce qu'elles en ont les moyens ?
04:23 - Alors actuellement, il est estimé qu'une femme sur trois
04:25 dans sa vie sera effectivement amenée
04:29 à se poser cette question et à faire ce choix.
04:31 - Quand on se réfère finalement à des difficultés d'accès,
04:34 je pense peut-être même à des sites internet
04:36 qui renvoient sur des pages,
04:37 qui diffusent des fausses informations.
04:39 Tout ça, il faut le réglementer.
04:41 Est-ce que la réglementation aujourd'hui
04:42 est à la hauteur contre ces entraves ?
04:43 - Oui, il y a eu des avancées qui ont été faites
04:46 dans ce domaine, effectivement, de l'information sur les réseaux.
04:49 Et là, je pense que maintenant,
04:52 effectivement, l'information est beaucoup plus accessible
04:55 qu'elle ne l'était avant.
04:56 - Alors, mardi dernier, l'inscription de l'avortement
04:58 dans la Constitution française a été présentée
05:00 au Conseil des ministres.
05:01 Ce n'est pas encore fait,
05:02 mais ce serait un signal positif.
05:04 Selon vous, ça changerait quelque chose ?
05:06 - Alors, effectivement, c'est une volonté française
05:08 de vouloir marquer cela dans la Constitution,
05:10 parce qu'on voit dans d'autres pays
05:13 l'évolution des choses,
05:15 avec des retraits de ce droit.
05:16 - Les États-Unis, par exemple ?
05:17 - Les États-Unis, par exemple,
05:19 et d'autres pays d'Europe,
05:20 qui sont beaucoup plus proches que nous.
05:21 Donc, c'est une réelle inquiétude
05:22 que l'on porte pour les femmes.
05:24 Ça serait, effectivement, un geste fort
05:27 de la part de l'ensemble des parlementaires
05:29 de prendre cette décision.
05:31 Néanmoins, on sera attentif aux termes
05:33 qui seront choisis pour l'écrire dans la Constitution.
05:37 On sait que, de tout temps, les femmes,
05:39 quand elles ne souhaitaient pas conserver une grossesse,
05:41 elles trouvaient toujours des solutions.
05:43 Donc là, on veut pour elles des solutions
05:44 qui soient sécures sur le plan de leur santé,
05:47 qu'il n'y ait pas de complications
05:48 qui peuvent être létales pour certaines d'entre elles.
05:51 Et le fait de l'inscrire dans la Constitution,
05:53 effectivement, on l'espère,
05:55 pourrait préserver ce droit.
05:56 - Protéger les femmes, c'était l'esprit aussi de la loi Veil ?
05:59 - Absolument, absolument.
06:00 Donc là, ce qu'on voit dans certains pays,
06:02 c'est un véritable retour en arrière
06:04 qui est dramatique.
06:05 Donc, on espère qu'en France,
06:08 cela n'arrive jamais.
06:09 Et c'est pour ça que beaucoup de parlementaires,
06:11 notamment en femmes, portent cette demande.
06:15 Je vous dis, il faudra ajuster les termes
06:17 qui seront choisis
06:18 pour que ce soit effectivement assez solide.
06:20 - Vous êtes attentive aussi au discours
06:22 sur le droit à l'avortement.
06:24 On sait que les positions ont tendance un peu
06:26 à se radicaliser en période de crise.
06:28 Est-ce que c'est le cas aussi sur ces droits ?
06:30 - Oui, complètement.
06:31 Complètement.
06:31 On a effectivement des postures parfois
06:34 de certains technocrates,
06:37 de façon un petit peu négative,
06:38 je vais les appeler ainsi.
06:40 Et c'est ce qu'on a ressenti un petit peu aussi
06:42 sur ce décret qui a été publié cette nuit,
06:44 qui nous impose des restrictions
06:47 très spécifiques pour les sages-femmes,
06:48 qui n'existent pas pour les médecins,
06:50 et qui nous ont un petit peu étonnés.
06:51 On ne sait pas quelles sont les pressions
06:53 qu'il y a derrière.
06:54 Mais en tout cas, il y a des restrictions
06:56 qui sont marquées et sur lesquelles
06:59 on est très prudente, en fait.
07:00 - Très rapidement aujourd'hui,
07:01 si une femme qui nous écoute
07:03 est en besoin d'avorter,
07:04 de faire une interruption volontaire de grossesse,
07:06 vers qui elle peut s'adresser ?
07:08 - Alors, dans un premier temps,
07:09 effectivement, elle peut regarder
07:11 sur des sites tels que
07:14 les sites du REVO,
07:15 c'est le Réseau Ville-Hôpital pour l'Orthogénie,
07:17 qui essayent de recenser les praticiens
07:19 qui peuvent accompagner les femmes
07:20 dans ces demandes.
07:21 Sinon, se tourner vers l'hôpital
07:24 le plus proche de chez elle,
07:25 les centres de santé sexuelle,
07:27 et demander conseil à son praticien
07:30 de proximité, médecin traitant,
07:33 sage-femme et gynécologue obstétricien
07:36 qui pourront être amenés,
07:37 s'ils ne le pratiquent pas eux-mêmes,
07:38 à orienter la patiente vers quelqu'un
07:40 qui sera compétente, qualifiée
07:43 et conventionnée avec un établissement de proximité
07:46 pour l'accompagner dans cette demande.
07:47 - Merci beaucoup, Caro Nicombeau,
07:48 d'avoir été avec nous ce matin.
07:50 Je rappelle que vous êtes sage-femme
07:51 à Belfort et présidente de l'Organisation
07:52 Nationale Syndicale des Sage-Femmes.
07:54 Bonne journée à vous.
07:54 - Merci à vous.
07:55 Et retrouvez cet entretien sur francebleu.fr
07:57 Belleforme-en-Houillard sur l'application ICI
07:59 par France Bleu et France 3.
08:01 Dans un instant, on va retrouver Angélique Marquise-Dézon

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