Il est l'une des figures les plus médiatiques et les plus clivantes du gouvernement. Gérald Darmanin, 41 ans, vient de subir un sévère camouflet sur le projet de loi immigration qu'il porte depuis des mois. Mais le ministre de l'Intérieur, qui ne cache pas son ambition de se rendre incontournable pour 2027, est un fin tacticien politique et pourrait rapidement rebondir. Des bancs de l'IEP de Lille aux nombreuses polémiques qui ont émaillé sa carrière, retour sur le parcours d'un ministre ambitieux.
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00:00 C'est l'un des ministres les plus clivants du gouvernement.
00:02 "Darmanin démission !"
00:04 Un tacticien politique qui a le sens de la formule.
00:06 "Cela relève de l'éco-terrorisme."
00:08 Et de la polémique.
00:09 "Non mais calmez-vous madame, ça va bien se passer."
00:11 C'est Gérald Darmanin et voici son portrait en trois minutes.
00:14 Gérald Darmanin est né à Valenciennes en 1982.
00:17 Son grand-père était un tirailleur algérien, sa mère était concierge
00:20 et son père, tenancier de bar.
00:22 Des origines populaires dont il n'a jamais hésité à faire une arme politique.
00:25 "Ma très chère mère, qui est femme de ménage."
00:27 "Mon deuxième prénom est Moussaï."
00:29 "Mon grand-père, priez à Allah."
00:31 Étudiant à Sciences Polyl, le jeune Darmanin se fait rapidement remarquer
00:34 par les figures de la droite locale lorsqu'il s'oppose au blocus de l'école pendant le CPE.
00:38 "J'attends au moins que les cours soient délocalisés dans d'autres locaux."
00:41 Gérald Darmanin fait ses armes en politique dans le Nord
00:43 aux côtés du très polémique Christian Van Est.
00:45 En 2012, il lâche son mentor et rafle l'investiture de l'UMP
00:48 pour la 10e circonscription du Nord.
00:51 A l'Assemblée, il prend notamment position contre le mariage pour tous.
00:53 "Je pense que le mariage c'est un homme et une femme
00:56 et qu'un enfant est né d'un homme et d'une femme."
00:58 Des propos qu'il regrettera quelques années plus tard.
01:00 "J'aurais dû voter pour le mariage pour tous."
01:01 En 2014, il est élu maire de Tourcoing.
01:03 Puis pour la primaire de la droite, il soutient d'abord Nicolas Sarkozy
01:07 avant de se rallier au vainqueur François Fillon.
01:09 Pendant cette campagne, il tient des propos très durs envers Emmanuel Macron.
01:12 "Il va dans une région, il insulte les habitants de la région.
01:14 C'est quelqu'un qui ne connaît pas le pays."
01:15 Mais face au déboire de son candidat, il quitte le navire.
01:18 Et entre les deux tours, il se rallie à Emmanuel Macron face à Marine Le Pen
01:21 et prend ses distances avec les Républicains.
01:24 "Les Républicains, ils ont quitté leur âme en ne choisissant effectivement pas
01:27 entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen."
01:29 Un revirement que ses anciens alliés ne lui pardonneront pas.
01:32 "Le fond de ma pensée, c'est qu'on n'a plus rien à voir ensemble."
01:35 Qu'importe, le nouveau ministre du Budget façonne son image politique,
01:38 celle d'un homme de province, proche du peuple, maire d'une commune populaire,
01:42 aux prises avec le quotidien des électeurs.
01:43 "On comprend les inquiétudes des Français.
01:45 Je retourne extrêmement souvent dans ma commune à Tourcoing
01:47 où les classes sont populaires et travailleuses."
01:49 Mais en pleine ascension politique, l'ambitieux Darmanin est rattrapé par la justice.
01:53 Deux femmes portent plainte respectivement pour viol et abus de faiblesse.
01:56 Et l'accusent de les avoir obligés à des relations sexuelles en échange de faveurs.
02:00 Des affaires qui ont abouti pour l'une à un non-lieu, pour l'autre à un classement sans suite,
02:04 mais qui ont fait de Darmanin la cible des mouvements féministes.
02:07 "Ca et sa conflit !"
02:09 Plusieurs fois accusé de sexisme, Darmanin est un habitué des polémiques.
02:12 "Calmez-vous madame, ça va bien se passer."
02:14 "Ca va bien se passer ?"
02:15 "Et elle va bien se passer."
02:16 "Il y a 30% de baisse."
02:17 "Oh, je vous demande pardon, comment vous parlez ?"
02:19 Représentant de l'aile droite de la Macronie,
02:21 Gérald Darmanin flirte parfois avec le vocabulaire de l'extrême droite.
02:24 "Certaines parties de la société connaissent ce qu'on appelle l'ensauvagement."
02:27 Tout en se posant comme un rempart face au Rassemblement National.
02:30 "Madame Le Pen, c'est l'irresponsabilité faite femme."
02:33 "Et si on veut que les électeurs de Mme Le Pen arrêtent de voter pour elle,
02:35 il faut leur dire qu'on a compris quelle était leur difficulté de vie."
02:38 Un parti contre lequel il ne retient pas ses coups.
02:40 "Madame Le Pen, dans sa stratégie de dédiabolisation,
02:42 on revient à être quasiment un peu dans la mollesse.
02:45 Je vous trouve, il faut vous reprendre des vitamines."
02:47 Depuis qu'il est à l'intérieur, le premier flic de France n'a eu de cesse de défendre ses troupes.
02:51 "Que s'est-il passé à gauche pour qu'on confonde casseurs et policiers ?"
02:54 Quitte à accumuler les contre-vérités.
02:56 "Non, les gendarmes n'ont pas lancé de LBD en quad."
02:59 Ou les formules controversées.
03:01 "Quand j'entends le mot 'violence policière', moi, personnellement, je m'étouffe."
03:05 Après le camouflet sur le texte immigration qu'il porte depuis des mois,
03:08 le ministre apparaît affaibli.
03:10 "Quand on a un échec, c'est un échec."
03:12 Mais Darmalin, comme le surnomme ses proches,
03:14 pourrait rapidement rebondir dans sa ligne de mire 2027.
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