Son passé de pharmacienne de formation est bien loin derrière elle puisqu'aujourd'hui, Mamari s'adonne à 100% dans le stand-up ! Dans le tremplin Jeune, cette jet-setteuse de la blague nous partage ses vannes sur sa santé mentale, entre deux crises d’angoisse.
Retrouvez tous les tremplins jeunes dans « Le grand dimanche soir » sur France Inter et sur https://www.franceinter.fr/emissions/le-tremplin-jeune
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AmusantTranscription
00:00 Et puis le grand dimanche soir s'ouvre chaque semaine à la nouveauté et à la jeunesse,
00:05 à la diversité aussi.
00:06 Je vous propose d'accueillir sur la scène du 104, voici Mamarie que j'invite sur scène
00:13 et dans vos oreilles, où vous soyez, dans la voiture en retour de week-end, pour les
00:16 16+ dans votre salon ou peut-être au travail.
00:20 Mamarie est d'origine rwandaise, elle est française, elle est partie pour faire pharmacie
00:27 et au cours de ses études de pharma, elle a poussé la porte d'un café-théâtre et
00:30 aujourd'hui elle est la jeune pousse de la scène.
00:33 A vous le micro ma chère Mamarie.
00:35 Bonsoir, bon apparemment je suis la diversité ce soir et sinon je suis allée en hôpital
00:48 psychiatrique, enchantée.
00:50 Merci de m'accueillir, deux personnes qui soutiennent la santé mentale dans ce public,
00:59 c'est bien.
01:00 C'est moi qui ai décidé d'y aller parce que dans la vie je trouve ça important de
01:05 représenter la communauté noire partout.
01:07 Merci et je le fais avec les talents que j'ai.
01:16 Je suis un peu la Simone Biles des HP, si vous ne connaissez pas Simone Biles, c'est
01:22 vraiment qu'on a beaucoup besoin de représentation visiblement.
01:26 Je suis heureuse de parler de santé mentale en tant que personne noire parce que quand
01:34 j'ai commencé à consulter, au tout début je n'étais pas très soutenue ni très
01:40 comprise.
01:41 J'ai dit « mais pourquoi est-ce que tu ne vas pas en spa, faire des massages, si c'est
01:47 pour avoir des idées noires dans des culottes en papier ? » Franchement, ça ne me tente
01:52 pas trop.
01:53 Et puis je voyais ma mère à chaque fois que j'allais en rendez-vous, à chaque fois
01:58 que j'allais consulter, elle me disait « ah, tu vas à ton truc là ? » comme si j'avais
02:05 commencé un hobby bizarre, comme si je m'étais mise à la céramique finalement.
02:09 Et puis je l'entendais parler avec ses amis et elle disait régulièrement « ah,
02:15 ma Marie c'est une originale, c'est une originale ma Marie, ah bah oui ma fille elle
02:21 est spéciale.
02:22 J'ai commencé la thérapie, je n'ai pas commencé à porter un rat sur l'épaule.
02:26 Pardon Aymeric Lomprey.
02:31 Je suis fière d'avoir persévéré parce que j'ai vraiment milité dans ma famille
02:41 pour dire que c'était quelque chose de bien de prendre soin de sa santé mentale,
02:45 que c'était bien de consulter.
02:47 J'ai milité vraiment beaucoup parce que je me disais en fait si il venait avec moi,
02:51 ça irait vraiment vraiment beaucoup plus vite.
02:53 Et puis au final, j'ai continué mon chemin toute seule, mais j'ai continué à militer
03:01 et puis quand au bout de 10 ans je suis allée en hôpital psychiatrique, c'était pas trop
03:06 le moment de dire « vous voyez que ça marche, ça fonctionne ». Mais j'y suis allée
03:12 et je suis contente quand même.
03:14 Mais j'avais quelques petites peurs.
03:16 J'avais peur notamment que ça soit dur pour mon ego de demander à aller en hôpital
03:21 psychiatrique.
03:22 Et en fait, c'est pas du tout ça qui est dur pour l'ego.
03:25 Ce qui est dur pour l'ego, c'est quand on t'y accepte.
03:27 Moi je m'attendais à ce que ma psy me dise « mais non, pas vous madame, vous êtes
03:35 beaucoup trop stable ». Et elle, elle m'a dit « ça fait sens ».
03:39 « Ça fait sens », c'est toi ça fait sens.
03:50 Mais elle avait raison, c'était là ma place dans ce monde.
03:55 Vraiment, je me suis sentie bien quoi.
03:57 Je me suis vraiment beaucoup amusée parce que d'abord, il faut savoir que j'adore
04:01 la vie en groupe.
04:02 Je suis fan.
04:04 J'organisais des parties de cartes, j'organisais des karaokés, j'étais le BDE de l'hôpital
04:09 psychiatrique.
04:10 Et en plus, je me suis rendue compte que je me faisais une image très très faussée
04:14 des gens que j'allais y rencontrer.
04:15 J'avais peur des gens que j'allais voir parce que souvent quand j'entendais « malade
04:21 mental », c'est un malade mental, c'était pour qualifier des comportements dégueulasses.
04:26 Donc forcément, je pensais partager ma chambre avec Darmanin et Gérard Depardieu.
04:33 Je pensais vraiment.
04:37 Et puis je vous dis ça en tant que malade mental, mais aussi en tant que survivante
04:41 de l'inceste.
04:42 Et oui, grosse ambiance.
04:44 Je suis aussi né au Rwanda.
04:47 Si l'humour ne marche pas, je fais consultante pour cet A8.
04:53 Mais oui, qualifier ce type de comportement de maladie mentale, ça pose problème.
05:03 Et en même temps, je sais qu'enlever ce terme-là, il manque un truc à la phrase.
05:08 Ça nous aide de se dire que c'est des malades mentaux.
05:11 Et puis ça ponctue les phrases, ça les assaisonne.
05:13 Nous enlever ça, ça serait comme ouvrir un sac McDo et se dire « ben, elles sont
05:18 où les sauces ? ». Vraiment, il y a un côté comme ça où on dit quoi à la place.
05:23 Et puis si ce n'est pas des malades, c'est quoi ? Et bien si ce n'est pas des malades,
05:26 peut-être que c'est des gens que la société permet d'agir comme ça, en ne les punissant
05:33 pas.
05:34 Et malheureusement, admettre cette idée-là, ça donne des idées noires dans des culottes
05:38 en papier.
05:39 Merci ! Merci Mamari ! Vous pouvez consulter votre Instagram aussi, mamari.mounez0.
05:51 Votre spectacle « Trop drôle pour mourir », les 13 janvier, 3 février et 2 mars,
05:58 à la part de La Villette, à Paris ! Merci beaucoup Mamari !
06:02 (Applaudissements)