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Solenne Piret est grimpeuse professionnelle et quatre fois championne du monde en para-escalade. La jeune femme de 32 ans est née sans avant-bras droit, une malformation appelée agénésie. Si elle brille aujourd’hui dans le monde paralympique, la championne a toutefois passé une grosse partie de sa vie à se cacher.

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Transcription
00:00 Je m'appelle Solène Piret, je suis grimpeuse pro et je suis quatre fois championne du monde en para-escalade.
00:06 Je suis née sans avant bras droit, ça s'appelle une agénésie.
00:12 C'est un arrêt de croissance pendant la grossesse de ma mère.
00:15 J'ai passé une grande partie de mon enfance à me cacher et j'étais assez forte là-dedans.
00:22 J'ai des camarades de classe, même après un an, ils ne se sont pas rendus compte.
00:25 J'avais toujours une veste, un manteau, j'allais toujours avec des écharpes en classe, des t-shirts à manches longues.
00:32 Donc je le cachais tout le temps.
00:35 J'avais peur, pas d'être jugée, mais je pense que j'avais peur d'être différente.
00:40 Je pense que quand on est enfant, on tient vraiment à tout prix à être comme les autres, à se fonder dans la masse.
00:45 Après, je pense que ça vient aussi peut-être inconsciemment du fait que pendant la grossesse de ma mère,
00:50 les médecins ont vraiment insisté pour qu'elle fasse une interruption médicale de grossesse jusqu'au 8e mois,
00:57 en disant "Voilà, votre bébé, il ne va pas être comme les autres, il ne va pas être normal".
01:01 Et mes parents se sont un peu battus pour me garder.
01:03 Et je pense que, assez naturellement, je n'avais pas du tout envie d'attirer l'attention sur moi.
01:08 Et j'ai tout fait pour que cette différence soit masquée, parce que c'était un peu une question de survie.
01:14 Alors la prothèse, c'est une question qu'on me pose aux enfants à partir de 7 ans.
01:18 J'ai jamais voulu. J'ai envie de dire "Je suis née avec une particularité".
01:23 Et c'est plus naturel de dire "Je suis née avec une particularité" que de dire "sans avant-bras droit".
01:28 Donc il y a quelque chose presque en plus.
01:30 Je pense que je n'ai jamais vu l'utilité de rajouter un artifice.
01:35 Alors c'est clair qu'on sent un jugement quand on arrive dans une salle d'escalade.
01:38 Pas un jugement, un regard.
01:39 Parce qu'en effet, j'aurais très bien pu me mettre à la course à pied ou au tennis, ça aurait été beaucoup plus logique.
01:45 Mais à cette époque, j'étais en train de faire un travail sur moi-même qui m'a permis d'accepter ma différence.
01:51 L'escalade m'a aussi aidée là-dessus, parce que quand on est sur la paroi avec les prises,
01:55 on ne peut plus se cacher derrière un manteau ou une veste.
01:58 Donc ça a été un peu salvateur aussi.
02:00 [Générique]

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