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Comment, de 1977 à 1994, le chef suprême de Cosa Nostra,Totò Riina a régné par le sang et la terreur sur la mafia sicilienne. Un récit implacable, fondé sur le témoignage de quelques uns de ses hommes et de ceux qui les ont combattus, une réalisation de Mosco Levi Boucault. Second volet.

Ce second volet relate l'offensive de la justice à partir de 1983, les assassinats répétés de policiers, de magistrats et de représentants politiques commandités par Riina ayant fini par entraîner une réaction de l'État. Déterminé à mettre fin à l'impunité de la Mafia, le juge Giovanni Falcone fait extrader Tommaso Buscetta, un "vaincu" dont Riina a fait massacrer plusieurs proches, et le convainc de parler. De février 1986 à décembre 1987, le "maxiprocès" expose pour la première fois la nature et le fonctionnement de Cosa Nostra, pour condamner 475 inculpés à deux mille six cent soixante-cinq années de prison. Dix-neuf des chefs, dont Riina, écopent de la perpétuité. Jugé par contumace, ce dernier, une fois sa peine confirmée en appel, en 1992, sombre dans une fureur sanguinaire, tuant les juges Falcone et Borsellino. Le "parrain des parrains" sera arrêté début 1993, à Palerme, après vingt-quatre ans de cavale.

Tragédie
Documentariste chevronné et tenace, Mosco Levi Boucault raconte, en témoignages et en archives, une histoire si célèbre qu'elle a inspiré une série de la télévision italienne en 2007. Mais en parvenant à faire parler certains des anciens tueurs de Riina, aujourd'hui "repentis", dont il confronte les récits avec celui, entre autres, de l'ex-procureur Giuseppe Ayala, il dévoile la vérité humaine et la tragédie à l'œuvre dans l'enchaînement des faits. Détaillant leur quotidien de bourreaux au service de celui qu'ils décrivent comme un maître tragediatore (en sicilien, "manipulateur", "calomniateur"), ses interlocuteurs font apparaître dans toute sa crudité la mécanique barbare qui tint Palerme en son pouvoir presque absolu et, a contrario, le courage de ceux qui se sont dressés contre elle.

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00:00:00 [Musique]
00:00:06 Nous étions en 1983.
00:00:09 Un vent nouveau soufflait sur le palais de justice de Palerme.
00:00:13 L'information avait filtré.
00:00:15 Des enquêtes étaient menées contre des personnalités que nous pensions intouchables.
00:00:21 Les cousins Egnatius et Ninosalvo étaient les hommes les plus riches de Sicile.
00:00:25 On les appelait "Messieurs dix pour cent".
00:00:29 Grâce à leur lien avec la démocratie chrétienne,
00:00:31 ils avaient obtenu la charge de collecter les impôts
00:00:34 moyennant une commission trois fois supérieure à celle qui était en usage en Italie.
00:00:40 Le bruit courait qu'ils étaient en odeur de mafia.
00:00:43 Certains les soupçonnaient d'y être affiliés rituellement.
00:00:48 L'instigateur de ces enquêtes était un magistrat, Rocco Chienici.
00:00:54 Il s'était entouré d'une équipe de jeunes juges d'instruction,
00:00:57 dont Giovanni Falcone et Paolo Borsellino.
00:01:01 Il les avait chargés d'élargir leurs investigations au compte bancaire des intouchables.
00:01:07 Cela équivalait à transgresser un tabou.
00:01:12 Le 29 juillet 1983, à 8h05 du matin, une forte explosion secouait le centre-ville.
00:01:20 Totorini a donné à Palerme le visage de Beyrouth.
00:01:26 Ce dont je suis sûr, c'est que le meurtre, l'attentat contre Rocco Chienici,
00:01:31 a été organisé par les cousins Salvo et Salvatore Rina.
00:01:37 Rocco Chienici était conseiller instructeur au tribunal de Palerme.
00:01:42 Tous les procès passaient par lui.
00:01:44 C'était un magistrat intègre.
00:01:48 Il avait réuni autour de lui une équipe de jeunes magistrats,
00:01:51 comme le juge Falcone et le juge Borsellino.
00:01:57 Disons que ce n'était pas le genre de magistrat qu'on pouvait approcher et manipuler.
00:02:04 Donc on a reçu l'ordre de tuer le juge Chienici.
00:02:10 Et ça a été le premier attentat à la voiture piégée.
00:02:16 Le juge a été tué.
00:02:20 Il a été tué.
00:02:24 Il a été tué.
00:02:28 Il a été tué.
00:02:32 A chaque fois, le message était le même.
00:02:38 On finissait toujours par obtenir ce qu'on voulait.
00:02:41 Alors soit ils obéissaient, soit on leur réservait le même sort.
00:02:46 Ils ne pouvaient compter sur aucune protection. C'était ça le message.
00:02:54 Si tu ne fais pas ce qu'on te dit,
00:02:57 personne ne pourra te protéger, même pas l'État.
00:02:59 On arrive.
00:03:02 Si ce n'est pas aujourd'hui, ce sera demain, mais on viendra te chercher.
00:03:08 Le jour où la mort de Chienici est déclarée.
00:03:13 Le jour où la mort de Chienici est déclarée.
00:03:17 Le jour où la mort de Chienici est déclarée.
00:03:45 Pendant les obsèques de Rocco Chienici,
00:03:48 nos regards s'étaient portés sur les juges Falcone et Borsellino.
00:03:52 Nés dans le même quartier populaire de Palerme, la Calça,
00:03:56 ils étaient liés par une grande complicité et on les croisait souvent ensemble.
00:04:01 Nous avons revu Giovanni Falcone au cours d'une audition
00:04:08 témoigner que Chienici et lui-même se savaient menacés.
00:04:14 À ce moment-là, pour eux, la mafia constitue encore une zone grise.
00:04:18 C'est un mafioso sicilien, connu comme trafiquant de drogue,
00:04:24 Thomas Bouchette, qui lèvera le voile.
00:04:28 Il avait été arrêté au Brésil et extradé.
00:04:32 Nous le verrons à la télévision à son arrivée à Rome,
00:04:35 les mains menottées sous une couverture pour sauver les apparences.
00:04:39 Nous ne savions pas que le juge Falcone l'avait auditionné au Brésil
00:04:44 et avait perçu la haine et le désir de vengeance qu'il éprouvait envers Totorina.
00:04:51 L'importance que j'ai définie à son époque,
00:04:56 dans les déclarations de Bouchette,
00:04:59 se décrivent sous différents profils.
00:05:02 Il y en a deux.
00:05:04 Le premier, bien sûr,
00:05:06 est celui d'une série d'indications de noms de mafiosos
00:05:10 et des crimes commis,
00:05:13 et d'une série d'autres indications de noms de mafiosos.
00:05:17 Et d'une série d'autres indications utiles pour le développement de nos investigations.
00:05:23 Mais, non moins importante,
00:05:26 est la description de "Cosa Nostra".
00:05:29 Bouchette vous fait connaître l'organisation, la structure.
00:05:34 Qui se le pouvait imaginer,
00:05:36 "Cosa Nostra" a une structure verticale, une pyramide,
00:05:39 en dessous de laquelle,
00:05:41 faite par les familles mafioses,
00:05:43 et en dessous de laquelle, existe la commission, ou coupole.
00:05:48 Nous, on était en train de tâtonner dans le noir
00:05:53 pour essayer de comprendre quels étaient les secrets de "Cosa Nostra".
00:05:58 Bouchette a allumé la lumière.
00:06:04 Il a braqué les projecteurs sur "Cosa Nostra"
00:06:07 et il nous a éclairés.
00:06:09 Tout cela s'est passé, à mon avis,
00:06:13 par une double combinaison.
00:06:16 Chacune desquelles est liée à l'autre, les deux composants.
00:06:21 Le premier, le coupable est Rina.
00:06:25 Le deuxième, le coupable est Falcone.
00:06:29 Parce que Rina crée des conditions internes à "Cosa Nostra"
00:06:32 avec sa stratégie de terror,
00:06:34 pour laquelle Bouchette se fait ennuyer.
00:06:37 Il ne peut pas ennuyer lui.
00:06:40 A Bouchette, il ennuie deux enfants,
00:06:43 qui étaient à Palermo et n'avaient rien à voir avec la mafia.
00:06:47 Il ennuie le mari de la fille,
00:06:50 qui était à Palermo et n'avait rien à voir avec la mafia.
00:06:53 Il ennuie l'un de ses frères,
00:06:56 et le fils de ce frère.
00:06:59 Il n'y a pas besoin d'être un mafieux pour se faire ennuyer.
00:07:04 Il ne peut pas ennuyer lui.
00:07:06 Tout cela est voulu par Rina.
00:07:09 La combinaison que Rina détermine en Bouchette
00:07:12 est un état de fureur.
00:07:15 Une fureur de vengeance.
00:07:17 Mais Bouchette n'a pas les conditions militaires
00:07:22 pour répondre comme il aurait préféré faire.
00:07:26 D'abord parce qu'il est au Brésil,
00:07:28 et d'autre parce qu'ils veulent l'ennuyer.
00:07:30 Et il trouve Falcone.
00:07:32 Falcone, dans les mains de Bouchette,
00:07:35 le fils d'un calasdic.
00:07:39 Pour éviter d'être écouté,
00:07:41 les juges Falcone et Borsellino se concertaient souvent
00:07:44 dans les couloirs du palais de justice.
00:07:46 Évoquait-il celui qui, dix ans auparavant, en 1974,
00:07:50 lui par le remord, s'était présenté de son plein gré
00:07:54 à la police judiciaire de Palermo
00:07:56 pour raconter ce qu'il savait de Cosa Nostra ?
00:08:00 Il s'appelait Leonardo Vitale.
00:08:03 C'était un petit mafioso de Palermo.
00:08:06 Les avocats de ceux qui l'avaient dénoncé
00:08:08 réclamèrent une expertise psychiatrique
00:08:10 pour qu'il soit qualifié de fou.
00:08:13 Les experts n'osèrent pas les contredire.
00:08:16 Tous les inculpés furent acquittés.
00:08:19 Lui seul fut condamné
00:08:21 à dix ans d'internement dans un asile psychiatrique.
00:08:25 À sa sortie, le journaliste Giuseppe Marrazzo le retrouva.
00:08:30 C'était en 1984,
00:08:32 l'année où Boucheta s'engageait sur la même voie.
00:08:36 - Elle avait le courage de parler.
00:08:39 - Elle avait peu de courage. Pourquoi ?
00:08:44 - Parce que ce qu'elle a dit n'a pas démontré le courage ?
00:09:05 - Elle ne le dit pas.
00:09:07 Elle a parlé lucidement.
00:09:09 Quand elle a dit comment était organisée la mafia des bourgates,
00:09:15 les liens avec la mafia centrale,
00:09:17 elle n'était pas folle.
00:09:19 Elle voulait parler.
00:09:21 Qu'est-ce qui l'a poussée à parler ?
00:09:28 - Elle a été menacée.
00:09:30 - Qu'est-ce qu'elle faisait ?
00:09:32 - Elle n'a pas le droit de parler.
00:09:36 - Elle a été menacée dans la prison.
00:09:39 - Oui.
00:09:40 - Qu'est-ce qu'elle faisait ?
00:09:42 - Elle n'a pas le droit de parler.
00:09:46 L'opération Boucheta,
00:09:48 qu'on appelle ainsi,
00:09:50 c'est la récolte de ses déclarations,
00:09:52 la recherche de toutes les confirmations,
00:09:55 et l'émission de 365 mandats de capture,
00:09:58 a duré plus de deux mois.
00:10:00 Personne n'a sauvé que Boucheta a collaboré.
00:10:04 Je ne sais pas combien d'autres fois
00:10:09 il s'est passé quelque chose de tel genre en Italie.
00:10:12 Pour être clair,
00:10:15 nous étions dix à le savoir,
00:10:18 plus la police.
00:10:20 Mais nous étions les seuls à le savoir.
00:10:23 Et ce n'était pas une nouvelle.
00:10:26 Il n'a pas été filtré, ni le suspect.
00:10:29 La preuve est que la grande majorité des mandats de capture
00:10:34 a été faits,
00:10:36 parce qu'on ne s'en attendait pas.
00:10:38 Parce que personne ne l'avait attrapé.
00:10:42 Le 29 septembre 1984,
00:10:45 nous avons entendu les sirènes des voitures de police
00:10:48 balayer les rues de Palerme.
00:10:51 L'enquête qui avait abouti à 365 mandats d'arrêt
00:10:56 était l'oeuvre du groupe de magistrats
00:10:58 animé par les juges Falcone et Borsellino.
00:11:01 Le 12 novembre, il faisait arrêter les cousins,
00:11:08 Salvo, pour association mafieuse.
00:11:11 Les masques tombaient.
00:11:14 Un homme demeurait en cavale,
00:11:18 Totorina.
00:11:22 -Pour commencer le processus,
00:11:25 les actes étaient constitués d'un million de feuilles.
00:11:29 L'ordre de la justice,
00:11:31 qui synthétisait tous les contenus processuels,
00:11:34 était de 8000 pages.
00:11:37 Vous avez d'abord à vous entendre
00:11:40 sur un premier problème,
00:11:43 qui n'est normalement pas le problème de tout autre processus.
00:11:47 Il faut ce processus.
00:11:50 Le Palais de la justice de Palerme,
00:11:53 un bel palais de la justice,
00:11:56 485 imputés, 300 défenseurs.
00:11:59 La presse,
00:12:02 les médias du monde entier,
00:12:05 les Chinois, les Japonais,
00:12:08 il n'y avait pas de structure.
00:12:11 Une décision très importante
00:12:14 était de construire ce grand palais
00:12:17 attaqué au prisonnier de Luchardon,
00:12:20 qui était le seul prisonnier de Palerme.
00:12:23 Pourquoi ?
00:12:26 Si ce palais était à une certaine distance,
00:12:29 à 1 ou 2 km,
00:12:32 cela signifiait que chaque jour,
00:12:35 des centaines de mafiosos,
00:12:38 tous les chefs de la mafia,
00:12:41 allaient être transportés de la prison à l'aula,
00:12:44 et ensuite, à la fin de l'audience,
00:12:47 à l'aula de la prison.
00:12:50 Cela aurait fait partie des problèmes de sécurité incroyables,
00:12:53 difficilement imaginables,
00:12:56 mais un déplacement de hommes et de moyens
00:12:59 était espéranté.
00:13:02 Il suffisait de construire,
00:13:05 à Luchardon,
00:13:08 un palais qui allait directement à l'aula du prisonnier,
00:13:11 et il n'y avait plus besoin
00:13:14 de ce grand déplacement de moyens et de hommes.
00:13:17 C'est pourquoi cette localisation a été choisie.
00:13:20 Une autre chose très significative,
00:13:23 qui, selon moi,
00:13:26 sert à démontrer une chose qui est tout à fait évidente,
00:13:29 mais qui n'est pas évidente en Italie.
00:13:32 Quand le gouvernement veut y être,
00:13:35 il y a des choses qui sont inimaginables.
00:13:38 Cette structure, qui est énorme,
00:13:41 est une structure,
00:13:44 pour comprendre,
00:13:47 dont les murs extérieurs sont à la preuve de bazookas.
00:13:50 C'est une structure sérieuse, faite en 6 mois.
00:13:53 Combien d'œuvres publiques ont été réalisées en 6 ans en Italie ?
00:13:56 Je ne sais pas.
00:13:59 Peu.
00:14:03 Un nom de guerre fut donné à ce nouveau tribunal,
00:14:06 Aula Bunker,
00:14:09 tribunal bunker.
00:14:12 Personne n'avait cru à sa réalisation.
00:14:15 Nous étions convaincus que l'incurie de l'administration
00:14:18 et manœuvre des politiciens aux mains de Cosa Nostra
00:14:21 et sabotage que la mafia n'allait pas manquer de provoquer
00:14:24 empêcherait sa construction.
00:14:27 La réalité nous a donné tort.
00:14:30 Malgré tout,
00:14:33 3 assassinats commis sur ordre de Rina
00:14:36 nous ont fait craindre que le maxi-procès ne soit reporté.
00:14:39 L'inoffensif Leonardo Vitale
00:14:42 est abattu le 2 décembre 1984
00:14:45 en signe d'avertissement à tous les repentis.
00:14:48 7 mois plus tard,
00:14:51 le 28 juillet 1985,
00:14:54 Rina élimine le chef de la brigade des fugitifs
00:14:57 Beppe Montana,
00:15:00 un proche des juges Falcone et Borsellino
00:15:03 que nous avons vu arriver dans la nuit sur les lieux de l'assassinat.
00:15:06 Le mois suivant,
00:15:09 un commando de tueurs armé de Kalashnikov
00:15:12 assassine le directeur adjoint de la police judiciaire
00:15:15 Lini Cassara,
00:15:18 le cri blanc de balles sous les yeux de sa femme
00:15:21 alors qu'il rentrait chez lui.
00:15:24 Rina Frappin est où il veut
00:15:27 mais les juges Falcone et Borsellino
00:15:30 n'en démerderont pas.
00:15:33 Le 10 février 1986,
00:15:47 dans le tribunal Bunker,
00:15:50 s'ouvre le premier maxi-procès de la mafia.
00:15:53 Les journalistes avaient préparé le terrain avec des articles sur les accusés,
00:15:56 sur la genèse du procès,
00:15:59 sur le contenu de l'ordonnance de renvoi,
00:16:02 et même sur cette structure qu'on a baptisée le vaisseau spatial
00:16:08 et qui devait accueillir le procès pour une durée indéterminée.
00:16:21 Le président de la cour,
00:16:24 qui s'appelle Alfonso Giordano,
00:16:27 était un civiliste,
00:16:30 il ne s'intéressait pas au tribunal.
00:16:33 Il était un magistrat et un juriste,
00:16:36 qui s'occupait toujours de la civilité.
00:16:39 Pourquoi est-il choisi Giordano ?
00:16:42 Parce que tous ceux qui étaient candidats
00:16:45 à présider cette cour,
00:16:48 tous les magistrats qui s'occupaient de la pénalité,
00:16:51 avaient trouvé un moyen d'éviter de prendre ce rôle.
00:16:54 Je parle de collègues, je ne dis pas les noms.
00:16:57 Et je crois que c'est quelque chose
00:17:00 qu'il faut réfléchir.
00:17:03 Par contre, avec les juristes populaires,
00:17:06 contrairement à ce qui s'est passé à Torino
00:17:09 avec le procès de Brigadier Rosse, nous n'avons pas eu de problèmes.
00:17:12 Il faut le souligner,
00:17:15 il y avait des gens qui étaient citoyens,
00:17:18 des professeurs de l'école,
00:17:21 des employés de postes,
00:17:24 des gens qui avaient fait des choix de vie complètement différents.
00:17:27 Et on se retrouvait à composer un collège juridique
00:17:30 contre les meilleurs chefs de la mafia
00:17:33 et avec référence aux plus sécrètes crimes que l'on puisse imaginer.
00:17:36 Les Siciliens, eux aussi, à Palermo.
00:17:39 A la fin d'une opération chirurgique
00:17:42 sur ces imputés, sur le nombre de mafieux,
00:17:45 nous avons mis ensemble, pour le maximum de procès,
00:17:48 475.
00:17:51 Dans ces 475, il y avait
00:17:54 un important débat du peuple mafieux.
00:17:57 Dans le sens où tu allais, du meurtre
00:18:00 au simple trafiquant de drogue
00:18:03 à tous les chefs de la Cosa Nostra.
00:18:06 Avec la première fois
00:18:09 dans laquelle on apportait
00:18:12 au conscience des juges
00:18:15 une des règles fondamentales de la Cosa Nostra
00:18:18 qui avait une grande référence processuelle.
00:18:21 C'est-à-dire que les meurtres les plus récents
00:18:24 ne pouvaient pas être commis
00:18:27 sans la part de la commission,
00:18:30 c'est-à-dire le groupe de Vertic.
00:18:33 Ce qui signifie que le groupe de Vertic
00:18:36 n'avait pas de résistance.
00:18:39 C'était une application de grande conséquence
00:18:42 et de grande signification processuelle
00:18:45 de la connaissance de la Cosa Nostra
00:18:48 que nous avions acquis grâce aux collaborateurs
00:18:51 de la justice et de Bouchette.
00:18:54 Qu'est-ce que c'est ?
00:18:57 C'est la thèse selon laquelle la moindre action de la mafia
00:19:00 qu'il s'agisse d'un délit, d'une affaire ou d'une extorsion
00:19:03 ne pouvait être commise
00:19:06 sans que les chefs n'en soient informés
00:19:09 ce qui les rendait co-responsables.
00:19:12 Aucun délit ne pouvait être commis en Sicile
00:19:15 sans l'aval des chefs de Cosa Nostra.
00:19:18 Ces chefs étaient donc responsables au même titre
00:19:21 que les chefs de la vie en Sicile.
00:19:24 Au début de chaque audience,
00:19:27 nous scrutions les cages où se tenaient les inculpés.
00:19:30 Michele Greco, le chef de façade de Cosa Nostra
00:19:36 est apparu un jour en tenue blanche
00:19:39 sans doute pour justifier son surnom, le pape.
00:19:42 A l'autre extrémité, Luciano Licio, le chef évincé par il
00:19:47 a exhibé ses costumes et ses cigares d'un autre temps.
00:19:51 Entre eux, le trésorier de Cosa Nostra, Pippo Calò.
00:19:56 Principal inculpé et principal absent,
00:20:02 Toto Reina, recherché depuis 17 ans.
00:20:05 Toutes les audiences n'avaient pas le même intérêt.
00:20:13 Quand Tommaso Bucetta apparaît en avril,
00:20:16 la salle est bondée.
00:20:19 Tous les accusés sont présents, y compris les accusés en liberté.
00:20:22 Toutes les parties civiles, des centaines de journalistes,
00:20:25 des centaines de curieux qui avaient fait la queue à l'extérieur
00:20:28 pour voir le boss des deux continents
00:20:31 dont on avait vu que quelques photos jusque-là.
00:20:34 Et voilà qu'une porte s'ouvre au fond de la salle.
00:20:37 On voit un groupe d'agents
00:20:40 escorter un homme très élégant, en veste grise,
00:20:43 avec des lunettes de soleil,
00:20:46 impeccablement peigné.
00:20:49 Et à la tête de ce groupe, un homme dans une veste de couleur fauve,
00:20:52 la main dans la poche,
00:20:55 comme s'il tenait un revolver.
00:20:58 C'est un des chefs de la police
00:21:01 et un ami proche du juge Falcone, Antonio Manganelli.
00:21:05 Le premier contrôle se déroule avec Calot.
00:21:08 Et il sera l'unique.
00:21:11 Parce que Bouchet le massacre, Calot,
00:21:14 c'est vraiment embarrassant.
00:21:17 Et il reçoit le coup, car Bouchet avait aussi une capacité
00:21:20 de faire des choses.
00:21:23 Et il a réussi à faire des choses.
00:21:26 Et il a réussi à faire des choses.
00:21:29 Et il a réussi à faire des choses.
00:21:32 Et Bouchet avait aussi une capacité scénique.
00:21:35 Il savait s'exprimer,
00:21:38 il était très sûr de soi, très misuré,
00:21:41 très crédible.
00:21:44 Et à un certain moment, en le regardant,
00:21:47 il lui rappelle qu'il a tué
00:21:50 des jeunes qui, depuis les enfants,
00:21:53 avaient grandi sur ses genoux.
00:21:56 Ce sont les enfants de Bouchet.
00:21:59 Et c'est vrai, car étant deux amis grands,
00:22:02 qui sait combien de fois les enfants de Bouchet
00:22:05 ont été sur les genoux de cet oncle,
00:22:08 à jouer avec cet oncle.
00:22:11 Et tu, à un certain moment, as décidé de le tuer.
00:22:14 Et là, Calot, un silence impressionnant,
00:22:17 termine le confrontation,
00:22:20 et tous les défenseurs des députés
00:22:23 qui avaient demandé les confrontations suivantes
00:22:26 se sont réunis pour déclarer à Verbal
00:22:29 qu'ils se renonçaient.
00:22:32 Et j'ai compris qu'ils avaient gagné le procès.
00:22:35 Tous les mois suivants ont été un délire.
00:22:38 Le procès a été gagné par le Premier ministre.
00:22:41 La confrontation que tout le monde souhaitait
00:22:44 entre Bouchet et Totorina n'aura pas lieu
00:22:47 durant le maxiprocès.
00:22:50 Mais sept ans plus tard, à Rome,
00:22:53 une fois Rina arrêtée,
00:22:56 Bouchet n'avait rien perdu de sa rage.
00:22:59 [Bouchet parle en italien]
00:23:03 [Bouchet parle en italien]
00:23:06 [Bouchet parle en italien]
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00:38:49 [Bouchet parle en italien]
00:38:53 Ce jour-là, la tension était déjà un peu retombée.
00:38:59 Parce qu'on avait passé deux week-ends à attendre le passage du juge Giovanni Falcone.
00:39:04 Le signal de départ de ce projet d'assassinat est donné par Domenico Ganci.
00:39:11 Il voit partir de l'immeuble de Giovanni Falcone
00:39:16 le convoi de voitures blindées qui va à l'aéroport chercher Falcone.
00:39:24 Alors moi, Gioé, Battaglia et Biondino,
00:39:31 on est allés se poster sur la colline
00:39:35 pour être prêts à intervenir rapidement.
00:39:39 La barbéra qui devait contrôler,
00:39:43 qui devait vérifier la vitesse du convoi
00:39:47 passe sous l'autoroute pour relier l'explosif au détonateur.
00:39:53 [Bouchet parle en italien]
00:39:58 À partir de ce moment-là, tout est entre nos mains.
00:40:02 À Gioé et à moi.
00:40:05 Il voit le convoi approcher du vieux frigo qui servait de repère.
00:40:09 Mais quand Gioé me dit "vas-y",
00:40:14 je reste cloué sur place, incapable de bouger.
00:40:18 C'est comme s'il parlait à un mur.
00:40:22 Gioé me répète "vas-y", il hausse un peu le ton.
00:40:25 Mais je reste figé, comme si quelqu'un m'empêchait de pousser le bouton,
00:40:29 enfin le levier.
00:40:32 Il crie une troisième fois encore plus fort "vas-y".
00:40:37 Et je résiste une troisième fois.
00:40:41 Mais comme par réflexe, je finis par pousser le levier.
00:40:46 Et là, il n'y a pas une énorme explosion,
00:40:49 mais une série d'explosions par effet domino.
00:40:53 J'entends des débris qui tombent par terre
00:40:57 et des alarmes qui sonnent partout dans le voisinage.
00:41:01 Et puis on rentre à Palerme.
00:41:05 J'ai l'impression d'être dans un état de détente.
00:41:09 Je suis allé à Palerme,
00:41:14 je m'en souviens comme si c'était hier.
00:41:17 On allume la télé et au JT on voit le déroulant en bas de l'écran
00:41:22 qui annonce la mort du juge Giovanni Falcone.
00:41:27 J'ai regardé les funérailles à la télé
00:41:32 et j'ai vu la veuve d'un des membres de l'escorte.
00:41:37 Le prêtre a approché et dit "vous êtes mort".
00:41:42 Le prêtre a approché le micro de sa bouche
00:41:46 et elle a prononcé les mots "repentez-vous".
00:41:51 Là, je n'ai pas pu résister.
00:41:54 J'ai changé de chaîne. Je ne pouvais pas supporter d'entendre ces mots.
00:41:59 "Sachez que vous aussi, il y a la possibilité de pardon.
00:42:04 Je vous pardonne, mais vous devez me mettre en genouille.
00:42:09 Si vous avez le courage de changer, ils ne changeront pas."
00:42:26 Il a plu sur Palerme le jour des funérailles.
00:42:29 Quand le cercueil de Giovanni Falcone est apparu,
00:42:33 recouvert de sa robe rouge de magistrat,
00:42:36 nous nous sommes mis à scander son prénom
00:42:39 et nos mains se sont levées pour l'applaudir,
00:42:42 comme s'il était là, vivant parmi nous.
00:42:45 Nous aimions cet homme.
00:42:48 Sa mort rendait ce sentiment flagrant.
00:42:51 Lorsque les hommes politiques et les officiels
00:42:55 ont dit qu'ils avaient passé de l'église sainte de Maine
00:42:57 et que les plus jeunes n'ont pas pu se retenir de les traiter de bouffons.
00:43:02 Ce jour, deux officiels de la gendarmerie
00:43:04 ont contacté Vito Ciancimino.
00:43:07 C'est parce que Ciancimino était très lié,
00:43:11 surtout aux Corleones, à Rennes et Provence,
00:43:15 et à la Chine.
00:43:18 Ce qui est communément appelé "traitement"
00:43:22 est un terme sur lequel nous pourrions nous rappeler
00:43:25 que le président de la République
00:43:29 avait été un peu déçu.
00:43:31 C'est un terme sur lequel nous pourrions discuter,
00:43:34 mais il est bien pour comprendre ce que nous voulons dire.
00:43:37 Pour essayer de comprendre ce que voulait la mafia
00:43:40 pour arrêter les tueries.
00:43:43 Le peur fondé était que,
00:43:46 après l'assassinat de l'honorable Lima en mars 1992,
00:43:50 après la très grave tuerie de Giovanni Falcone,
00:43:53 de sa femme, des trois enfants et de la gendarmerie,
00:43:57 Rihina a deux objectifs quand il décide de tuer Falcone
00:44:00 et d'une manière aussi spectaculaire.
00:44:03 Le premier, se débarrasser de son pire ennemi.
00:44:07 Et c'est réussi, puisqu'il meurt dans l'explosion.
00:44:10 Et le second, faire peur aux institutions.
00:44:14 En fait, il fait une démonstration de sa force militaire.
00:44:20 Et là, il rédige ce qu'on appelle en sicilien un "papello".
00:44:26 C'est-à-dire une requête qu'on ne peut pas refuser.
00:44:30 Je t'envoie une demande,
00:44:33 et si tu veux que j'arrête de te faire la guerre,
00:44:36 tu dois accepter ma requête.
00:44:39 Il y avait aussi une requête concernant la révision du maximum de processus.
00:44:43 Mais je dois dire que c'était absolument une requête véléitaire,
00:44:47 parce que le pouvoir politique ne peut pas ordonner la révision d'un processus.
00:44:54 Cette démarche pose un problème et soulève la question suivante.
00:44:59 Est-il éthique de négocier avec des assassins ?
00:45:04 Est-il éthique de négocier avec des mafiosi ?
00:45:09 Peut-on tirer un bénéfice qui vaille la peine de se compromettre
00:45:16 en collaborant avec eux ?
00:45:22 Je me retrouve à la distance du temps,
00:45:24 et je trouve Rina en colère,
00:45:27 noir, comme une hyène,
00:45:29 parce que les demandes n'ont pas été refusées,
00:45:32 parce qu'elles étaient exaucées.
00:45:34 Et sincèrement, il me semble difficile de comprendre
00:45:39 qui pouvait accepter une chose de ce genre,
00:45:44 spécialement avec,
00:45:47 je termine l'argument,
00:45:50 que Rina est encore en vie.
00:45:52 La peur, c'est absurde de dire qu'on n'y a pas peur.
00:46:04 Il y a des moments où on a peur,
00:46:08 mais il faut avoir de l'espoir.
00:46:19 Je pense que l'ouverture de cette,
00:46:24 disons, "tentative",
00:46:26 a accéléré l'assassinat de Borsellino.
00:46:29 Parce que Cosa Nostra, à un certain moment,
00:46:35 a pensé qu'il devait élever son pouvoir contractuel,
00:46:39 en donnant à l'État une autre coupure.
00:46:42 Images agaçantes.
00:46:44 La mafia a assassiné Paolo Borsellino,
00:46:47 l'ennemi numéro un de la criminalité organisée
00:46:49 après la mort de Capaci et de Falcone.
00:46:52 Cette fois, plus qu'une mort, on dirait un "écatombe".
00:46:57 Une scène apocalyptique.
00:47:00 C'est arrivé à moi d'enlever le reste de Paolo Borsellino.
00:47:14 J'ai aussi fait une grande effort pour le reconnaître,
00:47:17 parce qu'il avait brûlé.
00:47:19 Après ça, je ne me souviens plus de rien.
00:47:24 Le noir est plus total.
00:47:27 Nous revoyons les images de la dévastation
00:47:30 quand le supérieur des juges Falcone et Borsellino,
00:47:33 le magistrat Antonino Caponnetto,
00:47:36 un juste parmi les justes, est apparu sur l'écran.
00:47:40 C'est fini.
00:47:42 Pourquoi c'est fini, Docteur Caponnetto ?
00:47:45 Pourquoi c'est fini ?
00:47:49 Parce que...
00:47:51 parce que...
00:47:53 parce que...
00:47:56 parce que...
00:47:57 je ne peux pas dire autre chose.
00:48:00 Je ne peux pas dire autre chose.
00:48:04 Le lendemain, cet homme frêle se ressaisissait et retournait au combat.
00:48:08 Sa décision, son geste, allèrent animer tous ceux qui, comme lui,
00:48:12 voulaient combattre Cosa Nostra et arrêter Rino.
00:48:16 Aux obsèques des membres de l'escorte de Paolo Borsellino,
00:48:26 nous avons voulu pénétrer dans la cathédrale
00:48:30 et déverser notre colère sur les représentants de l'Etat venus de Rome
00:48:33 que nous jugeons complices de Rino du fait de leur inaction.
00:48:37 Les barrages ont fini par céder.
00:48:40 Le président de la République et le directeur de la police nationale
00:48:46 n'ont dû leur saluer qu'au procureur Ayala,
00:48:49 dressé devant l'assistance, qui hurlait que la mafia sorte de cette église.
00:48:59 Avec cet attentat, Rino n'obtient toujours aucun résultat.
00:49:06 Je revois la scène.
00:49:09 Rino est encore une fois fou de rage, le visage sombre.
00:49:13 Il n'est pas bavard comme les autres fois où il se vantait d'avoir frappé fort.
00:49:20 Là il est renfermé et sombre.
00:49:24 Et il me demande de préparer un autre attentat.
00:49:29 En attendant, je me charge du meurtre d'Ignacio Salvo.
00:49:32 Cet assassinat s'inscrit dans le cadre des règlements de compte.
00:49:36 Ignacio Salvo est tué parce qu'il ne s'était pas assez investi pour faire annuler le maxi-procès.
00:49:43 Le cadavre d'Ignacio Salvo, abattu un soir dans sa villa du bord de mer,
00:49:51 tout près de ses Mercedes, traduisait la rage meurtrière
00:49:56 qu'il avait reçue de Rino à l'encontre de ses alliés politiques d'autrefois,
00:50:00 que ces tueurs exécutaient sans état d'âme.
00:50:04 Je ne veux pas défiler de mes responsabilités.
00:50:10 Je suis responsable de 500 tueurs,
00:50:14 je ne les ai pas commises, je ne sais pas combien ils auraient compté.
00:50:18 Il y a eu un moment où j'ai eu le rôle de commandant,
00:50:22 donc tout ce qui se passait, je le prenais comme le rôle de commandant.
00:50:28 Je ne sais pas combien ils auraient compté, même si je les avais commises 100.
00:50:32 Mais ça rentrait dans le contexte de l'association.
00:50:37 Je pensais être puissant, je pensais être au-dessus de tous les suspects,
00:50:42 je pensais être omnipotent,
00:50:47 je pensais qu'il n'y avait personne au-dessus de moi,
00:50:51 quand je me suis retrouvé au-dessus de tout le monde,
00:50:57 je me suis rendu compte que j'étais victime de la même association.
00:51:01 J'ai découvert, grâce à la collaboration de Salvador Cancemi,
00:51:06 qu'à un moment Tottorino avait délibéré la mort de moi,
00:51:11 il voulait que je me tue et que Madonia me sauve.
00:51:15 Je me pose une question.
00:51:19 Est-il possible que personne n'ait compris
00:51:24 que Tottorino agissait seulement dans son propre intérêt ?
00:51:30 Je repense à cette période et je me dis,
00:51:35 bordel de merde, mais pas un a survécu.
00:51:41 Tous ceux comme moi qui ont participé à la guerre de la mafia,
00:51:45 tous ceux qui ont aidé Riina à s'implanter,
00:51:50 au fur et à mesure qu'il gravissait les échelons,
00:51:55 il les remplaçait selon son bon vouloir.
00:52:00 Il faisait abattre tous ceux qu'il avait mis en place,
00:52:05 comme Greco ou mon oncle.
00:52:10 Je ne peux pas me rassurer.
00:52:14 Je ne peux pas me rassurer.
00:52:19 Je ne peux pas me rassurer.
00:52:24 Je ne peux pas me rassurer.
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00:52:34 Je ne peux pas me rassurer.
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00:57:00 Je ne peux pas me rassurer.
00:57:04 Je ne peux pas me rassurer.
00:57:08 Dans ce climat de terreur, un homme craint pour sa vie.
00:57:12 Il s'appelle Baltasar Edimaggio.
00:57:15 Rina l'a nommé régent d'une bourgade proche de Corleone.
00:57:19 De peur d'être éliminé, il quitte la Sicile et se réfugie dans le nord de l'Italie.
00:57:25 Des carabiniers l'arrêtent pour une broutille.
00:57:28 Il parle. Il sait, dit-il, comment arrêter Rina.
00:57:32 Il suffit de filer ses deux chauffeurs.
00:57:36 Un commando de carabiniers est dirigé par un capitaine qui se fait appeler Ultimo, le dernier des derniers.
00:57:43 Il parvient, après de longues filatures, à un ensemble résidentiel devant lequel il glace une caméra.
00:57:50 Baltasar Edimaggio reconnaît d'abord Madame Rina.
00:57:56 Puis le 15 janvier 1993, Todorina.
00:58:04 Le capitaine Ultimo et son commando l'arrêtent à un rond-point,
00:58:09 près du périphérique de Palerme, au terme d'une cavale qui aura duré 24 ans.
00:58:15 Ce jour-là, on devait se réunir, pas avec tous les membres de la commission,
00:58:26 mais avec les plus importants et les plus proches de Rina.
00:58:30 Si les carabiniers avaient eu la patience de le suivre pour voir où il allait,
00:58:36 ils auraient pu arrêter une bonne partie des membres de Cosa Nostra,
00:58:42 des dirigeants de Cosa Nostra.
00:58:46 Mais bon, c'est ce qu'on se dit après coup.
00:58:50 J'imagine que les carabiniers, quand ils ont aperçu Todorina,
00:58:55 n'ont pas résisté à l'envie de lui passer les menottes.
00:58:59 Ils ne pouvaient pas savoir où ils se rendaient à ce moment-là.
00:59:03 Nous avons vu en direct les chefs hiérarchiques du capitaine Ultimo
00:59:09 annoncer la capture historique du parrain des parrains.
00:59:13 À l'extrême droite, en civil, le colonel Mori,
00:59:17 qui avait entamé la négociation avec Cosa Nostra
00:59:20 et supervisé l'enquête menant à l'arrestation de Rina, n'exulte pas.
00:59:27 Après l'arrestation de Rina, ce qui s'est produit est tout bonnement incroyable.
00:59:32 On pensait tous que l'enquête se poursuivrait par la perquisition de son repère,
00:59:38 la recherche des complices qui avaient aidé Salvator et Rina dans sa cavale dorée,
00:59:43 dans ce quartier résidentiel de la banlieue de Palermo.
00:59:47 Mais non, de manière inexplicable, la surveillance vidéo a été démontée
00:59:54 et le repère n'a pas été perquisitionné.
00:59:57 Les jours suivants, on a vu que le repère de Rina,
01:00:02 enfin la maison qui lui servait de repère, n'était pas perquisitionné.
01:00:07 Alors on a décidé de la nettoyer, d'enlever les vêtements,
01:00:13 tout ce qu'il y avait, le coffre-fort, tout ce qui aurait pu conduire à Rina.
01:00:21 Je n'ai pas vu ce qu'il rangeait dans ce coffre-fort,
01:00:24 mais je suis sûr à 99% et même 100% que c'est sa femme,
01:00:29 Ninetta Bagarella, qui a tout emporté.
01:00:32 C'est peut-être quelqu'un d'autre, mais je pense que c'est elle.
01:00:36 Elle a pris la plupart des papiers et elle les a emportés à Corleone.
01:00:40 Moi j'ai habité avec Rina dans d'autres maisons,
01:00:44 et je peux vous garantir que dans ce coffre-fort, il y avait des actes notariés,
01:00:48 des livres de comptes, enfin, toute sa vie.
01:00:53 Quand j'ai appris qu'il n'y avait pas eu de perquisition
01:00:57 et que le procureur de la République n'était entré dans le repère de Totò Rina qu'après son nettoyage,
01:01:04 une fois qu'on y avait fait le ménage et que les murs avaient été repeints,
01:01:13 je me suis dit qu'un pacte inavouable avait été passé
01:01:21 entre des représentants de l'État et des représentants de la mafia.
01:01:27 On assiste alors à une série d'événements rocambolesques.
01:01:32 Les carabiniers font croire aux journalistes que le repère de Rina se trouve ailleurs, pas très loin,
01:01:39 sur les terres d'un paysan qui ne sait en réalité absolument rien de Rina.
01:01:44 Les journalistes sont donc envoyés sur de fausses pistes. Pourquoi ?
01:01:50 Certains journalistes ont accepté de se prêter à la mise en scène des carabiniers
01:01:59 avec hélicoptères, troupes d'élite et asophactices.
01:02:04 Pour tromper qui ? Et qui tirait les fils de cette mascarade ?
01:02:09 Quelques jours plus tard, les carabiniers convièrent une équipe de télévision
01:02:15 dans ce qui était censé être le repère de Rina.
01:02:18 Rien n'y manque, ni la cache, ni le coffre-fort à taille d'homme,
01:02:24 ni les bouteilles de lait des enfants, ni le bureau du boss,
01:02:28 et pour clore le tout, une piscine, dans une villa qui n'a jamais été celle de Rina.
01:02:34 Pourquoi tout cela ? Pourquoi n'a-t-il pas été fait, la perquisition du coffre-fort ?
01:02:39 Comment est-ce possible que s'aggrave une enquête si importante
01:02:44 en quelque sorte face à tout cela ?
01:02:48 Il y a des milliers d'explications.
01:02:51 Le colonel Mori dira qu'il y a eu des incompréhensions avec la procurature.
01:02:56 Le capitaine Ultimo dira qu'en réalité,
01:02:59 les hommes ne pouvaient pas être gardés ici, dans la ville de Bernini,
01:03:03 car le coffre-fort était découvert et pouvait être dangereux.
01:03:06 Les magistrats diront qu'ils avaient été assurés par les carabiniers
01:03:11 que les enquêtes continuaient.
01:03:13 Et pour pouvoir continuer et peut-être arriver à l'arrestation
01:03:18 d'un des complices de Rina, il n'était pas nécessaire
01:03:21 de faire absolument l'irruption dans la villa où habitait le chef des chefs.
01:03:25 En somme, milliers d'explications, toutes contradictoires l'une avec l'autre.
01:03:30 Aujourd'hui encore, les ombres demeurent, les doutes persistent.
01:03:46 Rina n'en parlera jamais dans les tribunaux où il sera convoqué
01:03:50 pour répondre des assassinats commis sur ses ordres.
01:03:54 Il n'acceptera jamais d'assumer ses responsabilités.
01:03:58 Après son arrestation, Rina n'est plus sortie de prison.
01:04:25 Il passera 24 ans dans l'isolement des cellules de haute sécurité,
01:04:30 24 années de cavale, 24 années de détention.
01:04:35 Il sera finalement piégé par un micro actionné durant 100 heures de promenade.
01:04:40 Pour impressionner son jeune compagnon, il se vantera non plus d'être
01:04:44 le bon père de famille, le bon chrétien, l'agriculteur sous les traits
01:04:48 duquel il s'était toujours représenté, mais le chef, qui a su avec sa bande
01:04:52 d'assassins régler leur compte à tous ceux qui avaient entrepris
01:04:56 de le combattre au nom du droit.
01:05:00 Le rêve que s'était construit Rina pour ces vieux jours a été confisqué
01:05:04 par l'État et transformé en caserne de la Guardia di Finanza,
01:05:08 la police financière.
01:05:12 Depuis le 17 novembre 2017, Rina est enterrée dans le caveau familial
01:05:17 au cimetière de Corleone, non loin de ses complices et de ses victimes.
01:05:23 Je pense que le status de la santé actuel de la mafia sicilienne,
01:05:28 c'est un problème de penser que c'est un status de santé tellement grave
01:05:33 que nos choses seront récupérées en réanimation.
01:05:37 Ce serait un erreur, mais ce n'est pas le cas.
01:05:41 Si la mafia disparaît un jour, je ne le sais pas, mais je l'espère.
01:05:46 J'ai une observation que je donne à ceux qui m'écoutent.
01:05:52 A cette même question, Jovanni Falcone répond de cette manière.
01:05:58 Personne ne s'est jamais compris à la mafia, comme Falcone.
01:06:04 Bien sûr que la mafia disparaît un jour, car la mafia est un système
01:06:10 humain le plus détérioré que l'on puisse imaginer,
01:06:16 mais c'est toujours un phénomène humain.
01:06:21 Tous les phénomènes humains ont un début, un début,
01:06:27 mais fatalement, les humains ont une fin.
01:06:31 Je pense que Falcone avait raison.
01:06:35 Et quand, à partir du début, nous arriverons à la fin ?
01:06:41 Pour comprendre comment je pense, je crains que je ne sois pas
01:06:47 sur la terre, mais ailleurs.
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