Philippe Boxho est médecin légiste depuis 30 ans. Pour neo, il raconte ses 3 autopsies les plus marquantes. ⚕️
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00:00 De quoi est-ce qu'elle est morte la dame ?
00:01 Est-ce qu'elle était vivante quand ils l'achetaient au cochon ?
00:03 Allez savoir, elle était entièrement bouffée, qu'est-ce que vous lui retrouvez ?
00:06 Bonjour, je m'appelle Philippe Oxo, je suis médecin légiste,
00:08 ça fait 30 ans que je fais le métier.
00:10 Et là, je me propose pour le niveau de te raconter mes autopsies les plus dingues.
00:13 La juge d'instruction me téléphone en disant
00:19 "Philippe, j'ai un mort, mais on ne le trouve pas."
00:22 Tu dis "T'as un mort ou t'as pas de mort ?"
00:23 Écoute, il y a une voiture qui est devant la maison de sa femme depuis un moment,
00:26 en fait trois semaines, elle n'a pas bougé.
00:28 La carte de crédit du type ne bouge pas et son téléphone ne marque plus nulle part.
00:32 Et ça, vous n'utilisez plus votre téléphone,
00:34 vous n'utilisez plus votre carte de crédit, votre voiture n'a pas bougé,
00:36 clairement vous êtes mort.
00:37 Et la dame finit par avouer qu'elle a tué son mari.
00:40 Et alors elle explique comment elle a fait.
00:41 Et là, on a eu un gros doute.
00:43 On a eu tellement de doutes qu'un psychiatre est venu
00:45 et qu'il a dit que la dame fabulaise,
00:47 c'est-à-dire qu'elle inventait ce qu'elle disait, tellement c'était incroyable.
00:50 En fait, elle nous raconte qu'elle a eu une dispute avec son mari,
00:52 qu'elle a attrapé une hache qui traînait dans la cuisine.
00:54 Alors une hache qui traîne dans une cuisine, déjà, il faut pouvoir, mais voilà.
00:58 Et qu'elle l'a tuée à coups de haches, du coup en plein thorax,
01:01 du sang partout.
01:02 Et puis elle l'a coupée en morceaux avec la hache.
01:04 Elle a mis les morceaux dans des sacs fraîcheurs,
01:06 vous voyez ces petits sacs qu'on met au congélateur.
01:08 Elle a mis tous les boquets du mari, tous les morceaux du mari dans un congélateur.
01:11 Et tous les soirs, entre 8h du soir, moment où les enfants étaient au lit,
01:15 et 22h, moment où les voisins,
01:17 elle commençait à s'inquiéter parce qu'il y avait des odeurs spéciales,
01:19 elle sortait de sa cheminée,
01:20 elle le brûlait dans un nacer.
01:22 Alors un nacer, je ne sais pas si vous voyez,
01:24 dans les salons, dans les livings, il y a ça,
01:26 ce sont des cassettes à bois, vous voyez.
01:27 Ça peut quand même chauffer jusqu'à 300, voire plus, degrés,
01:30 donc ça marche pas mal.
01:31 Et la dame affirme qu'elle a brûlé son mari dans un nacer.
01:34 La juge d'instruction ne la croyait pas trop,
01:36 elle fabulait peut-être, mais le mari, il n'était quand même plus là.
01:38 Donc qu'est-ce qu'on a fait ? On a envoyé de là-bas.
01:40 Il y a passé toute la maison en luminol.
01:42 Le luminol, c'est une technique pour relever les traces de sang.
01:44 Et effectivement, on a relevé des traces de sang par-ci, par-là.
01:46 On a pu faire de l'ADN sur les traces de sang, c'était l'ADN du mari.
01:49 Donc on a commencé à douter.
01:51 Et donc j'arrive à la reconstitution, la dame nous explique tout le machin
01:54 et nous explique comment elle le découpe.
01:55 Et puis je lui pose la question.
01:57 Je dis que madame, qu'est-ce qui est resté comme morceau ?
01:59 Parce que dans un feu comme celui-là, tout n'est pas détruit.
02:02 Ah non, docteur, il est resté des choses.
02:04 Je dis oui, quoi ?
02:05 Elle me décrit les têtes fémorales,
02:07 donc les têtes des os qu'on a ici aux hanches, qui font la cuisse.
02:10 Les têtes ici, des humérus, donc ceux qui font le bras.
02:13 Elle me décrit les massétères,
02:14 c'est les trois os qui sont les plus durs à détruire.
02:17 Qu'elle me les décrive, moi ça me rassure.
02:19 Je me dis, elle ne me ment pas.
02:20 Je lui demande quelle est la couleur des os,
02:22 parce qu'en fonction de la température du feu,
02:24 l'os prend une couleur différente.
02:25 Elle était sur la bonne couleur, un gris clair.
02:27 Elle a fait en fait comme ça la preuve qu'elle l'avait fait
02:30 parce qu'il n'y a pas moyen qu'elle le sache autrement qu'en l'ayant fait elle-même.
02:34 Alors je lui pose la question, dans votre insert, pendant deux heures,
02:36 il y a quand même des morceaux qui ont dû être plus durs que les autres à détruire par le feu.
02:41 Elle dit oui, hein docteur.
02:42 La tête, j'ai dû la remettre trois fois.
02:44 On trouve un monsieur dans un chemin de terre.
02:50 À côté il y a un bois, à côté il y a un talus, et le talus tombe dans un jardin.
02:53 Et quand vous regardez la hauteur du jardin, c'est pile la hauteur de l'épaule du gars.
02:57 Et le bonhomme, il passe, il promène son chien.
02:59 On le trouve égorgé.
03:00 Donc il est coupé, mais d'une manière, j'ai rarement vu ça.
03:03 Là, il est coupé, mais correctement, pratiquement jusqu'à la colonne.
03:06 Je me dis, mais quelle agressivité de la part de l'auteur.
03:08 On part sur un homme d'une belle corpulence
03:11 et qui utilise une lame qui n'est pas très nette,
03:13 parce que la coupure n'était pas belle.
03:15 Là, c'était un peu haché.
03:16 Il était rentré par là, visiblement.
03:17 Donc je pensais que je vais faire un gaucher, moi,
03:19 puisque un gaucher va commencer de ce côté-là et finira de l'autre côté.
03:22 C'est plus simple quand on vient de dos.
03:23 L'autopsie donne ça, j'ai rien d'autre, le type n'est pas bourré,
03:26 il n'est pas sous l'effet de drogue ni rien de tout ça,
03:28 il n'y a aucune, mais aucune autre lésion.
03:31 On essaie de reconstituer.
03:32 On se dit, mais le chemin, il est bien long.
03:34 Si quelqu'un arrive derrière lui, il va l'entendre.
03:36 On ne comprenait pas.
03:37 Trois jours plus tard, le labo me dit,
03:38 "écoute, on referait bien des photos, si tu veux bien venir nous aider."
03:41 Et j'y vais.
03:41 Le monsieur à qui appartenait le terrain, à droite, était là.
03:44 Et on se met à parler.
03:45 Je dis, "oui, je l'ai vu, ce monsieur."
03:47 Je l'ai vu, puis je ne l'ai plus vu, je me suis dit qu'il était passé.
03:49 Et au moment où je l'ai vu, j'ai eu un problème avec la tondeuse.
03:52 Je dis, "ah, vous avez eu quoi ?"
03:53 La lame a buté contre une pierre,
03:54 et puis j'ai dû appeler le réparateur.
03:56 Ça a dû être sérieux.
03:57 "Oui, la lame a été cassée."
03:59 Il me dit, "même un morceau qu'on n'a pas retrouvé."
04:00 Et moi, tilt.
04:02 Je demande qui est son réparateur.
04:04 Je vais voir la lame, et je me rends compte que ce qui manque,
04:06 c'est un morceau comme ça.
04:07 Je me couche dans le gazon.
04:09 J'ai un gars du labo qui se met à la place de la victime.
04:12 Et donc, on a l'axe par lequel la lame du tracteur,
04:14 c'est l'idée qu'on avait, a pu partir.
04:16 Et droit devant, elle était fichée dans la terre du talus qui montait dans le bois.
04:20 On l'a récupérée.
04:21 Il y avait du sang dessus.
04:22 C'est elle qui avait coupé la gorge du monsieur.
04:23 C'est un monsieur.
04:28 Il voit son voisin qui jette sa femme au cochon.
04:31 La certitude n'est pas absolue, mais privée à la police.
04:33 Mais le temps que le policier arrive, 20 minutes.
04:34 Oui, cochon, un peu affamé, un corps de dame qui n'est pas très volumineuse,
04:39 qui n'est pas très 70 kilos, quoi.
04:41 Il n'y a plus rien.
04:42 Et donc, les policiers sont juste surpris en disant, "mais il ne reste rien."
04:45 Ils ont fait le tour de la maison.
04:46 Ils n'ont pas trouvé de trace de lutte.
04:48 Ils n'ont pas non plus trouvé de trace de la dame.
04:50 Sa voiture était toujours là.
04:51 Son portefeuille, son sac, ses clés, tout était toujours là.
04:54 Donc, clairement, elle devait être là.
04:55 On ne la trouvait pas.
04:56 Et le procureur de droit, un peu perdu, me téléphone en me disant,
04:59 "ben, Philippe, qu'est-ce que je fais ?"
05:00 Je dis, "ben, écoute, ce n'est pas compliqué.
05:01 Tu fais tuer le plus gros cochon."
05:03 Il me dit, "le plus gros, pourquoi le plus gros ?"
05:04 "S'il n'y a pas de secret, t'es gros, tu bouffes."
05:05 Dans le règne animal, le plus gros, c'est le plus imposant, c'est le plus fort.
05:08 C'est celui qui va manger en premier.
05:09 Et donc, chez lui, je suis sûr de trouver des morceaux.
05:12 Chez les autres, je ne suis pas certain.
05:13 Mais chez lui, oui, parce qu'il est gros.
05:14 Donc, je fais buter le plus gros cochon.
05:16 Et le policier n'était pas très chaud.
05:17 Je lui ai dit, "écoutez, les gars, ce n'est pas compliqué. Ou vous butez le cochon, j'arrive. Ou, demain, vous venez chercher dans la merde des cochons, après les cheveux et les dents de la dame."
05:26 Parce que c'est le seul truc que les cochons ne savent pas digérer, c'est les cheveux et les dents.
05:28 Ça les a décidé.
05:29 Et quand je suis arrivé, j'ai ouvert l'estomac et j'ai trouvé des morceaux.
05:32 Allez savoir des morceaux de quoi.
05:33 Donc, j'ai dû les ramener au labo.
05:35 On a fait une identification génétique.
05:37 On a pu voir que c'était des morceaux de la dame.
05:39 Donc, c'est sûr, il a bien jeté sa femme au cochon.
05:41 Mais de quoi est-ce qu'elle est morte, la dame ?
05:42 Est-ce qu'elle était vivante quand il l'a jetée au cochon ?
05:45 Allez savoir.
05:46 Elle était entièrement bouffée.
05:47 Qu'est-ce que vous avez retrouvé ?
05:48 Quand je suis arrivé sur place, je me rendais bien compte que le mari, qu'il était un peu perturbé.
05:52 J'ai appelé une ambulance et il a passé plusieurs jours en institut psychiatrique parce qu'il était complètement délirant.
05:57 Et donc, on a estimé que, trouvant sa femme morte, il a pété un plomb, il a pété une case.
06:02 Et dans un état délirant, il l'a donnée au cochon.
06:05 Et jamais il n'a été inquiété pour la mort de sa femme parce qu'on n'a jamais pu montrer.
06:10 Il y avait eu intervention d'un tiers dans le cadre de l'aumône de sa femme.
06:12 [Générique de fin]
06:14 [SILENCE]