Depuis le 7 octobre, les preuves et les témoignages de viols, et de violences sexuelles perpétrées par le Hamas s’accumulent. Combien y-a-t-il eu de victimes ? Les prémisses d’une enquête difficile. Attention, certains témoignages et propos de ce reportage peuvent choquer. Un reportage de Nicolas Coadou, Théo Touchais, Nadav Halami.
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00:00 Ce sont des images qui resteront à jamais gravées dans son esprit.
00:06 Le 7 octobre, Rahim Otmazgine, secouriste israélien, est avec ses équipes l'un des tout premiers à être envoyé sur les lieux des massacres.
00:16 Au festival Nova, la rave party devenue symbole macabre des massacres du 7 octobre et dans les kiboutz meurtris,
00:24 il découvre des centaines de corps sans vie, mutilés et parfois abusés.
00:31 Face à l'horreur, il sort son téléphone et commence à photographier machinalement toutes ces exactions pour identifier les corps et documenter l'innommable.
00:43 - On voit une femme déshabillée, lacérée avec un couteau. Là, une autre avec un ciseau enfoncé dans le vagin. Je pense que ça suffit, non ?
00:53 Dès les premières heures, il comprend que des dizaines de femmes ont été abusées sexuellement avant d'être abattues par les terroristes.
01:01 - On a trouvé une femme avec sa chemise et son soutien-gorge déchiré. Elle est presque nue, ses sous-vêtements relevés très haut.
01:12 - Elle a une balle dans la tête et une autre balle dans le vagin.
01:18 Dans le téléphone de ce secouriste très religieux et habituellement peu enclin à parler des violences sexuelles, près de 3000 photographies et autant de preuves qu'il souhaite désormais partager avec le monde entier.
01:31 - Moi, j'étais là, j'ai vu ça avec mes yeux. Ce n'est pas quelqu'un qui m'a raconté. J'ai récupéré ses corps avec mes mains, j'ai pris les photos avec mon téléphone.
01:42 - Et chaque personne qui veut voir ça de ses yeux est la bienvenue chez moi et je lui montrerai sans problème.
01:48 Les premiers indices des violences sexuelles perpétrées le 7 octobre ont été publiés directement par le Hamas sur les réseaux sociaux.
01:57 Cette festivalière allemande, dénudée et inconsciente, chargée sur un pick-up, où encore cette jeune femme, trace de sang au niveau de l'entrejambe.
02:08 Les témoignages directs sont rares, car la plupart des victimes ne sont plus là pour en parler. Restent les rescapés.
02:15 Ici, une policière sous serment récite devant un parterre de parlementaires le témoignage brut d'une survivante, témoin de la barbarie du festival de Réim.
02:27 - Je me rappelle d'un terroriste qui tire une fille par les cheveux. La femme est toute nue, il lui coupe son sein, il jette le sein par terre et il commence à jouer avec.
02:39 - Il continue de la tirer par les cheveux, puis un autre la pénètre et lui tire une balle dans la tête. Il lui met une balle dans la tête et continue de la violer.
02:49 Des témoignages comme celui-ci, Sarah Weiss-Mahody, avocate internationale et ancienne membre des Nations Unies, en a visionné des heures et des heures.
02:59 - Quand j'ai vu tout ça, je n'ai pas dormi pendant un mois. Tu ne peux pas dormir après avoir vu ça. C'est la chose la plus barbare que je n'ai jamais vue de toute ma vie.
03:08 Elle est chargée par le gouvernement israélien de rassembler toutes les preuves de ces exactions sexuelles.
03:14 - On parle d'un phénomène de grande ampleur et on n'est qu'au tout début de la collecte des preuves. Les violences sexuelles et les viols créent de gros traumatismes et les victimes mettent souvent plusieurs années avant d'en parler.
03:29 Dès le lendemain des attaques, elle alerte à de nombreuses reprises l'ONU, son ancien employeur, sur ces violences sexuelles. La réponse de l'organisation internationale la laisse pantoise.
03:41 - Les massacres ont eu lieu le 7 octobre et le 14 octobre, ils n'ont dit que cinq mots. Ils ont dit qu'on condamne les attaques sur les civils israéliens et palestiniens.
03:52 Des attaques, des roquettes qui frappent nos maisons, ça ce sont des attaques. Mais là, ce n'est pas des attaques dont on parle, ce sont des viols brutaux et des crimes sexuels.
04:01 Le 30 novembre, l'agence de l'ONU pour les femmes tente de clarifier sa position.
04:07 - Depuis l'attaque du Hamas, nous avons condamné et nous continuerons à condamner sans équivoque tout acte de violence contre les femmes et les filles en Israël et en Palestine, incluant la violence sexuelle considérée comme une violation inacceptable des droits humains, où que ce soit dans le monde.
04:23 Au regard de ces témoignages, l'angoisse de la société israélienne se concentre désormais sur le traitement réservé aux femmes otages. Vingt sont toujours retenus dans la bande de Gaza.
04:40 Impossible de donner un chiffre précis des victimes de violences sexuelles du 7 octobre. Mi-novembre, la police israélienne a ouvert une large enquête pour documenter ces crimes de guerre.