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Regardez L'invité de RTL Soir du 06 décembre 2023 avec Marion Calais et Julien Sellier.

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Julien Celié. RTL bonsoir jusqu'à 20h.
00:07 Allez, bonne fin de journée RTL, bonsoir. La suite maintenant avec votre invité pour tout comprendre.
00:12 Tout comprendre au voyage diplomatique de Vladimir Poutine car malgré la guerre en Ukraine,
00:16 le président russe a quitté le pays et était en visite au Moyen-Orient aujourd'hui.
00:20 Alors pourquoi se balade-t-il malgré un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale ?
00:25 Est-ce que Vladimir Poutine peut continuer ainsi à voyager sans être arrêté ?
00:30 Et puis quel est l'objectif avec une telle visite du président russe ?
00:33 Pour tout nous expliquer, on est avec Mathilde Philippe-Gay, bonsoir.
00:36 Bonsoir.
00:37 Vous êtes professeure de droit public à Lyon 3, vous publiez "Peut-on juger Poutine ?"
00:41 C'est chez Albain Michel.
00:42 Avec nous également Sophie Jousselin du service international de RTL. Bonsoir Sophie.
00:46 Bonsoir à tous.
00:47 Sophie, avec vous d'abord l'actu du jour.
00:49 C'est donc Vladimir Poutine qui a quitté la Russie et passé sa journée hors de son pays.
00:53 Oui, puisqu'il est en mini-tournée aujourd'hui aux Émirats Arabes Unis en Arabie Saoudite.
00:58 Alors il a commencé sa journée par les Émirats.
01:01 Son île Youchine s'est posée sur l'aéroport d'Abu Dhabi un peu avant 11h, heure de Paris.
01:05 Et pendant tout le vol, il avait été accompagné par 4 avions de chasse, des Sukhoi 35.
01:10 Et c'est un Poutine tout sourire qui s'est rendu au palais présidentiel à bord d'une limousine de la marque Horus.
01:16 Alors vous allez me demander pourquoi je vous parle de la marque de la limousine de Poutine.
01:20 Eh bien Horus c'est un constructeur russe de voitures de luxe et comme c'est bizarre,
01:24 l'entreprise est détenue à 36% par une firme des Émirats Arabes Unis.
01:29 Donc il y a des liens.
01:30 Voilà, Vladimir Poutine a eu le droit aux honneurs dus à son rang.
01:33 Une patrouille aérienne a effectué un lâcher de fumigène aux couleurs du drapeau russe, blanc, bleu et rouge.
01:39 Et puis à son arrivée, des soldats en armes l'attendaient, des coups de canon ont été tirés.
01:43 Il a été accueilli par le président Mohamed Ben Zayed Al Nahyan.
01:47 Il est reparti vers 15h, heure française pour l'Arabie Saoudite.
01:50 Là il va rencontrer le prince héritier Mohamed Ben Salman.
01:53 Donc au cours de cette journée, Vladimir Poutine aura parlé investissement,
01:57 les trois pays sont partenaires de longue date.
02:00 Il aura parlé pétrole et aussi de la guerre israélo-palestinienne.
02:04 Est-ce que c'est la première fois qu'il quitte la Russie, depuis le début de la guerre en Ukraine, il y a bientôt deux ans ?
02:08 Non, non, il voyage beaucoup moins qu'avant la guerre.
02:11 Mais son voyage le plus remarqué récemment, ça a été sa visite en Chine,
02:16 où il a rencontré le président Xi en octobre dernier.
02:19 Si on remonte encore dans le temps, juillet 2022, il s'était rendu en Iran.
02:23 Les voyages qu'il fait en général, il se concentre surtout dans les anciennes républiques soviétiques.
02:28 Il a été au Kazakhstan le mois dernier.
02:31 Il s'est arrêté à Bishkek, au Kyrgyzstan, alors qu'il se rendait en Chine.
02:34 Et il va régulièrement voir son voisin, Alexandre Loukachenko, en Biélorussie.
02:38 Merci Sophie. Je me tourne vers vous, Mathilde Philippe-Gay.
02:41 La première question qui me vient, elle est assez simple.
02:43 Pourquoi il ne se fait pas tout simplement arrêter Vladimir Poutine,
02:45 alors qu'il a un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale au-dessus de la tête ?
02:48 Vladimir Poutine choisit extrêmement bien les pays dans lesquels il se rend.
02:53 C'est vrai que les images qui sont décrites par vous sont vraiment une très bonne nouvelle pour Vladimir Poutine.
03:00 Mais en réalité, c'est une très belle opération de communication,
03:04 car il y a beaucoup de pays qui sont interdits à Vladimir Poutine.
03:08 Et il ne choisit pas les pays dans lesquels il se rend au hasard.
03:11 En fait, il y a 124 pays dans lesquels il ne peut plus se rendre.
03:15 124 pays sur 194.
03:17 Donc vous voyez, il est quand même assez contraint.
03:20 Et donc il choisit les pays qui n'ont pas ratifié le statut de la Cour pénale internationale,
03:26 en se disant qu'ainsi il apparaît comme n'étant pas entravé.
03:30 Ce qui n'est pas vraiment la réalité.
03:32 On sait très bien qu'il a peur de ce mandat d'arrêt.
03:35 Et il en connaît les risques, puisque lui-même a participé au jugement d'autres chefs d'État,
03:40 depuis qu'il est en fonction.
03:42 Donc il sait très bien le risque qu'il peut prendre.
03:45 Sophie ?
03:45 Oui, et je voulais juste rajouter, ce qui est amusant,
03:48 c'est que si vous regardez une carte géographique,
03:51 pour aller de Moscou jusqu'aux Émirats Arabes Unis ou en Arabie Saoudite,
03:56 on ne traverse que des pays, on va dire, amis de Vladimir Poutine,
03:59 où il ne peut pas se faire arrêter.
04:00 Oui, parce qu'en vol, on pourrait très bien imaginer que s'il survole un pays européen,
04:04 par exemple, Mathilde Philippe Gay, là le mandat d'arrêt peut se retourner contre lui.
04:09 S'il doit s'arrêter.
04:10 On pourrait l'imaginer, on pourrait l'imaginer effectivement.
04:13 Après, moi je pense que Vladimir Poutine, s'il est en vie, évidemment,
04:18 dans les mois qui suivent, peut vraiment se faire arrêter.
04:20 Il a vraiment un risque de se faire arrêter, y compris dans ce type de pays.
04:25 Et c'est en fait à la faveur de ces erreurs-là,
04:29 que l'on a pu arrêter d'autres chefs d'État.
04:32 Ça veut dire que pour vous, par exemple, c'est risqué d'aller aux Émirats Arabes Unis ?
04:36 Parce que les Émirats, c'est aussi un partenaire de la France.
04:40 L'Arabie Saoudite, c'est un partenaire des États-Unis.
04:42 Donc, on peut se demander s'il prend un risque ?
04:45 Théoriquement, non.
04:47 Mais plus il multipliera ses déplacements, et moins il sera prudent.
04:51 Et en fait, les exemples antérieurs, je pense par exemple à Hissène Abré.
04:55 Hissène Abré, l'ancien chef d'État tchadien, qui a finalement été jugé au Sénégal,
05:00 est allé au Sénégal en pensant vraiment être protégé.
05:02 Et il l'était au départ.
05:04 Mais il est vrai qu'il y a eu des changements qui font qu'il a fini par être arrêté et jugé.
05:09 En réalité, plus il prendra de la confiance, plus il se déplacera,
05:12 et plus il prendra le risque que même dans l'un de ces pays, qui est théoriquement ami,
05:17 il y ait ce qu'il lui prendra comme une trahison,
05:20 mais ce que d'autres prendront comme un acte de justice,
05:22 et qu'un juge, notamment, décide d'exécuter le mandat d'arrêt.
05:27 Je pense que plus il se déplacera, et plus il risque de commettre une erreur.
05:32 Pourquoi il est si confiant en ce moment, Vladimir Poutine, pour multiplier ainsi les déplacements ?
05:38 Alors moi, je ne dirais pas qu'il est confiant.
05:39 Je dirais plutôt qu'il fait de la communication.
05:42 Il a un contexte qui paraît assez favorable.
05:45 Cette contre-offensive ukrainienne qui semble s'enliser,
05:48 le monde qui détourne les yeux de cette guerre depuis le 7 octobre,
05:51 le congrès américain qui semble avoir du mal à s'accorder sur le montant de l'aide apportée à l'Ukraine pour la guerre.
05:56 Donc c'est une belle opération de communication dans ce contexte.
06:00 Surtout que ça masque une autre réalité.
06:02 La réalité, c'est qu'il est le premier chef d'État d'une des cinq grandes puissances du Conseil de sécurité
06:08 à être mis en cause devant la CPI.
06:10 C'est énorme, c'est vraiment exceptionnel.
06:13 Il peut, je vous le disais, toujours être arrêté.
06:15 Et vous savez, les anciens chefs d'État qui ont été jugés,
06:19 ils ont aussi été jugés parfois parce qu'ils ont été arrêtés dans leur propre pays.
06:23 Parce qu'un opposant veut s'en débarrasser ou qu'il est trop affaibli.
06:27 Donc il connaît ce risque.
06:28 C'est une réalité qu'il masque par une belle opération de communication.
06:31 Opération de communication, donc ce voyage au Moyen-Orient.
06:34 Aujourd'hui pour vous Mathilde Philippeguay, professeure à l'université de Lyon 3.
06:37 Merci beaucoup d'avoir passé un petit moment avec nous et pour vos explications dans RTL.
06:41 Bonsoir, merci à vous Sophie Jousselin du service international de RTL.
06:45 On marque une toute petite pause et puis bien entendu votre émission elle continue
06:48 parce que nous sommes ensemble jusqu'à 20h.
06:51 On vous rappelle que Mickael Grigorio dans un tout autre style, le chanteur imitateur,
06:55 va chanter pour vous en live après 19h et qu'il sera notre grand invité et la suite.
06:58 C'est le grand match des infos pour Brier au Dîner.
07:01 A tout de suite.
07:02 Julia Selyé, Marion Calais et Cyprien Séni.
07:05 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]