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00:00 Bonjour, nous allons aujourd'hui parler des femmes battues, un sujet dont la presse s'est
00:06 fait largement écho depuis quelques semaines et en particulier depuis l'apparition du
00:10 livre d'Erin Pizet, "Cris moins fort, les voisins vont t'entendre".
00:15 Il faut dire qu'en France, ce livre a été accueilli avec un certain scepticisme.
00:20 Le secrétaire d'Etat à la Condition Féminine, Mme Françoise Giroux, a même à un moment
00:26 donné semblait penser qu'en France précisément, ce phénomène n'existait pas.
00:31 Alors en France, les femmes battues se plaignent-elles vraiment de ce traitement ? Pourquoi ont-elles
00:36 attendu si longtemps pour se manifester ? Est-ce que la violence ne devient pas de manière
00:41 générale de plus en plus insupportable ? Est-ce que l'explication n'est pas plutôt
00:46 qu'une femme battue est quelqu'un qui ne sait ni que faire, ni quoi faire, ni où
00:51 aller ? Mais au fait, y a-t-il vraiment en France
00:55 des femmes battues ?
00:57 Y a-t-il vraiment des femmes battues ?
00:59 Ça, je l'ignore totalement, mais y a certainement eu depuis toujours.
01:05 C'est pas d'aujourd'hui, ça a toujours existé, ça.
01:08 Des femmes battues, y en aura toujours.
01:10 Et c'est insulent.
01:11 Sur la quantité, il y a des femmes battues, c'est sûr, ça.
01:14 Y a bien des hommes qui le sont.
01:16 Y a des inhumains partout.
01:18 Que voulez-vous, j'en pense d'éprouvantable.
01:21 Inadmissible.
01:22 Non, j'admets pas.
01:23 Merci, monsieur.
01:24 Pas du tout.
01:25 Absolument pas.
01:26 Il vaudrait mieux que ça cesse.
01:29 Je n'ai jamais battu ma femme.
01:31 C'est vrai ?
01:32 Je vous jure que c'est vrai.
01:33 Je vous jure que c'est vrai.
01:34 C'est elle qui me bat.
01:36 Évidemment, y a des hommes qui sont battus.
01:38 Moi, j'ai entendu, j'ai pas vu, mais des femmes en colère qui balancent bien une fourchette
01:45 ou une assiette à la tête de leur mari, ça se présente, ça m'empêche.
01:48 Vous, vous n'êtes pas battu ?
01:49 Vous êtes surpris ? Non, je permettrai pas à ma femme de le faire, d'abord.
01:54 Dans certaines circonstances, oui.
01:58 Au XXe siècle, c'est désolant.
02:02 Depuis le monde est monde, les femmes mènent le monde, justement.
02:06 Alors, vous savez ?
02:08 C'est-à-dire ?
02:09 Des hommes battus, y en aura certainement plus, pas plus que les femmes, mais des hommes
02:14 malheureux, peut-être plus que d'hommes, que des femmes.
02:16 Et vous n'avez jamais, jamais battu votre femme ?
02:18 Non, je n'ai jamais battu ma femme.
02:19 Ma femme ne m'a jamais battu non plus, d'ailleurs.
02:22 Oui, on est au courant qu'il y a des femmes battues en France.
02:25 Qu'est-ce que vous en pensez ?
02:28 Je pense que c'est ce qu'il faut s'attendre des relations entre les êtres humains, non ?
02:33 Et vous, monsieur, vous êtes marié ?
02:35 Oui.
02:36 Vous la battez souvent, votre femme ?
02:38 Non, jamais.
02:39 Non, jamais.
02:40 Jamais.
02:41 Jamais, jamais ?
02:42 Non, jamais.
02:43 Jamais, jamais.
02:44 Jamais, même pas avec une rose, comme ils disent.
02:48 Personnellement, je ne bats pas la mienne, bien que parfois j'en ai envie.
02:51 Vous avez déjà battu votre femme ?
02:54 Battu...
02:56 Discuté, disons.
02:58 Oui.
03:00 Un coup malheureux.
03:02 Elle le méritait ?
03:04 Pas spécialement, non. Un coup de colère.
03:07 Elle le méritait ?
03:09 Alors là, ça c'est une chose...
03:16 Oui.
03:18 Des femmes battues, c'est surprenant.
03:21 Ça ne me surprend pas tellement.
03:24 Vous avez déjà battu votre femme ?
03:27 Oh... des petites gifles, bon...
03:31 Quatre fois rien.
03:33 Il y en a qui viennent des fois, ils sont un peu plus marqués que d'habitude,
03:36 alors c'est sûrement un accident de ménage.
03:38 Elles sont cognées dans une casserole.
03:40 C'est possible.
03:42 Des femmes battues, j'en connais pas.
03:46 Et si vous vous mariez, vous battrez votre femme ?
03:48 Si elle en a envie, oui.
03:50 Il y a des femmes qui aiment ça par...
03:53 Je sais pas, par habitude peut-être.
03:55 Il y en a qui aiment être battues.
03:57 Il y en a qui n'aiment pas.
03:58 Il y en a qui ne sont pas battues parce qu'elles n'ont pas besoin d'être battues.
04:01 Mais je sais qu'il y a des femmes qui se font battre.
04:04 Et si je vous disais que moi je bats ma femme, pour qu'elle soit plus gentille,
04:07 et plus amoureuse de moi, qu'est-ce que vous en pensez ?
04:10 Et vous, qu'est-ce que vous en pensez ?
04:12 J'en pensais que si, mettons...
04:14 Si je veux taper ma femme, je suis sûr qu'elle fera mieux l'amour.
04:16 Quand le dialogue n'est pas possible,
04:18 j'ai vu quelques dessins humoristiques avec "Entrez-vous ça bien dans la tête".
04:23 Vous savez, c'est un dessin avec un marteau.
04:25 Alors à certaines femmes, il faut leur faire rentrer à coups de poing.
04:29 C'est le résultat du vieux statut patriarcal de l'homme.
04:33 Il y a là un droit qui paraît une évidence à beaucoup de gens
04:41 qui sont tout à fait incapables de remettre en question
04:45 les relations réelles de l'homme et de la femme,
04:48 et de s'apercevoir que la femme aussi est une personne,
04:51 comme l'écrivait l'art vieux esprit il y a déjà bien des années.
04:55 Bien, qu'il y avait des femmes battues, ça on le savait,
04:58 et je voulais demander qu'on enchaîne tout de suite sur les téléspectatrices
05:01 qui réagissent très violemment depuis le début de ce reportage.
05:04 Nicole.
05:05 Madame, ces messieurs ont l'air de sourire
05:08 quand on parle des femmes battues et du problème des femmes battues.
05:11 Il y a une certaine ironie.
05:13 Vous-même, vous l'avez subi, cet état de fait,
05:16 est-ce que vous avez envie d'en rire maintenant ?
05:18 Ah non, vraiment pas.
05:20 Non, les réflexions de ces messieurs font rire,
05:22 parce qu'elles sont ridicules.
05:24 Et quand c'est ridicule, ça porte à rire.
05:26 Mais autrement, le fait d'être battue ne porte pas à rire du tout, du tout,
05:29 surtout quand on en est victime.
05:31 Et le fait qu'ils disent que les femmes battent quelques fois leur mari,
05:35 ça me fait penser au dessin du bout,
05:37 cette énorme femme avec un petit mari terrorisé.
05:40 Et puis écoutez, dans la vie, moi je n'en ai jamais, jamais.
05:43 Vous avez été donc une femme battue, madame,
05:46 depuis le début de votre mariage, comment ça s'est passé ?
05:49 Non, je ne crois pas que j'ai le statut de femme battue, non, je ne crois pas.
05:55 Non, j'ai dû commettre quelques fautes,
05:58 enfin, ou alors les hommes estiment que ce sont des fautes.
06:02 Peut-être veulent-ils une femme disciplinée, une femme soumise,
06:06 comme ça existe dans certains pays sous-développés,
06:11 mais je ne pense pas qu'en France, ça corresponde à l'idée qu'on doit se faire d'une femme.
06:17 Vous avez accepté donc de nous apporter votre témoignage,
06:20 vous avez demandé à être dans l'ombre,
06:22 est-ce qu'il vous reste une crainte ou c'est par pudeur, c'est pourquoi ?
06:25 Oh, pas du tout, non, non, c'est parce que je ne suis pas seule concernée.
06:28 Autrement, non, non, je n'ai aucune crainte.
06:31 Vous avez votre fille qui est concernée en même temps que vous ?
06:34 Oui, elle est concernée en même temps que moi, bien sûr,
06:36 mais enfin, je ne tiens pas tellement à rentrer dans les détails.
06:40 Mmh.
06:41 Madame Gilles, pour vous c'est la même chose, vous avez été une femme heureuse,
06:45 vous nous l'avez écrite pendant…
06:46 13 ans.
06:47 18 ans, 15 ans ?
06:48 20 ans.
06:49 20 ans, et tout d'un coup, tout s'est dégradé.
06:51 Tout d'un coup, tout s'est dégradé, oui.
06:53 Pourquoi ?
06:54 Eh bien, comment vous expliquer, c'est très simple, malgré tout,
07:01 mon mari n'avait plus la situation, enfin, perdu sa situation,
07:06 devant les besoins des enfants, il se sentit très lâche.
07:11 Il n'a plus voulu assumer ses responsabilités, c'est tout simplement ça.
07:15 Il se sent plus senti capable d'élever et surtout de subvenir aux besoins de 5 enfants.
07:21 Et c'est pour ça qu'il vous a frappé ?
07:22 Et c'est pour ça qu'il m'a frappé, et c'est d'ailleurs pour cette raison qu'il a quitté la maison.
07:26 Vous êtes donc maintenant une femme libre, depuis combien de temps ?
07:30 Je suis une femme libre depuis 2 ans et demi.
07:32 Et vous n'avez pas peur qu'il récidive, qu'il revienne ?
07:35 Absolument pas, absolument pas, il revient voir les enfants,
07:39 mettez 2 fois par an.
07:41 Vous avez subi ces vices pendant combien de temps, madame ?
07:44 Pendant 2 ans.
07:46 Pendant 2 ans, pendant lesquels je...
07:51 je temporisais, j'essayais, croyant une folie passagère.
07:56 C'est simplement lorsque je me suis rendu compte que véritablement il ne changerait pas, au contraire,
08:02 que là j'ai mis tout en œuvre pour me séparer, pour que nous nous séparions.
08:08 Est-ce que l'une et l'autre, ce sera ma dernière question, vous êtes arrivé à analyser le pourquoi de cette attitude ?
08:14 Oui, madame T.
08:16 Oui, oui, je pense que c'est un constat d'échec de la part de l'homme.
08:20 Vous aussi.
08:22 Madame Denis, vous êtes à visage découvert, prenez-moi,
08:26 le témoignage que vous nous apportez aujourd'hui, c'est celui, c'est la vue de l'enfant,
08:30 puisque vous avez eu un père qui a battu votre mère.
08:33 Quelle est la réaction d'un enfant ? Vous aviez quel âge ?
08:36 Dès que je suis née, jusqu'à l'âge de 15 ans, que je suis partie travailler,
08:41 dès mon naissance, dès que j'ai pu comprendre, j'ai vu toujours mon père lever la main
08:47 avec tout ce qui lui est tombé à la portée sur ma mère.
08:51 Et pendant tout, elle avait quatre enfants, c'était pareil.
08:55 Puis nous, on voulait la défendre, puis c'était nous qui armations aussi.
09:00 Alors...
09:02 Un homme qui bat sa femme bat aussi ses enfants ?
09:05 Oui, moi, encore, j'étais la fille, parce que j'ai trois frères, j'étais qu'un fils,
09:11 il n'a pas tellement levé la main sur moi, mais en voyant taper ma mère comme ça,
09:15 c'est comme s'il m'avait donné des coups à moi-même, parce que c'est inimaginable,
09:21 il faut vivre, avoir vécu ça, être enfant, avoir vécu ça, avoir eu un père comme ça.
09:28 Et moi, je dis, parce que mon père, c'était pas parce qu'il buvait ni rien,
09:33 c'était par pure méchanceté.
09:35 Et ça, c'est la méchanceté, parce qu'il ne buvait pas, rien du tout,
09:40 c'était par envie de battre.
09:42 Je trouve que les femmes, ma mère, quand elle s'est mariée,
09:46 avec lui, au bout d'un mois de mariage, il a mis une gifle.
09:50 Ma mère, elle n'a pas eu la réaction de se défendre,
09:53 et après, elle a dit, maintenant, puisqu'elle m'a laissé mettre une gifle tout de suite,
09:56 après, je peux laisser partir, elle n'a jamais réagi, puis voilà.
10:00 - Monsieur Parizeau, vous êtes notre téléspectateur aujourd'hui,
10:04 vous êtes un ancien magistrat, monsieur, vous avez entendu les confessions de nos témoins,
10:10 vous-même avez été confronté souvent dans votre carrière à ce genre de situation,
10:14 et vous déplorez que la justice en soit avisée peut-être un petit peu trop tard.
10:18 - C'est exact. J'ai d'ailleurs une conception plus généralisée du débat d'aujourd'hui,
10:26 parce que ce que nous venons d'entendre, ce sont des cas particuliers.
10:29 Moi, je connais une quantité de cas, j'ai eu l'occasion de les connaître professionnellement,
10:35 et il faudrait d'abord s'entendre sur ce qu'on appelle une femme battue.
10:39 Une femme qui reçoit occasionnellement quelques paires de claques, est-ce que c'est une femme battue ?
10:43 Je ne pense pas que ce soit ça, l'objet du débat d'aujourd'hui.
10:46 Une femme battue, à mon avis, c'est une femme qui est constamment battue.
10:50 Or, je connais des cas de malheureuses qui sont, on peut le dire, réduites en esclavage.
10:56 Et ce phénomène se produit pendant des années, et pendant des années,
11:02 la malheureuse n'ose rien dire et subit les coups.
11:05 Elle est traînée par terre par les cheveux, elle est frappée à coups de pied dans le ventre,
11:09 elle reçoit des coups avec un fer à repasser. Je vous donne des précisions, n'est-ce pas ?
11:13 - Vous voulez dire qu'il y a des degrés dans la cruauté ?
11:15 - Ah ben, il y a des degrés, évidemment.
11:17 - J'aimerais demander à votre voisine, Mme Padec, qui est donc aussi une ancienne...
11:21 - Merci.
11:22 - Je m'excuserai de cette expression, si vous estimez qu'on peut franchir les échelons dans ce genre de choses.
11:28 Ou si, à partir du moment où on reçoit une paire de gifles, c'est aussi insultant.
11:31 - Oui, voilà. La première paire de gifles est insultante.
11:34 Et puis alors, ce qu'il y a, c'est qu'on n'a pas la possibilité, tout du moins, on n'a pas le courage de réagir à ce moment-là.
11:41 Parce que d'abord, parce qu'on aime son mari, parce que quand on est jeune, on est bête, hein.
11:45 On aime son mari, alors du moment qu'on l'aime, vous savez, n'importe quoi lui est presque permis.
11:49 Mais si la première fois qu'il vous donne une gifle, on lui cassait une bouteille de limonade sur la tête, il ne recommencerait pas une seconde.
11:54 - J'aime bien. Je pense que là, le débat est instauré.
11:56 - Je voudrais demander à Marie-Claude si la première gifle n'est pas le début d'une belle carrière de femme battue, justement.
12:03 - Je pense que, comme lui disait la femme qui est là, une gifle, c'est quelque chose de très, très, très humiliant.
12:10 Et que si on ne s'en défend pas aussitôt, en se révoltant, c'est sûr que ça doit s'enchaîner avec des coups beaucoup plus violents après.
12:20 Moi, je crois que dans mon cas, par exemple, ça n'a pas dépassé la gifle, parce que j'avais, au même moment, les moyens de partir de chez moi
12:29 et de me retrouver avec des femmes et de faire ce que j'avais envie de faire avec elles.
12:32 - Justement, vous représentez ici la librairie des femmes et vous menez une action pour faire quelque chose, justement, contre ce phénomène des femmes battues.
12:39 Qu'est-ce que vous faites en pratique ? Est-ce qu'on peut vous appeler ? Et dans ce cas-là, que faites-vous ?
12:44 - La première chose pratique qu'on ait faite, c'est d'éditer ce livre, puisque là, les femmes y disent comment elles sont battues.
12:52 D'autres y disent comment elles ont fait des maisons pour que ces femmes s'y réfugient et puissent reprendre des forces après lutter
12:58 et ne plus se laisser reprendre dans ces situations-là.
13:01 Et ça, c'est une chose qui prend sa place dans tout l'ensemble de la lutte des femmes en France et en Angleterre et dans tous les pays en ce moment.
13:10 Nous l'avons édité parce que nous étions nombreuses à avoir été battues, à savoir que les femmes l'étaient, et à essayer de se donner des moyens de lutter contre ça.
13:19 - Bien. Vous avez aidé des femmes et notamment une dame, qu'on appellera Madame X, qui est présente sur ce plateau.
13:26 Vous avez donc été secourue par la librairie des femmes. Vous êtes mariée depuis longtemps, Madame X ?
13:31 - Oui, ça fait... Je ne sais pas compter. Ça fait, je ne sais pas...
13:38 - Bien. Et ça s'est produit tout à fait après le mariage ou longtemps après ?
13:42 - Assez longtemps après. Cinq ans après mon mariage.
13:46 Et c'était en fait à la suite d'événements où j'ai voulu petit à petit, disons, prendre mon indépendance, parce que je me sentais...
13:58 où je commençais à prendre un petit peu conscience, où je me sentais brimée, disons. Et bon, ça s'est passé à ce moment-là.
14:06 - Est-ce que vous avez conscience d'avoir accepté à tort une première gifle ?
14:11 Qui aurait entraîné les autres ?
14:14 - Disons que pour moi, ce n'était pas une première gifle. C'était des concessions qui étaient davantage au niveau de...
14:24 Bon, par exemple, une indépendance économique. Je travaillais avec mon mari. Le carnet de chèques, par exemple, était en son nom.
14:32 Et petit à petit, voulant prendre mon indépendance, disons que ce n'était pas une gifle. C'était à un autre niveau.
14:39 Et c'est à partir du moment où...
14:42 - Ça s'est traduit par des coups ou pas ?
14:44 - Ça s'est traduit par des coups. Oui, oui. Très, très nettement.
14:49 - M. le commissaire Simon, je voudrais savoir si vous pensez aussi qu'il y a des degrés dans la cruauté,
14:55 et si les nombreux cas que vous avez pu voir, puisque vous représentez ici le syndicat des commissaires de Paris,
15:01 si ces nombreux cas peuvent être classifiés, si je puis dire, ce qu'il y a à la gifle, les coups, les coups et blessures.
15:07 - Oui, il est évident que ce qu'a dit M. Parizeau tout à l'heure est vrai. Il y a des degrés dans la violence.
15:13 Et ça, personne ne peut le nier parce que les blessures qui peuvent en résulter sont extrêmement différentes
15:21 suivant la gravité des coups donnés. Alors ce que je voudrais dire quand même en prologue,
15:26 c'est qu'on aurait pu penser que le fait que les jeunes en général repoussent le mariage et estiment de vivre...
15:32 le mot concubinage est peut-être déplacé aujourd'hui, mais enfin de vivre à deux sans se marier,
15:37 et bien, il aurait pu faire disparaître les violences. Or, on s'aperçoit dans les commissariats que bien au contraire,
15:42 on constate largement autant de violences chez les couples qui ne sont pas mariés.
15:48 Et on constate également que ces couples se séparent aussi difficilement, si non plus, que les couples qui sont mariés légalement.
15:56 - Je vous ai parlé de ça avec le psychologue tout à l'heure, mais je voudrais vous dire tout de même que de manière générale,
16:01 les femmes battues qui nous ont contactées nous disent toutes que dans les commissariats, on est reçus avec un petit sourire
16:07 et sans être pris très au sérieux, quelle que soit la gravité parfois des blessures.
16:12 - Non, alors là, je voudrais rétablir les faits et les choses telles qu'elles sont. Enfin, je parle pour ce qui concerne mon service.
16:17 D'abord, premièrement, dans le service dont je suis responsable, ce sont des femmes qui accueillent les plaignants et les plaignantes.
16:23 - Mais vous êtes le seul commissariat comme cela. Alors, je voudrais que vous parliez en général, s'il vous plaît.
16:26 - Non, je ne suis pas le seul. Mais lorsqu'une femme se présente dans un commissariat, supposons qu'elle vienne dire "mon mari m'a battue".
16:33 Le fonctionnaire qui va la recevoir va lui dire "Madame, qu'est-ce que vous avez comme blessure ?"
16:37 Bon, ben, il va lui dire "j'ai des bleus là, j'ai mal dans le dos, j'ai ceci, j'ai cela".
16:42 Bon, alors à partir de ce moment-là, le fonctionnaire, conformément à la loi d'ailleurs, va lui dire "Madame..."
16:46 - Oui, nous allons revenir, excusez-moi de vous interrompre, Monsieur le commissaire, nous allons revenir sur tout cet aspect juridique.
16:50 Mais je voulais parler du côté humain, car toutes les femmes qui nous ont écrits nous ont dit que dès qu'elles mettaient le pied dans un commissariat,
16:56 elles sentaient une certaine ironie. Je voulais savoir si vous étiez d'accord.
16:59 - C'est-à-dire que, moi, je ne suis pas d'accord. Lorsque je reçois une femme pour un problème qui lui est particulier,
17:05 eh bien, je fais comme avec les autres plaignants, je l'écoute le mieux que je peux.
17:09 Mais il y a effectivement, dans la psychologie des Français en général, cette espèce de voile qui entoure la vie familiale.
17:19 - Il y a un adage judiciaire qui dit que le droit n'a pas à s'occuper des secrets d'alcove, par exemple.
17:24 - Je voudrais demander à noter les spectatrices qui donc ont été, Madame T, vous êtes allée, à me dire comment avez-vous été reçues ?
17:30 - Eh bien, avec un peu d'ironie, c'est vrai. Pas méchante d'ailleurs, simplement, vous savez, ça va s'arranger, c'est une petite scène de ménage,
17:38 tout le monde connaît ça, mais retournez chez vous. Paternaliste tout à fait, l'attitude des agents, des gens d'armes, en fait, tout à fait paternaliste.
17:49 Je me dis, ça va, soyez gentils, ne contrariez pas votre mari, ça s'arrangera.
17:54 - Maxime Bordelie, vous êtes psychologue, comment vous interprétez cette réaction de ces hommes aux fichiers de police devant ces femmes battues ?
18:02 - Je crois que, enfin, on peut dire beaucoup de choses, mais on va essayer de dire quelque chose de très vite et on développera après.
18:08 Mais il y a quand même quelque chose qu'il ne faut pas oublier, c'est qu'il circule une certaine façon de dire qu'il faut battre les femmes de la manière suivante.
18:16 "Bats ta femme, même si tu ne sais pas pourquoi elle, elle le sait."
18:20 Et ça, c'est quelque chose qui est latent, dans une certaine misogynie qui existe, et qui fait que quand une femme battue se présente, on y pense.
18:28 Alors que ça amène un sourire, peut-être, que ce soit souhaitable, évidemment, c'est tout à fait autre chose.
18:34 Mais il y a certainement aussi un autre aspect, c'est cet antagonisme masculin-féminin qui existe,
18:41 et qui fait que, forcément, je crois que dans certains cas, il serait souhaitable que les femmes soient reçues par des femmes et les hommes par des hommes,
18:48 même si les hommes font parfaitement leur travail, et le font en appliquant parfaitement la loi.
18:54 Ça ne change rien, c'est pas pareil.
18:57 Dr Benchetrit, vous êtes médecin généraliste, comment accueillez-vous une femme battue ? Quel est votre rôle de médecin ?
19:03 Et bien, schématiquement, nous recevons des femmes battues de deux manières.
19:08 Ou bien le cas est patent, visible, les voisins le savent, et on vient nous réclamer avant tout un certificat médical, en vue d'une procédure à entreprendre.
19:20 Ou bien, et c'est un cas plus secret, plus intéressant, si je puis dire, c'est au cours d'une conversation, dans un état dépressif,
19:30 on s'aperçoit que la femme vous livre des aveux, et petit à petit, patiemment, on arrive à lui arracher des aveux et des vérités qu'elle n'oserait pas dire d'emblée.
19:44 Alors, là, évidemment, le rôle n'est plus un rôle formel, il s'agit d'entreprendre une psychothérapie, de connaître les causes, et d'aller aussi loin que possible.
19:56 Est-ce que vous parlez concours du mari, dans ces cas-là ?
19:58 Et bien, ce n'est que la première partie d'une enquête très longue, très minutieuse, et il faut dire aussi que très souvent, au départ, il y a un élément pathologique indiscutable.
20:10 Les maris qui battent comme ça, par plaisir, les femmes, ça n'est pas tellement courant. En pourcentage, on peut dire que le cas est plutôt réduit.
20:20 Par contre, des éléments pathologiques, à la base de cet état, sont évidents, ne serait-ce que l'alcoolisme, qu'on pourrait invoquer comme première cause.
20:31 Justement, est-ce que l'alcoolisme est une cause qui revient le plus souvent, ou est-ce que c'est un phénomène, justement, qui n'a...
20:38 Du point de vue médical, il est évident que c'est un cas qui nous intéresse, donc nous sommes portés à étudier ce cas avec plus d'attention.
20:47 L'alcoolisme est un état pathologique, tout le monde le sait, et l'alcoolique passe par un état anxio-dépressif, et en phase dépressive, il a besoin de se libérer, il a besoin d'agir violemment,
20:59 et cette violence est en quelque sorte imputable, non pas au sujet lui-même, mais à sa situation de malade.
21:05 - Madame T, vous voulez intervenir ? - Je trouve que c'est encore une manière de restreindre le problème, d'ailleurs on restreint toujours, pour essayer d'atténuer la responsabilité de l'homme.
21:15 Il est alcoolique, il frappe, c'est pas de sa faute, c'est son état pathologique, c'est un malade.
21:20 Or, c'est faux, c'est parfaitement faux, vous avez des hommes qui ne sont absolument pas alcooliques, qui sont des gens tout à fait équilibrés dans la vie, qui frappent leur femme, ça n'a rien à voir avec un état pathologique.
21:31 - Alors, docteur, Monsieur Brandilli voudrait répondre. - Je voudrais dire deux choses, c'est que, quelles sont les causes ?
21:39 Les causes, à la base, c'est toujours un aveu d'impuissance. C'est un aveu d'impuissance, pas forcément d'ailleurs au niveau sexuel, comme c'est une des causes.
21:50 Mais ça peut être, par exemple, un homme qui adore une femme, celle-ci lui échappe parce qu'il sent qu'elle n'aime pas autant qu'il l'aime, et il va la battre.
21:59 Parce qu'il ne peut plus faire autrement, elle s'en va, elle va aller avec un autre, bon, il la bat. Et s'il ne va pas la battre, il peut aller jusqu'à la tuer.
22:06 - Mais c'est pas ça qu'on appelle un état pathologique. - Mais c'est évident, c'est évident. Mais vous avez aussi le problème de l'incommunicabilité, c'est une des causes.
22:13 - On va y revenir, on a une dernière invitée, qui est Martine Leperron, et qui représnte ici SOS Femmes Alternatives. Alors, SOS Femmes Alternatives, c'est quoi ?
22:23 - SOS Femmes Alternatives, c'est une association qui fonctionne collégialement, et j'insiste sur collégialement, parce que normalement, sur ce plateau, nous devions être au minimum 3 personnes.
22:33 Et puis, cela du reste avait été plus ou moins entendu avec Mme Bocler, qui est ici, et puis finalement, M. Gara a limité notre nombre à une seule personne.
22:44 - Mademoiselle, nous sommes déjà 13 sur le plateau, nous ne sommes pas ici pour faire un débat inter-parlant du terrain.
22:52 - Bon, allez, parle-nous s'il vous plaît de SOS Femmes Alternatives et de son rôle, comme on a parlé du rôle de l'alimentarité.
22:55 - Le rôle de SOS Femmes Alternatives, c'est de créer un centre qui va fonctionner, et pour l'instant, nous avons une antenne téléphonique avec des médecins et avec des avocats.
23:06 Et l'intérêt, justement, sur ce plateau de plusieurs personnes, aurait été qu'il y ait des médecins d'SOS Femmes Alternatives qui soient là, et qui justement puissent présenter leur point de vue.
23:16 - Écoutez, si vous continuez dans ce sens, nous allons être obligés d'interrompre l'émission.
23:21 - Non, on en termine là.
23:22 - Bon, on en termine là.
23:23 - Bien. Alors, je crois qu'on peut passer maintenant au problème du pourquoi, Nicole, des femmes d'adultes avec les téléspectatrices. Est-ce qu'il y a une explication ?
23:30 - Madame J., pouvez-vous savoir à quel moment et pourquoi votre mari a commencé à vous battre, puisque pendant 20 ans, vous avez été parfaitement heureuse avec lui ? Rien ne le laissait prévoir ?
23:42 - Absolument rien. Et simplement, je vous dis, c'est un complexe d'infériorité vis-à-vis de ses enfants, vis-à-vis de moi-même.
23:49 Dès l'instant où mon mari s'est senti incapable de subvenir à leurs besoins, matériel, moral aussi, ça a été terminé.
23:57 Il a cherché hier quelqu'un qui n'avait pas une personne, qui n'avait aucune entrave, qui n'avait pas d'enfant, qui n'avait aucune entrave.
24:04 - On peut voir que ça se passe dans tous les milieux, M. Yves Brandilou.
24:07 - Oui, parfaitement. On a déterminé que 55,7% de la population qui bat est dans les classes moyennes et non pas forcément dans les classes, juste comme on pourrait peut-être, d'une façon simpliste, le croire. Ce n'est pas du tout le cas.
24:24 - Justement, qui sont ces hommes qui battent les femmes ? C'est une question qu'on peut poser au Dr Benchetrit, puisque vous semblez essayer de collaborer avec les maris dans ces cas-là.
24:35 - La collaboration n'est pas spécifiquement réservée aux maris, mais en réalité, le mot "battre une femme" est un peu vague.
24:44 Si on précise la question, il y a deux aspects. Il y a la violence gratuite et il y a la violence motivée. La violence motivée, cette personne qui conteste ce que je dis, vient à l'instant de parler de complexes d'infériorité.
25:03 Voyez-vous que les choses ne sont pas si simples. Quand on cherche à tout prix un bouc émissaire, on veut absolument qu'il y ait un responsable et on ne veut pas admettre qu'il puisse y avoir des raisons qui échappent à la personne en question.
25:17 Bon, quoi qu'il en soit, il est extrêmement... cet échantillon de gens qui battent leurs femmes est assez vaste.
25:26 - Marie-Claude, vous avez vos... - Moi, je ne sais pas. Il y a plusieurs choses qu'on dit, c'est nécieux, qui me paraissent assez révoltantes sur les femmes.
25:33 Il y a la première chose qui ferait que ce sont les hommes malades qui battent les femmes. Alors là, on peut remarquer que ce n'est pas de discuter si les hommes sont malades ou pas.
25:42 S'ils sont dans une situation d'infériorité complexe ou je ne sais pas quoi, c'est le cas de tout le monde, d'être névrosé. Les hommes et les femmes le sont tous.
25:49 Mais il y a une situation différente pour les hommes et pour les femmes. C'est que quand un homme fait une crise, quand il va mal, il bat sa femme.
26:00 Quand une femme fait une crise, elle est battue. C'est-à-dire que dans les deux cas, c'est toujours la femme qui est battue.
26:06 - Je pense qu'on peut retourner vers les... - Madame, Madame, vous voudrez intervenir, je crois.
26:10 Oui, parce que mon cas, au moment où j'ai été battue, mon mari ne me laissait pas du tout supposer que ça pouvait se passer comme ça.
26:22 Parce qu'il n'était apparemment pas violent du tout. Et ça s'est passé au moment où je n'allais pas très bien.
26:30 J'avais invité des amis, c'était uniquement des femmes, et puis on discutait ensemble dans une pièce. Il n'a absolument pas supporté de ne pas être là, de ne pas assister à cette discussion, etc.
26:48 Je voudrais dire encore une chose, parce que j'ai entendu un monsieur, quelqu'un de côté de vous, dire qu'il arrive aussi qu'un homme batte sa femme quand elle lui échappe.
26:57 Ça suppose qu'effectivement, elle lui appartient.
27:00 Il est bien évident qu'un être humain ne peut pas appartenir à un autre, et c'est justement parce qu'il y a des gens qui le croient, que tout le problème arrive.
27:08 C'est qu'il y a une mauvaise compréhension de ce qu'est le couple.
27:12 A partir du moment où vous vous établissez dans une société comme la nôtre, les principes de hiérarchie enfaussent tous les problèmes.
27:18 Le couple existe et ne peut exister qu'en termes de complémentarité.
27:24 Si vous ne comprenez pas cette notion de complémentarité, et si on la comprenait à tous les niveaux, sociopolitiques également, on n'aurait pas les problèmes que nous avons.
27:33 - Oui, madame Blé. - Parce que vraiment, monsieur Piedmédecin a dit une parole vraiment que je trouve m'arririssante, c'est la violence motivée.
27:41 Mais vous vous rendez compte comme c'est grave de dire une chose pareille.
27:45 Quels sont les critères des motifs ? A partir de quelle faute une femme est sanctionnée ?
27:51 Alors quel est le degré des coups ? Il y a la pécadille et puis il y a la faute grave.
27:56 - Mais c'est pas ça. - La violence motivée c'est très grave.
27:59 - Je ne suis pas du tout, je ne fais pas le panégérique de la violence, loin de là.
28:06 - Elle n'est jamais motivée. - Mais ça n'est pas comprendre un problème que de laisser une situation sans vif.
28:16 - Alors il faut d'autres arguments mais pas la violence. - Mais je n'excuse rien, madame. Je vous explique...
28:22 - Il n'y a pas de violence motivée à mon sens. - Maxime Brandini, psychologue, je pense qu'il en a un peu de référence.
28:27 - Tout à l'heure vous avez dit quelque chose, madame, que je ne peux pas laisser passer sans le relever.
28:31 Vous avez dit que les femmes dans les pays sous-développés, vous avez dit que ce n'est pas comme dans les pays sous-développeurs.
28:36 Permettez-moi de le dire, je dois le relever, c'est très important, une notion complètement fausse de la situation de la femme dans les pays sous-développés.
28:42 Et je dois le dire parce que c'est très important, parce que justement il existe dans ces soi-disant pays sous-développés,
28:48 ils ne le sont que sur le plan matériel et pas sur le reste, donc ce terme je l'aborde,
28:52 et bien il existe dans ces pays pour les femmes des possibilités de répondre et de rééquilibrer le problème,
28:58 entre autres parce qu'elles ont entre leurs mains le champ satirique sur la place du village qui leur fait barre sur les activités des hommes.
29:08 Mais à partir du moment où nous avons faussé les problèmes, d'ailleurs notre grand tort a été quand nous avons été dans ces soi-disant pays,
29:14 de fausser le jeu et de faire croire que la femme est un objet qu'on vend, qu'on achète, ce qui est faux.
29:18 Quand on connaît le problème, et seulement malheureusement avec les spécialistes qu'ils connaissent,
29:22 alors la plupart des gens ignorent cet aspect de la femme dans ces pays-là.
29:25 Et bien il faut dire que si dans nos pays justement la femme se trouve dans certaines situations graves,
29:31 c'est une situation qui, comme vous avez semblé le dire tout à l'heure, c'est gratuit, ce n'est pas vrai, ça ne peut pas être gratuit.
29:38 Imaginez ceci, vous avez l'être humain, la femme également d'ailleurs, est un accumulateur ou un barrage qu'on remplit d'eau,
29:47 c'est une force qui s'accumule en lui. Il faut automatiquement qu'il y ait une décharge.
29:51 Si par exemple vous avez été agressé toute la journée dans votre travail,
29:56 et bien vous accumulez en vous une certaine masse de violence qui doit se décharger.
30:01 Vous le déchargez quand vous rentrez à la maison sur le gosse.
30:04 Le gosse qui reçoit les goûts se décharge sur la porte qu'il cogne à coups de pied, sur le chat, sur le chien.
30:09 C'est de la psychologie élémentaire.
30:11 Si le mari rentre en voiture, il s'est fait faire une queue de poisson, il s'est fait traiter de salche, ce que je dis, par le voisin,
30:18 et il n'a pas pu répondre, il rentre à la maison, il a une mauvaise humeur, il faut que ça se passe sur quelqu'un.
30:22 Et la première personne c'est la femme, si ce n'est pas la belle-mère, si ce n'est pas le gosse, si ce n'est pas le chat.
30:26 Alors c'est pour dire donc qu'il y a déjà des réactions de cet ordre qui existent.
30:30 C'est une première série de réactions de violence qui sont le résultat de ça.
30:34 Je ne dis pas ça pour excuser, le problème n'est pas d'excuser les uns au détriment des autres.
30:39 Le problème est d'essayer d'y voir clair dans la totalité des aspects.
30:42 L'élémentaire est très complexe et ce n'est pas simple.
30:45 Il y a maintenant l'aspect de l'impuissance.
30:47 C'est-à-dire qu'il y a un être humain qui se trouve impuissant vis-à-vis par exemple de sa partenaire.
30:52 Impuissant à un niveau, par exemple.
30:54 Il n'a pas d'argent, elle a l'argent.
30:56 Il y a un phénomène là où il est dans un état d'infériorité par rapport à ce qui est le critère normal dans une société.
31:02 Il va lui en vouloir, à partir du moment où il va lui en vouloir, ça peut se traduire par des coups.
31:06 Autre cas, la femme est ce qu'on appelle, elle est mignonne, elle est jolie, elle est adorable, mais elle ne se rend pas compte qu'elle est mégère.
31:13 C'est-à-dire qu'elle lui lance des piques, elle l'agace, elle le provoque.
31:17 Il y a une façon morale de battre et les femmes très souvent s'y emploient avec admiration.
31:23 Vraiment elles sont très très fortes dans cet art.
31:25 Parce qu'elles sont aussi intelligentes, si non plus, que les hommes très souvent et très fines psychologues.
31:29 Elles savent où piquer.
31:31 Et le résultat, l'homme est impuissant à répondre au même niveau, il bat.
31:35 Je pense que...
31:37 Mais je n'ai pas fait l'avantage.
31:39 Oui, mais on ne peut pas s'étendre trop.
31:41 Alors rapidement, alors rapidement.
31:43 Il y a l'impuissance sexuelle.
31:45 L'homme qui est impuissant sexuellement est atteint dans sa virilité et il éprouve le besoin d'affirmer, de se réconforter, de retrouver sa virilité ailleurs.
31:54 Il la trouve à tort dans la force.
31:57 Bon, écoutez, il y a des réactions un petit peu partout.
31:59 Il y a autre chose aussi.
32:01 Moi je vois pour le cas de mon mari, mon mari a été élevé par une mère qui était en adoration devant lui.
32:05 De lui elle a fait un dieu.
32:07 Sa soeur après vient derrière, elle lui faisait tout.
32:09 Moi il y a des choses que je me refusais à faire quand il partait à la chasse le matin à 5h du matin.
32:13 Il n'y avait pas de raison que je me lève pour faire son déjeuner.
32:15 Il n'y avait qu'à le faire.
32:17 Alors ça il ne l'admettait pas, il me fichait des coups et ça y est.
32:19 Moi je pense que Marie-Claude voulait répondre aussi à Marie-Claude.
32:21 Oui, je voulais dire que dans ce tableau assez long et assez...
32:23 Parce que la mère fait beaucoup de mal.
32:25 Bon, enfin il est ce qu'a fait monsieur là à l'instant.
32:27 On a envie de penser pauvres hommes.
32:29 Oui.
32:31 Je crois que c'est toujours pareil.
32:33 Quand les hommes parlent de ça, ils parlent pour eux.
32:35 Oui c'est ça.
32:37 Il faut que ce soit les femmes qui en parlent.
32:39 Je crois que tout le monde a bien pu voir la différence qu'il y avait effectivement par exemple entre ces messieurs qui parlent.
32:45 Et puis le petit reportage qu'il y a eu au début quand les hommes disent "mais non, ils ne battent pas leurs femmes".
32:49 Et puis les femmes qui disent "moi je suis battue".
32:51 Pourquoi ?
32:53 Parce que ce que nous avons remarqué, c'est qu'effectivement elles risquent d'être battues, et elles le sont effectivement, si elles ne peuvent pas s'échapper,
32:58 quand elles se révoltent contre une situation d'oppression où les maintien à les hommes.
33:03 Alors tout à l'heure, monsieur parlait de la façon dont les femmes, je ne sais pas comment il a dit,
33:08 mais disons en gros qu'elles auraient tendance à asticoter les hommes et à leur dire des choses, à leur envoyer des pics.
33:12 Ça n'est là déjà qu'une première révolte des femmes contre une situation.
33:19 Martin Le Verron disait qu'elle ne voulait pas faire ce que lui demandait l'homme, et que lui pensait que c'était juste qu'elle le fasse.
33:25 Elle se défend avec des mots.
33:27 Si les mots, l'homme ne peut pas y répondre, parce que de fait il ne peut pas y répondre, il tape.
33:32 Martin Le Verron dit "d'accord, vous avez..."
33:34 Je suis d'accord avec ce que dit Marie-Claude en partie.
33:36 Je pense néanmoins que c'est vrai que nous vivons dans une société qui est violente, il faut le déplorer.
33:41 C'est vrai que l'homme subit des frustrations qui sont constantes.
33:44 C'est vrai qu'il se sent agressé.
33:46 Mais la femme aussi se sent agressée.
33:48 Alors pourquoi la femme subirait-elle la violence de l'homme ?
33:51 Je crois que justement l'intérêt c'est de faire quelque chose dans lequel le recours ne soit pas la violence.
33:57 Et tout à l'heure au début de l'émission, j'ai été un peu choquée parce que je crois que c'était vous Madame qui disiez
34:04 "la seule réponse à la violence c'est finalement répondre par la..."
34:09 C'est ça.
34:10 Alors sur ce point, je ne suis pas d'accord.
34:13 Je crois que c'est un défi.
34:15 Je voudrais dire simplement deux mots.
34:18 C'est que pour comprendre un problème, il faudrait être aussi objectif que possible.
34:22 Et là nous sommes en train de passionner le débat, de nous séparer en deux clans.
34:27 Un clan féministe et un clan masculin si je puis dire.
34:31 Et donc c'est en cherchant une explication qu'on pourrait aboutir à un résultat.
34:37 Et moi je donne des explications d'ordre médical.
34:40 Il va de soi qu'il y a d'autres explications.
34:43 Mais ça n'est pas en récriminant et en prenant d'une façon systématique l'homme à partie qu'on pourrait faire avancer les choses.
34:50 Monsieur Parizeau, vous vouliez dire quelque chose ?
34:52 Oui, je crois qu'il n'est pas nécessaire de chercher des explications aussi compliquées.
34:57 Et je ne pense pas comme le croit Madame que si une femme se rebellait contre la brute qui est là à côté d'elle,
35:04 elle obtiendrait un résultat au contraire.
35:06 L'expérience que j'ai et qui porte sur un nombre extrêmement nombreux de cas,
35:12 c'est qu'à la base de tout ça, il y a comme le disait très justement le docteur tout à l'heure, l'alcoolisme.
35:16 C'est ça la première cause, c'est l'alcoolisme.
35:19 Et vous avez alors le cas typique, l'homme, le mari qui est allé boire, qui rentre chez lui...
35:24 Oui, mais monsieur, nous l'avons abordé tout à l'heure...
35:26 Mais oui, mais je tiens à préciser...
35:28 Mais nos téléspectaculaires s'apportent des mantelles...
35:30 Oui, mais enfin on allait maintenant de faire dévier la question et de chercher une quantité de causes accessoires,
35:36 alors que là c'est la cause principale.
35:38 Et je pense que la malheureuse femme n'a aucune chance d'échapper à son sort, se rebeller non contre son mari.
35:44 Mais quoi, il faut malgré tout...
35:46 Madame, attendez, madame Gilles, comment, vous voulez dire quelque chose ?
35:49 Oui, à mon avis, un homme qui bat sa femme est un malade, qu'est-ce qu'il y a ?
35:53 Vous dites, vous parlez d'alcoolisme, mais ça peut très bien être autre chose.
35:57 La puissance...
35:59 La puissance, la puissance sexuelle peut-être.
36:02 Pour moi c'était pas le cas.
36:04 Il y a tous les cas possibles et imaginables.
36:06 Mais le mari, il prenait du Maxi-Tan quand il était...
36:08 Mais oui, mais c'est vrai, le Maxi-Tan c'est un...
36:10 Pourquoi une femme batteuse reste-t-elle, madame ?
36:13 S'il vous plaît...
36:14 Il y a énormément de raisons.
36:16 La première, c'est de l'instant où elle aime son mari.
36:20 Écoutez, pendant 20 ans nous avons formé un ménage très très uni.
36:23 Il m'était impensable de quitter mon mari ou que mon mari me quitte.
36:27 En plus de ça, il y avait 5 enfants.
36:29 Donc je me voyais très mal, elle vend seule mes 5 enfants, dont 3 garçons et 2 filles.
36:33 Et c'est pour moi, voyez-vous, c'est de la lâcheté de la femme,
36:37 de la part de la femme de se laisser battre.
36:39 Pourquoi ? Parce qu'on n'a pas les moyens, les moyens pécuniers pour élever ses enfants.
36:43 On se sent être en infériorité vis-à-vis des autres femmes qui elles ont toujours travaillé.
36:47 On a passé 20 ans de sa vie à élever ses enfants,
36:50 à s'occuper de son mari, à s'occuper de son ménage.
36:52 Donc on n'a pas participé, si vous voulez, à la vie active.
36:55 C'est un très gros handicap qui fait qu'on attend, on tergiverse.
37:00 Oui, vous Madame, vous parlez de ça a duré 20 ans.
37:03 Mais par exemple dans le cas de Madame X, qui est beaucoup plus jeune, qui est même très jeune,
37:07 vous êtes partie tout de suite, Madame, comment ça s'est passé ?
37:10 À partir de quand avez-vous décidé de le quitter, cet homme qui vous a quitté ?
37:13 Il s'est trouvé, en fait ça s'est fait petit à petit,
37:15 mais il s'est trouvé que le soir même où ça s'est passé,
37:18 comme des amis étaient encore là,
37:20 elles m'ont immédiatement emmenée, parce que j'étais complètement KO, c'est le cas de le dire,
37:25 elles m'ont emmenée avec mon enfant
37:27 et j'ai été hébergée chez l'une d'elles pendant 2-3 jours.
37:30 Lorsque je suis revenue, tout était cassé, il avait vraiment piqué une crise de rage
37:34 et petit à petit, en fait, du fait qu'il y avait la librairie des femmes,
37:39 que petit à petit j'ai connu des femmes à cet endroit-là,
37:44 ça m'a permis de carrément partir, parce que ce n'était pas possible,
37:48 ça aurait cassé quelque chose en moi aussi très très fort,
37:52 parce que c'était une chose à laquelle je ne m'attendais pas.
37:55 Ce qu'on ressent dans tout le courrier que nous avons reçu,
37:57 et là je voudrais lire un extrait d'une lettre,
37:59 c'est justement le grand isolement et la grande détresse des femmes seules.
38:02 Une téléspectatrice qui nous écrit une longue lettre et qui dit
38:05 "Je songe depuis toujours à m'en aller, elle est mariée depuis plus de 20 ans, elle aussi,
38:09 je l'ai fait 10 fois, mais je me suis chaque fois arrêtée.
38:13 Pourquoi ? Oui, pourquoi ? Au début, parce que j'étais très jeune,
38:16 parce que nous étions dans une misère noire
38:18 et que je pensais que la situation s'améliorant, les choses iraient mieux.
38:22 Ma mère me disait quand il n'y a pas de fruits en râtelier, les chevaux se battent.
38:25 Ensuite, parce que j'ai eu trois enfants et que tout le monde me prêchait la patience,
38:29 parce que je n'avais pas de métier, parce que j'étais toute seule dans la vie,
38:32 n'ayant plus aucune famille, et parce qu'à part ces crises de violence,
38:35 mon mari est un brave homme et qu'il m'aime.
38:37 Comment peut-on aimer un homme qui vous bat comme ça, avec autant de constance ?
38:41 - Maxime, moi dis-donc.
38:42 - Probablement qu'on l'aime d'abord avant qu'il ait commencé à vous battre.
38:45 - J'imagine.
38:46 - C'est-à-dire qu'on a essayé de faire les choses par le commencement,
38:48 c'est-à-dire d'établir un couple, ce qui est très difficile,
38:50 et ce qu'on le sait de moins en moins.
38:52 Et une fois qu'on a établi un couple et qu'on s'aime,
38:55 s'il apparaît un certain phénomène, c'est qu'effectivement,
38:58 on ne sait pas comment faire durer un couple, car le former c'est assez facile,
39:02 le faire durer c'est beaucoup plus difficile.
39:04 Ça implique une notion qui est celle du novicia,
39:07 c'est-à-dire une notion dans laquelle les angles aigus que l'on possède,
39:10 tout un chacun, doit être rapé pour que ça ne blesse pas le voisin.
39:15 S'il n'y a qu'un dans le couple qui le fait,
39:17 et je voudrais dire à madame qui est là,
39:19 qui croit que je suis simplement du côté des hommes et pas du côté des femmes,
39:23 que ce que je dis est aussi valable au niveau d'une femme,
39:26 ce sont des ressorts psychologiques qui peuvent être non seulement ceux d'un homme,
39:29 mais ceux d'une femme.
39:31 Et que si l'un ou l'autre, la femme ou l'homme,
39:33 ne se prête pas à cette espèce de mise en condition pour former un couple,
39:38 eh bien on blesse l'autre, quel qu'il soit, homme ou femme,
39:41 et arrive un moment où le couple commence à se désagréger.
39:44 Alors, maintenant on s'aime, l'homme se met à vous battre,
39:47 pour une raison ou pour une autre,
39:48 parce que je ne crois pas moi qu'on batte sans raison,
39:50 ça me paraît tout à fait un problème, à moins d'être,
39:52 avoir un atavisme de violence, si, dans le cas où on a un atavisme de violence,
39:56 ou on est un sadique, c'est un autre problème.
39:58 Vous provoquez des réactions très violentes.
39:59 Non mais parce que vous avez des cas où il y a des sadiques, bien sûr,
40:01 mais il y a aussi des cas où il y a des femmes qui aiment se battre,
40:03 les rapports sadomasoche ça existe aussi,
40:06 alors comprenez, il faut quand même se dire,
40:08 et on n'en parle pas volontairement,
40:10 parce que le problème n'est pas grave à ce niveau là,
40:12 le problème c'est que le niveau est grave au niveau d'une femme qui est battue,
40:15 qui subit cela, qui ne peut pas,
40:17 parce qu'elle n'a pas la force physique sans défendre,
40:19 parce que la société ne la protège pas,
40:21 il faut donc faire en sorte qu'elle soit protégée,
40:23 faire en sorte qu'elle puisse aller quelque part,
40:25 ça c'est d'accord, mais enfin tout de même, il faudrait quand même essayer de comprendre...
40:27 Madame X qui est venue témoigner sur notre plateau aujourd'hui,
40:30 était en train de vous expliquer que les rapports de force,
40:32 ce n'était peut-être pas tout à fait...
40:33 Absolument, si des amis et d'autres femmes n'avaient pas été là,
40:38 pour m'enlever de la situation où j'étais,
40:40 je ne vois pas ce qui se serait passé,
40:42 je ne crois pas du tout que...
40:45 même sur le coup du fait que, je ne sais pas,
40:48 j'étais très très surprise de la violence,
40:51 ce n'est pas tellement les coups,
40:52 c'est le fait aussi que, je ne sais pas,
40:55 de la violence qui est en face,
40:57 moi je sais que j'étais paralysée...
40:59 Monsieur le commissaire Simon,
41:01 quel recours à une femme ?
41:03 Alors il faut qu'elle aille au commissariat avec des marques physiques de violence ?
41:08 On ne peut pas dire à une femme qu'il faut qu'elle vienne au commissariat,
41:11 c'est elle qui doit en prendre des initiatives.
41:13 Oui mais si elle vient au commissariat,
41:15 il faut d'abord qu'elle manifeste sa volonté de déposer plainte d'une manière concrète,
41:20 c'est-à-dire en faisant une déclaration par procès verbal et en la signant.
41:23 La police n'est pas un organisme qui travaille dans le secret,
41:26 car chez nous, ce qui compte, c'est ce qui est écrit,
41:29 ce qui n'est pas écrit ne compte pas.
41:31 Et la suite de l'affaire,
41:34 elle est conditionnée par le certificat médical
41:37 que la femme plaignante,
41:39 et je le répète bien, qui est plaignante,
41:41 apportera.
41:43 Si c'est un certificat médical qui comporte
41:46 8 jours ou moins de 8 jours d'arrêt de travail,
41:49 c'est une contravention.
41:51 C'est un peu, si vous voulez, comme les contraventions aux côtes de la route.
41:54 C'est-à-dire ?
41:55 C'est-à-dire que là, il y aura...
41:57 Ça sera une amende ?
41:58 Ça sera une amende légère.
42:00 Bien que ça pourrait entraîner quelques jours de prison,
42:02 il faut reconnaître que dans ce genre de violence,
42:04 les jours de prison, ça n'existe pas.
42:06 Bon.
42:07 Si vous dépassez, si vous allez au-delà de 9 jours,
42:09 c'est un délit.
42:11 À ce moment-là, c'est un délit.
42:12 Donc la peine de prison pourrait juridiquement être importante.
42:16 Elle pourrait même atteindre plusieurs années d'après le Code.
42:19 Mais, en fait, sauf dans les cas très graves
42:23 où des femmes ont des fractures,
42:25 et ça m'est arrivé dans mon métier,
42:27 d'avoir des femmes qui avaient été battues,
42:28 qui avaient des bras fracturés,
42:30 ou même une fois, je me rappelle, le crâne fracturé.
42:32 Alors évidemment, à ce moment-là, c'est très grave.
42:34 Ça peut même devenir un crime.
42:36 Et l'action de la police dans ce cas-là, elle est déterminante.
42:38 Parce que celui qui frappe sa femme avec une telle violence,
42:41 c'est un individu extrêmement dangereux.
42:44 Et il peut être appréhendé en flagrant délit par la police.
42:47 Et avec l'autorisation des magistrats, il peut être incarcéré.
42:50 - Je pense qu'on a parmi nos téléspectatrices,
42:52 une dame qui a subi des violences.
42:54 Si elle veut bien en parler.
42:56 - Oui. C'est très simple.
42:58 Mon mari m'a cassé d'un coup de pied, m'a cassé le péroné.
43:01 Ce qui a nécessité le plâtrage de la jambe.
43:03 Quelques mois d'arrêt.
43:05 J'ai porté plainte, c'est un fait.
43:07 Mais enfin, lorsque c'est venu devant le tribunal,
43:10 plusieurs années après,
43:12 c'est très long.
43:14 Les faits n'étaient plus si chauds, si vous voulez.
43:18 - Alors madame, si vous voulez,
43:20 je vais me retourner vers mon deuxième voisin de droite,
43:23 qui est M. Parizeau,
43:25 qui est je crois là,
43:27 pour répondre à cette question de la lenteur de la procédure.
43:30 C'est ça en définitive que vous dites, madame.
43:32 - Oui. C'est parfaitement exact.
43:34 - Écoutez, dès l'instant où on a besoin,
43:36 où on a recours à l'assistant judiciaire,
43:38 bon, j'étais sans moyens, sans rien,
43:40 donc j'étais obligée d'avoir recours à l'assistant judiciaire.
43:42 Bon, vous savez tout comme moi que c'est vrai.
43:44 - Oui, mais vous savez madame,
43:46 l'assistant judiciaire n'est pas nécessaire
43:48 quand vous portez plainte au point de vue pénal, n'est-ce pas ?
43:50 Mais la procédure risque d'être aussi longue néanmoins.
43:53 Tout ça c'est dû à l'encombrement des affaires.
43:55 - Je m'excuse, mais ça est passé en correctionnel.
43:57 - Comment ? - Je m'excuse, mais ça est passé en correctionnel.
43:59 - C'est pas calme. - Parfaitement.
44:01 Mais avant que ça ne passe en correctionnel,
44:03 et ça dépend du tribunal, n'est-ce pas ?
44:05 Vous pouvez attendre 6 mois, vous pouvez aussi attendre 2 ans,
44:07 parce qu'on mettra ça en citation de l'Etat.
44:09 - Le certificat médical dont on parlait tout à l'heure,
44:11 le certificat médical dont on parlait tout à l'heure,
44:13 dépend du médecin. Est-ce qu'il vous arrive souvent, docteur,
44:15 de délivrer des certificats médicaux ?
44:17 Est-ce que c'est pas un grand problème de conscience ?
44:19 Est-ce qu'il est pas difficile ?
44:21 - Écoutez, c'est une situation d'espèce.
44:23 - Très rapidement.
44:25 - Dans mon quartier, je ne fais pas des certificats
44:28 tous les jours.
44:30 Mais enfin, il m'arrive de rédiger des certificats
44:32 de constatation de couilles blessures.
44:34 Je ne peux pas dire que ça aille très, très loin.
44:37 Je constate... - Pierre.
44:39 - Les choses sont toutes légères.
44:41 - Je pense qu'elle serait cette alternative à créer,
44:43 ou à l'intention de créer,
44:45 un refuge qui serait peut-être une des solutions,
44:47 en tout cas provisoire pour les femmes battues.
44:49 Martine... - Ce serait une solution,
44:51 évidemment, d'échapper à la violence.
44:53 C'est la raison pour laquelle nous essayons de créer un centre.
44:55 Ce centre, nous ne l'avons pas encore créé,
44:57 car les moyens nous en manquent.
44:59 Madame Giroux a néanmoins promis de nous donner
45:01 un hôtel maternel désaffecté.
45:03 Alors, c'est un problème.
45:05 C'est une façon d'échapper pour les femmes à la violence.
45:08 Elles viendraient là avec leurs enfants.
45:10 - Je m'excuse, mais en venant là, dans ce centre,
45:14 vous allez créer. - Oui.
45:16 - Ces femmes se mettent en tort. - Non.
45:18 - Bon, écoutez, la loi le dit.
45:20 C'est elles qui auront quitté le domicile conjugal.
45:22 - Oui. Alors, attendez.
45:24 Ce que nous leur demandons sur le plan, si vous voulez,
45:26 légal, ce que nous faisons avant lorsqu'elles nous téléphonent,
45:28 nous leur donnons le numéro de téléphone d'un médecin.
45:31 Ce médecin, s'il y a eu des coups, fait les constats nécessaires.
45:35 Elles vont ensuite au commissariat de police
45:37 avec le certificat médical.
45:39 Et elles disent qu'elles sont obligées d'abandonner
45:41 le domicile conjugal en raison du danger
45:43 que cela présente pour eux.
45:45 Et nous faisons parallèlement une plainte au procureur.
45:47 Et lorsque nous introduisons le divorce,
45:49 nous faisons une requête autorisant...
45:52 La femme a résidé séparément dès le début de la procédure.
45:55 C'est faisable.
45:57 - Donc, elle se sent là un tout petit peu protégée.
45:59 - Il y a, si vous voulez, un moyen technique,
46:01 quelques moyens techniques qui sont longs,
46:03 qui actuellement sont onéreux.
46:05 Et justement, c'est sur le plan technique,
46:07 pour essayer de les aider,
46:09 que nous avons proposé un avant-projet de loi
46:12 visant à sanctionner les violences répétées.
46:15 Et ce projet de loi, si vous voulez,
46:17 se divise en deux parties.
46:19 D'une part, l'aménagement de la preuve.
46:21 Actuellement, ce sont les femmes qui doivent,
46:23 qui ont reçu des coups.
46:25 C'est extrêmement difficile.
46:27 Alors, nous, ce que nous proposons,
46:29 c'est que sur un simple aveu de la femme,
46:31 disons qu'elle a reçu des coups,
46:33 une enquête immédiatement, soit diligentée par la police,
46:36 de façon à voir si véritablement c'est un mari violent
46:39 ou un concubin violent, car cela arrive aussi pour les concubins.
46:42 Alors, ça, c'est le premier point de notre projet de loi.
46:45 - Mais c'est un... Croyez-vous, je m'excuse.
46:47 Croyez-vous qu'elle aboutira à quelque chose ?
46:49 Dès l'instant où une femme est battue,
46:51 elle ne veut pas le dire.
46:53 Lorsque les voisins ne le savent pas.
46:55 C'est-à-dire que si vous voulez...
46:57 - Les voisins ne le voient pas.
46:59 - Nous ne pouvons pas aider quelqu'un
47:01 qui n'a pas choisi, une fois pour toutes,
47:03 de partir, quelqu'un qui n'a pas choisi d'aider.
47:05 Nous ne pouvons pas prendre la solution à sa place.
47:08 Ce que nous pouvons faire,
47:10 c'est créer une assistance technique,
47:12 créer quelque chose dans lequel plus tard,
47:14 puisque nous n'avons pas encore ce centre,
47:16 les femmes vivront ensemble, se retrouveront ensemble,
47:18 créer une grande communauté de femmes
47:20 et de leurs enfants,
47:22 qui sera pour elles un moyen d'échapper à la violence,
47:24 parce que nous ne considérons pas...
47:26 - Madame Gilles, je suis obligée de vous interrompre.
47:28 Nous arrivons au terme de notre émission.
47:30 En tout cas, nous n'avons bien sûr pas fait le tour
47:32 de ce problème, parce que Dieu sait si c'est un problème vaste.
47:34 Nous étions très nombreux,
47:36 tout le monde n'a pas pu dire ce qu'il avait à dire.
47:38 Mais peut-être avons-nous quand même tenté de rendre service.
47:40 Vous avez une adresse à communiquer ?
47:42 - J'ai deux numéros de téléphone à donner.
47:44 Jasmin 67 80, l'après-midi, c'est notre numéro d'appel.
47:46 - Jasmin 67 80.
47:48 - Et 967 48 37, le soir et à midi.
47:52 - Alors, Jasmin 37 80 et 967...
47:56 Vous voulez bien le répéter ?
47:58 - 967 48 37, toute l'après-midi et le matin.
48:00 - Merci, merci à vous toutes d'être restées à notre écoute.
48:04 Je vous souhaite une excellente fin de journée.
48:06 Au revoir, à bientôt.
48:08 (Générique)