Le « voguing » vous connaissez ? Lasseindra Ninja, elle, l’a amené en France.
Pionnière de la scène « ballroom » en France, Lasseindra Ninja nous a raconté son histoire, son importance pour la communauté noire et LGBTQI+, et comment la cette danse d’émancipation a influencé toute la pop culture qu’on connait.
Pionnière de la scène « ballroom » en France, Lasseindra Ninja nous a raconté son histoire, son importance pour la communauté noire et LGBTQI+, et comment la cette danse d’émancipation a influencé toute la pop culture qu’on connait.
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00:00 Le nombre de balls auxquels j'ai participé,
00:02 je n'en sais strictement rien, mais il y en a beaucoup.
00:04 Il faudrait que je regarde le nombre de trophées que j'ai,
00:06 puisqu'en général, quand je sors, je gagne.
00:10 La ballroom, elle naît dans le Harlem Renaissance
00:25 et ensuite, on retrouve la ballroom moderne avec Cristal Abeja dans les années 60.
00:29 Le voguing est la danse de la ballroom,
00:32 mais prendra le nom de voguing dans les années 70.
00:34 Au départ, il était appelé performance, mais maintenant voguing.
00:37 Voguing, c'est trois styles différents, old way, new way, voxel.
00:41 J'ai découvert le voguing justement à New York,
00:50 plus précisément au Clubhouse Harlem.
00:53 La première impression que j'ai eue, c'est surtout liberté,
00:57 de voir qu'il y a de la technique, plus une liberté d'expression.
01:02 C'était la porte ouverte à toute la créativité.
01:07 J'ai l'impression que cette société a toujours tendance à tout ramener au sexe,
01:10 donc orientation sexuelle et sexiste, c'est sexe là.
01:13 Mais je pense que c'est plutôt une danse d'émancipation,
01:16 de savoir qu'il y en a forcément, oui,
01:19 ça vient d'un milieu particulier, qui est le milieu LGBT,
01:23 mais même dans LGBT, le T pour moi,
01:25 parce que le reste parle d'orientation sexuelle,
01:26 le T n'est pas une orientation sexuelle, mais une identité.
01:29 C'est pour ça que je trouve que le mot émancipation
01:32 est plus intéressant pour moi,
01:34 parce qu'on peut aussi parler d'identité avec l'émancipation,
01:37 mais surtout, il n'y a pas que ça, c'est surtout une danse noire.
01:41 Quand je vais dire que je suis un pionnière ou machin,
01:54 c'est plutôt s'il y a un truc qui ne va pas.
01:57 Quand j'arrive dans une pièce, on sait déjà, on voit déjà.
01:59 Je n'ai pas besoin de me présenter.
02:01 Est-ce que je revendique ce statut ?
02:03 Oui et non.
02:04 À partir du moment où vous commencez à guider les autres,
02:07 vous devez, je ne dis pas vous oublier,
02:08 mais vous devez quand même mettre certaines choses que vous voulez de côté,
02:13 puisque là, il ne s'agit plus de vous, mais il s'agit de toute une communauté
02:18 et il faut savoir faire la part des choses.
02:20 Et justement, si on veut que la communauté fonctionne
02:24 et qu'elle aille quelque part,
02:26 à un moment, il faut mettre son ego de côté.
02:28 La ballroom a toujours été dans les médias.
02:36 Depuis le début, elle a toujours été dans les médias.
02:38 La seule différence, c'est que maintenant, on sait d'où ça sort.
02:42 Toutes les chansons que vous écoutez de rap,
02:45 leur langage est le langage de la ballroom.
02:48 Toutes les artistes que vous voyez, les coupes de cheveux,
02:52 ça, c'est la ballroom encore,
02:53 parce que la plupart des hair stylists, des coiffeurs, des maquilleurs
02:58 viennent de ce monde-là.
03:00 Donc, c'est la ballroom que vous expérimentez.
03:02 Pop culture, c'est nous, en fait.
03:03 Que ce soit R&B, jazz, country music,
03:06 ce sont des musiques que nous avons créées
03:08 avec justement sang, sueur et plein de choses, et surtout peine.
03:13 Si on ne défend pas ce que nous, on a comme patrimoine,
03:17 on ne vaut rien non plus.
03:19 La ballroom est une liberté
03:20 que certaines autres cultures n'ont pas du tout.
03:24 Je pense qu'il faut quand même préserver ça
03:25 pour qu'on soit libre de faire ce qu'on veut
03:27 et de dire ce qu'on veut surtout.
03:28 [Musique]