• l’année dernière
De président sous influence à chef d’État aux pleins pouvoirs, Félix Tshisekedi n'a cessé tout au long de ses cinq années à la tête de la RDC de surprendre ses adversaires comme ses alliés.
François Soudan, directeur de la rédaction de Jeune Afrique, revient au micro de RFI sur la trajectoire du président congolais, candidat à sa réélection lors du scrutin du 20 décembre.
Plus d’informations : https://www.jeuneafrique.com/pays/rd-congo/

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00:00 A la une de Jeune Afrique cette semaine, un long article consacré à Félix Tshisekedi,
00:08 le président de la République démocratique du Congo, candidat à sa propre réélection
00:13 le 20 décembre prochain.
00:15 Un article qui détaille le chemin parcouru par l'ancien opposant, lui-même fils de
00:20 l'opposant historique Étienne Tshisekedi.
00:23 Bonjour François Soudan.
00:24 Bonjour Catherine.
00:25 Jeune Afrique nous dit que Félix Tshisekedi n'a eu de cesse de surprendre pendant son
00:30 mandat, tout aussi bien ses alliés que ses adversaires.
00:33 Est-ce que cela veut dire que le pouvoir l'a changé ?
00:36 Alors, deux scènes, deux images qui résument cette évolution Catherine.
00:40 La première, souvenez-vous, c'était le 24 janvier 2019.
00:43 Nous sommes en pleine cérémonie d'investiture et alors qu'il prête serment, Félix Tshisekedi
00:47 fait un malaise.
00:48 On parle à l'époque de la chaleur, d'un gilet pare-balles trop serré, mais tout le
00:52 monde pense que ce jour-là, qui est sans doute le plus important de sa vie, Tshisekedi est
00:56 en réalité comme saisi d'un vertige devant l'ampleur de la tâche qui l'attend.
01:00 Et c'est vrai qu'il sort d'une élection très contestée, qui n'a ni majorité propre
01:04 au Parlement, ni gouvernement dont il a pu choisir les membres, ni même de résidence
01:08 puisqu'il loge à ce moment-là à l'hôtel.
01:10 Et c'est vrai qu'il y a derrière lui l'ombre écrasante de son père Étienne, cette filiation
01:13 si lourde à porter.
01:14 Félix est alors un petit peu comme une balle de ping-pong sur un jet d'eau et le costume
01:19 de chef d'un pays de 100 millions d'habitants semble bien trop grand pour lui.
01:23 Et puis deuxième image, deuxième décor, c'était le 14 novembre, il y a moins de
01:26 deux semaines.
01:27 Le même Tshisekedi prononce un discours sur l'état de la nation devant le Parlement
01:30 pendant plus de deux heures.
01:31 Et c'est un tout autre personnage.
01:33 Le trame est grave, très médiatique, le ton est assuré, parfois autoritaire.
01:37 Tshisekedi ne se contente plus d'être chef d'État, il s'efforce de faire chef d'État.
01:42 Et entre ces deux séquences, Catherine éveille à cinq années de lentes, de complexes affirmations
01:46 d'une personnalité en construction, à la fois sentimentale, impulsive, conviviale,
01:51 imprévisible, qui a appris à devenir méfiant, mais aussi à faire preuve d'une intelligence
01:56 tactique pour surprendre ses alliés comme ses adversaires.
01:59 Oui, jeune Afrique le raconte.
02:00 Félix Tshisekedi a eu beaucoup de difficultés à s'imposer, à s'affirmer.
02:04 Et pour cela, il a dû procéder à des ruptures à la fois politiques et personnelles, même
02:09 si certains disent qu'il n'aime pas le conflit.
02:11 Parlons tout d'abord des ruptures politiques, à commencer par celle avec Joseph Kabila.
02:16 Ah oui, c'est la première.
02:18 Elle est fondatrice, en quelque sorte, inévitable.
02:20 C'est Joseph Kabila qui a contribué à le faire élire.
02:23 Avec ce Kabila mystérieux, introverti, solitaire, l'entente était délivrée presque impossible
02:28 à terme, puisque tous les opposés aidaient l'ami 2020.
02:30 D'ailleurs, le divorce est quasiment consommé.
02:33 Deuxième rupture, avec Paul Kagame, le président rwandais.
02:36 On l'a un petit peu oublié, mais ces deux hommes-là, très différents, s'entendaient
02:39 plutôt bien, jusqu'à la reprise en novembre 2021 de la guerre avec le M23.
02:43 Depuis, Kagame et le Rwanda sont pour le président congolais une quasi-obsession.
02:47 Le mantra de chacun des discours du chef de l'État, avec là-dedans une vraie part de
02:50 sincérité.
02:51 Tsitsigédi, c'est quand même l'héritier de la tradition nationaliste de l'UDPS et
02:55 du moboutisme, mais aussi de calcul politique, puisque désigner un ennemi extérieur, c'est
02:59 comme chacun le sait, un puissant levier fédérateur.
03:02 Et puis, troisième rupture, cette fois avec les alliés, les proches collaborateurs, dont
03:06 la loyauté lui paraît suspecte.
03:07 Vital Kamére, qui a été réhabilité depuis.
03:09 François Beillage, Jean-Marc Caboun de Fortuna BCCD.
03:12 Tous tombés en disgrâce et parfois emprisonnés sans que cela suscite chez lui beaucoup d'état
03:17 d'âme.
03:18 Et puis quatrième rupture, enfin, c'est avec son allié de pure circonstance au sein
03:21 de l'Union sacrée, Moïse Katumbi, qui apparaît aujourd'hui comme son plus sérieux adversaire
03:25 pour l'élection du 20 décembre.
03:27 Explication signée François Soudan, directeur de la rédaction de Jeune Afrique.
03:31 Il était avec Catherine Poté.

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