• l’année dernière
Transcription
00:00 Bonjour à tous, ravie de vous retrouver pour vous parler de cette nouvelle rentrée littéraire d'hiver.
00:08 Donc voici la première rentrée d'hiver des éditions Récamier. Merci à tous pour l'accueil
00:14 que vous nous faites dans vos librairies depuis l'apparition des deux premiers ouvrages au mois
00:19 d'août. Pour la première rentrée littéraire, nous avions publié Jean-Marie Kemener et Oscar Lallot,
00:27 et puis depuis nous avons des titres qui sortent de Raphaël Jordano, Françoise Bourdin,
00:32 Anouk Schotterberg, etc. Donc merci à tous pour votre accueil, la maison se porte bien et c'est
00:39 grâce à vous. Cette rentrée d'hiver, j'y tiens énormément, tout comme la rentrée de septembre.
00:48 On a la chance d'accueillir au catalogue deux auteurs que j'aime énormément, qui sont pour
00:55 moi de grands grands auteurs, qui sont Régis Joffray, qui nous fait le plaisir de nous confier
01:04 son nouveau roman, et Xavier Maribono, qui est un auteur que je défends depuis des années et dont
01:09 j'avais sorti en rentrée 2021, "Berlin et QM", qui était un livre que vous aviez bien soutenu aussi,
01:21 autour de la figure très controversée de Fearce Wengler à Berlin. Cette rentrée,
01:31 on en est très fiers, et c'est vrai qu'elle nous perturbe aujourd'hui beaucoup, puisque avec les
01:38 événements qui se sont produits en Israël, et qui continuent à se produire et qui se déroulent en
01:43 ce moment à Gaza, on est avec ces deux titres en pleine actualité, et c'est avec beaucoup d'émotion
01:51 que je vous parle de cette rentrée et de ces deux livres. D'un côté, vous allez avoir ces deux
01:56 textes de fiction, mais qui sont aussi des romans du réel. D'un côté, vous allez avoir avec Régis
02:01 Joffray un texte qui se situe à la fin du 19e siècle, au moment où naît vraiment le concept
02:09 d'antisémitisme, où le mot commence à exister. Alors que l'effet d'antisémitisme date de bien
02:18 avant la fin du 19e, mais c'est la naissance de ce mot-là, avec une histoire très particulière sur
02:23 laquelle on va revenir. Et de l'autre côté, vous avez le roman "La fiction" de Xavier-Marie Bonneau,
02:29 qui traite avec brio de la question de la radicalisation des jeunes en France, et qui
02:37 nous emmène entre autres en Syrie. Donc deux concepts qui nous prennent un petit peu au trip
02:44 en ce moment, et au milieu de tout ça, des victimes. Des victimes des deux côtés, des dommages
02:51 collatéraux des deux côtés. Donc si vous voulez, on va commencer par...
02:56 En fait, j'allais commencer par Régis pour des questions chronologiques, si tu veux.
03:03 "Dans le ventre de Clara", c'est un roman qui se passe, comme je vous le disais, à la fin du 19e
03:08 siècle. Celle qui parle dans cet ouvrage et qui raconte une partie de son histoire, c'est Clara.
03:15 Dès les premières pages, elle nous explique qu'elle est enceinte. C'est une femme qui est quasiment
03:21 analphabète, et qui pour autant, à partir du moment où elle apporte l'enfant qu'elle porte
03:26 dans le ventre, va se mettre à écrire, à raconter sa vie et son quotidien, et à être habitée
03:33 par des visions, par une préscience. En fait, elle comprend assez vite qu'elle porte en elle
03:41 un être qui, certes, va être son enfant chéri et qu'elle veut absolument voir naître, mais qui
03:47 porte en elle autre chose. À aucun moment, le nom de Clara ne sera donné, ni le nom de l'enfant
03:55 qu'elle porte. Mais assez vite, on va comprendre que cette femme, qui a été engrossée, c'est ce qu'elle
04:01 nous dit dès les premières lignes du roman, par son oncle, dont elle sera la troisième femme, qui
04:06 est maltraitée par cet oncle qui est un homme violent, qui la bat, qui la maltraite, qui la
04:13 violente psychiquement, sexuellement. Clara ne peut s'échapper qu'à travers la religion,
04:21 et tous les moments où elle va à l'église. On comprend très vite que cette Clara est une
04:27 certaine Clara Hitler et que celui qu'elle porte en elle, c'est l'embryon Adolf Hitler.
04:34 Et donc, on va suivre à travers le récit qu'elle en fait, les neuf mois de la gestation d'Adolf
04:41 Hitler, avec les visions qu'elle va avoir sur le futur avenir. Et donc, c'est pour ça que je
04:48 vous disais qu'on est vraiment à la genèse... Hitler naît en 1889, on est vraiment au moment
04:53 des prémices de cet antisémitisme qui s'affiche tel quel, et qui va donner lieu à ce qu'on connaît.
05:03 On connaît très mal l'enfance d'Hitler, encore moins évidemment sa gestation. On connaît quelque
05:11 chose de ses parents, quelque chose au pluriel. Régis s'est énormément documenté pour écrire
05:18 ce livre. Ce qu'il ne savait pas, il a comblé les vides comme tout écrivain à travers la
05:28 littérature. Et donc, il en a fait une oeuvre de littérature, un texte qui explore comme ça la
05:41 noirceur de l'être humain, comme il sait très bien le faire dans ses romans. Donc voilà,
05:48 pour le premier texte de rentrée. Xavier-Marie Bonneau, quant à lui, et donc comme vous le
05:57 connaissez peut-être, je vais vous parler de Berlin Requiem. Xavier, à la base, il est
06:04 documentariste. Donc, il a beaucoup voyagé dans le monde entier. Il a su traiter des sujets un
06:11 petit peu compliqués, des guerres, plein de choses à travers le monde. Et là, en fait, Place du
06:22 Paradis, ça commence en 2017. La Place du Paradis, c'est une place qui est connue à Raqqa, en Syrie,
06:28 qui était une place touristique, si on peut le dire, où les gens allaient boire des cafés,
06:34 manger des glaces. Et qui, à partir du moment où Raqqa a été prise par Daesh, est devenue la place
06:40 de toutes les exécutions, de toutes les tortures, etc. Et on est en 2017 quand le livre commence,
06:47 et le personnage principal, un des deux personnages principaux, est un photographe de guerre français
06:53 qui décide de partir à Raqqa pour aller suivre les jeunes Français qui sont engagés avec les
06:59 troupes du YPJ, qui sont des troupes kurdes, qui vont essayer d'aller libérer Raqqa des forces
07:05 de Daesh. Et lorsque les Kurdes se rapprochent de la Place du Paradis pour essayer de la reprendre,
07:14 ils arrêtent une jeune femme qui se révèle être une Française, qui est partie en Syrie faire
07:24 le djihad. Donc Pierre et Marie, puisqu'elle s'appelle Marie, que tout oppose, vont se rencontrer
07:32 le temps de l'arrestation avant que cette jeune femme soit envoyée dans les camps syriens. Il va
07:36 se passer quelque chose entre eux, un échange assez improbable. Et quelques années plus tard,
07:42 au moment où commencent les procès des attentats du 13 novembre, Marie s'est enfuie de Syrie. Elle
07:49 a réussi à s'enfuir. Elle est en prison en France et on l'appelle à témoigner dans le cadre des
07:58 procès des attentats. Et donc elle accepte de parler, elle accepte de témoigner, d'expliquer
08:05 son parcours et qui était son mari qui est mort en martyr, un jeune Français lui aussi, à condition
08:12 de pouvoir revoir le fameux Pierre, le fameux photographe français, puisqu'ils se sont dit
08:19 des choses au moment où ils se sont croisés et elle veut revenir là-dessus. Donc là aussi,
08:24 c'est très romancé. En même temps, il y a vraiment beaucoup de documentation et des interventions
08:32 du réel à travers des extraits du procès qui sont réinvestis dans l'ouvrage. Pareil, il y a
08:45 beaucoup d'extraits de presse aussi qui sont donnés. Donc il y a vraiment un aspect roman du
08:50 réel. Et en fait, ce qui intéressait vraiment Xavier, c'était d'essayer de montrer comment,
08:59 ce qui pouvait entrer en jeu dans ce phénomène de radicalisation qui est énorme aujourd'hui
09:07 chez de jeunes Français qui n'ont absolument rien à voir avec la religion musulmane. Là,
09:16 en fait, tout commence à Lunel, une petite ville du sud de la France qui est très éloignée des
09:21 problématiques des banlieues, des grandes villes et des grandes cités. On est dans le sud de la
09:27 France. Lunel, vous connaissez peut-être cette ville, mais c'est une belle ville. Ce n'est pas
09:33 non plus très très grand. Et il y a un phénomène de radicalisation comme ça qui est énorme à cet
09:37 endroit-là, à tel point que des gens voient leurs enfants partir et les retrouvent quelques
09:43 semaines, quelques mois plus tard sur les réseaux sociaux en train de menacer quelqu'un d'une arme
09:48 blanche pour l'égorger. Donc il a voulu, il a vraiment travaillé là-dessus. Xavier, il avait
09:54 aussi beaucoup travaillé sur la banalisation du mal dans Berlin-Requiem et il a vraiment fait
10:01 beaucoup référence, souvent référence à Hannah Arendt. Et une des phrases préférées de Hannah
10:07 Arendt qui parle aussi beaucoup de notre époque, c'est vraiment cette citation de Tocqueville
10:14 qui dit "quand le passé n'éclaire plus l'avenir, l'esprit marche dans les ténèbres". Quand le
10:19 passé n'éclaire plus l'avenir, l'esprit marche dans les ténèbres. Et ça je crois que ça porte
10:25 tout son ouvrage et ça donne un sens énorme à ce que nous sommes en train de vivre aussi aujourd'hui
10:31 dans notre monde qui marche dans les ténèbres. Donc voilà, les premiers retours de lecture sont
10:42 plutôt bons pour ces deux ouvrages. Ils sont disponibles à la lecture sous forme de jeu d'épreuve
10:49 et puis nous on est vraiment là pour vous en parler, pour vous aider, pour vous accompagner.
10:54 Et les auteurs aussi sont bel et bien là. Il y a beaucoup de choses à dire autour de ces textes.
10:59 Merci de votre attention.
11:01 Merci.

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