• il y a 2 ans
Après 40 ans cloîtrée dans un couvent, Catherine Draveil a quitté la vie ecclésiastique qu’elle ne pouvait plus endurer. Depuis, la septuagénaire, autrice de l’ouvrage “Métamorphose” (ed. Pierre Favre), apprend à se connaître et à découvrir le monde, loin de toute culpabilité. Pour Yahoo, elle a accepté de se livrer sur son histoire, revenant notamment sur ses longues années au sein de l’abbaye et sur les agissements de sa supérieure “manipulatrice” et “paranoïaque”. Des moments qu’elle ne pourra jamais oublier.
D’après une enquête du Vatican, publiée en 2020, près de 650 000 sœurs dans le monde seraient victimes de burn-out. Comme rapporté, les cas d'humiliations, de stress extrême et même d'abus sexuels seraient nombreux, ce qui aurait poussé des milliers de nonnes à abandonner leur vocation et à se retrouver à la rue, sans aucun accompagnement de l’Église. Face à cette situation, le pape a donc ouvert un centre d'accueil à Rome pour les ex-soeurs concernées.

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Transcription
00:00 je pensais entre couvents pour apprendre à vivre, j'y ai appris à mourir.
00:03 Malheureusement, je suis tombée sur une supérieure
00:08 qui était manipulatrice et paranoïaque.
00:10 C'était une abbaye traditionnelle,
00:12 vous ne voyiez personne en dehors de ceux qui avaient les mêmes idées que nous.
00:15 La première année, je suis absolument choyée,
00:18 on m'écoute, on me fait beaucoup parler, je pleure quand même tous les jours.
00:23 Une chose nous est interdite, c'est de remettre en question
00:25 le choix que j'ai fait.
00:28 Normalement, l'Église prévoit que ces années-là,
00:30 c'est justement fait pour savoir si je suis à ma place ou pas.
00:33 Aujourd'hui, une supérieure voyant quelqu'un pleurer comme j'ai pleuré,
00:37 me dirait, "Retourne finir tes études
00:40 et reviens nous voir après, dans un ou deux ans, si tu veux."
00:43 Elle-même était tellement conditionnée par ses croyances
00:46 que plus j'étais malheureuse, plus je faisais un grand sacrifice,
00:49 plus je laissais sauver d'âme.
00:50 Si j'acceptais de me poser une question,
00:52 j'allais trahir Dieu qui m'avait appelée
00:54 à cette vocation qui est la plus belle au monde.
00:57 C'était ça, les croyances.
00:58 Et puis, la seconde année, on resserre un peu la vis.
01:00 Et là, je commence à avoir des éclairs de lucidité.
01:03 La supérieure, elle s'offre des trucs,
01:05 elle fait des actions qu'elle nous reproche.
01:07 Au réfectoire, elle a ses petits plats.
01:09 Petit à petit, elle ne va plus aller à l'office.
01:11 À la fin de sa vie, on va lui apporter une coupe de champagne tous les matins.
01:14 Ça donne de l'énergie.
01:16 On est tellement lourdes et fatigantes qu'elle a besoin de cette énergie.
01:19 J'ai commencé à sentir ces choses-là, donc à lui faire des réflexions.
01:22 Un jour, elle m'a amenée à la porte de clôture.
01:24 Elle m'a dit, "Si vous n'êtes pas contente de ce que vous vivez ici, sortez."
01:27 J'ai dit, "Non, mais j'en supplie, je vais me convertir, je vais changer.
01:30 Gardez-moi, je vous en supplie."
01:31 Parce que dans ma tête, si je sortais, je prenais le chemin de l'enfer.
01:34 Quand même, c'est un conditionnement terrible.
01:36 [Générique]
01:38 Merci.

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