• l’année dernière
Cinq fusillades, deux morts, dont un petit garçon de dix ans. Et cette semaine, une série d'interpellations suivies de gardes à vue. Depuis le mois d'août, le quartier de Pissevin dans la banlieue de Nîmes vit au rythme des règlements de compte meurtriers et des descentes de police. Une équipe de Ligne Rouge a passé un mois et demi aux côtés des 16.000 habitants de cette cité. Mères de famille inquiètes, dealers, policiers de la BAC, marchands de sommeil... Vous allez découvrir la face cachée de ce quartier sensible, le cinquième le plus pauvre de France. "En immersion dans la cité de la drogue", un grand reportage signé Jérémy Normand, Clément Granon et Alexandre Funel. 

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Ce matin, on a rendez-vous avec une habitante du quartier.
00:02 Elle s'appelle Ourya et elle tient à nous montrer son quotidien,
00:05 rendu chaque jour un peu plus difficile
00:07 à cause du trafic de drogue qui gangrène le quartier.
00:09 Bonjour Ourya.
00:23 Bonjour Jérémy.
00:24 Vous allez bien ?
00:25 Oui, ça va et vous ?
00:26 Les enfants dorment encore ?
00:26 Oui, ils dorment toujours.
00:27 OK.
00:29 Ourya, elle, n'a pas beaucoup dormi cette nuit encore.
00:32 La veille, une fusillade a éclaté juste sous ses fenêtres.
00:36 Je dormais dans ma chambre et on m'entend dire dans ma chambre.
00:39 Les tirs ont déroulé dans ma chambre, ça m'a réveillée.
00:41 J'étais en train de trembler et j'ai dit "Mon Dieu, qu'est-ce qui se passe ?"
00:44 J'ai filmé direct.
00:45 C'est-à-dire que j'ai pas enregistré les tirs parce que c'est ça qui m'a réveillée.
00:49 Je suis coincé avec les tirs.
00:58 Aussitôt, vous avez su que c'était des coups de feu ?
01:00 Ah, tout de suite.
01:01 Maintenant, on fait la différence entre "Klashnikov" et armes de feu.
01:05 Ça se voit, c'était pas les feux d'artifice.
01:07 Vous aviez peur ?
01:08 Oui, j'avais trop peur.
01:09 Même au filmant, j'étais cachée, tout ça, derrière.
01:11 Je vis tout noir.
01:12 J'avais peur qu'ils me voient ou qu'ils voient un flash ou quelque chose.
01:15 Ils me tirent dessus.
01:16 Ils me laissent pas dormir aussi.
01:20 Depuis, j'étais réveillée, j'ai la fièvre parce que j'ai pas bien dormi.
01:22 J'ai toute la nuit angoissée.
01:28 Les tirs atteignent une voiture.
01:29 Quatre personnes se trouvent à bord.
01:31 Sur cette vidéo diffusée sur les réseaux sociaux...
01:34 Eh oui, ils nous ont touchés, voilà !
01:35 ...on distingue plusieurs impacts de balles sur le pare-choc et les rétroviseurs.
01:39 Mais aucun des passagers n'est blessé.
01:41 Ça, malheureusement, c'est devenu presque habituel.
01:46 Ben ça, c'est devenu un feu étant d'horreur.
01:49 Un feu étant d'horreur, c'est ça.
01:52 ...
01:57 -On se réveille, Isaac-Y.
02:00 Allez, réveille-toi.
02:02 Je fais une crêpe pour les enfants au Nutella, une mielle, et pour moi, avec du citron.
02:07 Pour le matin, comme ça, ils sont en forme pour la marche.
02:11 Salut, Isaac-Y, allez, va manger ton petit déj'.
02:15 -Depuis quelques jours, le fils d'Oria a dû avancer son réveil pour être à l'heure au collège
02:20 parce que les bus scolaires ne passent plus ici dans le quartier.
02:23 Les chauffeurs ont fait valoir leurs droits de retrait
02:25 à cause des fusillades à répétition, du climat d'insécurité.
02:28 Résultat, ils doivent aller à l'école à pied.
02:30 -Accompagné de maman.
02:32 -À 12 ans,
02:38 Zacharia a l'âge où l'on préfère aller seul au collège, sans sa maman.
02:43 Faute de bus, il doit traverser la cité à pied.
02:50 Slalomé entre les tours,
02:51 les routes
02:54 et les points de deal.
02:56 -On va aller là-bas, c'est le raccourci.
02:59 Le point de deal est là, mais nous, on va passer par là, c'est mieux.
03:03 On peut passer par là, mais non.
03:04 Là, on détourne comme ça pour prendre les marches là, là-haut.
03:09 Là, on va se trouver de l'autre côté.
03:12 Selon Oria, le risque d'une mauvaise rencontre est trop important
03:17 pour laisser son fils s'aventurer seul dans le quartier.
03:19 -T'aimerais pouvoir aller seul au collège ?
03:24 -Je sais pas, moi, j'aime bien y aller tout seul avec mes amis.
03:27 -Est-ce que tu comprends qu'elles tiennent à venir avec toi,
03:31 même le matin ? -Oui.
03:32 -Qu'est-ce que t'en penses, toi ?
03:35 -Elles veulent me mettre en sécurité, du coup, bah, elles m'accompagnent.
03:39 On va se dépêcher.
03:41 [Bruit de moteur]

Recommandations