Camille de Castelnau et Sara Giraudeau nous parlent de "Tout va bien", la nouvelle comédie dramatique de Disney+.
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00:00 Originals, découvrez en avant-première nos interviews sur les séries qui font l'actu.
00:07 Pour cet épisode d'Originals, on est avec Camille de Castelnau et Sarah Giraudot,
00:14 respectivement la créatrice et scénariste de Tout va bien, et l'une de ses actrices
00:18 principales. La nouvelle mini-série sera disponible sur Disney+ le 15 novembre.
00:23 Bonjour à vous deux. Bonjour.
00:24 On va commencer peut-être avec vous Camille, donc par une question assez classique.
00:27 Est-ce que vous pouvez nous pitcher brièvement Tout va bien ? De quoi ça parle ?
00:31 Bien sûr, je vais le faire, je vais mal le faire parce que je suis nulle pour pitcher,
00:34 mais je vais le faire. Tout va bien, c'est l'histoire d'une famille qui est confrontée
00:40 à une épreuve terrible, qui est la maladie très très grave d'une des enfants de cette
00:45 famille. Petite fille de 9 ans qui a une maladie potentiellement mortelle. Et ça raconte
00:50 comment cette famille va traverser cette épreuve et comment chacun va en ressortir, changer,
00:58 transformer, et puis dans les liens entre eux aussi, comment ça va évoluer.
01:00 Parfait. Et comment vous est venue l'idée de cette histoire ?
01:04 Ma famille a traversé une épreuve qui ressemble beaucoup à celle-là, donc du coup, voilà.
01:12 Et puis j'avais très envie de voir et donc de raconter l'histoire d'une famille comme
01:19 les séries qui m'ont fait grandir et que j'adore, qui sont souvent des séries américaines.
01:22 Enfin, donc voilà, Fit Under, c'est la plus haute, mais voilà, Successions, The
01:27 Crown, Gilmore Girls, à chaque fois, c'est des histoires qui parlent de famille, mais
01:31 qui en parlent de manière, à mon sens, réaliste, quoi. C'est-à-dire, les personnages sont
01:37 compliqués, névrosés, les liens sont pareils, complexes, parfois tendus, les gens sont
01:43 parfois pas adaptés, les gens font ce qu'ils peuvent et parfois ils sont nuls. Et puis
01:49 c'est des séries très souvent dans lesquelles il y a quand même un mélange. Voilà, si
01:54 Fit Under, ça parle de la mort, enfin c'est quand même une série très, très existentielle
01:57 et avec un fond tragique pour notre humanité à tous. Et en même temps, très drôle,
02:04 enfin parfois très drôle. Et ce mélange des genres, le drama, quoi, en anglais, c'est
02:08 quelque chose que moi j'adore regarder et dont je trouve que c'était pas très exploité
02:12 en série en France. On est très bon pour plein de choses, on est très bon en collage,
02:18 en polar, des séries de genre, on est bon parfois en comédie, etc. Mais le drama et
02:24 le drama familial, je trouve qu'on a su faire des comédies familiales, "Fais pas
02:27 ci, fais pas ça", "Une famille formidable", enfin voilà. Donc j'avais envie de creuser
02:31 un peu ce sillon-là qui m'intéressait, quoi. Et Sarah, comment vous êtes devenue
02:36 attachée à ce projet ? Et parlez-nous aussi de votre personnage Marion, la mère de la
02:41 jeune fille qui est malade. Alors, je suis devenue attachée à ce projet finalement
02:46 un peu plus tard. Un peu plus tard, j'ai retrouvé avec plaisir Eric Rochand et Camille,
02:57 que je connaissais quand même du Bureau des Légendes, parce qu'elle avait beaucoup
03:00 travaillé sur le personnage de Marina. Voilà, donc je pense peut-être que c'était un
03:04 peu difficile pour Camille au début de projeter la même personnalité. Enfin, la même personnalité,
03:11 en comédie on change de personnalité, mais avec cette même "personnalité" pour le
03:16 personnage de Marion, qui est au final très différente. Mais finalement, ça s'est
03:22 fait et je suis très heureuse. Donc je les ai rejoints et c'est une série qui m'a
03:30 plu sur tous les points, sur le sujet, sur la subtilité avec laquelle c'était écrit
03:37 et ça, ça ne m'a pas étonnée concernant Camille. Et après, c'est ces rapports aussi
03:45 familiaux dans le jeu qui m'ont profondément touchée. En dehors du sujet de jouer la maman,
03:50 Marion c'est la maman de l'enfant qui est très malade. Donc là, il y avait un challenge
03:55 émotionnel et il y avait quelque chose de très très beau à jouer émotionnellement.
03:58 Et avec la personnalité qu'a Marion, parce que Camille, elle met toujours des contradictions,
04:07 dans les personnalités, dans les situations. Donc c'est comme dans la vie, effectivement,
04:10 quand on dit qu'il y a le rire mélangé aux larmes. Dans le drama, il y a toujours
04:15 l'absurdité de la vie. Il y a toujours une forme aussi où l'humain se raccroche
04:21 aussi à une forme de légèreté, de calme quand c'est une tempête intérieure. Et
04:25 à chaque fois, les contradictions sont très bien gérées pour qu'il y ait quelque chose
04:31 de très fort. Et là, dans cette série, c'est ce qui m'a plu. C'est cette espèce
04:36 de danger planant, cette épée de Damoclès que tous les éléments de la famille ont
04:45 sur la tête. Et comment chacun va le gérer. Cette épée descend, descend, descend, descend.
04:50 Et c'est comment chaque personnalité va... Et les liens familiaux au cinéma sont dans
04:56 la vie très intéressants, je trouve. De toute manière, il y a aussi cette contradiction
05:00 de "en famille, il faut que ce soit fusionnel, c'est à la vie, c'est à la mort, on est
05:05 du même sang. Donc on attend énormément de l'autre, on est beaucoup plus susceptibles
05:09 aussi. Tout est un petit peu... Et avec cette contradiction aussi que chacun a besoin de
05:15 prendre sa place, de se démarquer. Donc il y a une espèce de contradiction entre "il
05:23 faut être fusionnel, on est du même sang à la vie à la mort. Donc on est toujours
05:26 ensemble, on va se protéger tout le temps, on va être tout le temps..." Et en même
05:30 temps, on a besoin de se démarquer parce qu'on est très différents les uns des autres.
05:34 Et en même temps, on attend beaucoup de l'autre. Donc c'est des sentiments qui sont toujours
05:38 très... Qui n'existent que dans les familles. Et ça, c'est assez très intéressant à
05:45 décrypter à l'écrit et après en jeu.
05:47 Quelle a été un peu la discussion peut-être avec Camille autour de votre personnage ? Quelles
05:52 ont été les incertitudes par rapport à son évolution ? Et peut-être les certitudes
05:57 d'ailleurs. Il faut absolument qu'elle fasse ça ou non, non, absolument pas ça, ça ne
06:00 correspond pas à Marion, ce genre de choses.
06:02 On en a peu parlé parce que c'était assez... Sarah, c'est une très grande instinctive.
06:08 Et puis il y avait les textes. Est-ce qu'on n'en a pas débattu ?
06:14 En fait, à l'écrit, c'est tellement clair. Les personnalités qu'elle écrit sont tellement
06:19 claires. Quand je dis clair, c'est-à-dire que le fil conducteur est très, très ténu.
06:28 Il y a quelque chose où, oui, la caractérisation des personnages et ce pourquoi ils font ce
06:38 qu'ils font ou comment ils agissent. Il y a quelque chose qui est... C'est vrai que
06:43 même si Camille ne veut pas faire de mise en scène, je trouve qu'elle a une manière
06:46 d'écrire où il y a déjà de la mise en scène. Donc il y a quelque chose aussi...
06:50 La mise en scène, elle vous amène des points de vue, comment vous regardez quelqu'un, à
06:55 travers quel prisme. Donc moi, quand je lis Camille, j'ai un... Quand je lis Camille,
07:00 j'ai l'impression de parler d'un roman. Quand je lis les personnages, voilà, le scénario
07:06 de Camille, il y a quelque chose où les personnalités sont très claires. Alors après, peut-être
07:12 qu'on a ce truc-là qui nous rapproche aussi sur ce type de personnage. C'est que c'est
07:16 des personnages aussi qui sont assez mystérieux. Donc il y a peut-être beaucoup de comédiens
07:20 qui pourraient ne pas forcément les comprendre d'emblée parce qu'il y a un monde intérieur
07:25 qui est très présent. Il y a une contradiction entre l'eau, le feu. C'est très... Mais justement,
07:33 c'est des personnages... Et ça, c'est ce qui peut rapprocher de Marina, un petit peu
07:37 l'oiseau, dans le genre des légendes, c'est qu'elles ont quelque chose d'assez mystérieux.
07:41 Mais parce qu'il y a cette espèce de calme en apparence et que la tempête intérieure,
07:48 le feu qui peut y avoir à l'intérieur doit se lire et qu'il y a énormément de choses
07:52 qui s'écrivent entre les lignes. C'est des personnages où il y a énormément de choses
07:55 aussi qui s'écrivent entre les lignes. C'est pour ça que pour moi, je les trouve passionnants.
07:59 Et j'ai l'impression qu'on se comprend dans ce qui est dit et on se comprend aussi dans
08:04 ce qui n'est pas dit. Donc, des peu de fois où on en parlait, on se disait "bah oui,
08:08 elle fait ça parce que... bah voilà, c'était souvent... bah ouais, t'as compris".
08:15 Ce qui est intéressant aussi, sans spoiler la fin, c'est qu'en fait, peu importe le
08:20 résultat de la survie de Rose ou non, on n'a presque pas besoin du huitième épisode.
08:27 On pourrait se dire "bon, le voyage qui a été fait pour tous les personnages du premier
08:33 au septième, il aurait été vécu, peu importe la fin". Donc, est-ce que vous avez envisagé
08:40 une fin alternative ou ça a toujours été la fin définitive ?
08:42 Non, alors ça a toujours été la fin définitive, même si ce mot et cet objectif ensemble
08:50 sont bizarres. Ça a toujours été la fin... Non, non, ça a toujours été ça la fin
09:01 définitive parce que ça raconte quelque chose de l'imprévisibilité de la vie qui
09:08 m'intéressait beaucoup, enfin qui m'intéressait dès le départ. On dit que la leucémie dont
09:14 est atteinte cette petite fille est extrêmement rare et qu'il y avait un risque sur un million
09:17 qu'elle l'ait. Donc voilà, la vie est très imprévisible dans ce genre de statistiques.
09:24 C'est terrible parce que c'était quand même possible que ça se passe autrement
09:29 et puis non. Donc c'est une imprévisibilité morbide, délétère, très angoissante.
09:37 De toute façon, je trouve que l'imprévisibilité est toujours angoissante, mais là en plus
09:40 c'est une imprévisibilité négative. Mais ça m'intéressait une fin où on parle aussi
09:47 de l'imprévisibilité, mais l'autre face de la médaille, et qui est perturbante aussi.
09:56 Ça m'intéressait beaucoup. J'ai envie aussi de mettre la lumière sur
10:02 le personnage du père, joué par Bernard Lecoq, qui est moins présent à l'écran
10:09 que d'autres personnages, mais en revanche c'est toujours lui un peu qui a le mot de
10:12 la fin, pour calmer les situations. Moi je l'ai écrit comme un personnage qui est assez
10:20 seul dans cette famille où on parle beaucoup. Lui c'est un personnage qui est souvent extrait
10:24 de la famille, qui est dans une quête de sens, une quête existentielle, métaphysique,
10:28 parce que forcément à 75 ans, qu'on a une petite fille de 9 ans qui est malade et qui
10:31 risque de mourir, ça interroge quand même beaucoup l'injustice de cette situation.
10:37 Et on se dit que c'est soit, que c'est pas la bonne personne qui est malade.
10:42 Donc c'est un personnage en quête de sens, qui est un petit peu décalé par rapport
10:49 à sa famille, dont on peut croire au début qu'il est dans une forme de passivité.
10:52 Et en fait c'est ça que j'aime bien, c'est de montrer qu'il fait ce qu'il peut,
10:57 comme chaque personnage on fait ce qu'on peut. Et puis ça lui permet de garder une
11:01 forme de hauteur, de recul et de sagesse.
11:04 - C'est un peu le personnage de la sagesse.
11:07 - Marion est un peu construite en opposition par rapport au personnage de sa sœur, donc
11:13 Virginie et Phyra. Et est-ce que vous pensez qu'au final, ce que la série montre un petit
11:18 peu, c'est que le rôle de mère, il peut aussi être vu par les autres comme mauvaise
11:25 mère ou bonne mère. Et qu'en fait au final, les deux personnages sont un peu les mères
11:28 de Rose.
11:29 - Alors ça, moi je ne l'ai pas du tout vu comme ça. C'est intéressant, c'est
11:33 vrai que je les ai plus séparés dans leur caractère, dans leur manière d'être.
11:38 Ils ont des tempéraments extrêmement différents. C'est pour ça qu'après dans le casting
11:42 aussi, je trouve ça assez joli parce qu'il y a quelque chose où il y a une des deux
11:46 sœurs qui ressemble un peu plus à sa mère et une des deux sœurs qui ressemble un peu
11:50 plus au père. Il y a cette espèce de tempérament de feu extérieur, on va dire, sur celles
11:58 qui ont besoin d'informer le monde extérieur et d'être en échange direct avec ces conflits-là
12:06 qu'elles ont besoin d'extérioriser. Et les deux autres, Marion et le père, qui
12:11 sont plus dans des conflits intérieurs, qui ne veulent pas de conflits avec le monde extérieur
12:15 et qui justement sont plus en protection du monde extérieur. C'est les eaux calmes.
12:21 C'est plus ça que j'ai trouvé très intéressant parce qu'il y a beaucoup ça dans les familles,
12:28 ce tempérament très différent comme ça, puisque même dès l'enfance, je pense qu'il
12:32 y a comment on est, mais aussi comment on se démarque les uns vis-à-vis des autres.
12:37 Je pense que ça s'est construit comme ça. Mais alors après, que ce soit les deux mères,
12:43 justement, je pense que c'est deux styles de mère qui peuvent exister. Après, ce que
12:49 je trouve très beau, et c'est pourquoi je pense que c'est une série qui peut avoir
12:53 un public extrêmement large, en dehors de ma fille de 12 ans qu'elle adorait. Déjà,
12:58 je me suis rendu compte que début d'adolescence, elle peut tout à fait être fan de Tout va
13:02 bien. Mais c'est surtout aussi cette manière d'être dans la maternité quand vous avez
13:09 des enfants, mais comment aussi on peut y être quand on n'a pas d'enfants. Et comment
13:14 on peut le ressentir de manière transposée. Dans la famille, il y a toujours un élément,
13:23 la tata, un élément qui n'a pas eu d'enfant, etc., mais qui tout d'un coup projette des
13:27 choses et donne énormément d'amour. Et ça, c'est en dehors du tempérament. Il y a quelque
13:33 chose qui reflète quelque chose d'assez joli dans le rapport à l'enfant, peu importe
13:39 votre place. C'est pour ça que cette maladie va vraiment ébranler beaucoup de monde autour.
13:45 Mais cette tante qui n'a pas ses enfants, son enfant à elle, elle projette énormément
13:53 de choses qui sont peut-être plus instables vis-à-vis du rapport à l'enfant. Et donc
13:58 avec un besoin plus pressant de choses où la mère, elle, qui l'a et qui le vit tous
14:03 les jours, a quelque chose de plus en recul sur certaines choses. C'est toutes ces petites
14:08 subtilités-là qui font plus. C'est plus qu'une différence de tempérament, c'est
14:14 aussi un rapport à la vie, à la maternité.
14:18 Juste pour vous conclure aussi, on est un site de recommandations de séries, et je
14:23 vous pose la question, quelle a été votre dernière série coup de cœur que vous recommanderiez
14:27 à tout le monde ? Récente si possible.
14:29 Moi je ne regarde pas de séries.
14:32 Du coup, moi je vais en dire deux comme ça. Je vais en dire une pour toi. Il y a une série
14:39 qui s'appelle "It's a sin", qui est une série anglaise, qui raconte l'histoire
14:44 d'une bande de jeunes londoniens. Ça commence au début des années 80. C'est une série
14:48 qui parle du sida, et c'est une bande d'amis qui sont homosexuels. C'est une mini-série
14:56 que j'ai trouvée magnifique justement par ce mélange. C'est à la fois la jeunesse,
15:00 la joie, la liberté, la découverte de l'autre. C'est évidemment une série très dure aussi
15:06 puisqu'elle parle de ces années-là, du sida et de l'homophobie beaucoup. C'est
15:10 une série dont le propos est quand même de dire que le sida a pu tuer autant et aussi
15:15 longtemps parce que c'est dans une société homophobe. C'est une série aussi très
15:22 politique et que je trouve passionnante.
15:23 Sinon dans les autres, c'est compliqué parce que moi j'aime tellement les grandes
15:32 séries évidentes. Succession, c'est quand même un de mes derniers grands chocs.
15:40 Gilmore Girls, j'adore. C'est une série qui est un peu moins connue en France, qu'il
15:45 ne faut surtout pas regarder doublée en français. C'est une hérésie de faire ça. Le doublage
15:50 est atroce et quand ils n'arrêtent pas de bavarder. Mais Gilmore Girls dans le genre
15:54 série familiale, très réconfortante. Je recommande.
15:59 Merci beaucoup à vous et on attend Tout va bien le 15 novembre prochain sur Disney+.
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