“Harcèlement scolaire : briser le silence”, regardez en replay notre soirée spéciale sur la plateforme france.tv https://bit.ly/HarcelementSco
Ancienne victime de harcèlement scolaire, Léa a elle-même harcelé une de ses amies étant plus jeune. Avec l'aide d'une médiatrice, elle a décidé de demander pardon à Léane, celle qu'elle a harcelé, des années après.
François 10 ans, Thays 13 ans, Elena 17 ans, Antonin 19 ans, Eliza 20 ans sont en butte au harcèlement scolaire. Près d'un million d'enfants en seraient victimes chaque année, soit 6 à 10 % des élèves. Aujourd'hui, ce fléau prend encore plus d'ampleur car il se poursuit en dehors des murs des établissements, sur les mobiles et réseaux sociaux. Un collégien sur quatre serait victime de cyber harcèlement. Depuis mars 2022, le harcèlement scolaire est devenu un délit spécifique passible de peines allant jusqu'à dix ans d'emprisonnement et 150 000 € d'amende lorsque les faits ont conduit la victime à se suicider. Comment peut-on en arriver là ? Comment un enfant peut-il souffrir au point de mettre fin à ses jours ? Sans qu'on agisse. France Télévisions se mobilise pour une soirée événement consacrée au combat contre le harcèlement scolaire.
Ancienne victime de harcèlement scolaire, Léa a elle-même harcelé une de ses amies étant plus jeune. Avec l'aide d'une médiatrice, elle a décidé de demander pardon à Léane, celle qu'elle a harcelé, des années après.
François 10 ans, Thays 13 ans, Elena 17 ans, Antonin 19 ans, Eliza 20 ans sont en butte au harcèlement scolaire. Près d'un million d'enfants en seraient victimes chaque année, soit 6 à 10 % des élèves. Aujourd'hui, ce fléau prend encore plus d'ampleur car il se poursuit en dehors des murs des établissements, sur les mobiles et réseaux sociaux. Un collégien sur quatre serait victime de cyber harcèlement. Depuis mars 2022, le harcèlement scolaire est devenu un délit spécifique passible de peines allant jusqu'à dix ans d'emprisonnement et 150 000 € d'amende lorsque les faits ont conduit la victime à se suicider. Comment peut-on en arriver là ? Comment un enfant peut-il souffrir au point de mettre fin à ses jours ? Sans qu'on agisse. France Télévisions se mobilise pour une soirée événement consacrée au combat contre le harcèlement scolaire.
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00:00 Comment vous pourriez nous décrire les jeunes femmes que vous étiez
00:04 quand vous avez harcelé l'une de vos amies, Léa ?
00:07 Alors, moi, je me sentais relativement inférieure.
00:15 Donc, j'ai ressenti une forme de supériorité
00:19 quand je me suis mise à harceler ma copine.
00:24 Pendant combien de temps vous l'avez harcelée, Léa ?
00:26 Plusieurs semaines, plusieurs mois.
00:29 Au moment où vous la sentiez fragilisée, vous ressentiez quoi ?
00:33 De la fierté, un sentiment de victoire.
00:38 Moi, j'ai envie aussi qu'on écoute ce qui vous est arrivé à vous.
00:42 Parce que vous allez m'expliquer, si vous voyez un lien entre votre passé de harceler
00:45 et vos actions, vos gestes de harceleuse, qui vous a harcelé, vous ?
00:50 Moi, ça remonte à la fin de primaire, principalement.
00:53 Ah oui, vous étiez très jeune.
00:55 J'ai eu le droit aux insultes comme...
00:59 "Prostituée, mais en plus vulgaire",
01:01 comme quoi je couche avec tous les garçons.
01:04 Voilà, c'était assez violent.
01:07 Je pense que toute la colère que j'ai accumulée contre moi à ce moment-là,
01:11 malheureusement, je l'ai retournée contre elle.
01:14 Et vu que, déjà, elle était encore plus impopulaire que moi,
01:18 je pense que là, j'y ai vu une opportunité pour, enfin,
01:22 potentiellement m'intégrer, pour, enfin,
01:28 avoir un certain pouvoir.
01:31 Et j'ai montré une facette de moi-même que je ne connaissais même pas.
01:37 Soit une Léa méchante, qui était capable des pires mots, des pires humiliations.
01:43 Et à quel moment vous vous êtes rendu compte que c'était du harcèlement,
01:46 que c'était grave, qu'elle était profondément blessée ?
01:48 C'était seulement en seconde.
01:51 Ça s'est passé en quatrième et c'est en seconde lorsqu'elle nous a envoyé un message
01:54 en nous disant "vous m'avez harcelée", que là, bah, électrochoc.
02:00 C'est quoi ? C'est le mot ? Qu'est-ce qui vous a fait un électrochoc ?
02:03 Le mot. C'est le mot. C'est là que je me suis dit "bah oui".
02:07 Bah oui, en effet, tout ce qu'on lui a fait subir, c'était des moqueries répétées,
02:15 des humiliations répétées.
02:17 Donc oui, ça rentre dans le cadre du harcèlement.
02:19 Donc oui, obligatoirement, je suis devenue une harceleuse à ce moment-là.
02:23 Vous avez ressenti quoi au fond de vous quand tout d'un coup,
02:26 j'ai l'impression que vous êtes sorti un peu du déni ?
02:28 Vous vous êtes rendu compte de ce que vous aviez fait ?
02:30 Vous avez ressenti quoi tout de suite ?
02:31 Beaucoup de honte et surtout de la culpabilité.
02:34 Parce que Léane, c'était quand même notre copine.
02:37 Elle allait déjà très mal.
02:39 Elle était déjà harcelée plus, plus, plus.
02:42 Et notre devoir, c'était de l'aider, pas de l'enfoncer.
02:46 Léa a décidé de demander pardon à Léane.
02:49 Celle qu'elle harcelait quand elles étaient en cinquième.
02:52 Ces retrouvailles délicates sont encadrées par une médiatrice.
02:56 C'est par ici. Bonjour.
03:00 Bonjour, je suis Bérangère, la médiatrice.
03:02 D'accord, enchantée Léa.
03:04 Bonjour, je suis Bérangère, la médiatrice.
03:07 Enchantée.
03:09 Eh bien enchantée Léane.
03:11 Je vous laisse vous asseoir.
03:14 Bonjour.
03:16 Donc, on suit vos téléphones.
03:18 J'ai passé à peu près 30 minutes avec chacune d'entre vous
03:21 pour préparer cet entretien.
03:23 Je pense que pour commencer, ce qui serait intéressant,
03:25 c'est qu'on puisse mettre en commun ce qu'on s'est dit.
03:29 Notamment par rapport à vos attentes
03:31 et ce qui a motivé cette rencontre pour chacune d'entre vous.
03:35 Ce que j'attends principalement,
03:38 c'est que je puisse te faire des excuses de vive voix.
03:43 Ça, c'était mon objectif premier, tu vois.
03:48 Moi, je sais que ça reste très flou,
03:54 même si je sais que j'ai pas eu des mots hyper sympas envers toi.
04:00 C'était même des moqueries plutôt violentes.
04:03 C'était répété,
04:05 mais j'avais pas réellement conscience que c'était du harcèlement.
04:11 Ça a fini par s'arrêter tout seul,
04:13 mais je t'avoue que je sais même plus...
04:16 Ça s'est arrêté parce que je suis partie.
04:18 Enfin, ça s'est pas arrêté tout seul,
04:19 c'est parce que moi, je suis partie.
04:23 J'assure que je m'en souviens plus.
04:24 Bah non, ça s'est pas arrêté du tout, en soi.
04:28 Que ce soit vous ou que ce soit les autres, peu importe.
04:30 Ça s'est stoppé le jour où je suis partie du collège, où j'ai changé.
04:37 Je t'avoue que je me souviens plus du point de départ non plus.
04:41 Je sais plus ce qui s'est passé.
04:44 Moi, j'ai encore des vagues souvenirs.
04:45 C'est-à-dire que...
04:49 Je sais plus comment on est devenues copines.
04:50 On est devenues copines à un moment donné, c'est sûr.
04:53 Et après, je sais pas comment ça s'est déclenché,
04:54 mais on les manquerait de nous commencer.
04:58 L'isolement, ça rigolait.
05:02 Ça se manquait, quoi.
05:03 On parle tout le temps.
05:05 Vous avez des souvenirs, j'ai l'impression.
05:08 On a eu des mots.
05:09 Je pense que j'ai dû avoir des gestes aussi.
05:14 C'est pas pardonnable.
05:15 Et je regrette, en fait, ce qui s'est passé...
05:23 au collège, quoi.
05:26 Moi, je pense que c'est encore moins excusable
05:28 dans le sens où t'en as vécu aussi, du harcèlement.
05:29 Donc là-dessus, quand on l'a vécu et qu'on le reproduit,
05:32 je trouve que c'est encore pire,
05:36 parce que tu sais ce que c'est, en fait.
05:40 Après, si ça n'aurait pas été toi, je ne serais peut-être pas venue.
05:43 Parce qu'avant d'accepter,
05:45 j'en ai parlé à Lou, avec qui t'étais en seconde, je crois,
05:49 qui m'a dit que tu étais sûrement la meilleure personne
05:51 avec qui je pouvais discuter,
05:52 parce que tu serais sûrement l'une des seules à se remettre en question.
05:55 Sur ce qui a pu se passer, si ça aurait été quelqu'un d'autre,
05:58 je ne serais peut-être pas venue.
06:00 Ou alors pas du tout dans le même optique, clairement.
06:02 - Dans quelle optique vous seriez venue si ça avait été d'autres personnes ?
06:06 - En colère.
06:07 Très, très en colère.
06:08 Léa, c'est différent, parce qu'on a été copines pendant quelques temps quand même.
06:13 Et que même si ça s'est mal terminé,
06:14 je n'ai pas autant de ressentiment envers Léa qu'envers d'autres.
06:18 Mais moi, il n'y avait pas que Léa,
06:19 il y avait tout un contexte, en fait, dans le collège.
06:23 - Et vous mettiez déjà ce mot de harcèlement ?
06:25 - Oui.
06:26 Ah oui, parce que moi, c'était quand même flagrant.
06:28 C'était du harcèlement physique, du harcèlement moral.
06:30 Et j'ai eu du cyber-harcèlement aussi, quand je suis partie.
06:33 Donc oui, quand on se fait...
06:36 En fait, c'est plus facile de mettre des mots sur le harcèlement
06:39 quand c'est physique, parce qu'on se fait frapper à répétition.
06:43 Enfin, c'est plus simple.
06:44 Quand c'est juste moral, c'est plus difficile de s'en rendre compte,
06:46 parce que la barrière entre le harcèlement et le non-harcèlement est fine.
06:52 - C'est quoi, vous, votre parcours pour être capable d'en parler aujourd'hui ?
06:57 - Ah bah moi, je peux pas mettre ça sous le tapis et passer à autre chose.
07:00 C'est pas possible. J'ai trop de problèmes aujourd'hui à cause de ça, en fait.
07:04 Je peux pas, je suis obligée.
07:06 J'ai vu des psychologues, j'ai plein de problèmes de communication, d'anxiété.
07:10 Je fais des crises d'angoisse, je suis spasmophile, enfin...
07:13 Tout ça à cause de ça, donc je peux pas.
07:14 Moi, je peux pas juste le mettre de côté,
07:16 parce qu'en fait, je sais que le harcèlement scolaire
07:18 et tout ce qui s'est passé dans cette période-là, c'est dû à ça.
07:22 Donc je peux pas juste le mettre de côté.
07:24 Faut bien le travailler, en fait.
07:25 Et moi, je le travaille depuis que...
07:28 Depuis que je vis chez mon papa, donc depuis que je suis en 3e.
07:32 Je le travaille.
07:32 - Ça veut dire quoi, "je le travaille" pour vous ?
07:35 - Bah, j'ai fait beaucoup de travail sur moi.
07:37 En fait, j'y réfléchis régulièrement.
07:39 J'ai fait de l'hypnose aussi pour être moins angoissée, enfin...
07:43 C'est des choses...
07:44 Et en fait, j'ai mon papa qui a été très aidant là-dessus,
07:46 qui, quand je lui ai dit que je venais, il m'a soutenue tout de suite et...
07:52 Sans mon papa, je sais pas ce que j'aurais fait, quoi.
07:55 Bref.
08:18 Pardon.
08:22 Honnêtement, c'est bête, mais je suis venue en me disant
08:24 que des gens qu'on connaît regarderaient
08:27 et qu'ils se rendraient compte que ce qu'ils ont fait, c'était pas bien.
08:31 Et rien que ça, déjà, ça serait super bien qu'ils puissent se rendre compte
08:37 qu'ils ont détruit la vie des gens, enfin...
08:40 C'est hyper dur de vivre après, en fait.
08:42 Qu'ils se rendent compte que c'est pas sur l'instant, en fait,
08:45 qu'ils ont fait du mal.
08:47 Parce que sur l'instant, on se rend pas forcément compte tout de suite,
08:49 où c'est différent.
08:50 C'est sur le long terme.
08:52 C'est derrière tout ce que ça entraîne.
08:55 Et franchement, honnêtement, c'est bête, hein,
08:57 mais je suis aussi venue dans cette optique-là,
08:59 c'est qu'il y en a qui le voient.
09:03 De mon entourage, lui, tient au siège, je pense.
09:08 - De quoi vous auriez besoin aujourd'hui
09:10 pour trouver de l'apaisement par rapport à ce passé ?
09:13 - Je sais pas.
09:16 Je cherche encore.
09:20 - On va clôturer l'entretien.
09:21 - Oui.
09:22 - Comment vous vous sentez ?
09:23 - Je suis contente que ce soit fait,
09:24 que ça puisse aider certaines personnes
09:25 et faire prendre conscience à d'autres
09:26 que ce qu'ils ont fait n'était pas bien
09:27 ou ce qu'ils font actuellement n'est toujours pas bien.
09:28 Et...
09:29 Je suis contente que ça soit fait.
09:30 Je suis contente que ça soit fait.
09:31 Je suis contente que ça soit fait.
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10:18 Je suis contente que ça soit fait.
10:19 Je suis contente que ça soit fait.
10:20 Je suis contente que ça soit fait.
10:21 Je suis contente que ça soit fait.
10:22 Je suis contente que ça soit fait.
10:23 Je suis contente que ça soit fait.
10:24 Je suis contente que ça soit fait.
10:25 Je suis contente que ça soit fait.
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