Category
📺
TVTranscription
00:00:00 Mbamoka, littéralement la promesse de la chance. Mbamoka est à la fois le nom d'un village du sud
00:00:08 Cameroun à une cinquantaine de kilomètres de la ville de San Milima et un présage. Et c'est ici
00:00:15 au coeur de ce tapis de verdure qui exhale un parfum unique, au coeur de cette forêt silencieuse
00:00:21 dont la quiétude est rompue de temps à autre par des cris d'oiseaux, que naît Paul Biya,
00:00:26 le deuxième président de la république du Cameroun. Nous sommes le 13 février 1933. C'est donc au
00:00:34 milieu de cette nature qui le protège et prend soin de lui que le jeune prodige va faire ses
00:00:39 premiers pas. Chaque matin il doit avaler à bord de sa bicyclette ou à pied la distance qui le
00:00:48 sépare de l'école catholique de Nden, qu'il fréquente de 1940 à 1947. C'est ainsi que commence
00:00:56 pour lui une vie d'autodiscipline, une vie faite d'austérité, de privation et de renoncement et
00:01:03 en même temps le cheminement dans la foi. La foi dont ses parents à la maison et ses
00:01:11 encadreurs à l'école assure la maturation.
00:01:20 (Musique)
00:01:47 (Musique)
00:01:57 Lorsqu'il a son CPE, au lieu de l'envoyer à Man, on l'envoie plutôt à Edea. Donc c'est Edea qui va rencontrer la plupart de ceux qui seront
00:02:07 tout à fait collaborateurs au gouvernement, qui ont été pour lui des camarades de classe. Je pense
00:02:13 que c'est Jean Gango, au frère Mélonnais, à Frist-Huynh-Bopp, dont ils sont allongés à l'école. C'est quelqu'un qui n'est pas, qui n'a pas l'impression d'être
00:02:23 éclaté ouvert, depuis ma part. Donc il a un stock limité d'amis, au trottoir, mais c'est une erreur. Paul Bia, c'est quelqu'un qui a bâti ses
00:02:34 amitiés dans le temps et qui a utilisé les mêmes artifices plus tard, lorsqu'il est arrivé au pouvoir. Donc, passé Edea, deux ans. On l'a fait la septième et la sixième.
00:02:50 C'est naturellement qu'il va à Kono, parce qu'il y avait un seul séminaire, le même séminaire Saint-Joseph de Kono. Là-bas aussi, il va rencontrer plusieurs
00:02:59 personnes, qui ne sont pas forcément du Sud. Et c'est d'ailleurs là-bas qu'il rencontre également Saint-Anne Belinghebeto, qui sera pour lui décédée. Et ses amis se
00:03:11 rencontrent dans une sorte de cosmogonie ouverte. Il a des amis partout. Et donc, quand il quitte Kono, pour le rester clair, il va découvrir un nouveau monde, avec des nouveaux
00:03:28 amis, qui vont également lui servir dans le jouvent, lorsqu'il arrive au pouvoir. Donc, il y a Pierre Saint-Gongrès qui est là, qui fait la même classe que lui. Il y a Kodok. Donc, il y a plein de gens
00:03:38 qui ne sont pas seulement des gens ici, des saints-clés. Arrivé à Yaoundé, après les étapes de l'école primaire de Nden, du pré-séminaire de Deya et du petit séminaire
00:03:48 de Kono, Paul Bia est admis au lycée Leclerc de Yaoundé, où il va brillamment obtenir son baccalauréat, première et deuxième partie, en 1956, dans la classe de rhétorique et de
00:04:02 philosophie. A l'époque, je dois dire que nous sommes les seuls anciens élèves à avoir fait le concours d'entrée en seconde. Je ne sais pas s'il y en a eu d'autres
00:04:19 après. Je ne pense pas. Avant non plus. Donc, nous venons d'Akono, je crois, et moi étant lui-même le clerc, nous avons fait le concours d'entrée en seconde.
00:04:34 A priori, on devait prendre 120, mais on n'a sélectionné que 60. 60 ont été admis. Donc, Paul Bia et Semengel Pierre.
00:04:52 On était camarades. On était classique, mais lui était plus classique. On a quand même fait philo, les deux. Il était à philo 1 et moi à philo 2.
00:05:08 Ce que je dois dire quand même, c'est que nous avons pu avoir un haut baccalauréat, le baccalauréat qui s'était fait en 1956. Nous avons été les premiers lycées de France et de Navarre.
00:05:23 Au point de vue... On a eu pratiquement 98 % d'admis à la première section et les autres ont été admis à la deuxième section.
00:05:37 Cette sélection a permis que nous soyons classés à l'époque, les lycées, les lycées, les clercs, classés premiers de toute la France et de Navarre.
00:05:51 Le bac de 1956 était maître pratiquement en français. A l'époque, on se regroupait par affinités.
00:06:12 Affinités au point de vue savoir. Je crois qu'il a été maître en français. On se regroupait autour de lui.
00:06:26 Comme un garçon était maître en mathématiques, comme j'étais plus ou moins maître en chimie. Je ne sais jamais pourquoi d'ailleurs.
00:06:38 Une fois son baccalauréat en poche, une première page se referme pour le futur président de la république pouvoir s'ouvrir une autre plus exaltante encore.
00:06:50 Le président Poulbia est un homme bien formé. Un au niveau éthique avec l'école de la mission catholique de Nden, avec le pré-séminaire Saint-Arsicius d'Edea,
00:07:04 avec le petit séminaire Saint-Joseph d'Aconon. C'est le côté éthique, religieux, comportemental.
00:07:14 Avec les lycées-le-clerc, ça devient le côté strictement académique et scientifique.
00:07:21 Nous sommes partis vers le 24 septembre. Il y a eu des doualas en DC4 et DC6.
00:07:37 À partir de doualas, en passant par Cano-Nigeria, il y avait un autre scala à Alger, je ne sais pas avant, mais il y avait aussi Marseille et Paris.
00:07:51 Après le lycée-le-clerc, en France, le lycée Louis-le-Grand. Il a fait le lycée Louis-le-Grand, qui est l'un des plus grands lycées de France, avec le lycée René Descartes ou bien le lycée Henri IV.
00:08:05 Voilà les grands lycées. Il a fait le lycée Louis-le-Grand dans ce qu'on appelle Cagne et Hippocagne.
00:08:12 Quand vous avez terminé le baccalauréat, vous faites ce qu'on appelle première supérieure pour faire le concours d'entrée dans les grandes écoles.
00:08:21 Il a fait le lycée Louis-le-Grand. Ensuite, la Sorbonne, où il a obtenu un diplôme d'études supérieures en droit et en sciences économiques.
00:08:33 Ensuite, l'Institut d'études politiques de Paris. Ensuite, l'Institut de haute études d'Outre-mer.
00:08:40 Donc, voilà quelqu'un qui a déjà été bien formé au plan de la tête. Il a une tête bien pleine, ce qu'on appelle en France une tête vraiment pleine.
00:08:51 On appelle alors le lycée Louis-le-Grand l'école des présents, ce qui formait l'élite africaine.
00:08:57 Après avoir dirigé les pays africains qui étaient gouvernés par des gens qui avaient le CPE, donc le CEP si vous voulez.
00:09:06 Donc, quand Paul B. arrive là, il découvre un nouveau niveau. Il va tisser de nombreuses amitiés.
00:09:12 Et ce sera pour lui une assiste au congrès du pouvoir, plus tard, quand on le rencontre.
00:09:19 Le parcours de Paul B. en Europe est tout aussi éclectique. Au fur et à mesure qu'il progresse dans ses études, le jeune B. échafaude la fondation qui va lui servir de propulseur dans la suite de sa carrière.
00:09:35 On sentait quand même que le président allait être nommé, allait être président de la République.
00:09:49 Parce qu'il y a eu, je pense, deux remaniements ministériels. Un premier remaniement ministériel, il a été choisi pour être premier ministre.
00:10:00 Ensuite, il y a eu une modification de la concession où le premier ministre devait succéder au président de la République en cas de quelque chose.
00:10:20 Quand il arrive au Cameroun, les personnes qu'il rencontre en premier sont présentes en Europe, c'est du Nord. C'est Talban Malakoumate, également du Nord à l'époque.
00:10:30 Donc bref, c'est quelqu'un qui a tissé sa nace pendant très longtemps. Donc, au Cameroun, on ne peut pas prétendre arriver au pouvoir, si on ne s'appuie sur lui, c'est impossible.
00:10:42 Et lui, il l'a su avant les autres. Ce sont ces gens qui ont été ses béquilles. Lorsqu'il est arrivé en 1992, il arrive qu'il soit président de la République par la magie de l'ordonnance de 17-19-2003-26 août,
00:10:57 qui faisait du premier ministre le successeur consécutif du président de la République. Donc voilà comment il a déjà son équipe à lui, dans la tête.
00:11:07 Et notre tarif, c'est naturellement que le pays d'abord a son mentor, qui représente Aïdjo.
00:11:14 Son arrivée au pouvoir suscite tout à la fois curiosité, appréhension, rêve et espoir.
00:11:26 J'étais en mission ici, auprès de ma hiérarchie, c'était le ministre d'État, Ayissé Volo, qui était minac.
00:11:37 J'étais devant lui comme nous sommes là. Vers 17 heures, il prend le téléphone. Je ne sais pas qui était, mais la présence était avec lui au bout du fil.
00:11:56 J'ai vu, j'ai observé l'étonnement, l'ébaissement sur son visage. Il me dit "Monsieur le préfet, il faut rentrer à Balmaïo. Je suis appelé à la présidence de la République.
00:12:14 Sans plus, on se quitte donc. Je me mets aussitôt en route. Il ne me dit rien. Il ne sait même pas si il me mettait au courant.
00:12:24 Il m'a dit qu'il y aurait réunion du gouvernement de la République au Palais. L'impression qu'il m'a laissée, c'est qu'il n'était même pas au courant.
00:12:40 On est sortis pratiquement ensemble. Il était au pas de cause pratiquement. Je me mets en route et j'arrive à Balmaïo à 20h10.
00:12:58 Le poste national était sur le générique du journal, le Palais, de ce soir. Quand le journal s'ouvre, effectivement, à 20h25, c'était sur le message de démission du chef d'État.
00:13:20 J'arrive en salle de rédaction et je trouve cette ambiance par groupe, les journalistes qui spéculent. Certains disaient que la seule certitude, c'est que le ministre de l'information et de la culture de l'époque,
00:13:38 le professeur Guillaume Gouellé, et le directeur de la radio-diffusion de l'époque qui malheureusement nous a quittés, j'en profite pour saluer sa mémoire, Alexandre Koukouamissé, avait été appelé à la présidence pour un message extrêmement important.
00:13:51 D'ailleurs, autour de 20h45, 20h10, les deux vont faire leur entrée solennelle. Le ministre précédé du directeur de la radio et le ministre mettant fin à tout suspense, va annoncer que le président a été juridicité de démissionner.
00:14:14 Vous pouvez imaginer les mois qu'il s'est abattu sur toute la salle de rédaction.
00:14:21 Le journal démarre à 20h22. Entre temps, le ministre de l'information et de la culture, Guillaume Gouellé, est arrivé à la radio.
00:14:30 Tout le monde avait l'air hébété, pour ainsi dire. Les clavates n'étaient pas bien nouées, les chemises étaient portées n'importe comment.
00:14:39 C'était vraiment, comme je dis, l'excitation au sein de la rédaction, d'abord la stupéfaction, l'excitation, le stress et puis nous la fierté d'avoir le sentiment que nous allions faire l'histoire.
00:14:52 [Musique]
00:15:02 Mesdames, Messieurs, bonsoir. Nous sommes jeudi 4 novembre 1982. Il est 20h23. Un seul titre ce soir. Le président de la République s'adresse à la nation.
00:15:16 Camerounaise, Camerounaise, écoutez ce message du chef de l'Etat.
00:15:19 Camerounaise, Camerounais, mes chers compatriotes, j'ai décidé de dénoncer le président de la République du Cameroun. Cette décision prendra effet le 22 novembre 1982 à 10h.
00:15:41 En cette circonstance capitale, je voudrais, du fond du cœur, remercier toutes celles et tous ceux qui, depuis bientôt 25 ans, ont accordé leur confiance et apporté leur aide dans l'accomplissement de l'objet de tâches à la tête de l'Etat.
00:16:04 J'invite toutes les Camerounaises et tous les Camerounais à accorder sans réserve leur confiance et apporter leur contribut à mon successeur constitutionnel, M. Paul Pillon.
00:16:22 Je sors rapidement pour rencontrer mon supérieur hiérarchique à l'époque, c'était le préfet devenu gouverneur par la suite, Benoît Nambrot.
00:16:38 Je lui dis donc voilà ce que j'apprends. Il dit oui, mais il était couché, il était même barricadé. J'ai dû insister pour qu'on moure.
00:16:49 On est resté 5 minutes. Je suis ressorti et j'ai appelé le commandant de brigade de compagnie de gendarmerie du côté de Voyaq, le capitaine Umarou Sandak, qui est décédé aujourd'hui.
00:17:13 On se met à faire ce qu'on peut appeler, comme disent les militaires, une certaine patrouille.
00:17:22 On tournait, on allait sur l'axe de Yaoundé, ensuite Heboleva, San Melimar, on revenait, on tournait en ville. A partir de 10 heures, la ville s'est vidée de sa population.
00:17:42 Tout le monde est rentré. C'était je crois un samedi. Tout le monde est rentré.
00:17:47 Le 4 novembre 1982, nous étions à Yaoundé. Je n'étais d'ailleurs pas seul.
00:17:57 Je suis parti organiser un spectacle avec mon côté François Péa Sonam.
00:18:08 Nous étions en plein préparatif. On était déjà en train de s'entraîner avec l'orchestre.
00:18:21 Il fallait louer la salle. Il y a beaucoup de choses que nous avons eu à faire.
00:18:26 Pendant que nous étions à Yaoundé, tout est bien, tout est calme, tout marche.
00:18:36 Nous n'avons aucune idée de ce qui va arriver. Tout simplement, tout ce que je peux vous dire, c'est que nous étions en plein préparatif pour le spectacle du 5.
00:18:44 L'amour c'est tout, tout ce qu'il y a au monde, de l'air de beau, de triste, comme le disait le Christ.
00:18:55 L'alpha et l'oméga, le début et la fin, l'amour ne peut finir.
00:19:05 On arrive à l'hôtel. Le gars qui faisait la publicité tourne et revient nous voir.
00:19:13 Il nous dit que ça va marcher. Les gens sont en train d'être relax, ils ne sont plus comprimés comme ils l'étaient.
00:19:23 Il dit que ça va marcher. On lui dit que c'est bon.
00:19:29 Nous sommes un peu sereins. Nous avons essayé de nous reproduire un peu pour chacun dans sa chambre.
00:19:36 A un moment donné, je ne sais pas à quel moment, Koti est sorti.
00:19:43 Je ne savais pas qu'il était parti voir un peu au cinéma Théâtre Abia, parce que le spectacle était au cinéma Théâtre Abia.
00:19:53 Ce qui se passait là-bas. Il était à peu près 17h.
00:20:00 C'est quand il revient de là qu'il me trouve dans ma chambre et je lui dis d'entrer.
00:20:11 Il entre et dit que c'est mauvais là-bas. Il me dit qu'il y a un monde fou là-bas.
00:20:23 Quand je lui demande ce qu'il me dit, il me dit qu'il y a un monde fou. Je lui dis qu'il n'y a pas moyen. Il y a déjà des rangs là-bas.
00:20:32 Je lui dis qu'à pareille heure, il me dit que si il y a un doute, il peut aller.
00:20:38 Je monte dans le taxi avec lui et on arrive à distance. Il y a un rang qui part du capitole.
00:20:46 Il y a un commissariat là et on a presque bloqué la route.
00:20:54 J'ai regardé le ciel et je me suis dit que ce n'était pas possible. Dans le spectacle, nous l'avons réussi.
00:21:04 Je ne croyais pas. Nous sommes entrés à l'hôtel pour attendre l'heure.
00:21:10 Quand je reviens aux environs de 21h30, parce que j'ai exigé qu'on soit à l'heure pour commencer le spectacle,
00:21:16 on avait dit 21h, il n'y avait plus de place. Le monde était dehors. Le rang était toujours dehors.
00:21:22 Il n'y avait plus moyen d'entrer dans la salle. Les gens du cinéma Thia Trabia ont interdit aux gens d'entrer
00:21:30 parce que le balcon était plein, le bas était plein, tout était plein. Il n'y avait même pas moyen de s'écouler dans la salle.
00:21:37 Il n'y avait pas moyen de s'écouler dans la salle. Quand je suis arrivé, les gens m'arrêtaient dehors et disaient que je n'entrais pas
00:21:45 tant qu'ils ne sont pas entrés. C'était terrible! Il a fallu qu'on me fasse passer en dessous des policiers
00:21:57 parce qu'ils ont formé un truc et je suis passé en dessous pour entrer et atteindre la salle.
00:22:02 Quand je suis arrivé dans la salle, il n'y avait pas moyen. On m'a porté. Quand je suis arrivé, je vois ce monde,
00:22:10 les gens qui sont encore dehors et qui voulaient absolument entrer pour voir le spectacle.
00:22:16 J'ai dit mon Dieu! C'est Dieu même qui a béni ce spectacle. Non seulement ça, je me suis dit que peut-être les gens s'attendaient à cela.
00:22:26 Les gens s'attendaient à ce qui est un changement et le changement est arrivé. C'est la raison pour laquelle
00:22:35 les gens sont sortis massivement pour assister à ce spectacle. C'est quelque chose que je ne peux pas oublier.
00:22:42 C'est donc avec la bénédiction de tous, y compris les muses, que le président Bia va entamer l'épreuve du grand chèlem.
00:22:52 La première observation, c'est la première fois qu'un tel événement est arrivé dans le pays.
00:23:01 L'ancien président, le président Aïdjo, avait souhaité que nous puissions accorder à l'événement tout l'authentissement souhaitable.
00:23:13 En effet, lorsque le 4 novembre il a annoncé sa démission, le 5 au matin, il nous a convoqués dans sa résidence, le directeur de cabinet, moi-même,
00:23:29 le chargé de mission et Kédi Samnik. Il s'est adressé à moi d'abord en me demandant s'il y avait un texte qui organisait la passation de pouvoir
00:23:40 entre les deux chefs d'État, sortant et entrant. Je lui ai dit qu'il y avait effectivement le décret de 1976 qui avait tout prévu.
00:23:52 S'adressant au directeur de cabinet, il lui a demandé de mettre au point avec moi le programme de la manifestation.
00:24:10 Il nous a annoncé que le lendemain à 11 heures aurait lieu la passation de pouvoir entre lui et son successeur.
00:24:21 Il attendait le document avant midi. Effectivement, nous sommes mis au travail.
00:24:29 Il a souhaité que l'événement connaisse le ressentissement souhaitable, parce que c'était quand même un événement important, inédit au Cameroun.
00:24:42 Il a souhaité qu'on applique à la lettre ce qu'ont prévu les textes, en particulier en ce qui concerne les honneurs civils et militaires,
00:24:54 qui sont naturellement les plus élevés. Dans mon projet de document protocolaire, j'ai appliqué à la lettre ce que prévoyait le décret de 1976.
00:25:09 Je crois que, comme tous ceux qui étaient là à l'époque ont pu le constater, l'événement a connu un très grand ressentissement.
00:25:18 A 49 ans, Paul Bia accède à la magistrature suprême.
00:25:25 Et dans un cérémonial des plus réglés, il va offrir à son pays, le Cameroun, sa jeunesse, sa vie.
00:25:38 (Applaudissements)
00:25:45 (Présentation d'un mot à l'écriture)
00:26:13 (Applaudissements)
00:26:21 Dans son discours de prestation de serment, le nouveau chef d'état annonce les couleurs.
00:26:26 Dans le cadre de ces serments, j'entends situer l'action des années à venir sous le double signe de l'engagement et de la fidélité.
00:26:38 (Applaudissements)
00:26:47 L'engagement d'ordre constitutionnel et la réaffirmation du serment que je viens de prêter.
00:26:55 J'entends alors, avec l'aide de toutes les Camerounaises et de tous les Camerounais, et en ma qualité de Président de la République, chef de l'État et chef du gouvernement,
00:27:09 m'acquitter de ce devoir sacré que m'impose la Constitution, à savoir veiller à son respect, comme à l'indépendance, à la souveraineté, à la sécurité et à l'unité de l'État, assurer la conduite des affaires de la République.
00:27:30 Mon illustre Prédécesseur n'a jamais failli à ce devoir. Je n'y faillirai point.
00:27:39 (Applaudissements)
00:27:46 La suite va prendre les allures d'un véritable triomphe au nouveau chef d'État, de l'esplanade du palais de l'Assemblée Nationale à celui de l'unité.
00:28:00 (Applaudissements)
00:28:08 J'ai assisté au changement du pouvoir entre Haïtien et Paulien.
00:28:20 J'étais tellement curieux que je voulais assister à un grand événement historique.
00:28:27 Je suis arrivé avec ma vieille voiture à la présidence. J'étais un peu en retard. Les gardiens m'ont laissé passer comme si j'étais un homme concerné.
00:28:40 Ils m'ont dit d'aller là-bas, d'aller là-bas. Quand j'y vais, j'ai vu l'ascenseur qui s'ouvre. Haïtien et Paulien sortent.
00:28:48 Je me suis mis tout de suite derrière eux. J'ai ouvert une photo. Il n'y avait que Paulien et moi.
00:28:55 C'est comme si j'étais un gardien du corps. Ils avaient déjà fini. Haïtien partait. Ils disaient au revoir.
00:29:02 Je me suis donné le clé. J'ai attendu que Paulien remonte afin que je prenne aussi l'ascenseur pour aller au troisième étage.
00:29:10 On venait de lui donner la grande croix. J'ai trouvé des journalistes qui étaient là.
00:29:20 Bref, je n'avais pas voir le chapitre. Je voulais seulement assister à un grand changement dans l'histoire du pays.
00:29:27 J'ai assisté. J'ai vu la poignée de main. C'est ça qui m'importait beaucoup.
00:29:32 L'auditeur du protocole à l'école me tape sur le dos. Il me demande pourquoi je vais féliciter le président.
00:29:40 J'ai regardé et je me suis dit que j'avais trop faim. Je ne pouvais pas aller plus que ça.
00:29:46 J'ai regardé et j'ai vu que j'étais à Thannaz. J'ai vu que j'étais à Thannaz et que le ministre était là.
00:29:52 Si ma voix allait saluer Biyamina avant lui-même, ça serait mal interprété. Je me suis donné le couleur et j'ai disparu.
00:30:02 J'avais l'idée de voir le changement dans l'histoire.
00:30:16 Je suis étudiante à l'école supérieure internationale de journalisme de Yaoundé, aujourd'hui Estic,
00:30:22 et quand le président accède à la magistrature suprême.
00:30:27 Pour les jeunes étudiants que nous sommes, c'est un événement majeur. On n'a pas la chance tous les jours de vivre ça dans sa vie.
00:30:34 Et surtout, le manipulateur de la paix, sous la roulette du professeur Jacques Famendongo, décide d'aller sur place.
00:30:42 D'où est venu ce nouveau chef d'État, qui il est, pour aller voir sur place, d'où il vient, de quelle famille, parler avec les gens autour, parler avec sa mère, et ainsi de suite.
00:30:55 C'est véritablement un travail d'étudiant que vous avez sous la main et que vous voulez vous soulever aujourd'hui.
00:31:04 Mais plusieurs années en arrière, 50 ans en arrière, nous sommes très fiers de ce que nous avons produit à l'époque.
00:31:10 Je veux d'abord vous dire quel privilège a été le mien d'avoir l'opportunité de faire ce reportage en général, et cette interview en particulier.
00:31:19 Je pense d'ailleurs que c'est la seule interview que cette dame ait jamais donnée à la presse.
00:31:24 J'ai eu le moment de la réaliser. Ce qui m'a surtout frappée, c'est ce qu'elle m'a dit de son fils, le président Paul Biya.
00:31:38 Elle en a d'autres enfants, elle n'a pas lu ses autres enfants, mais s'agissant spécifiquement du président Biya, une des choses qu'elle m'a dit, c'est que très jeune,
00:31:47 il a fait preuve de beaucoup de sérieux dans la manière dont il conduisait sa vie.
00:31:52 C'était un enfant, mais c'était déjà une personne très sérieuse, et notamment dans ses études.
00:31:58 Elle nous a confié, elle m'a confié spécifiquement à moi, que c'était un étudiant très studieux, très sérieux dans ce qu'il faisait, dans tout ce qu'il faisait,
00:32:07 et que chaque fois que tous les deux se séparaient, quand il allait au séminaire Andem, ou à celui de Biya, ou à celui d'Akona, par où il est passé,
00:32:17 c'était un déchirement pour elle, parce qu'elle avait un attachement spécifique pour ce petit garçon, qui à ses yeux, c'était une maman d'un certain âge.
00:32:27 Quand elle me disait ça, elle disait qu'à l'époque, elle voyait déjà que c'est quelqu'un qui allait être différent de ses autres enfants.
00:32:34 C'est exactement ce qu'elle m'a dit. Son sérieux l'avait surprise, et elle pensait que de ce fait là, elle voyait quelque chose de spécial en lui.
00:32:42 Mais elle ne savait pas le définir elle-même à l'époque. Et j'imagine que surtout elle ne s'attendait pas à la nouvelle qui venait de tomber,
00:32:50 que son fils était devenu le président de la République. Et ça faisait simplement quelques jours.
00:32:55 Elle-même, j'imagine qu'elle était encore sous l'effet du choc. D'ailleurs, quand nous sommes arrivés, elle était tranquillement dans sa cuisine,
00:33:02 elle ne fumait ni cuisinait au feu de bois, sans façon. Elle nous a reçus véritablement comme un propre homme.
00:33:11 Le périple du nouveau chef d'Etat à travers le Cameroun, malgré la ferveur dans laquelle il se déroule, laisse clairement apparaître les premières fissures sur l'édifice Cameroun.
00:33:24 Dès son installation à la tête de l'Etat, le nouveau président définit avec précision les grandes lignes de son programme politique.
00:33:37 Ce programme, il faut qu'il le fasse accepter par le peuple. Il s'est rendu compte, lorsqu'il a parlé à l'Assemblée Nationale,
00:33:49 que le programme a été immédiatement accepté. La réaction du peuple a été immédiate. Tout le monde l'a applaudi.
00:34:00 Tout le monde a adhéré de façon automatique à ce que le président venait d'annoncer.
00:34:08 Il y en a qui pensent que c'est sa jeunesse qui a joué, certainement aussi, mais la vérité, c'est le contenu des messages qui était porteur d'espérance.
00:34:23 C'est ça qui a surtout plu au peuple. Ce programme, il a fallu que le président le fasse accepter par le Cameroun profond.
00:34:36 C'est pour cela qu'il a prévu d'aller vers le peuple et visiter les différentes provinces du pays.
00:34:51 Mais au moment où nous apprêtions à effectuer cette tournée des provinces, l'ancien président, qui était demeuré président du parti UNC,
00:35:07 a fait savoir qu'il voulait aller avant le président, que sous toutes les provinces, pour préparer la visite du président
00:35:21 et préparer les militants à réserver au nouveau président l'accueil qu'il méritait.
00:35:32 Naturellement, le président Bia a accepté et le président Aïdjo a effectué son tour des provinces avant le président Bia.
00:35:45 Effectivement, lorsque le président Aïdjo a fait cette tournée, tout le monde a pu s'en rendre compte.
00:35:55 Il a demandé aux militants d'accorder la même confiance au nouveau président qu'à lui-même.
00:36:04 C'est sûr, n'est-ce pas, ces encouragements que le président a entrepris dans cette tournée des provinces.
00:36:14 Il faut dire que les choses n'ont pas été bien préparées, puisque le président Aïdjo avait déjà arrangé avec les militants.
00:36:30 Les militants ont attendu le nouveau président et lui ont réservé un accueil particulièrement chaleureux.
00:36:39 Nous-mêmes avons préparé ce tour des provinces avec beaucoup d'attention, parce que pour le président c'était très important.
00:36:50 Il avait à faire accepter son programme de gouvernement au Cameroun profond.
00:36:58 Ce voyage devait aussi lui permettre de déceler les personnalités politiques chez elle, les personnalités influentes, populaires,
00:37:12 avec qui lui, le nouveau chef, devait travailler. C'est là-même qu'il pouvait l'aider à remplir son programme de gouvernement.
00:37:23 C'est avec beaucoup de soin que nous avons préparé cette tournée.
00:37:28 Nous avons commencé par le nord du pays, plus précisément par Marwa, qui était une nouvelle province créée par le président Bia.
00:37:44 C'était du véritable délire. A Marwa, les gens estimaient qu'elle était la fille aînée du renouveau.
00:37:56 A ce titre, nous avons réservé au président un accueil exceptionnel.
00:38:04 Ensuite, nous avons continué avec Garoua, Ngaoundéré, Berthoua, Bafoussam, Bamenda, Bweya, Douala et enfin Yaoundé.
00:38:24 Partout, le président a vraiment connu un accueil extrêmement chaleureux. Je peux dire qu'il est revenu réconforté.
00:38:35 Il a pu rencontrer des personnalités, comme je l'ai dit, et découvrir certains, avec qui il pouvait travailler dans la mise en œuvre de son programme.
00:38:49 C'est sur qui il pouvait compter pour cette mise en œuvre de son programme.
00:38:54 C'est ainsi que certains le connaissaient déjà, comme les anciens premiers ministres Belou ou Amadou Ali,
00:39:04 ou des personnalités politiques comme Gakoni Daissala, comme Augustin Frédéric Odok.
00:39:12 Ce sont des gens avec qui il a par la suite loué des accords de collaboration dans l'intérêt du pays.
00:39:21 Des divergences avec son prédécesseur qui ne vont pas tarder à s'afficher au grand jour,
00:39:29 et notamment lors de la cérémonie de remise du prix Dague à Majdouk.
00:39:35 Dans le cadre des difficultés que le pays a commencé à connaître à cette période-là, entre les deux présidents,
00:39:50 il faut signaler le cas de la mise du prix Dague à Majdouk au président Ayiot.
00:39:59 Il y a eu un incident qui a failli en créer des conséquences graves.
00:40:11 Il s'agissait d'une sorte de savoir qui devait arriver en dernier lieu au lieu de cérémonie au palais des congrès.
00:40:22 Le président de la République, ou le traité Paul Beah, ou le président du parti, l'ancien président Ayiot.
00:40:36 Au cours de la réunion que nous avons préparée pour arrêter le programme,
00:40:41 il s'est dégagé automatiquement deux tendances, celles que personnellement je défendais comme chef du protocole,
00:40:49 à savoir que c'est le président de la République qui devait arriver en dernier lieu et être accueilli par l'ancien président,
00:41:00 et d'autres, comme le présent à la réunion, ont soutenu le contraire,
00:41:07 qu'il fallait que ce soit le président Ayiot qui arrive en dernier lieu.
00:41:15 La discussion a été très dure.
00:41:19 A la fin, le chargé de mission, Ekedi, pour convaincre l'assistance, a déclaré que le président Beah lui-même était d'accord d'arriver avant le président Ayiot.
00:41:39 J'ai dit que dans cette condition, si le président lui-même est d'accord qu'on fasse cette entorse au règle du protocole, je ne m'opposerais plus.
00:41:50 Il a donc été décidé que le président Beah arriverait avant le président Ayiot.
00:41:59 J'ai donc préparé le cérémonial en conséquence.
00:42:06 Mais naturellement, j'ai rendu compte au président qui a été surpris de la décision qui était prise.
00:42:17 J'avais déjà rendu public le programme et il ne correspondait pas à ce qu'il devait être.
00:42:30 Du coup, une délégation de dons politiques de dignité de l'Etat et du parti s'est formée et a fait la navette entre la résidence du palais des autres où habitait le président Ayiot.
00:42:59 Pour que l'on trouve une solution à ce problème.
00:43:05 Finalement, c'est vers 2 heures du matin que le directeur de cabinet m'a téléphoné pour me dire que c'est le président de la république qui devait arriver en dernier lieu.
00:43:20 Il a fallu que cela soit connu du public puisque le programme était déjà publié et disait que l'inverse.
00:43:34 Lorsque nous sommes retrouvés au palais des congrès pour la cérémonie, j'ai été obligé de prendre un obéissance et d'annoncer avant que les personnalités n'arrivent
00:43:48 que je n'ai pas changé l'heure d'arrivée du président Ayiot qui était midi.
00:43:56 J'ai maintenu que le président Ayiot arriverait à midi comme prévu au programme, mais que le chef de l'Etat qui préside la cérémonie arriverait quelques minutes plus tard.
00:44:12 Cette annonce a décanté l'atmosphère car certains fonctionnaires qui n'avaient pas admis ce qui avait été publié initialement n'étaient pas venus à la cérémonie,
00:44:29 ils étaient restés dans leur bureau.
00:44:31 Lorsqu'ils ont entendu cela, certains ont quitté le bureau pour venir assister à la réunion.
00:44:39 Cela a permis de décanter l'atmosphère.
00:44:42 C'est un incident dont je profite pour clarifier les choses car c'est ce qui s'est passé.
00:44:50 Nous avons veillé à ce qu'il n'y ait pas de surprise, nous avons harmonisé les départs et les arrivées du président Ayiot d'abord,
00:45:03 ensuite le président de la République.
00:45:06 Tout le monde sait comment le président de la République a été accueilli par l'ancien président.
00:45:14 Je n'insiste pas là-dessus.
00:45:16 Cet incident vient à la vérité couronner une série de précédents qui démontrent clairement que la rupture est consommée entre l'ancien et le nouveau chef d'état.
00:45:26 Il y a eu d'abord l'arrivée de Bitterand, il y a eu un moment donné, Ayiot est donc parti en France pour aller se soigner.
00:45:38 Mais quand il est revenu, il a fait le tour du Cameroun sans aller dans sa propre région, soit disant pour réconforter le pouvoir de Bitterand.
00:45:52 En réalité, ce n'était pas tout à fait ça.
00:45:55 Le président Paul Bitterand allait consulter le président Ayiot pour le gouvernement, etc.
00:46:02 Mais en réalité, le président Ayiot voulait faire passer un projet de loi à l'Assemblée, mettant le parti au-dessus de l'état.
00:46:16 Une réunion devait avoir lieu, un bureau politique de l'UNC devait avoir lieu.
00:46:28 On a conseillé à Paul Bitterand de ne pas assister à cette réunion et d'aller attendre Bitterand. Il devait arriver.
00:46:37 Les éléments qui ont amené Paul Bitterand sont revenus à Yaoundé, l'Assemblée est seule.
00:46:45 Ils ont tenu une réunion dans la réunion de nuit du président Ayiot.
00:46:54 Quand je suis arrivé, j'ai identifié un certain nombre de gens qui étaient là-bas.
00:47:01 Quand je suis revenu, j'ai décidé de disparaître.
00:47:06 On s'est trouvé quelque part avec un certain nombre de gens dans un camp de fournouilles, dans le bureau d'administration territorial à l'époque.
00:47:24 On s'est trouvé quelque part. J'ai pu téléphoner la veille pour voir Mataga.
00:47:41 On voulait voir le président, mais Mataga n'a pas voulu.
00:47:48 Cet épisode a été fait entre juin 1983 et décembre.
00:47:59 Il s'est passé pas mal de choses.
00:48:02 Jusqu'à ce que le président Ayiot a quitté définitivement le Cameroun en n'emmenant même son char en n'utilisant pas l'avion présidentiel.
00:48:13 Cet exil n'est jamais revenu.
00:48:16 C'est sur ces entrefaites que François Mitterrand, arrivé au pouvoir en mai 1982 en France, entreprend d'effectuer une visite officielle au Cameroun.
00:48:25 Une visite qui fera date.
00:48:29 Le président Mitterrand vient d'entamer sa deuxième et dernière journée de visite officielle au Cameroun.
00:48:34 Une journée qui sera notamment marquée par un discours prononcé devant les députés camerounais et une rencontre avec l'ancien président, M. Ayiot.
00:48:42 L'un des moments importants de cette journée d'hier, ce fut le dîner officiel où le président français a non seulement rappelé sa position pour un nouvel ordre international, économique et monétaire,
00:48:52 mais il a encore proposé que les pays en voie de développement et les pays riches conçoivent un plan audacieux pour un développement parallèle de leurs économies.
00:49:01 Deux thèmes dans ce voyage africain.
00:49:06 Comment s'organiser pour ne pas aggraver le désordre économique ?
00:49:10 A ce sujet, M. Mitterrand répétera à différentes reprises, comme ici à l'hôtel de ville de Yaoundé, sa volonté d'établir un certain bon sens dans les rapports nord-sud.
00:49:23 Moins d'égoïsme et de spéculation et un respect plus équitable du cours des matières premières.
00:49:30 Deuxième thème développé hier soir, il faut éviter l'aggravation des conflits locaux.
00:49:39 Le Cameroun doit aussi veiller au maintien de la paix en Afrique.
00:49:43 Bien entendu, il est aussi question depuis hier de coopération entre la France et le Cameroun et de son amélioration.
00:49:52 Aujourd'hui, le président français se rendra dans le nord du pays, à Garoua, où il rencontrera M. Haïdjo, l'ancien président camerounais.
00:50:01 En 1983, le président Mitterrand est venu en visite officielle au Cameroun.
00:50:10 A l'Assemblée nationale, où il a pris la parole, s'adressant au président Milla, il lui a dit ceci, et je cite, "La France est à l'aise avec vous".
00:50:27 C'est tout dire. Et cela, il l'a dit à un moment où on commençait à noter quelques remous au sommet de l'État.
00:50:41 La preuve, c'est qu'après Yaouidi, le président Mitterrand est allé à Garoua, où se trouvait l'ancien président.
00:50:53 Et là-bas, autant que je me souvienne, il a tenté de jouer les intermédiaires entre les deux chefs d'État, pour que la situation dans le pays ne revienne au mot fixe.
00:51:11 Le président Aïdjo n'a pas assisté du tout à l'accueil qui a été fait au président Mitterrand à Garoua.
00:51:25 Je pense aux événements qui se sont déroulés avant 1984, en 1983, avec la visite du président Mitterrand, François Mitterrand.
00:51:45 J'ai encofré en mémoire ce qu'il disait dans son message. Je crois que c'est le seul président étranger que j'ai vu à l'Assemblée nationale.
00:51:57 Je conduisais la délégation du Nouveau-Bressau à ce grand événement-là.
00:52:06 J'ai entendu, j'ai retenu la phrase sur laquelle nous sommes heureux d'être à vos côtés.
00:52:16 Voilà.
00:52:18 Auparavant, quatre ans après la démission en 1982, il s'est passé d'autres événements.
00:52:31 En 1984, précisément, dans 1983, au mois d'août, vous vous souvenez, il y a eu ce grand maniement ministériel.
00:52:49 Donc, plusieurs personnalités, autres personnalités sont sorties. Nous sentions qu'il y avait quelque chose de plus lourd que cela.
00:53:01 Vous vous souvenez, moi, Abdoulaye Maïkanon et d'autres, en fait, qui sont partis.
00:53:10 Camerounaise, Camerounais, mes chers compatriotes, je m'adresse à vous aujourd'hui dans des circonstances qui revêtent un réel caractère de gravité.
00:53:28 Je suis sûr, chers compatriotes, que vous avez pleinement conscience de l'importance de l'étape décisive de l'histoire de notre pays que nous vivons.
00:53:42 Je connais la profondeur de votre patriotisme, la maturité dont vous avez toujours fait preuve dans toutes les circonstances difficiles,
00:53:54 votre loyalisme à l'égard des institutions et votre attachement à la paix, à l'unité et à la stabilité de la nation,
00:54:04 qui sont, hier comme aujourd'hui et demain, les conditions indispensables au succès de notre politique de développement dans l'équilibre et la justice.
00:54:17 Le 6 avril 1984, les Camerounais sont réveillés par des coups de canon et des bruits de bottes.
00:54:25 C'est la manifestation la plus violente des antagonismes observés au sommet de l'État au cours des derniers mois.
00:54:33 Nous allons vers 1984. Au mois de février, il y a eu une révision de la Constitution qui a ramené la République du Cameroun à la République turque,
00:54:59 avec tout ce que cela supposait. Nous avons observé quand même beaucoup de tensions dans la vie sociale.
00:55:13 Je suis allé dans la province du centre-sud avec mon chéri Yaoundé. Tous les événements qui se passaient à Yaoundé, nous les respirions à Balmaïo.
00:55:31 On sentait que quelque chose couvait. Il y a eu un coup d'État, ce n'était pas une tentative, il y a eu vraiment un coup d'État,
00:55:43 sauf que cela n'a pas réussi. Paul Billard a réussi quand même à rentrer dans le bunker de la présidence avec un certain nombre d'éléments,
00:55:53 commandé par Aïvo, qui est là maintenant encore. J'étais chez moi, vers minuit, 4 minuits,
00:56:09 nous avions un téléphone particulier à l'époque. C'est un mec qui était directeur de la sécurité qui m'appelle en disant que les chars
00:56:25 sont en train d'aller à la présidence. Lorsque j'ouvre ma fenêtre, j'étais habitué à l'habitude ici, je vois également que les blindés se dirigent
00:56:40 chez moi. Ils se sont positionnés à l'entrée là-bas et ils ont commencé à tirer. Je me suis dit qu'effectivement, c'est un coup d'État.
00:56:53 En me demandant de me rendre d'ailleurs, la première chose que je prends à la maison, c'est de rendre les enfants dans la zone la plus chaude de la maison.
00:57:05 Je me suis bien habillé en militaire et j'ai pris une arme et des grenades. Cela a continué jusqu'à, mettons, vers 8 heures du matin.
00:57:21 Entre temps, je voulais sortir par la porte de derrière, mais en cherchant les clés dans l'obscurité, je n'ai pas pu les trouver.
00:57:32 Je me suis blessé à l'époque. J'ai eu trois balles. Une est sortie par-dessus. Les deux autres sont allées se loger à un millimètre de mon poumon droit.
00:57:47 Je ne le savais pas. Ma papa a pris un gareau et un blindé m'a entré dans la maison. Malheureusement, la porte ne pouvait pas permettre au blindé d'entrer dans la maison.
00:58:05 Il n'a pas pu entrer. Finalement, peut-être qu'ils me connaissaient aussi, que je n'étais pas un mauvais tueur. Ils pouvaient venir à pied, mais je leur disais que je suis capable de me défendre et que j'avais les moyens pour cela.
00:58:26 Ils ne sont pas venus. Ils sont revenus de l'autre côté et continuent à me tuer.
00:58:36 Entre temps, est venu un ami qui avait une femme médecin, Tonia Bachom, et sa femme qui était médecin.
00:58:49 Ils ont négocié avec les mythes qui lui ont donné 15 minutes pour me soigner et pour que je leur livre.
00:59:02 Ils n'ont pas voulu donner. Nous étions bloqués dans la maison.
00:59:11 À partir de 8 heures, les gens qui allaient au travail et partout, ont aveuglé les militaires et les gendarmes qui étaient là.
00:59:25 J'ai pu m'échapper par un trou de climatiseur.
00:59:34 On devait climatiser la maison. On avait fait un trou, mais on a pu en mettre des grillages.
00:59:42 J'ai pu profiter d'un trou pour descendre sur l'autre côté.
00:59:49 La barrière n'était pas aussi haute. Elle était un peu plus bas.
01:00:01 J'ai donc sauté et je dis au revoir à ma future femme. Je n'étais pas encore ma femme à l'époque.
01:00:07 Si on se voit, tant mieux. Si on ne se voit pas, tu t'occupes des enfants.
01:00:12 J'ai atterri de l'autre côté. L'autre côté, là-bas, habitait un colonel, le colonel Nyemek.
01:00:20 Il avait avec lui quelqu'un qui travaillait à la construction nouvelle à l'aéroport.
01:00:30 Avant de le faire, j'ai pu téléphoner un peu partout.
01:00:38 J'ai pu avoir Ngara, son ancien médecin-major.
01:00:49 Il était venu à Yaouné. Il a trouvé plus ou moins ce coup d'état. Il était en train de rentrer.
01:00:57 J'ai eu Ngara. Je lui ai donné des ordres.
01:01:02 Il a pu prendre son bataillon et venir à Yaouné.
01:01:08 J'ai donné des ordres à Kutaba. Il y avait Mbombaq qui était là-bas.
01:01:13 J'ai donné des ordres également aux jeunes militaires, notamment au détachement des jeunes militaires
01:01:21 qui se trouvaient à Tikko. C'était la route entre Tikko et Bouia.
01:01:30 Benaï est commandé par le détachement.
01:01:36 Nous sommes toujours le 6 avril, le grand matin.
01:01:40 J'ai réussi à tromper la vigilance des gens qui vivaient.
01:01:47 Je me suis mis dans le coffre d'un véhicule de ce monsieur qui travaillait à la construction nouvelle.
01:01:58 Je me suis mis dans son coffre. Il y a un itinéraire à suivre.
01:02:03 L'ambassade de France, le pont de Lesoing, dans le barrage de la brasserie du Cameroun.
01:02:14 Il y a une femme, Mme Akwa, qui habitait là-bas.
01:02:21 Akwa Philippe avait été mon camarade de classe.
01:02:24 Elle avait un fils de 12 ans à peu près.
01:02:32 Quand je suis arrivé là-bas, elle m'a donc reçu.
01:02:35 Très bien.
01:02:37 Vous avez votre blessure?
01:02:39 Non, je n'avais pas de problème. J'ai des balles dans le corps plus tard.
01:02:47 J'ai demandé au jeune homme de 12 ans d'aller regarder à l'aéroport ce qu'il voyait.
01:02:57 Le jeune homme est venu me dire qu'il voyait des soldats partout avec des fusils qu'il regardait en l'air.
01:03:06 Ça m'a édifié. Il avait donc des armes anti-aériennes.
01:03:12 J'ai repris mon véhicule, le véhicule de ce monsieur.
01:03:17 On est passé par la météo et par là vers Mbalmayo.
01:03:33 On est arrivé à Mkonda. C'est là où j'ai arrêté les gens.
01:03:38 Je leur ai demandé de revenir sur Mbalmayo et qu'ils reviennent après les affaires.
01:03:48 J'étais dans le centre de jeunesse qui était là-bas à l'époque.
01:03:54 En regardant les populations de sa voie, je savais que les premiers allaient arriver.
01:04:01 J'ai attendu là-bas jusqu'à 13 heures.
01:04:06 Les radios, notamment la radio France Internationale,
01:04:11 qui donnaient des fourmorts, etc.
01:04:14 J'étais très rigolé.
01:04:16 Vers 13 heures, arrive enfin le premier tout.
01:04:23 Il y avait un bataillon avec une dizaine de véhicules.
01:04:35 C'est sur la route qu'on a...
01:04:38 On est venu me l'avertir qu'il y avait des Bogotus.
01:04:41 Sur la route, on a fait le plan d'attaque.
01:04:45 Il fallait prendre l'aéroport.
01:04:48 On a fait le plan sur le capot de Sagib.
01:04:53 Il m'a amené à bord d'une des Zip et arrivé à Topikala.
01:05:04 Il devait donc monter à l'aéroport.
01:05:09 Je passais par le premier à droite pour essayer de rejoindre le ministre de la Défense, Anjel Chungui.
01:05:21 Il avait pu être pris par un colonel qui n'a amené aucune unité.
01:05:26 Il y avait donc l'état-major.
01:05:30 C'est comme ça, l'état-major organisé.
01:05:34 C'est le ministre Anjel Chungui?
01:05:36 Oui, il était à l'époque ministre de la Défense.
01:05:39 Par cette Zip, j'ai pu rejoindre, en passant par la route de Kodengui,
01:05:50 arrivé à Mafobar, le pont de la gare, Marikoker, et puis rejoindre l'état-major.
01:06:06 J'ai trouvé que bon, un certain nombre de choses avaient été faites quand même.
01:06:15 Les militaires présents n'avaient pas d'armes.
01:06:23 Ils avaient pu, mettons, casser Arthur, qui prend les armes de chasse qui étaient là.
01:06:33 Il y avait également un colonel, à l'époque un dongonkwa, commissaire-dirigionnaire par la suite,
01:06:49 avait pu prendre certaines armes également à l'école nationale de police.
01:06:56 Un coup de main a permis à un certain nombre d'officiers, dont Ndiakou, Samobo, etc.,
01:07:06 d'aller au quartier général pour se propager une arme.
01:07:13 Quand l'incident arrivait, d'ailleurs,
01:07:17 j'ai pu prendre un sous-officier qui avait une radio, parce que c'était à l'époque Tokyo.
01:07:31 C'est là que j'ai appris que l'état-major s'était réuni au camp de l'unité.
01:07:40 Quand j'arrivais au camp de l'unité, beaucoup m'ont dit qu'il avait pris l'aéroport et qu'il en était maître.
01:07:49 J'ai dit donc de rester sur place.
01:07:53 J'y suis donc arrivé au camp de l'unité et de prendre en main le commandement de l'état-major.
01:08:03 C'est là qu'on a fait le plan de conquête de la ville de Yaoundé.
01:08:07 J'avoue qu'à ce moment-là, nous étions orphelins,
01:08:14 parce qu'au niveau de Yaoundé, la plupart des milices ont disparu.
01:08:21 La seule personnalité que j'ai eue chaque matin, chaque soir au téléphone,
01:08:28 c'était le ministre Choungui, Chidbara Ndechongui.
01:08:36 Je garde une mémoire forte pour lui.
01:08:42 Il nous appelait chaque matin, chaque soir,
01:08:46 pour avoir le compte en vue de la situation qui provoquait dans les circonstances administratives.
01:08:53 Il me précisait même qu'il paraîtrait que parmi ceux qui ont fui Yaoundé,
01:09:02 il y en avait qui étaient vers le Ndégonde-Chadi pour pouvoir rejoindre le Chad,
01:09:09 ou le nord de Nigeria.
01:09:12 Nous avons travaillé avec lui pendant trois jours d'affilée.
01:09:18 C'est pourquoi je suis resté avec lui comme un fils adoptif,
01:09:25 parce que j'ai beaucoup apprécié sa volonté de préserver l'ordre et la paix pour le Nord-Sud-Pluie.
01:09:35 J'ai eu l'occasion de développer dans le pays un certain nombre d'options,
01:09:42 qui étaient la justice sociale, l'intégration nationale, la rigueur,
01:09:48 dans la gestion du patrimoine national, la moralisation,
01:09:54 l'excellence, l'efficacité, et en particulier,
01:09:59 j'ai tenu à affirmer la primauté de l'État par rapport aux partis.
01:10:10 Bien sûr, ces options ne pouvaient pas faire l'unanimité.
01:10:19 Le Pouche apparaît finalement comme le dernier acte violent d'un processus de position
01:10:31 entre ces options qui étaient les options du renouveau,
01:10:38 et puis les positions des nostalgiques,
01:10:42 qui n'entendaient pas voir changer l'ordre ancien des choses.
01:10:50 Le Pouche est un acte de justice sociale,
01:10:56 un acte de respect pour les droits de l'homme,
01:11:01 un acte de respect pour la liberté de l'expression,
01:11:06 un acte de respect pour la liberté d'expression,
01:11:11 un acte de respect pour la liberté d'expression,
01:11:16 un acte de respect pour la liberté d'expression,
01:11:21 un acte de respect pour la liberté d'expression,
01:11:26 un acte de respect pour la liberté d'expression,
01:11:31 un acte de respect pour la liberté d'expression,
01:11:36 un acte de respect pour la liberté d'expression,
01:11:41 un acte de respect pour la liberté d'expression,
01:11:46 un acte de respect pour la liberté d'expression,