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Transcription
00:00 On ne peut pas dire que la langue française soit sexiste en soi.
00:02 En ce qui concerne son usage,
00:04 peut-être qu'effectivement, il y a un certain usage de la langue française
00:08 qui peut paraître sexiste,
00:09 et il y a un groupe de personnes
00:11 qui veulent avoir une certaine influence sur la langue
00:14 et peut-être écarter la féminisation de la langue.
00:19 Au XVIIe siècle, par exemple,
00:21 il existait des noms de métiers aux féminins
00:23 qui ont volontairement été écartés de la langue,
00:26 déconseillés à l'usage,
00:27 notamment pour des métiers considérés comme prestigieux,
00:30 et notamment le métier d'écrivain, écrivaine, auteur, autrice.
00:34 Il y a plein de noms de métiers comme ça, doctoresse, autrice.
00:37 Aujourd'hui, on a un peu de haine,
00:40 en tout cas, certaines personnes ont un peu de haine pour le mot "autrice".
00:43 Je pense que ça vient du fait qu'on a l'impression
00:45 qu'il s'agit là d'un néologisme, qu'il s'agit d'un nouveau mot,
00:48 alors qu'en fait, il fonctionne comme d'autres termes,
00:50 actrice, traductrice,
00:52 et qu'il existait avant le terme "auteureux",
00:57 alors que là, il s'agit bien d'un néologisme qui nous vient du Québec.
01:00 Est-ce que si on a neuf femmes et un homme,
01:02 on va utiliser le masculin ou le féminin ?
01:04 On a appris, en général, qu'on allait plutôt utiliser le masculin,
01:08 et on allait dire que le masculin serait un genre neutre.
01:10 Non, le masculin n'est pas un genre neutre.
01:12 Le masculin, grammaticalement, est le genre grammatical masculin.
01:16 Ça peut donner l'impression, pour les neuf femmes qui sont dans ce groupe,
01:20 qu'elles sont soit considérées comme des hommes,
01:22 soit, tout simplement,
01:24 leur présence n'a pas vraiment d'impact sur le groupe.
01:30 Il y a une sorte de domination qui passe par le langage,
01:33 et il y a une inégalité aussi au niveau du genre social.
01:37 -D'abord, c'est faux, madame la ministre.
01:39 -Je suis étonnée que vous fassiez encore ce genre d'erreur,
01:41 monsieur l'rapporteur.
01:43 Pour le reste, sur la question...
01:47 -Madame la ministre, s'il vous plaît,
01:49 permettez-moi de vous dire que lorsque M. Aubert
01:52 a dit "madame le président", on peut en penser ce qu'on veut,
01:54 mais c'est conforme à la langue française.
01:57 C'est conforme à la langue française.
01:59 Lorsque vous dites "monsieur l'rapporteur",
02:02 c'est une provocation et je ne veux pas la laisser passer.
02:05 -Madame la présidente, avec tout le respect
02:07 que je dois à votre personne et à votre fonction,
02:09 et vous savez que je vous apprécie énormément,
02:11 je demande de manière très claire
02:15 à être appelée "madame la ministre".
02:17 Si monsieur le député ne respecte pas cela,
02:20 eh bien, il sera appelé "monsieur l'rapporteur",
02:22 et j'en prends la pleine responsabilité.
02:24 -Non, madame la ministre.
02:25 Je crois que là, vous ne pouvez pas tordre les usages de la langue.
02:29 Je regrette. -Ah si, si.
02:30 -On peut se poser la question "pourquoi ce n'est pas possible ?"
02:32 Est-ce que parce qu'elle touche à la langue,
02:33 mais on pourrait se dire que l'rapporteur est tout à fait possible,
02:36 le système de la langue le permet,
02:38 ou est-ce qu'en fait, un homme est genré au féminin ?
02:41 Elle utilise le genre grammatical féminin,
02:43 ce qui implique de l'assigner au genre social féminin,
02:47 et ça ne passe pas.
02:49 Il ne faut pas que un homme soit genré au féminin socialement.
02:51 Le langage inclusif, ce n'est pas nouveau.
02:54 On le retrouve depuis quelques années,
02:56 notamment, Julia Boulle a montré dans les textes théologistes juifs
03:00 où les femmes utilisaient une forme de langage inclusif.
03:05 C'est plutôt le terme "inclusif" qui peut paraître un peu plus récent,
03:09 dans les années 2010, je dirais.
03:12 Le langage inclusif peut prendre plusieurs formes,
03:14 le "E" en majuscule, par exemple,
03:16 ou le fait d'utiliser un point, des parenthèses, le point médian.
03:20 Les personnes ne sont pas habituées à lire avec un point médian,
03:23 donc ça peut effectivement gêner la lecture,
03:26 mais il y a d'autres moyens de faire du langage inclusif
03:28 si le point médian gêne.
03:30 Peut-être que d'autres formes vont vraiment s'installer dans la langue.
03:34 Je vous assure, on est capable tout à fait de s'adapter à l'évolution,
03:38 comme à l'évolution de la langue.
03:40 Par exemple, on s'est adapté au terme "par qui".
03:42 J'ai retrouvé une vidéo de 1980
03:45 où les personnes détestaient le terme "par qui",
03:48 ne savaient pas comment elles allaient s'habituer à ce terme.
03:52 Aujourd'hui, je pense qu'on ne se pose plus trop de questions sur ce mot.
03:54 Donc de la même manière où on s'est habitué au terme "par qui",
03:58 on s'habituera sans doute au langage inclusif
04:00 et pas seulement qu'à l'écriture inclusive.
04:03 ...

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