Comme chaque jour dans le Live Toussaint, BFMTV répond à vos questions sur l'actualité.
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00:00 Les EHPAD, toujours dans le viseur avec une nouvelle enquête.
00:03 Oui, les vieux méritent mieux.
00:05 C'est un bon slogan, un slogan choc,
00:07 mais un slogan de la mobilisation de début octobre.
00:10 Il y avait eu 20 000 personnels, professionnels, familles,
00:13 des personnes âgées qui s'étaient réunies à l'appel de la FNADEPA,
00:16 la fédération qui regroupe tous les directeurs d'établissements
00:19 qui s'occupent de nos anciens, des résidences aussi autonomies,
00:21 des services à domicile.
00:23 Une première sonnette d'alarme face à toutes ces difficultés
00:26 auxquelles ils sont confrontés simplement,
00:28 puisqu'on se souvient du scandale EURPEA,
00:31 on se souvient plus récemment du groupe EMRA
00:34 qui est dans la tourmente également.
00:35 Donc on le comprend, c'est vraiment tout le secteur en fait
00:37 qui manque de moyens.
00:38 Annabelle Weck, vous êtes la directrice de la FNADEPA
00:41 qui a sonné l'alarme début octobre.
00:44 Vous êtes avec nous pour nous relater un peu l'enquête
00:47 que vous avez faite, très sérieuse, auprès de vos 1500 adhérents.
00:53 Elle révèle que 78% des établissements et services
00:56 manquent de personnel.
00:58 Certes, il y a une amélioration depuis 2022 légère,
01:01 mais ça reste un chiffre édifiant.
01:03 Ça signifie quoi concrètement ?
01:05 Ça signifie que forcément, il y a des mauvais traitements
01:07 dans ces établissements ?
01:08 Bonjour, ça signifie d'abord que l'ensemble des établissements
01:12 et services manquent de personnel
01:14 et que les personnes âgées au quotidien, leurs familles,
01:17 les professionnels aspirent à avoir plus de personnel.
01:21 Concrètement, ça veut dire qu'on n'a pas assez de temps
01:23 pour accompagner correctement les résidents.
01:25 Ça ne veut pas dire forcément des mauvais traitements,
01:26 ça veut dire que l'accompagnement n'est pas idéal, n'est pas optimal.
01:30 En moyenne, des études montrent qu'on a un temps effectif
01:33 de présence de personnel auprès des personnes âgées à domicile,
01:36 comme en établissement, qui est de l'ordre d'une heure par jour.
01:39 Une heure sur 24, c'est très peu,
01:40 même quand on a un niveau de perte d'autonomie avancé.
01:43 Donc, il y a une priorité qui est celle de notre fédération,
01:46 la FNADEPA, c'est d'avoir davantage de personnel.
01:49 C'est une priorité d'ailleurs qui a été relevée
01:51 par différents rapports d'experts,
01:53 celui notamment de l'ancienne ministre Myriam El Khomri,
01:55 qui écrivait en 2018 qu'il fallait 100 000 professionnels,
01:59 100 000 recrutements nouveaux sur 5 ans.
02:02 Ça veut dire 20 000 personnels chaque année supplémentaire.
02:04 Le gouvernement, cette année, a recruté 3 000 nouveaux personnels
02:08 et en prévoit 6 000 en 2024.
02:10 Ça veut dire qu'on prévoit 9 000 postes sur 40 000 qu'on aurait dû recruter.
02:14 Donc, il y a un fossé qui se creuse.
02:15 Et aujourd'hui, on constate un écart massif entre la situation en France,
02:18 où on a à peu près 6 professionnels pour 10 résidents,
02:21 un peu plus, 6,5 pour 10 résidents,
02:23 et par exemple les pays du Nord, comme le Danemark,
02:25 où vous avez 10 professionnels pour 10 résidents,
02:27 jusqu'à 12 pour 10 résidents.
02:29 Donc cet écart, qui va parfois jusqu'à 30 ou 50 % de personnel en plus,
02:33 concrètement, c'est du temps d'accompagnement,
02:35 c'est du temps de présence, c'est du temps d'animation,
02:37 c'est du temps de soins qu'on ne peut pas offrir de manière optimale.
02:42 C'est vrai que pour tout ce que vous donnez comme exemple,
02:44 il faut forcément des moyens et 78 %,
02:47 et pardon, plus de 92 % dans votre enquête, c'est le chiffre,
02:51 des établissements estiment qu'il va être déficitaire en 2023.
02:55 Le résultat, c'est que la moitié des directeurs,
02:57 ils ont envie de quoi ? De claquer la porte,
02:59 à court ou moyen terme, on peut les comprendre.
03:01 Pour vous, vous avez parlé de...
03:02 Quelles seraient les mesures d'urgence ?
03:03 Vous voulez même une loi, aller plus loin avec une loi, je crois ?
03:06 Alors depuis 2007, effectivement,
03:08 tous les présidents de la République ont annoncé une loi grand âge,
03:10 et tous sont revenus sur leur promesse,
03:12 le dernier d'entre eux étant le président de la République.
03:15 Concrètement, ce dont on a besoin, ce sont des mesures d'urgence à court terme.
03:18 La préoccupation des directeurs aujourd'hui,
03:20 tous les jours, j'ai des adhérents qui me disent,
03:22 ma préoccupation, c'est trouver du personnel,
03:24 faire tourner mes plannings pour avoir au quotidien des personnels
03:26 qui accompagnent les résidents et les personnes à domicile.
03:29 Deuxième préoccupation, finir l'année à l'équilibre.
03:31 On ne parle pas de faire des excédents, on ne parle pas de gagner de l'argent,
03:34 on parle simplement de permettre aux établissements de continuer d'exister.
03:39 Et à court ou moyen terme, aujourd'hui, cette situation-là est en péril.
03:42 On a des directeurs qui...
03:43 J'ai eu un directeur cette semaine qui m'a dit,
03:45 j'ai 5 000 euros sur le compte en banque de l'établissement.
03:47 À ce jour, je ne peux pas payer les salaires à la fin du mois.
03:49 C'est une réalité.
03:50 Donc, il y a un fonds d'urgence qui a été débloqué par la ministre,
03:52 qui est de l'ordre de 100 millions d'euros.
03:54 Nos estimations nous montrent qu'il faudrait plutôt de l'ordre de 500 millions
03:58 pour faire face au déficit des établissements.
04:00 Ça veut dire qu'il faut qu'on change de modèle.
04:02 On ne peut pas rester constamment sous perfusion.
04:04 Et ça veut dire qu'il faut qu'on modifie durablement la tarification
04:08 et donc les budgets des établissements.
04:09 Ça veut dire aussi qu'il faut les indexer sur l'inflation.
04:11 Aujourd'hui, on a une inflation qui est de l'ordre de 5 à 6 % dans notre pays.
04:15 Le coût de l'alimentaire et de l'énergie pèse encore plus fort
04:18 dans les établissements et les services.
04:19 Ça veut dire qu'on est plutôt sur 8 % d'inflation
04:22 et les budgets sont peu revalorisés.
04:23 On est de l'ordre de 3 % de revalorisation.
04:25 Donc, il y a un fossé qui se creuse et des déficits qui se cumulent.
04:28 Merci beaucoup, Anna Belvec.
04:29 On a bien compris pour répondre à Dominique.
04:31 Il faut plus de moyens pour être certain que nos anciens soient bien traités.