L'armée israélienne indique avoir mené des "opérations ciblées" avec des tanks dans Gaza dans la nuit de mercredi à jeudi. "Les chars et l'infanterie ont frappé plusieurs cellules terroristes et des postes de lancement de missiles anti-char", selon Tsahal.
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00:00 l'actualité de la nuit, Patrick Sos. Les mots sont importants.
00:02 L'incursion des blindes des Israéliens dans la bande de Gaza.
00:06 Oui, ce sont les mots de Tzahal, de l'armée israélienne.
00:09 Ils sont donc venus dans la bande de Gaza, ont fait ce qu'ils avaient à faire
00:13 et sont repartis. Ils annoncent qu'ils sont repartis.
00:15 Alors, ce n'est pas du tout la première fois qu'il y a ce type d'incursion
00:19 depuis quelques jours, mais jusqu'ici, en tout cas, on communiquait
00:23 sur une incursion de force spéciale, avec notamment un mort côté israélien.
00:28 Pas très loin, on neutralisait terroristes.
00:30 On démine aussi, parce que j'avais bien remarqué que c'était
00:32 des soldats du génie. Et cette fois, on est allés plus loin,
00:35 puisque vous voyez les images communiquées par l'armée israélienne
00:38 avec des neutralisations d'avant-poste gazaoui du Hamas,
00:45 avec des pas de tir de lance-missiles également.
00:48 Est-ce qu'il y a eu des neutralisations également de terroristes ?
00:51 On ne sait pas. Est-ce que des soldats sont restés
00:53 et sont en train de continuer à opérer ? On ne sait pas non plus.
00:57 Mais les chars sont revenus. Vous pouvez appeler ça les prémices.
01:00 Mais finalement, on est déjà dans les prémices de l'offensive terrestre
01:03 depuis quelques jours, ce qui n'empêchera pas Netanyahou,
01:06 comme on a pu entendre dans "Légende américaine",
01:07 de retarder quand même vraiment l'offensive,
01:10 parce que pour l'avoir vu hier sur place, effectivement,
01:13 c'est un annonce extrêmement compliquée pour tout le monde,
01:15 surtout pour les civils.
01:16 Ça veut dire que l'offensive terrestre, la vraie offensive terrestre,
01:20 entre guillemets, elle pourrait en fait ne jamais commencer.
01:23 Il s'agirait de simples incursions comme celle à laquelle
01:26 on a assisté cette nuit ?
01:27 Vous vous souvenez, je crois que je suis arrivé en urgence sur le plateau
01:30 parce que Netanyahou avait donné son feu vert pour l'opération militaire.
01:33 C'était quand ? C'était il y a dix jours quasiment.
01:35 Est-ce qu'il y a eu opération ? Non, il y a eu le feu vert politique.
01:38 On est toujours dans la préparation.
01:40 Ça vous montre aussi, on est très pragmatique dans l'armée.
01:42 On n'est pas dans le symbolique à dire "on rentre,
01:45 ça y est, on est rentrés dans Gaza et vous allez voir qu'on est les plus forts".
01:47 Non, ce terrain-là, les avant-postes, je dirais, du Hamas
01:51 et les premiers kilomètres de la bande de Gaza,
01:55 ce n'est pas encore quelque chose d'extrêmement dense.
01:57 Il y a une espèce de "no man's land",
01:58 un "no man's land" mais alors truffé de mines, d'engins artisanaux.
02:02 On a vu ça notamment des cartables d'enfants et les soldats les ouvraient.
02:05 C'était ce qu'on appelle des "booby traps", c'est-à-dire des mines.
02:08 Et nous aussi, on va entrer dans Gaza avec des images ce matin,
02:11 des images dans les décombres de l'enclave palestinienne.
02:14 Alors, il n'y a plus de rédaction dans la bande de Gaza,
02:16 Internet est coupé, Gaza est interdite aux étrangers.
02:18 Les reporters sans frontières, d'ailleurs, dénoncent un étouffement médiatique.
02:21 Et dans ce contexte, impossible pour nos journalistes
02:23 de se rendre sur place à Gaza.
02:25 BFM TV est donc entré en contact avec un journaliste palestinien
02:29 qui, pour nous, a passé 12 heures hier avec un ambulancier palestinien.
02:33 Voici son reportage.
02:35 Nous avons flouté les images les plus dures,
02:37 mais certaines peuvent choquer les plus sensibles d'entre vous.
02:40 Document BFM TV de Mohamed Abou Safia, Fabrice Babin et Caroline Philippe,
02:44 avec Manuel Abou.
02:45 Au milieu de la nuit, Salem Moustafa,
02:51 ambulancier du croissant rouge, fonce au volant de son véhicule.
02:57 En pleine rue, des habitants lui font signe.
02:59 Un immeuble vient d'être touché par une explosion.
03:02 Il s'arrête.
03:03 Un premier enfant blessé grimpe à bord.
03:14 Très vite, Salem Moustafa veut repartir.
03:16 Mais dehors, c'est la panique.
03:36 Une femme, le visage en sang, monte à bord.
03:42 Salem Moustafa s'extirpe avec son véhicule, direction l'hôpital Nasser.
03:46 L'hôpital a triplé le nombre de places en réanimation à cause des bombardements.
04:09 Depuis le 7 octobre, ce père de 4 enfants,
04:13 ambulancier depuis 18 ans, enchaîne les interventions.
04:17 - Le sommeil est devenu notre ennemi.
04:23 On ne peut pas se permettre de se reposer.
04:26 J'ai réussi à dormir une heure, mais j'avais mauvaise conscience.
04:29 Depuis 4 jours, je n'ai dormi que 6 à 7 heures.
04:32 Et pendant mon sommeil, je n'ai rêvé que d'explosions et de tirs de missiles.
04:37 Ça me réveille.
04:39 Quelques minutes de pause, puis l'ambulancier repart sur le terrain.
04:45 Ce soir-là, il aura transporté 8 blessés et 2 cadavres.
04:52 - Voilà, document BFMTV signé Mohamed Abou Safia,
04:56 qui a tourné ces images au péril de sa vie.
04:59 Il faut préciser, une vingtaine de journalistes ont été tués
05:02 depuis le début de ces opérations, depuis le 7 octobre.
05:06 On vous voyait regarder ces images avec des yeux écarquillés.
05:10 C'est ça, la réalité de Gaza aujourd'hui ?
05:13 - C'est ça la réalité, c'est ça que témoignent nos équipes.
05:15 Un médecin de monde, il y a une vingtaine de personnes à Gaza.
05:18 Je répète, c'est des travailleurs humanitaires, c'est des soignants
05:20 qui risquent sa vie chaque minute parce que les bombardements,
05:24 ils sont au nord et au sud de Gaza.
05:27 Il faut compter que c'est des gens qui sont perdus des proches, pour certains.
05:31 Ils sont épuisés physiquement et psychologiquement
05:34 et qui continuent à prêter main-fort à certains des hôpitaux.
05:37 Et nous témoignons que les conditions sont abominables dans les hôpitaux.
05:43 Les gens font des opérations à même les sols,
05:46 sans anesthésie, avec les torches de téléphone.
05:50 Il faut se dire qu'il y a des centaines de nouveau-nés dans les incubateurs.
05:56 Et les incubateurs, ils ont besoin de carburant
05:58 et les groupes électrogènes ne marchent pas, etc.
06:01 De toute façon, les conditions de la population civile, c'est extrêmement compliqué.
06:05 Il vous raconte ça, comment il est narrant de chale?
06:06 De quelle façon? Parce qu'on a dit, il n'y a plus Internet.
06:08 Comment vous communiquez avec eux?
06:10 Nous, on a des points, un ou deux points,
06:12 journaliers avec eux. C'est extrêmement compliqué.
06:15 C'est des points très, très courts, parce qu'effectivement,
06:18 ils ont des problèmes pour charger les batteries, etc.
06:21 Et c'est via les téléphones.
06:22 Et on garde pour le moment.
06:23 Et on est très inquiète parce qu'on sait qu'il y a d'un moment à l'autre,
06:26 il peut y avoir un blackout total et perdre le contact avec tous nos équipes.
06:31 Mais les témoignages, ils sont très durs.
06:33 Et de nouveau, c'est des personnes, c'est des Palestiniens
06:36 qui travaillent pour Messe en Amont depuis une vingtaine d'années,
06:39 qui sont, on va dire, rodés à la situation qu'il y a.
06:42 Mais la situation de maintenant, c'est de jamais vu.
06:44 Et on est très préoccupé parce qu'on parle de certains camions qui passent.
06:49 C'est largement insuffisant pour couvrir les vaisseaux de la population.
06:52 On s'est dit combien de temps la population, ils vont pouvoir tenir.
06:56 Patrick Sos, ces images nous parviennent
07:00 en même temps que des voix s'élèvent de plus en plus nombreuses,
07:02 notamment Joe Biden et Emmanuel Macron,
07:04 pour appeler à une forme de tempérance dans la riposte israélienne.
07:08 Emmanuel Macron a même prononcé hier soir le mot de "erreur",
07:13 si jamais cette opération terrestre était massive.
07:16 Est-ce qu'on est à un moment de bascule ?
07:18 C'est de s'attaquer au civil, je vais jusqu'au bout.
07:19 On est à un moment de bascule
07:22 qui avait un petit peu commencé depuis quelques jours.
07:24 Et là, on est en train d'essayer de trouver les mots.
07:26 Mais ce n'est pas facile.
07:26 Il y a un Conseil européen aujourd'hui et demain à Bruxelles.
07:30 Et vous avez presque 27 façons de penser.
07:33 Ce n'est pas seulement des erreurs de traduction,
07:35 mais vous avez par exemple les Irlandais qui demandent
07:36 un cessez-le-feu total, un arrêt des armes.
07:39 Les mots ont un sens.
07:39 Il y a trêve, il y a cessez-le-feu, il y a pause.
07:41 Oui, parce que cessez-le-feu, soit c'est cessez-le-feu unilatéral,
07:44 et c'est hors de question, évidemment, pour les Israéliens,
07:46 soit c'est un cessez-le-feu et vous demandez de signer un papier
07:49 pour le Hamas et pour Israël.
07:50 Vous voyez, vous avez cette pause humanitaire.
07:52 Les Allemands parlent de "fenêtre humanitaire"
07:55 et vous avez les Autrichiens, par contre, qui disent "non, non, allez-y, feu,
07:59 feu pour Israël".
08:00 Donc, c'est absolument impossible.
08:02 Vous avez le président du Conseil européen,
08:05 Charles Michel, qui est pour la pause humanitaire.
08:07 Vous avez la présidente de la Commission européenne,
08:09 l'Allemande Ursula von der Leyen, qui est extrêmement dure,
08:12 totalement pro-israélienne.
08:13 Donc, ça va être difficile d'afficher l'humanité.
08:16 Le mieux, c'est l'unité, pardon, le mieux, c'est encore les actes.
08:19 Et ça, on pourra peut-être en parler.
08:20 C'est se dire "écoutez, nous, on veut une pause humanitaire
08:22 et voilà ce qu'on va faire".
08:23 Alors, que va faire la France ?
08:25 Que va faire la France ou qu'a fait la France ?
08:26 Elle a envoyé un navire, un navire hôpital, mais un navire militaire.
08:32 Et encore une fois, les mots ont un sens.
08:33 Effectivement, le port hélicoptère amphibie Tonnerre,
08:36 c'est le plus gros bateau de la marine française.
08:40 Vous pensez toujours au Charles de Gaulle.
08:41 Et bien, le Charles de Gaulle, à Toulon, il a l'air tout petit
08:43 par rapport au Tonnerre, au Mistral ou au Dixmude.
08:45 Il sert à plusieurs choses.
08:47 Vous pouvez avoir des chalons de débarquement qui viennent
08:50 dans un port détruit, Gaza, tout indiqué.
08:53 C'est à dire que si vous avez des blessés relativement légers,
08:55 mais qui nécessitent, parce que là, vous avez vu l'ambulance très bien.
08:59 Mais une fois qu'on y est en service, on a entendu en réanimation,
09:01 si opération amène le sol, en tout cas, on peut ramener des Palestiniens
09:06 sur les chalons de débarquement.
09:08 On l'a déjà fait à Beyrouth au Liban en 2006.
09:10 Si c'est plus dur, on peut aussi, puisque c'est un port hélicoptère,
09:13 la Marine nationale y va avec des hélicoptères lourds
09:17 qui vont pouvoir faire les allers-retours entre Gaza
09:20 et ce bateau de la marine.
09:22 Et quand je dis bateau de la marine, c'est que c'est aussi un bateau militaire.
09:25 Donc, il est armé.
09:27 C'est un message politique un peu à tout le monde.
09:29 C'est à dire si les Iraniens ou le Hezbollah libanais se disent
09:32 on va essayer d'étendre ça, on a un navire.
09:34 Et en même temps, le message politique est différent.
09:36 Les Américains envoient des porte-avions pour faire la guerre au cas où.
09:39 Nous, on envoie un navire militaire, mais un navire hôpital.