Laurie Cholewa reçoit les talents des films qui font l'actualité cinéma en salles
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00:00 -Bonjour, Louane. Je suis ravie de te recevoir dans ce "Tête à tête".
00:03 Je suis obligée de te tutoyer.
00:04 -On peut pas faire autrement, c'est pas possible.
00:07 -Sinon... Alors, on va parler de "Mariline" et "Le juge".
00:10 On vient de voir la bande-annonce.
00:12 Je trouve que ce film, c'est encore une fois une démonstration
00:14 de tout ce que tu sais faire, c'est-à-dire nous faire rire,
00:16 nous faire pleurer, nous faire avoir peur pour toi,
00:19 nous faire vibrer.
00:20 Un personnage comme "Mariline", ça ne se refuse pas ?
00:22 -Non, ça se refuse pas. Merci déjà pour tout ce que tu viens de dire.
00:25 Et non, ça se refuse pas. C'était...
00:28 À la seconde où j'ai lu le scénario, j'ai été tellement attendrie
00:32 et ça m'a tellement touchée que non, clairement,
00:34 c'est un perso qui se refuse pas du tout.
00:37 -C'est une fille d'un milieu très modeste, du Havre,
00:41 qui, par un concours de circonstances, va croiser la route d'un juge,
00:45 qui est joué par Michel Blanc.
00:47 Finalement, ils vont faire un bout de chemin ensemble.
00:48 C'est vraiment une jolie histoire, une jolie complicité aussi
00:51 entre ces deux personnages.
00:52 Il y a beaucoup de choses, c'est riche, pas mal de thématiques.
00:56 C'est quoi pour toi ? C'est un film sur quoi ?
00:58 -Pour moi, c'est une comédie sociétale
01:00 qui reflète vachement la vie actuelle en France.
01:04 Et à la fois, c'est beaucoup d'espoir, presque un peu utopique, en vrai,
01:08 mais beaucoup d'espoir sur le fait de...
01:10 de pouvoir casser la routine et d'aller vers un ailleurs meilleur.
01:17 Mais avant tout, c'est une histoire de rencontre salvatrice.
01:20 C'est...
01:21 C'est salvateur pour les deux parties, en fait.
01:24 -Oui, c'est vrai. C'est aussi deux êtres perdus
01:27 qui vont finalement retrouver leur chemin l'un grâce à l'autre.
01:30 Est-ce que c'est pas aussi loin d'un film sur la nécessité de se dépasser ?
01:33 -Ouais, c'est clair. C'est un...
01:35 C'est un peu tout le rôle du personnage du juge, de Michel Blanc.
01:40 C'est vraiment ce truc-là de secouer mon personnage à moi
01:46 pour justement qu'elle se rende compte qu'elle a plein de possibilités,
01:52 et qu'elle est pas coincée dans sa vie, malheureusement.
01:56 -C'est un personnage qui est très attendrissant,
01:58 et en même temps, elle est franche, elle est même un peu têtue, parfois.
02:01 Elle a son caractère.
02:02 C'est difficile de tenir tête à Michel Blanc ?
02:04 -Non.
02:05 Et encore moins dans la vraie vie.
02:07 On se tient tête toute la journée, on s'échange...
02:10 On est hyper proches.
02:11 -Ca, c'est sans dans le film. Une vraie complicité.
02:14 -C'est vraiment le cas dans la vie, on a une vraie complicité dans la vie.
02:16 On se lance des pics toute la journée, donc c'est hyper drôle.
02:19 Je pense qu'à ce stade,
02:21 se tenir tête, on se le fait l'un l'autre,
02:24 et c'est toujours hyper bienveillant.
02:26 -C'est devenu un jeu.
02:27 -Tu le connaissais pas, avant de faire ce film ?
02:28 -Non, je le connaissais pas. -Jamais croisé ?
02:30 -Jamais, jamais croisé, je le connaissais pas du tout,
02:32 et du coup, c'était hyper impressionnant,
02:34 le premier jour de répète,
02:36 et en fait, il a tout de suite cassé ce truc un peu de starification
02:40 qu'il peut avoir sans le vouloir, en fait.
02:42 Et c'était trop cool.
02:44 -Vous avez quelqu'un, en fait !
02:47 Elle est hyper belle, en plus !
02:49 -Faites-moi confiance ! -Quoi ?
02:52 -Je connais peut-être pas grand-chose, mais je m'y connais, en fille !
02:53 -Pour en revenir à Marie-Lyne, ce que j'aime aussi,
02:56 c'est sa force et sa joie de vivre.
02:57 On la voit aussi chez elle, dans son quotidien,
03:00 elle s'occupe de son papa qui est handicapé,
03:01 qui est joué par Philippe Robo,
03:03 et malgré ça, c'est un rayon de soleil, quand même.
03:06 -Mais elle a pas le choix, hein !
03:08 Elle a pas le choix, elle a tellement de choses à faire,
03:10 elle a pas le choix, et à la fois,
03:13 elle est enfermée dans cette routine-là,
03:15 qui est quelque chose qui est pas particulièrement bénéfique pour elle,
03:18 mais elle est pleine de joie de vivre, parce qu'elle est comme ça.
03:20 C'est...
03:22 C'est quelque chose d'interne,
03:24 c'est quelque chose presque d'inné, chez elle, la joie de vivre,
03:26 donc à la fois, elle a accepté le fait
03:30 qu'elle soit coincée dans cette routine
03:31 et qu'elle soit persuadée qu'elle ait pas la possibilité d'aller ailleurs,
03:36 mais elle est d'accord avec ça, donc elle se laisse porter,
03:39 elle est toujours heureuse,
03:40 et en fait, elle va découvrir
03:43 qu'elle a cette possibilité de se sortir de ça.
03:46 -Complètement, et qu'il faut qu'elle se fasse confiance, aussi,
03:50 et qu'elle prenne sa vie en main.
03:51 Ce syndrome de l'imposteur qu'elle peut ressentir,
03:53 Marilyn, par exemple, parce qu'elle n'a pas les codes,
03:56 parce qu'elle fait face aussi à un snobisme de la cinéphilie,
03:59 est-ce que tu l'as déjà ressenti, ce syndrome ?
04:02 -Oui, et honnêtement, ça peut m'arriver encore aujourd'hui,
04:05 dans le sens où, quand on arrive dans un milieu qui est le milieu du cinéma,
04:09 forcément, les gens qui sont autour de nous,
04:12 ils connaissent plein de films, plein de réalisateurs,
04:15 et c'est quelque chose qui, au début de ma carrière, était un peu difficile.
04:19 D'ailleurs, ça m'est arrivé de mentir plus jeune en disant que j'avais vu un film
04:21 que j'avais absolument pas vu ! -Voilà, tout se fait, hein !
04:23 -C'est sûr !
04:24 Et aujourd'hui, je suis arrivée à un stade de...
04:26 Si je connais pas, je vais pas mentir, je connais pas,
04:29 et en vrai, c'est une chance pour moi,
04:30 parce que je vais découvrir quelque chose de nouveau.
04:32 Et si quelqu'un décide de me juger pour ça,
04:35 c'est juste quelqu'un que j'ai pas envie de garder près de moi.
04:37 -Loan, quand on grandit très vite, comme ça a été le cas pour toi,
04:40 est-ce qu'on se sent parfois en décalage ?
04:42 Est-ce que c'est compliqué d'être plongée aussi vite dans un monde d'adultes ?
04:46 -Je pense que j'ai été hyper entourée, donc...
04:50 Pas tant.
04:51 Et puis, tu sais, j'étais hyper jeune,
04:52 donc à 16 ans, quand tu te retrouves avec tout ça, en vrai, t'es content !
04:56 Tu vois ce que je veux dire ? T'as ce truc-là de genre...
04:59 "Waouh, c'est incroyable !
05:00 Il y a deux semaines, j'étais au lycée,
05:02 et maintenant, je suis en train de faire des interviews pour un film !
05:04 Incroyable !"
05:05 Il y a vraiment ce côté-là de la nouveauté qui est cool.
05:09 En vrai, honnêtement, je pense que je suis arrivée dans ce milieu assez jeune
05:12 pour m'habituer vite, tu vois ce que je veux dire ?
05:16 Après, oui, c'est sûr qu'il y a toujours un décalage,
05:18 et il y a un décalage autant avec les gens avec lesquels je travaille
05:21 qu'à 16 ans, on s'entend qu'avec les gens que je côtoie dans ma vraie vie,
05:25 et en fait, petit à petit,
05:27 je sais pas, il y a une sorte de balance qui se fait petit à petit.
05:31 -Et aujourd'hui, tu te sens comment ?
05:33 Très bien !
05:34 Ça, c'est l'essentiel !
05:36 Et aujourd'hui, tu es donc maman dans ton dernier album "Sentiments",
05:40 et il y a une très belle chanson qui s'appelle "Secret"
05:42 où tu confies tous tes doutes à ta fille.
05:44 On sent aussi l'envie de raconter et de parler d'une époque,
05:47 de la difficulté aussi, aujourd'hui, d'être une femme, d'être une maman,
05:52 de travailler, d'être une personnalité publique,
05:54 d'être une femme d'aujourd'hui.
05:56 C'est un message que tu veux... -Ouais, bien sûr !
05:57 Et encore plus léger, en vrai, que tout ça,
06:01 c'est à quel point c'est difficile d'être une ado, même.
06:06 Tu vois, d'être une ado, de se construire en tant que femme.
06:10 Mais oui, c'est vrai qu'il y a complètement ce message-là
06:13 et dans cette chanson et dans mon album,
06:16 où il y a vraiment toute une partie qui est vraiment sur la quête de soi
06:20 et toute une partie sur, finalement, le fait d'avancer.
06:24 -Mariline, pour en revenir au film,
06:28 elle subit ça aussi, parce que c'est une femme d'aujourd'hui,
06:30 mais en même temps, elle subit les moqueries, le regard des autres...
06:34 -Mais elle le sent moins.
06:35 Dans le sens où les raisons de ses moqueries, c'est pas tant...
06:40 Elle a vraiment la sensation que les raisons de ses moqueries,
06:43 c'est vraiment son manque de savoir,
06:45 quand, en vrai, c'est littéralement l'entièreté de sa façon d'être,
06:50 mais ça, elle le ressent pas vraiment.
06:53 C'est-à-dire que le fait qu'elle s'habille de façon différente,
06:55 qu'elle soit très haute en couleur...
06:56 -Qu'elle ait les cheveux roses ! -Qu'elle ait les cheveux roses...
07:00 Elle se rend pas compte à une seule seconde
07:02 que c'est quelque chose sur lequel on peut la juger.
07:04 Elle est persuadée que la seule chose
07:07 qui la sépare de, justement, cette forme de snobisme-là,
07:10 c'est le fait qu'elle sache pas, qu'elle connaisse pas.
07:12 Qu'elle connaisse pas les filles, qu'elle se rend pas compte
07:14 qu'effectivement, parfois, les amis de son mec,
07:17 ils vont aussi la juger par son apparence, en fait.
07:21 Mais ça, c'est quelque chose...
07:22 Elle est tellement naïve et un peu volubile aussi, parfois,
07:27 qu'il y a quelque chose qu'elle...
07:29 -Elle est bien dans sa peau, en fait. -Oui, elle est bien dans sa peau !
07:32 Elle se rend compte de rien.
07:35 Et ça, c'était pas simple à jouer, pour moi.
07:37 -C'est vrai ? -Ouais, parce que...
07:39 Le choix de ses vêtements, ça a été très étudié.
07:43 On est partis avec Anne-Chloé sur quelque chose d'un peu anglaise,
07:46 où elle est très décolletée, tout le temps en minijupes...
07:50 C'est intense, hein ?
07:52 -Très sexy ! -C'est ça !
07:53 Elle est hyper sexy, mais sans le vouloir.
07:55 Il y a un truc un peu naïf de...
07:57 "Je suis très sexy, mais j'ai pas fait exprès."
08:02 Alors moi, ça...
08:03 -Fallait prendre sur toi.
08:06 -C'était autre chose ! C'était autre chose !
08:08 C'était vraiment difficile de jouer le fait d'avoir autant confiance en soi
08:12 dans ces vêtements-là, alors que clairement...
08:16 Clairement, il y a eu des moments où j'avais bien envie de me cacher.
08:19 Et je peux t'assurer qu'à la seconde où c'était coupé,
08:22 c'était des sweats, c'était des...
08:25 -C'est ça, pour aller à l'opposé !
08:27 Alors que souvent, on dit que quand on a le costume,
08:28 ça aide à rentrer dans le personnage.
08:30 -Mais ça aide à rentrer dans le personnage !
08:32 -Mais c'était quand même...
08:34 -Et c'est un personnage qui était pas sans plus à ce niveau-là !
08:37 -On parlait de la relation avec Michel Blanc,
08:39 qui devient un peu son mentor.
08:42 Est-ce que tu en as eu, toi, sur ta route, des mentors ?
08:45 -J'en ai eu plein !
08:47 Le premier dans ma carrière étant Eric Lartigot.
08:51 -Bien sûr !
08:52 -Et le dernier, clairement, étant Michel !
08:54 C'est une évidence !
08:55 -Michel Blanc, il t'a donné des conseils ?
08:57 -Beaucoup ! -Desquels, par exemple ?
08:59 -Il m'a vachement donné des conseils sur ma vie personnelle !
09:02 -C'est vrai ? -Ouais, ouais, bien sûr !
09:04 Du coup, je vous avoue, c'est pas trop des conseils que je vais partager,
09:06 mais ça m'a fait vachement de bien !
09:09 -Luane, j'ai eu la chance de te connaître très jeune,
09:12 c'est pour ça que c'est toujours assez émouvant pour moi d'être face à toi
09:15 et de voir surtout la femme que tu es devenue.
09:17 Qu'est-ce qu'il reste, justement, de cette jeune Luane, aujourd'hui, en toi ?
09:20 -Je dirais qu'on a toujours la même envie !
09:26 Je pense qu'à 12 ans, j'avais déjà autant envie de faire ce métier-là,
09:30 et je pense que j'ai toujours cette envie-là, aujourd'hui.
09:33 C'est un truc qui s'arrête pas trop, tu vois.
09:36 -Est-ce que tu te mets des barrières ?
09:38 -Je crois pas...
09:40 Je mets des barrières pour ma santé psychologique personnelle,
09:45 mais en général, c'est pas des barrières que je me mets à moi,
09:48 c'est plus des barrières que je mets aux autres.
09:50 J'avoue.
09:51 Mais non, je pense pas que je m'empêche de faire des choses par confiance.
09:56 Au contraire, j'essaye de tenter des choses, parfois,
09:59 même sans avoir particulièrement confiance en moi, tu vois.
10:02 -Et qu'est-ce que tu aurais envie de dire aux jeunes femmes
10:06 qui nous regardent et qui ont envie de faire ce métier ?
10:10 -Qu'il faut un bon psy !
10:14 -Ca, c'est pas faux !
10:17 Pour terminer avec ce tête-à-tête, Luanne,
10:20 puisque c'est le titre de l'émission,
10:21 avec qui tu aurais envie de passer un tête-à-tête ?
10:24 Ça peut être une personne vivante, imaginaire...
10:29 -Non, c'est bon, t'inquiète pas, j'ai la réponse, vraiment.
10:31 Là, quand tu m'as posé la question, j'étais prête,
10:34 j'adorerais être en tête-à-tête avec Taylor Swift.
10:36 Voilà.
10:37 -Pas mal !
10:38 -Ouais. -C'est possible !
10:40 -Appelle-la !
10:41 Si c'est possible, moi, je suis sûre !
10:43 -Je veux dire, en tout cas, elle est vivante,
10:46 elle est jeune, elle est là pour un moment...
10:48 -Elle est... C'est ça.
10:50 Écoute, si ça arrive un jour, je te le dirai.
10:52 J'aimerais beaucoup. -Tu nous raconteras.
10:53 -Je te tiens au jus.
10:54 -Merci beaucoup pour ce tête-à-tête.
10:56 Je rappelle donc Marilyn et le juge de Jean-Pierre Ramérys.
10:59 C'est en ce moment en salle et qu'il faut découvrir ce film,
11:02 absolument, que j'ai adoré.
11:04 -C'est un film hyper feel-good. -Ca, c'est vrai.
11:06 -Avec beaucoup d'émotion. -Aussi. Ca, c'est bien.
11:09 Merci. -Merci beaucoup.
11:12 [SILENCE]