Des policiers devant tous les établissements scolaires de Loire et de Haute-Loire ce lundi matin, trois jours après l'assassinat d'un professeur de lycée à Arras. Sécurité maximale pour ce retour en classes alors que les écoles, les collèges, les lycées sont devenus des lieux de terrorisme comme les autres.
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00:00 - Et à 8h moins le quart on évoque les conséquences de l'attaque d'Arras.
00:03 Est-ce que vous avez peur pour la sécurité de vos enfants à l'école, dans les collèges et les lycées ?
00:07 On attend vos témoignages, vos appels dès maintenant. David 04 77 10 0 0 10.
00:12 - Et parlez-nous de ce que suscite chez vous le meurtre de ce professeur de lycée à Arras.
00:16 Tué de plusieurs coups de couteau, trois autres personnes ont été gravement blessées.
00:21 L'auteur c'est un ancien élève de 20 ans, Fichier S. Bonjour Emmanuel Richard.
00:24 - Bonjour.
00:25 - Vous êtes professeur de français au lycée du Forêt à Feur,
00:28 co-secrétaire du syndicat SNES-FSU de la loi.
00:31 Comment allez-vous, vous enseignante, trois jours après cet événement ?
00:36 - Pas très bien. Je crois que c'est l'effroi qui domine encore, la tristesse, beaucoup de tristesse.
00:42 On a passé le week-end un petit peu entre collègues à beaucoup beaucoup en parler,
00:46 mais non je crois qu'on ne va pas très bien.
00:50 - Ce matin l'arrivée dans vos établissements va être un peu particulier,
00:53 il y aura des policiers, des forces de l'ordre partout.
00:57 Il y avait quoi comme mesures de sécurité avant ?
01:00 - Avant, les mesures de sécurité, ce sont principalement des portiques à l'entrée des établissements,
01:06 et puis chaque établissement est doté d'un PPMS, un plan particulier de mise en sûreté,
01:10 donc ce sont des... la conduite à tenir si vous voulez en cas de risque ou de menace,
01:15 donc avec des exercices réguliers dans les établissements, voilà.
01:18 Mais voilà, ce que je voulais dire peut-être, c'est que l'idée qui circule un petit peu là
01:23 depuis vendredi du tout sécuritaire n'est peut-être pas la réponse,
01:28 en tout cas ça peut faire partie de la réponse à apporter,
01:31 mais la vraie réponse c'est quand même d'apporter plus d'humains,
01:34 dans tous les sens du terme, à l'école, beaucoup plus d'adultes pour encadrer les élèves.
01:39 Il faut du personnel, il faut des personnels qualifiés,
01:42 il faut beaucoup plus de moyens en vie scolaire, en psychologue de l'éducation nationale,
01:45 en infirmière, infirmière, en médecin, il faut remettre beaucoup plus d'adultes
01:50 que ce qu'il y en a actuellement à l'école.
01:51 - Là ce qui se passe pendant la semaine avec ces renforts de force de l'ordre devant les établissements,
01:55 c'est un pansement, finalement c'est du très très court terme ?
01:58 - Oui, de toute façon on n'imagine pas que les forces sentinelles qui sont déployées actuellement etc. vont rester,
02:03 de toute façon c'est du provisoire, ce qu'il faut c'est des moyens pérennes
02:06 et encore une fois des moyens en ressources humaines.
02:08 - David, enseignant dans la Loire, il nous a appelé il y a quelques instants,
02:12 il nous dit que les parents sont inquiets, mais aussi l'entourage des enseignants
02:16 qui chaque jour est inquiet, vous nous le confirmez vous Emmanuel Richard,
02:19 on est inquiet pour vous ?
02:21 - Oui, moi j'ai eu quelques appels ce week-end de gens qui me demandent si j'ai peur en fait.
02:27 Oui j'imagine qu'on peut ressentir de la peur, en tout cas une inquiétude à retourner au lycée, au collège,
02:36 mais justement ce temps d'échange qui est prévu ce matin, puisque les élèves ne vont rentrer qu'à 10h,
02:41 et de 8h à 10h ce sont les professeurs seuls et tous les personnels, j'insiste bien,
02:46 parce que le temps d'échange concerne tous les personnels, pas seulement les enseignants.
02:50 N'oublions pas que dans l'attaque terroriste de vendredi, il y a aussi des personnels de région
02:55 qui ont été attaqués, blessés, et donc ce temps d'échange va nous permettre justement
03:00 de libérer un petit peu ce qu'on a à dire, de faire partager nos émotions et d'en parler entre nous.
03:05 - Je vous livre cet autre message laissé par Charleine sur notre page Facebook,
03:09 elle dit "les rassemblements on sait bien", en référence à ceux qui auront lieu
03:13 notamment ce soir à Saint-Etienne-à-Rouen et au Puy-en-Velay,
03:15 mais prendre le problème à la source ce serait mieux, il y a ici la peur,
03:19 Emmanuel Richard, de voir cette confirmation que le terrorisme trouve dans les écoles
03:24 un nouveau lieu d'expression, 3 ans, jour pour jour, après le meurtre de Samuel Paty.
03:29 - Oui, c'est sûr qu'on est obligé de prendre toute la mesure de ce qui vient de se passer,
03:35 on était en train vendredi de préparer les hommages à Samuel Paty quand on a appris cette nouvelle,
03:41 Samuel Paty dont la mémoire nous accompagne bien au-delà des commémorations qui lui sont dues,
03:48 et c'est à ce moment là qu'on l'a appris, on est obligé de faire le rapprochement entre les deux,
03:52 puis l'école de toute façon c'est forcément le reflet de ce qui se passe dans la société,
03:57 tout ce qui se passe à l'école se retrouve dans la société et inversement.
04:01 - Vous allez maintenir cet hommage à Samuel Paty, vous allez peut-être naturellement l'associer à Dominique Barnard ?
04:08 - Oui, ça va être le temps de ce matin justement de voir comment on peut articuler les deux faits,
04:16 les deux hommages, puisque c'était ce matin qu'on devait faire les hommages à Samuel Paty,
04:20 donc nécessairement on va devoir adapter ce qu'on avait prévu,
04:24 et pendant les deux heures qui vont arriver là on va discuter de la forme que ces hommages vont prendre
04:30 dans nos établissements et de la réponse éducative qu'on peut apporter à nos élèves
04:34 quand on va les retrouver en cours aujourd'hui, demain, tout le reste de la semaine.
04:37 - Vous retournez à Feur d'ici quelques minutes, vous y allez avec la boule au ventre ?
04:41 - Non, j'y vais pas avec la boule au ventre, j'y vais en revanche pas comme d'habitude,
04:46 j'y vais avec l'idée que j'ai envie de retrouver mes collègues, ça c'est sûr,
04:51 et j'ai envie qu'on discute ensemble de tout ça, et je pense que c'est très bien
04:54 que ce temps d'échange, ce temps collectif puisse avoir lieu, ça me paraît primordial, vraiment essentiel.
04:59 - Et qu'on donne des moyens aux établissements scolaires, qu'on sorte du tout sécuritaire, vous nous le répétez,
05:04 c'est pas ça la solution ?
05:05 - Ça fait partie de la solution, je pense que, évidemment, mais oui, il faut vraiment donner des moyens,
05:10 la réponse éducative, elle ne peut se faire que sur le temps long,
05:14 et qu'avec des moyens, et notamment vraiment, encore une fois, des moyens humains,
05:18 il faut laisser aux enseignants, et à tous les personnels d'éducation nationale,
05:22 la possibilité de faire leur travail, c'est-à-dire on est là pour émanciper les élèves,
05:27 pour développer leur esprit critique, pour leur apprendre à réfléchir par eux-mêmes,
05:31 à élever leur niveau d'intelligence, et de réflexion, et de comprendre le monde qui les entoure,
05:36 et pour cela, il nous faut du temps et des moyens.
05:38 - Je me permets de rappeler le déroulement de la journée, à partir de 8h, les collèges, les lycées sont ouverts,
05:43 mais les enseignants et les personnels éducatifs se retrouvent pour un temps d'échange,
05:47 les premiers cours auront lieu à 10h, et minutes de silence dans tous les établissements scolaires
05:52 de Loire et d'Haute-Loire, à partir de 14h, j'ajoute qu'il y a, encore une fois, des rassemblements,
05:57 à la mémoire de Dominique Bernard, et à la mémoire de Samuel Paty aussi, à Saint-Etienne, à Rouen et au Puy-en-Glais.
06:02 - Voilà, ce soir, 18h30, place Jean Jaurès à Saint-Etienne, et devant la sous-préfecture à Rouen.