Les médecins généralistes sont en grève illimitée à partir de demain vendredi.
Un préavis déposé par un grand nombre de syndicats de médecins libéraux.
Ils dénoncent ce qu'ils appellent "la mort programmée" de la médecine libérale, ainsi que la dégradation du système de santé.
Demain, devant la CPAM de l'Hérault, l'intersyndicale mettra d'ailleurs en scène les obsèques de la médecine libérale.
En toile de fond, il y a aussi le prix de la consultation, que beaucoup de médecins souhaiteraient voir doubler pour atteindre 50 euros.
Ils considèrent que certaines consultations, durant lesquelle ils consacrent plus de temps au patient, méritent d'être mieux rémunérées.
On en parle ce matin avec le Dr Bastien Nicolas, médecin généraliste à Brissac, et membre du collectif de médecins Resist 34.
Un préavis déposé par un grand nombre de syndicats de médecins libéraux.
Ils dénoncent ce qu'ils appellent "la mort programmée" de la médecine libérale, ainsi que la dégradation du système de santé.
Demain, devant la CPAM de l'Hérault, l'intersyndicale mettra d'ailleurs en scène les obsèques de la médecine libérale.
En toile de fond, il y a aussi le prix de la consultation, que beaucoup de médecins souhaiteraient voir doubler pour atteindre 50 euros.
Ils considèrent que certaines consultations, durant lesquelle ils consacrent plus de temps au patient, méritent d'être mieux rémunérées.
On en parle ce matin avec le Dr Bastien Nicolas, médecin généraliste à Brissac, et membre du collectif de médecins Resist 34.
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00:00 on vous pose une question, on est curieux, on veut savoir nous.
00:02 Faut-il adapter le prix de la consultation chez le médecin traitant en fonction du type
00:05 de consultation de la maladie traitée par exemple aussi ?
00:08 Est-ce que voilà, on doit s'adapter ? C'est ça un peu la question qu'on pose, alors ça
00:11 donne quoi au niveau des résultats ?
00:12 L'écart se resserre un petit peu parce que tout à l'heure vous étiez 60% à répondre
00:16 non, maintenant vous êtes 58% et 42% à dire oui, il faut adapter le prix de la consultation
00:22 en fonction du type de consultation de la maladie traitée.
00:25 Maintenant, vous décrochez votre téléphone et vous appelez maintenant, parce que parfois
00:28 vous nous appelez et déjà trop tard !
00:30 C'est pas non plus obligé d'engueuler tout le monde.
00:33 J'engueule personne !
00:34 Non, non, mais enfin vous avez pris un ton un peu grave, moi sur le coup j'ai eu peur.
00:37 Appelez-nous, vous serez bien accueilli, il n'y a pas du pousseux des petits gâteaux
00:41 mais on vous accueille quand même avec de la bonne humeur.
00:42 On a envie de vous entendre, qu'est-ce que vous en pensez ?
00:44 Très bien, on est ce matin avec notre invité, le docteur Bastien Nicolas, membre du collectif
00:48 Résiste 34.
00:49 Bonjour docteur Nicolas.
00:50 Bonjour.
00:51 Demain, vous allez organiser devant le siège de la CPAM les obsèques de la médecine libérale.
00:57 Ça va consister en quoi exactement ?
00:59 Tout à fait.
01:01 C'est une cérémonie symbolique pour souligner les dangers qui guettent notre système de
01:07 santé, particulièrement la médecine générale et le risque de passage à une médecine à
01:11 deux vitesses.
01:12 Oui, cérémonie symbolique, mais il y aura quoi ? Il y aura un faux cercueil ? Il y aura
01:15 des choses comme ça ?
01:16 Venez, 14h devant la CPAM 34.
01:19 Et on peut venir, enfin, on peut venir, je veux dire, vos patients aussi qui vous soutiennent
01:24 puisque vous avez l'air de dire que les patients, vous vous pratiquez par exemple le dépassement
01:28 d'honoraire dans votre cabinet.
01:29 Oui, depuis le mois de juillet, je pratique un dépassement de 5 euros.
01:34 Et votre patientèle, elle prend ça plutôt bien, me disiez-vous tout à l'heure ?
01:38 Oui, oui, j'avais cette appréhension avant de commencer, de savoir comment les patients
01:43 allaient le prendre.
01:44 Et en fait, il y a une très bonne compréhension que le tarif actuel, qui est inférieur à
01:49 l'inflation, qui ne permet pas de compenser la hausse des charges, ce n'est pas une situation
01:54 durable.
01:55 Et de pratiquer un dépassement, c'est aussi le moyen de ne pas réduire le temps de consultation.
02:01 Parce que c'est ça l'alternative sinon, c'est de diminuer le temps de consultation
02:05 pour augmenter.
02:06 Donc ça, ce n'est pas notre état d'esprit, notre engagement auprès des patients, c'est
02:11 la qualité des soins qu'on donne.
02:13 Alors, on va revenir là-dessus, mais avant ça, on rappelle qu'à partir de demain, c'est
02:16 une grève illimitée des médecins généralistes à l'appel d'une intersyndicale, donc de
02:21 plusieurs syndicats de médecins généralistes.
02:24 C'est complètement historique ce qui se passe.
02:26 Demain, jamais aucun gouvernement n'a fait l'unanimité des syndicats de médecins contre
02:30 lui.
02:31 C'est la deuxième grève en un an.
02:33 Donc c'est vraiment que la situation est grave.
02:38 Aujourd'hui, l'avenir de la médecine générale conventionnée, secteur 1, il n'a jamais été
02:44 autant menacé par la science maladie, le gouvernement et la majorité actuelle.
02:48 Pourquoi menacer ? Pourquoi vous parlez de mort programmée par exemple ?
02:52 Alors, il y a la loi Valtho, qui devait être examinée aujourd'hui au Sénat, qui le sera
02:56 dans quelques jours.
02:57 Cette loi, c'est vraiment la mort de la médecine générale, parce qu'elle impose aux médecins
03:04 généralistes de rejoindre les CPTS.
03:07 Les CPTS, expliquez-nous, docteur Nicolas.
03:10 Les CPTS, c'est des organisations territoriales créées par l'État pour prendre le contrôle
03:15 de la médecine générale.
03:17 Et du coup, le danger de ça, c'est qu'on va perdre en indépendance, en liberté d'exercice.
03:25 Concrètement, ça va se traduire par de l'administratif en plus.
03:29 Au lieu de consulter, on va être amené à faire des réunions, à monter des dossiers,
03:34 à faire des confondus de réunions.
03:35 Donc moins de consultation, moins de rentrée d'argent, donc des difficultés à vivre pour
03:38 les cabinets, c'est ça aussi ?
03:39 C'est pas qu'une question d'argent, c'est aussi une question d'utiliser le temps médical
03:44 à bon escient.
03:45 Aujourd'hui, on a l'État qui prend conseil auprès de cabinets de conseil et qui souhaite
03:54 nous apprendre notre métier.
03:55 On n'a pas besoin de l'État pour déjà travailler avec des collègues.
04:00 Il n'y a pas un jour où je n'échange pas avec des infirmières par texto, par mail.
04:04 On n'a pas attendu l'État pour travailler avec des professionnels.
04:08 Mais la question de l'argent et donc du tarif de la consultation, elle est quand même centrale
04:12 dans cette affaire.
04:13 La consultation va passer à 26,50€ remboursée par la Sécu.
04:18 Au 1er novembre, certains syndicats réclament carrément 50€, le double de ce qui est
04:23 pratiqué actuellement.
04:24 C'est pas un peu exagéré 50€ ?
04:26 Alors déjà, il faut reprendre la hausse de 1,50€, ça correspond à une hausse de
04:31 6% depuis 2016.
04:33 En parallèle, il faut le mettre en parallèle, la hausse des charges c'est 20%.
04:36 L'année dernière, les revenus des médecins généralistes ont baissé de 7%.
04:41 Donc la question principale c'est comment on fait pour donner envie aux jeunes médecins
04:47 de s'installer en cabinet médical ?
04:49 Donc en diminuant le salaire, en augmentant l'administratif, c'est pas comme ça.
04:54 Pour vous répondre sur le prix de la consultation, grosso modo ce sera le travail des syndicats.
05:04 Le curseur il est entre 30 et 50€.
05:06 A 30€, on corrige simplement la hausse des charges depuis 2016.
05:11 A partir de 35€, on commence à nous donner la capacité d'investir et pourquoi pas
05:17 embaucher des secrétaires.
05:18 C'est ça qui nous manque.
05:19 Dernière question provisoire avant de prendre un premier appel, il y a Pierre qui est patiente
05:22 au standard.
05:23 Vous vous pratiquez le dépassement d'honneur, votre patientèle le prend plutôt bien, d'autant
05:28 que, apparemment, une partie des mutuelles prennent en charge les dépassements d'honneur
05:31 aujourd'hui.
05:32 Ma question est toute simple, Dr Nicolas, est-ce qu'il n'y a pas le risque de créer
05:36 une médecine à deux vitesses ? C'est-à-dire que ceux qui ont une bonne mutuelle et qui
05:38 ont les moyens de payer une bonne mutuelle, ils peuvent aller chez un médecin qui pratique
05:42 le dépassement d'honneur, mais les autres ?
05:43 Complètement, et ça peut paraître paradoxal, mais c'est justement pour ça qu'on se bat.
05:48 Le dépassement de 5€, il est protestataire.
05:51 Il est le message qu'on envoie à la science maladie, c'est "on prendra les choses en
05:59 main si vous ne le faites pas".
06:00 Et le but c'est de rester justement dans un système conventionné secteur 1.
06:04 Parce que si on reste dans des tarifs trop bas, le risque c'est que les médecins ingénéralistes
06:12 quittent le système conventionné.
06:14 Et là, c'est ces mêmes patients dont vous parlez...
06:16 Parce qu'il y a déjà des menaces, en plus la sécurité sociale menace déjà de déconventionner
06:19 un certain nombre de médecins qui pratiquent ce dépassement.
06:22 Ça c'est le paradoxe.
06:23 Très rapidement, moi dans mon cas, au bout de 15 jours de dépassement, j'ai reçu un
06:28 courrier de l'assurance maladie, du directeur de l'assurance maladie, qui me menaçait de
06:34 sanction avec comme sanction ultime le déconventionnement.
06:37 Alors qu'on manque de médecins, l'assurance maladie a priori est prête à s'en passer.
06:41 Faut-il adapter le prix de la consultation chez le médecin traitant en fonction du type
06:45 de consultation ou de la maladie traitée ? C'est la question qu'on vous pose ce matin
06:48 au 04 67 58 6000.
06:51 N'hésitez pas à nous appeler tout de suite.
06:53 Pierre de Montpellier, la Fébonjour Pierre.
06:54 Bonjour.
06:55 Alors on vous écoute Pierre.
06:56 Ben moi écoute, je pense qu'il faut absolument une consultation variable.
07:00 Je prends mon cas par exemple.
07:02 De temps en temps, j'ai un petit truc, etc.
07:04 Je me dis, j'ai besoin, je vais chez mon médecin, je lui dis, voilà, j'ai ça.
07:08 Il me fait une ordonnance pour quelques antibiotiques.
07:11 Ça prend 10 minutes et ça suffit.
07:13 Il n'a pas besoin de me prendre l'attention, de couter mes poumons ni rien.
07:17 Puis parfois, je ne sais pas ce que j'ai.
07:18 Je suis inquiet, etc.
07:19 Et donc, c'est moi qui dois m'inscrire quand je prends rendez-vous.
07:23 Je demande une consultation rapide ou une consultation approfondie.
07:26 Et le médecin valide, bien sûr.
07:29 Mais c'est le patient qu'il faut traiter en adulte maintenant.
07:33 Aujourd'hui, on est bon.
07:34 Et donc, c'est comme ça qu'il faut passer.
07:36 C'est pour ça qu'il faut des consultations variables.
07:40 Oui, le patient qu'il faut traiter en adulte, oui Pierre, absolument.
07:43 Mais à condition aussi qu'il ait les moyens de payer.
07:45 Parce que pour une consultation...
07:46 Merci Pierre d'avoir appelé ce matin en tout cas.
07:48 Et vous continuez à le faire.
07:49 Vous avez encore deux minutes pour cela.
07:51 Si on est sur une pathologie qui est lourde, est-ce qu'il n'y a pas un risque que là,
07:55 le prix de certaines consultations s'envole, docteur Nicolas ?
07:58 Le prix de la consultation, il sera à la hauteur du temps passé et de la qualité
08:03 de prise en charge.
08:04 Une bonne prise en charge, c'est une prise en charge globale du patient.
08:08 Et ça, ça prend du temps.
08:10 Aujourd'hui, nos gouvernants sont dans une logique de découper le patient.
08:14 C'est-à-dire, vous irez chez l'infirmier en pratique avancée pour gérer votre tension.
08:19 Vous irez chez un autre pour votre diabète.
08:23 Vous irez chez le pharmacien pour traiter votre angine.
08:26 Et on perd le médecin généraliste qui prend en charge la santé globale du patient.
08:31 Et ça, c'est ultra important, surtout pour des patients polypathologiques.
08:35 Et pour répondre à Pierre, moi je suis favorable à ce type de fonctionnement.
08:40 D'ailleurs, c'est le fonctionnement de mon cabinet.
08:42 Rendez-vous classique, rendez-vous d'urgence.
08:43 Et il faut le mettre en rapport aujourd'hui avec le tarif de la téléconsultation.
08:51 Aujourd'hui, la science maladie met au même tarif une consultation dans un cabinet
08:56 et une consultation avec un médecin derrière son ordi.
09:00 C'est pourtant pas la même chose.
09:01 C'est pas la même chose.
09:02 Il n'y a pas d'examen clinique.
09:03 Et en termes de coût non plus, c'est pas la même chose.
09:05 On a un autre appel, docteur Nicolas, si vous le permettez.
09:08 On a un autre appel.
09:09 Martine de Montpellier qui est avec nous.
09:11 Bonjour Martine.
09:12 Oui, bonjour.
09:13 On vous écoute Martine.
09:14 Voilà, alors moi je suis tout à fait pour.
09:16 Déjà dans un premier temps pour récompenser entre guillemets le doctorat du généraliste.
09:23 J'ai un fils qui fait un doctorat mais pas du tout dans la même discipline.
09:28 Et je peux vous dire qu'un doctorat c'est pas donné.
09:30 Donc déjà c'est pour parce que 25 euros, je trouve ça tout à fait ridicule au prix
09:36 du paquet de macaroni comparativement.
09:39 Et deuxièmement, comme le disait le monsieur précédemment, concernant les pathologies
09:44 lourdes, etc. au niveau du prix de remboursement.
09:47 Quand on a une pathologie lourde malheureusement, on est bien souvent à 100% et on ne fait
09:51 aucune avance de frais.
09:52 Quant aux médecins, sans secrétariat, ça aussi c'est un souci.
09:57 Et rien que pour ça, ça mérite une augmentation.
10:00 C'est une galère pour avoir les standards cumulés avec plusieurs médecins.
10:06 Mais il est vrai qu'un médecin, tout le monde n'a pas la capacité d'être médecin.
10:12 Tout le monde n'a pas les facilités et le savoir pour être médecin.
10:19 Donc j'estime que 25 euros, c'est totalement ridicule.
10:22 - Merci Martine, également de votre appel.
10:24 Docteur Nicolas, on va conclure.
10:26 Grève illimitée, ça veut dire que ça pourrait très bien continuer lundi prochain ?
10:29 - Tout à fait.
10:30 La balle est dans le camp de la science maladie du gouvernement.
10:34 - Vous vous attendiez à ce qu'elle vous réponde pendant le week-end ?
10:36 Ça m'étonnerait.
10:37 - La première revendication c'est la réouverture des négociations conventionnelles.
10:41 Et puis après, il faut qu'il y ait un vrai changement d'état d'esprit puisque malheureusement
10:48 ça s'annonce mal étant donné que le gouvernement a proposé un budget de la santé via la loi
10:52 PFLSS avec une augmentation inférieure à l'inflation.
10:56 Donc actuellement le gouvernement demande de faire plus avec moins de moyens.
11:01 Donc il y a une contradiction.
11:02 - Merci docteur Bastien.
11:03 Nicolas, membre du collectif de médecins généralistes Résiste34.
11:07 Bonne journée à vous.
11:08 - Merci.
11:09 - Pour retrouver cette interview, on a lancé sur notre site internet francebleu.fr.
11:13 7h58, dans un instant les infos de 8h.
11:15 Juste après, nous allons recevoir peut-être celui qu'on peut désigner comme étant le
11:19 nouveau roi du polar, un montpellierien.
11:21 Il s'appelle Nicolas Newton et il vient de sortir son troisième roman.
11:24 Et c'est très bien, nous a dit en tout cas Guillaume qui l'a lu depuis quelques jours.
11:27 - Oui, c'est très bien.
11:28 - Donc on va évidemment discuter avec lui juste après les infos de 8h sur France Bleu Héros.
11:32 [Musique]