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Xerfi Canal a reçu Thierry Picq, professeur à emlyon business school, pour parler des clés de la haute performance. Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

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00:00 Bonjour Thierry Pic. Bonjour Jean-Philippe. Thierry Pic, vous êtes professeur de management
00:12 à l'EMU Business School. Thierry Pic, Jeux Olympiques, bientôt. Ça rime. Sport de niveau,
00:18 il y a forcément des leçons à en tirer et à apprendre pour le management et l'art du
00:22 management. Vous travaillez sur un ouvrage avec Michael Romsey sur cette question. Alors,
00:28 Thierry Pic, je vais faire même encore plus simple. Les clés de la haute performance,
00:32 c'est quoi ? Donnez-nous les recettes. On pourrait résumer en trois mots. Absorber,
00:39 encaisser, rebondir et apprendre. Voilà, et c'est un des fils rouges qu'on va tirer dans cet
00:46 ouvrage qui nous permet d'interroger des sportifs sur des tranches de vie ou des moments particuliers
00:51 et de les rendre accessibles et actionnables pour des dirigeants, managers ou même madame et monsieur
00:58 tout le monde dans leur vie quotidienne. Donc, ce terme effectivement de la résilience, de l'absorption,
01:03 de l'apprentissage, on essaye de l'aborder au travers de récits de sportifs qui sont particulièrement
01:11 emblématiques sur cette option-là. Et je vais vous raconter deux histoires assez étonnantes,
01:15 l'histoire de Richard Williams que personne ne connaît. On est en 1912, ce jeune Anglais qui
01:20 va faire ses études à Harvard, qui prend le Titanic, qui coule et qui reste accroché sur
01:24 une planche comme Léonardo DiCaprio, sauf que lui est rescapé et les médecins lui disent "on va
01:29 vous amputer des deux jambes parce que vous êtes resté trop longtemps dans le froid" et il refuse
01:32 ce verdict et il décide de remarcher et il sera deux fois vainqueur de l'US Open en 1914 et 1916
01:38 et vainqueur de la médaille d'or olympique il y a 100 ans à Paris en 1924. Donc un petit clin
01:45 d'œil. Et on a la chance de rencontrer Stéphanie Loubout-Marchand qui est une patineuse de vitesse,
01:50 qu'on appelle le short track, qui a un accident et qui se fracasse la cinquième vertèbre cervicale
01:56 et qui elle aussi a un diagnostic de paralysie et qui refuse ce diagnostic et qui en six mois reprend
02:01 à courir et va sûrement reprendre la compétition même si elle ne se sera pas dans le même sport.
02:05 Donc on a vraiment deux exemples parmi plein d'autres, effectivement très très frappants.
02:10 Alors on pourrait dire qu'est-ce qu'on en ressort finalement ? On n'est pas sportif de haut niveau.
02:13 C'est géniaux ces exemples.
02:15 Et qu'est-ce qu'on en tire ? Ils ont ce côté effectivement un peu spectaculaire.
02:18 On en retire plusieurs aspects de facteurs clés de succès pour remonter finalement des situations
02:27 qui ne sont pas toujours aussi dramatiques. Le premier c'est se donner des objectifs fous,
02:31 voire complètement irraisonnés, refaire du sport un jour par exemple, mais qui permet de rendre des
02:35 objectifs intermédiaires finalement plus faciles à atteindre et n'en faire que des étapes. On est
02:40 un peu dans l'effet Pygmalion quelque part, où la croyance d'atteindre un objectif fou va permettre
02:46 de récupérer beaucoup plus rapidement. Et là les témoignages le disent. On a aussi la stratégie des
02:52 petites victoires qu'on connaît bien en gestion, où je prends le cas de Tiffany, qui chaque jour
02:57 quand elle pouvait commencer à remuer les mains ou les doigts, le disait à son téléphone. Elle
03:03 ne pouvait pas prendre de note. En tout cas, elle gardait cet élément comme une trace du positif et
03:08 de son chemin vers le rétablissement. Donc la capacité à noter ces petites victoires, à les
03:14 valoriser, qu'on connaît bien en gestion, est un facteur effectivement de résilience absolument
03:19 énorme. Très intéressant. Faut articuler objectifs fous et petites victoires. Et c'est les deux.
03:24 Exactement, et c'est les deux. Il faut évidemment savoir s'entourer avec une capacité à extérioriser,
03:29 donc avec des interlocuteurs autour qui sont capables d'écouter et d'absorber aussi cette
03:34 difficulté et ce stress engendré par la situation. Et puis ce que je retire du monde des sportifs de
03:39 haut niveau, c'est la capacité à se projeter comme le font les sportifs, avec un plan, avec
03:44 des échéances, avec des indicateurs, avec des objectifs. Donc on va dire tous les systèmes de
03:50 gestion que mettent en place les sportifs de haut niveau pour structurer une activité vers un
03:54 objectif. Et là on retrouve finalement peut-être une proximité entre le monde de l'entreprise et
03:59 puis le monde du sportif, quand on est capable même dans des événements dramatiques et très
04:04 douloureux de pouvoir rationaliser finalement un plan de progrès ou un plan projet pour récupérer.
04:10 Voilà, c'est des éléments qui sont intéressants à la fois sur le plan individuel,
04:15 effectivement pour absorber les chocs, on en a tous, retrouver un allant, un dynamisme,
04:24 un positif et puis apprendre de ces situations. Et je rajouterai un dernier élément qui est aussi
04:29 de transmettre, parce que finalement le but de raconter des histoires de ce type là c'est
04:33 d'inspirer, c'est de transmettre et c'est de montrer que tout est possible, y compris en passant
04:38 dans des cas extrêmes de ce type. Absolument, s'inspirer aussi d'exemples qu'a priori on ne va
04:43 pas forcément voir dans les entreprises, que ce soit les militaires, que ce soit les sportifs de
04:48 très haut niveau, etc. Et qui permettent de se questionner finalement sur sa propre réalité.
04:52 En effet miroir. Encaisser, rebondir, apprendre, c'est ça les clés de la haute performance.
04:58 On doit tous encaisser un jour et apprendre à rebondir. Merci Thierry.
05:03 Merci Philippe.
05:04 [Musique]

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