Des sites "infestés de vidéos de viols", de scènes de "torture"… Le rapport du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE), remis ce mercredi au gouvernement , dresse un constat effarant de la montée en puissance de la violence sur les plateformes qui diffusent des contenus pornographiques. "Dans l’industrie pornographique, des femmes et des filles sont massivement victimes de violences physiques et sexuelles. Les femmes, caricaturées des pires stéréotypes sexistes et racistes, sont humiliées, objectifiées, déshumanisées, violentées, torturées, subissant des traitements contraires à la fois à la dignité humaine et… à la loi française", écrit le HCE, qui précise avoir "mené une étude sur les quatre principales plateformes pornographiques (Pornhub, XVideos, Xnxx, Xhamster) qui comptent des millions de vidéos.
Parmi ce torrent de vidéos, le HCE estime à "90 %" la proportion de "contenus pornographiques contenant de la violence physique ou verbale, donc pénalement répréhensibles" et assure que "1,4 million" de vidéos présentent "des pratiques sadiques" qui répondent pour certaines à la "définition juridique des actes de torture et de barbarie." Bien loin du "mythe d'une pornographie "fun", "cool" et synonyme de "libération sexuelle"". Plus largement, le Haut Conseil à l’égalité accuse l'industrie de la pornographie, de ses producteurs à ses acteurs et actrices, d'être "illégale" dans presque toutes ses composantes : contrats de travail illégaux, car "on ne peut pas consentir à sa propre torture, à sa propre humiliation" ; séquences illégales de "violences physiques et sexuelles" ; illégalité des "discours pornographiques" de "provocation à la haine misogyne, raciste et LGBTphobe" ; illégalité d'une pornographie qui "diffuse et facilite la pédocriminalité", méprise "la protection des mineurs" ("la consommation massive dès le plus jeune âge renforce la culture du viol, banalise et augmente la violence sexuelle"), et diffuse de manière "illimitée" des contenus à caractère sexuel mettant en scène des femmes "revictimisées sans fin".
"Il s’agit d’un massacre illégal à but lucratif", a dénoncé la présidente du HCE. "Le mur d’indifférence qui a accompagné la montée de la violence dans le porno est absolument sidérant. Il faut sortir du déni". "Il n’y a aucune raison de tolérer dans la France de 2023 toutes ces illégalités" et qui "font voir à des mineurs ces spectacles avec les conséquences que l’on sait sur les mentalités. Cette école des violences sexistes qu’est devenue la pornographie doit cesser" a lancé mercredi Sylvie Pierre-Brossolette sur France Inter.
La ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, a annoncé de son côté la création d'un groupe de travail interministériel pour préparer des mesures de lutte contre les violences dans l'industrie pornographique, après la remise de ce rapport. Dans le même temps, le gouvernement entend poursuivre le travail pour bloquer l’accès des sites pornographiques aux enfa
Parmi ce torrent de vidéos, le HCE estime à "90 %" la proportion de "contenus pornographiques contenant de la violence physique ou verbale, donc pénalement répréhensibles" et assure que "1,4 million" de vidéos présentent "des pratiques sadiques" qui répondent pour certaines à la "définition juridique des actes de torture et de barbarie." Bien loin du "mythe d'une pornographie "fun", "cool" et synonyme de "libération sexuelle"". Plus largement, le Haut Conseil à l’égalité accuse l'industrie de la pornographie, de ses producteurs à ses acteurs et actrices, d'être "illégale" dans presque toutes ses composantes : contrats de travail illégaux, car "on ne peut pas consentir à sa propre torture, à sa propre humiliation" ; séquences illégales de "violences physiques et sexuelles" ; illégalité des "discours pornographiques" de "provocation à la haine misogyne, raciste et LGBTphobe" ; illégalité d'une pornographie qui "diffuse et facilite la pédocriminalité", méprise "la protection des mineurs" ("la consommation massive dès le plus jeune âge renforce la culture du viol, banalise et augmente la violence sexuelle"), et diffuse de manière "illimitée" des contenus à caractère sexuel mettant en scène des femmes "revictimisées sans fin".
"Il s’agit d’un massacre illégal à but lucratif", a dénoncé la présidente du HCE. "Le mur d’indifférence qui a accompagné la montée de la violence dans le porno est absolument sidérant. Il faut sortir du déni". "Il n’y a aucune raison de tolérer dans la France de 2023 toutes ces illégalités" et qui "font voir à des mineurs ces spectacles avec les conséquences que l’on sait sur les mentalités. Cette école des violences sexistes qu’est devenue la pornographie doit cesser" a lancé mercredi Sylvie Pierre-Brossolette sur France Inter.
La ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, a annoncé de son côté la création d'un groupe de travail interministériel pour préparer des mesures de lutte contre les violences dans l'industrie pornographique, après la remise de ce rapport. Dans le même temps, le gouvernement entend poursuivre le travail pour bloquer l’accès des sites pornographiques aux enfa
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00:00:00 [Générique]
00:00:07 Bonsoir à toutes et à tous.
00:00:09 Des femmes humiliées, violentées, torturées,
00:00:12 le Haut Conseil pour l'égalité publie un rapport choc
00:00:15 sur les violences infligées aux femmes dans l'industrie du porno.
00:00:19 Ces vidéos en accès libre qui abreuvent les téléphones portables de nos enfants,
00:00:23 filles et garçons, et qui façonnent leur perception de la sexualité.
00:00:27 Question, pourquoi ne réagit-on pas face à de telles violences
00:00:31 infligées parfois à des jeunes filles mineures
00:00:34 et qui se retrouvent totalement sous l'emprise de cette industrie du X ?
00:00:39 Quelles conséquences pour nos enfants exposés à ces vidéos ?
00:00:42 Comment réagit-on quand on a 10, 12 ou 13 ans ?
00:00:46 Et pourquoi ne peut-on pas réguler et interdire des vidéos
00:00:49 qui 9 fois sur 10 véhiculent des images de violences physiques et sexuelles ?
00:00:54 C'est le sujet de cette émission de ce C'est dans l'air,
00:00:55 intitulée ce soir "Porno, le rapport choc".
00:00:58 Pour répondre à vos questions, nous avons le plaisir d'accueillir
00:01:00 Laurence Rossignol, vous êtes sénatrice PS du Val-de-Marne,
00:01:03 vous êtes présidente de l'Assemblée des femmes,
00:01:05 et je cite votre rapport publié l'an dernier,
00:01:07 "Porno, l'enfer du décor", avec les sénatrices
00:01:10 Annick Bilon, Alexandra Borchiro-Fontain et Laurence Cohen.
00:01:14 Justine Atlan, vous êtes directrice générale de l'association e-Enfance,
00:01:17 dont on peut rappeler le numéro ce soir, c'est le 30-18.
00:01:21 François Croce, vous êtes directeur du pôle Genre, Sexualité et Santé sexuelle
00:01:25 à l'IFOP, vous sortez dans quelques jours un sondage sur l'influence
00:01:29 de la pornographie sur la vision de la sexualité et le respect du consentement.
00:01:33 Et enfin, Marie-Estelle Dupont, vous êtes psychologue clinicienne,
00:01:37 je cite votre ouvrage à paraitre le 12 octobre, "Être parent en temps de crise",
00:01:41 c'est aux éditions Très Daniel, merci de participer à cette émission en direct.
00:01:46 Laurence Rossignol, vous avez déjà travaillé sur ce sujet,
00:01:49 je vais citer une phrase issue du tout nouveau rapport
00:01:52 qui vient d'être remis au gouvernement, "Une rousse se fait électrocuter,
00:01:58 torturer, baiser", voici ce que les enquêteurs ont relevé,
00:02:05 ont trouvé dans cette industrie du porno, on ne soupçonne pas l'abomination
00:02:09 de ce qu'on fait subir à ces femmes qui se retrouvent dans l'emprise de cette industrie.
00:02:14 C'est vrai, c'est le deuxième rapport qui est produit par une institution,
00:02:17 le premier était celui du Sénat l'année dernière,
00:02:20 et celui du conseil à l'égalité est un peu le tome 2.
00:02:22 Et nous on se réjouit bien entendu qu'elles aient poursuivi le travail.
00:02:25 Et effectivement, ce qu'elles ont fait davantage que nous probablement,
00:02:29 c'est qu'elles ont visionné des centaines de vidéos.
00:02:33 Elles sont allées sur les sites, elles ont cherché et elles ont trouvé,
00:02:36 elles ont trouvé ne serait-ce que les intitulés, celui que vous venez d'évoquer il y a un instant.
00:02:40 En fait, l'intérêt de ces rapports, avant qu'on envisage les prolongements
00:02:45 en matière de politique publique, c'est déjà de démystifier ce qu'est le porno.
00:02:49 Le porno ce n'est pas du cinéma, ce n'est pas de la fiction.
00:02:53 Ce ne sont pas des actrices dites-vous, parce qu'il n'y a pas de simulation ?
00:02:58 Exactement, ce n'est pas simulé, tout ce que vous voyez est réel.
00:03:02 Quand ce ne sont pas des actrices, elles ne jouent pas la comédie.
00:03:05 Pardon de la crudité des propos qu'on va avoir, mais on est obligé, on ne peut pas faire autrement.
00:03:09 Mais quand on voit une triple pénétration par exemple,
00:03:13 ou une fellation jusqu'à l'étouffement,
00:03:16 la femme qui est sur le plateau subit réellement une triple pénétration
00:03:20 ou une fellation jusqu'à l'étouffement.
00:03:22 Donc c'est ça le porno, il faut arrêter de glamouriser le porno,
00:03:26 de penser que c'est une autre façon de vivre son érotisme.
00:03:31 Non, c'est une industrie qui est fondée d'abord sur le recrutement de femmes en vulnérabilité,
00:03:37 souvent psychologique et matérielle, avec une grande porosité avec le monde de la prostitution.
00:03:42 Les pratiques sont quand même très discutables.
00:03:46 Alors il y a des viols, il y a des viols au sens où les femmes ne savent pas ce qui va leur arriver.
00:03:50 Bon, tout ça va en partie être révélé dans un procès qui aura lieu, je pense en 2024,
00:03:56 quel procès ? French Book Hockey ?
00:03:58 C'est Jackie et Michel.
00:03:59 C'est le deuxième procès, Jackie et Michel.
00:04:01 French Book Hockey, c'est le premier.
00:04:02 Il y a une quinzaine d'hommes mis en examen en détention provisoire,
00:04:06 donc pour viol, viol, complicité de viol, viol en réunion,
00:04:09 enfin bref, tout ce qu'on peut imaginer comme incrimination terrible.
00:04:13 Et puis après, et ça on en parlera tout à l'heure, c'est l'influence de tout ça.
00:04:18 Mais il faut que les promoteurs du porno, les producteurs,
00:04:21 parce que c'est un business mondial qui draine des milliards de dollars,
00:04:25 c'est quand même ça l'affaire, arrête de nous raconter et de nous faire croire
00:04:29 que c'est de la création.
00:04:30 Non, il n'y a zéro création, les scénarios sont affligeants.
00:04:33 Et ce n'est que de la mise en scène de la violence.
00:04:36 Et les femmes, elles sont traitées tout le temps très mal.
00:04:40 Dans ce qu'elles ont observé, dans les vidéos qu'elles ont regardées,
00:04:47 elles ont révélé bien entendu sexisme, misogynie,
00:04:51 je ne vais pas abreuver nos téléspectateurs et spectatrices de tous ces mots,
00:04:56 mais toutes les femmes sont des salopes en fait.
00:04:59 C'est raciste, c'est-à-dire que les hommes noirs le plus souvent
00:05:04 apparaissent comme étant dotés par la nature d'un pénis monstrueux, anormal.
00:05:11 Donc il y a de la bestialité.
00:05:14 Et ça c'est LGBTphobe, c'est-à-dire que c'est très lesbophobe.
00:05:18 En général il y a deux jeunes femmes et puis il y a un homme qui arrive,
00:05:21 c'est le viol correctif des lesbiennes, c'est-à-dire que la sexualité des lesbiennes
00:05:25 doit passer par l'homme et la pénétration.
00:05:29 Et donc c'est sexiste, et c'est surtout dernier volet et pas le moindre.
00:05:33 C'est l'apologie de la pédocriminalité, quand vous avez écolière,
00:05:39 et puis ensuite l'inceste avec papa, en famille.
00:05:43 C'est-à-dire que nous qui sommes engagés dans les politiques publiques
00:05:46 pour réduire les violences sexuelles, accompagner les femmes,
00:05:50 changer les comportements, éduquer les garçons au consentement,
00:05:54 on a en face de nous un tsunami contre lequel on ne peut pas lutter
00:05:59 parce que tout ce qu'on fait est orthogonal à tout ce que 19 millions de Français par mois voient,
00:06:06 dans leur rapport elles disent plus même, nous on était à 19, je crois qu'elles sont montées à 30,
00:06:10 et plus de 2 millions de mineurs.
00:06:12 Donc tous nos discours sur l'éducation au consentement
00:06:17 sont balayés par une profusion d'images dans lesquelles il n'y a pas de consentement
00:06:22 et les femmes sont toutes à la disposition des hommes
00:06:25 pour les pires sévices et les pires pratiques sexuelles.
00:06:28 – Et tout ça est assumé parce qu'effectivement il y a des rubriques,
00:06:30 vous parliez d'inceste et de pédocriminalité,
00:06:32 le rapport montre qu'il y a des rubriques intitulées "papa baise-moi",
00:06:35 donc on voit bien que ce sont des enfants et des enfants-filles de papa,
00:06:38 et donc c'est l'inceste qui est la promotion.
00:06:40 Vous vous excusiez au début de l'émission en parlant de mots très crus,
00:06:45 il faut dire que le rapport dit qu'il faut délibérément être cru
00:06:48 pour réveiller les politiques et l'opinion,
00:06:50 il faut mettre sur la table ce qui se passe.
00:06:54 Marie-Estelle Dupont, le rapport parle de dégâts psychologiques,
00:06:59 parle de dégâts physiques, alors on va citer le prolapse,
00:07:02 le prolapse c'est quoi ?
00:07:04 C'est une descente d'une partie des organes en raison d'une pénétration brutale.
00:07:07 Dans quel état les filles qui se retrouvent prises dans cette emprise
00:07:11 ressortent-elles, j'allais dire physiquement et psychologiquement ?
00:07:16 Est-ce qu'on arrive à se regarder dans la glace ?
00:07:19 Comment en sort-on des griffes de cette industrie ?
00:07:23 Dans ce type de situation extrêmement traumatique et répétée,
00:07:27 d'abord physiquement vous êtes très dégradé,
00:07:30 c'est-à-dire qu'au bout d'un certain nombre de pénétrations barbares,
00:07:33 vous n'êtes plus en état d'avoir un rapport sexuel,
00:07:35 vous êtes incontinente.
00:07:37 En général, face à des actes de barbarie, l'être humain a deux voies possibles.
00:07:41 La première, pour s'en sortir, c'est une forme d'érotisation de l'humiliation,
00:07:45 d'érotisation de la souffrance et d'identification à l'agresseur,
00:07:48 donc je vais agresser pour ne pas être agressé,
00:07:51 ce qu'on retrouve chez certains garçons qui,
00:07:53 voyant du porno et étant sidérés, vont mimer l'agression
00:07:57 pour ne pas être dans la position de la victime.
00:08:00 Malheureusement...
00:08:01 - Se mettre du côté du fort.
00:08:02 - Du fort, c'est l'identification à l'agresseur qu'on retrouve
00:08:04 dans beaucoup de situations traumatiques,
00:08:06 ce qui explique par exemple dans une famille maltraitante
00:08:08 que la maltraitance se répète de génération en génération,
00:08:11 puisqu'on s'identifie au bourreau pour pouvoir supporter ce qu'on a vécu.
00:08:14 Et le deuxième destin, qui est malheureusement celui
00:08:16 qui est emprunté par les jeunes femmes en général,
00:08:19 c'est celui de l'effondrement, c'est-à-dire que,
00:08:22 comme elles ne peuvent pas s'appuyer sur des ressources
00:08:25 à ce stade d'emprise, sur des ressources extérieures
00:08:29 suffisamment tôt pour garder une intégrité psychique, sociale,
00:08:33 parce que ça implique aussi parfois de mentir sur ses activités, etc.,
00:08:37 donc elles se coupent d'amis d'enfance, donc ça va très très loin.
00:08:40 - Parce qu'évidemment, ces vidéos...
00:08:41 - Elles sont francs précaires au niveau de la famille,
00:08:43 c'est-à-dire que si les parents sont juste à côté,
00:08:45 en général, il y a un garde-faux à un moment donné,
00:08:47 avant que la jeune fille ne bascule complètement.
00:08:49 Donc, comme il n'y a plus ces ressources,
00:08:52 et que sur le plan psychique, elle est totalement effractée,
00:08:55 elle a intériorisé l'humiliation, elle va en général s'effondrer,
00:09:00 c'est-à-dire intérioriser le mal, c'est elle qui est sale,
00:09:03 c'est elle qui est mauvaise, c'est elle qui n'est bonne à rien.
00:09:05 On le voit dans des situations bien moins barbares,
00:09:10 simplement quand une jeune fille est un peu abusée
00:09:12 par son petit copain qui l'humilie devant les autres,
00:09:14 elle peut déclencher un trouble alimentaire,
00:09:16 c'est-à-dire que très rapidement, l'humiliation va déclencher
00:09:20 un retournement contre soi de l'agressivité,
00:09:22 avec des troubles alimentaires, des scarifications,
00:09:24 des tentatives de suicide, etc.
00:09:27 Et sur le plan physique, les gynécologues de l'hôtel Dieu,
00:09:31 ça leur arrive, moi ça m'est déjà arrivé d'en avoir une au téléphone,
00:09:34 qui me dit "je suis tombée dans les pommes en examinant la jeune femme,
00:09:37 alors que c'est mon métier, la dite jeune femme était filmée
00:09:40 par sa mère pendant que son père et ses amis la violaient,
00:09:43 et les vidéos étaient vendues dans un pays étranger".
00:09:46 Voilà, c'est ça la réalité de cet esclavage moderne.
00:09:50 On a cru que la modernité allait nous sauver de la barbarie,
00:09:52 mais on voit bien que non.
00:09:53 – Et Justine Latteland, ce qui interroge,
00:09:55 je ne vais pas dire sur la condition masculine,
00:09:57 mais ce qui interroge quand même, c'est le succès de ces vidéos
00:10:00 dont on parle depuis 10 minutes.
00:10:03 Ces plateformes cumulent 5 milliards de visites par mois,
00:10:07 elles figurent dans le top 20 des sites les plus visités au monde,
00:10:10 et la France est le troisième pays le plus consommateur de porno.
00:10:14 Donc quel est le ressort du succès de ces vidéos ?
00:10:19 Pourquoi est-ce que certains se retrouvent à vouloir voir
00:10:24 toujours plus de violence véhiculée par ces plateformes ?
00:10:28 – Il y a plusieurs facteurs, d'abord il y a Internet
00:10:31 qui est né quasiment avec cette industrie,
00:10:33 je veux dire depuis le début quasiment Internet,
00:10:35 c'est les contenus qui sont les plus visionnés sur Internet quotidiennement,
00:10:39 c'est les contenus pornographiques.
00:10:41 – Mais ce n'était pas ça au début ?
00:10:42 – Ce n'était pas forcément les mêmes,
00:10:43 mais la pornographie était très présente dès le début d'Internet,
00:10:47 et a créé du trafic très dense et très répété sur ce type de contenus-là.
00:10:52 C'était très nouveau, il faut reconnaître quand même,
00:10:54 nous on trouve ça normal, mais autrefois pour aller voir un film pornographique,
00:10:57 il faut aller dans un cinéma, donc vous vous rendez bien compte,
00:10:59 ce ne sont pas les mêmes personnes qui vont faire la démarche
00:11:01 de sortir de chez eux, de faire la queue devant un cinéma,
00:11:03 de rentrer devant un cinéma, de rester dedans,
00:11:05 vu qu'on en ressort d'être avec d'autres personnes dans un lieu collectif,
00:11:08 que de consommer à la maison, à la demande, tout seul, etc.
00:11:12 Donc bien évidemment que ça a apporté beaucoup de gens,
00:11:14 et des femmes d'ailleurs aussi, il faut reconnaître aussi,
00:11:17 qui se sont mis à consommer aussi de la pornographie quand c'est arrivé.
00:11:20 Ensuite de ça, on en parlera tout à l'heure,
00:11:22 mais il y a, en ce qui concerne les jeunes,
00:11:25 il y a un déficit d'éducation sexuelle en France.
00:11:27 Donc les jeunes, ils vont chercher sur Internet,
00:11:29 puisque aujourd'hui c'est le lieu d'information pour eux,
00:11:32 des informations, ce qu'ils croient être des informations,
00:11:34 sur évidemment le sujet central de l'adolescence,
00:11:37 qui est c'est quoi de devenir un être, femme, homme, ou peu importe,
00:11:40 mais d'une identité sexuelle et d'une vie sexuelle,
00:11:42 et ça va ressembler à quoi de devenir adulte,
00:11:44 et d'avoir ces activités-là, et qu'est-ce qu'il faut faire
00:11:46 pour être un homme ou une femme dans la société,
00:11:49 et correspondre à ces codes-là, et donc ils consomment de ça.
00:11:51 Ensuite il y a effectivement le contenu en lui-même.
00:11:53 - Quand ta pornographie devient de la torture, je veux dire...
00:11:55 - Alors ça c'est autre chose, ça devient addictif.
00:11:57 - Un voyeurisme dans le toujours plus ?
00:11:59 - Alors c'est pas forcément un voyeurisme, c'est des ressorts d'excitation,
00:12:01 c'est-à-dire à partir du moment où c'est ça qui va commencer
00:12:03 à vous procurer vos premières excitations sexuelles,
00:12:06 et ça c'est très compliqué quand on a des enfants qui consomment ça,
00:12:08 c'est qu'ils culpabilisent de ressentir une excitation,
00:12:11 en voyant ces contenus-là.
00:12:13 Donc déjà il faut leur faire comprendre que de toute façon c'est fait pour leur exciter,
00:12:15 et le fait qu'ils ressentent une excitation sexuelle,
00:12:18 c'est évidemment par leur faute, et c'est ça d'ailleurs qui commence
00:12:20 à rendre compliquée la consommation.
00:12:22 Ensuite de ça, c'est vrai que ça ça concerne pas que les jeunes,
00:12:24 ça concerne les adultes et tout le monde,
00:12:26 c'est qu'à partir du moment où ça vous produit,
00:12:28 et ça vous crée effectivement des fantasmes,
00:12:30 des fantasmes qui sont pas les vôtres, mais auxquels vous commencez à adhérer,
00:12:33 parce que c'est ça qui produit l'excitation,
00:12:35 vous en voulez effectivement de plus en plus,
00:12:37 et ça c'est comme n'importe quelle addiction,
00:12:39 c'est-à-dire qu'il vous faut une drogue de plus en plus forte,
00:12:42 pour effectivement arriver ne serait-ce qu'au même niveau d'excitation
00:12:46 de la première fois que vous l'avez bu.
00:12:48 Et donc effectivement ces contenus sont de plus en plus violents,
00:12:50 avec une production sauvage, barbare,
00:12:54 et de plus en plus amateur,
00:12:56 au sens où il n'y a plus ce qu'on disait il y a peut-être 30 ans,
00:12:59 de la fiction, de la réalisation, de la production,
00:13:02 de l'éventuelle simulation, tant est qu'il y en ait eu à un moment.
00:13:05 - D'actrice à de l'esclavagisme.
00:13:07 - Ah ben total, ça là-dessus je pense qu'on est tous d'accord autour de la table,
00:13:10 mais vous vous rendez bien compte que c'est désastreux
00:13:12 pour la création d'un modèle sociétal,
00:13:14 qui adhère aujourd'hui à ça,
00:13:16 parce que les jeunes aujourd'hui pensent que c'est ça la réalité,
00:13:18 ils pensent que finalement on leur parle effectivement de consentement,
00:13:21 on leur parle d'une ère "me too", etc.,
00:13:23 d'un progrès au niveau sociétal soi-disant,
00:13:26 et puis qu'en fait tous les adultes qui leur parlent de ça,
00:13:28 quand ils sont dans leur chambre le soir,
00:13:30 ils font ce qu'ils voient sur les sites pornos,
00:13:32 donc ils se disent quand même que la société est un peu étrange.
00:13:34 - Marie-Estelle, du point si ces plateformes fournissent ça,
00:13:37 c'est qu'il y a une demande, et cette demande,
00:13:39 c'est ce que disait Justine Atelan,
00:13:41 au fond ce sont les ressorts de la drogue, de la dictologie.
00:13:43 - Tout à fait, c'était très important ce que vous soulignez sur l'addiction,
00:13:46 parce qu'en fait il faut bien comprendre que
00:13:48 un mineur qui reçoit cette image,
00:13:51 a fortiori si à la maison il n'y a pas eu d'éducation affective et sexuelle,
00:13:54 on ne lui a pas très clairement dit,
00:13:56 et il faut le dire très clairement et dans ces termes à nos adolescents,
00:13:59 la pornographie c'est l'antisexualité,
00:14:02 la sexualité c'est du lien,
00:14:04 c'est un partage émotionnel entre deux adultes qui se choisissent
00:14:07 et qui sont consentants dans leur globalité,
00:14:09 dans le respect, dans la joie, dans la créativité,
00:14:11 dans la complicité, dans le rire,
00:14:13 ça c'est la sexualité.
00:14:15 La pornographie, il n'y a pas d'imaginaire érotique,
00:14:18 c'est pas drôle, il n'y a pas de complicité,
00:14:20 c'est une évacuation de l'affect,
00:14:22 c'est un morcellement du corps,
00:14:24 c'est un déni de l'altérité,
00:14:26 c'est une objectalisation de mon corps qui doit devenir un herdeur
00:14:29 et du corps de la femme qui doit accepter de plus en plus de violences.
00:14:33 Donc déjà vraiment dans un contexte
00:14:35 où il y a un défaut d'éducation affective et sexuelle à la maison des jeunes,
00:14:40 ils vont à un âge où ils se cherchent des modèles identificatoires,
00:14:43 où ils cherchent des réponses à toutes ces pulsions
00:14:45 qu'ils font les montagnes russes dans leur cerveau toute la journée,
00:14:47 ils vont avoir une adhésion,
00:14:49 il va y avoir une emprise comme le krach sur leur cerveau,
00:14:51 et les images vont venir effracter une image du corps qui n'est pas terminée,
00:14:55 une estime de soi qui est encore bancale,
00:14:58 et ça va agir sur les circuits de récompense,
00:15:01 ça va déclencher de la dopamine,
00:15:03 et donc il en faudra effectivement toujours plus,
00:15:05 sauf qu'on est dans l'excitation sans aucune narration,
00:15:07 il n'y a pas de récit.
00:15:08 Quand vous faites votre premier baiser sur la plage à votre petite amie,
00:15:11 il y a un récit, il y a une érotisation,
00:15:13 il y a une mise en parole.
00:15:14 Dans du porno, il n'y a absolument aucun scénario,
00:15:16 comme vous le disiez, c'est d'une pauvreté,
00:15:18 d'un ennui absolument abyssal.
00:15:22 Donc il y a une dimension de toxicomanie,
00:15:25 et je crois que les français sont très consommateurs
00:15:27 pour la même raison qu'ils sont très consommateurs de psychotropes.
00:15:29 Ça dit quelque chose de notre société,
00:15:31 comme le harcèlement, on le verra tout à l'heure,
00:15:33 qu'est-ce qu'on offre comme modèle identificatoire,
00:15:37 comme exemple en fait,
00:15:39 et comme objet de désir à nos jeunes
00:15:41 pour qu'ils se ratatinent à ce point sur des conduites addictives ?
00:15:44 Ça dit quelque chose de leur grand mal-être existentiel.
00:15:46 – François Croce, ça fait 15 ans, Aliphobe,
00:15:48 que vous suivez le rapport des français à la sexualité,
00:15:51 est-ce qu'il a évolué ?
00:15:53 – Oui, je pense que c'est important quand même que ce rapport-là,
00:15:57 il ne porte pas vraiment sur le porno mainstream,
00:16:01 qui constitue quand même l'essentiel encore
00:16:04 des vidéos qu'on voit sur ces plateformes de streaming.
00:16:07 Porno mainstream qui renvoie déjà à l'image de la femme objet,
00:16:11 soumise à la domination masculine,
00:16:14 avec des scripts sexuels, cisgenres, hétéronormatifs,
00:16:18 et qui favorisent déjà eux-mêmes la violence et la soumission féminine.
00:16:23 Mais lui il porte quand même sur surtout des niches,
00:16:28 ce qu'on appelle des niches en langage porno,
00:16:31 et qui explosent depuis quelques années,
00:16:33 parce qu'il y a toujours une demande notamment payante,
00:16:37 parce que c'est des choses qui sont plus radicales, plus trash,
00:16:41 où il y a en fait beaucoup moins d'actrices qui s'y prêtent,
00:16:44 et c'est aussi un peu le signe de l'atomisation du marché du porno,
00:16:50 qui était cadré dans les années 80-90, en tout cas en France,
00:16:54 par Canal+ qui à travers son fameux film du samedi soir,
00:16:58 avait cadré plutôt en haut en termes de qualité par rapport à d'autres pays,
00:17:02 on pense par exemple à l'Allemagne,
00:17:04 où il n'y avait pas ce cadrage notamment par Canal+
00:17:07 qui interdissait par exemple les rapports sexuels forcés,
00:17:10 les doubles pénétrations, les choses comme ça,
00:17:12 qui disaient que globalement pendant longtemps,
00:17:14 le porno mainstream était cadré par la télévision,
00:17:18 et évitait en fait les choses trop déviantes, trop violentes.
00:17:23 Depuis une dizaine, quinzaine d'années,
00:17:25 il y a eu une digitisation massive de la consommation de pornographie,
00:17:30 et depuis quelques années encore, notamment depuis un an, un an et demi,
00:17:33 une partie des plateformes a retiré de nombreuses vidéos qui posaient problème,
00:17:39 mais il en reste encore beaucoup.
00:17:41 C'est ça que le rapport met en évidence.
00:17:44 90% des vidéos qui sont en ligne relèvent de la...
00:17:50 enfin, génèrent de la violence physique et sexuelle.
00:17:55 C'est donc un rapport choc qui alerte sur la banalisation des atteintes graves
00:17:59 à la dignité humaine dans les contenus pornos.
00:18:01 Le Haut Conseil à l'égalité entre les hommes et les femmes
00:18:03 remet aujourd'hui au gouvernement les conclusions
00:18:05 de plus en plus d'un an d'enquête et de passage de revues
00:18:09 de milliers de vidéos disponibles en ligne.
00:18:11 Il réclame tout simplement un électro-choc, sujet de Théo Manval et Ilana Asenko.
00:18:16 Ce sont 212 pages à la lecture presque insoutenables.
00:18:22 Un an d'enquête, des millions de vidéos consultées
00:18:25 sur les plateformes les plus en vue, et un constat sans appel.
00:18:28 90% des vidéos pornos contiennent de la violence.
00:18:32 Près d'un million et demi relèvent même de pratiques sadiques.
00:18:35 Le fait d'une industrie criminelle qui agit, selon le Haut Conseil,
00:18:39 en toute impunité.
00:18:41 En quelques clics, les vidéos brutales sont en effet disponibles jusqu'à la nausée.
00:18:46 Proposons de voir une femme électrocutée, torturée.
00:18:50 C'est pourtant totalement illégal, rappelle Sylvie Pierre-Brosolette,
00:18:53 qui a remis ce rapport.
00:18:55 Ce sont des douleurs intenses, physico-morales,
00:18:58 qui sont intentionnellement infligées,
00:19:01 que les souffrances sont réelles,
00:19:03 que les filles ne font pas semblant.
00:19:06 Dans ces vidéos, non seulement il y a la violence,
00:19:09 mais elle est érotisée.
00:19:11 Jouissance et violence sont liées,
00:19:13 sexualité et violence sont liées,
00:19:16 et c'est devenu la norme de toute une génération.
00:19:19 C'est très inquiétant, il faut y mettre fin.
00:19:21 Le HCE a aussi recensé plus d'un million de vidéos
00:19:24 à la limite de la pédopornographie,
00:19:27 intitulée "Ado", ou bien valorisant l'inceste
00:19:30 avec les mots-clés "frère" et "sœur",
00:19:32 voire carrément une rubrique "famille".
00:19:35 Symbole des dérives de cette industrie en France,
00:19:41 l'affaire French Boukake, documentée notamment par le journal Le Monde.
00:19:45 17 hommes, bientôt jugés à Paris pour avoir recruté
00:19:48 et exploité sexuellement des dizaines de jeunes femmes,
00:19:51 parfois en les droguant.
00:19:53 À la tête du réseau, ces deux producteurs
00:19:55 rapataient leurs victimes, originaires de milieux modestes,
00:19:58 en leur promettant discrétion et argent facile,
00:20:01 avant de leur faire subir les pires sévices une fois face caméra.
00:20:04 C'était des viols déguisés sous prétexte de vidéos,
00:20:07 acteurs et producteurs avaient toutes les libertés.
00:20:10 Le site cumulait près de 300 000 visites par mois,
00:20:13 une fois les contenus en ligne,
00:20:15 impossible pour les victimes de les faire retirer.
00:20:17 Il m'a dit que pour supprimer les vidéos,
00:20:19 il fallait payer 3 500 euros.
00:20:21 Je lui ai dit que c'était plus que tout ce que j'avais gagné dans cette affaire.
00:20:24 C'est là qu'il m'a proposé d'être à sa disposition,
00:20:27 pendant un temps indéfini, pour lui faire plaisir quand il en a envie.
00:20:30 La révélation de l'affaire a provoqué quelques manifestations,
00:20:34 mais pas de changement notable pour protéger les femmes.
00:20:37 On est des criminels !
00:20:39 Dans le porno amateur, seules les actrices ne sont pas professionnelles,
00:20:42 et en fait c'est des victimes de viols que non, on voudrait aider,
00:20:45 on voudrait que la société civile ouvre les yeux sur ce massacre,
00:20:48 sur ce qui est en train de se passer sous nos yeux.
00:20:51 Le rapport du HCE fait justement des propositions.
00:20:54 Ses experts ont signalé 35 vidéos violentes
00:20:57 à la plateforme gouvernementale Pharos.
00:20:59 Aucune n'a été retirée d'Internet.
00:21:02 Car il faut aujourd'hui attendre qu'un tribunal se prononce.
00:21:05 Le Haut Conseil souhaite que Pharos puisse retirer directement ses contenus,
00:21:09 comme c'est déjà le cas dans les affaires de terrorisme.
00:21:12 C'est très simple, si des scènes de torture,
00:21:15 de viol ou d'agression sexuelle
00:21:18 ne sont portées à la connaissance de Pharos ou que Pharos les détecte,
00:21:22 il demande aux hébergeurs français ou étrangers de les retirer.
00:21:25 Si ça n'est pas fait, après les fournisseurs d'accès français
00:21:29 sont sommés les arrêter.
00:21:31 Il serait simple aussi, selon la présidente,
00:21:34 de faire fermer les sites qui ne vérifient pas réellement l'âge de leurs utilisateurs.
00:21:38 Aujourd'hui les enfants accèdent au porno à l'âge de 10 ans en moyenne en France,
00:21:43 et plus d'un garçon sur deux âgé de 12 ans consulte ces sites régulièrement.
00:21:47 Ça les impacte dans leur mentalité,
00:21:50 car leur pratique ensuite, évidemment,
00:21:54 découle de l'imitation de ce qu'ils ont vu.
00:21:57 47% des jeunes garçons aujourd'hui
00:22:00 pensent que les filles s'attendent à être agressées sexuellement
00:22:04 quand ils ont des relations sexuelles avec elles.
00:22:06 42% des jeunes garçons pensent que les filles aiment ça.
00:22:10 Un enjeu de société dont le gouvernement est sommé de s'emparer.
00:22:14 Le fera-t-il dès la semaine prochaine ?
00:22:17 Son projet de loi sur le numérique est attendu à l'Assemblée.
00:22:21 - C'est faisable.
00:22:23 - Laurence Rossignol, dans le sujet on parlait de rabatteurs et de réseaux
00:22:26 qui semblaient s'apparenter au proxénétisme.
00:22:29 Par quel phénomène les jeunes femmes qui entrent sous l'emprise de ce milieu du X
00:22:34 ne peuvent-elles pas en sortir ?
00:22:36 Il me semble qu'après avoir fait une telle scène, on arrête tout.
00:22:39 Il semble qu'il y ait comme une emprise dont il serait très difficile.
00:22:42 - Ce dont on ne peut pas sortir, c'est de la vidéo qui va éternellement
00:22:45 circuler sur les réseaux sociaux.
00:22:47 - Le droit à l'oubli.
00:22:49 - Il n'y a pas de droit à l'oubli.
00:22:51 Les vidéos n'appartiennent pas aux femmes qui sont dans la vidéo.
00:22:53 Elles appartiennent aux producteurs.
00:22:55 Et personne n'a la possibilité de leur faire retirer.
00:22:58 Et donc ces femmes sont éternellement...
00:23:01 Elles le décrivent comme étant un viol constant.
00:23:04 Vous verrez ce soir, il y a une cache-investigation.
00:23:08 Avec une autre affaire, une jeune femme qui a été filmée à son insu
00:23:12 par son partenaire de jeunesse.
00:23:15 Et elle dit "à chaque fois que quelqu'un regarde cette vidéo,
00:23:18 c'est comme si on me violait à chaque fois".
00:23:20 C'est une effraction de son intimité pour reprendre ses mots-là.
00:23:24 Comment elles sont recrutées ?
00:23:25 Avec l'affaire French Bukake, où il y a une cinquantaine de femmes
00:23:28 parties civiles, qui ont déposé plainte.
00:23:30 On les connaît mieux maintenant.
00:23:32 Moi j'en ai rencontré une dizaine au moment où on a fait le rapport.
00:23:35 Ce sont des jeunes femmes qui ont été recrutées souvent
00:23:38 via les réseaux sociaux.
00:23:40 Par des faux comptes d'une femme, qui en réalité est un rabatteur
00:23:45 pour le porno, mais qui se déguise en femme.
00:23:48 Repère des femmes qui sont seules, fragiles,
00:23:51 qui ont des problèmes d'argent.
00:23:53 Nous, une relation d'amitié.
00:23:55 Et il leur a été dit "là, on va se retrouver,
00:23:59 et puis il y a juste une scène à tourner,
00:24:01 et puis en fait ça partira au Canada,
00:24:04 ça se fait pour un usage privé, ou en Nouvelle-Zélande, peu importe".
00:24:06 On leur fait croire que la vidéo ne sera pas diffusée sur le marché français.
00:24:09 Voilà, on leur fait croire que la vidéo ne sera pas diffusée sur le marché français.
00:24:11 Et en réalité, quand elles arrivent, elles subissent le viol
00:24:15 que subissent les femmes qui sont dans les réseaux de traite de prostitution.
00:24:19 C'est le viol pour les casser, pour casser leur résistance.
00:24:23 Et elles peuvent être pendant deux jours, trois jours, violées.
00:24:26 Donc c'est des femmes fragiles, recrutées par des rabatteurs
00:24:32 qui sont des... comment vous dire... c'est de la traite des êtres humains.
00:24:35 Voilà, il n'y a pas de...
00:24:36 L'esclavagisme emploie le rapport.
00:24:38 Voilà, de la traite, de l'esclavagisme.
00:24:39 Je ne sais pas, la dernière fois que j'ai dit quelque chose comme ça,
00:24:41 ils m'ont poursuivie en diffamation.
00:24:42 Je ne voudrais pas que ça recommence.
00:24:44 Parce qu'en même temps, ils me poursuivent en diffamation
00:24:47 pour avoir dit ce que je viens de dire là, quand même.
00:24:49 On est face à des réseaux qui génèrent...
00:24:52 L'économie de ces plateformes, c'est des vidéos gratuites
00:24:56 et en échange de la publicité...
00:24:58 Oui, c'est ça. Le modèle économique, c'est la publicité.
00:25:01 Donc les vidéos sont gratuites.
00:25:02 Et les vidéos... Il y a beaucoup de vidéos qui sont gratuites.
00:25:04 On a accès à beaucoup de vidéos gratuites.
00:25:06 Après, il y a des abonnements. Après, il faut payer.
00:25:08 Mais déjà, ce à quoi on a accès gratuitement est une provision.
00:25:11 Et pourquoi c'est devenu comme ça ?
00:25:13 Il y a le ressort psychologique de l'individu qui va regarder.
00:25:16 Mais c'est surtout qu'à partir du moment où le marché s'est mondialisé
00:25:20 par Internet, il faut continuellement réapprovisionner le fantasme.
00:25:27 Donc, il faut que les femmes changent tout le temps
00:25:29 parce que sinon le consommateur se lasse.
00:25:32 Et il faut que le scénario change tout le temps.
00:25:34 Mais comme il n'y a pas de scénario, ce n'est pas l'histoire qui change.
00:25:37 C'est la pratique sexuelle qu'on inflige aux femmes.
00:25:40 Et donc, c'est pour ça qu'on observe que depuis une dizaine d'années,
00:25:43 il y a de plus en plus de vidéos, de plus en plus extrêmes, violentes, trash.
00:25:48 Parce que c'est la loi du marché qui exige ça.
00:25:51 Et j'avais posé la question à une jeune productrice de porno,
00:25:55 qui d'ailleurs s'exprime beaucoup depuis hier pour défendre son business,
00:25:58 et je lui avais parlé du porno éthique.
00:26:01 Et je lui avais posé la question "Mais qu'est-ce que vous entendez par éthique ?
00:26:04 Est-ce que l'éthique, ça concerne simplement les relations entre les individus
00:26:08 qui sont sur le plateau ou est-ce que c'est aussi les contenus ?"
00:26:10 Elle m'avait fait ce répondre formidable, d'un libéralisme absolu.
00:26:14 Elle m'a dit "Mais ça, c'est le client qui décide.
00:26:16 Nous produisons ce que le client veut.
00:26:18 Et le client veut que ça change, que ça se renouvelle,
00:26:21 que les femmes changent et que les pratiques sexuelles soient de plus en plus excitantes."
00:26:24 Alors, Marie-Estelle Dupont, ce sont des vidéos gratuites.
00:26:27 Ce qui peut étonner, c'est qu'elles soient aussi faciles d'accès.
00:26:30 Je vais même vous dire un aveu.
00:26:32 En préparant cette émission, on tapait "pédocriminalité" sur Google.
00:26:35 Très vite, il y avait deux, trois articles, on arrivait sur ces sites
00:26:39 qui sont vraiment les premiers à apparaître.
00:26:42 Et la seule barrière qu'il y a, c'est la question "Avez-vous plus de 18 ans ?"
00:26:47 Qui respecte ?
00:26:50 - Mais pour simplement faire la transition avec ce que vous disiez, madame,
00:26:53 ça montre très bien comment, au nom de la liberté,
00:26:56 on a totalement détruit la liberté.
00:26:58 C'est-à-dire la liberté de ces femmes, la liberté des hommes aussi,
00:27:01 qui vont souffrir de complexes et qui vont venir consulter
00:27:03 parce qu'ils ont peur de ne pas être à la hauteur.
00:27:05 Et évidemment, la liberté des enfants qui sont sous emprise de ces images.
00:27:09 Parce que la dissociation et le trauma psychique des actrices,
00:27:12 on le vit à minimage chez les gens qui regardent.
00:27:14 C'est-à-dire que la stupéfaction et la sidération
00:27:17 vont les couper de leur corps.
00:27:18 Et donc, ces petites filles vont accepter des pratiques
00:27:20 parce qu'elles ne seront plus connectées à leur perception corporelle.
00:27:23 Donc, pour vous répondre pourquoi est-ce que c'est si facile...
00:27:25 - C'est la question des spectateurs.
00:27:26 Les autorités semblent totalement impuissantes à réguler
00:27:28 ce qui se passe sur Internet.
00:27:29 Comment l'expliquer ? Fatou, dans le Finistère.
00:27:31 - Oui, là, on voit bien que la justice a décidé de reporter.
00:27:34 Alors, on dit qu'il faut faire quelque chose,
00:27:36 mais au moment où on dit qu'il faut faire quelque chose,
00:27:38 où le rapport sort en même temps,
00:27:40 la justice disait dans Ouest-France qu'ils allaient reporter leurs décisions,
00:27:43 moi, je pense que déjà, il y a peut-être quelque chose de très simple à faire.
00:27:48 C'est rendre payants tous les contenus pornographiques.
00:27:52 - Un micro-crédit pour les mangés.
00:27:54 - Si déjà, il faut rentrer un numéro de carte bleue et payer 50 euros,
00:27:57 je suis désolée, mais un enfant de 10 ans, ça va être compliqué pour lui d'y aller.
00:28:00 Et on sait que sur les 2 millions de jeunes qui ont regardé du porno en 2022 tous les mois,
00:28:05 il y en a quand même 9% qui ont regardé tous les jours.
00:28:07 Ce n'est pas possible déjà si c'est payant.
00:28:09 Donc, je crois qu'il faut sortir aussi de l'hypocrisie
00:28:12 où est-ce que la société est allée vraiment au bout de la conscience que ça doit cesser.
00:28:17 Je pense qu'on est encore dans une zone où ça commence à sortir, comme avec MeToo,
00:28:21 mais on est encore très ambivalent par rapport à ça
00:28:23 parce que, tout simplement, c'est un marché tellement juteux
00:28:26 que les lobbies exercent des pressions considérables.
00:28:29 - Laurent Saint-Signol, oui ?
00:28:30 - Non, je crois que notre enquête qui a été faite...
00:28:33 - Cette solution de la carte bancaire, elle est très intéressante,
00:28:36 vu que, comme vous le savez, dans les cartes bancaires,
00:28:37 il y a les cartes bancaires au mineur et au majeur,
00:28:39 donc on pourrait aussi imposer que la consultation de ce type de site
00:28:43 soit limitée à l'usage d'une carte bancaire,
00:28:46 qui sert à un coup symbolique et uniquement aux personnes qui...
00:28:49 - Il faudrait saisir une carte bancaire.
00:28:51 - Voilà, mais une carte bancaire qui identifiait comme appartenant une personne majeure.
00:28:55 - La loi est une action... - Pardon, un débat juridique.
00:28:57 - Est-ce que, Justine, attend, est-ce qu'on a du mal à réguler sur ce sujet
00:29:01 parce que nos politiques sont embarrassées par le sujet ?
00:29:04 Et est-ce que c'est révélateur de ce que le rapport remis l'an dernier par le Sénat
00:29:08 était trois sénatrices comme si les hommes n'avaient pas envie de traiter ce sujet ?
00:29:13 Or, on le sait, la politique c'est aussi une affaire d'hommes.
00:29:16 - Ça l'a été en tout cas pendant très longtemps.
00:29:18 - Il y a aussi pas mal d'hommes. - Ça l'est de moins en moins.
00:29:20 Oui, bien sûr, j'espère qu'il en restera, c'est pas le sujet.
00:29:23 Non, non, mais c'est vrai que moi, ce qui m'a toujours frappée
00:29:25 depuis 20 ans qu'on travaille sur ces sujets-là,
00:29:27 c'est à quel point toutes les commissions qui ont été nommées,
00:29:30 effectivement, pour étudier ces sujets et où des hommes siégeaient,
00:29:34 on a l'impression qu'on parlait de quelque chose, mais qu'on ne nommait pas les choses.
00:29:37 C'est-à-dire qu'on parlait de la pornographie, mais on ne le nommait pas comme aujourd'hui.
00:29:40 On ose nommer, et c'est là où Laurence Sosnien a la raison,
00:29:42 il faut employer les termes, il faut dire ce qu'on y voit,
00:29:44 parce qu'il parlait de pornographie, j'avais l'impression que j'avais affaire
00:29:46 effectivement à des hommes politiques qui me parlaient de pornographie,
00:29:48 mais qui n'allaient pas regarder les sites pornographiques,
00:29:50 ou qui les regardaient, mais je ne sais pas comment,
00:29:52 que les représentants avaient fait, on avait l'impression que c'était tabou,
00:29:54 c'était un sujet, c'était des mots, mais c'était tabou.
00:29:57 Or, déjà, les consommateurs sont très présents, et c'est pas un sujet,
00:30:00 en tout cas, ça peut le devenir, mais je veux dire, c'est légal aujourd'hui,
00:30:02 donc c'est légal, donc il n'y aurait pas à avoir de honte,
00:30:04 quand on est adulte, à dire "je consomme de la pornographie",
00:30:06 si au moins on peut protéger les mineurs, parce que ça, en revanche,
00:30:08 c'est illégal d'exposer les mineurs à ces contenus, c'est totalement illégal,
00:30:11 ce n'est pas nouveau, ça l'a toujours été.
00:30:13 Qu'est-ce qui fait que sur Internet, subitement, on n'arrive pas à appliquer la loi ?
00:30:16 Ça, c'est quand même un vrai sujet. La loi, en plus, elle a été renforcée
00:30:19 en juillet 2020 par une loi qui explicitement dit que justement,
00:30:23 le consentement, oui, j'ai 18 ans ou pas, ne suffit pas,
00:30:27 et qu'il faut un système, effectivement, pour vérifier,
00:30:30 alors il n'y a pas d'obligation de résultat, il y a juste une obligation de moyens,
00:30:33 c'est-à-dire que ces sites-là ont l'obligation de mettre en place un système,
00:30:35 on ne leur dit pas lesquels, donc c'est plutôt une grande liberté pour des entrepreneurs,
00:30:38 on ne leur dit pas lesquels, on leur dit juste qu'ils ont la liberté de choisir,
00:30:40 mais qu'il faut qu'ils mettent un système, ils vérifient.
00:30:42 Parce qu'ils sont inséjustables, ils sont dans des paradis fiscaux.
00:30:44 Non, c'est pas vrai, ils ne sont pas dans des paradis fiscaux,
00:30:46 il y en a quelques-uns, mais je veux dire, nous on a fait une action en justice
00:30:48 contre une dizaine de sites pornographiques, on n'a eu aucun problème à aller,
00:30:51 effectivement, les mettre devant la justice, à aller les trouver,
00:30:55 à les identifier, à les localiser, à ce qu'ils aient effectivement,
00:30:58 un domicile qu'ils viennent leur remettre, ça c'était du fantasme,
00:31:00 c'est pas vrai, ils sont tout à fait atteignables, on sait qui ils sont,
00:31:02 on sait où ils sont, ils répondent même à des interviews dans Le Parisien,
00:31:06 non franchement, ils assument très bien ce qu'ils font et vont.
00:31:08 Pourquoi est-on si timide ?
00:31:10 Parce que la justice, c'est de courage.
00:31:12 Parce que la justice promettait que ce qui est interdit dans la vie physique
00:31:14 serait sur la toile.
00:31:16 Je veux dire, c'est pas le politique qui manque de courage, très honnêtement,
00:31:18 le politique, Laurent Saint-Ioanne est une politique aussi,
00:31:20 le politique ne manque plus de courage pour moi,
00:31:22 il a créé des lois, justement, les parlementaires ont créé des lois,
00:31:24 ont voté des lois, le politique dit, maintenant, la justice a été quand même assez...
00:31:28 Les affaires sont devant la justice, on peut aller plus loin.
00:31:30 Le politique peut aller plus loin.
00:31:32 Mais la justice refuse, refuse d'être celui qui, aujourd'hui, va dire,
00:31:35 ok, on décide qu'ils sont illégaux, qu'ils respectent la loi, et on les bloque.
00:31:38 Personne ne veut prendre ce courage-là de bloquer les sites pornographiques aujourd'hui.
00:31:41 C'est la réalité.
00:31:42 Donc, il y a des bénéfices secondaires.
00:31:44 Dans ce contexte, comment protéger ? On va parler de nos enfants,
00:31:46 qui sont exposés à ces vidéos.
00:31:48 Officiellement, l'Education nationale prévoit 3 séances annuelles d'éducation
00:31:51 à la sexualité dans les lycées et collèges.
00:31:53 Dans les faits, à peine 20% de ces séances sont assurées.
00:31:56 Juliette Perrault et Ariane Morisson ont assisté à l'une d'entre elles,
00:31:59 dans une classe de 4ème au collège Louis-Pasteur.
00:32:02 C'est à Noyon-Reportage.
00:32:04 On va y aller, vous avez l'habitude, vous faites attention,
00:32:11 en rentrant au foyer, et vous vous installez.
00:32:14 Ce matin de printemps au collège Pasteur,
00:32:16 les 4ème A assistent à un cours un peu particulier.
00:32:19 Une heure sans cahier ni stylo, pour parler de sexualité.
00:32:23 Toutes les photos que l'on va vous montrer,
00:32:26 elles sont choisies exprès, non pas pour vous choquer,
00:32:29 mais pour discuter, pour engager une conversation.
00:32:32 Pour animer la séance, des exemples de ce que l'on peut trouver sur les réseaux sociaux,
00:32:37 comme cette photo dénudée d'une Instagrammeuse,
00:32:40 ou encore des messages très crus, écrits par des adolescents.
00:32:43 Pouvez-vous lire à voix haute s'il vous plaît ?
00:32:45 C'est mieux tu fermes ta gueule, sinon je te baise,
00:32:47 comme dans le porno "Petite pute".
00:32:50 Et tu sors de chez toi en robe coupée, offerte une mini-jupe sale pute,
00:32:54 et tu pleures quand Alexandre te prend pas dans son équipe,
00:32:56 alors ta gueule sale pute.
00:32:58 Quelques rires un peu gênés, mais des propos qui choquent,
00:33:03 et des images auxquelles les ados sont parfois confrontés malgré eux.
00:33:06 En France, l'âge moyen de la première exposition à une image pornographique est de 10 ans.
00:33:11 T'es sur une application, même sur des jeux, puis d'un coup y a des choses comme ça.
00:33:16 Et qu'est-ce que tu fais à ce moment-là ?
00:33:18 Bah moi je passe direct, mais c'est bizarre de voir ça.
00:33:20 Quand tu dis "c'est bizarre", c'est parce que c'est un peu gênant ?
00:33:23 Bah oui, puis on voit pas ça d'un coup sur une pub, c'est pas normal.
00:33:27 En fait, c'est par exemple sur un réseau social,
00:33:29 on passe, on passe, on regarde nos vidéos, et d'un coup, une fois ça peut tomber.
00:33:33 Qu'est-ce que t'as ressenti à ce moment-là quand t'as vu cette image-là ?
00:33:35 Bah je me suis dit que les gens n'avaient pas à mettre ça sur les réseaux,
00:33:38 que c'est leur corps, c'est pas à nous de voir ça.
00:33:42 Des contenus qui peuvent avoir des conséquences très concrètes pour la construction des adolescents.
00:33:47 Dans la meilleure des situations, on va avoir un ado qui est curieux et qui va poser des questions.
00:33:51 Qui va dire "j'ai croisé quelque chose qui m'a dérangée, j'ai envie d'en parler avec quelqu'un".
00:33:55 Dans le pire des cas, on peut avoir des jeunes qui vont pas forcément se poser de questions,
00:34:00 prendre ce qu'ils voient comme argent comptant, et se dire que c'est ça la réalité.
00:34:04 C'est ça le comportement qu'on est censé avoir à l'égard d'une autre personne.
00:34:07 Aujourd'hui, l'Education nationale prévoit trois séances annuelles d'éducation à la sexualité dans les collèges et lycées.
00:34:14 Dans les faits, à peine 20% de ces séances sont assurées.
00:34:18 Vous pouvez rentrer. Donc vous mettez vos manteaux sur les tables et les sacs sous les tables.
00:34:25 Autour de la 4ème H, deux satellites au sujet.
00:34:28 Avec un cours sur le consentement dispensé par la prof d'SVT.
00:34:31 Vous allez avoir une vidéo, d'accord ? Vous allez avoir un garçon qui va vous expliquer ce qui lui est arrivé.
00:34:35 Je vais directement dans la chambre, la meuf elle me suit.
00:34:37 Jamais dans ma tête je me suis dit "ce soir je vis Ken". Je lui ai dit "non, on va pas Ken".
00:34:41 Donc je lui ai dit clairement "non on va pas Ken". Elle force, elle force, elle m'a fait une fellation.
00:34:45 Mais je sais pas parce que j'avais jamais vécu ça avant. Donc pour moi c'était choquant.
00:34:48 Les élèves doivent prendre position dans la salle pour donner leur avis.
00:34:52 Feu orange, la situation pose problème, mais c'est pas répréhensible par la loi.
00:34:57 Feu rouge, la situation pose problème et c'est répréhensible par la loi.
00:35:01 - C'est feu orange parce qu'il l'a pas fait ?
00:35:03 - C'est feu orange parce qu'il l'a pas fait. Qu'est-ce que vous avez à lui répondre ?
00:35:06 - Oui, elle a quand même essayé de faire une agression sexuelle.
00:35:09 - D'accord. - Du coup c'est la loi, elle l'interdit ça.
00:35:12 - La fellation, est-ce qu'il voulait ? - Non.
00:35:15 - A la base ? - Non.
00:35:16 - Non. Par contre elle l'a fait quand même. - Oui.
00:35:19 - Ok. Donc, en effet, c'est répréhensible par la loi.
00:35:24 Donc c'est dans le feu rouge, la question est, du coup c'est un viol ou c'est une agression sexuelle ?
00:35:28 - Une agression. - Une agression. Est-ce qu'il y a eu pénétration ?
00:35:31 - Non. - Bah du coup c'est pas le problème.
00:35:33 - Y a pas eu une pénétration du pénis dans la cavité buccale de la personne ?
00:35:36 Si on force une personne à lui faire une fellation ?
00:35:39 - C'est une agression. - C'est un viol.
00:35:42 Des notions pas toujours évidentes à 14 ans.
00:35:45 La plupart ne parlent pas de ce sujet avec leurs parents.
00:35:48 Et lorsqu'on leur pose la question du consentement...
00:35:52 - Est-ce que vous vous sentirez de dire non à quelqu'un ?
00:35:54 - Oui. - Oui.
00:35:56 - Les filles aussi ? - Oui.
00:35:57 - Bah des fois, on aura pas forcément la force de répondre.
00:36:01 Mais en soi, à l'intérieur, on a envie de dire non mais on y arrivera pas.
00:36:05 - C'est quoi la solution dans ce cas-là pour toi ?
00:36:07 - Bah... J'en ai pas forcément.
00:36:10 - Après je sais pas s'il y a des numéros...
00:36:12 - Des psychologues ? - Des numéros de téléphone pour parler.
00:36:15 Des peurs, des doutes. Sur un sujet auquel ils sont exposés de plus en plus tôt avec Internet.
00:36:21 Le premier rapport sexuel, lui, reste en moyenne autour de 17 ans.
00:36:25 - Marie-Estelle Dupont, pendant le sujet, il y avait Laurence Rossignol qui disait "les pauvres".
00:36:31 C'est vrai qu'on est gênés de voir que ce qu'on a produit fait que nos enfants sont...
00:36:36 On est obligés de les éduquer à ça.
00:36:38 L'âge moyen d'une première exposition au porno est de 10 ans.
00:36:42 À 10 ans, on devrait pas...
00:36:44 Comment on reçoit ça quand on a 10 ans ? On devrait pas être exposé à ça.
00:36:47 - C'est un trauma, c'est une effraction psychique.
00:36:49 C'est un viol psychique d'être exposé à des images aussi crues,
00:36:52 à un âge où votre représentation du corps,
00:36:55 ou votre corps qui est avant la puberté, n'est pas mature.
00:36:59 Donc votre sphère cognitive n'est pas mature pour métaboliser et prendre de la distance avec ça.
00:37:03 C'est pas pareil à 35 ans quand on a déjà une vie sexuelle derrière soi
00:37:06 et qu'on peut en rire, mettre à distance, etc.
00:37:09 Ce qui est vraiment très intéressant...
00:37:11 - Le rapport parle de générations sacrifiées, 5-15 ans.
00:37:14 - Moi, sur l'éducation sexuelle à l'école,
00:37:17 je pense qu'on est sur un sujet qui est très délicat.
00:37:20 L'OMS a dit qu'il y avait des droits sexuels des enfants,
00:37:23 qu'il fallait absolument qu'il y ait une éducation sexuelle à l'école.
00:37:26 Mais attention, l'école doit instruire et protéger.
00:37:29 Il y a des cours de biologie, des cours d'éducation civique et morale.
00:37:32 On apprend à se respecter, on éteint les téléphones portables,
00:37:35 on ne se harcèle pas, etc. C'est très bien.
00:37:38 Maintenant, c'est pas à l'école de parler de fellation à nos enfants.
00:37:42 Tous les gens qui ont des enfants et qui regardent cette émission
00:37:45 savent que leurs différents enfants n'atteignent pas
00:37:48 la maturité émotionnelle au même moment.
00:37:51 Et que quand on leur parle du corps et de la sexualité,
00:37:54 on leur parle de manière différente selon leur âge,
00:37:57 selon leur sensibilité, selon notre religion aussi.
00:38:00 Et que ça relève de l'intime. Donc, je crois qu'il faut vraiment
00:38:03 faire peser sur les parents la responsabilité de faire
00:38:06 cette éducation sexuelle et affective aux enfants,
00:38:09 mais en aidant les parents à avoir les informations pertinentes.
00:38:12 Le problème des cours d'éducation sexuelle à l'école,
00:38:15 c'est que même si ça part d'une bonne intention,
00:38:18 tous les enfants qui reçoivent ça, on voit qu'il y en a
00:38:21 qui sont très à l'aise et d'autres qui sont très gênés.
00:38:24 Donc, il y en a qu'on a reçus, nous, on a eu des plaintes
00:38:27 à l'Union pour la protection des enfants, de mamans qui nous ont dit
00:38:30 "ma petite-fille de 9 ans est sortie en larmes du cours
00:38:33 donné par l'infirmière parce qu'on lui avait parlé de fellation,
00:38:36 elle ne voulait plus aller en classe, donc on a voulu faire
00:38:39 le contenu et donner des directives très strictes dans les établissements
00:38:42 sur ce qu'on dit, à quelle tranche d'âge.
00:38:45 - Laurence Rossignol, 42% des garçons exposés au porno
00:38:48 pensent que les filles apprécient les agressions sexuelles.
00:38:53 - Voilà, c'est la leçon du porno.
00:38:56 En fait, le porno banalise les agressions sexuelles,
00:39:01 la violence sexuelle, la domination masculine.
00:39:04 Et en plus, le porno colonise le cerveau des enfants
00:39:07 qui ont créé des stéréotypes de sexualité chez des individus
00:39:10 qui n'ont pas encore découvert par eux-mêmes la sexualité
00:39:13 et qui ensuite vont s'imaginer que pour retrouver l'excitation
00:39:17 qu'ils ont rencontrée ou pour répondre à des standards
00:39:20 qu'ils ont vus sur le porno, il va falloir qu'ils fassent la même chose.
00:39:23 Donc les garçons pensent ça, mais je pense que mon voisin
00:39:26 va être beaucoup plus à même que moi d'évoquer les enquêtes.
00:39:29 Les garçons pensent ça et les filles pensent qu'il faut qu'elles s'y conforment
00:39:32 à ce que veulent les garçons, puisqu'on a bien vu la petite-fille,
00:39:35 qui dit "des fois on pense non, mais on ne sait pas comment le dire".
00:39:38 Donc elle, on sait que la malheureuse, c'est pas évident
00:39:41 qu'elle trouve l'énergie de dire non.
00:39:43 Donc c'est pour ça qu'aujourd'hui, je pense qu'on comprend les mots
00:39:46 de crise sanitaire avec le porno. C'est une crise de santé publique.
00:39:49 On est mobilisés contre les violences sexuelles
00:39:53 et les violences sexuelles sont banalisées et stéréotypées
00:39:57 par le porno. Et je reviens juste un tout petit peu en amont
00:40:01 sur que peuvent faire les pouvoirs publics.
00:40:04 À un moment donné, il faut prendre des décisions radicales.
00:40:07 Les sites porno sont supposés ne pas être accessibles aux mineurs.
00:40:10 Ils le sont, on coupe. Et là, il faut quand même que la loi
00:40:13 donne la possibilité de fermeture administrative.
00:40:17 C'est farce. Aujourd'hui, une vidéo d'incitation au terrorisme,
00:40:22 elle est retirée dans les heures qui suivent la mise en ligne.
00:40:25 - On a fait contre le terrorisme, il faut le faire contre la porno-criminalité
00:40:28 qui est vie sur Internet. - Absolument. Contre la porno-criminalité.
00:40:31 - La porno-criminalité. - Voilà. Et c'est ce qu'on demande aujourd'hui
00:40:34 dans les débats qui ont lieu au Parlement autour de la loi sécurité numérique.
00:40:37 - Justine Atlan, au 3018, est-ce que vous recevez des appels de jeunes filles ?
00:40:41 On parle d'une société hyper-sexualisée. On voit que la sexualité,
00:40:45 elle s'invite dans les classes de 6e, 5e. Nous, à notre époque,
00:40:48 on jouait à autre chose. Est-ce qu'elles sont victimes de ça ?
00:40:52 Elles sont obligées de se plier à ces codes, de se plier à cet univers du porno
00:40:57 en envoyant elles-mêmes des photos sur Internet ?
00:40:59 Parce qu'en plus, les enfants ont l'outil jusque dans leur chambre,
00:41:02 le soir, dans leur chambre. - C'est vrai qu'aujourd'hui,
00:41:04 on le voit bien, effectivement, que l'industrie du porno a envahi
00:41:08 complètement l'imaginaire et la vie des jeunes, encore une fois,
00:41:11 qui sont quand même centrés à cet âge-là sur leur relation à l'autre sexe,
00:41:15 ou même que, et vraiment, c'est des questions centrales,
00:41:18 qui reproduisent ce qu'ils voient. Donc, effectivement, un garçon pense
00:41:21 qu'il doit demander à une fille des contenus sexuels d'image,
00:41:24 parce que c'est ça qu'il doit avoir envie de voir, c'est ça qui doit l'exciter,
00:41:27 c'est ça qui doit lui plaire, et la fille, effectivement, pense que pour être
00:41:30 une fille décomplexée, cool, comme on dit, etc., il faut qu'elle ait l'air libérée,
00:41:34 et qu'être libérée, ça veut dire envoyer des contenus à caractère sexuel.
00:41:37 - Elle envoie des photos d'elle-même, des nudés, des sexos, comme on dit.
00:41:40 - Oui, enfin, peu importe la façon dont ça se fait, mais ça se fait,
00:41:43 effectivement, de façon très décomplexée, ils se rencontrent sur les réseaux,
00:41:46 ils vont se faire des plans cams sur, effectivement, des messageries,
00:41:49 ils sont d'ailleurs victimes des scroqueries à travers ça,
00:41:52 parce que parfois, ce n'est pas des gens du même âge qu'eux qui leur demandent,
00:41:54 et finalement, on va faire du chantage pour leur dire, si tu ne veux pas maintenant
00:41:57 que je diffuse les vidéos de toi... - Ah, parce que derrière, ces vidéos
00:42:00 peuvent ensuite se retrouver sur des plateformes. - Bien sûr, bien sûr,
00:42:03 donc on leur dit, ben voilà, tu vas me donner plus si tu ne veux pas que je la diffuse,
00:42:06 ou tu vas me donner de l'argent si tu ne veux pas, etc., et donc,
00:42:09 ils se trouvent pris dans une machine infernale qui soit, effectivement,
00:42:12 est entre eux, soit pour les escroquer, ou ils sont victimes, dans tous les cas,
00:42:16 de ça, les garçons ou les filles, et il y a énormément de garçons qui sont victimes
00:42:19 de ce qu'on appelle du chantage à la webcam, mais énormément, nous, on est envahis
00:42:22 par ça, tous les jours. - C'est-à-dire des garçons qui regardent...
00:42:25 - Non, c'est-à-dire des garçons qui se font alpaguer sur les réseaux sociaux
00:42:27 parce qu'ils croient être des femmes, je dirais caricaturalement,
00:42:30 mais la pornographie étant caricaturale, blondes à forte poitrine,
00:42:33 et donc un garçon de 14 ans qui est séduit sur un réseau social par une femme
00:42:36 qui a l'air d'avoir 35 ans, et voilà, il se dit, oh là là, je dois être
00:42:39 un garçon vraiment très excitant, donc il va là-dedans, ça le valorise,
00:42:42 comme homme, il pense, et donc, effectivement, là, il pense qu'il avait
00:42:45 cru une femme comme ça, il commence à se masturber, et puis, au final,
00:42:48 on lui dit, ah bah non, maintenant, je t'ai tout enregistré, ce qu'on vient
00:42:51 de faire ensemble, et donc, si tu veux pas que je diffuse ce contenu sur le réseau
00:42:54 social où je t'ai connu, donc je connais tout ton groupe, toute ta communauté sociale,
00:42:57 il va falloir que soit tu me payes, soit que tu m'en redonnes la prochaine fois,
00:43:00 etc., sachant que c'est évidemment pas... - Vous avez des cas comme ça ?
00:43:03 - Ah mais tous les jours, tous les jours, vous pouvez pas savoir le nombre de cas...
00:43:06 - C'est les enfants, les parents, comment ça se passe ? Est-ce que c'est les...
00:43:08 - Non, non, vous pensez bien que c'est pas les parents, parce que les pauvres garçons
00:43:10 à qui ça arrive, ils ont fait ça tout seuls, dans leur chambre, etc.,
00:43:13 c'est une honte, vous imaginez toute la honte que vous cumulez, vous avez la honte
00:43:16 d'avouer à vos parents que vous commencez à avoir une activité sexuelle,
00:43:19 tout seul, la masturbation étant pas toujours très tolérée dans les familles,
00:43:24 qu'en plus, vous avez été sur un réseau social à parler à un inconnu,
00:43:27 parler à un inconnu, en général, c'est pas très bien vu par les parents,
00:43:30 pour avoir une activité sexuelle, et qu'en plus, vous avez une activité tellement à risque
00:43:33 que vous vous retrouvez en risque réel, c'est-à-dire soit d'escroquerie,
00:43:36 soit de diffusion de contenus non consentis sexuels, donc, pour un jeune,
00:43:40 aller dire ça à ses parents, ça fait beaucoup, beaucoup de choses,
00:43:42 sachant que ce qu'il risque, c'est quoi ? Un, de se faire effectivement gronder,
00:43:45 retirer son téléphone portable et lui dire "mais vraiment, t'es pas capable
00:43:47 de gérer ses réseaux sociaux, donc je te retire tout", donc, il a le sentiment
00:43:51 que dans l'échelle des risques, il vaut mieux pas en parler à ses parents.
00:43:54 Donc, heureusement, il y a le 30-18 auquel, effectivement, il peut parler avec nous,
00:43:57 chatter, etc., et on va pouvoir signaler à Pharos et aux réseaux sociaux
00:44:00 en leur demandant de bloquer immédiatement ce type de contenu,
00:44:03 sur lesquels ils sont assez réactifs quand c'est nous qui les en demandons,
00:44:05 parce que c'est des contenus tellement viraux, ceux-ci sont les plus viraux,
00:44:07 les contenus à caractère sexuel de mineurs, c'est ce qu'il y a de plus viral
00:44:10 sur les réseaux sociaux, c'est-à-dire que ça flambe.
00:44:12 - Ça a été récupéré par des circuits pédophiles, etc., c'est ça ?
00:44:15 - Alors, pas partout, parce que, comme le disait Laurence Rossignol,
00:44:17 la pornographie a besoin de nouveaux contenus, mais malheureusement,
00:44:19 les circuits pédophiles ont besoin aussi, tout le temps, tout le temps,
00:44:22 de nouveaux contenus, ça c'est dramatique aussi, il faut le savoir,
00:44:24 ce qui aussi pousse certains à commettre des actes qu'ils n'auraient pas faits nécessairement,
00:44:29 mais voilà, donc on est dans un circuit de production de contenus
00:44:31 à caractère sexuel qui explose, avec des contenus de plus en plus jeunes,
00:44:34 d'enfants, d'adolescents, et tout ça étant victime.
00:44:37 Donc oui, ça devient vraiment, effectivement, une crise sanitaire,
00:44:39 comme le disait très justement Laurence Rossignol.
00:44:41 - Et surtout, c'est pas une question de site pornographique, comme vous le dites,
00:44:44 pour beaucoup, aujourd'hui, le site porno classique, c'est un petit peu
00:44:48 comme le porno de papa de Canal+ des années 80-90, parce que, pour eux, c'est fake.
00:44:54 Enfin, voilà, ce qu'ils recherchent, c'est l'interactivité du réel,
00:44:57 la possibilité d'interagir dans le cadre de séances de comasturbation, par exemple.
00:45:02 Aujourd'hui, ce qu'ils dominent beaucoup, c'est des sites comme Onlyfime, Mimt, ou Camfort.
00:45:07 - D'accord, on va peut-être pas les citer.
00:45:09 - Non, mais c'est des références.
00:45:11 - Est-ce qu'on parlait de, à notre époque, en 6e, 5e, la sexualité était moins présente à l'école,
00:45:16 était moins présente dans les discussions entre copains ?
00:45:19 Vous le constatez, vous, dès la 6e, 5e, les enfants, ça a colonisé l'univers de nos pré-ados.
00:45:27 - Il y a un changement, une rupture, c'est que la plupart des ados, en 6e, ils ont un smartphone.
00:45:31 Même s'il y a un contrôle parental, il y en a toujours qui ont craqué le contrôle parental,
00:45:36 ou il y a des aînés qui vont leur montrer des vidéos et qui vont les amener vers ce type de contenu.
00:45:40 - Il y a ça, effectivement. Nous, ce qu'on remarque, c'est un rétrécissement.
00:45:43 C'est là que ça met en difficulté ma génération de parents qui ont 40 ans, avec des ados qui ont 15 ans.
00:45:47 Il y a vraiment une rupture, mais quasiment une rupture anthropologique, en fait.
00:45:50 C'est-à-dire qu'il n'y a plus la période de latence.
00:45:52 Avant, il y avait cette période entre le petit enfant et l'adolescent,
00:45:55 qui était quand même une période de relative calme pulsionnelle.
00:45:58 Et aujourd'hui, du fait de l'hyper-sexualisation de l'espace public,
00:46:01 enfin, je veux dire, c'est juste hallucinant de savoir que Netflix est associé au planning familial,
00:46:05 alors que Netflix fait l'apologie de pratiques sexuelles partout sous les abribus
00:46:09 et décide que nos enfants de 8 ans vont voir des ados en train de jouir sur des affiches.
00:46:14 Enfin, il y a une hyper-sexualisation de l'espace public qui est un petit peu de l'ordre de Panama-Tircansas.
00:46:18 On donne du divertissement hyper-sexualisé très malsain.
00:46:22 Et donc, en fait, nous, on se retrouve avec des enfants qui ne sont pas des enfants à des âges
00:46:27 où ils ont des corps d'enfants, c'est-à-dire qu'ils sont déjà dans des problématiques sexuelles d'ados,
00:46:32 grands ados, alors qu'ils sont encore très très jeunes. Il n'y a plus cette période de latence, en fait.
00:46:37 Justine Atlan, il faut se forcer à en parler avec les enfants.
00:46:40 Ce n'est pas facile parce que les parents n'ont pas envie d'en parler
00:46:42 et les enfants n'ont pas envie qu'on leur en parle, en plus. Dans les deux sens, non ?
00:46:46 Alors, ça dépend des âges. C'est vrai que les enfants n'aiment pas trop voir leurs parents s'embrasser sur la bouche,
00:46:52 à leur parler de sexualité très vite. Non, ça suffit, arrête, on ne parle pas.
00:46:55 Quand ils regardent un film de cinéma classique où il y a des gens qui s'embrassent, tout le monde est très gêné, etc.
00:46:59 Donc, c'est vrai que ce n'est pas forcément très confortable.
00:47:02 Alors, il faut les deux, en fait. Il n'y a jamais une réponse toute blanche ou toute noire.
00:47:07 Il faut effectivement que ça soit parlé dans la famille, mais la sexualité, c'est du corps aussi.
00:47:11 Il faut que le corps soit parlé. C'est vrai qu'en France, on est très cartésien.
00:47:13 On oublie un peu le corps dans beaucoup d'aspects de la vie, y compris dans l'éducation.
00:47:16 Le corps, le corps avec tous ses organes. Il faut quand même rappeler qu'il y a encore dix ans,
00:47:20 on ne parlait pas du clitoris dans des livres de biologie à l'école.
00:47:22 C'est quand même récent. Donc, ça fait dix ans que les petites filles apprennent qu'elles ont un organe qui sert au plaisir.
00:47:28 On est aussi dans une culture où le plaisir, c'est coupable.
00:47:31 Enfin, vous voyez, on a pas mal de couches qui font qu'on a du mal à parler de tout ça.
00:47:34 Il y a des pays qui sont exemplaires en la matière ?
00:47:35 Il y a des pays, alors on va toujours parler d'eux, mais c'est vrai qu'ils sont moins mauvais que nous.
00:47:38 Les pays scandinaves sont moins mauvais que nous là-dessus aussi.
00:47:40 Sur d'autres sujets, peut-être qu'on pourra parler sur le harcèlement et l'empathie, mais là-dessus aussi, ils sont moins mauvais.
00:47:44 Mais il faut dépersonnaliser aussi, et c'est là où peut-être que c'est bien aussi d'en parler ailleurs qu'en famille,
00:47:48 parce que malheureusement, en famille, c'est ta sexualité, ma sexualité.
00:47:51 Les parents n'ont pas envie d'imaginer la sexualité de leur ado, et les ados n'ont pas envie d'imaginer la sexualité de leurs parents.
00:47:56 Et c'est bien normal. Donc, c'est bien d'avoir des lieux tiers.
00:47:58 On va pouvoir en parler de façon très neutrée, objective, parce qu'il n'y a pas de honte.
00:48:02 Ça fait partie de la vie.
00:48:03 Juste pour dire que moi, je plaide quand même pour l'éducation à la vie affective et sexuelle,
00:48:07 que les trois heures soient réellement faites, parce que c'est une grande inégalité pour les enfants.
00:48:12 Il y a des familles dans lesquelles il n'y a pas de tabou sur la sexualité,
00:48:16 puis il y a des familles dans lesquelles il y a des interdits, et ces enfants-là aussi, ils ont le droit de savoir.
00:48:21 Alors, on parlait à l'instant du harcèlement.
00:48:23 Le harcèlement, le porno qui est véhiculé par le téléphone portable, il y a un autre mal qui ronge la vie de nos enfants.
00:48:30 C'est le harcèlement à l'école, le harcèlement qui pousse parfois des élèves au suicide.
00:48:35 Dernièrement, le courrier du rectorat de Versailles, envoyé à la famille d'un élève qui avait porté plainte, a fait scandale.
00:48:41 Y compris au gouvernement.
00:48:43 Le nouveau ministre de l'éducation, Gabriel Attal, vient de présenter un plan, une méthode.
00:48:48 Sujet de Laura Radeau et Christophe Roquet.
00:48:50 Marion, 13 ans.
00:48:55 Evaël, 11 ans.
00:48:57 Dina, 14 ans.
00:49:00 Ambre, 11 ans.
00:49:02 Face aux députés hier, Gabriel Attal égrène les prénoms d'enfants qui se sont donnés la mort.
00:49:09 Des adolescents victimes de harcèlement scolaire.
00:49:12 Je ne reculerai devant rien. Je ne reculerai devant rien pour mieux prévenir.
00:49:18 Je ne reculerai devant rien pour que la peur change de camp.
00:49:21 Je ne reculerai devant rien pour que la honte change de camp.
00:49:25 Pour sa première rentrée, le ministre de l'éducation s'empare du harcèlement scolaire et dit vouloir en faire sa priorité.
00:49:32 Plus question de détourner le regard de ces visages qui s'affichent régulièrement dans les journaux.
00:49:38 Tout récemment, la mort de Nicolas, 15 ans, retrouvé pendu au lit de sa chambre, provoque une onde de choc.
00:49:47 Ses parents, qui s'étaient plaint auprès du proviseur du lycée, s'étaient vu ensuite reprocher leur attitude dans une lettre du rectorat de Versailles.
00:49:55 Les propos que vous avez tenus et le comportement que vous avez eu envers des personnels de l'éducation nationale sont inacceptables.
00:50:03 Une lettre qualifiée de courrier de la honte par Gabriel Attal.
00:50:08 Problème, le rectorat de Versailles en aurait envoyé des dizaines de ce type à des familles.
00:50:13 55 exactement poseraient problème.
00:50:16 Ce qui s'est passé, c'est qu'il y a eu une erreur, une faute.
00:50:21 C'est que ce courrier a été adressé à des familles qui n'auraient pas dû recevoir ce courrier.
00:50:27 Dans des situations, et ça a été relayé par la presse, de harcèlement scolaire ou même d'agression sexuelle.
00:50:35 Évidemment, ce n'est pas acceptable.
00:50:38 Inacceptable pour les familles, mais aussi les anciennes victimes.
00:50:43 Celles qui se battent inlassablement depuis des années pour alerter et qui attendent aujourd'hui des réponses fortes du gouvernement.
00:50:50 On parle de quelqu'un qui est mort, il a 15 ans.
00:50:53 Comment est-ce qu'on peut en arriver à un stade où il y a un enfant de 15 ans qui se suicide ?
00:50:58 On a eu plein de cas cette année, et à chaque fois c'est l'affaire de trop.
00:51:01 A chaque fois, on n'en peut plus.
00:51:03 Nous, on n'en peut plus en tant qu'association parce qu'on répète, on vient sur les plateaux, on en a marre, on répète la même chose à chaque fois.
00:51:08 Donc on attend un vrai réveil de la part de Gabriel Attal.
00:51:11 Le premier signal est donné le 18 septembre, quand la police débarque dans un établissement du Val-de-Marne.
00:51:17 Avec des méthodes plutôt radicales.
00:51:20 Un collégien suspecté d'insultes et de menaces de mort est arrêté et menotté en plein cours.
00:51:26 On voit entrer des policiers.
00:51:32 La directrice nous avait dit qu'il y avait une intervention policière grave.
00:51:36 Donc on s'est dit qu'ils vont nous parler de quelque chose.
00:51:38 Et finalement, en fait, ils demandent le nom de l'élève en question, et de se présenter à eux.
00:51:44 Et ils l'interpellent en l'attrapant par le bras et en le menottant, en disant "on vous arrête pour harcèlement grave et menace de mort".
00:51:53 Malgré quelques protestations des syndicats, l'exécutif assume.
00:51:58 Et ça de la mobilisation générale.
00:52:00 Hier, la première ministre a dévoilé un plan anti-harcèlement, changement de braquet et sanction à la clé.
00:52:07 Et avec notre plan, je vous annonce que nous renforçons considérablement notre éventail de sanctions contre le cyberharcèlement.
00:52:14 Nous allons développer la confiscation des téléphones et permettre d'exclure les élèves harceleurs des réseaux sociaux.
00:52:21 Autorité, fermeté.
00:52:23 Le nouveau positionnement du jeune ministre de l'Éducation semble payer dans les sondages.
00:52:28 Omniprésent sur le harcèlement scolaire et la baïa,
00:52:31 Gabriel Attal vient de grimper à la troisième place des personnalités préférées des Français.
00:52:37 Alors Justine Attal en question, téléspectateur.
00:52:39 Le harcèlement scolaire n'a-t-il pas, hélas, toujours existé ?
00:52:42 Est-il exacerbé par les réseaux sociaux ?
00:52:45 Alors le harcèlement scolaire a toujours existé, c'est pas pour autant qu'il ne faut pas le combattre.
00:52:51 Est-ce qu'il est pire aujourd'hui avec le téléphone portable ?
00:52:54 Oui, forcément il est pire, parce que le harcèlement scolaire, comme son nom l'indique, il s'arrêtait quand on rentrait à la maison.
00:52:59 Il y avait un peu de répit le week-end, le soir, en vacances.
00:53:02 Aujourd'hui c'est vrai qu'on voit que ça ne s'arrête jamais avec les réseaux sociaux.
00:53:06 Que c'est effectivement le soir, la nuit, le week-end, en vacances non-stop.
00:53:10 Et qu'en plus ce qui se passe sur les réseaux en dehors du temps scolaire va alimenter ce qu'on va retrouver à l'école le lendemain.
00:53:16 Donc en fait ça l'alimente et ça l'amplifie systématiquement.
00:53:20 Il y a des enfants qui vont adhérer à du cyberharcèlement, qui vont pas nécessairement le faire, de visu avec une victime,
00:53:24 mais qui vont être désinhibés derrière un écran de portable et donc vouloir oser rallier ces meutes en ligne.
00:53:31 C'est toute la classe qui va mettre un point levé.
00:53:34 Et même parfois des élèves qui ne connaissent pas.
00:53:37 D'ailleurs le jeune garçon qui a été arrêté dans sa classe par la police
00:53:41 était en train d'harceler une lycéenne d'un autre lycée qu'il ne connaissait même pas dans un groupe numérique.
00:53:46 Donc vous voyez bien que ça rallie effectivement beaucoup plus de jeunes.
00:53:50 Donc pour la victime c'est encore pire.
00:53:52 Marie-Estelle, du coup on ne se soucie pas assez du téléphone portable de nos enfants le soir dans la chambre
00:53:58 quand ils peuvent être des cibles de harcèlement.
00:54:04 Ou s'envoyer dans la torpeur de la nuit des nudes dont on parlait tout à l'heure.
00:54:10 Il faut être un peu plus vigilant avec ça.
00:54:12 Mais même dans la cuisine ou dans le salon vous pouvez être à côté de votre adolescent
00:54:15 et ne pas soupçonner une seconde sur quelle planète il se trouve en fait.
00:54:18 Donc la question du harcèlement qui n'a plus de mur, plus de limite temporelle à cause des réseaux, c'est une chose.
00:54:22 Mais je crois aussi que la question qui est derrière ça c'est la question des adultes en fait.
00:54:26 Et on voit bien que ce qui est arrivé à l'INSEE ne serait pas arrivé si les adultes avaient pu poser
00:54:31 ce qu'ils posaient autrefois.
00:54:32 Il y a toujours eu du harcèlement, il y a toujours eu des victimes émissaires,
00:54:35 il y a toujours eu des effets de meute, il y a toujours eu des témoins passifs et des démons actifs dans le harcèlement.
00:54:39 Mais à un moment donné il y avait une parole d'autorité qui reposait une limite
00:54:43 à un âge où la différence entre le bien et le mal est très fragile.
00:54:46 Et là on voit bien qu'aujourd'hui avec les réseaux et avec ce qui s'est passé
00:54:49 dans les dérives bureaucratiques à Versailles notamment,
00:54:52 il n'y avait plus cet adulte qui reposait la limite entre le bien et le mal.
00:54:55 Et entre ce qui est possible et ce qui n'est pas possible.
00:54:58 - Est-ce qu'on est un peu trop ? Il faut qu'on apprenne à gérer le téléphone portable de nos enfants
00:55:02 qui n'est pas un objet anodin.
00:55:04 Est-ce qu'un enfant de 10 ans, 12 ans, qu'est-ce que vous dites aux parents ?
00:55:07 - Mais ça c'est la base de tout quoi.
00:55:09 - Ah bon ? Ben non, pas forcément.
00:55:11 - Déjà oui, bien sûr je dis aux parents, le téléphone portable il dort pas dans la chambre de l'enfant.
00:55:15 Le téléphone portable il charge dans votre chambre ou dans l'entrée,
00:55:18 mais il n'y a pas de portable la nuit, évidemment pour des mécanismes neurobiologiques évidents.
00:55:22 - C'est évident pour tous les parents.
00:55:23 - Et ça désynchronise, quand on voit des adultes de 9 ans, il faut leur apprendre, il faut éduquer les parents en fait.
00:55:28 Quand on voit que les parents ne savent pas que les hormones, la mélatonine, les hormones du sommeil
00:55:33 sont désynchronisées par la lumière du téléphone portable,
00:55:36 déjà ils ont beaucoup moins d'arguments pour dire à un enfant "voilà pourquoi je te le retire,
00:55:39 je te le retire pas, pour t'embêter, je te le retire pour protéger ta santé".
00:55:42 Donc c'est déjà une chose importante.
00:55:44 Ça n'est pas du tout, il faut pas, c'est l'arbre qui cache la forêt pour moi, les écrans par rapport au harcèlement.
00:55:48 Il y a plein d'autres problèmes derrière, et notamment la question de la figure adulte dans la société et de l'exemplarité.
00:55:53 Mais évidemment, la base de tout à la maison, c'est pas de portable dans la chambre entre 18h et 8h.
00:55:58 Il y a un couvre-feu à poser à nos enfants.
00:56:00 - Il y a beaucoup de remontées d'enseignants qui rapportent qu'ils ont des élèves le matin qui ont les yeux rouges
00:56:05 et qui sont restés sur TikTok jusqu'à 1h ou 2h du matin,
00:56:08 parce que TikTok c'est un algorithme tellement puissant que vous arrêtez jamais.
00:56:11 - Fait exprès, hein ?
00:56:13 - Oui, bien sûr.
00:56:14 - Pour que la récompense c'est la photo suivante.
00:56:16 - Après, nous dans nos enquêtes, on a publié une enquête il y a trois semaines auprès des parents,
00:56:21 donc vous pensez bien que les parents ne voient pas tout.
00:56:23 On avait quand même posé la question, est-ce que votre enfant, donc c'est des parents de collège-lycée,
00:56:27 a été victime de harcèlement moral au cours de l'année scolaire précédente, 2022-2023, on en avait 32%.
00:56:33 Et sur les 32, il n'y en avait qu'un tiers qui considérait que l'administration avait réglé la chose de manière convenable.
00:56:39 - Allez, tout de suite on revient à vos questions.
00:56:44 - Laurence Rossignol, Florence pose la question.
00:56:46 Quand on parle de violence dans la pornographie, de quoi parle-t-on ?
00:56:49 De violence physique, gifle, etc., ou d'actes non consentis ?
00:56:54 Est-ce que pendant votre enquête, vous vous êtes ressorti secoué de tout ce que vous avez vu et découvert ?
00:56:59 Je vous pose la question parce qu'Élise Lucet disait aujourd'hui,
00:57:03 qui s'apprête à diffuser ce soir "Cache-investigation" sur le porno,
00:57:06 qu'elle avait eu envie de vomir en visionnant certaines vidéos.
00:57:11 - Nous aussi, on a fait dans notre enquête, et puis après dans ce qu'on a lu,
00:57:16 et on a quand même été en contact avec l'équipe des femmes qui ont fait l'enquête au Conseil à l'égalité,
00:57:23 bien sûr qu'on a été bouleversées, bien sûr qu'on a eu des nausées.
00:57:27 Un des moments très forts, c'est l'audition de 10 plaignantes à 8 closes,
00:57:32 bien sûr des 10 plaignantes dans l'affaire French Booker,
00:57:35 quand elles vous racontent ce qu'elles ont vécu, c'est une forme de torture,
00:57:40 elles ont été victimes d'actes de barbarie, de viols en collectif, de viols à répétition,
00:57:45 d'ailleurs c'est sur ces chefs d'inculpation-là que les auteurs sont mis en examen.
00:57:51 Bien entendu c'est très lourd, et quand on est, moi par exemple, sur toute la dimension pédocriminel,
00:57:58 tout ce qui est, on a évoqué tout à l'heure, "daddy", toutes les rubriques "daddy",
00:58:03 toutes les rubriques "papa", toutes les rubriques "en famille",
00:58:06 bien sûr ça me donne la nausée.
00:58:08 - C'est ce que montre le rapport que Farros refuse d'interdire les vidéos
00:58:13 où il y a manifestement des adolescents prépubères au titre d'une présomption d'innocence.
00:58:19 - Alors Farros a une compétence sur la pédocriminalité et sur le terrorisme,
00:58:23 il exerce, Farros exerce sa compétence sur la pédocriminalité,
00:58:27 Farros retire des vidéos, mais je me souviens avoir quand même auditionné le patron d'Europol,
00:58:32 puisque c'est la référence, les politiques publiques pénales françaises se déclinent à partir de la référence Europol,
00:58:40 et a demandé "à quoi vous reconnaissez un enfant ?"
00:58:42 Il m'a répondu "mais vous savez madame, ça se voit",
00:58:44 et je dis "ok d'accord, vous reconnaissez un enfant quand il a 2, 3, 4, 5, 6, 7 ans",
00:58:48 et puis après il y a une zone, effectivement, qui est la zone de la prépuberté,
00:58:52 dans laquelle il ne reconnaît pas,
00:58:54 et après il faut identifier si l'enfant qui est dans la vidéo est bien un mineur ou un enfant.
00:59:01 Moi j'ai fait des propositions, et je pense qu'elles vont être de nouveau en discussion.
00:59:04 - Parce qu'il n'y a pas que des jeunes filles, il y a des enfants, dans ce que vous nous dites,
00:59:07 qui se retrouvent et... - Pas sur les sites pornos, après on est dans le...
00:59:11 après il y a le Darknet, après le site pédocriminel,
00:59:15 alors donc ça, eux ils s'intéressent à ça,
00:59:17 mais moi, nous ce à quoi on s'intéresse, c'est ce qu'il y a sur les sites accessibles à tout le monde.
00:59:22 Je vais vous dire juste une chose, moi j'ai fait une proposition,
00:59:24 au moment où on a été au Sénat, et ça va être discuté à l'Assemblée,
00:59:27 qu'on puisse retirer les vidéos qui apparaissent dans les rubriques
00:59:32 s'appelant "Enfant, Teen, Écolier".
00:59:34 - "Papa Bézoir". - "Papa Bézoir".
00:59:36 C'est-à-dire qu'il n'y a même pas besoin de chercher si les personnes qui sont dedans sont ou non des mineurs,
00:59:42 le simple intention de mettre en scène de la pédopornographie est déjà suffisante pour le retrait.
00:59:49 Et bien je ne comprends pas pourquoi mon amendement n'a pas été adopté.
00:59:52 - Le mot-clé est là. - Le mot-clé doit nous suffire.
00:59:56 - Question Marie-Estelle Dupont de René en Dordogne.
00:59:59 Pourquoi les films porno tournent-ils quasiment toujours autour de la soumission de la femme ?
01:00:04 Pourquoi toujours asservir les femmes ?
01:00:06 Alors on dit que c'est un porno qui est fait pour les hommes qui auraient le fantasme de la femme soumise,
01:00:11 c'est ça le ressort de ces vidéos ?
01:00:13 - Alors deux choses, d'abord les addictions sont quand même plus souvent masculines.
01:00:17 Donc comme le porno est une addiction, effectivement c'est plus souvent des hommes qui sont très addicts.
01:00:23 Les femmes ont une consommation beaucoup plus ponctuelle et rare.
01:00:28 Mais surtout cette question montre bien que, encore une fois, dans la pornographie, il n'est pas question de sexualité.
01:00:35 Il est question de domination.
01:00:37 Il est question de la jouissance sadique de l'emprise et de la domination que j'ai sur autrui.
01:00:42 Et cette érotisation de la domination, oui effectivement,
01:00:46 elle est normalement en contradiction avec l'anthropologie aujourd'hui dans l'Occident moderne
01:00:50 qui est que l'homme et la femme sont égaux.
01:00:52 Mais n'empêche que c'est 97% de violences qui sont faites sur les femmes et 3% sur les hommes dans le porno.
01:00:57 Donc on voit bien que le stéréotype de la domination et de l'humiliation de l'homme
01:01:02 qui utilise le sexe comme instrument non pas de plaisir mais comme instrument de pouvoir
01:01:06 est encore très très présent et que donc on a encore de l'archaïque à élaborer dans nos sociétés,
01:01:11 dans l'inconscient collectif, de manière très importante.
01:01:14 - Même si, Justine Atelan, vous disiez que beaucoup de garçons souffrent de ces vidéos,
01:01:21 à la fois parce que ça renvoie à une image pas très flatteuse des hommes quand même,
01:01:24 et puis en plus c'est le cul de la performance sur ces vidéos.
01:01:27 - Oui mais c'est effectivement une pression énorme pour les garçons,
01:01:29 et puis ils ne sont pas bien les garçons.
01:01:31 On disait les pauvres, c'est en regardant les garçons sur la vidéo qu'on a dit les pauvres,
01:01:34 on voyait bien qu'on avait la peine pour eux quand même.
01:01:37 Mais comme vous dites, voilà, ils sont avant et on se dit mais ils reçoivent tout ça
01:01:40 et on voit bien qu'ils ne vont pas se retrouver là-dedans, mais ils vont y aller quand même.
01:01:43 Donc ils vont être dans un mal-être absolu, c'est dramatique, c'est vraiment drôle.
01:01:46 - En consultation, j'ai quelque chose que je n'avais pas il y a 15 ans.
01:01:48 J'ai des hommes de 30 ans qui me disent "je n'ai pas confiance en moi dans ma vie sexuelle,
01:01:52 j'ai des angoisses d'érection, j'ai des angoisses de ne pas être un hard-er,
01:01:56 il y a 15 ans je n'avais pas ça chez les trentenaires".
01:01:59 Donc ça prouve bien quand même qu'il y a quelque chose qui s'est accéléré,
01:02:02 parce qu'aujourd'hui il y a des consultations chez des sexologues pour des hommes
01:02:04 qui ont des problèmes érectiles, à des âges où ça n'est pas...
01:02:07 normalement c'est après 50 ans qu'il y a ces questions qui se posent.
01:02:09 - Il y a des hommes qui n'ont plus de sexualité réelle à force d'incarner du porno,
01:02:13 c'est-à-dire qu'ils n'arrivent pas à retrouver dans la sexualité réelle
01:02:16 ce que le porno leur procure comme excitation sexuelle.
01:02:20 - C'est comme du crack, c'est-à-dire que c'est tellement violent,
01:02:22 la fétichisation, la violence est tellement violente
01:02:24 que le corps de la femme aimée ne les excite pas.
01:02:26 - Merci beaucoup de nous avoir aidé à comprendre ce sujet compliqué, pas facile
01:02:30 et sur lequel il faut qu'on avance tout de suite.
01:02:32 C'est à vous avec Anne-Elisabeth Lemoyne.
01:02:34 Bonsoir Anne-Elisabeth, au programme ce soir de C'est à vous.
01:02:37 - Bonsoir Axelle. Emmanuel Macron en Corse, un nouveau secrétaire perpétuel
01:02:41 à l'Académie française pour succéder à Hélène Carrière d'Ankos.
01:02:44 Le coup de gueule d'André Manoukian face à l'épuration ethnique des Arméniens du Haut-Karabagh
01:02:49 et des nouvelles rassurantes de Pierre Arditi, victime d'un malaise hier
01:02:53 sur la scène du théâtre Edouard VII.
01:02:55 - Merci, c'est à suivre, donc C'est à vous avec Anne-Elisabeth Lemoyne.
01:02:59 J'en profite pour rappeler ce soir, Cache Investigation, 21h10 sur France 2.
01:03:03 C'est le porno, un business impitoyable, donc dans le prolongement de ce C'est dans l'air.
01:03:08 Vous restez sur France 5. Bonne soirée avec Anne-Elisabeth Lemoyne.
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