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00:00 Religion pacifiste, le bouddhisme prône la bonté et la sagesse.
00:04 Mais en Birmanie, la réalité est bien différente.
00:07 Si le pays a pu venir à bout de la dictature, c'est notamment grâce à l'engagement des moines.
00:12 Mais aujourd'hui, certains d'entre eux s'en prennent violemment à la minorité musulmane, des Rohingyas.
00:17 A commencer par le très influent moine Viratou.
00:20 Il dénonce, entre autres, les mariages entre musulmans et femmes bouddhistes,
00:24 dans le seul but, dit-il, de multiplier les enfants de l'islam.
00:27 Il passerait pour un illuminé inoffensif s'il n'avait pas autant d'adeptes.
00:32 Avec l'appui des politiciens nationalistes, les violences contre les musulmans se banalisent.
00:38 Villages brûlés, populations déplacées, les Rohingyas comptent leurs morts.
00:43 Gwenlawen Leguil de Cargoculte raconte la terre armonée au nom de Bouddha, dans cette démocratie encore balbutiante.
00:51 (Bruits de la ville)
01:00 (Musique)
01:20 Attendu comme le Messie.
01:22 Accueilli tel une célébrité.
01:28 Le moine Viratou entre en scène.
01:30 Ce soir, ils sont des centaines à se prosterner à ses pieds.
01:38 Dans ce village du nord du pays, le peuple des campagnes vient écouter la parole du maître.
01:54 Vous connaissez le mouvement 969 ? Qu'est-ce que ce groupe protège ?
01:59 C'est un groupe qui protège la race et la religion.
02:06 Le mouvement 969, le bouddhisme au service de la xénophobie.
02:14 Dirigé par Ouiratou, prédicateur vedette.
02:18 Ce moine a fait de la haine des musulmans son fond de commerce.
02:24 Il y a des jeunes femmes birmanes qui ont des problèmes avec les musulmans.
02:28 C'est pas vrai ?
02:30 Non.
02:32 Notre mission est de protéger ces femmes qui se sont fait abuser puis abandonner par ces méthèques.
02:38 Comme celles qui se sont fait violer.
02:41 Le moine Ouiratou milite en faveur d'une loi, contre les unions entre bouddhistes et musulmans.
02:51 Son mouvement est soutenu par le régime.
02:53 Le gouvernement joue sur la peur de l'étranger pour se maintenir au pouvoir.
02:58 Connaissez-vous cette loi qui nous protège ?
03:02 Même les enfants du premier rang la connaissent, n'est-ce pas ?
03:07 Cette loi est vitale, vous savez. Vous ne pensez pas que le gouvernement doit l'instaurer ?
03:14 Le gouvernement doit en faire une priorité.
03:17 On va chanter maintenant.
03:21 La loi qui protège la race et la religion est indispensable.
03:25 Supportons la loi qui protège la race et la religion.
03:29 Le moine Ouiratou est devenu un symbole.
03:34 Le visage de la haine.
03:38 Ses discours l'ont fait connaître bien au-delà des frontières du pays.
03:46 Mon père, est-ce vrai qu'on vous surnomme le Ben Laden Birman ?
03:50 Ce sont les journalistes qui m'appellent comme ça.
03:54 Mais sur internet, vous verrez qu'on m'a donné aussi d'autres surnoms.
03:59 On m'appelle parfois le néo-nazi, le nazi chauve, et même le Ben Laden Birman, c'est vrai.
04:08 Mais vous savez, je me suis déjà exprimé là-dessus dans les journaux.
04:14 Au lieu de nombreux Birmans, ce prédicateur raciste est le premier défenseur de la religion.
04:19 Le meilleur garant de l'identité nationale.
04:22 Il est à la tête d'une organisation devenue en quelques années une véritable force politique.
04:29 Un mouvement proche du pouvoir qui organise des manifestations au slogan sans équivoque.
04:41 Les étrangers, ce sont surtout les Rohingyas, la bête noire du mouvement 969.
04:47 Cette minorité musulmane de l'est du pays est la première victime d'une poussée xénophobe sans précédent.
04:56 Selon les Nations Unies, elle est l'ethnie la plus persécutée au monde.
05:01 En 2012, des violences intercommunautaires mettent l'état d'Harakan à feu et à sang.
05:07 Des dizaines de villages musulmans sont incendiés. Les émeutes font des centaines de morts chez les Rohingyas.
05:13 Déchus de leur nationalité birmane, chassés de leurs terres, spoliés de leurs biens.
05:25 Plus de cent mille d'entre eux sont déplacés, parqués dans des camps.
05:30 Ils y vivent toujours aujourd'hui.
05:34 Des étrangers, dans leur propre pays.
05:37 Leur seul lien avec l'extérieur, c'est cette cabane de bambou, le café internet du camp.
05:45 A longueur de journée, les femmes viennent aux nouvelles d'un mari, d'un fils, d'un cousin.
05:52 Car les hommes prennent souvent les premiers la route de l'exil, vers la Thaïlande ou la Malaisie.
05:59 Expert en télécommunications, le patron des lieux est l'homme à qui l'on confie sa vie.
06:04 Un numéro de téléphone écrit à la hâte sur un morceau de papier.
06:08 Il est rarement porteur de bonnes nouvelles.
06:12 - Allô ?
06:21 - Je vais vous envoyer 300 dollars, que pouvez-vous faire pour mon mari ?
06:27 - Je ne sais pas à qui donner l'argent. Je vais vendre mes rations alimentaires.
06:32 Au téléphone, un trafiquant.
06:35 - Passez-moi mon mari, s'il vous plaît.
06:37 Depuis qu'il a fui le pays en bateau, son mari est retenu en otage par ses passeurs, quelque part sur la frontière malaise.
06:44 - Je vous en prie, je veux juste lui dire un mot.
06:56 - Je vous promets, je vous promets, je vous donnerai tout ce que j'ai.
06:59 - Je veux juste que vous libériez mon mari.
07:01 - Tout ce que j'ai, tout ce que j'ai collecté, tout ce que j'aurais vendu, tout mon argent sera pour vous.
07:05 - Je vous en prie, libérez mon mari.
07:07 Sukina n'est pas un cas isolé.
07:11 La plupart des Rohingyas qui choisissent l'exil finissent entre les mains de réseaux mafieux qui raquettent leur famille.
07:22 - Avant, quand j'appelais mon mari, il le frappait et il me le faisait écouter au téléphone.
07:27 - Ils m'ont dit que si je ne payais pas, ils allaient le tuer.
07:31 - Alors j'ai supplié qu'ils ne le tuent pas, que je leur donnerai tout ce que je possède.
07:35 - Ils m'ont dit de donner l'argent à un certain Abdi Rahman.
07:38 - Quand il aura été payé, mon mari pourra travailler pour lui et racheter sa liberté.
07:50 - Nous n'avons pas le droit de sortir d'ici. On vit comme des volailles enfermées dans un poulailler.
07:56 La jeune femme vit dans ce camp depuis bientôt trois ans.
08:07 Depuis que des émeutiers bouddhistes ont brûlé son village, Nazir, et massacré des centaines de Rohingyas.
08:14 Elle élève seule ses cinq enfants.
08:18 - Avant les violences, on vivait les uns avec les autres, avec les bouddhistes.
08:24 - On travaillait, on s'amusait. Il n'y avait pas de problème entre nous.
08:29 - Il faudrait leur demander à eux, mais moi, je ne sais pas si on pourra à nouveau vivre ensemble.
08:34 - Et vous, vous vous considérez encore Birmane ?
08:39 - Mon mari est né en Birmanie. Moi aussi, je suis née ici.
08:43 - Alors oui, nous sommes Birmans.
08:46 Sukhina a beau être Birmane, elle est Rohingya, deux confessions musulmanes.
08:52 Une étrangère aux yeux des nationalistes.
08:56 De l'autre côté du pays, Mandalay, la deuxième ville de Birmanie.
09:10 Tous les matins, ce sont les moines en procession qui réveillent bien avant l'aube, la cité aux mille pagodes.
09:17 Réputée calme et paisible, la capitale culturelle de Birmanie a elle aussi connu des violences interreligieuses.
09:28 Attisée par une minorité de moines extrémistes, à la solde du Ben Laden birman.
09:36 C'est depuis ce monastère que le religieux tient ses discours de haine envers les musulmans.
09:42 Le moine nous reçoit dans la bibliothèque de la communauté.
09:56 L'interview sera enregistrée par son service de communication.
10:05 - Il veut pas que j'utilise mon flash.
10:08 - Mon novice n'aime pas que je donne des interviews aux médias occidentaux.
10:13 Parce que la plupart du temps, vous déformez mes propos. Il n'aime vraiment pas ça.
10:19 Nous informons les gens grâce à Facebook.
10:24 Et par exemple, je leur explique que partout où il y a des métèques, il y a des viols.
10:32 La principale menace qui pèse sur nous, c'est que tous les musulmans se marient avec de nombreuses femmes et font beaucoup d'enfants.
10:39 Tout simplement car ils veulent devenir la majorité en Birmanie.
10:44 S'ils sont trop nombreux, ils deviendront comme l'Etat islamique.
10:49 C'est pour cela que je dois protéger ce pays.
10:53 Du côté du gouvernement, ils ont pris la bonne décision.
10:58 Ils n'utilisent plus le mot Rohingya. Ils disent que ce sont des immigrants illégaux.
11:03 Ils les ont mis dans des camps et ils seraient même prêts à les renvoyer dans un autre pays.
11:08 Le gouvernement fait du bon travail et le peuple soutient le gouvernement.
11:13 En plus d'être un patriote zélé à la solde du pouvoir,
11:19 le moine fait la police à Mandalay dans les environs.
11:23 Plusieurs fois par semaine, il fait des recherches.
11:27 Plusieurs fois par semaine, il troque la robe safran pour celle du procureur
11:31 et reçoit dans son bureau de prétendues victimes de l'islam.
11:35 Les murs sont tapissés de ses portraits.
11:40 L'influence de l'abbé Meghaloman repose aussi sur le culte de sa personnalité.
11:45 Alors, vous êtes de quelle race ?
11:56 Je suis birmane. Je suis birmane.
11:58 Cette femme bouddhiste est mariée à un musulman.
12:03 Pourquoi êtes-vous venue me voir ? Que puis-je faire pour vous ?
12:08 Je suis là aujourd'hui parce que je veux divorcer. Divorcer officiellement.
12:13 Et votre religion ?
12:17 Je suis toujours bouddhiste, mais mon mari essaye de me convertir.
12:25 Votre mari vous laisse-t-il prier ?
12:26 Quand je prie Bouddha, mon mari n'est pas content.
12:29 Au début du mariage, il ne m'a pas demandé de retirer les portraits de Bouddha à la maison,
12:34 mais petit à petit, il a voulu que je les enlève et aujourd'hui, je n'ai même plus d'autel pour prier.
12:40 Il me demande aussi de porter le voile, mais je ne le fais pas.
12:44 Et sa mère, est-ce que sa mère est une métèque ?
12:47 Oui.
12:49 Et vous connaissez le nom de famille de ces métèques ?
12:51 Le nom de sa mère est Dhyamimo.
12:54 Vous pouvez répéter ?
12:55 Dhyamimo.
12:57 Ah oui, c'est des métèques ça.
12:59 Cinq minutes montrent en main et l'enquête est bouclée.
13:04 Le greffier a tout noté.
13:06 Ouviratou peut désormais jouer de ses contacts.
13:09 Il téléphone immédiatement à ses amis de la police.
13:12 Je voudrais parler à un officier.
13:14 Je vais vous envoyer deux femmes.
13:17 Oui, mon père.
13:19 Je compte sur vous pour mener l'enquête.
13:23 Très bien, mon père.
13:24 Et après ça, vous me ferez un rapport.
13:26 Oui, mon père.
13:29 Ok, parfait. C'est parfait.
13:31 On va les envoyer au commissariat.
13:34 Vous irez au poste de police près du monastère.
13:39 Mais vous passerez d'abord au bureau du mouvement 969.
13:44 Ils vous accompagneront.
13:50 Au bureau de notre mouvement, ils vont enquêter sur ce cas.
13:52 Comme je l'ai fait moi-même à l'instant.
13:54 On a un avocat, on fait des rapports pour ensuite les envoyer au tribunal.
13:58 Si on ne s'occupe pas de ces petites affaires, ça peut devenir grave.
14:02 Ça peut dégénérer en violence.
14:04 Ces femmes ont trouvé chez Ouviratou bien plus qu'une oreille attentive.
14:08 Elles iront sans doute grossir les rangs du mouvement 969.
14:18 Le moine extrémiste assoit ainsi son emprise sur la société birmane.
14:21 Sans que personne ou presque n'y trouve à redire.
14:25 En Birmanie, la religion est taboue.
14:34 Critiquer publiquement un bonze peut conduire en prison.
14:39 Cette femme en a fait la mère expérience.
14:46 Son mari est incarcéré depuis six mois pour s'être attaqué au plus célèbre des moines nationalistes.
14:52 Trépieuse, Sow Sandar se rend chaque semaine à la Chwedagon, la grande pagode de Rangoon.
15:03 Pourquoi vous venez ici ?
15:07 Aujourd'hui, je suis là avec mon groupe de prière pour me recueillir.
15:15 Comme tous les jeudis, je prie pour mon mari.
15:18 Et pourquoi devez-vous prier pour lui ?
15:24 Parce qu'il a été injustement accusé d'avoir blasphémé.
15:28 C'est là, c'est son hôtel.
15:33 Là, je rafraîchis le Bouddha du jeudi.
15:44 C'est le jour de naissance de mon mari.
15:46 En ce moment, la religion est une question très sensible.
15:55 La plupart des gens n'osent pas en parler.
15:58 Les propos de mon mari visaient à protéger le bouddhisme.
16:02 Il craint que si l'extrémisme religieux et nationaliste continue à se développer,
16:07 le véritable bouddhisme ne disparaisse, que tout ça ne finisse en violence.
16:12 C'était justement son propos.
16:14 Oh mon Dieu, mon mari te sert et te respecte.
16:20 Il n'a jamais voulu insulter la religion.
16:23 Il a simplement prononcé ce discours par crainte qu'on porte atteinte à Bouddha.
16:26 C'est un vœu noble, alors faites qu'il soit libéré, mon Dieu.
16:29 Faites que tous les prisonniers politiques comme lui soient bientôt libres.
16:33 Bouddha n'a pas de nationalité.
16:37 On vénère simplement ses enseignements.
16:41 Il attend sa parole.
16:42 Tout ce qui compte, c'est l'amour du prochain.
16:45 Le nationalisme n'a rien à voir avec le bouddhisme.
16:48 Pour avoir rappelé cette évidence lors d'une réunion publique,
16:52 son mari risque de passer des années en prison.
16:56 Allez, on y va ?
17:00 L'homme est incarcéré dans la maison d'arrêt de son village.
17:04 Alors une à deux fois par mois,
17:07 Sosandar peut lui rendre visite.
17:10 L'occasion de lui apporter de quoi améliorer son ordinaire de prisonnier.
17:14 Tinlin Hu, c'est cet homme.
17:18 Un intellectuel engagé en politique.
17:21 Tu es en retard, chéri. Qu'est-ce qui s'est passé ?
17:24 J'ai vraiment compté les secondes avant de te retrouver.
17:27 Vraiment compté chaque seconde.
17:30 Il y a encore six mois,
17:33 Tinlin Hu était le porte-parole de la Ligue Nationale pour la Démocratie,
17:37 le parti d'Aung San Suu Kyi.
17:39 Merci les gars, c'est vraiment sympa de me faire prendre l'air.
17:42 Ça fait une semaine que je n'ai pas lu un journal.
17:45 Dans ce pays, ça fait des siècles que des communautés,
17:52 des ethnies, des religions différentes vivent ensemble en paix.
17:56 Ça fait plus de 300 ans que c'est comme ça.
17:59 Alors comment expliquer toutes ces tensions ?
18:02 Pour moi, c'est évident.
18:04 Ce sont tous ces discours de haine qui ont déclenché ces violences.
18:08 C'est bon, on peut y aller ?
18:09 Le juge a donné son accord.
18:19 Le prisonnier va passer une demi-heure en compagnie de ses proches.
18:23 Il est conduit sous bonne escorte au commissariat
18:28 et peut enfin savourer le repas préparé par sa femme.
18:32 Menacé d'une lourde condamnation,
18:36 Tin Lin Hu devrait se taire.
18:38 Mais l'écrivain ne peut s'empêcher de transformer ce moment d'intimité
18:43 en tribune politique.
18:45 Dans ce pays, le gouvernement a toujours utilisé la religion comme une arme.
18:54 Il tente des pièges en se servant du bouddhisme,
18:59 des problèmes sociaux ou du droit de vote des étrangers.
19:02 La religion est devenue une arme.
19:05 La religion est devenue un terrain miné.
19:07 Il y a un certain moine, connu dans le monde entier.
19:11 Vous voyez de qui je veux parler.
19:13 Ce moine fait des discours qui vont à l'encontre des enseignements du Bouddha.
19:17 La question est, pourquoi les politiques ne font rien contre lui ?
19:21 La réponse est simple, ce moine est l'arme secrète du gouvernement.
19:25 L'intellectuel persiste et signe.
19:32 L'accusation est grave, elle pourrait lui coûter 4 ans de prison.
19:35 Le moine ouviratou serait devenu intouchable.
19:38 Pour tenter de comprendre en quoi le nationalisme religieux sert les intérêts du pouvoir,
19:48 il faut se rendre à Naipido, la capitale politique du pays.
19:54 Fantasme sécuritaire de l'ancien dictateur et de son astrologue,
20:01 la cité sortie de terre en quelques années a des allures de ville fantôme.
20:06 C'est encore au parlement que l'on trouve le plus d'activités.
20:15 Civils et militaires vont bientôt y débattre du mariage interreligieux,
20:24 comme du vote des étrangers.
20:27 Des thèmes censés flatter le sentiment nationaliste
20:30 et exclure un peu plus la minorité musulmane des Rohingyas.
20:34 Sur cette question, Ansan Soutchi, la plus charismatique des députés birmanes,
20:41 ne s'est encore jamais exprimée.
20:43 Madame Soutchi, pensez-vous que les droits de l'homme sont respectés pour la minorité Rohingya ?
20:48 Non, ne filmez pas.
20:51 Non, vous ne pouvez pas filmer.
20:53 Non.
20:57 Le sujet est sensible.
20:59 Le prix Nobel de la paix a vraisemblablement d'autres priorités pour l'instant.
21:04 La seule personne qui accepte de dénoncer ce problème, c'est un député du parti au pouvoir.
21:12 Que pensez-vous de la situation des Rohingyas dans ce pays, monsieur ?
21:16 Ah là, je suis pressé, il faut que j'y aille.
21:19 La question le met mal à l'aise, mais le touche de près.
21:24 Le sujet est simple, les droits de l'homme sont respectés.
21:27 Le pays est issu de cette minorité.
21:30 Je dirais simplement que les droits de l'homme ne sont pas respectés pour ces gens.
21:36 Leur situation est très mauvaise.
21:39 Le gouvernement devrait les laisser retourner chez eux, leur rendre leur terre.
21:45 Il devrait aussi leur rendre leur carte d'identité au plus vite.
21:52 Maintenant, on les traite d'étrangers, pour des raisons et des calculs politiques.
21:57 Mais certains parlent de génocide. Vous êtes d'accord avec ce terme ?
22:01 Euh... Non, je ne peux pas répondre à cette question. Sans commentaire.
22:07 Depuis qu'ils sont rassemblés dans des camps,
22:10 presque tous les Rohingyas ont été déchus de leur nationalité birmane.
22:15 Le risque d'épuration ethnique est bien réel.
22:20 Mais la question n'est toujours pas à l'ordre du jour de l'assemblée.
22:22 A la sortie de l'hémicycle, la dame semble bien plus disposée à répondre aux journalistes.
22:32 Nous tentons à nouveau notre chance.
22:34 Madame Sulchi, que pensez-vous de la situation des Rohingyas ?
22:38 Je ne comprends pas de quoi vous voulez parler.
22:44 Madame Sulchi, que pensez-vous de la situation des Rohingyas dans ce pays ?
22:49 C'est une question bien trop complexe pour y répondre comme ça, en passant.
22:52 La chef de file de l'opposition ne répondra jamais à nos demandes d'interview.
22:58 A quelques mois des élections législatives, son parti n'a toujours pas de position officielle quant à l'avenir des Rohingyas.
23:07 Ceux qui en ont les moyens, continuent à fuir.
23:15 Par la mer.
23:19 Il serait déjà 100 000 à avoir quitté le pays.
23:22 Vous savez, on est comme en prison ici.
23:29 On n'a plus de quoi nourrir nos mères, nos sœurs, nos filles.
23:35 On a peur de partir, bien sûr.
23:39 Mais le gouvernement est si cruel.
23:41 Il est si cruel avec les Rohingyas.
23:43 Si cruel avec nous, les musulmans.
23:46 Vous voyez là, c'est d'ici que les bateaux partent pour la Malaisie.
23:52 C'est d'ici que je partirai moi aussi, dès que j'aurai assez d'argent pour payer les passeurs et la police.
24:00 A bord de l'un de ces bateaux, Nour Salam va lui aussi mettre sa vie entre les mains des trafiquants de clandestins.
24:15 Comme deux de ses enfants, il a choisi l'exil et s'apprête à fuir la Birmanie, son pays.
24:25 [Musique]

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