Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 01/10/2023
Le 28 janvier 1986, la navette spatiale Challenger quitte la base de Cap Canaveral, en Floride, avec à son bord le premier civil à s'envoler dans l'espace. Mais à peine 73 secondes après son décollage, le vaisseau spatial se désintègre, après la rupture du joint de l'un des propulseurs. Retour sur les circonstances de cet accident, qui a causé la mort des sept membres d'équipage.

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:00 4, 3, 2, 1...
00:06 Quand la navette Challenger prend son envol par une froide matinée de janvier,
00:10 l'un des ingénieurs en chef pressant une catastrophe.
00:13 Il faut annuler le vol, on ne peut pas lancer, c'est de la folie.
00:22 Il craint qu'une engin explose.
00:26 Décollage de la 25ème mission de la navette spatiale.
00:31 Elle a dépassé la tour.
00:34 73 secondes plus tard, c'est le drame.
00:40 7 astronautes meurent sous les yeux de leur famille et de millions de téléspectateurs.
00:47 Notre cœur a éclaté, comme ces débris qui retombaient du ciel.
00:53 Que s'est-il réellement passé au cours de ce vol fatal ?
00:56 Aurait-on pu éviter la tragédie ?
00:58 La navette et son équipage auraient-ils pu atteindre l'espace ?
01:02 Avaient-ils une chance ?
01:04 Cette question me tourmente.
01:09 Les catastrophes sont rarement le fruit du hasard.
01:12 Elles résultent souvent d'un enchaînement d'événements malheureux
01:15 que nous allons tenter de reconstituer dans 7 minutes de vérité.
01:26 Roger Boisjoli sait que la navette souffre d'un défaut majeur.
01:30 J'étais hors de moi.
01:34 Je criais littéralement.
01:37 Mais il ne peut arrêter le compte à rebours.
01:43 Après, ma femme m'a demandé ce qui ne va pas.
01:46 J'ai dit rien, ils vont lancer demain et tuer les astronautes.
01:50 Mais à part ça, tout va bien.
01:53 Floride, États-Unis.
02:09 28 janvier 1986.
02:13 8h08.
02:16 Une heure et demie avant le décollage.
02:19 Au Centre spatial Kennedy, on achève les derniers préparatifs
02:22 pour la mission spatiale la plus attendue depuis les jours glorieux du projet Apollo.
02:30 Des milliers de spectateurs affluent à Cap Canaveral.
02:33 Dans quelques instants, la navette Challenger va faire date
02:36 de la sortie de la première passagère de l'espace,
02:42 l'enseignante Krista McAuliffe.
02:47 Krista ne s'est jamais prise pour une astronaute.
02:51 Elle s'était surnommée la prof de l'espace.
02:55 Elle voulait prouver par là l'importance des enseignants
02:58 et donner aux enfants l'envie d'apprendre et de donner le meilleur d'eux-mêmes.
03:05 Elle disait que c'était une fabuleuse sortie éducative.
03:12 Krista, 37 ans, mère de Scott et de Caroline,
03:15 a suivi un entraînement spécifique de 5 mois qui a fait d'elle une célébrité nationale.
03:20 Elle est consciente des enjeux de la mission.
03:23 Le 25e lancement de la navette sera bien plus qu'un simple voyage en orbite.
03:29 Il a pour vocation de redonner un second souffle au programme spatial américain.
03:38 Après deux décennies de coupe budgétaire et de désintérêt public,
03:41 l'orbiteur n'a jamais tenu sa promesse d'offrir un service de transport régulier vers l'espace.
03:50 En envoyant Krista dans l'espace, la NASA espère restaurer la confiance dans son dernier-né.
03:59 8h38, une heure avant le décollage.
04:04 Krista et les 6 astronautes sont sur le point d'embarquer.
04:12 Le pilote Michael Smith effectua sa toute première mission dans l'espace.
04:17 Les spécialistes Ronald McNair, Ellison Onizuka et Judy Resnick ont chacun un vol alors actif.
04:30 Gregory Jarvis, spécialiste des satellites, s'offre également son baptême de l'espace.
04:36 L'équipage est mené par le commandant de bord Francis Coby.
04:42 C'est toujours un plaisir d'être ici au cap pour faire ce dans quoi le centre Kennedy excelle, lancer des véhicules spatiaux.
04:53 Être enfin à la tête d'une mission spatiale, c'était une formidable récompense pour lui.
05:00 Il aimait tutoyer les cieux.
05:03 Amoureux de longue date, Francis et June sont mariés depuis 14 ans.
05:07 C'est la seconde fois que June voit son mari partir dans l'espace.
05:12 Salut Mike, c'est le grand jour.
05:17 Des 4 véhicules de la flotte, Challenger est de loin le plus fiable.
05:24 En 3 ans et demi depuis sa mise en service, il a accompli 40% de l'ensemble des missions de navette
05:30 et envoyé 51 astronautes dans l'espace lors de 9 vols sans encombre.
05:35 Directeur de vol à Challenger.
05:37 J'écoute.
05:38 Nous procédons au déverrouillage de l'écoutille.
05:41 Bien reçu.
05:44 Pourtant cette mission n'a pas débuté sous les meilleurs auspices.
05:47 Voilà plus d'une semaine que le mauvais temps oblige à reporter le lancement.
05:52 Ce matin, des spécialistes ont lâché des ballons sondes afin de vérifier les conditions météorologiques.
06:00 Toutes les données semblent favorables, mais un problème subsiste.
06:04 Une vague de froid exceptionnelle a généré une couche de glace de plus de 7 cm.
06:10 Et des stalactites de près d'un mètre.
06:16 Aucune navette n'a jamais été lancée par un temps aussi glacial.
06:24 Dans l'espoir que la glace fonde, le centre de contrôle décide de reporter de 2 heures la mise à feu.
06:30 Dans les tribunes, les parents de Christa s'inquiètent.
06:35 Ça semblait mal parti.
06:38 Mon mari m'a dit si seulement je pouvais la sortir de là.
06:43 Salut Christa, alors tu es prête ?
06:46 J'espère.
06:49 A 30 minutes de la mise à feu, le contrôle du trafic aérien déroute le vol 677 Eastern Airlines à destination de Tampa en Floride.
06:59 Soudain l'avion rencontre une zone de forte perturbation.
07:06 Le pilote descend à 30 000 pieds pour éviter les turbulences.
07:12 Il repère Challenger en position sur le pas de tir et en déduit que le vent est à l'origine du retard.
07:19 Ici le centre de contrôle de Houston à T-9 minutes. Le contrôle du vol parait au lancement.
07:25 À 9 minutes du décollage, la tour de lancement s'assure du bon fonctionnement de l'ensemble des systèmes de propulsion de la navette.
07:36 Ces 3 moteurs principaux peuvent brûler pas loin de 4000 litres de carburant par seconde.
07:42 Ils sont alimentés par le réservoir externe haut de 46 mètres.
07:47 Mais l'essentiel de la force propulsive est fourni par les deux étages d'accélération à poudre ou booster.
07:55 Avec une poussée combinée de 3000 tonnes, ils propulsent le véhicule à plus de 28 000 km/h, vitesse nécessaire pour s'arracher à l'attraction de la Terre.
08:07 L'ensemble des systèmes de Challenger sont opérationnels. La décision est unanime.
08:12 "Contrôle de mission ici Kennedy. Bon, pour le départ."
08:17 "T-2 minutes."
08:26 Avec une telle cargaison de carburant, les risques sont évidents.
08:30 Toutefois, dans l'histoire des vols spatiaux américains, aucun astronaute n'a jamais été tué au décollage.
08:35 Une statistique rassurante.
08:41 "On y pense bien de temps en temps. Mais on se dit, la NASA, ils ne peuvent pas faire d'erreur.
08:47 Et comme Christa me l'a dit, tu sais maman, cette navette, ils peuvent l'arrêter au tout dernier moment s'il y a un problème."
08:55 "10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1."
09:20 "Décollage. La navette spatiale décolle pour une 25e mission. Elle a dépassé la tour."
09:29 "C'était incroyable. Mon fils nous a enlacés, sa sœur et moi, et on a regardé les autres familles.
09:39 C'était une telle joie. On était toutes excitées."
09:48 Pour Christa, c'est la récompense de 5 mois d'entraînement et l'accomplissement d'un rêve.
09:53 "Houston, manœuvre en volée de Challenger."
09:56 "Bien reçu, Challenger."
09:58 Presque immédiatement, la navette entame une manœuvre de pivotement afin de se placer sur la trajectoire qui l'amènera en orbite.
10:04 "Bonne rotation." "Compris."
10:10 "Manœuvre de rotation réussie."
10:15 Challenger file déjà à près de 1 600 km/h.
10:18 Tandis qu'elle atteint l'altitude de 10 000 m, un violent vent de travers la secoue.
10:27 A plus de 3 000 km de là, l'ingénieur Roger Boisjoli assiste horrifié à la scène.
10:39 Challenger court à la catastrophe.
10:43 Neuf fois plus rapide qu'une balle de revolver, la navette fuse dans le ciel.
10:47 Une seconde plus tard, elle sort de la zone de turbulence.
10:53 Commence alors la partie la plus délicate de l'ascension, désignée sous le nom de Max-Q,
11:03 au cours de laquelle les forces aérodynamiques subies par la structure sont les plus fortes.
11:09 En cas de vitesse trop élevée, l'orbiteur peut se désintégrer.
11:13 Sous les ordres du directeur de vol Jay Green,
11:18 le centre de contrôle ordonne à Challenger de réduire la poussée des moteurs.
11:22 "3, 65." "65, Fido." "Poussée confirmée." "Merci."
11:26 À 66 secondes, Challenger a déclenché la première pousse.
11:37 À 66 secondes, Challenger quitte avec succès la zone Max-Q
11:41 et entre dans l'air plus raréfié de la haute atmosphère.
11:44 Elle doit maintenant accélérer à plus de 28 000 km/h pour échapper à la gravité terrestre.
11:53 Il est temps d'amener le régime des moteurs principaux à pleine puissance.
11:58 Le centre de contrôle donne le signal.
12:01 "Challenger a augmenté la poussée." "Compris."
12:04 "Définissons le volant."
12:06 Soudain, Challenger est englouti dans une énorme boule de feu.
12:26 Les équipes au sol sont stupéfiées.
12:33 Le contact a été rompu.
12:35 "Contrôle du sol à vol. Nous avons perdu le contact." "Compris."
12:39 Rien dans les données ne laissait prévoir le drame.
12:43 "À tous les opérateurs, surveillez vos données."
12:46 Personne ne sait exactement ce qui s'est produit.
12:53 Les parents de Christa n'en croient pas leurs yeux.
13:00 "La navette était partie."
13:03 "On savait tous qu'il s'était passé quelque chose d'horrible."
13:06 "Mais bien sûr, personne ne savait quoi."
13:10 "Les contrôleurs de vol suivent attentivement la situation."
13:15 "Manifestement, une grave défaillance."
13:18 "Au moment où l'excitation était à son comble, elle a explosé."
13:25 "C'est un accident."
13:27 "C'est un accident."
13:29 Intactes, les boosters poursuivent leur course sans but.
13:34 Par mesure de sécurité, l'ordre d'autodestruction leur est transmis.
13:40 "On s'est mis à espérer follement que l'orbiteur avait pu se séparer."
13:52 Alors que les débris retombent en tournoyant dans l'océan, le doute n'est plus permis.
13:56 "Tido à vol, le RSO rapporte que le véhicule a explosé."
14:03 "Compris."
14:07 "Selon le rapport du responsable de dynamique de vol, le véhicule a explosé."
14:11 "Le directeur du vol l'a confirmé."
14:14 "On vérifie avec les forces de sauvetage ce qui peut être fait à ce stade."
14:21 "On était sidérés que ça ait pu se produire."
14:24 "Je n'aurais jamais cru que ça puisse arriver."
14:27 "C'était irréel."
14:30 Incroyablement, alors que l'épave émerge de la boule de feu,
14:39 le compartiment de l'équipage est toujours en un morceau.
14:42 "Le RSO a-t-il un point d'impact ?"
14:48 "Stable."
14:51 À Houston, Jay Green obtient les coordonnées exactes de l'endroit où l'épave est tombée dans l'océan.
14:56 "Le ministère de la Défense rapporte que toutes les forces armées sont en route."
15:01 Une vaste opération de recherche et sauvetage est immédiatement lancée.
15:09 Les membres de l'équipe espèrent que les astronautes sont encore en vie.
15:15 C'est alors qu'ils repèrent un parachute descendant du ciel.
15:18 Mais c'est un faux espoir.
15:24 Le parachute est simplement attaché au nez de l'un des boosters.
15:27 Ce n'est que l'un des débris qui continuent de pleuvoir sur l'Atlantique.
15:32 Le compartiment de l'équipage a disparu.
15:37 Tombé de près de 20 km de haut, il est resté en place.
15:42 Et de près de 20 km de haut, il est venu heurter l'océan à plus de 300 km/h.
15:46 Les astronautes étaient condamnés.
15:53 "On est restés sans voix."
15:59 "Notre cœur a éclaté comme ces débris qui retombaient du ciel."
16:07 Lorsque les sauveteurs parviennent à localiser les vestiges du module équipage,
16:11 ils font une tragique découverte.
16:13 La navette voyageait à près de deux fois la vitesse du son
16:22 lorsqu'elle a explosé en milliers de fragments.
16:24 A partir des rares preuves disponibles,
16:30 les astronautes ont été encore plus prudents.
16:34 A partir des rares preuves disponibles,
16:36 la NASA doit accomplir une tâche quasi impossible,
16:39 reconstituer précisément les faits.
16:41 La récupération du compartiment équipage va lui permettre de retracer
16:46 les événements subis par les astronautes après l'explosion.
16:49 Les casques de l'équipage lui fournissent une précieuse indication.
16:54 Chaque astronaute disposait d'une réserve d'oxygène attachée à son casque,
17:00 à utiliser en cas d'urgence.
17:03 Dans l'épave, la NASA constate que trois d'entre elles ont été activées.
17:07 Une terrifiante découverte.
17:11 Au moins trois des astronautes ont donc survécu à l'explosion
17:18 et pourraient avoir été vivants au cours de la retombée vers la Terre.
17:21 Un voyage de plus de deux minutes et demie.
17:23 Lors du service commémoratif,
17:30 le président Reagan rend hommage aux courageux équipages.
17:33 Tous les proches des astronautes sont présents.
17:36 Parmi eux, June et sa famille.
17:39 On pouvait à peine mettre un pied devant l'autre.
17:44 Les membres des familles n'échangeaient pas un mot.
17:48 On était abasourdis.
17:51 C'est le genre de choses auxquelles on ne peut pas se préparer.
17:58 Nous nous souviendrons de nos sept astronautes
18:01 comme apportant la vie, l'amour et la joie à leurs proches
18:05 et la fierté à leur nation.
18:08 J'étais triste.
18:12 Je ressentais un grand vide.
18:16 Je me disais que ça n'aurait jamais dû arriver
18:22 et je me sentais impuissante.
18:25 Dick, Mike, Judy, Elle, Lon, Greg et Christa,
18:33 vos familles et votre pays pleurent votre mort.
18:37 Nous vous faisons nos adieux.
18:40 Jamais nous vous oublions.
18:42 Tandis que l'Amérique se recueille,
18:46 une enquête est ouverte afin de déterminer les causes exactes de l'explosion.
18:52 Durant cinq mois, une commission présidentielle va analyser le drame
18:55 et découvrir un dysfonctionnement du booster droit.
18:58 Un booster est composé de quatre segments boulonnés.
19:04 A la jonction, l'étanchéité est assurée par deux joints thoriques comprimés en caoutchouc.
19:09 Lors de la mise à feu, les boosters s'allument en moins d'un centième de seconde.
19:15 Les parois en acier sont alors poussées par les gaz.
19:18 Les joints thoriques doivent se dilater quasi instantanément
19:21 pour empêcher une fuite de propérogoles.
19:23 La commission découvre qu'en raison du froid extrême,
19:28 les joints de la section inférieure du booster droit ne se sont pas comportés normalement.
19:32 Des gaz incandescents deux fois plus chauds que des gaz de haut fourneau se sont alors échappés.
19:37 La navette spatiale décolle pour une 25e mission.
19:44 Tandis que la navette fuse dans le ciel, au-delà de la zone de Max Q,
19:50 une flamme vient lécher la fixation entre le booster et le réservoir externe.
19:54 Lorsque le support cède, toute la section inférieure se désagrège.
19:58 Le nez du booster s'écrase au sommet du réservoir avec des résultats dévastateurs.
20:04 Toutefois, un homme est convaincu que la météo et les joints thoriques ne sont pas les seuls responsables.
20:19 Après l'enquête, une conclusion toute simple s'est imposée dans l'esprit des gens.
20:23 Les coupables, c'était la météo plus les joints thoriques.
20:27 Les deux réunis ont provoqué l'explosion.
20:30 En fait, c'est un peu plus compliqué que ça.
20:33 Auteur réputé, James Shines a passé les 20 dernières années à enquêter sur les pires désastres technologiques de la planète.
20:46 De l'explosion nucléaire de Tchernobyl au drame du Concorde, rien n'échappe à son crible.
20:51 Shines est convaincu que les joints thoriques, désignés comme fautifs dans l'accident de Challenger, ne sont pas seuls en cause.
21:00 Si un joint thorique avait rompu, tout aurait explosé sur le pâtissier.
21:10 Or, ça n'a pas été le cas.
21:14 L'explosion s'est produite au bout de 73 secondes.
21:18 C'est un mystère.
21:25 Il a dû y avoir autre chose qu'une simple défaillance des joints.
21:30 Pourquoi Challenger ne s'est-elle pas désintégrée au sol ?
21:35 Comment le drame a-t-il pu survenir à 73 secondes ?
21:38 Aurait-on pu sauver l'équipage ?
21:42 En réexaminant l'ensemble des preuves, nous allons découvrir l'enchaînement qui a mené à la perte de cet astronaute.
21:49 Les risques encourus par la navette étaient maximaux au cours des premières secondes de vol.
21:59 Or, l'engin a survécu à la mise à feu et au décollage.
22:03 Aurait-il pu tenir suffisamment longtemps pour mener les astronautes dans l'espace ?
22:10 Troublante hypothèse que Childs va s'efforcer de creuser.
22:13 Si les circonstances avaient été légèrement différentes, aurait-il pu survivre ?
22:22 S'en est-il fallu de peu ?
22:24 Cette question me tourmente.
22:30 Afin de résoudre le mystère, Childs va analyser chaque détail du lancement.
22:39 Il commence par réexaminer les preuves qui ont permis de conclure à une défaillance des joints thoriques.
22:43 Les enquêteurs ont tout d'abord visionné la séquence du décollage filmée par plus de 200 caméras.
22:51 Lors des deux premières secondes, les images révèlent une étrange fumée noire s'échappant au bas du booster droit, près du réservoir externe.
23:09 D'après la position des caméras, la commission tente de déterminer précisément l'origine de la fumée.
23:13 Placée à environ 400 mètres du pas de tir, la caméra E-60 est directement face au booster droit.
23:20 Mais elle ne donne qu'une vue partielle du panache.
23:26 Dans l'espoir d'obtenir un résultat, la caméra s'est mise à l'étage.
23:35 Dans l'espoir d'obtenir de meilleures images, les experts examinent alors la séquence filmée par la caméra E-63, située à près de 600 mètres à l'ouest.
23:44 Mais à nouveau, la source de fumée est occultée.
23:50 Son emplacement reste imprécis.
23:59 La commission compare alors les deux séquences et délimite une zone source de 1,3 m à la surface du booster droit, à 13 m de hauteur.
24:07 L'analyse de la séquence révèle par ailleurs que la fumée s'élève en volute.
24:15 Cette information essentielle montre qu'un joint torique est bien en train de brûler, un fait confirmé par la couleur noire du panache.
24:22 Pourtant, Jim Syves n'est pas convaincu de la véracité des faits.
24:28 Si les joints toriques avaient rompu et laissait échapper du proper gol, les gaz brûlants auraient instantanément enflammé l'enveloppe du booster, faisant exploser la navette au décollage.
24:37 En examinant le rapport officiel, il s'aperçoit qu'il n'est pas le seul à avoir des doutes.
24:53 L'ingénieur Roger Boisjoli travaille pour Morton Tyocle, constructeur des boosters de la navette.
24:58 Je jure de dire la vérité.
25:01 En 1986, il témoigne devant la commission. Il estime qu'un enchaînement plus complexe s'est certainement produit.
25:09 Si le joint avait fui, ça aurait explosé au décollage. La navette, les astronautes, la base de lancement, tout aurait été pulvérisé.
25:22 Le témoignage de Boisjoli stupéfie la commission.
25:26 Les conditions météorologiques mettaient la mission en péril et l'ingénieur le savait.
25:31 Cette certitude était fondée sur les données d'un précédent lancement.
25:35 Un an plus tôt, en 1985, Discovery décollait par une froide matinée de janvier.
25:43 La température n'excédait pas 11 degrés, les conditions de lancement les plus froides jamais observées.
25:50 Après l'opération de récupération des boosters, Boisjoli détecte un problème majeur au niveau de l'une des jonctions.
25:57 Il constate la présence d'une grande quantité de suie et de traces de brûlure autour des joints thoriques.
26:03 L'ingénieur en conclut que le froid a rendu les joints rigides, d'où leur perte d'étanchéité.
26:09 Un examen plus approfondi lui révèle que Discovery a échappé de justesse à la catastrophe.
26:14 Les joints fondus n'avaient plus qu'un millimètre d'épaisseur.
26:19 En lisant le rapport, Chase découvre que le témoignage de Boisjoli va plus loin encore.
26:25 Il comporte une révélation bien plus accablante.
26:31 13 heures avant le décollage, l'ingénieur a tenté de faire annuler le vol.
26:36 Si ses chefs l'avaient écouté, le drame aurait pu être évité.
26:46 Chase revient alors sur un aspect essentiel de l'accident.
26:54 Pourquoi le véhicule n'a-t-il pas explosé au moment le plus critique, le décollage, comme tout portait à le croire ?
27:03 En lisant le rapport, le journaliste constate que Boisjoli a prédit un tel scénario lors d'une téléconférence tenue la veille au soir du lancement.
27:14 Il participait 4 responsables de Morton Tiochole, les dirigeants du Centre Spatial Kennedy et le chef des boosters de la NASA, Lawrence Mulloy.
27:22 Vous n'êtes pas inquiet à l'idée de lancer demain par un tel froid ?
27:32 Quand j'ai entendu ça, ça m'a fait bondir.
27:35 Je recommande de ne pas lancer tant qu'il ne fera pas au moins 12 degrés.
27:42 Conscients que les températures glaciales rendent la mission périlleuse, les responsables de Tiochole demandent aussitôt l'annulation du tir.
27:48 Pourtant, la NASA juge les données peu concluantes.
27:55 Je suis consterné ! Comment vous pouvez voir une conversation pareille la veille du lancement ?
28:01 Ça n'a pas de sens, Tiochole !
28:06 Larry Mulloy a crié "Bon Dieu Tiochole, quand voulez-vous que je lance ? En avril ?
28:10 Quelle idée de proposer des critères de report de lancement à la veille d'un tir ?
28:15 Les dirigeants de Tiochole décident alors d'interrompre la séance afin de reconsidérer la question.
28:22 Les voyants sur le point de changer d'avis, Boisjoli tente une dernière fois de les convaincre.
28:32 Ça, messieurs, ce sont des données réelles !
28:34 Il évoque les joints brûlés récupérés sur Discovery un an plus tôt.
28:39 Regardez !
28:42 Je leur ai crié de regarder les photos, de ne pas les ignorer.
28:47 Il faut être aveugle pour ne pas voir ce que ces photos signifient.
28:51 Plus le joint met de temps à réagir, plus le risque est grand.
28:59 Plus le joint met de temps à réagir, plus le risque est grand.
29:02 Mais cette fois, les chefs de Boisjoli ignorent son avertissement.
29:09 Le directeur général a dit d'une voix douce "Tronquez donc votre casquette d'ingénieur contre celle d'un manager."
29:17 C'est la métaphore la plus forte que j'ai jamais entendue en 27 ans de carrière dans l'industrie aéronautique.
29:23 Bon, maintenant on vote.
29:26 Bon, maintenant on vote.
29:27 Les quatre dirigeants se prononcent en faveur du tir.
29:42 Allo, ici Tiocoll. Oui, je vous écoute.
29:45 C'est bon pour le départ.
29:47 Lawrence Molloy accepte aussitôt leur décision.
29:50 J'étais furieux.
29:56 J'essayais de rester calme en me désintéressant des décisions prises dans la réunion,
30:00 sinon j'aurais sauté sur mon voisin et je l'aurais frappé.
30:03 Le lendemain, à l'heure du lancement, Boisjoli s'attend à une gigantesque explosion au sol.
30:14 Quand la fusée a dépassé la tour, je me suis senti profondément soulagé.
30:24 Un grand souffle de soulagement m'a traversé.
30:27 On avait évité le drame, elle n'avait pas explosé.
30:32 Hélas, son soulagement est de courte durée.
30:35 J'étais muet de stupeur.
30:42 Même aujourd'hui, je ne saurais pas vous dire combien de temps je suis resté là.
30:49 Finalement, je suis retourné à mon travail, j'ai posé les pieds sur mon bureau,
30:53 j'ai fixé un coin de la pièce et j'ai lutté pendant des heures pour retenir mes larmes.
30:58 J'étais une loque émotionnellement.
31:01 Mais si même l'homme qui avait prédit une catastrophe a été surpris par la tournure des événements,
31:17 il existe certainement une autre explication au drame.
31:20 Comme la commission d'enquête, Charles revient vers l'image de la fumée noire s'échappant du booster droit,
31:27 la principale preuve ayant permis de conclure à une défaillance des joints thoriques.
31:31 Peut-on déceler d'autres indices à partir de cette précieuse séquence ?
31:37 L'un d'eux saute immédiatement aux yeux.
31:40 La fumée apparaît puis disparaît deux secondes plus tard.
31:46 Pourquoi ?
31:48 D'après le film, la fumée s'échappe peu après le lancement, pendant environ deux secondes,
31:55 puis elle s'arrête. Quelque chose l'a bloquée, mais quoi ?
32:00 Par ailleurs, la fumée ne s'échappe pas en un seul long panache.
32:05 On observe une série de neuf petites bouffées.
32:08 À quoi est dû ce phénomène ?
32:15 Sachant que le booster est soumis à une formidable pression au moment de la mise à feu,
32:19 les enquêteurs examinent cette phase plus en détail.
32:22 Lors de la mise à feu des boosters, une flamme descend à travers un orifice central pour allumer le proper gol.
32:30 En moins d'un centième de seconde, l'étage s'allume.
32:34 La force explosive entraîne une brusque dilatation de la paroi externe en acier.
32:39 À l'intérieur, les gaz sont soumis à une pression colossale et s'échappent de la tuyère à plus de 8500 km/h.
32:50 Bien qu'étant soumis à une tension continue, le joint inférieur du booster droit de Challenger redevient étanche,
32:58 comme par miracle, et la fumée disparaît.
33:01 Childs examine l'explication livrée par les enquêteurs.
33:06 Ces derniers ont revisionné la séquence de l'allumage.
33:09 Six secondes avant le décollage, les moteurs principaux sont mis à feu.
33:15 À ce stade, la navette est fermement maintenue au sol par des boulons.
33:20 La formidable poussée fait s'incliner d'un mètre le nez de l'orbiteur.
33:25 Alors qu'il revient à la verticale, les boulons explosent.
33:33 Simultanément, les boosters sont mis à feu.
33:36 Ce mouvement produit une onde de choc à travers l'ensemble du véhicule,
33:43 un phénomène que les ingénieurs de la NASA appellent le "twang".
33:47 Lors de sa propagation dans la structure, la résonance a-t-elle pu entraîner une dilatation,
33:55 puis une rétractation du joint au niveau de la jonction ?
34:01 Est-ce la raison pour laquelle des bouffées de fumée noire sont apparues ?
34:04 Si c'est le cas, la fréquence d'apparition des bouffées doit correspondre exactement
34:09 à la fréquence naturelle du twang, soit 3 vibrations par seconde.
34:13 Un examen attentif du film révèle que la fumée semble effectivement s'échapper au même rythme.
34:21 La correspondance entre la fréquence des bouffées et la vitesse de la fumée
34:30 et la vitesse des bouffées et la vibration du booster à poudre
34:33 montre clairement que le twang est directement à l'origine de ces bouffées.
34:37 C'est là une avancée majeure.
34:42 En fléchissant, le booster a entraîné une défaillance momentanée du joint
34:46 à l'origine des inquiétantes bouffées de fumée.
34:49 Mais il subsiste une question encore plus délicate.
34:59 Si les théories qu'ont été endommagées, pourquoi la fumée a-t-elle subitement disparue à 2,6 secondes ?
35:03 Le scénario le plus probable, c'est que quelque chose est venu colmater la brèche.
35:09 Mais quoi ?
35:11 Avec les températures et les pressions régnant dans le booster,
35:16 un seul élément a pu bloquer l'ouverture, le carburant lui-même.
35:27 Dans les années 50, l'ajout d'un nouvel élément, l'aluminium,
35:30 a révolutionné le carburant des boosters à poudre.
35:33 L'aluminium augmente la température des gaz et accroît la poussée de près de 50%.
35:39 Mais le carburant enrichi en aluminium produit des résidus métalliques, les scories,
35:45 normalement évacués par les tuyères avec les gaz brûlants.
35:48 Après lecture des rapports détaillés,
35:54 General S. estime que ces résidus pourraient bien être la clé du mystère.
35:57 On ne connaîtra jamais la dynamique exacte, mais c'est conforme à la physique.
36:01 A l'allumage du booster, les scories d'aluminium se seraient accumulées autour de la brèche,
36:08 laissées par les joints thoriques brûlés,
36:10 empêchant les gaz brûlants de s'échapper au niveau de la jonction.
36:13 Ce mécanisme expliquerait enfin pourquoi la navette n'a pas explosé au décollage.
36:18 Le booster ayant survécu au traumatisme du lancement,
36:23 phase la plus dangereuse de la mission,
36:25 pourquoi le drame est-il survenu à la 73ème seconde de vol ?
36:29 La commission découvre alors deux indices essentiels.
36:37 A 58,8 secondes, une caméra révèle une flamme jaillissant sur le côté du booster droit.
36:44 Quelques instants plus tard, une valeur inattendue apparaît dans les données de vol.
36:52 Plus de 2000 capteurs, répartis sur l'ensemble du véhicule,
36:55 fournissent au centre de contrôle un compte-rendu précis, en temps réel, du comportement de la navette.
37:01 Ces informations ou données de télémétrie sont enregistrées au sol.
37:05 A 60 secondes, la pression dans le booster chute de 44,7 à 43 kg par cm².
37:14 Il y a eu un problème dans le booster droit.
37:16 La pression a chuté de 1,7 kg par cm².
37:20 Une chute de pression ne peut signifier qu'une chose.
37:26 Le trou est réapparu et le proper Gol s'échappe à grande vitesse.
37:31 Siles doit à présent trouver la raison pour laquelle la navette a été détruite.
37:36 La mission est terminée.
37:39 Siles doit à présent trouver la raison pour laquelle la brèche s'est rouverte.
37:44 Il établit immédiatement une corrélation entre deux faits.
37:49 Au moment même où la flamme apparaît, à 58,8 secondes, Challenger traverse la dangereuse zone de Max-Q.
37:57 La phase où la résistance de l'air et les forces structurelles exercées sur la navette sont maximales.
38:08 Étant donné la concordance des deux phénomènes,
38:10 Siles se demande si la tension exercée sur la navette a pu déloger les scories.
38:14 Pourquoi s'est-elle rouverte ?
38:18 Peut-être bien en raison des tensions exercées sur la navette à environ 60 secondes.
38:23 Cela a peut-être suffi à déloger ces blocs de scories.
38:29 La théorie est plausible, mais Siles n'a aucune preuve.
38:37 La navette avait correctement réduit la poussée de ses moteurs à 65%,
38:40 et n'était donc pas soumise à des contraintes excessives.
38:43 "Moteur à 65%. Les trois moteurs fonctionnent normalement."
38:49 Peut-être s'est-il produit un autre phénomène.
38:54 Dans un rapport peu connu rédigé par un ingénieur pour le compte de Morton-Thiokol,
38:59 Siles découvre une troublante possibilité.
39:06 Il réexamine le film de l'ascension de Challenger.
39:08 Comme l'indique le rapport, la traînée d'échappement a une forme très singulière.
39:19 La colonne de fumée s'élève en zigzag, puis redevient verticale quelques instants avant l'explosion.
39:32 Cette traînée de fumée est-elle la preuve que la navette a subi un fort vent latéral au cours de son ascension ?
39:37 Au départ, la théorie semble ne pas tenir debout.
39:42 Dans les heures précédant le décollage, les météorologues de la NASA ont envoyé plusieurs ballons-sondes pour détecter d'éventuels vents latéraux.
39:51 Leurs données n'ont rien fait apparaître d'inhabituel.
39:59 Mais Chase n'est pas convaincu de l'exactitude des mesures.
40:02 Un examen plus attentif révèle que les ballons ont dérivé de plus de 60 km dans la direction du vent au cours de leur ascension.
40:10 Il est peu probable qu'ils aient rencontré les mêmes conditions météorologiques que Challenger.
40:15 Les données de télémétrie permettant de contrôler la trajectoire de la navette recèlent des preuves supplémentaires.
40:26 A 58 secondes de vol, l'étuière des moteurs principaux ont soudain ajusté l'angle de poussée de 2 degrés.
40:31 Le système d'orientation de l'orbiteur a réagi automatiquement de façon à maintenir la trajectoire optimale.
40:40 Une force externe a donc bien dévié Challenger.
40:43 Au même instant, l'accéléromètre latéral de la navette, appareil de mesure des mouvements latéraux, a fourni une valeur surprenante.
40:54 La courbe affichée est restée plate.
40:57 De deux choses l'une, où il s'agissait d'une erreur de la télémétrie, où l'accélération latérale a été si violente que la valeur était hors échelle.
41:07 Voilà qui pourrait expliquer pourquoi Challenger a explosé, coûtant la vie aux sept astronautes.
41:16 Jim Tice toucherait-il enfin au but ?
41:19 La télémétrie indique qu'à 58 secondes, la navette a été violemment déviée.
41:28 La navette a été déviée.
41:34 La navette a été déviée.
41:40 À 50 secondes, la navette a été violemment déviée.
41:43 Tice revient sur l'enregistrement de la traînée de fumée.
41:52 À 10 000 mètres d'altitude, il constate que celle-ci fait effectivement un coude.
41:58 Le zigzag pourrait bien indiquer la présence d'un flux d'air rapide et confiné, un courant de jet se déplaçant rapidement vers l'est.
42:09 Le journaliste trouve alors la dernière pièce du puzzle.
42:12 Le rapport indique qu'un avion de ligne commercial a volé au-dessus de la base de lancement une demi-heure avant le décollage.
42:21 À cet instant précis, le Boeing 757 a subi un vent latéral de plus de 300 km/h.
42:28 Cette révélation a de quoi choquer.
42:35 Au cours de son ascension, Challenger a vraisemblablement traversé le même flux d'air.
42:40 En pénétrant dans ce courant de jet, la navette a été heurtée latéralement par une force équivalente à l'ouragan Katrina.
42:50 C'est un mauvais coup du sort.
42:53 Les scories sont expulsées.
42:57 Et des gaz de près de 3000 degrés jaillissent et viennent lécher les parois en acier.
43:03 Il faut commencer à manger ce casque en acier.
43:05 En reconstituant les événements survenus au cours de ce vol fatal, et en s'appuyant sur les preuves rassemblées au cours de l'enquête,
43:14 nous pouvons à présent révéler la cause exacte de l'explosion de Challenger à la 73e seconde de vol.
43:20 4, 3...
43:30 73 secondes avant le drame.
43:33 Les boosters à poudre sont mis à feu.
43:35 A l'intérieur du booster droit, les joints thoriques, durcis par le froid glacial, sont incapables d'assurer l'étanchéité de la jonction inférieure.
43:44 Ils commencent à se consommer.
43:46 Décollage.
43:49 Tandis que des gaz brûlants s'échappent, des petits fragments de scories d'aluminium, résidus de la combustion, s'accumulent et colmatent la brèche,
43:58 évitant qu'une catastrophe sur le pas de tir.
44:02 15 secondes avant le drame.
44:08 Pénétrant dans un courant de jet, axé 3 devant très rapide, Challenger est violemment secoué.
44:13 Le bouchon d'aluminium est délogé.
44:21 Presque instantanément, une flamme surgit au niveau du booster droit.
44:26 8 secondes avant l'explosion.
44:33 Comme jaillie d'un chalumeau, la flamme atteint le réservoir externe.
44:39 L'hydrogène liquide commence à fuir.
44:42 Une seconde avant l'explosion.
44:48 L'attache reliant le booster au réservoir cède et toute la partie inférieure du réservoir s'effondre.
44:54 Sous l'effet de la chaleur, le compartiment d'hydrogène remonte à travers le réservoir d'oxygène,
44:59 tandis que le nez du booster vient perforer le sommet du réservoir externe.
45:04 Près de 2 millions de litres de carburant se consument instantanément.
45:12 La navette se désintègre.
45:15 Pour Chines, cette conclusion donne à réfléchir.
45:23 Le dénouement aurait pu être tout autre.
45:26 Le journaliste est convaincu que si le vent n'avait pas été aussi violent,
45:32 l'escorrie aurait pu rester en place.
45:34 La pression des boosters serait restée normale et, à 2 minutes de vol,
45:38 ils se seraient détachés de la navette.
45:41 Challenger et son équipage auraient pu alors poursuivre leur voyage vers les étoiles.
45:50 Séparation des boosters confirmée.
45:53 Si seulement l'escorrie d'aluminium avait tenu 62 secondes de plus,
45:57 les astronautes seraient encore en vie à l'heure actuelle.
46:01 Mon mari était très en colère.
46:12 En fait, il était tellement en colère qu'on a eu peur qu'il ait eu une attaque.
46:16 Et il n'a jamais vraiment décoléré.
46:20 Il blâmait la NASA.
46:22 Il estimait que ça n'aurait jamais dû arriver.
46:25 Il avait perdu sa fille, sa joie de vivre.
46:29 Moi, je n'étais pas en colère, j'étais juste triste.
46:34 Je ressentais un grand vide.
46:37 Mais je savais qu'il n'y avait pas moyen de la faire revenir,
46:40 ni elle, ni les autres.
46:44 Dans son rapport final, la commission présidentielle attribue le désastre de l'Anabet Challenger au froid,
46:50 à de mauvaises décisions et à un horaire de vol irréaliste.
46:55 Quand j'ai appris les causes, ça m'a brisé le cœur.
47:01 Ça a été un des jours les plus difficiles pour nous tous.
47:08 On était en colère, on était tristes, on était accablés.
47:13 On ressentait un vide énorme.
47:17 La décision du lancement est imputée aux responsables de la NASA et aux dirigeants de Morton Chocol.
47:25 La NASA avait promis un accès rapide et régulier à l'espace à un prix abordable.
47:32 Et elle n'a pas pu tenir ses promesses.
47:35 La pression est montée, des erreurs ont été commises,
47:40 certains signaux n'ont pas été perçus.
47:43 Ce n'est pas un joint thorique, mais le système qui a conduit à la perte de Challenger.
47:49 Dans le mois suivant la tragédie, Morton Chocol verse 4,6 millions de dollars à la famille des astronautes.
47:57 Mais se voit attribuer un contrat d'1,8 milliard de dollars pour l'élaboration d'une nouvelle gamme de boosters.
48:03 Lawrence Mulloy est promu au rang de sous-directeur de l'ensemble des systèmes de propulsion.
48:09 Roger Boisjoli démissionne de son poste et sombre dans la dépression nerveuse.
48:19 Les deux premières années après le drame, ça a été l'enfer.
48:24 Je n'ai rien fait de mal, et chacun doit faire ce pour quoi on le paie.
48:30 C'est-à-dire défendre ce qui lui semble juste et ce que sa profession exige.
48:36 C'est ce que j'ai fait, et si c'était à refaire, je le referais.
48:42 Le programme est suspendu pendant trois ans, le temps de revoir la conception de la navette
48:48 et de mettre en place tout un ensemble de systèmes de sécurité.
48:54 Pourtant, en 2003, la navette Columbia se désintègre lors de sa rentrée dans l'atmosphère,
49:02 tuant sept autres astronautes.
49:06 L'enquête relative à l'accident montrera que la NASA n'a pas su tirer les enseignements de l'explosion de Challenger.
49:14 A ce jour, l'agence n'a toujours pas réalisé son projet de voyage régulier dans l'espace,
49:20 et aucun autre citoyen privé n'a jamais volé à bord d'une navette.
49:26 [Musique]
49:45 [SILENCE]

Recommandations