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Le député Jocelyn Dessigny a déclaré à l'Assemblée nationale "Une mère au foyer est mieux à la maison", lors du débat sur le plein emploi.

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Transcription
00:00 La politique, Mathieu Croissantdor. Alors vous avez été frappé, Mathieu, par une petite phrase.
00:03 Une petite phrase lâchée hier par un député Rassemblement National, c'était à l'Assemblée,
00:07 à l'occasion de la discussion sur le plein emploi.
00:11 Ça concerne les femmes.
00:13 Vous partez du principe qu'il faut inscrire tout le monde sur le fichier Pôle emploi
00:19 et que tout le monde est employable et qu'il faut absolument mettre tout le monde au travail.
00:23 Nous, nous partons du principe qu'une mère au foyer,
00:26 elle est peut-être mieux à la maison à s'occuper de ses enfants plutôt...
00:30 [Bruits de foule]
00:32 Eh oui, mais bien sûr.
00:34 N'en déplaise à mes collègues...
00:36 [Bruits de foule]
00:37 C'est quoi la suite de la phrase ?
00:39 "N'en déplaise à mes collègues, une mère au foyer est peut-être mieux à la maison à s'occuper de ses enfants",
00:43 il ajoute, si elle le souhaite, histoire quand même de préciser les choses.
00:47 On est quand même en 2023.
00:49 L'homme qui prononce cette phrase, il s'appelle Jocelyn Dessigny,
00:52 il est député Rassemblement National de l'Aisne.
00:54 Il s'était illustré en juin dernier pour avoir traité Mathilde Panot de poissonnière.
00:59 L'Assemblée arrête de parler de poissonnière.
01:01 Il avait été lancé des propos sexistes pour lesquels il avait été sanctionné.
01:04 Alors pas d'insultes sexistes cette fois-ci, mais un propos quand même qui fait réagir,
01:08 qui fait même bondir dans le camp présidentiel,
01:11 à l'image des députés Nadia Hay, Laure Miller,
01:14 qui dénonce une vision rétrograde dans un parti, le Rassemblement National,
01:18 où le naturel reviendrait au galop, selon elle.
01:21 Que prévoit d'ailleurs ce projet de loi sur le plein emploi ?
01:24 C'est important de le dire, de quoi parle-t-on ?
01:26 On parle de la discussion du projet de loi plein emploi,
01:28 dont l'examen a commencé hier dans l'hémicycle,
01:30 et qui prévoit entre autres de mieux accompagner les bénéficiaires du RSA,
01:34 c'est ce que dit le gouvernement,
01:35 en les inscrivant notamment sur la liste des demandeurs d'emploi,
01:38 et en leur faisant signer un contrat d'engagement comportant de nouveaux devoirs,
01:42 dont par exemple la possibilité de faire 15 à 20 heures d'activité par semaine.
01:47 Ça c'est une mesure qui est très discutée, qui divise,
01:51 la gauche dénonce une culpabilisation des bénéficiaires ou des allocataires des minima sociaux,
01:56 et le RN en boite le pas, mais celui sur le thème des femmes au foyer.
02:01 Mais est-ce que cette position de ce député est une position isolée,
02:04 ou représentative de ce que l'on pense au Rassemblement National ?
02:07 Alors en fait, c'est pas forcément isolé.
02:09 Garder les femmes à la maison, c'est un vieux couplet au Rassemblement National,
02:12 et même au Front National, ça correspond à une vision qui est bien ancrée.
02:15 On en a eu un récent écho dans le débat sur les retraites,
02:19 dans lequel le RN défendait une politique nataliste,
02:22 mais ça remonte à loin. En 2012, Marine Le Pen défendait, elle, un revenu parental
02:26 à 80% du SMIC dès le deuxième enfant.
02:29 Elle expliquait à l'époque qu'il y aurait probablement plus de femmes que d'hommes
02:32 qui voudraient en profiter. Elle se disait "moi j'ai toujours travaillé,
02:35 donc c'est quand même pas moi que vous allez accuser de vouloir renvoyer les femmes à la maison".
02:38 Mais en 2015, le député Front National à l'époque, Dominique Martin,
02:41 reprenait cette idée, expliquant dans l'hémicycle que ça aurait l'avantage
02:45 de libérer les emplois, de donner une meilleure éducation,
02:48 voire de lutter contre le trafic de drogue, de ne pas laisser les enfants faire n'importe quoi dehors.
02:52 Et il disait "je voudrais rappeler que les femmes viennent de Vénus,
02:55 et que les hommes viennent de Mars". Voilà ce que disait un député frontiste en 2015.
02:58 On le voit, les habits ont beau changer, le RN n'en abandonne pas pour autant ces vieux réflexes.
03:04 Merci Mathieu.

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