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00:00 Comment vous avez vécu ces 5 années où vous étiez mis en cause publiquement
00:03 pour des accusations si graves que le viol et l'agression sexuelle ?
00:06 Est-ce que vous vous êtes senti lâché, qu'on vous prenait plus au téléphone,
00:10 qu'on détournait la tête au restaurant quand vous veniez ?
00:13 Est-ce que vous vous êtes senti comme un paria ?
00:15 - Oui, on le sent, il y a beaucoup de gens.
00:17 De toute façon, la faiblesse et la lâcheté est un sentiment humain
00:22 pour lequel j'ai beaucoup de tendresse.
00:24 C'est très difficile d'être courageux. Voilà.
00:28 - Même la grande famille du cinéma n'existe pas ?
00:30 - La quoi ? - La grande famille du cinéma, vous savez ?
00:33 - Non, je sais pas.
00:35 - Ils vous ont tous lâchés ou il y en a qui ont été... Qui sont restés fidèles ?
00:39 - Non, non, non, non, il y en a... - Qui est resté fidèle ?
00:41 - Il y en a quelques-uns. Il y a... Non, il y a au moins 1 ou 2 %, ouais.
00:44 - Donc en vrai, vous vous êtes vraiment... - Mais sincèrement, c'est pas grave.
00:48 C'est pas grave, je leur en veux pas du tout.
00:51 Je leur en veux pas du tout.
00:52 - Mais est-ce que vous avez reçu du soutien de certaines personnes,
00:56 de certains acteurs ou actrices avec qui vous avez tourné ?
00:59 - Oui, quelques-uns, oui.
01:00 - Et depuis que la justice s'est passée, plus, j'imagine.
01:02 Quand même. - Ah bah là, j'ai beaucoup d'amis, moi.
01:04 - Oui, mais c'est un peu normal, pardonnez-moi.
01:05 Non, mais c'est un peu normal que la justice n'étant pas passée...
01:08 - Je suis tout à fait d'accord.
01:09 - Personne ne peut savoir la vérité en vrai.
01:12 Tant que la justice s'est pas passée, c'est compliqué de savoir si...
01:15 - Si elle ment ou si elle ment pas ou si elle dit la vérité, c'est cette femme.
01:18 - Et téléphoner à Luc Deschamps pour dire "je te soutiens"
01:21 alors qu'on ne connaît pas la vraie vérité, y a que lui qui la connaît,
01:24 c'est compliqué aussi. - Oui.
01:26 - Non ? - Après, y a des gens qu'on connaît depuis 30 ans.
01:28 - Ça, oui. - Oui, mais on connaît jamais vraiment les gens,
01:30 vous êtes d'accord ?
01:31 - Après, y a quand même des...
01:34 Bah, je suis pas quelqu'un, enfin...
01:36 Il le sait, je sors pas, je bois pas, j'ai jamais cassé une chambre d'hôtel, enfin...
01:41 - C'est chiant, hein. - J'ai pas le...
01:43 J'ai pas le profil, disons.
01:45 Mais par contre, je pense que j'étais une bonne target,
01:47 parce que c'est vrai que j'avais un certain succès, un certain pouvoir,
01:51 et que si on arrive à coincer quelqu'un comme ça, je sais que pour l'exemple...
01:55 Y a une phrase que j'ai dite y a pas longtemps,
01:58 c'est "je sais que pour une femme qui ment, y en a mille qui ne mentent pas".
02:02 - C'est ce que j'allais vous dire. - Mais je suis d'accord.
02:04 Je suis d'accord. Voilà, sauf que ça tombe sur moi...
02:07 - Y en a mille qui ne mentent pas. - Non, y en a mille qui...
02:09 - Mais vous dites "j'avais du pouvoir, j'avais du succès, j'étais une target facile".
02:12 Ce qu'on a reproché ces derniers temps à tous les hommes
02:15 qui avaient du pouvoir et du succès, c'est au fond d'en avoir abusé.
02:19 Est-ce que vous n'avez pas l'impression, quand vous regardez,
02:21 parce que vous avez eu le temps ces cinq années, de vous autopsier vous-même,
02:24 est-ce que vous avez parfois abusé de ce pouvoir, de cette position hiérarchique ?
02:29 - Mais pas forcément de cette manière non plus.
02:31 - Non, non, je pose la question, là, je ne parle pas de viol ou d'agression sexuelle,
02:34 est-ce que vous avez abusé de votre pouvoir pour obtenir des choses ?
02:38 - Non, ça non, mais c'est vrai que le succès vous donne le sentiment
02:43 et le regard des autres vous donne le sentiment que vous êtes plus beau
02:46 et plus intelligent que ce que vous êtes. Voilà, ça c'est vrai.