Aurore Bergé, la ministre des Solidarités et des Familles était l'invitée du "8h30 franceinfo", vendredi 22 septembre.
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00:00 Il faut qu'on parle d'un cafouillage à la tête du sommet de l'État,
00:04 avec le gouvernement qui veut autoriser la revente à perte pour faire baisser le prix des carburants.
00:08 Sauf que Total, ainsi que les principaux distributeurs français ont annoncé qu'ils refusaient, eux, de vendre à perte.
00:14 La loi, elle n'est pas encore née, mais on a quand même l'impression qu'elle est déjà enterrée.
00:17 Qu'est-ce qui s'est passé ?
00:18 Moi, ce que j'aimerais comprendre, c'est qu'est-ce qui s'est passé du côté de la grande distribution ?
00:21 Parce que moi, je les vois très régulièrement invitées sur votre plateau et sur beaucoup de plateaux
00:24 en disant que c'est à cause de l'État qu'ils ont énormément d'entraves et qu'ils ne peuvent pas agir.
00:29 Est-ce que vous ne parlez pas, en l'occurrence, plutôt de l'alimentation sur la question de la vente à perte ?
00:32 Écoutez, y compris sur l'alimentation, parce que je sais qu'ils ont été auditionnés sur la question des négociations commerciales
00:38 qu'il y a entre la grande distribution et les industriels une fois par an aujourd'hui,
00:42 et qu'eux-mêmes finalement disent que ce n'est peut-être pas une bonne idée d'avancer la date, on ne sait pas.
00:45 Donc bref, moi, ce que j'aimerais, c'est qu'on ait un discours clair et qu'il ne soit pas démago.
00:49 Et en général, malheureusement, on a des discours côté grande distribution qui peuvent être très démagogiques.
00:54 Donc déjà, qu'ils regardent leur propre prix sur les propres marques de distributeurs
00:58 pour garantir que celles-ci sont au meilleur prix, encore une fois, pour les Français,
01:02 et qu'encore une fois, ils ne disent pas "c'est à cause de l'État qu'on ne peut pas faire",
01:05 parce que quand on veut changer la loi, finalement, ils ne voudraient pas l'appliquer.
01:07 Mais peut-être qu'un peu de concertation au Rorbergé aurait évité Siasco, non ?
01:11 Écoutez, en tout cas, ils ont été auditionnés.
01:14 Moi, ce que je veux, c'est juste qu'à un moment, on puisse garantir l'emploi dans notre pays,
01:18 garantir l'emploi dans notre pays, c'est aussi soutenir les industriels
01:21 qui, eux, recréent de l'emploi dans notre pays.
01:24 Je pense que ça, c'est extrêmement important.
01:26 Et dans le même temps, soutenir les Français face à une inflation dont on sait qu'elle peut être un choc
01:30 pour beaucoup trop d'entre eux, avec le risque, évidemment, d'une forme de précarité.
01:34 Donc après, on a une proposition qui est sur la table,
01:37 et encore une fois, que la grande distribution a plaidé ses voeux il n'y a pas si longtemps.
01:41 Donc, ils auront cette faculté ou pas, ça, c'est le Parlement qui en décidera,
01:44 qui votera, qui ne votera pas la disposition.
01:47 Les parlementaires sont libres de leur vote et de leur choix.
01:49 En tout cas, moi, j'aimerais comprendre le volte-face de la distribution.
01:52 Vous parliez de démagogie éventuelle de la part des distributeurs,
01:54 mais est-ce que ce n'est pas aussi un peu démago de la part du gouvernement,
01:58 pour un produit dont la moitié du prix est constitué de taxes,
02:02 de venir en fait faire un peu la morale et mettre la responsabilité sur les distributeurs ?
02:05 Non, mais moi, je ne crois pas qu'il faille faire la morale.
02:07 Je pense que de toute façon, la morale, ce n'est pas l'affaire de la vie politique.
02:10 On est là pour prendre des décisions et faire des politiques politiques.
02:12 En l'occurrence, on est responsable du fait de ne pas vouloir vendre à perte.
02:15 Non, mais ce que je dis juste, c'est qu'il y a quand même un…
02:18 Vous parliez de cafouillage. Il y a surtout un cafouillage de leur côté.
02:21 Ils ont passé leur temps sur des plateaux de télévision à dire, encore une fois,
02:25 on n'a pas les moyens d'agir, on aimerait faire des choses, la loi nous en empêche.
02:28 Là, on se dit, ben, changeons la loi.
02:30 Vous connaissez trop la politique, normalement, on bac un peu les sujets
02:33 avant qu'ils soient annoncés au public.
02:35 Là, c'est comme si ça n'avait pas été préparé.
02:37 Ça sort dans la presse, dans la bouche de la Première ministre.
02:40 Et d'un coup, tout le monde se rend compte que cette proposition est faite.
02:43 Moi, je vous donne la réponse qui est la mienne.
02:44 La réponse qui est la mienne, c'est qu'encore une fois, on doit et garantir l'emploi
02:48 et faire en sorte que cet emploi paye dans notre pays.
02:50 Je pense que ça, c'est notre première responsabilité en lien avec les employeurs
02:53 et soutenir le pouvoir d'achat des personnes les plus fragiles.
02:55 Mais justement, c'est bien que sur la question du carburant,
02:57 c'est un enjeu qui est important pour beaucoup de Français sur les enjeux de mobilité.
03:01 Donc, cette possibilité, elle existera ou pas, ça dépendra des parlementaires.
03:04 Donc, vous allez prendre le temps des parlementaires
03:08 pour jouer à la roulette rouge avec le pouvoir d'achat des Français ?
03:10 Non, c'est pas la roulette rouge.
03:11 Parce que vous ne savez pas si finalement les distributeurs se saisiront de cette opportunité.
03:14 Moi, je ne peux pas les obliger à se saisir d'une faculté qui leur serait accordée.
03:18 Mais en tout cas, même dans la majorité aurore berger,
03:20 certains critiquent cette mesure, notamment au Modem.
03:23 François Bayrou a dit que la revente à perte n'était pas une solution
03:27 parce qu'il y avait toujours quelqu'un qui payait.
03:28 Et le Modem aussi propose que l'État prenne sa part de modifier la taxation du carburant.
03:33 Jean Rémy, vous interrogez là-dessus.
03:35 60% qui revient à l'État, est-ce que la logique, c'est pas plutôt de plafonner les taxes ?
03:39 Mais vous savez aussi que c'est une discussion de toute façon,
03:41 je pense qu'on aura, parce qu'on va avoir les textes budgétaires.
03:44 Donc les questions de taxation, elles seront mises sur la table.
03:47 Y compris celle-ci, je pense qu'il n'y a pas de tabou en la matière.
03:49 Mais vous le savez, la taxation, notamment sur ces sujets-là,
03:52 elle a été largement d'ailleurs redistribuée aux Français
03:55 par des baisses qui ont été consenties par l'État.
03:57 Qui a financé les baisses sur le carburant pendant des mois ?
04:01 C'est l'État. Et l'État, c'est qui à la fin ?
04:03 C'est tous les Français.
04:04 Et donc, à un moment, on a eu ce choix qui est un choix de responsabilité.
04:07 C'était la même chose sur les questions énergétiques.
04:10 On a mis 46 milliards dans le bouclier énergétique.
04:12 On est le seul pays au monde à avoir subventionné les tarifs de l'énergie
04:16 pour garantir que les plus fragiles n'aient pas une addition qui explose.
04:19 Donc cette part-là, l'État l'a faite de manière très conséquente.