Retrouvez "La Grande interview Europe 1 - CNews de Romain Desarbres" sur : http://www.europe1.fr/emissions/lentretien-de-romain-desarbres
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00:00 - Un mot de ce qui va se passer demain. La France Insoumise organise une manifestation anti-police, on peut la qualifier comme ça.
00:06 Est-ce qu'il faut l'interdire ? Le syndicat de police Allianz le demande.
00:10 - Non, moi je suis contre les interdictions de manifestation. Je suis pour que ceux qui manifestent assument leurs contradictions, leurs extrémismes.
00:18 Moi je suis pour la... Vraiment, je suis un ferme partisan de la liberté d'expression et de la responsabilité dans l'expression.
00:26 Donc pas plus que je ne suis pour interdire les manifestations de syndicats policiers.
00:30 Je ne suis pour interdire les manifestations de ceux qui pensent qu'il y a des violences policières systémiques.
00:36 Car il peut arriver que des policiers soient violents, mais le problème c'est l'excès.
00:40 Et vous l'avez vu, votre journaliste, M. Le Bret, qui connaît ces sujets très bien, a indiqué tout à l'heure à quel point il y avait une distorsion
00:46 entre l'électorat de ceux qui manifestent et l'expression de ceux qui pensent indiquer ce qu'est la volonté de leur électorat.
00:56 À un moment, ceci se paye dans les urnes et c'est le bon endroit pour que ça se paye.
01:00 - 84% des Français soutiennent les policiers qui utilisent leurs armes quand leur intégrité physique est menacée.
01:06 Sondage CSA pour ces news qu'on a révélées cette semaine.
01:10 Ça veut dire que contrairement à la petite musique qu'on peut entendre à l'extrême gauche, c'est ce que vous venez de dire,
01:14 c'est ce dont on parlait sur ces news, les Français non seulement aiment mais soutiennent leur police.
01:20 - Oui, bien sûr, les Français aiment et soutiennent leur police.
01:22 C'est d'ailleurs l'essentiel des policiers. Ce sont des policiers républicains, honnêtes, respectueux de la loi.
01:28 Le problème, c'est qu'une petite partie de policiers violents, racistes et exémistes ont pris en otage la très grande majorité des autres
01:35 et que la police doit intégrer simplement le fait qu'il faut les expulser pour éviter l'idée que la police serait systémiquement
01:43 violente, ce qui n'est pas le cas. La police ne tue pas. Il arrive que des policiers font un usage inapproprié et parfois même dangereux
01:52 de leurs propres armes, y compris contre eux-mêmes. D'ailleurs, je rappelle que beaucoup de policiers se suicident.
01:57 Mais la question centrale aujourd'hui, elle est celle de l'application de la règle déontologique à l'intérieur de la police
02:03 et du fait que les policiers soient les premiers désormais à expulser de leur rang cette infime minorité qui les salit tous.
02:09 La grande interview d'Alain Bauer sur CNews et Europe 1. À cette manifestation de demain, il y aura le syndicat de la magistrature
02:16 classé à l'extrême gauche. C'est sa place ou pas ?
02:19 Je ne classerai pas le syndicat de magistrature à l'extrême gauche. Il se classe à gauche. Il y a à l'intérieur toutes les nuances possibles et imaginables
02:25 de la gauche. Moi, j'ai toujours eu une problématique sur le niveau de...
02:30 Le syndicat qui avait créé le mur des cons.
02:32 Oui, bien sûr. Pour lequel certains avaient été condamnés.
02:35 Il y avait des parents de victimes, d'ailleurs.
02:37 J'y étais aussi. J'ai eu droit à ma petite photo.
02:40 Mais le vrai sujet, il n'est pas tellement dans le fait que le syndicat de magistrature fasse ce qu'il a envie de faire, c'est la liberté syndicale.
02:46 C'est où va le syndicaliste quand il est dans la magistrature ?
02:49 C'est-à-dire, quelle est la capacité d'indépendance d'un magistrat à ce point encarté, qui s'exprime autant, non pas seulement sur les affaires syndicales
02:58 ou les affaires de justice, parce que c'est son rôle et la défense des intérêts corporatifs des magistrats mérite un syndicat de la magistrature
03:05 comme mérite une union syndicale de la magistrature ou FO magistrats.
03:08 Vous avez une assez grande diversité de ce point de vue.
03:11 C'est ensuite quand le sujet devient purement politique et avec une distorsion de ce qu'on appelle la chaîne pénale.
03:17 C'est-à-dire une incapacité pour policiers, gendarmes et magistrats de se parler dans l'action publique qui, elle, est faite au nom du peuple français
03:24 et pas au nom d'une fraction du peuple français ou de seulement ceux qui votent à gauche.
03:28 Et donc il y a depuis ce qu'on appelle la harangue de Baudot, qui voulait que les magistrats du syndicat de la magistrature soient partiaux.
03:35 Un problème, parce que moi, je pense qu'ils doivent être impartiaux, y compris s'ils sont classés à gauche.
03:40 Et tant mieux s'ils le sont.
03:42 Ce n'est pas un problème.
03:43 Il représente un tiers du corps, entre un quart et un tiers du corps.
03:46 Donc on ne peut pas le négliger.
03:48 Ils ont un droit d'expression qui leur a été reconnu par la Constitution.
03:51 Mais il y a un moment, une difficulté, une ligne rouge qui est souvent aujourd'hui pas franchie, mais on roule beaucoup dessus.
04:01 On va parler du risque terroriste.
04:03 À présent, notre pays a été menacé par Al-Qaïda dans la péninsule arabique.
04:07 Gérald Darmanin a mis en garde, a dit que le risque terroriste en France existait.
04:13 Est-ce qu'on doit s'inquiéter de cette menace et comment est-ce que vous l'évaluez ?
04:18 Surtout, c'est la forme dans laquelle le ministre de l'Intérieur a exprimé ça.
04:22 La forme, c'était « il y a un risque que de nouveaux Bataclan surviennent ».
04:26 Ce n'est pas un terme utilisé au hasard.
04:28 Je pense que dans le brouhaha général, cette mise en garde n'a pas suffisamment porté.
04:34 Depuis juin dernier, le directeur général de la Sécurité intérieure, M. Lerner,
04:38 récemment le directeur général de la Sécurité extérieure, M. Aimier,
04:41 et puis désormais le ministre de l'Intérieur attirent l'attention sur le fait d'une, entre guillemets,
04:46 ce mot ne veut pas dire grand-chose, mais on fait comme s'il avait un sens,
04:49 une radicalisation, une extrémisation à droite, à gauche,
04:53 chez les écologistes et les environnementalistes,
04:56 une violentisation généralisée de la société française avec un niveau de violence physique.
05:01 Vous en parlez tous les jours car les faits sont là.
05:04 Mais il y a aujourd'hui, en termes d'homicides et de tentatives d'homicides,
05:08 nous atteignons et nous allons probablement dépasser cette année les plus hauts niveaux depuis 50 ans.
05:13 C'est un indicateur à peu près fiable.
05:15 L'homicide parce qu'on tue, la tentative d'homicide parce qu'on a raté son homicide.
05:18 Mais dans les deux cas, il y a un niveau extraordinairement élevé.
05:21 Et donc, le fait qu'on alerte sur le fait que,
05:24 notamment au cours des 10 ou 12 dernières interpellations,
05:28 10 sur 11 ou 11 sur 12 n'étaient pas connus du tout des services
05:34 avant qu'un événement ait une capacité d'augmentation des compétences des services.
05:38 Il faut noter, on est passé d'une demi-douzaine d'interventions préventives
05:42 avant les attentats de Nice en 2016 à près d'une cinquantaine.
05:46 Ça veut dire que le renseignement a enfin pris en compte la dimension anticipatrice,
05:51 proactive et pas seulement réactive.
05:54 Mais quand le ministre de l'Intérieur se sent obligé d'utiliser ces mots-là,
05:57 dans ce contexte-là, il faut l'écouter et il faut l'entendre.
06:00 Vous pensez qu'on n'en a pas assez parlé, que c'est passé un peu inaperçu, cette déclaration de Jean-Alain?
06:05 Je pense qu'il est très bien que nous en reparlions aujourd'hui.
06:08 Je pense qu'il va falloir beaucoup en reparler car l'ampleur, le nombre,
06:13 la quantité d'événements cumulés qui aujourd'hui épuisent l'empilement,
06:19 créent l'épuisement chez les forces de l'ordre,
06:21 entre visites officielles, visites du pape, visites du roi, Coupe du monde,
06:25 futurs Jeux olympiques, championnat, Île-Jean-Pas, Foire de Marseille.
06:31 Tout ça, en même temps, amène un problème dans la gestion des calendriers.
06:35 L'épuisement des policiers pour des intérêts purement politiques ou purement diplomatiques
06:39 va créer un drame car depuis 2019, nous passons de crise en crise sans que jamais celle-ci ne se termine.
06:47 Crise sanitaire, crise sécuritaire, crise sociale, crise militaire.
06:51 À un moment ou à un autre, il va falloir se rappeler que tous ces hommes et toutes ces femmes
06:55 ne peuvent pas passer leur vie en suppression de week-end et en suppression de vacances,
07:00 ce qui vient encore d'être le cas aujourd'hui.
07:02 Il y a un danger à trop tirer sur la corde et donc le message du ministre de l'Intérieur
07:06 va, à mon avis, au-delà simplement du risque terroriste.
07:09 Il fait au mieux ce qui est possible de faire et pour l'instant,
07:13 tout se passe dans les meilleures conditions avec un risque permanent qui mobilise beaucoup les forces.
07:19 Mais le risque est de plus en plus important, de plus en plus pressant et de plus en plus criant.