• l’année dernière
#FreeStanis – François Soudan (directeur de la rédaction de Jeune Afrique) : « Je veux rappeler à Félix Tshisekedi ses propres mots, en mai dernier : « La liberté de la presse est vitale pour la consolidation de la démocratie ». Faites en sorte, M. le président, que cette phrase s’applique aussi à votre grand pays. La place de Stanis Bujakera n’est pas à la prison de Makala. »

Dans la Semaine de JA sur RFI - Radio France Internationale, le directeur de la rédaction de Jeune Afrique adresse un message au président congolais.

Notre correspondant à Kinshasa, en RDC, se trouve désormais en détention préventive à la prison de Makala, sa demande de remise en liberté ayant été rejetée. Jeune Afrique dénonce une atteinte grave à la liberté de la presse.

Pour plus d'informations : https://lnkd.in/ejpMAgAu

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Transcription
00:00 Bonjour François Soudan.
00:04 Bonjour Alexis.
00:05 Qui est Stanis Boujakéra et pourquoi a-t-il été arrêté ?
00:08 Alors Stanis Boujakéra Tchiamala est un acteur clé du paysage médiatique congolais.
00:12 Il est le correspondant de Gen Afrika Kitschassa, le directeur adjoint du site Actualité.cd,
00:17 collaborateur de Reuters et le journaliste le plus suivi sur X, en ce moment Twitter
00:21 en RDC, avec une qualité qui est manifestement un défaut aux yeux de certains, celle d'être
00:26 un professionnel indépendant.
00:27 Il a été arrêté, vous l'avez dit, le 8 septembre à N'Jili, l'aéroport de N'Jili.
00:30 Il s'apprêtait à embarquer pour le groupe Bashi, détenu, interrogé à plusieurs reprises,
00:35 transféré à la prison de Makala il y a trois jours.
00:37 Les agents qui l'ont entendu l'ont questionné sur un article publié fin août sur le site
00:41 de Gen Afrika consacré à la mort de l'ancien ministre Chiruba Nkende qui a été assassiné
00:46 mi-juillet dans des circonstances troubles.
00:48 Alors cet article qui est signé de la rédaction de Georgia et non pas de Stanis évoque un
00:53 rapport d'enquête de l'ANR, l'Agence Nationale de Renseignement, dont le gouvernement
00:57 conteste l'authenticité.
00:58 A l'issue de ces auditions, le parquet s'est dit convaincu que Stanis avait sciemment diffusé
01:02 le document incriminé.
01:03 L'accusation est donc extrêmement grave.
01:05 Je voudrais rappeler tout d'abord Alexis qu'il existe des moyens tout à fait légaux
01:09 d'apporter un démenti sans qu'il soit nécessaire d'accuser un journaliste de
01:13 chercher à discréditer l'action gouvernementale et encore moins de l'emprisonner.
01:17 Ça s'appelle le droit de réponse.
01:18 On a certes reçu un droit de réponse de la part du ministre congolais de l'Intérieur
01:22 Peter Kazady dont nous avons d'ailleurs publié des extraits.
01:24 Ce droit de réponse nous est parvenu le lendemain de l'arrestation de Stanis, ce qui est
01:28 une étrange manière de faire.
01:30 Quoi qu'il en soit, nous demeurons tout à fait prêts à en discuter pourvu qu'il
01:34 soit accompagné d'éléments concrets indiquant que nous nous serions trompés Alexis.
01:38 En quoi cette affaire dépasse son cas spécifique selon vous pour concerner tous les médias
01:44 congolais ?
01:45 Les autorités congolaises et notamment l'entourage sécuritaire du président placent cette
01:49 affaire dans le cadre d'une atteinte à la sécurité nationale.
01:52 Je peux les comprendre dans la mesure où cet article signé à Genafrique souligne
01:56 ce que tous les initiés connaissent à Kinshasa, c'est-à-dire qu'il existe une rivalité
02:00 de service entre l'Agence nationale de renseignement et le renseignement militaire.
02:03 Mais ce que veulent les enquêteurs, c'est de contraindre Stanis dont les ordinateurs,
02:07 les téléphones ont évidemment été saisis, à dévoiler ses sources tant sur cette affaire
02:12 que sur toutes les autres qu'il a eu à couvrir, en dépit du fait que la nouvelle
02:15 loi sur la presse adoptée le 4 avril à Kinshasa stipule dans ses articles 95 à 97 le droit
02:22 pour les journalistes d'accéder aux sources et l'obligation de ne pas les divulguer.
02:25 C'est un avertissement en quelque sorte qui est adressé à trois mois de l'élection
02:29 présidentielle à tous les confrères et consoeurs de Stanis.
02:31 Il est de plus en plus difficile Alexis pour un média en RDC aujourd'hui d'être objectif
02:36 et équidistant.
02:37 François Soudan, quel est le message de la direction de Genafrique aux autorités congolaises
02:40 ?
02:41 C'est ce que je souhaite, si vous me le permettez Alexis, c'est m'adresser au président
02:45 Tshisekedi lui-même et lui rappeler une phrase qu'il a prononcée en mai dernier.
02:48 La liberté de la presse est vitale pour la consolidation de la démocratie.
02:52 C'est une juste phrase qui me rappelle ces mots que son père Feuétienne, dans un entretien
02:57 qu'il m'avait accordé il y a une douzaine d'années, m'avait dit.
02:59 Ce qu'il voulait c'est que le Congo soit un état de droit et réalise les rêves de
03:03 nos glorieux aînés.
03:04 Alors ne serait-ce que pour la crédibilité du discours que vous vous apprêtez à prononcer
03:08 dans quelques jours devant l'Assemblée Générale de l'ONU, faites en sorte, Monsieur le président,
03:12 que cette phrase s'applique aussi à votre grand pays.
03:15 La place de Stanis Boujakéra, cet enfant du Kassai oriental du Congo, sa place n'est
03:20 pas à la prison de Bintala.
03:21 Merci François Soudan.

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