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00:00:00 [Musique]
00:00:20 Nous sommes près de 68 millions de Français.
00:00:24 Parmi nous, 400 000 sont agriculteurs,
00:00:27 quatre fois moins qu'il y a 40 ans.
00:00:29 Ceux qu'autrefois on appelait paysans.
00:00:31 Eux, les besogneux, les courageux, les travailleurs de la terre.
00:00:36 Nous allons à la rencontre de trois d'entre eux,
00:00:38 comme un témoignage de leur réalité quotidienne.
00:00:41 Eux, ces Français qui nous nourrissent.
00:00:44 Je m'appelle Serge Lebaille,
00:00:46 je suis agriculteur dans le Sud-Sinistère depuis 28 ans,
00:00:52 et j'en ai 51.
00:00:54 Quant au moine, aujourd'hui, il y a deux agriculteurs par jour qui se suicident.
00:00:58 Il est temps de se poser des questions.
00:01:00 Pourquoi ? Pourquoi on en est rendu là aujourd'hui ?
00:01:03 Je m'appelle Laurie Bénard,
00:01:06 j'ai 31 ans et je suis agricultrice depuis trois ans.
00:01:11 Être une femme dans le monde agricole, c'est compliqué,
00:01:14 parce que je pense que forcément,
00:01:17 les gènes de l'agriculture, c'est l'homme français,
00:01:20 le petit-fils, le fils, qui devient agriculteur.
00:01:24 Je m'appelle Charles Perrouty, j'ai 43 ans,
00:01:27 et je suis permaculteur depuis une dizaine d'années.
00:01:30 C'est vrai que quand on nous voit dehors, sur un jardin,
00:01:33 on a l'impression qu'on se balade en short,
00:01:37 on mange des fleurs.
00:01:39 Le sujet n'est pas là, le sujet est de changer le monde,
00:01:42 donc il faut se donner un peu les moyens.
00:01:44 Pour moi, le métier d'agriculteur, c'était la liberté.
00:01:54 Aujourd'hui, c'est vraiment l'esclavage.
00:01:57 Pour les gens, l'agriculteur, c'est le bouseux,
00:02:00 celui qui n'a pas d'éducation, qui n'a pas de culture,
00:02:03 qui vit dans son petit monde,
00:02:06 qui est à leur service pour leur donner des bons produits pas chers.
00:02:10 C'est travailler beaucoup pour gagner rien.
00:02:14 Voilà, c'est la définition.
00:02:17 ...
00:02:28 -La 1re chose du matin, c'est de traîner.
00:02:31 (Il siffle.)
00:02:33 Allez!
00:02:35 Vous suivez ou pas, moi j'y vais.
00:02:38 Allez, Fich!
00:02:40 Allez!
00:02:42 Allez!
00:02:44 J'ai rencontré ma vache, je l'ai amenée à la traite.
00:02:47 Il fallait les chercher tout le matin, c'est pareil.
00:02:50 Le soir, il n'y a pas de problème, ça rentre bien,
00:02:53 mais le matin, c'est une catastrophe.
00:02:55 C'est toujours comme ça.
00:02:57 Si jamais vous ne les voyez pas, elle va rester là.
00:03:00 Allez, va!
00:03:02 Allez!
00:03:04 (Il siffle.)
00:03:06 (Il siffle.)
00:03:08 Il n'y a rien de plus.
00:03:10 ...
00:03:25 Tout le monde est rentré, on va te laver la hache.
00:03:28 ...
00:03:32 Allez, on sait!
00:03:34 Allez, va!
00:03:36 ...
00:03:51 C'est le salarié, c'est Léo.
00:03:53 Il est là toute l'année.
00:03:56 ...
00:03:59 Aujourd'hui, avec une pête de lait, une fois que vous avez payé
00:04:02 tout ce qui est autour, tout ce gravité,
00:04:04 tout ce qui est autour de la ferme, il ne reste rien.
00:04:07 Rien. Ah non!
00:04:09 Moi, aujourd'hui, il me faut 20 000 euros minimum par mois
00:04:12 pour payer ce qui est à payer.
00:04:15 Si la pête de lait n'est pas 20 000 euros,
00:04:18 il n'y a pas assez d'argent pour payer les factures.
00:04:21 20 000 euros, il y a les crédits, il y a l'aliment des vaches,
00:04:24 il y a le salarié, il y a toutes les charges qui sont à côté,
00:04:27 charges de terre, il y a tout.
00:04:29 Il y a les assurances, il y a l'EDF.
00:04:32 Mais c'est impressionnant, le nombre de charges qu'il y a.
00:04:35 Il me faut 20 000 euros tous les mois
00:04:38 juste pour boucler le budget de dépense.
00:04:41 Le problème, c'est que aujourd'hui, si j'arrête,
00:04:44 avec les charges et les emprunts que j'ai, il ne me reste rien.
00:04:47 Voilà. Le binz, il est là.
00:04:50 Donc, il y a 4 ans, j'avais quasiment 70 000 euros de date.
00:04:56 - Et pour ne rien arranger, Serge est au coeur d'un système complexe.
00:05:01 Chaque lettrie fixe son prix, mais toujours en fonction du voisin.
00:05:05 Au final, c'est la grande distribution qui en profite.
00:05:08 De surcroît, Serge, pour ajouter à son malheur,
00:05:11 subit une ultime injustice, un non-sens.
00:05:14 - Ce qui est curieux, quand même, c'est que je suis le seul dans la lettrie
00:05:18 où j'ai un quota A et un quota B.
00:05:20 Ca veut dire que le quota A, c'est le prix que payent les lettriers tous les mois.
00:05:23 Et le quota B, c'est le prix, en gros, du marché mondial.
00:05:29 Donc, la lettrie où je suis, il n'y a que du quota A.
00:05:33 Moi, j'ai un quota B.
00:05:34 Alors, pourquoi me demander pas ? Je suis le seul.
00:05:37 Je peux vous le garantir, je suis le seul.
00:05:39 Les gens, pour un certain âge, qui ont fini de payer leurs outils,
00:05:42 ils arrêtent. Ils arrêtent le lait, pour eux.
00:05:45 Ils en ont marre, ils arrêtent le lait.
00:05:47 On voit des fermes qui ont... Oh, des grosses fermes,
00:05:49 1,2 millions, 1,5 millions qui arrêtent le lait.
00:05:51 On se pose quand même des questions.
00:05:53 Ah ouais, c'est...
00:05:55 Avance ! Ca va chier.
00:05:58 Il y en a qui aiment bien rentrer pour chier, aussi.
00:06:01 Pour moi, le métier d'agricultrice, c'est une passion,
00:06:19 un oxygène journalier, la liberté.
00:06:22 Je suis éleveuse de poules pondeuses,
00:06:25 où je commercialise les oeufs de nos poules.
00:06:28 - Comme 21 % des agriculteurs,
00:06:31 Lori a choisi ce qu'on appelle le circuit court,
00:06:34 un mode de distribution qui leur permet de vendre
00:06:37 leur production directement aux consommateurs.
00:06:40 Achat responsable, commerce équitable,
00:06:42 des valeurs essentielles pour Lori.
00:06:44 - Généralement, je commence vers 9 h.
00:06:46 Vraiment, je suis sur l'exploitation.
00:06:49 Ma priorité, tout de suite, c'est d'aller voir...
00:06:52 Mes animaux.
00:06:55 Allez, poussez-vous, les cocottes !
00:07:01 Là, je vérifie que toutes les poules, tout va bien,
00:07:08 qu'il n'y en a pas une de coincée,
00:07:11 et qu'il n'y a pas de problème au niveau alimentation et de l'eau.
00:07:14 Donc là, c'est l'eau.
00:07:16 Elles ont des petites pipettes comme ça, elles peuvent boire.
00:07:20 Et après, ici, elles mangent, elles boivent.
00:07:23 Pendant, là, elles... Elles plombent, pardon.
00:07:26 C'est leur petite maison,
00:07:29 et l'oeuf, il tombe sur un petit circuit juste en-dessus.
00:07:32 Parce que moi, je les bichonne.
00:07:36 J'ai toujours besoin de savoir que tout va bien.
00:07:39 Elles me reconnaissent avec ma voix et mon odeur.
00:07:43 C'est vraiment comme un chien.
00:07:45 On ne parle pas comme ça, mais c'est vrai.
00:07:47 Elles sont loin d'être bêtes.
00:07:50 Elle a été coincée dans le chasse-poule !
00:07:56 Je regardais juste celle-là.
00:08:01 J'avais l'impression qu'elle avait mal une patte, mais non, ça va bien.
00:08:04 J'ai un petit hôpital à poules.
00:08:06 Si jamais il y en a une qui ne va pas bien, je la mets dans un hôpital.
00:08:09 Je les enlève de l'élevage, et je les mets à ma mare.
00:08:12 C'est mon petit hôpital poule, et je les soigne.
00:08:15 Le problème, c'est qu'une poule qui a un peu de sang
00:08:18 ou qui est vraiment très mal en point,
00:08:21 elles vont là-dessus.
00:08:24 Et moi, je ne peux pas supporter ça.
00:08:27 Du coup, je l'écarte du lot,
00:08:30 je la mets dans mon petit hôpital,
00:08:33 et je la soigne.
00:08:35 Après, quand elle va mieux, je la redonne à une famille.
00:08:38 Là, on va les sortir parce qu'on voit qu'elles ont chaud.
00:08:41 Elles ont envie d'aller galoper.
00:08:44 (Rires)
00:08:47 Non, non, vous... Allez, donne.
00:08:50 Allez, petite cacote!
00:08:56 C'est comme à l'enfer.
00:08:59 - La liberté et la fierté de Laurie, c'est aussi d'avoir choisi
00:09:02 un élevage ni industrialisé, ni intensif.
00:09:05 (Musique)
00:09:08 - Etre heureuse.
00:09:11 (Musique)
00:09:14 - Regarde comme elle s'étale, on dirait qu'elle est à la plage.
00:09:17 (Rires)
00:09:20 J'ai 1000 poules sur l'exploitation.
00:09:23 Enfin, j'en ai 1600 exactement.
00:09:26 Elles arrivent à 18 semaines et quand elles arrivent ici,
00:09:29 elles ne pondent pas.
00:09:32 Et au fur et à mesure des mois et des semaines,
00:09:35 elles vont commencer à se mettre à pondre.
00:09:38 Mais des fois, elles peuvent aussi ne pas pondre.
00:09:41 Et moi, je les garde entre un an et un an et demi.
00:09:44 J'ai besoin de ce contact avec mes animaux où je les entends
00:09:47 et j'entends qu'elles et je ne m'occupe que d'elles.
00:09:50 Je ne sais pas, je suis contente comme ça.
00:09:53 - Une mère poule. - Oui, je suis une mère poule.
00:09:56 Une vraie mère poule.
00:09:59 Bon, maintenant, il va falloir aller livrer parce que les restaurateurs
00:10:02 nous attendent.
00:10:05 (Musique)
00:10:08 Là, on va au restaurant Le Millésime à Ménil.
00:10:11 Le chef Alexis a besoin d'oeufs comme toutes les semaines.
00:10:14 Du coup, on va le livrer.
00:10:17 Là, je viens de le prévenir qu'on arrivait.
00:10:20 (Musique)
00:10:23 (Cri d'oiseau)
00:10:26 (Musique)
00:10:29 (Musique)
00:10:32 (Musique)
00:10:35 (Musique)
00:10:38 Les livraisons de mes restaurants, elles sont à 10 km maximum
00:10:41 autour de ma ferme. Du coup, je ne vais pas si loin que ça.
00:10:44 C'était un critère que je voulais absolument garder
00:10:47 parce que je pense qu'il y a assez de bons restaurants
00:10:50 autour de chez nous
00:10:53 que d'aller trop loin.
00:10:56 Voilà, on est dans le pur local.
00:10:59 (Bruit de moteur)
00:11:02 (Rires)
00:11:05 (Bruit de voiture)
00:11:08 - Salut Alexis! - Bonjour!
00:11:11 - Ça va? - Oui, et toi?
00:11:14 - Tiens les petits oeufs.
00:11:17 Quand j'ai commencé à faire mon élevage de poulpe bondeuse
00:11:20 et que je me suis retrouvée un petit peu du jour au lendemain
00:11:23 avec tous mes oeufs qui sont arrivés,
00:11:26 je me suis dit que je vais aller voir les restaurants
00:11:29 et du coup, c'est là qu'est venue l'idée de me dire
00:11:32 que je vais choisir où je vais les emmener,
00:11:35 à qui je vais les commercialiser.
00:11:38 Donc j'ai tapé un petit peu à toutes les portes autour de la ferme.
00:11:41 - On aime travailler avec l'ORI pour le circuit court
00:11:44 pour montrer à nos clients qu'on travaille des produits frais
00:11:47 et nos producteurs locaux.
00:11:50 - C'est ce que je garantis vraiment à tous mes restaurateurs,
00:11:53 parce que c'est une société variée.
00:11:56 C'est une fierté parce qu'on a vraiment un petit élevage
00:11:59 et du coup, le fait de pouvoir commercialiser mes oeufs
00:12:02 en circuit court, en vente directe, avec des gastros, c'est top!
00:12:05 Bon, ben merci Alexis! À la semaine prochaine!
00:12:08 - Merci! À la semaine prochaine!
00:12:11 ...
00:12:20 - Les gens pensent que mon métier, c'est d'aller se balader
00:12:23 dans la forêt, de se faire mûmuse avec 3 graines de carottes
00:12:26 et puis de construire un four à pain avec de la terre du jardin
00:12:31 et d'essayer de revivre comme des Cro-Magnons.
00:12:35 La permaculture, c'est un regard qu'on va poser sur les choses
00:12:39 qui va être différent.
00:12:42 C'est pas une technique agricole, c'est pas que ça en fait.
00:12:45 Je peux l'appliquer tous les jours à moi, à ma famille,
00:12:48 à mon appart, à mon système agricole de 200 hectares,
00:12:53 à ma commune.
00:12:56 Je pense que mon métier, c'est d'essayer de changer le monde
00:13:01 avec un peu d'humour et de simplicité.
00:13:04 - Et c'est dans cet état d'esprit qu'il y a quelques années,
00:13:07 Charles a acquis la ferme de la Cure.
00:13:10 Au sein de cette ferme, il a créé une association, la Sève.
00:13:14 Il y emploie des jeunes gens, qu'il forme à une nouvelle façon
00:13:17 de penser l'agriculture.
00:13:19 Sa ferme n'a pas vocation de vendre, mais de former
00:13:22 et d'aider les autres qui veulent produire autrement, comme lui.
00:13:25 - Ici, on est dans un petit village du Vexin,
00:13:28 dans une ferme qui a plus de 300 ans,
00:13:31 certainement des bâtiments comme ici du 11e siècle.
00:13:34 Et j'ai eu la chance de découvrir il y a 13 ans maintenant.
00:13:39 Pour moi, c'est un vieux rêve.
00:13:41 Je voulais un lieu qui permette d'avoir aussi bien des gens
00:13:46 qui soient des opérateurs de terrain,
00:13:48 que ce soit des animateurs nature, des architectes,
00:13:51 de ceux qui réfléchissent, des historiens, et permettre...
00:13:54 Alors, c'était un peu un rêve comme ça, un peu fou,
00:13:57 de permettre qu'il y ait des gens qui viennent s'installer.
00:14:00 En fait, ce rêve, c'était pas tant pour moi,
00:14:02 c'était plus de rendre la chose possible.
00:14:05 ♪ ♪ ♪
00:14:12 (cris d'enfants)
00:14:17 ♪ ♪ ♪
00:14:25 ♪ ♪ ♪
00:14:28 Alors, le jardin, lieu d'apprentissage,
00:14:31 lieu de récolte quand même, parce qu'il faut manger.
00:14:34 Et puis, bah, lieu sympa aussi.
00:14:37 Il faut s'imaginer comment je suis arrivé.
00:14:39 Il y avait rien, en fait. Il n'y avait aucun arbre.
00:14:42 Même les plantes avaient du mal à pousser.
00:14:44 C'était assez mal traité au départ.
00:14:46 Donc, je dirais une culture un peu traditionnelle.
00:14:49 Donc, beaucoup de labours, beaucoup d'engrais,
00:14:52 beaucoup de pesticides.
00:14:53 Si tous les ans, 2 fois, 3 fois, 4 fois par an,
00:14:56 je laboure le sol, j'ai des dynamiques
00:14:59 qui vont pas s'installer.
00:15:01 C'est juste compréhensible.
00:15:03 En fait, le but final d'un...
00:15:05 Ici, dans un lieu comme ça,
00:15:07 le but final du système, c'est de devenir une forêt.
00:15:11 Donc, si je laisse tomber des feuilles,
00:15:14 si je laisse du bois par terre,
00:15:16 je recrée la dynamique naturelle d'une forêt.
00:15:19 Je vais pas contre le système, mais je vais avec.
00:15:21 Et tu vois, ici, ça, on va le remettre sur les parcelles.
00:15:24 Ça, pour moi, c'est de l'or, en fait.
00:15:27 Tu vois, la nature et l'abondance, ça fait chier.
00:15:30 Parce que tu vois, là, j'ai des patates.
00:15:33 Tu vois, figure-toi, ça, c'est des patates.
00:15:35 Alors ça, c'est un truc, c'est de la haute technologie.
00:15:38 La NASA est pas encore au courant.
00:15:40 Ça s'appelle des feuilles.
00:15:42 Et ça, ça prend de la lumière, tu vois, de l'énergie de là-haut,
00:15:46 et ça fabrique de la matière.
00:15:48 Et c'est la pomme de terre.
00:15:50 Donc l'énergie, elle passe là-dedans,
00:15:52 elle va dans le sol et elle fait grossir les pommes de terre.
00:15:55 Donc moi, je fais rien.
00:15:57 Et du coup, vu que je fais rien, je vais aller manger des frites.
00:16:01 Tous ces produits, on va pas les vendre,
00:16:03 on va s'en servir, nous, pour manger,
00:16:06 pour manger en collectif.
00:16:08 Il y a une grosse partie aussi où les gens vont venir picorer.
00:16:12 Alors c'est pas du vol, en fait.
00:16:14 C'est fait pour, puisque le but, c'est de créer de l'abondance.
00:16:17 Donc ici, le but, c'est que chacun peut venir se nourrir aussi ici, quoi.
00:16:21 Qu'est-ce que je produis ?
00:16:23 C'est quoi ma raison d'être, en fait ?
00:16:25 Ici, c'est quoi ma raison d'être ?
00:16:27 Une fois que je suis clair avec ce que je fais ici,
00:16:30 je suis pas un maraîcher qui va fournir de l'île de France.
00:16:34 C'est pas le sujet, en fait.
00:16:36 Et de toute façon, est-ce que ça serait le sujet ?
00:16:39 La permaculture, en fait, les trois piliers éthiques,
00:16:42 c'est prendre soin de l'humanité,
00:16:45 prendre soin de la planète,
00:16:48 créer l'abondance dans le but de la partager.
00:16:51 Aujourd'hui, la permaculture séduit de plus en plus de Français.
00:16:56 On compte près de 4000 fermes comme celle de Charles.
00:17:00 Des micro-fermes qui s'inspirent de la nature pour prendre soin de la terre
00:17:05 et nourrir les hommes autrement.
00:17:07 On va aller voir la serre bioclimatique.
00:17:12 J'ai à l'intérieur juste des bidons qui sont posés, tu vois.
00:17:15 Haute technologie, tu vois.
00:17:17 Alors, ouais, ça fait un peu bricoler, bricolette,
00:17:20 mais au final, j'ai juste des bidons qui vont capter l'énergie.
00:17:24 Ils sont capables de capter 7 fois plus d'énergie que la pierre,
00:17:28 mais ça, ça fait radiateur, en fait.
00:17:30 C'est différent d'une serre classique parce qu'on est à petite échelle,
00:17:34 parce que là, on est vraiment petit.
00:17:37 J'ai pas besoin de ventiler,
00:17:39 même de refroidir ma serre ou je ne sais quoi,
00:17:41 enfin, un truc complètement débile.
00:17:43 Parce que qu'est-ce qui se passe dans la nature pour refroidir un lieu ?
00:17:47 Vu que le système final, c'est la forêt et le climax,
00:17:50 eh bien, il y a des arbres, en fait.
00:17:52 Il y a des végétaux qui vont pousser de vent.
00:17:54 On voit que là, il y a de l'ombre,
00:17:56 parce que j'ai des végétaux qui vont faire de l'ombre,
00:17:59 et je choisis mes végétaux pour que ces végétaux,
00:18:02 ils m'apportent quelque chose.
00:18:04 Une serre classique, tu vois, elle va faire 6, 8 m de large.
00:18:08 Elle va être un peu plus haute.
00:18:10 Elle va être en plein champ, donc elle va être exposée au vent.
00:18:14 Il n'y aura pas de gestion de la lumière.
00:18:17 Il va falloir arroser à mort.
00:18:19 ...
00:18:45 -On arrive ici à la porcherie.
00:18:48 C'est là qu'il s'est effondré le 25 avril 2019.
00:18:52 Elle était pleine de porcs.
00:18:54 Il y avait 75 porcs dans la salle ici.
00:18:57 L'alarme s'est mise à sonner à environ 11h30.
00:19:01 Je suis venu ici vers midi, midi 5, je suis arrivé là.
00:19:05 Le salarié était parti, et quand j'ai ouvert la porte, surprise,
00:19:09 tout le cauchemar était en train de nager dans l'eau.
00:19:13 Il y avait...
00:19:15 Il était tout là.
00:19:17 Je pense que tant que je n'aurais pas réussi à vider la porcherie,
00:19:22 je ne pourrais pas tirer un trait là-dessus.
00:19:26 Aujourd'hui, ça me hante.
00:19:28 C'était un groupe...
00:19:30 Avant l'effondrement de la porcherie, c'était ma seule source de revenus.
00:19:35 Il n'y a quasiment que les cochons qui me rapportaient de l'argent.
00:19:40 Le reste, ça ne rapportait rien.
00:19:43 De jour en main, on perd pratiquement 10 000 euros de revenus.
00:19:47 10 000 euros qui disparaissent sur un coup du sort.
00:19:51 J'ai sauté dans les angles pour essayer de les sortir.
00:19:55 Les premiers, je les ai pris, je les ai montés là.
00:19:58 Comme ils s'étaient perdus, ils sont venus là, ils se sont retournés dedans.
00:20:03 Il a fallu attendre que le salarié arrive pour essayer de les ressortir
00:20:07 et que quelqu'un arrive à les guider à l'extérieur.
00:20:10 J'ai passé à peu près 3 heures dans le désert,
00:20:13 j'ai essayé de sauter des cochons.
00:20:16 C'est curieux, quand j'étais dedans,
00:20:19 ils venaient vers moi pour les sortir.
00:20:22 On parle toujours des animaux maltraitants.
00:20:25 Là, ils venaient vers moi, ils nageaient vers moi
00:20:28 pour que je les prenne et que je les sorte.
00:20:31 Je ne sais pas comment j'y fais, parce que j'étais en train de marcher.
00:20:35 Il y avait un trou à côté.
00:20:38 Quand les pompiers m'ont demandé de sortir, j'ai refusé de sortir.
00:20:42 Je les ai tous sortis, tout ce que j'ai pu sortir, je les ai sortis.
00:20:46 Je ne voulais pas les emporter, je voulais rester avec eux.
00:20:49 Quand c'est fini, ils m'ont sorti de là.
00:20:52 Je suis rentré à la maison, j'ai essayé de me doucher.
00:20:55 Ils m'ont explodi à l'hôpital.
00:20:58 Ils ont fait une interne de secours sous contrate.
00:21:02 C'était le début de l'enfer.
00:21:05 C'était le goût de douleur qui avait dévasté ma tête.
00:21:08 On arrive à bout et on ne se rend pas compte qu'on est à bout.
00:21:11 Il y a vraiment un événement, un traumatisme,
00:21:14 pour que vous vous réagissez et que les autres réagissent.
00:21:18 Du coup, j'ai passé 15 jours en internement.
00:21:22 Burn-out. Malverdique.
00:21:25 Il n'y a pas eu de monde à venir dans la commune à venir voir.
00:21:28 Quand vous êtes dans la merde, vous êtes seul. Vraiment seul.
00:21:32 Et il ne faut pas confier à personne.
00:21:35 J'ai eu peur de perdre mon mari.
00:21:48 C'est comme ça que j'ai créé le site Facebook
00:21:51 SOS agriculteur en détresse.
00:21:55 Ce qui m'a permis de pouvoir évacuer mon stress
00:22:03 et discuter avec d'autres agriculteurs et agricultrices
00:22:08 qui étaient dans la même situation que moi.
00:22:11 On se rend compte qu'on est énormément d'agriculteurs
00:22:15 dans la même situation financière et dans la même situation morale.
00:22:20 Moi, je dirais qu'on n'est pas loin des 90%.
00:22:23 Des agriculteurs en France qui ne vont pas bien.
00:22:26 - Il y a des agriculteurs qui en viennent au suicide ?
00:22:29 - Il y a beaucoup d'agriculteurs, oui.
00:22:31 Nous, après, la ferme où on est ici, on est après un agriculteur qui s'est suicidé.
00:22:36 Et mon mari qui fait un burn-out, voilà.
00:22:42 Tout est caché. On n'en parle pas.
00:22:46 Les agriculteurs, c'est...
00:22:50 On va parler du Moyen Âge, c'est dégueu, quoi.
00:22:55 Alors que ce sont des gens qui ont fait des études,
00:22:59 qui ont travaillé à l'école.
00:23:02 Mais par contre, de leurs études,
00:23:06 de ce qu'ils ont étudié à l'école,
00:23:10 de leur travail, ils ne gagnent rien.
00:23:17 - On a passé une période difficile, hein ? - Oui.
00:23:20 - On s'est soutenus toutes les deux. On n'était que toutes les deux, mais on s'est soutenus.
00:23:24 - Ça fait bizarre, quoi.
00:23:27 Au début, quand il a su un burn-out, j'ai eu du mal aussi à subir.
00:23:32 Surtout ma mère, quoi.
00:23:35 Mais après, on s'est soutenus.
00:23:38 Et après, ça s'est plutôt bien passé.
00:23:41 De temps en temps,
00:23:44 maman, elle est en train d'aller dans sa chambre,
00:23:49 elle est en train de faire quelque chose,
00:23:52 et puis hop, il sort de sa chambre, il claque sa porte,
00:23:55 puis il dit "j'en ai marre, j'ai envie de me suicider", et tout.
00:23:58 Ça, je le prends mal. Je l'entends tant. Je l'entends dans ma chambre.
00:24:02 Même à la porte fermée ouverte, je l'entends.
00:24:05 Je l'entends gueuler. Moi, ça me met mal.
00:24:08 Ça me rend triste.
00:24:10 - Oui, j'y ai pensé.
00:24:13 - J'y ai même préparé tout. Tout était prêt.
00:24:16 J'ai fini ma matinée de travail, j'avais ce qu'il fallait avec moi pour en finir.
00:24:22 Et au dernier moment, je sais pas,
00:24:25 j'ai pensé à ma fille, et j'ai pas pu.
00:24:28 Je sais pas si c'est faute de courage ou pas, je sais pas.
00:24:31 Et puis j'ai pas réussi.
00:24:34 Quand on voit qu'aujourd'hui, il y a deux agriculteurs par jour qui se suicident,
00:24:38 il est temps de se poser des questions. Pourquoi ?
00:24:41 Pourquoi on en est rendu là, aujourd'hui ?
00:24:44 - Le circuit court a fait des émules dans la commune.
00:25:00 Une fois par semaine, Lauré rejoint une jolie communauté pour y vendre ses produits.
00:25:05 ...
00:25:15 - Hop, je peux mettre ça ici.
00:25:17 - Salut, Manuel, ça va ? - Bonjour, ça va, et toi ?
00:25:20 - Ça va, merci. - Alors, j'ai les commandes ?
00:25:23 - Ouais, voilà, je suis contente.
00:25:25 Oui, cette semaine, plein de petits oeufs. - Super.
00:25:28 - Comme toutes les semaines.
00:25:30 Alors là, on a la ruche qui dit oui à douan.
00:25:33 Les gens, ils achètent leurs produits sur le site de la ruche qui dit oui.
00:25:38 Et après, chaque producteur amène les produits directement
00:25:42 tous les vendredis soirs à 16h pour que les produits soient distribués par Emmanuel.
00:25:46 - C'est pour vous de l'écho ? - Ça marche.
00:25:49 - C'est la commande de l'école.
00:25:51 - C'est une communauté de voisins qui se regroupent pour passer commande auprès des producteurs locaux.
00:25:55 Donc dans un esprit de consommer local, de consommer mieux, plus sain, meilleur pour la planète.
00:26:01 - Donc c'est un autre concept que le supermarché.
00:26:03 - Ouais, on connaît bien. - On travaille ensemble.
00:26:05 Parce que moi, j'achète les oeufs à l'ORI. J'ai un distributeur à Casier, et puis l'ORI aussi d'ailleurs.
00:26:10 Et donc j'achète des oeufs à l'ORI, et puis l'ORI me prend des patates, des machins.
00:26:15 Enfin voilà, entre agriculteurs et producteurs en général, on essaie de travailler ensemble.
00:26:20 - Ça va, Caroline ? - Ça va, très bien.
00:26:22 - Ça roule ? - Oui.
00:26:23 - La ruche, ça a permis qu'on se rencontre entre producteurs qu'on ne connaissait pas, en fait.
00:26:28 - OK.
00:26:29 - On peut prendre des produits d'une personne pour les mettre dans notre réseau de distribution et ainsi de suite.
00:26:34 Donc c'est bien, ça permet de nous faire connaître.
00:26:37 Et puis ça donne des idées pour faire d'autres choses, quoi.
00:26:40 Aujourd'hui, il faut de la transparence, et puis il faut être aussi agriculteur, il faut être comptable,
00:26:46 mais il faut être aussi commerçant, il faut savoir vendre, quoi.
00:26:48 Moi, je ne produis pas des pommes de terre pour les vendre à un industriel ou pour les vendre à un supermarché.
00:26:52 Moi, je préfère les vendre en direct à des gens, et puis en produire moins, mais on les vend mieux.
00:26:57 Et on n'a pas d'obligation de production, voilà, on n'a pas d'obligation.
00:27:02 - Je suis d'accord avec toi, mais il faut quand même que les gens prennent conscience qu'il faut acheter ailleurs,
00:27:08 acheter directement aux producteurs, parce que sinon, on n'y arrivera pas, quoi.
00:27:12 Enfin, quand on voit qu'il y a plein de choses qui viennent de l'étranger, à bas coût,
00:27:18 on n'a pas les mêmes coûts de main-d'oeuvre, nous, en France.
00:27:22 C'est dur de s'en sortir, quoi.
00:27:25 - C'est pour ça qu'on n'embauche pas, ou peu, et qu'on court plus vite tout seul.
00:27:32 - Les gens ne comprennent pas pourquoi ils achètent des fraises à 3 euros le kilo au mois de mai,
00:27:38 et que nous, on va leur vendre 10, quoi.
00:27:40 À chaque fois qu'on vend des framboises, enfin, des fraises d'Espagne, on devrait mettre la photo...
00:27:44 Ils ont bousillé toute leur terre, quoi.
00:27:46 Et aujourd'hui, c'est une catastrophe. C'est une catastrophe.
00:27:49 - Ils sont pissés, pourtant, en pays européen.
00:27:51 Et je crois qu'une politique à 2 vitesses au niveau de l'agriculture en Europe, c'est...
00:27:56 - On arrive ? - Oui. - Oui, on va s'en aller.
00:27:58 - Je vais aller prendre moi ça.
00:28:00 - Laurie a monté sa propre boutique, où elle vend ses produits, ainsi que ceux des producteurs qui l'entourent.
00:28:10 Elle reste ainsi dans le tout local.
00:28:16 - Mes produits, je les ai choisis suivant un peu mes coups de coeur.
00:28:20 J'avoue que je suis un peu comme pour moi.
00:28:22 Grâce à ce métier, je commence un petit peu à prendre confiance en moi et à me faire...
00:28:27 Confiance.
00:28:29 - Ah, bonjour ! - Bonjour !
00:28:33 - Bonjour ! Ca va ? - Oui.
00:28:35 - Aujourd'hui, j'arrive à en vivre...
00:28:37 Au minima, si on peut dire.
00:28:41 Je cherche pas aujourd'hui à me sortir spécialement plus que ça un salaire.
00:28:45 Bien sûr, j'essaye d'en sortir un minimum pour pouvoir faire comme tout le monde, manger...
00:28:50 Et offrir à mes enfants ce qu'ils ont besoin.
00:28:53 En moyenne, aujourd'hui, un oeuf qui est pondu par une de nos poules,
00:28:57 ça me coûte entre 11 et 13 centimes de l'oeuf.
00:29:03 Et pour la revente, je suis sur une moyenne de 20 à 21 centimes.
00:29:11 - J'ai des petites framboises toutes fraîches.
00:29:14 - La Florie fixe donc ses propres prix.
00:29:16 La douzaine d'oeufs, c'est 3,20 euros, soit 1,80 euros de moins qu'en grande surface.
00:29:21 - Les framboises du jardin d'Ita.
00:29:23 - Je vais te prendre des oeufs. Alors, je vais te prendre 3 plateaux.
00:29:26 - 3 plateaux d'oeufs.
00:29:28 Le produit phare de notre ferme, c'est nos oeufs.
00:29:31 Les clients savent d'où viennent les oeufs, ils savent que tout est fait à la main,
00:29:35 ils savent que ce sont nos poules, ils savent également ce qu'elles mangent,
00:29:39 parce que ça, c'est très important de savoir ce que mange sa poule.
00:29:44 Et du coup, on peut tout leur expliquer,
00:29:46 parce qu'on est les acteurs du début à la fin de cette chaîne d'oeufs.
00:29:51 - Moi, c'est simple, depuis que je connais les oeufs de Lori,
00:29:55 je vais plus jamais acheter d'ailleurs. Plus jamais, je peux pas.
00:29:58 La dernière fois, j'ai pas pu venir, j'avais acheté 6 oeufs.
00:30:01 Ils me disaient "Oh, t'as pas honte, franchement, t'as pas honte".
00:30:04 - C'est pas du tout facile. - T'as vu comment ils t'aiment ?
00:30:06 - Merci, à bientôt. - Merci, à bientôt.
00:30:08 - Gros bisous. - Au revoir.
00:30:10 - Au revoir.
00:30:13 Réellement, c'est pas moi qui fixe les prix, en fait.
00:30:15 C'est les producteurs qui les ont fixés pour moi.
00:30:17 Moi, je cherche pas à me dire "Bon, bah voilà, je vais en faire un super commerce".
00:30:21 Moi, le but, c'est que les gens, ici, puissent retrouver pas mal de produits
00:30:26 et notamment qu'ils puissent découvrir les miens, découvrir la ferme, découvrir le lieu,
00:30:30 pouvoir partager des choses avec eux, notamment là, par contre, sur les courgettes.
00:30:34 C'est un maraîcher qui est juste à côté, à 5-6 km.
00:30:39 Voilà, j'achète ces courgettes 3 euros le kilo et moi, je les revends 3,50.
00:30:44 Et du coup, c'est son prix de vente conseillé parce que lui, il les revend le même prix.
00:30:48 Moi, je suis la ferme de l'écouffe, la petite Lori, là, dans le fin fond de sa petite ferme.
00:30:51 Moi, je ne fais pas ce métier pour devenir riche chez la boutique.
00:30:53 C'est vraiment pour moi avoir cet échange avec mes clients.
00:30:57 Et du coup, c'est ce que j'aime dans ce métier, c'est que je suis autant agricultrice
00:31:00 que je peux être commerçante et du coup, pouvoir aussi avoir ce contact avec les gens
00:31:04 parce qu'en fait, quand on est enfermé dans sa ferme et qu'on est tout seul, entre guillemets,
00:31:08 à faire s'occuper de ses animaux, moi, c'est ce que j'aime aussi dans ce métier,
00:31:14 c'est que du coup, je peux effectivement m'occuper de mes animaux,
00:31:17 mais aussi avoir ce contact avec les gens.
00:31:19 Je ne suis pas toute seule, je ne suis jamais seule en fait.
00:31:21 Je chope une fourche, je pense que ça va aller.
00:31:32 Nous, on voit des gars qui arrivent ici, qui veulent s'installer.
00:31:35 Voilà, qu'on aide. Ces gars, ils ont des postes d'ingénieur informatique, de notaire.
00:31:42 C'est hallucinant.
00:31:44 Les mecs, ils ont déjà gagné dans leur vie ce que je ne gagnerais pas.
00:31:49 Jamais.
00:31:50 Mais ils se rendent compte qu'en gros, on ne va pas les enterrer avec
00:31:53 et que quand il n'y aura plus que ça à bouffer, les billets de banque, ce n'est pas très bon.
00:31:57 Vas-y, top d'antan.
00:32:00 Avant d'arriver ici, j'étais en études sup développeurs web.
00:32:04 J'étais citadin, j'étais à côté de Paris.
00:32:07 Métro, boulot, dodo finalement.
00:32:10 Pas beaucoup de verdure.
00:32:13 C'est à cette époque que j'ai eu mes premières crises existentielles.
00:32:17 D'abord tout à fait personnelles.
00:32:19 Je ne savais pas ce que je voulais faire.
00:32:21 Je savais surtout ce que je ne voulais pas faire.
00:32:23 Pas bosser pour les autres, surtout si leurs valeurs ne me conviennent pas.
00:32:27 C'est vrai que si je prends du recul et que je devais penser à ma vie d'avant,
00:32:31 c'était une vraie période de quête de sens.
00:32:34 Le moment où j'ai changé, c'était cette période de flottement.
00:32:38 Les gens autour de moi trouvaient ça bizarre.
00:32:41 Je bossais énormément pour ne pas trop réfléchir.
00:32:44 Je me suis dit que si c'est pour faire ça tout le temps, ça ne va pas être faisable.
00:32:47 Et là, on travaille pour la vie.
00:32:50 On crée le potentiel pour que ces plantes puissent pousser.
00:32:53 Et avec un peu de chance, ça va nous nourrir, nourrir des gens qu'on va former,
00:32:57 qui du coup rentreront chez eux et ducreront aussi leur famille.
00:33:01 C'est comme ça que petit à petit, on a beau penser global, on agit totalement local.
00:33:06 Et ça change de ma vie d'avant.
00:33:25 Tous les matins, on vient s'occuper des poules, leur donner un petit peu à manger en complément.
00:33:30 Et puis récolter les œufs.
00:33:32 Il y aura des œufs au plat ce midi.
00:33:34 Et puis voilà.
00:33:37 Les poules ont plusieurs fonctions parce qu'en fonction de là où elles sont,
00:33:41 elles vont s'occuper soit du potager, soit s'occuper de désherber des zones.
00:33:48 Et en fait, en désherbant, elles vont se nourrir de plantes dont elles ont besoin.
00:33:53 C'est-à-dire qu'elles-mêmes, elles savent en fonction de leur carence, quel plant choisir.
00:33:58 Et donc on va les guider, mais on va les laisser relativement libres
00:34:02 de faire un petit peu leur vie dans l'espace de la ferme.
00:34:07 Allez poulettes !
00:34:09 Là, elles vont faire le job.
00:34:15 Moi, pendant ce temps-là, je vais aller à la pépinière.
00:34:18 Et là, je les laisse bosser.
00:34:22 [Bourdonnement]
00:34:25 Alors, bon Thomas, on est où ?
00:34:34 Là, tu as tout arrosé ?
00:34:36 Quasiment, oui, bientôt fini.
00:34:39 Là, on est dans la pépinière, c'est-à-dire notre, comme on dit en anglais, la nurserie.
00:34:44 C'est là où on va faire tous nos petits bébés.
00:34:47 Ça, c'est un peu un chouchou parce que c'est une glycine blanche.
00:34:50 Puis après, tu vois, il y a plein de variétés de tomates, de courges, etc.
00:34:55 Et cet après-midi, du coup, on va aller faire une livraison justement de plants sur un jardin humain.
00:35:01 Chaque plant va être revendu à peu près 350 euros.
00:35:05 [Rires]
00:35:08 À l'image de l'esprit de la ferme des Deux-Sèvres, les productions de Charles sont en tarif libre.
00:35:13 Chacun met ce qui lui semble juste en fonction de l'article et de ses produits.
00:35:17 [Musique]
00:35:27 Tous les matins, après la traite, Serge rejoint Élisabeth, sa femme,
00:35:31 et Stérenne, sa fille, pour le petit déjeuner.
00:35:35 Serge et Élisabeth sont mariés depuis 9 ans.
00:35:38 Élisabeth travaillait dans l'administration pénitentiaire
00:35:40 et a tout arrêté pour soutenir son mari à la ferme.
00:35:43 - Tous les jours, tous les jours, il y a des factures qui arrivent, c'est incroyable.
00:35:47 Je ne sais pas dans quel monde on vit, mais je crois qu'on paye plus de factures que de l'argent qui rentre.
00:35:51 Elle apporte un précieux soutien à Serge.
00:35:53 Serge qui n'est plus capable de gérer les factures.
00:35:56 Alors c'est elle qui prend en charge la comptabilité.
00:35:58 - On a mis ça à appeler, il y a du retard sur un prélèvement qui a pas été fait.
00:36:03 Alors, ils veulent quoi ? Ils veulent le numéro du veau.
00:36:06 Ils veulent la race du veau.
00:36:09 - Mais c'était pas comme ça avant ?
00:36:10 - Si, c'est avant que ça change.
00:36:13 Ils veulent le sexe du veau, le nom on s'en fout.
00:36:15 Ils veulent le poids du veau.
00:36:18 Mais là on déclare juste la naissance du veau qui est né hier.
00:36:21 - Mais en général ici vous faites aussi de la comptabilité ?
00:36:24 - La comptabilité, les papiers, aussi les papiers pour les avocats, pour...
00:36:30 - Papiers, tout ce qui est papiers, factures, tout ça c'est...
00:36:33 Je délègue, je suis un peu puissant.
00:36:35 Parce que de voir des chiffres et sachant qu'on a peut-être pas la trésorerie en face pour payer les factures, c'est usant.
00:37:04 Bon, je vais donner du lait au veau.
00:37:07 Alors si je mets dans un pot, c'est pour mesurer le lait que je vais donner au veau.
00:37:13 Donc là il y a 5 litres de lait.
00:37:16 On va diviser en deux.
00:37:19 - Tu l'as émis hier matin ?
00:37:21 - Vers 11h30, on était en train de discuter devant le bâtiment.
00:37:26 - Et quand tu es allé voir, il était à 18h30.
00:37:28 - Ah, il a eu su ce mec.
00:37:31 Là il y a une géniste, celle-là va rester pour faire du renouvellement.
00:37:34 Et ça c'est 3 mâles, donc ils partiront en élevage.
00:37:37 Pour faire des voies de boucherie, on va dire.
00:37:39 Aujourd'hui un veau comme ça qui est né il y a 4 jours, 5 jours maintenant,
00:37:43 il faut le garder 3 semaines.
00:37:45 Pendant 3 semaines il va boire, il faudrait 8 litres par jour, on va dire.
00:37:49 Ce qui fait quasiment 15€ de lait par semaine, ça coûte à peu près.
00:37:54 J'ai assimilé la mer, donc j'en ai pour 50€.
00:37:58 L'assimilation.
00:38:01 3 semaines, ça fait 45€, ça fait 95€.
00:38:05 En gros ce veau là, il fallait que je le vende 95€.
00:38:08 Et si j'en ai 50€, ce sera machin.
00:38:11 Donc ça veut dire que sur un veau comme ça, on perd déjà 45€.
00:38:15 Donc on est les seuls qui ont le droit de vendre des trucs à perte.
00:38:18 C'est ça qui est le problème.
00:38:20 Il y a quelques années, ça vendait 120€ des veaux comme ça.
00:38:22 Ah oui, oui, oui.
00:38:24 120, 150€, j'ai vu, 200€ des veaux.
00:38:26 Aujourd'hui quand il y en a 50, 60€, on n'est pas si content.
00:38:30 Aujourd'hui l'éleveur c'est le baillon faible du système.
00:38:35 Donc systématiquement la pression se reporte sur lui.
00:38:37 Les coopératives sont censées être entre les mains des producteurs.
00:38:41 Donc logiquement on devrait payer plus le lait.
00:38:44 Sauf qu'on se rend compte que les coopératives payent le même prix que les privés.
00:38:48 Et aujourd'hui notre coopérative a quand même une particularité.
00:38:51 C'est qu'elle annonce le prix du lait pour le mois à venir ou le mois à venir.
00:38:55 Une fois que les concurrences ont annoncé.
00:38:57 Donc elle se calcule systématiquement sur la concurrence pour annoncer le prix du lait.
00:39:01 Elles ne font aucun effort avec les coopératives.
00:39:03 Les fameuses PrimePAC, on en parle tellement des PrimePAC, c'est pareil.
00:39:06 Ah ça va bien pour la fin d'année, c'est vrai.
00:39:08 Sauf que les PrimePAC aujourd'hui, elles ne m'appartiennent plus.
00:39:12 PrimePAC comprenait Politique Agricole Commune,
00:39:16 mise en place par l'Union Européenne pour soutenir et développer l'agriculture.
00:39:19 C'est l'ensemble des aides financières qui sont versées aux agriculteurs européens.
00:39:23 Une bonne initiative sur le papier mais qui rend néanmoins les agriculteurs dépendants de ces aides.
00:39:28 En gros, je les ai cédées à la coopérative en avance de culture.
00:39:33 Donc pour acheter mes semences, pour acheter mes engrais et mes produits de traitement.
00:39:37 Tout ça en gros, c'est déjà cédé à la coopérative pour qu'elle soit sûre, elle, que je la paye.
00:39:44 Donc je crois que c'est une espèce de varant.
00:39:47 Mais ce n'est pas la suivante.
00:39:49 En gros, elles prennent ça en garantie, elles prennent le PrimePAC en garantie.
00:39:53 [Bruit de machine à cuisson]
00:40:19 L'aliment blanc, c'est essentiellement des céréales.
00:40:22 Et l'aliment noir, c'est un correcteur azoté.
00:40:27 Donc c'est-à-dire du soja, en gros, c'est ça.
00:40:29 - Ça a l'air lourd quand même, hein ?
00:40:31 - Un peu.
00:40:32 [Bruit de machine à cuisson]
00:40:40 Alors quand on ramasse l'herbe à la machine, on ramasse des cailloux, des canettes de sodore, on va dire.
00:40:47 Que les gens se balancent, on balance dans le terrain, on coupe l'herbe, on ramasse l'herbe.
00:40:52 On retrouve dans l'eau, c'est justement des vaches et puis les vaches, elles dégagent.
00:40:55 Trois l'année dernière, perdues à cause de ça.
00:40:57 Ah si, si, si, si.
00:40:59 Alors on met des aimants, ou des vaches, pour éviter ça.
00:41:02 Sauf que les canettes, aujourd'hui, sont en alu.
00:41:06 Et ça ne colle plus à l'aimant.
00:41:08 Donc des tout petits bouts de canettes, ça va, ça va dans notre système digestif et ça migre vers le cœur.
00:41:15 Et ça entraîne des hémorragies et des pertes d'animaux.
00:41:18 Aujourd'hui, en élevage, ça devient une calamité.
00:41:21 Donc tous les gens qui balancent ça, parce qu'on a la flemme d'aller jusqu'à la poubelle à côté pour balancer,
00:41:25 on sort du fast-food et puis, on a fait de la voiture, on balance tout ça.
00:41:31 Tout ça, ça se retrouve dans l'eau, dans l'eau, chez les vaches.
00:41:33 C'est une catastrophe.
00:41:35 [Bruit de machine à cuisson]
00:41:41 [Musique]
00:41:45 Quand j'étais petite, j'étais très fière que mon père soit agriculteur.
00:41:48 Et je suis très fière qu'il le soit encore.
00:41:50 Et je serais très fière aussi de prendre la suite de son histoire.
00:41:56 [Bruit de machine à cuisson]
00:42:02 [Bruits de chien]
00:42:03 Oh !
00:42:04 Bonjour ma chérie.
00:42:05 Lucette !
00:42:06 Ça va ?
00:42:07 Ça va.
00:42:08 [Bruits de chien]
00:42:09 T'es calme.
00:42:10 Tu veux qu'on aille voir les chevaux ?
00:42:12 Ouais, on va aller voir les chevaux.
00:42:14 Mon enfance, elle a été un peu compliquée au démarrage.
00:42:18 Mes parents se sont séparés, j'étais assez jeune.
00:42:21 Je suis restée vivre avec mon père.
00:42:23 La plupart du temps, j'étais chez lui.
00:42:25 Et c'est là que vraiment, j'ai réussi à me retrouver et à me construire,
00:42:33 parce que mon père est quelqu'un de super.
00:42:39 Alors, Laurite, imagine que dans deux ans, c'est toi qui vas récolter.
00:42:42 Ouais.
00:42:43 Moi, je fais encore deux moissons et après, tu prends le relais.
00:42:46 C'est ça.
00:42:47 Ça me fait drôle.
00:42:49 Et en même temps, pour moi, c'est la suite logique des choses,
00:42:55 que ce soit moi ou mes frères.
00:42:57 Mais du coup, le destin a fait que ce serait moi.
00:43:03 Donc, je vais en prendre soin.
00:43:05 Ce qui me rend fier, c'est l'amour qu'elle a apporté à cette plaine,
00:43:09 à cette ferme, que moi, j'ai pu apporter à mon époque
00:43:13 ou que mes parents ont apporté.
00:43:15 On a cette envie, ce souhait de transmettre à ses enfants,
00:43:20 comme moi, on m'a transmis, comme mes parents l'ont eu,
00:43:22 mes grands-parents, etc.
00:43:24 Et ce n'est pas moins de 130 hectares de blé, colza et orge,
00:43:27 dont Laurie va hériter.
00:43:29 Une lourde responsabilité.
00:43:31 Mon père m'avait tout le temps dans les pattes, ça, c'est sûr.
00:43:34 Mais je savais me reculer quand il avait besoin de travailler aussi.
00:43:39 J'avais tellement peur de le décevoir, lui aussi, d'ailleurs, c'est marrant,
00:43:43 maintenant qu'on en parle,
00:43:45 que du coup, je faisais toujours très attention à ce que je faisais,
00:43:49 toujours très attention à ne pas le décevoir,
00:43:52 tout en le regardant.
00:43:55 Je pense que quand on est déterminé, qu'on travaille pour,
00:43:59 les choses doivent être relativement faciles,
00:44:02 même s'il y a des difficultés de temps en temps.
00:44:06 Mais je compte les aider au départ pour que la transition se fasse
00:44:12 en douceur au niveau technique et au niveau financier aussi.
00:44:16 Parce que si les parents ne sont pas là pour un petit peu
00:44:19 arrondir les angles, épauler tout ce côté impécunier,
00:44:24 qui est quand même un gros, gros facteur, un gros point de notre métier,
00:44:29 c'est dur.
00:44:32 C'est vrai que le métier d'agriculteur et les agriculteurs,
00:44:44 on est vraiment à part, je trouve.
00:44:48 C'est vrai qu'on se comprend tous entre nous,
00:44:51 mais c'est vrai que des fois, on a du mal un peu à comprendre
00:44:53 la vie de d'autres métiers.
00:44:55 Non pas qu'on ne veut pas les comprendre,
00:44:57 mais on a une façon complètement différente de vivre.
00:45:01 Le fait de vivre sur son lieu de travail,
00:45:04 c'est vrai que quelque part, c'est différent des autres métiers.
00:45:07 En fait, dans ce métier-là, on ne peut pas déconnecter,
00:45:10 puisque de toute façon, on travaille avec le vivant.
00:45:12 Donc c'est impossible de déconnecter.
00:45:14 On essaie de se retrouver un petit peu et de manger ensemble,
00:45:18 mais parfois, avec les aléas de l'élevage
00:45:21 ou les complications de l'agriculture,
00:45:26 on ne peut pas forcément.
00:45:29 Bon, petite saucisse ?
00:45:31 [Rires]
00:45:34 Bon, bon appétit !
00:45:36 [Rires]
00:45:41 Tiens mon chat !
00:45:43 Oui ! Vas-y, viens au bain.
00:45:48 Je te pose l'aigu.
00:45:51 Tu veux mettre ton gilet, Satan ?
00:45:54 Oui, d'accord. Vas-y, donne ton bras.
00:45:56 Je m'occupe très souvent de mes enfants,
00:45:59 parce que forcément, c'est moi la maman.
00:46:01 Mais non, après, j'ai Grégory qui est quand même souvent avec moi.
00:46:05 Ce qui est difficile dans mon métier, c'est le temps.
00:46:08 Il n'y a pas d'horaire, il n'y a pas de jour.
00:46:10 Je commence ma journée, je sais déjà tout ce que je dois faire,
00:46:13 comment je dois le faire,
00:46:15 mais il faut toujours laisser une place à l'imprévu,
00:46:17 parce que l'imprévu, il peut durer 10 minutes comme il peut durer 3 heures.
00:46:21 Pour moi, c'est super compliqué, parce que derrière, je suis une maman.
00:46:25 Et cette maman, elle doit aller récupérer ses enfants,
00:46:28 elle doit passer du temps avec eux.
00:46:30 Ils vivent notre vie à 100% dès qu'ils sont avec nous.
00:46:33 Mais l'idée, c'est de pouvoir aussi être disponible pour eux.
00:46:39 Ce qui m'a amenée à prendre cette décision d'être agricultrice,
00:46:42 c'est de savoir que l'endroit où j'étais le mieux,
00:46:46 et là où je voulais être,
00:46:48 c'était dans les champs, c'était au contact des animaux,
00:46:52 c'était au contact de la nature,
00:46:54 ces odeurs d'herbes coupées, de fauchage d'été,
00:46:58 tout ça, c'est mes racines, c'est ma vie, c'est mon oxygène.
00:47:03 Beaucoup de remise en question au démarrage,
00:47:07 parce que j'ai eu peur, plus pour Grigory,
00:47:09 parce que c'était quand même son exploitation.
00:47:11 On a engagé quand même des gros frais.
00:47:13 Je me suis dit, mince, il ne faut vraiment pas que je le déçoive,
00:47:16 il faut vraiment que j'y arrive, comment je vais y arriver,
00:47:18 est-ce que je vais y arriver, enfin, 10 000 questions.
00:47:20 Et puis Grigory, je me suis dit que, vu qu'il me faisait confiance,
00:47:26 il n'y avait pas de raison et que je pouvais y arriver,
00:47:29 et qu'on y est arrivés ensemble.
00:47:33 Grigory et moi avons beaucoup de chance,
00:47:37 de par notre famille, de leur patrimoine,
00:47:40 parce que c'est deux familles de céréaliers,
00:47:42 on a la chance de pouvoir profiter.
00:47:46 De ces deux fermes, de ces deux exploitations,
00:47:50 qui sont viables.
00:47:52 Personnellement, Grigory et moi, on n'a pas de crédit.
00:47:56 Donc là, tous les mois, c'est vraiment un petit salaire qu'on a,
00:48:00 mais ce qui nous permet de vivre.
00:48:01 C'est vrai que si on n'avait pas eu la chance
00:48:04 d'avoir l'habitation qu'on a au sein de la ferme familiale de Grigory,
00:48:10 je ne sais pas si on aurait réussi à payer un loyer
00:48:13 et vivre comme on vit aujourd'hui.
00:48:15 Chaque midi, on se fait lait pour faire à manger.
00:48:34 Donc le menu change à chaque fois.
00:48:37 On utilise au maximum les produits du potager et du verger.
00:48:41 En fait, la permaculture, c'est vraiment global.
00:48:44 J'avais l'image à la base du potager,
00:48:47 qu'on laissait un peu en friche d'ailleurs.
00:48:49 Et j'ai compris qu'on pouvait vraiment l'appliquer à tout.
00:48:52 On prend en compte tout l'écosystème
00:48:54 pour vraiment faire au mieux pour l'humain, pour la nature.
00:48:58 Moi, je fais ce métier-là aussi pour éduquer et "échanger" le monde.
00:49:10 Charles aime bien dire ce terme-là, mais c'est vrai en fait.
00:49:13 C'est que quand on éduque les enfants plus petits,
00:49:17 ça permet de semer des petites graines dans la tête des enfants
00:49:22 qui vont germer plus tard, soit dans 5-10 ans.
00:49:27 Et c'est ça qui est chouette.
00:49:29 Tout se passe bien ? Il fait beau enfin ?
00:49:32 C'est un changement de vie, tout simplement.
00:49:35 Dans les grandes lignes, contribuer à faire de ce monde un monde meilleur
00:49:40 et sauver le monde en fait.
00:49:42 C'est cool, ce qu'on fait.
00:49:56 Tu vois, t'as les patates, les os des poules.
00:50:01 Après, on ne sait pas faire de sel encore.
00:50:04 Mais ça va bien.
00:50:06 Moi, je ne suis pas un expert en climatologie,
00:50:19 mais on constate qu'il est un peu déréglé, effectivement.
00:50:23 L'urgence climatique, elle est assez claire maintenant
00:50:27 pour toute la communauté scientifique et publique.
00:50:30 On sait qu'on a des comportements à changer,
00:50:33 on sait qu'on a des comportements à changer de manière individuelle et collective.
00:50:38 Voilà, c'est à nous de nous prendre en main chacun,
00:50:43 à notre petite échelle, mais aussi, voilà,
00:50:47 penser global, quoi.
00:50:49 Là, écoute, on va prendre un petit bout même d'autoroute,
00:50:56 on est des dingues, on sort à Magnanville
00:50:59 et on va aller sur le jardin humain d'une collectivité.
00:51:03 Là, on apporte des plans,
00:51:05 et puis on va faire un petit point où ils en sont,
00:51:08 quels sont leurs besoins, là c'est un peu la transition avant l'été.
00:51:11 Et ça, c'est rémunéré, c'est-à-dire que c'est une prestation d'accompagnement
00:51:18 qui est vue avec la collectivité, le bailleur social,
00:51:23 enfin voilà, qui souhaite développer ça.
00:51:26 C'est important parce que le jardin humain,
00:51:29 c'est souvent l'appropriation de l'espace public en fait.
00:51:32 Et ça, l'espace public, il est commun en fait, il est public.
00:51:36 Et donc n'importe quel bout d'espace commun,
00:51:39 si on réfléchit bien, au lieu qu'il soit à la charge de la communauté,
00:51:42 il peut servir à la communauté.
00:51:44 Donc ça c'est intéressant de se dire en fait, je peux commencer à...
00:51:47 C'est pas une question de reverdir les espaces,
00:51:49 parce que ça c'est du paysagisme, mais c'est bien, il en faut,
00:51:52 mais il faut les rendre fonctionnels.
00:51:55 (sifflement)
00:51:57 Ça va Viking ?
00:52:03 Ah bah moi c'est toujours, je suis toujours dans la chemise blanche.
00:52:08 Ça va Viking ?
00:52:09 Donc ouais, là faut t'imaginer,
00:52:12 ici, il y a quelques années, il y avait une maison en fait.
00:52:15 Et par exemple, là ce qu'on a pu faire,
00:52:18 c'est venir avec les écojardiniers qui étaient intéressés par le projet,
00:52:21 dans un terrain qui était nu, rasé, il n'y avait plus rien quoi.
00:52:25 C'est un peu d'émotion, parce que tu pars d'un rêve,
00:52:29 que tu rends accessible.
00:52:31 Et puis là aujourd'hui, bah ouais, ça prend forme,
00:52:33 les espaces qu'on a imaginés quoi.
00:52:35 Et puis, puis ce que je disais,
00:52:37 ils y arrivent où ? Ils y arrivent où en fait ?
00:52:40 Alors voilà, pas trop près peut-être du bord.
00:52:42 Là si on en met deux ?
00:52:43 Et là ouais, tu peux le mettre là.
00:52:44 Ils nous ont accompagnés depuis le début,
00:52:46 pour nous aider à organiser les différentes parcelles,
00:52:49 les différentes plantations, et puis impulser un petit peu le projet,
00:52:53 en rassemblant quelques magnans villois.
00:52:55 Donc c'était comment prendre en compte l'environnement,
00:52:58 quelles plantations on pouvait faire,
00:53:00 de façon totalement éco-responsable,
00:53:01 parce que notre objectif c'était aussi de faire quelque chose de naturel,
00:53:05 de bio, d'éco-responsable.
00:53:07 On y cultive quelques fruits et légumes,
00:53:08 mais c'est surtout cultiver des échanges,
00:53:11 et puis cultiver le lien social.
00:53:13 Donc c'est dans ce sens-là que la ville souhaite accompagner cette initiative.
00:53:18 C'est Coolaps qui les a plantés là.
00:53:21 Ils ont planté et tout, c'est chouette.
00:53:23 Et voilà, tu fais le petit tas jusqu'ici,
00:53:26 après il n'y a plus qu'à faire les trucs.
00:53:28 On a trouvé en bonne politique,
00:53:43 le secret de faire mourir de faim,
00:53:46 ceux qui en cultivant la terre, font vivre les autres.
00:53:51 Voilà, Voltaire.
00:53:53 250 ans, et c'est toujours d'actualité.
00:53:57 Ce serait quoi l'espoir ?
00:53:59 C'est déjà d'avoir un prix normal des produits.
00:54:02 Arrêter de vendre la perte déjà pour démarrer.
00:54:04 Quand on voit le prix du lait aujourd'hui, le prix qu'il coûte.
00:54:08 Vous produisez un produit, alors vous savez très bien
00:54:10 qu'en le vendant vous perdez de l'argent.
00:54:12 Il va falloir arrêter, il va falloir dire,
00:54:14 voilà le prix du lait, le producteur, ça lui coûte
00:54:17 entre 340 et 350 euros de produire un litre de lait.
00:54:21 Il ne peut pas le vendre en dessous, c'est pas possible.
00:54:24 Après il faut qu'il se rémunère, il faut que son outil vive.
00:54:27 Je crois qu'il y a quelques jours, quelques semaines,
00:54:33 il y a eu une proposition d'augmenter le prix du lait de 9 centimes.
00:54:37 C'est 9 euros la tonne.
00:54:39 Bon, il y a un grand distributeur bleu qui a refusé.
00:54:43 Au nom du pouvoir d'achat.
00:54:46 Par contre, il ne pense pas, lui, à dire que peut-être
00:54:49 que je peux baisser ma marge pour favoriser le producteur.
00:54:52 On ne sait jamais.
00:54:53 C'est le producteur, c'est la variable d'ajustement.
00:54:55 En gros, on ne fixe pas le prix de ce qu'on vend,
00:54:57 mais on ne peut pas négocier le prix de ce qu'on achète.
00:55:01 Parce qu'à un moment donné, vous avez les taux qui se resservent.
00:55:04 Qui a envie de changer les choses aujourd'hui ?
00:55:06 À part les agriculteurs ?
00:55:08 Personne n'a envie de changer les choses.
00:55:10 Tout le monde est bien dans son rôle.
00:55:12 Tout le monde gagne de l'argent.
00:55:14 Pourquoi s'affoler ?
00:55:16 Tiens, tu viens de ramener des tifins ?
00:55:17 On va remettre le parc pour les chiots, s'il te plaît.
00:55:21 Serge et Elisabeth, pour tenter de sortir un peu la tête de l'eau,
00:55:24 ont décidé il y a 5 ans de se lancer dans l'élevage de Labrador chocolat.
00:55:29 Une activité qui leur apporte plus ou moins 500 euros par mois.
00:55:33 Un complément de salaire bien utile et surtout un échappatoire pour Elisabeth.
00:55:38 Oui, c'est une vraie passion, oui.
00:55:41 J'aime les chiens, j'aime les animaux.
00:55:44 J'ai commencé par un, deux, un couple, deux couples.
00:55:47 Et puis après, ça a été plusieurs couples, plusieurs femelles.
00:55:51 Il y a un côté très échappatoire,
00:55:54 parce que ça me permet aussi d'aller dans les bois, de me promener avec eux.
00:55:59 Il n'y a pas une voiture, il n'y a rien.
00:56:01 C'est vraiment un souffle qui est... c'est un trésor.
00:56:07 Musique douce
00:56:10 ...
00:56:15 Au milieu de toute cette tourmente, Serge essaie néanmoins
00:56:18 de passer un peu de temps avec sa famille, tenter de respirer un peu.
00:56:22 - Je suis sûr qu'il y a un loup de génie, ça.
00:56:24 - Ah ouais ? - Il y en a même une rouge.
00:56:27 - Il y a même un loup. - Il y a un loup ?
00:56:30 - Oui. - Tu es sûr qu'il y a un loup ?
00:56:32 - Je suis sûr qu'il y en a un. - T'en vois un ?
00:56:35 - T'es sûr que c'est pas une vache noire ?
00:56:37 - On peut le rentrer s'il y a un loup qui traîne.
00:56:39 - J'aime bien aussi m'asseoir au milieu du champ
00:56:42 et puis regarder tout le Morbihan, la Vallée de l'Elé,
00:56:47 un petit peu tout le paysage, quoi,
00:56:49 et puis les couleurs, parce qu'elles sont jamais les mêmes.
00:56:53 - Je tourne dans le paysage, mais je ne le regarde pas.
00:56:56 Je passe. Je suis tout le temps en mouvement.
00:56:59 De toute façon, je ne me pose pas, je n'arrive pas à me poser.
00:57:02 C'est impossible.
00:57:03 J'ai l'impression que quand on se pose,
00:57:05 qu'il n'y a rien à faire, qu'on n'avance pas.
00:57:07 On est tout le temps à courir.
00:57:09 Quand la journée est finie, une fois que j'ai mangé,
00:57:11 c'est le canapé pour essayer de se vider la tête.
00:57:13 C'est tout. C'est surtout ça.
00:57:15 C'est avoir le four sur la télé pour se vider la tête.
00:57:19 Non, là, c'est le calme de ce temps-ci.
00:57:22 Il n'y a pas un bruit, il n'y a rien.
00:57:24 Un beau rayon de soleil.
00:57:26 C'est vrai que c'est rarement comme ça, quand même.
00:57:32 Je me pose quand même rarement.
00:57:34 Il y en a une, il y en a deux, il y en a trois, il y en a quatre.
00:57:38 Là, c'est un joli moment que tu passes avec eux.
00:57:40 Pour eux, je pense, a priori, oui.
00:57:42 Hein ?
00:57:43 Oui.
00:57:44 Oui.
00:57:45 Et toi, ça te fait, Patricia ?
00:57:47 Oui.
00:57:48 Tant pis rien, tu peux t'allonger tranquillement.
00:57:53 Tu peux t'allonger dans les arbres.
00:57:54 Il y a une bonne petite couche d'herbe, elle est un petit peu humide.
00:57:56 Tu peux t'allonger.
00:57:58 Je peux regarder le ciel, regarder les nuages.
00:58:02 Je donne une forme de nuage à chaque fois.
00:58:05 Regarder les arbres prendre le vent.
00:58:08 Moi, ça me plaît.
00:58:10 Je pense que j'en ai 24 ans, je le laisse.
00:58:12 Alors là, j'ouvre mes trappes.
00:58:30 Comme ça, je peux ramasser mes œufs.
00:58:33 Les poules, en fait, elles sont juste derrière, elles.
00:58:35 On peut voir leur petit bec.
00:58:37 Des fois, elles viennent un peu, là.
00:58:39 Et moi, du coup, je ramasse mes petits œufs tous les jours à la main.
00:58:43 Là, on est sur un poulailler de 600.
00:58:46 Du coup, là, je suis à peu près à 450, 500 œufs.
00:58:51 Parce que là, elles ont déjà presque un an, ces poules-là.
00:58:54 Plus elles vont vers l'âge et plus l'œuf va devenir de plus en plus gros.
00:58:59 Là, aujourd'hui, on ne fait pas de tri, on ramasse tout.
00:59:02 Le tri, il se fait dans le centre d'emballage.
00:59:05 Moi, 80 % de ma production d'œufs a été vendue à des restaurateurs.
00:59:12 Là, quand les restos, ils ont fermé, du jour au lendemain, je me suis retrouvée avec tous mes œufs.
00:59:16 Donc, j'ai envie de dire, c'est un peu plus dans ce sens-là où ça m'effraie.
00:59:22 C'est que, en fait, rien n'est écrit, en fait.
00:59:24 Tout s'écrit.
00:59:25 Et du coup, il faut vivre vraiment au jour le jour.
00:59:34 En cette fin de journée, Laurie nous réserve une surprise.
00:59:37 Elle nous emmène dans une cabane toute particulière.
00:59:41 En fait, c'est l'écurie des producteurs.
00:59:50 L'écurie des producteurs, c'est une petite écurie.
00:59:54 Parce que dans toutes les petites fermes, il y a des écuries.
00:59:57 Et du coup, ma petite écurie à moi, elle est descendue en ville.
01:00:01 Cette petite écurie, c'est surtout un complément de salaire pour Laurie.
01:00:05 Cette idée astucieuse, elle l'a eue il y a 5 ans.
01:00:08 - Pour mes meilleurs clients.
01:00:09 Donc, en fait, c'est très simple.
01:00:10 Il y a une boîte d'œufs.
01:00:11 Vous tapez le 74.
01:00:13 Voilà.
01:00:14 Vous notez du coup le numéro de votre casier.
01:00:16 Vous validez.
01:00:17 Tout se fait en carte bancaire.
01:00:19 On va voir si vous avez bien écouté la maîtresse.
01:00:22 Et là, votre casier va s'ouvrir et votre ticket va sortir.
01:00:30 - C'est bien, ça.
01:00:31 - C'est pratique, efficace et rapide.
01:00:35 - Ah ben !
01:00:36 Et c'est un ouvre-toit.
01:00:38 - Voilà, c'est ça.
01:00:39 - En plus, c'est du jus de prune.
01:00:43 - Local, c'est ma cousine, Kavely.
01:00:46 Ça, c'est des chips de mes cousins aussi de la Bosse.
01:00:51 - Ah ! C'est super bien.
01:00:53 On va prêter à eux.
01:00:54 - Voilà.
01:00:55 C'est gentil pour eux.
01:00:57 - C'est l'avenir, en fait.
01:00:58 On a besoin de...
01:00:59 Effectivement, ce 24 heures sur 24, 7 jours sur 7,
01:01:02 non pas pour dire aux clients "Allez acheter directement là-bas
01:01:07 et venez plus nous voir."
01:01:08 En fait, c'était vraiment avoir un relais de notre travail.
01:01:11 Moi, c'est un gain de temps énorme sur mon entreprise.
01:01:15 Et eux, ça leur permet de pouvoir manger des bons produits tout le temps.
01:01:21 Et pour Laurie, c'est surtout 100 euros de plus dans sa poche.
01:01:25 - Être une femme agricultrice n'est pas toujours chose facile.
01:01:28 Dans un milieu longtemps dominé par les hommes et figé dans la tradition,
01:01:32 les femmes sont le nouveau visage de l'agriculture en France.
01:01:35 Aujourd'hui, un chef d'exploitation sur 4 est une femme.
01:01:39 - Eh, les comères, là !
01:01:41 Vous voulez faire vos stars, les meufs ?
01:01:43 Allez, on chante une chanson !
01:01:47 Ako, loko !
01:01:49 Ako, loko !
01:01:53 Bisous !
01:01:56 Maman revient !
01:01:59 Être une femme dans le monde agricole, c'est compliqué
01:02:04 parce que je pense que forcément, les gènes de l'agriculture,
01:02:09 c'est l'homme français, le petit-fils, le fils qui devient agriculteur.
01:02:14 Moi, je me souviens de ma grand-mère à chaque fois qui me disait
01:02:16 "Je vais t'apprendre la couture, je vais t'apprendre à faire à manger."
01:02:20 Et la pauvre, elle était désespérée parce que dès qu'il y avait un moment
01:02:23 où il fallait faire de la couture ou qu'il fallait faire un repas,
01:02:27 je partais, quoi !
01:02:29 Je suis complètement fière d'être agricultrice et d'être une femme agricultrice.
01:02:34 Dès qu'on va douter de moi ou me dire "Non, tu n'es pas capable de faire ça"
01:02:38 ou alors "Mais n'y compte même pas",
01:02:40 eh bien justement, je pense que c'est une force.
01:02:43 Dès que j'entends ça, il faut que je surmonte tout ça, toute seule.
01:02:48 J'aime être libre.
01:02:52 Les gens ne s'imaginent pas forcément, quand on est dans un monde agricole,
01:03:09 qu'il y a tout ça derrière.
01:03:11 N'importe quel agriculteur aujourd'hui qui fait par exemple des grandes surfaces,
01:03:17 des céréales, d'ailleurs on le dit bien, il est chef d'exploitation.
01:03:21 Oui, plutôt ici.
01:03:23 Il est responsable d'exploitation.
01:03:25 Et du coup, le truc c'est qu'il doit aussi faire de la paperasse,
01:03:29 il doit aussi remplir énormément de dossiers.
01:03:32 Un paysan, il sort un peu de sa fonction première.
01:03:37 Un paysan, c'est d'abord quelqu'un qui fait le paysage.
01:03:41 On a été formé pour travailler avec la terre et qu'on se retrouve derrière des papiers,
01:03:45 je crois que ce n'est pas l'enjeu en fait.
01:03:47 C'est vrai que quand on nous voit dehors, au-dessus d'un jardin,
01:03:50 on a l'impression que, on se balade en short et on mange des fleurs.
01:03:56 Le sujet n'est pas là en fait, le sujet est de changer le monde,
01:03:59 donc il faut se donner un peu les moyens.
01:04:01 Toilette sèche, nettoie, etc.
01:04:04 Je suis parti sur un cercle vertueux.
01:04:07 Toilette sèche, compost, production, être humain, être humain composé, 65% d'eau.
01:04:12 On fait la boucle, l'être humain a d'autres besoins, manger.
01:04:15 Tous les gens qui travaillent là, ils sont tous payés.
01:04:17 Ils sont tous payés pour travailler.
01:04:20 Et voilà, ils sont contents en plus.
01:04:24 C'est ça qui est assez incroyable.
01:04:26 Là, on est plus proche du SMIC qu'un salaire qu'il devrait avoir en sortant d'un G.
01:04:32 En fait, l'argent, c'est qu'un flux, c'est une énergie.
01:04:35 S'il y en a qui ont beaucoup de besoins ou pas beaucoup de besoins,
01:04:38 on n'est pas là pour dire, vous devez avoir tel salaire ou vous n'aurez pas plus.
01:04:43 La loi encadre le SMIC, ça me semble déjà un minimum.
01:04:48 Mais voilà, après, si vous avez plus de besoins, vous voulez plus,
01:04:53 quelque part, faites cette activité.
01:04:56 Aujourd'hui, l'exemple de Thomas, il fait bien plus que ce qu'il a besoin lui.
01:05:00 Et il dit, non, moi, ce qui m'intéresse, c'est pas d'être payé plus.
01:05:03 Ce qui m'intéresse, c'est d'avoir un compagnon de route
01:05:06 et puis après un deuxième pour développer ce pôle d'animation.
01:05:10 - Et toi ? - C'est des choix perso.
01:05:13 Moi, c'est toujours la question un peu bizarre.
01:05:15 Moi, je suis bénévole et je ne suis pas rémunéré.
01:05:19 C'est-à-dire qu'en fait, moi, je suis, comme tous les bénévoles,
01:05:22 je suis défrayé sur les frais de déplacement.
01:05:24 Dès l'instant où je me déplace sur un projet,
01:05:26 le frais de déplacement est imputé à ce projet-là.
01:05:29 Et du coup, voilà, si je vais pour les animations,
01:05:34 pour le bureau d'études, voilà.
01:05:36 Et après, il y a des prestations que je peux faire,
01:05:39 disons, occasionnellement à l'extérieur,
01:05:42 qui peuvent être en direct, en fait.
01:05:44 Parce que moi, j'ai un statut de libéral.
01:05:47 Donc voilà. C'est comme ça que ça fonctionne, en fait.
01:05:50 - Mais comment elle vit, cette ferme ? Avec quel argent ?
01:05:53 - Avec l'argent de l'ICIP.
01:05:55 C'est-à-dire que nous, on a créé un système qui est...
01:05:59 En fait, le foncier, il est bloqué par une SCI,
01:06:04 en fait, qui est une structure,
01:06:06 qui est juste un montage juridique, en fait,
01:06:09 qui permet d'être à plusieurs et de se dire,
01:06:12 OK, ben, on va bloquer ce foncier-là.
01:06:15 Et ce foncier, on va faire un prêt
01:06:18 pour rembourser l'achat de cette ferme.
01:06:21 Et ce prêt lui-même est remboursé par la location de la ferme.
01:06:24 Et la location de la ferme, elle est assurée
01:06:26 par l'association qui loue la ferme.
01:06:28 Allez-y, les enfants.
01:06:35 Si vous voulez, vous pouvez mettre sur le...
01:06:37 Vous pouvez vous mettre sur les...
01:06:39 - Les petits murets. - Les petits murets.
01:06:41 Ce matin, on va faire un tour de la ferme.
01:06:44 On va visiter la ferme.
01:06:46 Vous allez voir, elle est pas très grande,
01:06:48 mais il y a quand même plein de choses à voir.
01:06:51 Et juste après, on va faire du jardinage.
01:06:55 On va faire un atelier sur le potager.
01:06:59 D'accord, Doc?
01:07:01 Allez.
01:07:03 Alors, les enfants, je vous invite à venir...
01:07:06 me suivre.
01:07:09 Après, les enfants, par là-bas, il faut faire attention,
01:07:12 il y a des plantes carnivores qui mangent les enfants.
01:07:17 Et on va rentrer dans ce qu'on appelle le potager.
01:07:21 J'ai 7 ans, et moi, pour protéger la planète,
01:07:29 eh bien, je décide de ramasser tous les déchets,
01:07:35 faire des ateliers, de ramasser les déchets par terre.
01:07:39 Comme ça, au moins, la planète, elle va pas mourir.
01:07:43 Il y a des enfants qui savent plus de choses
01:07:46 que les parents.
01:07:48 Et ça, ça m'arrive tous les jours en animation
01:07:51 de voir que les enfants connaissent 10 fois plus de choses.
01:07:55 Et donc, en fait, l'animation sert pour les parents
01:07:58 ou les accompagnateurs plus qu'aux enfants.
01:08:01 La permaculture, comme disait Mollison,
01:08:05 qui avait comme cône son fondateur de la permaculture,
01:08:08 c'est l'art de concevoir des lieux dans lesquels il fait bon vivre.
01:08:14 Nous trois agriculteurs ont décidé de se retrouver
01:08:17 pour échanger sur ce métier si peu commun que celui de paysans.
01:08:21 Une petite thame à nous, pour manger.
01:08:30 Bonjour !
01:08:35 Bonjour !
01:08:37 Ça va ?
01:08:42 Oui, et toi ?
01:08:43 Oui, vous avez fait bonne route ?
01:08:45 Oui, Serge.
01:08:46 Laurie.
01:08:47 Élisabeth.
01:08:48 Et Thérèse.
01:08:49 Merci d'être venus.
01:08:51 Et on vient du Finistère Sud.
01:08:53 D'accord, bienvenue en Normandie alors.
01:08:55 Merci.
01:08:56 Bonjour !
01:08:58 Bonjour !
01:08:59 Bonjour !
01:09:00 Ça va ?
01:09:01 Très bien.
01:09:02 T'as fait bonne route ?
01:09:03 Super.
01:09:04 Bon, ça va, t'es pas très loin toi.
01:09:05 Ouais, ouais, dans une quart d'heure, 20 minutes.
01:09:07 Vas-y, installe-toi.
01:09:08 C'est nos lits plus loin alors.
01:09:10 Je vous ai ramené des petites plantes de la ferme.
01:09:13 Ah, c'est gentil.
01:09:14 Merci.
01:09:15 Vous voulez du jus de pomme ?
01:09:16 Ah, moi de l'eau.
01:09:17 De l'eau ?
01:09:18 Ouais, ouais, je veux bien du jus de pomme.
01:09:19 Très bien.
01:09:20 Ok, bah je vais vous chercher ça, Robin, tu viens avec moi, on va chercher à boire.
01:09:23 J'arrive.
01:09:24 Moi, je vais te raconter un truc à la maison.
01:09:27 Allez mon petit fermier, on va donner à boire à tout le monde.
01:09:29 On a un châtaigne.
01:09:31 Tu devais avoir...
01:09:33 T'as des châtaigniers ?
01:09:34 T'as des châtaigniers un peu partout ?
01:09:36 Serge, t'es un fou !
01:09:37 On a deux châtaigniers, ouais.
01:09:39 Tu nous expliquais tes petites plantes ?
01:09:41 Ouais, qu'une partie de l'assaut, parce que nous on est dans une structure qui est associative en fait.
01:09:47 Et du coup, une partie de l'assaut, elle s'occupe de ces jardins humains du coup, de créer du lien, tu sais, aussi avec les gens en fait.
01:09:57 On a été amener des plants hier, là.
01:10:00 Et voilà, c'était chouette quoi.
01:10:02 Moi, c'est une plante qui protège l'autre et l'autre qui va donner la suivante.
01:10:07 C'est un mécosystème.
01:10:09 Où tout le monde aide tout le monde.
01:10:11 Autant l'humain que les plantes.
01:10:12 Exactement.
01:10:13 Normal, c'est le but du jeu.
01:10:14 Voilà, bah c'est bon, merci.
01:10:16 C'est ce que moi j'ai appris.
01:10:18 Après, je connais rien de plus.
01:10:19 Moi j'y connais rien.
01:10:21 J'ai du mal à venir plus loin.
01:10:22 Moi j'ai entendu parler de toi, Serge, mais je sais vraiment pas ce que tu fais vraiment dans la vraie vie.
01:10:26 Moi, je suis producteur de lait en Bretagne.
01:10:28 D'accord.
01:10:29 Donc en gros, j'ai eu des difficultés de santé, des difficultés financières.
01:10:34 Je suis sorti de Gaël qui a traîné quand même pratiquement 6 ans.
01:10:38 Où tu as perdu beaucoup d'argent.
01:10:40 J'ai perdu énormément d'argent.
01:10:42 Et puis le barbot qui est arrivé il y a 2 ans, 2 ans, il est passé.
01:10:46 Ma porche chaude, elle s'est effondrée.
01:10:48 Et puis là, le matin, on voit les animaux de tombe.
01:10:52 J'ai plongé, j'ai essayé de sortir.
01:10:53 Et puis dans la spirale, je me suis rendu compte que j'étais au bout du monde.
01:10:57 Je me suis même pas rendu compte.
01:10:59 C'est les profils qui étaient là qui ont fait en sorte de me fétaliser parce qu'il n'y avait pas d'autre solution.
01:11:03 C'était il y a 2 ans et demi ?
01:11:04 Un peu plus de 2 ans.
01:11:06 Un peu plus de 2 ans ?
01:11:07 Moi, je sais que demain, ça marche plus et ça ne fonctionne pas.
01:11:10 Je ne sais pas si je continue en fait.
01:11:12 Je ne sais pas si je ferme tout avant que ce soit pire.
01:11:16 Mais après, je te comprends.
01:11:19 Je pense que tu ne vois pas l'avenir.
01:11:21 C'est compliqué de fermer tout parce qu'il y a tellement d'emprunts et de choses en route.
01:11:24 Si demain, j'arrête tout, je vais perdre tout ce que j'ai.
01:11:28 Donc je vais perdre 30 ans de vie.
01:11:30 Oui, je comprends ce que tu dis.
01:11:31 Tu as vécu et puis...
01:11:33 Mais ce ne serait pas une façon de tourner la page ?
01:11:36 Je ne supporterai pas.
01:11:37 Non, tu ne supporterais pas non plus.
01:11:39 Pour toi, ce serait un échec.
01:11:41 C'est déjà un échec.
01:11:42 Oui.
01:11:43 C'est compliqué mais le fait de devoir tout arrêter, ce sera encore plus compliqué.
01:11:46 Je ne le supporterai pas.
01:11:47 Donc tu préfères rester aujourd'hui comme ça, t'occuper de tes animaux ?
01:11:50 Je préfère essayer de trouver une solution, bien qu'elle soit compliquée,
01:11:52 essayer de continuer tant qu'on peut.
01:11:54 C'est compliqué mais on va dire qu'il reste 2 ans de vraiment compliqué.
01:11:58 Si on arrive à passer le cas de 2 ans, ça devrait le faire.
01:12:00 Et si tu ne le passes pas ?
01:12:02 Je ne sais pas.
01:12:03 On le passera.
01:12:05 C'est sûr que c'est compliqué parce que tu as mis toutes tes tripes dedans.
01:12:08 Et on ne fait pas le même métier.
01:12:10 Pour autant, c'est pareil.
01:12:11 Quand tu dis que j'en subis des vertes et des pas mûrs, moi c'est encore le cas.
01:12:15 Donc oui, c'est touchant.
01:12:18 Pour moi, ce n'est pas un métier.
01:12:19 C'est une vie.
01:12:20 Est-ce que demain, si tu gagnes de l'argent avec ton lait, tu iras mieux ?
01:12:24 Psychologiquement, oui.
01:12:26 Avoir de la visibilité pour demain, ce serait bien.
01:12:28 Demain, on va vous acheter vos produits laitiers à tel prix.
01:12:32 De toute façon, est-ce que vous pouvez en vivre ?
01:12:35 Aujourd'hui, on fait les produits, on les vend, mais on perd de l'argent.
01:12:41 Si demain, on me dit qu'on peut aller pour la tonne de lait à 360 euros minimum garantie,
01:12:48 là, je me dis que j'arrête, je ne perds plus d'argent.
01:12:51 Toi, tu es obligé de suivre tous ces cours de lait, où tu ne peux même pas gérer ton prix.
01:13:01 C'est justement la force que j'ai voulu avoir en montant cette exploitation de poules pondeuses.
01:13:07 C'était de tout tenir dans mes mains.
01:13:10 Je me suis dit qu'aujourd'hui, mon élevage, c'est moi qui le crée.
01:13:14 Qu'est-ce que je veux en faire ?
01:13:15 J'achète mes poules, ok.
01:13:17 Qu'est-ce que j'en fais après ?
01:13:18 Je les tue comme tout le monde ?
01:13:19 Non, je ne les tue pas parce que je ne veux pas tuer mes animaux.
01:13:22 Qu'est-ce que j'en fais après de mes œufs ?
01:13:24 Est-ce que je les emmène dans un centre d'emballage ?
01:13:26 Aujourd'hui, il y a énormément de normes.
01:13:28 C'est un coût délirant.
01:13:32 Aujourd'hui, je suis tellement fière de me dire que je suis une petite productrice.
01:13:36 Je fais tout de A à Z.
01:13:38 C'est moi qui leur donne à manger.
01:13:39 C'est moi qui fabrique mon alimentation.
01:13:41 C'est moi qui les élève.
01:13:42 C'est moi qui les nourrit.
01:13:43 C'est moi qui fais attention à elles.
01:13:45 C'est moi qui ramasse leurs œufs, qui les conditionne, qui les mire, qui les tamponne.
01:13:48 Et qui les commercialise au prix que je vous ai dit.
01:13:51 C'est super.
01:13:54 Aujourd'hui, j'ai toute la chaîne.
01:13:57 C'est moi qui gériche tout.
01:13:59 Mais après, forcément, les choses sont un peu différentes.
01:14:02 Ce que tu fais avec tes clients, tu leur dis "Regardez, j'ai des œufs.
01:14:06 À côté de chez moi, il y a ça. Vous pouvez aussi acheter ça."
01:14:09 Imagine que tout le monde à la ferme a une coopérative d'achat.
01:14:13 Chacun achète ce qu'il veut.
01:14:16 C'est vraiment une coopérative.
01:14:19 Comme les coopératives agricoles, mais en tout petit.
01:14:22 Mais si chacun fait les choix d'aller chercher les fournisseurs de moutarde,
01:14:28 ça fait 3 millions de kilomètres.
01:14:31 3 millions de kilomètres pour arriver sur la table.
01:14:34 Je pense que c'est chacun qui doit se prendre en main.
01:14:37 Il faut arrêter aussi d'attendre les pouvoirs politiques.
01:14:42 Ce que tu fais, c'est un acte politique.
01:14:45 "Je vends mes œufs à moi, avec mon système, tant."
01:14:48 On n'est pas bêtes. On aime ce qu'on fait.
01:14:51 Pourquoi on ne commercialise pas tout nous-mêmes ?
01:14:54 Pourquoi on attend que tout le monde le fasse à notre place ?
01:14:57 Et que tout le monde mange à notre place ?
01:15:00 Et que nous, on est là en train de mourir.
01:15:03 Et acheter des produits de merde parce que tu ne peux pas manger.
01:15:06 En plus, tu manges de la merde alors que tout est local et fait autour de chez nous.
01:15:10 On serait tous en bonne santé.
01:15:13 On a un système qui est fait pour pousser la réculture très vite à produire beaucoup.
01:15:18 Tous les élus dans les coopératives, dans tous les syndicats partout,
01:15:24 ils tiennent tellement bien à leur poste qu'ils ne veulent rien changer.
01:15:27 "On n'en a rien à foutre des autres. Moi, ce que je veux, c'est mon poste et ma paix qui va avec."
01:15:31 Et du coup, ils font ce qu'on leur dit de faire.
01:15:34 Si les coopératives, quand il y a un bureau avec des administrateurs,
01:15:37 le directeur dit "Pour le bien de la coopérative, il faut diminuer le prix pour qu'on augmente nos bénéfices.
01:15:43 Vous avez été élu, vous allez appliquer ce que je vous dis."
01:15:46 Ils vont tous signer en bas de la feuille. Comme ça, ils vont leur payer à la fin du mois.
01:15:49 Le producteur, c'est un petit point.
01:15:51 À côté, il y a des gros points qui sont là. Et ces gros points-là, ils gèrent tout.
01:15:55 Ils gèrent vos factures parce que c'est quand même eux qui vous font la facture.
01:15:58 Aujourd'hui, on est rentré dans un système où les accepteurs ne font même plus sa facture.
01:16:01 Je suis d'accord avec toi.
01:16:03 Mais tous les petits points que tu dis là, si tu regardes tous les petits points de la France,
01:16:07 est-ce qu'un jour, tous les petits points ne sont pas plus gros que tous les gros points ?
01:16:11 Ah si !
01:16:12 Mais si, ils ont plus de poids.
01:16:13 Et alors pourquoi ? Pourquoi on ne le fait pas ?
01:16:15 Il n'y a pas de solidarité.
01:16:16 Il n'y a pas de solidarité, d'accord. Mais il ne faut pas le changer, ça.
01:16:21 Personne n'a intérêt.
01:16:22 Les autres agriculteurs autour de toi, ils t'aident un peu ?
01:16:24 Non.
01:16:25 Je suis un peu un immigré.
01:16:28 Parce que quelque part, j'ai piqué un peu la ferme sous le nez de certains,
01:16:32 peut-être pas trop précis.
01:16:34 Mais personne n'a voulu la prendre telle qu'elle était.
01:16:37 Donc tout d'abord, j'ai un peu troublé les cartes.
01:16:39 Moi, ça m'inspire parce que si tu veux,
01:16:43 je suis arrivé dans un village où je suis un étranger.
01:16:46 Mes parents habitent à 10 minutes.
01:16:50 Donc on est très loin.
01:16:52 Ah oui, mais ça c'est…
01:16:53 On est l'étranger parce qu'on rentre dans le village et que…
01:16:55 On n'est pas mené là.
01:16:56 Et que c'est comme toi.
01:16:58 C'est-à-dire qu'en fait, il y a une ferme qui est là, qui est en vente.
01:17:02 Tout le monde la veut, mais personne ne l'achète.
01:17:04 Moi, j'arrive la fleur au fusil en disant, on va changer le monde, tu vois.
01:17:08 C'est génial.
01:17:10 Et tu te retrouves avec tout le monde qui te met des bâtons dans les trous, tu vois.
01:17:17 Ah bah ça…
01:17:18 Ça, ils adorent.
01:17:19 Et tu te dis, mais attendez…
01:17:22 C'est de la jalousie.
01:17:23 Ouais, c'est ça.
01:17:24 À un moment donné…
01:17:25 C'est très compliqué la jalousie dans le métier.
01:17:26 Je veux dire, on n'est pas en train de faire de l'arsenic pour empoisonner le monde, tu vois.
01:17:30 Je veux dire, tous, on est en train de nourrir les gens, en fait.
01:17:33 Moi, quand je te raconte les jardins, tu vois, avec les côtés festifs et rigolos, c'est génial.
01:17:37 Mais il faut quand même se rendre compte que tu as des gens qui viennent là parce qu'ils vont chercher à bouffer, en fait.
01:17:41 Voilà, c'est ça.
01:17:42 Mais il y a beaucoup de monde qui sont là parce qu'ils mangent, en fait.
01:17:45 Tout ce qu'on fait, c'est nourrir.
01:17:47 Directement ou indirectement, c'est à la saison des plats ou autre chose, mais il y a besoin de quelque chose.
01:17:52 On est tous dans le même bateau.
01:17:54 De toute façon, l'humanité est dans le même bateau.
01:17:56 Il faut arrêter, quoi.
01:17:57 Et là, au monde agricole, au lieu de se dire on est dans le même bateau, même on fait tous des choses différentes, là.
01:18:02 En fait, tous les quatre, parce qu'on fait de l'exploitation, mais en fait, toi aussi, c'est de l'agricole.
01:18:07 Oui, c'est ça.
01:18:08 Et tu te dis, putain, mais on va tous crever, quoi.
01:18:12 Arrêtons de nous enfoncer, tu vois, les uns les autres.
01:18:14 Ce n'est pas le jeu, quoi.
01:18:15 Au contraire, allons aider les voisins, allons aider Serge.
01:18:19 Surtout, on ne nous prie pas de mentir.
01:18:20 Il ne faut pas que les hommes se mentent.
01:18:22 Ils vont venir boire un coup, tu vois, j'ai envie de te dire.
01:18:24 Juste un truc fun.
01:18:25 Des conseils, ouais.
01:18:26 Tu as passé une journée, tac, on se boit un petit jus, comment ça a été ta journée, rien que ça.
01:18:31 Ça te change ta journée, en fait.
01:18:34 Tu ne sais pas où je vais aller faire la moitié de ton travail, mais juste ça.
01:18:37 Ce que je souhaite à Serge, c'est d'avoir Taniak à toi et de prendre un petit bout de toi et de le mettre là pour dire, ok, les gars.
01:18:48 Je te jure, on est tellement.
01:18:50 Ça déborde.
01:18:52 Moi, j'emmène les poules, toi, t'emmènes tes plantes.
01:18:55 On va à toutes chez vous, ok ?
01:18:57 Oh, il y a la plage, il n'y a pas de problème.
01:18:59 [Musique]

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