Europe 1
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Chaque matin, Vincent Hervouët nous livre son regard sur l'actualité internationale. Ce lundi, il revient sur le séisme qui a eu lieu au Maroc, et sur le fait que le Roi n'appelle pas au secours.
Retrouvez "L'édito international" sur : http://www.europe1.fr/emissions/vincent-hervouet-vous-parle-international
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News
Transcription
00:00 7h-9h, Europe 1 Matin.
00:03 Bon début de journée avec Europe 1...
00:05 Vous écoutez Europe 1 Matin 7h42, Dimitri Pavlenko.
00:08 Dans un instant, le club culture d'Europe 1 Matin,
00:10 le livre du jour de Nicolas Caron.
00:12 Bonjour Nicolas.
00:13 Bonjour.
00:14 Moi c'est chouette, c'est le nouveau recueil de textes courts
00:16 de Philippe Delerme, ça s'appelle "Les instants suspendus".
00:19 Ah, la première gorgée de bière.
00:20 Tout le monde a ça dans sa bibliothèque.
00:21 La série de la semaine, Héloïse Goua, bonjour.
00:23 Bonjour Dimitri, moi aussi c'est chouette,
00:25 mais c'est pas très drôle, un drame australien
00:28 avec Sigourney Weaver qui est magnifique.
00:29 Ah, Sigourney Weaver.
00:30 Bon, à tout de suite, mais d'abord,
00:32 l'édito international sur Europe 1.
00:34 Bonjour Vincent Herouët.
00:35 Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:37 Vincent, on parle avec vous ce matin du séisme au Maroc,
00:39 le monde entier a proposé son aide,
00:41 mais les autorités marocaines ne semblent pas pressées
00:43 d'accueillir les équipes d'urgence, notamment les secours français.
00:47 Oui, c'est dans l'épreuve qu'on reconnaît ses amis
00:49 et le Maroc a beaucoup d'amis,
00:50 tous ont offert leur aide dès samedi.
00:52 Le roi a dit merci, il a ouvert ses frontières
00:55 aux seules équipes envoyées par le voisin espagnol
00:58 au pont aérien des Émirats
01:00 et à des spécialistes britanniques aussi.
01:02 Le Maroc a un gouvernement, ce n'est pas Haïti
01:05 où l'État était par terre bien avant qu'un séisme
01:08 ne démolisse le palais national.
01:10 Le Maroc veut garder la maîtrise des secours,
01:13 ne pas se laisser déborder par les ONG,
01:15 qu'elles soient occidentales ou islamistes.
01:17 Ce ne sera pas l'Indonésie
01:20 submergée par l'aide internationale après le tsunami.
01:23 C'est affaire de souveraineté et aussi de standing.
01:26 Le Maroc se veut un pays émergent,
01:28 il a des ressources, des volontaires, des hôpitaux, des militaires,
01:31 il ne fait pas la manche.
01:32 Ajoutons que ce grand barnum des ONG humanitaires
01:36 aurait eu du mal à se frayer un chemin sur les routes de montagne
01:39 coupé par les éboulis,
01:41 elle serait arrivée trop tard de toute façon pour sauver des vies.
01:45 - Alors la France n'a pas été, Vincent Ladernier,
01:47 à proposer ses services mais en vain.
01:49 - Emmanuel Macron s'est dit bouleversé,
01:52 ce qui est beaucoup d'émotion quand même.
01:54 A New Delhi, il a aussi réuni le Premier ministre indien,
01:57 l'Union européenne, l'Union africaine, la FMI, la Banque mondiale
02:00 pour signer ensemble une promesse d'aide,
02:02 ce qui fait beaucoup d'agitation quand même.
02:05 En face, silence.
02:07 Si dans le malheur on reconnaît ses amis,
02:09 on n'oublie pas ses ennemis.
02:11 En mars, Emmanuel Macron était au Gabon
02:13 pour un sommet sur la forêt, Mohamed VI y séjournait.
02:16 Le président l'a appelé, le roi n'a même pas décroché.
02:19 Le président a quand même prétendu en conférence de presse
02:23 avoir des relations personnelles amicales avec le souverain.
02:26 Les Marocains ont pris ce déni pour du mépris,
02:30 le démenti glacial est tombé de rabat,
02:33 les relations ne sont ni bonnes ni amicales,
02:36 pas plus entre les deux gouvernements
02:37 qu'entre le Palais royal et l'Elysée.
02:40 C'est un nom catégorique, un nom comme une porte qui claque.
02:43 - Vincent, c'est du jamais vu depuis l'indépendance.
02:45 - Autant Alger passe son temps à insulter Paris à tous propos
02:49 et c'est constant depuis 60 ans,
02:51 autant le Maroc et la France sont toujours ménagés,
02:54 même quand les hommes politiques n'avaient pas d'atomes crochus.
02:57 Mais depuis 10 ans, les crises se succèdent.
03:00 Il y a eu les coups fourrés des services secrets
03:02 qui ont joué un rôle majeur dans cette brouille.
03:04 C'est un roman, j'en connais un bout.
03:06 Il y a la rivalité avec Alger que François Hollande,
03:10 puis Emmanuel Macron ont tellement courtisé.
03:12 Il y a l'affaire du Sahara occidental
03:14 et la France refuse de s'aligner sur les États-Unis,
03:17 l'Espagne ou l'Allemagne,
03:19 qui ont reconnu que ce désert était marocain.
03:21 Il y a l'arrogance de l'ancien colonisateur
03:24 qui se croit irremplaçable
03:26 et l'arrogance de l'ancien colonisé
03:29 qui néglige le principal investisseur, son meilleur client,
03:32 le pays où réside la plus grande partie de sa diaspora.
03:36 Et il y a enfin l'animosité que se portent un roi et un président.
03:40 Pour une fois, on ne pourra pas accuser les Russes.
03:43 Question de caractère, question de génération aussi.
03:46 Envoyer des pansements ne suffira pas à enterrer la querelle.
03:49 Elle est d'autant plus incongrue que les deux peuples sont proches,
03:53 on le voit depuis samedi,
03:55 avec l'émotion que suscite ici le malheur vécu là-bas.
03:59 – Signature Europe 1, Vincent Herouette.
04:01 Merci beaucoup Vincent.