Le maire de Marseille est l'invité cette semaine de la nouvelle saison de Rue de la République. ...
Vidéo publiée le : 10/09/2023 à 10:00:00
Lien vers l'article de Maritima.info :
https://www.maritima.info/actualites/politique/marseille/15445/benoit-payan-je-n-ai-qu-un-seul-but-recoudre-la-ville-retisser-des-liens-.html
Vidéo publiée le : 10/09/2023 à 10:00:00
Lien vers l'article de Maritima.info :
https://www.maritima.info/actualites/politique/marseille/15445/benoit-payan-je-n-ai-qu-un-seul-but-recoudre-la-ville-retisser-des-liens-.html
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 (Générique)
00:10 La quatrième saison de Rue de la République s'ouvre avec un invité de prestige.
00:13 Merci au maire de Marseille, Benoît Payan, d'être en notre compagnie.
00:16 Bonjour Benoît Payan.
00:17 Bonjour à vous et merci à vous de m'avoir invité.
00:19 Alors évidemment, grande saison qui s'annonce aux côtés de Léo Purget, le président,
00:23 le directeur éditorial de La Marseillaise.
00:25 Merci Léo d'être à mes côtés pour recevoir le maire de Marseille qui lui-même reçoit le Monde
00:30 avec la Coupe du Monde qui se déroule en ce moment, avec la visite du Pape.
00:34 Ce n'est quand même pas tous les mois de septembre que ça va se dérouler comme ça.
00:37 Est-ce que Marseille est préparée, Benoît Payan ?
00:39 Ben Marseille s'y prépare. Marseille va être le centre du Monde pendant tout ce mois de septembre
00:45 parce qu'accueillir deux événements d'une ampleur pareils, évidemment la Coupe du Monde de rugby,
00:51 on commençait, vous l'avez dit, d'ailleurs ça va continuer tout le mois.
00:56 Et puis surtout, la venue du Pape pendant deux jours à Marseille,
00:59 c'est quelque chose qui se prépare depuis longtemps, c'est quelque chose auquel on a réfléchi,
01:04 c'est quelque chose pour lequel on s'est battus et puis ça va être pour les Marseillaises et pour les Marseillais
01:08 une immense fierté pour moi bien évidemment, mais pour tout le monde.
01:12 Le Pape vient d'élivrer un message de solidarité avec les migrants
01:15 qui finalement est assez cohérent avec celui de votre majorité municipale.
01:19 Est-ce que c'est un Pape de gauche ?
01:21 Je crois qu'on ne peut pas dire ça et ça ne peut pas marcher comme ça.
01:23 Je pense que c'est un Pape qui a lu les évangiles et donc j'invite y compris
01:27 tous les gens qui se réclament du catholicisme, tous les gens qui portent le catholicisme en étendard,
01:32 toutes celles et ceux qui veulent inscrire dans la Constitution les racines chrétiennes du pays,
01:36 à lire ce qui est écrit dans les évangiles.
01:38 Et dans les évangiles, il est écrit qu'on doit tendre la main aux plus faibles, aux plus démunis.
01:43 Il est écrit que c'est des plus pauvres qu'on doit s'occuper et c'est à eux qu'on doit s'adresser.
01:48 Alors en effet, le Pape François a une lecture très forte de tout ça.
01:54 Et il a raison quand il bouge les États.
01:57 Il a raison quand il dit aux gouvernants "ne fermez pas les yeux, ne fermez pas les mains,
02:02 ne laissez pas mourir des gens au Méditerranée, vous n'avez pas le droit, vous pays riches, de détourner le regard".
02:09 Qu'est-ce que c'est que cette société qui est en train de se replier sur son identité ?
02:13 Qu'est-ce que c'est que ce monde qui est en train de refuser de regarder en face les périls qui sont devant nous ?
02:19 Je crois qu'il a raison d'avoir une parole aussi forte.
02:23 Et moi je suis très fier qu'il le fasse ici à Marseille, parce que cette ville c'est un symbole.
02:27 C'est une ville qui, tout au cours de son histoire, a accueilli les plus pauvres.
02:32 Quand les fracas de l'histoire sont venus dévaster les pays, c'est à Marseille qu'on a trouvé refuge.
02:36 C'est notre histoire, c'est celle de nos parents, de nos grands-parents, de nos arrières-grands-parents.
02:41 Et s'il y avait bien un endroit où le pape François pouvait dire ça avec autant de force, c'est ici.
02:46 Alors oui, j'en suis pas peu fier, parce que c'est important, dans le temps qui vient,
02:51 dans ce qui est en train de se préparer, dans les lois qu'on est en train de nous concocter,
02:55 dans l'Europe telle qu'elle est en train de se construire, que de rappeler ce qui me paraît être fondamental en fait.
03:00 Vous pensez que l'humanité, on doit la colorer politiquement ?
03:04 Et c'est ce que je dis d'ailleurs à mes adversaires politiques.
03:07 Vous pensez que c'est être de droite ou être de gauche que de tendre la main à quelqu'un qui se noie ?
03:11 Quelle honte de penser ça ou d'imaginer ça.
03:13 Alors Benoît Pérignon, vous avez fait déjà le lien entre le ciel et la terre, avec la politique.
03:18 On est à mi-mandat, vous avez eu un bon sondage, 60% des Marseillais vous trouvent compétents, honnêtes.
03:25 Ça veut dire qu'on fait plus rien, c'est plié, on laisse tomber maintenant ?
03:28 D'abord, moi je lis pas les sondages, j'ai plutôt l'impression que ça inquiète mes adversaires,
03:31 plutôt que ce que ça peut rassurer cette majorité ou moi-même.
03:35 Les sondages, quand ils sont bons on est content, quand ils sont pas bons on est pas content.
03:38 On leur fait dire ce qu'on veut en général.
03:40 Ça je sais pas si on leur fait dire ce qu'on veut, en tout cas il y a des chiffres, les chiffres sont les chiffres.
03:44 Mais ça ne veut rien dire d'autre qu'une photo à un instant.
03:47 Au contraire, on est une majorité au travail et Marseille ne se refera pas en un jour.
03:53 Marseille ne se relèvera pas en un jour et à mi-mandat, on voit déjà que, évidemment,
03:58 toute la force qu'on a mis dans cette envie de changer les choses, commençait à porter ses fruits.
04:04 Il n'y a rien justement que de faire de cette ville le centre du monde,
04:07 que d'avoir réussi à attirer l'attention de l'État, à avoir obtenu des milliards d'euros pour les transports.
04:13 Le plan Marseille en grand ?
04:14 Pour les écoles, le plan Marseille en grand avec le président de la République.
04:17 Vous savez que je ne partage pas les idées du président de la République.
04:19 Vous êtes équilibriste quelquefois, Benoît Payan.
04:21 Pas du tout, pas du tout, au contraire.
04:23 Ce ne sont pas vos idées politiques, mais quand même vous arrivez à parler, à discuter.
04:25 Mais d'abord, c'est pas mon ennemi politique, c'est quelqu'un avec qui je ne partage pas une certaine vision de la société.
04:33 Je ne dois reconnaître que sur Marseille, il a fait des choses qui me conviennent parfaitement bien.
04:37 Quand on apporte plusieurs milliards d'euros à ma ville, je sais dire merci.
04:40 Et ce n'est pas en fonction de la couleur politique de la personne qui décide ça.
04:46 Il aurait pu venir avant que je sois là.
04:48 Il aurait pu décider, il était président de la République avant qu'on gagne, avant que je sois maire.
04:52 Il aurait pu décider de faire tout ça avant, mais moi je ne suis pas peu fier de l'avoir convaincu,
04:57 comme je ne suis pas peu fier de réussir à attirer le monde.
05:00 Et ça ne suffit pas. Il faut changer, il faut transformer la ville.
05:03 Ça prend du temps, c'est difficile, mais ça se fait.
05:06 Quand on sait que de rentrée scolaire en rentrée scolaire, on améliore le quotidien des petites Marseillaises et des Marseillais...
05:11 Alors justement, parlons-en de cette rentrée scolaire.
05:14 Vous avez décidé que les écoles étaient une des priorités de votre mandat.
05:18 C'est ma priorité.
05:19 Vous avez parlé de millions. Qu'est-ce qui change là concrètement dans cette rentrée scolaire ?
05:24 Qu'est-ce qui fait qu'elle est meilleure que la précédente ?
05:26 Vous savez, il n'y a pas de secret.
05:28 En fait, où on met les moyens, où on ne met pas les moyens.
05:31 Et nous, on a mis les moyens.
05:33 Quand on est arrivé, le budget annuel des travaux était de 10 millions d'euros.
05:38 47 années ?
05:39 47 années. Probablement 45, puisqu'on a encore un peu augmenté l'enveloppe.
05:46 Et donc, quand on passe de 10 millions à 45 millions d'euros, ça se voit.
05:49 On fait des travaux dans de plus en plus d'écoles, des travaux de plus en plus importants.
05:54 Et là, où on a décidé, dans une période de crise économique majeure, d'aider les parents.
06:00 De donner aux 75 000 petites Marseillaises et petits Marseillais un kit de fourniture scolaire.
06:06 Ça vaut 70 euros.
06:07 C'est 70 euros de moins sur l'ardoise de rentrée de début d'année.
06:14 L'année prochaine, ce sera un kit encore plus beau, encore plus important.
06:17 Ça ne se fait pas comme ça.
06:19 Comme vous l'imaginez, quand il y a une dizaine d'objets, ça fait des centaines de milliers d'objets à acheter.
06:25 À mettre en kit, à faire, à fabriquer.
06:28 Et donc, pour moi, pour nous, c'était important que toutes les petites Marseillaises et tous les petits Marseillais
06:32 puissent bénéficier d'un très beau kit de rentrée dont tout le monde est content.
06:37 Dont les parents sont ravis, dont les enfants sont ravis.
06:39 Pour nous, ça compte énormément de faire ça.
06:41 Pareil pour les crèches.
06:42 Pareil pour ce qu'on va faire dans l'accompagnement des enfants tout au long de la journée.
06:46 Pareil pour toutes les activités.
06:49 Je suis pas peu fier que 4000 petits Marseillais soient partis en vacances cet été.
06:52 En plus de ce qui était le cas. Parce qu'ils ne pouvaient pas le faire.
06:56 Et donc, tous ces petits gestes du quotidien, qui en réalité ne sont pas des petits gestes,
07:00 mais qui sont des choses qui s'additionnent, permettent à la ville d'évoluer.
07:05 Permettent à la ville de changer.
07:06 Si je pouvais tout changer d'un coup.
07:08 Est-ce que ça va assez vite pour les Marseillais, Benoît Pellet ?
07:10 Ça va pas assez vite pour moi.
07:11 Pour vous non plus.
07:12 Mais bien évidemment que non.
07:13 Parce qu'il y a encore des problèmes qui subsistent.
07:15 La ville est encore un peu coupée en deux.
07:17 C'est très compliqué encore le quotidien des Marseillais.
07:19 Bien sûr. Et il va falloir se battre pour ça.
07:20 Si on veut que la ville ne soit pas coupée en deux, il faut faire des transports en commun.
07:23 Si on veut que la ville ne soit pas coupée en deux, il faut s'occuper de l'espace public.
07:28 Si on veut que la ville ne soit pas coupée en deux, il faut réhabiliter des logements.
07:31 Il faut construire du logement.
07:33 Il nous faut de la rénovation urbaine.
07:34 Là pareil, on obtient quasiment un milliard d'euros en rénovation urbaine.
07:38 Mais ça peut pas se faire en un jour.
07:39 Vous savez, je vous prends un exemple très simple.
07:42 Pour faire une école, il me faut quatre ans.
07:45 Ce n'est pas une véranda que je fabrique.
07:47 Il faut quatre ans entre on a l'argent, on le décide et on la livre.
07:52 Quatre années, c'est normal.
07:54 C'est des milliers de mètres carrés, c'est une difficulté, c'est des normes.
07:57 Et donc nous on est là depuis trois ans.
07:59 D'ici la fin du mandat, il y aura 70 écoles qui auront été refaites à neuf ou reconstruites.
08:04 Toutes les écoles auront été touchées, modifiées, améliorées.
08:08 Et on va continuer.
08:09 Et dans les mandats qui suivront, on poussera encore plus fort.
08:12 Parce que c'est comme ça qu'il faut faire pour les Marseillaises et pour les Marseillais.
08:15 Parce qu'on met de l'argent là où il y a une priorité.
08:18 Là où il y a des besoins.
08:20 C'est comme ça que moi je veux voir et que je vois la ville.
08:22 Votre autre priorité c'était le logement avec cet état de la ville qui est terrible.
08:28 On le sait.
08:29 Là aussi ça prend du temps.
08:31 Le préfet a souligné qu'il n'y avait pas assez de logements sociaux.
08:35 Vous avez pris un certain nombre d'engagements.
08:37 Oui.
08:38 Comment êtes-vous ?
08:39 Justement, moi j'ai demandé à mon nouvel adjoint au logement, à l'urbanisme, à Éric Méry,
08:46 de pousser très fort sur ces questions-là.
08:48 C'est-à-dire de réunir les bailleurs sociaux, de réunir les promoteurs,
08:52 de réunir les acteurs institutionnels, de trouver des terrains et de construire de la qualité.
08:57 En fait il faut construire mieux et il faut construire plus.
09:00 Il faut être capable de réhabiliter l'ancien et capable de rénover aussi ce qui ne va pas.
09:06 Mais pour ça, il me faut des moyens.
09:08 C'est-à-dire qu'il faut que la loi me permette, notamment dans les copropriétés dégradées,
09:12 d'aller plus vite, d'aller plus fort.
09:14 Il faut que les gens jouent le jeu.
09:16 Ici c'était, pardonnez-moi l'expression un peu triviale, c'était un peu open bar à Marseille.
09:20 Il a fallu remettre de l'ordre.
09:22 Et c'est ce qu'on a fait.
09:23 Et c'est ce que mon ancienne adjointe à l'urbanisme a fait.
09:26 Elle a remis des règles, elle a remis de l'ordre.
09:28 Maintenant on passe à une phase différente qui est, on construit, on reconstruit, on réhabilite.
09:33 J'aimerais avoir moi, tout le pouvoir institutionnel pour changer les choses.
09:38 Mais quand je veux m'attaquer à un logement, je dois m'adresser à l'État.
09:44 Je dois m'adresser à la métropole.
09:46 Je dois m'adresser à divers organismes.
09:50 On perd un temps infini dans des difficultés.
09:54 Et ce pays marche sur la tête dans sa complexité.
09:57 Et donc là aussi, il va falloir faire des choses de plus en plus simples.
10:02 Vous savez, quand on est à Neuilly, on peut se permettre de perdre du temps en conjecture.
10:06 On peut se permettre de perdre du temps avec des procédures, avec des discussions sans fin.
10:11 À Marseille, on n'a pas le droit.
10:13 Et moi je ne peux plus l'accepter.
10:15 Et je dis ça suffit.
10:16 Votre opposition dit, mais oui, il ne fallait pas faire campagne sur des promesses que vous n'êtes pas capable de tenir.
10:20 Est-ce que vous comprenez ces critiques ?
10:22 Non, moi ce que je ne comprends pas, c'est qu'ils nous mettent des bâtons dans les roues.
10:25 Et donc, quand il leur appartient, vous savez...
10:28 En fait, le mois de septembre, c'est un test "events" pour Martine Vassal.
10:33 Il y a la Coupe du monde de rugby.
10:37 Il y a le Pape.
10:39 Et on me dit que la ville risque d'être sale à ce moment-là.
10:45 Que les poubelles risquent de ne pas être ramassées.
10:48 Elle va devoir faire ses preuves maintenant.
10:50 Elle ne pourra plus échapper à la réalité.
10:53 Elle ne pourra plus dire "ce n'est pas moi".
10:55 Elle ne pourra pas dire "on ne me l'a pas demandé".
10:57 Quand on est président de la métropole, on est président de toute la métropole.
11:00 Et notamment des Marseillaises et des Marseillais.
11:03 Quand on se revendique un dirigeant politique, quelle que soit son opinion politique,
11:07 alors on fait avec celles et ceux qui composent la métropole.
11:12 Moi, à Marseille, je ne suis pas moins dans la métropole que les autres.
11:15 Et les Marseillais n'ont plus à être punis.
11:17 Parce que selon Martine Vassal et ses amis, selon Renaud Muselier et ses amis,
11:22 ils auraient mal voté.
11:24 Donc vous pensez qu'il y a une logique ? Il y a un honneur ?
11:28 Vous pensez qu'il y a un quelconque bénéfice pour ces gens à punir les Marseillaises et les Marseillais ?
11:36 Moi, je pense que maintenant, ça suffit. C'est un test pour eux.
11:39 On va voir dans quel état ils vont laisser la ville pendant deux événements majeurs.
11:44 On va voir s'ils sont capables de faire ce qu'ils ont dit, plutôt que de faire des commentaires.
11:49 Est-ce que vous vous leur parlez encore ?
11:52 Parce qu'on a vu qu'il y avait une phase de détente avec Martine Vassal.
11:55 Elle a même accepté de nommer des conseillères de votre majorité à certaines responsabilités.
12:02 Et puis, très peu de temps après, il semblerait qu'ils soient rentrés en compagne contre vous.
12:06 Moi, je peux comprendre que les sondages les inquiètent.
12:11 Mais moi, je dis à Martine Vassal qu'elle n'est pas obligée de suivre Renaud Muselier dans sa course folle vers n'importe quoi.
12:18 Elle est responsable politique. Elle est présidente de la métropole et du département.
12:23 Elle n'a pas à être un féodé au calendrier de Renaud Muselier.
12:26 Si Renaud Muselier veut envoyer son camp dans le mur, c'est son choix.
12:30 Mais je dis à Martine Vassal que, nous, notre responsabilité, c'est de s'occuper des Marseillaises et des Marseillais,
12:36 des habitants du département et de la métropole.
12:38 Et le calendrier de Renaud Muselier, qui veut être ou pas candidat à la ville de Marseille, ça m'est égal.
12:42 Ça n'a pas à être son calendrier à elle.
12:44 Et je regrette qu'elle se soit fait prendre dans ses filets et dans le piège, finalement, de Renaud Muselier.
12:50 Qu'est-ce que c'est qui compte ? Le calendrier du RPR, de l'UMP ou la vie des Marseillaises et des Marseillais ?
12:56 Moi, je trouve que c'est plutôt la vie des Marseillaises et des Marseillais.
12:59 Martine Vassal vous répondra sans doute, évidemment, sur ce plateau.
13:02 Parmi les points noirs qu'on vit en ce moment...
13:05 J'aimerais bien qu'elle puisse me répondre d'ailleurs, ailleurs que sur les plateaux de radio...
13:07 On pourrait vous inviter tous les deux, d'ailleurs, ce qu'on fera, évidemment.
13:10 Ou de télé, je le ferai bien volontiers.
13:12 Par exemple, quand je pose des questions, j'aimerais bien qu'on me réponde là où...
13:15 Elle ne vous répond pas.
13:16 Les lieux démocratiques...
13:17 Oui, elle dit à peu près la même chose.
13:19 Oui, mais moi, je veux...
13:21 On ne polimite pas.
13:22 Il suffit de regarder la ville pour regarder l'état de la ville et pour comprendre ce qui va ou ce qui ne va pas dans la ville.
13:27 Alors, ce qui ne va pas dans la ville en ce moment et ce que vivent un certain nombre de Marseillais dans des quartiers
13:31 qui se sentent abandonnés par la République, avec quelquefois le centre social qui est le seul service public qu'ils subissent,
13:37 ce que nous dit Nadia Boulinceur, la maire du 15e et 16e arrondissement,
13:40 ces homicides sur fond de trafic de drogue,
13:42 on vous a reproché à un moment donné, Benoît Payan, de ne pas intervenir suffisamment,
13:46 de ne pas être suffisamment présent.
13:48 D'abord, je ne sais pas qui m'a reproché ça, si ce n'est qu'elle...
13:50 L'opposition, évidemment.
13:51 Oui, enfin, vous savez, quand on a le bilan, qui est le leur, on ne fait pas des reproches.
13:55 En général, on ne fait que des excuses.
13:57 Parce que quand on a laissé la ville dans cet état, au mieux, on se tait.
14:03 Par ailleurs, en effet, c'est un sujet qui est extrêmement compliqué et extrêmement complexe.
14:08 On parle de narcotrafiquants, on parle de trafic international,
14:12 et on parle d'un sujet où il ne suffit pas de faire des coups de menton,
14:15 où il ne suffit pas de dire "il faut des policiers dans la rue",
14:19 bien sûr qu'il faut des policiers dans la rue.
14:20 Il ne suffit pas de dire, en tapant des points sur la table, "moi je serai plus dur".
14:24 C'est la même qui n'a rien fait pendant 25 ans.
14:26 Mais au contraire, il faut aller chercher des moyens.
14:29 Et encore une fois, moi je suis content d'être allé chercher des moyens.
14:32 Ce n'était pas évident pour moi d'aller convaincre un ministre de l'Intérieur
14:35 avec qui je n'ai pas d'affinité politique.
14:38 Pour autant, maintenant je veux aller encore plus loin, il faut des magistrats.
14:41 Parce que quand on arrête un trafiquant, il faut pouvoir le mettre en prison,
14:45 il faut pouvoir faire une procédure, il faut une police scientifique, elle est faible.
14:48 Il faut une police financière, elle est faible.
14:51 Il faut une police judiciaire, elle est très belle, elle travaille bien,
14:54 mais elle a vécu beaucoup de malaise et elle est en train de résoudre des problématiques.
14:57 Et puis il faut, en effet, remettre du service public,
15:00 parce que la police c'est un volet extrêmement important.
15:03 Puis après il y a le reste.
15:06 Vous savez, avoir abandonné une partie de la ville pendant 25 ans,
15:09 crée une réalité.
15:14 Les écoles dans un état catastrophique, pas de piscine, pas de gymnase,
15:18 des stades qui nous font penser à des pays en voie de développement.
15:22 Vous vous rendez compte à quoi je m'attaque ?
15:25 A quoi on s'attaque ? Vous vous rendez compte d'où on part ?
15:28 Vous vous rendez compte d'où on vient ? Et le temps qu'il va falloir pour refaire tout ça ?
15:31 Alors ceux qui ont mis le feu, qu'ils arrêtent de jouer aux pompiers pyromanes.
15:34 Encore une fois, qu'ils s'arrêtent et qu'ils nous laissent travailler.
15:37 Plutôt que de nous mettre des bâtons dans les roues, plutôt que de faire des commentaires.
15:40 Que l'opposition fasse des propositions, que l'opposition ne soit pas d'accord.
15:43 Mais c'est pas n'importe quelle opposition.
15:46 C'est pas une opposition qui a toujours été dans l'opposition.
15:49 Ce sont des gens qui ont fait qu'on en est là aujourd'hui.
15:52 Et c'est pour ça que je leur en veux de faire une opposition de cette manière-là.
15:58 Moi je la respecte, l'opposition G était dans l'opposition.
16:01 Mais quand on a un bilan pareil, quand on a brûlé à ce point,
16:05 tous les liens sociaux d'une ville, encore une fois, on la ramène pas.
16:10 Alors il y a un lien qui se détériore aussi entre la population et la police,
16:14 avec des faits extrêmement graves qui sont actuellement instruits par la justice,
16:19 qui sont produits dans la ville de Marseille.
16:22 Quel regard portez-vous là-dessus ? Est-ce que ça vous inquiète sur,
16:25 finalement, un divorce entre la population et la police ?
16:28 Mais ça en dit long.
16:29 On n'avait pas connu ça précédemment. Marseille tenait, entre guillemets.
16:32 Ça en dit très long.
16:33 Ça en dit très long sur le malaise de la société,
16:36 et sur, finalement, les digues qui cèdent, qui lâchent.
16:40 Ça en dit long sur des responsables politiques qui cautionnent,
16:43 qui permettent à des policiers qui sont mal payés, sont déconsidérés,
16:48 se font taper dessus toute la journée,
16:51 de déraper et de commettre des choses qui ne sont pas acceptables,
16:55 parce qu'elles ne sont pas dans le champ de la République.
16:57 Parce que se soustraire aux lois de la République,
17:00 quand on est un représentant de la République, comme un policier, c'est gravissime.
17:04 Parce que considérer qu'on a plus de droits qu'un autre,
17:07 alors qu'au contraire on doit faire respecter le droit, c'est gravissime.
17:11 Et donc, en effet, il va falloir des sanctions exemplaires.
17:14 Parce que quand un policier se comporte comme ça,
17:17 il jette le propre sur l'ensemble de sa profession,
17:21 et on a une société qui se confronte.
17:24 Et donc, on en arrive à dire, à essentialiser les choses,
17:28 en disant "la police tue".
17:30 On en arrive à avoir une espèce de bataille dans le corps social d'une ville ou d'un pays,
17:36 alors qu'on devrait essayer de le rassembler.
17:38 J'en veux aux responsables politiques, d'un côté comme de l'autre,
17:41 qui montent la société,
17:43 alors qu'en vérité, on devrait redire des choses simples, claires.
17:50 Qui respecte le droit ? Quel est le droit ?
17:53 Comment il se respecte ? Comment est-ce que ça s'encourage ?
17:56 Comment est-ce que ça s'apprend ?
17:58 C'est des choses qui peuvent paraître basiques,
18:00 mais il nous faut le temps pour pouvoir y expliquer les choses.
18:02 On vit une société où le temps nous échappe,
18:05 où un mot sur Twitter vaut une encyclopédie.
18:09 Vous vous rendez compte de la brutalité du monde qu'on est en train de vivre ?
18:12 On fait des cagnottes, maintenant,
18:15 où on sort des centaines de milliers d'euros pour aller aider quelqu'un qui a assassiné
18:20 ou qui a tué, d'un côté comme de l'autre.
18:22 Mais on est où, là ?
18:24 Il est un serge qui a fait flomber quelque part.
18:28 Mais je pense que le personnel politique n'y est pas pour rien.
18:30 Il a jeté de l'huile sur le feu.
18:32 Évidemment, chez certains de vos confrères, tout est ouvert, tout est permis,
18:38 même les mots les plus abjects.
18:40 Ce n'est pas acceptable.
18:42 Et les politiques jouent ce jeu-là.
18:44 C'est en ça que je leur en veux.
18:46 Parce que les politiques doivent être exemplaires dans la manière de soutenir,
18:49 quelles que soient d'ailleurs, encore une fois, les options qui sont les leurs.
18:52 Et donc, quand on prend l'exemple,
18:54 quand on prend ces exemples inacceptables,
18:58 inqualifiables de ce qu'ont fait les policiers,
19:00 et que moi, quand je vois des politiques expliquer que les policiers ont raison
19:05 et se confronter à d'autres personnes qui se battent,
19:07 je suis scandalisé par cette manière de faire.
19:10 Parce que ça nous divise.
19:12 Et on n'a pas besoin d'être divisé.
19:14 Et vous savez, un peuple qui vit une crise,
19:17 il doit chercher de l'unité.
19:19 Il doit trouver des liens communs.
19:21 Or, aujourd'hui, il y a plus de gens qui s'amusent à brûler ces liens
19:23 qu'à les retisser.
19:25 Et qu'à les réconforter.
19:26 Moi, dans la ville, je n'ai qu'un seul but, en fait.
19:31 C'est de la recoudre, c'est de retisser les liens.
19:33 Ce n'est pas de monter les Marseillais les uns contre les autres,
19:35 comme certains voudraient le faire croire,
19:37 ou comme certains veulent le faire, ou comme certains le font.
19:40 C'est tout le contraire qu'il faut faire.
19:42 Oui, mais revenons plutôt à Marseille et la vie quotidienne.
19:47 Vous allez avoir bientôt un conseil municipal qui va être animé,
19:51 notamment par la question du château de la Busines,
19:53 qui a fait beaucoup débat.
19:55 C'est une grande, grande, grande question.
19:57 On dit même que votre directeur général des services
19:59 aurait été poussé vers la sortie pour une mauvaise gestion de ce dossier.
20:02 Écoutez, encore une fois, ce que les "on" disent,
20:05 ce que racontent les "on", je le laisse aux "on".
20:08 Parce que je ne les connais pas.
20:09 Oui, ils sont quelques fois autour de cette table.
20:11 Il faut dire la vérité aussi.
20:12 On peut s'y inclure.
20:14 Mais laissons les faire.
20:15 Enfin, je veux dire, vous savez, chacun fait ce qu'il peut,
20:18 en général, avec ce qu'il a.
20:19 Mais je sais qu'il y a eu beaucoup d'émoi autour du château de la Busines,
20:25 et que certains ont tenté d'en faire un sujet majeur.
20:27 Vous voyez où on en est.
20:28 Quand on connaît les problèmes de la ville,
20:31 j'ai une opposition qui s'est concentrée autour...
20:34 Oui, mais c'est symbolique quand même.
20:36 Oui, c'est symbolique d'une opposition en perdition.
20:39 Est-ce qu'on va faire partir, oui ou non, le petit-fils de Marcel Pagnol ?
20:44 Écoutez, moi, le petit-fils de Marcel Pagnol, j'ai beaucoup de respect pour lui,
20:46 mais j'en ai plus pour son grand-père, en fait.
20:48 Et donc, moi, je suis plus inquiet d'une programmation.
20:51 Vous savez, on a les journées du patrimoine qui arrivent là.
20:54 Ceux qui gèrent le château de la Busines,
20:57 ils vont faire une soirée techno.
20:58 Je n'ai rien contre la techno, mais pardonnez-moi,
21:00 quand ces gens-là me donnent des leçons de provençalisme,
21:02 qui m'allait un peu devant leur porte.
21:04 Et donc, moi, je veux faire du château de la Busines,
21:07 non pas un symbole de la culture provençale,
21:09 mais bien au contraire, un symbole extrêmement fort
21:11 de ce qu'a pu être notre passé,
21:13 mais de ce que doit devenir notre avenir.
21:14 On ne doit pas oublier nos racines.
21:16 Et je pense que l'œuvre de Marcel Pagnol n'est pas une œuvre provençale.
21:19 C'est une œuvre merveilleuse, méditerranéenne, dramatique.
21:22 C'est une écriture absolument incroyable.
21:25 Il serait d'ailleurs effrayé de lire, de voir ou d'entendre
21:28 ce qui est dit autour de ce château-là.
21:29 Il prendrait peur de voir qui récupère son œuvre.
21:33 Elle est si belle, elle est si grande,
21:35 elle est si ouverte, elle est si forte,
21:37 qu'on normalement pourrait faire autre chose.
21:39 - Alors, parmi les défenseurs justement du château de la Busines
21:42 et ceux qui vous ont tapé le plus,
21:43 il y a les gens notamment du Rassemblement National.
21:45 Est-ce que c'est une menace...
21:47 - Vous vous rendez compte, Marcel Pagnol, défendu, défendu, défendu par ces gens-là.
21:51 - Est-ce que c'est une menace qui vous inquiète pour la ville ?
21:54 Ça monte un peu partout.
21:55 On voit des sondages où Marine Le Pen tire les marrons du feu,
21:57 finalement, avec une sorte de normalisation, un peu,
22:00 de ce qu'est le Rassemblement National aujourd'hui.
22:02 Est-ce que ça peut concerner Marseille ?
22:03 - Mais oui, de toute façon, personne n'est à l'abri
22:05 de la montée du Rassemblement National.
22:07 C'est ce que je vous disais tout à l'heure.
22:08 On est dans une situation où on est en train de monter
22:11 les Français les uns contre les autres.
22:12 Il n'y a qu'une personne qui va tirer les marrons du feu à la fin.
22:15 C'est elle.
22:16 À partir du moment où on n'est plus capable de se parler,
22:18 à partir du moment où on n'est plus capable de s'opposer correctement
22:21 et de trouver les voies et moyens de faire ensemble,
22:24 il n'y a plus qu'un seul parti.
22:26 Il n'y a plus que l'ouverture au fascisme.
22:30 Et en vérité, elle n'a pas grand-chose à faire, Marine Le Pen.
22:33 Elle n'a qu'à laisser faire.
22:34 Elle regarde le triste spectacle de la politique.
22:37 Elle regarde le triste spectacle des politiques
22:40 qui n'ont finalement plus les moyens d'être des politiques.
22:42 Moi, je vois bien, y compris chez moi,
22:44 la difficulté que j'ai, les complexités auxquelles j'ai à faire face.
22:48 Elle n'a qu'à attendre, Marine Le Pen.
22:50 Et ça va arriver tout seul.
22:51 Elle est normalisée.
22:52 Vous voyez bien que le discours de Marine Le Pen,
22:54 il est repris tranquillement par des gens qui se revendiquent même
22:57 du catholicisme ou du centre droit,
23:00 des modérés qui considèrent que, finalement,
23:03 Marine Le Pen, elle n'a pas tort.
23:05 Finalement, c'est du bon sens.
23:07 Mais vous mesurez la violence de la société dans laquelle on vit,
23:13 de l'effondrement intellectuel et politique qu'on est en train de vivre ?
23:17 Et ça se passe à Marseille, ça.
23:19 Je l'ai aussi dans mon hémicycle.
23:21 C'est-à-dire que, d'un comme un accord,
23:23 ces gens-là, sur le château de la Busines,
23:25 vous voyez encore une fois le grand problème,
23:27 ces gens-là se tiennent la main pour dire
23:30 "Oh là là, la culture provençale est en danger".
23:33 Vous vous rendez compte où on en est ?
23:34 Vous vous rendez compte ce qu'on explique comme étant des problèmes ?
23:36 - À gauche et à Marseille, il y a aussi des clivages.
23:39 Vous avez largement rassemblé dans la liste du Printemps marseillais.
23:42 Il y a désormais aussi des députés insoumis
23:44 qui parfois choisissent le conflit politique comme méthode.
23:49 Est-ce que vous dialoguez avec eux ?
23:51 Est-ce que vous travaillez avec eux ?
23:52 - Bien sûr, et moi je ne veux jamais rompre le dialogue.
23:55 Évidemment qu'on a des différences et c'est heureux.
23:58 Et c'est normal.
24:00 Mais vous savez que je ne suis qu'une seule ligne.
24:03 Je considère que je dois d'abord chercher à rassembler.
24:06 Et que ce qui nous rassemble doit être toujours plus grand que ce qui nous divise.
24:09 Puis ensuite, chacun s'exprime, chacun raconte son histoire,
24:13 chacun vit sa vie comme il a envie de la vivre.
24:16 Moi je n'ai pas de sujet vis-à-vis de tout ça.
24:18 Je dis simplement que si on a envie de changer les choses,
24:21 si un jour on veut changer ce pays,
24:23 et si un jour on considère qu'on doit accéder au pouvoir,
24:27 on ne le fera qu'uniquement.
24:28 - Pour être une profession de foi pour votre prochaine campagne électorale,
24:31 peut-être Benoît Pagnan ?
24:32 - Non, laissons ça à ceux qui sont en campagne permanente, moi je travaille.
24:34 - Merci d'avoir été notre invité dans "Rue de la République".
24:36 Merci infiniment d'être venu dans cette quatrième saison qui s'ouvre.
24:39 Et merci à Léo Purguet également d'avoir été avec moi.
24:42 - Merci.
24:43 [Musique]