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Court métrageTranscription
00:00 les questions, les réponses et tes réponses !
00:02 C'est psychanalytique, j'aime bien !
00:04 Allonge-toi, mets ta tête là !
00:06 Cinq adolescents, c'est tonitruant.
00:14 C'est un feu d'artifice.
00:16 Et quand ils sont déprimés,
00:18 c'est la catastrophe,
00:20 on part en tentative de suicide
00:22 et puis deux minutes après, c'est la liesse.
00:24 Donc on passe d'une émotion
00:26 à l'autre en très peu de temps,
00:28 très haut, très bas.
00:30 Et elle, elle est en même temps galvanisée,
00:34 et ça la maintient, elle, dans une espèce aussi de jeunesse.
00:38 On voit, même la façon dont elle s'habille,
00:40 il y a quelque chose de très plein d'énergie.
00:42 Et puis si elle n'a pas d'énergie,
00:44 elle ne peut pas élever ses enfants, c'est impossible.
00:46 Mais en même temps, il faut quand même qu'il y ait une fatigue
00:48 parce que c'est un geste perpétuel,
00:50 c'est-à-dire que d'être la bonniche de cinq enfants,
00:52 parce que c'est ça aussi,
00:54 enfin on ne les voit pas débarrassées
00:56 avec ce stopper wear le soir quand elles rentrent,
00:58 mais sinon elle est quand même,
01:00 c'est elle qui fait le repassage, le ménage,
01:02 les courses, qui paye, enfin...
01:04 Donc sur les épaules,
01:06 il faut quand même qu'on sente ce poids,
01:08 mais comme vous dites,
01:10 ce n'est pas misérabiliste
01:12 parce qu'on choisit de dépeindre,
01:14 c'est un point de vue et un angle.
01:16 Cette énergie, elle se communique.
01:18 Les enfants, vous m'accordez deux minutes,
01:20 j'ai quelque chose à vous dire.
01:22 Je...
01:24 - T'es malade ?
01:26 - Non, non, je vais bien.
01:28 Non, je me suis inscrite à l'université.
01:30 Néanmoins,
01:42 elle épaule, elle console,
01:44 et elle, elle n'est jamais...
01:46 Enfin jamais.
01:48 En tout cas,
01:50 pendant une très grande partie du film,
01:52 personne ne la console
01:54 et ne vient la prendre dans ses bras.
01:56 Et elle ne s'en plaint pas.
01:58 Mais c'est quand même un fait.
02:00 Et moi, j'avais vraiment
02:02 beaucoup de peine pour elle par moments.
02:04 Et j'avais dit à Nathan en tournant,
02:06 "C'est gentil d'être venu écouter mon interview."
02:08 C'est la question que tout le monde pose,
02:14 en disant "mais comment c'est possible
02:16 qu'un jeune homme de 22 ans puisse...
02:18 Alors on dit toujours "rentrer dans la tête
02:20 d'une femme de 40 ans et avoir
02:22 ces problématiques-là et que ce soit aussi juste."
02:24 - Je vais dans la bagnole et vous allez vous démerder.
02:26 - Non, non, non ! - Et je ne finirai aucun mot.
02:28 - Non, arrête de faire ça ! - Alors là, je peux te dire,
02:30 vous allez vous débrouiller avec un peu d'aigue.
02:32 - Le manquable !
02:34 - Ah mais c'est bon.
02:38 C'est bon, en fait, on n'est plus obligé de...
02:40 - Il faut quand même dire que c'est Tony
02:42 en famille, qu'il y a les 5 acteurs,
02:44 les jeunes adultes, qui sont
02:46 impressionnants
02:48 et qui sont des personnages
02:50 très forts. Alors effectivement, on est moins
02:52 surpris
02:54 par le fait qu'il arrive à décrire
02:56 aussi bien cet âge
02:58 et
03:00 voilà, et tout
03:02 ce qu'on traverse à cet âge-là.
03:04 - Éducation, enseignement...
03:06 C'est génial,
03:08 il peut tout faire.
03:10 - Non, non.
03:14 - Mais les personnalités sont très différentes.
03:16 Et quand on lui demande "mais t'es lequel de
03:18 ces enfants ?" "Je suis tous ses enfants."
03:20 Et il est aussi Tony, donc
03:22 tout le monde se dit "mais comment c'est possible ?"
03:24 Et à cette question,
03:26 moi je n'ai toujours pas
03:28 répondu entièrement.
03:30 J'ai des pistes, mais je continue
03:32 à mener mon enquête.
03:34 - J'avais une envie immense, moi, de travailler
03:38 avec Camille, qui est une comédienne que j'adore,
03:40 dont j'ai vu tous les films.
03:42 C'est ça, la genèse, c'est cette
03:44 envie de travailler avec Camille. Et j'ai eu la chance
03:46 que Camille soit disponible pour lire
03:48 à ce moment-là, entre deux tournages.
03:50 Elle accepte de lire, elle lise très vite d'ailleurs.
03:52 Il faut le souligner, ça n'arrive pas tout le temps.
03:54 Mais elle lise très vite et
03:56 moi j'avais un track fou et voilà, on s'est rencontrés.
03:58 Camille a accepté de me rencontrer
04:00 et ça s'est
04:02 trop bien passé. En tout cas,
04:04 moi j'étais convaincu qu'elle apporterait
04:06 à Tony tout ce que
04:08 j'imaginais et encore plus, en tout cas.
04:10 Et la rencontre, c'était
04:12 humainement, Camille,
04:14 ça a été une révélation, je pense.
04:16 C'est une humaine tellement particulière, Camille.
04:18 Extraordinaire. Moi,
04:20 je l'aime de tout mon cœur.
04:22 Il faut savoir qu'il y a quand même un petit mythe
04:24 autour de Nathan,
04:26 puisqu'il l'impressionne
04:28 par son jeune âge
04:30 et sa maturité.
04:32 C'est vrai que moi, je me dis
04:34 bon, c'est sûr, on a plusieurs vies
04:36 et Nathan n'en est pas à sa première, parce que
04:38 c'est pas possible autrement.
04:40 Et voilà.
04:42 Et j'aime bien raconter
04:44 cette histoire, mais on a le même
04:46 agent qui me dit
04:48 "Ah ben, on est dans la même agence
04:50 en tout cas." Et mon agent me dit
04:52 "Mais moi je l'ai vu débarquer dans mon bureau,
04:54 il avait 14 ans, il était avec son père et son père
04:56 me dit "J'en peux plus de faire les sandwiches pour la table régie,
04:58 s'il vous plaît, prenez-le
05:00 et trouvez-lui des gens avec qui il peut
05:02 travailler, parce que moi j'ai un bout."
05:04 Donc il faisait des films en fait. Nathan, il a commencé à faire des films
05:06 à 12 ans, ou même avant, non ?
05:08 12 ans.
05:10 Avant c'était avec le caméscope, ça ne voulait rien dire.
05:12 Tu plaisantes ou quoi ?
05:14 Même à 12 ans ça ne voulait rien dire, de toute façon.
05:16 Autoproduit amateur
05:18 dans le sud de la France, c'était
05:20 vraiment... - J'attends toujours de voir ses films d'horreur.
05:22 Bon, bref,
05:24 en tout cas, voilà. Donc
05:26 quand mon agent m'a parlé de
05:28 Nathan en me disant "Tu vas recevoir ce scénario",
05:30 il m'a
05:32 parlé de Nathan,
05:34 avant même de lire le scénario et avant
05:36 de rencontrer Nathan, j'avais déjà une curiosité
05:38 assez haute.
05:40 J'ai lu le scénario, je me suis dit
05:42 "Mais c'est incroyable,
05:44 d'écrire cette histoire et de se mettre
05:46 dans la tête de cette femme."
05:48 J'ai adoré et ensuite
05:50 on s'est rencontrés, on a pris un café
05:52 ensemble, on a parlé de
05:54 féminisme, de
05:56 Phoebe Waller-Bridge,
05:58 de connasses.
06:00 Et à la fin du café,
06:02 je lui ai dit que j'avais vraiment hâte
06:04 de travailler ensemble. Moi j'étais hyper touchée
06:06 que Nathan me dise ce qu'il avait écrit en
06:08 pensant à moi. Je pense que ce rôle est arrivé
06:10 à un moment
06:12 dans ma vie,
06:14 il a résonné
06:16 très fort avec des choses
06:18 personnelles. Et ça, Nathan ne pouvait
06:20 pas le savoir. Je l'aurais de toute façon
06:22 accepté,
06:24 même si je n'avais pas traversé ce que je
06:26 traversais à ce moment-là.
06:28 Mais je parle même d'un point de vue existentiel,
06:30 pas que factuel. Il est venu
06:32 résonner très fort et
06:34 très profondément.
06:36 Et plus je le vois, même après
06:38 l'avoir tourné, en le revoyant,
06:40 il y a encore des choses qui m'apparaissent.
06:42 Donc c'est intéressant à quel point
06:44 tout ce qui s'adresse à l'inconscient
06:46 et qu'on met du temps à percevoir,
06:50 mais qui résonne,
06:52 qui est là. Et même chez lui, je continue
06:54 à essayer de
06:56 savoir avant lui.
06:58 En tout cas,
07:00 je pense que je n'ai pas encore
07:02 tout compris.
07:04 Non mais c'est vrai !
07:06 Et tant mieux !
07:08 [Musique]
07:10 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]
07:13 [SILENCE]