• l’année dernière
Transcription
00:00 J'ai perdu un client, mais resté fidèle à mes principes.
00:02 J'ai discuté hier justement avec un confrère.
00:04 On parlait de la charge mentale.
00:05 Parce que quand t'es avocat, t'es indépendant.
00:07 T'as ton cabinet à gérer, t'as tes charges sociales,
00:09 t'as tout ton administratif, tes clients à gérer.
00:12 Ils t'appellent souvent parce que pour eux, c'est l'histoire de leur vie.
00:15 C'est leur procès.
00:16 Et ils pensent que t'as que leurs dossiers.
00:18 Donc déjà t'as ça d'un côté.
00:19 T'ajoutes à ça le fait que parfois t'as de gros enjeux sur certains dossiers.
00:24 Le fait que parfois tu reçois une décision de justice qui t'est pas favorable.
00:27 Tu te remets toujours en question.
00:28 C'est un dossier où tu te remets constamment en question.
00:30 L'avocat qui se remet pas en question, franchement, je crois qu'il existe pas.
00:32 Quand tu pars du cabinet, ta robe, tu la laisses au cabinet.
00:35 Donc t'oublies tout.
00:36 Ça, c'est en théorie.
00:37 Justement, on en parlait en pratique.
00:39 Rentre et tu penses encore.
00:41 Je fais beaucoup de sport.
00:41 Je fais de la boxe.
00:42 J'en fais deux fois par semaine.
00:43 Ça me fait beaucoup de bien pour évacuer.
00:45 J'ai aussi la chance d'avoir des amis formidables qui font pas de droit.
00:48 C'est très important.
00:49 Ça fait du bien parce que tu te laches quoi.
00:54 Quand il y a un coup de mou, quand ça va pas,
00:56 tu te remets en question.
00:57 Tu vois, ma dernière remise en question,
00:59 elle remonte à il y a moins d'un mois.
01:00 On s'est vu, on a pris un verre avec des copines.
01:03 Et puis tout de suite, ça allait mieux.
01:04 Pour moi, il faut être bien entourée.
01:05 Pas nécessairement de rendre du droit.
01:07 Quoique les confrères aussi, ça compte beaucoup.
01:09 En six mois de barre,
01:10 je crois que j'ai eu tellement de confrères qui m'ont donné de bons conseils,
01:13 qui ont été bienveillants à mon égard,
01:15 que je saurais même pas te les compter.
01:17 C'est quand même une profession où la confraternité,
01:19 elle est hyper présente.
01:21 C'est du bien quoi.
01:22 Et c'est arrivé du coup qu'il y ait des dossiers où tu...
01:24 Vraiment, tu peux pas, tu sais que tu sauras pas le défendre ?
01:27 Il y a eu le cas il y a un mois et demi.
01:28 Un monsieur qui est venu me voir.
01:30 Sa compagne, elle avait engagé une procédure de divorce.
01:32 Ils avaient des enfants ensemble.
01:34 Il me dit "écoutez, moi maître, je veux pas payer de pension".
01:37 Il gagnait plus de 2500 euros par mois.
01:38 Son ex-compagne, elle travaille pas.
01:40 Et puis même, c'est même pas la question en fait,
01:42 quand on fait des ensembles,
01:43 moi j'estime qu'on participe à leur entretien et à leur éducation.
01:46 Je lui ai dit "non monsieur, ça sera pas avec moi".
01:49 J'ai perdu un client, mais resté fidèle à mes principes.
01:51 Tu nous as dit que tu pouvais refuser des dossiers du coup, évidemment.
01:53 Est-ce que ça t'est déjà arrivé d'accepter un dossier
01:56 de quelqu'un qui était coupable du coup, et tu le savais ?
01:58 Si t'es avocat et que tu dois défendre quelqu'un qui a commis un crime,
02:01 je me dirais "ok, il est coupable".
02:03 "Ok, il a commis ces abominables faits".
02:06 Pourquoi il l'a fait ?
02:07 Qu'est-ce qui l'a poussé à faire ça ?
02:09 Quand tu cherches, il y a toujours une justification.
02:11 Souvent c'est dans l'enfance.
02:13 Est-ce qu'ils ont manqué de quelque chose ?
02:14 Parfois ils sont malades.
02:15 Les maladies psychologiques, il faut pas prendre à la légère.
02:18 Le but, c'est finalement de dire "voilà ce qui s'est passé".
02:21 Donc ça n'excuse pas, mais maintenant qu'on a trouvé
02:24 qu'elle est l'origine du problème et de son passage à l'acte,
02:27 il faut travailler pour qu'il aille mieux,
02:30 pour qu'il ne recommence plus, qu'il s'insère professionnellement.
02:33 Finalement, c'est de cette manière-là, moi, en tout cas, que j'envisage les choses.

Recommandations