• l’année dernière
En toute Intimité : Loana : " J’avais beaucoup de parasites autour de moi !"
Transcription
00:00 Tout le monde dit, tous les médias ont relaté pendant des années, tu le sais, c'est la télévision, les travers de la télé-réalité,
00:05 la descente aux enfers de Lohana à cause de Love Story.
00:09 Est-ce qu'on peut le dire aujourd'hui ? Est-ce que ça a contribué à ta descente aux enfers ? Oui ou non ?
00:13 Non, non, ça n'a pas du tout contribué à ma descente aux enfers.
00:15 Peut-être que j'ai été plus mise en avant sous les projecteurs, ce qui m'a rendue beaucoup plus sensible
00:20 et accessible par certaines personnes mal intentionnées.
00:23 Mais je pense que, connue ou pas connue, j'aurais pu faire de mauvaises rencontres
00:27 qui m'ont fait descendre dans des travers impossibles à remonter.
00:30 Cette expression "descente aux enfers", elle te gêne ou au contraire, elle colle totalement à ce que tu as vécu ?
00:37 Non, non, l'expression "la descente aux enfers" colle complètement à ce que j'ai vécu.
00:41 Ça a été vraiment une descente aux enfers et j'y suis restée un long moment.
00:45 J'avais l'impression d'être au fond d'un gouffre et de tomber sans jamais me relever.
00:49 Mais comment ça commence ? Est-ce que ça commence par une phase de déprime, de dépression ?
00:52 Est-ce qu'on sent venir une période sombre comme ça ? Est-ce que tu sentais que tu allais mal ?
00:56 Non, je ne l'ai pas senti venir en fait.
01:00 Je crois que je me suis détériorée intérieurement, petit à petit.
01:05 On m'a grignotée, on m'a enlevé mes désirs, mes envies, mes espoirs.
01:10 C'est-à-dire on se nourrissait de ta célébrité, on se nourrissait de toi,
01:12 tu avais des parasites autour de toi, ça ressemble à quoi ?
01:15 J'avais beaucoup de parasites autour de moi, surtout j'ai rencontré quelqu'un dont je suis tombée amoureuse,
01:20 qui m'a fait plonger dans la drogue, qui m'a volé beaucoup d'argent.
01:24 Et quand cette personne, j'ai porté plainte contre lui pour abus de faiblesse,
01:29 en fait je me suis rendue compte que tous les mots qu'il m'avait dit étaient faux durant toutes ces années,
01:34 et que tout ça c'était du cinéma, et j'ai perdu pied à partir de ce moment-là,
01:37 quand je me suis rendue compte que tout ce qu'il m'avait dit était faux,
01:40 et j'avais l'impression que tout mon univers autour de moi était faux.
01:43 Et du coup j'ai perdu pied à partir de ce moment-là, de toutes mes tentatives de suicide.
01:47 Mais tu parles de quoi là ? Tu déparles le portrait d'un pervers narcissique
01:50 que peut rencontrer de nombreuses jeunes femmes, parce que c'est vrai que c'est très actuel comme thème aujourd'hui.
01:54 Exactement, moi ce qui m'est arrivé, ça arrive à de nombreuses personnes, de nombreuses jeunes filles,
01:58 on appelle ça des pervers narcissiques, qui se nourrissent du mal-être de l'autre pour pouvoir exister,
02:04 et en fait à force d'être traité comme une serpillière, on a l'impression de l'être,
02:09 et on perd complètement toute estime de soi-même, et on veut en finir avec sa vie,
02:12 parce qu'on se trouve inutile et plus précieuse aux yeux des gens,
02:16 et du coup on a envie de quitter cette vie.
02:20 Mais pourtant tu étais très entourée, tu étais dans une période de ta vie où tu avais la notoriété,
02:25 tu avais l'argent, tu avais ton appartement à Paris.
02:29 Oui j'avais tout, mais déjà j'avais cette profonde blessure de ne pas revoir ma fille depuis des années,
02:35 et j'étais seule en fait en étant à Paris.
02:38 Mais comment peut-on arriver à vouloir mettre fin à sa vie ?
02:41 C'est une sensation étrange quand on se dit que c'est la dernière fois qu'on regarde le lever du soleil.
02:47 On a envie de finir sa vie parce qu'on se sent inutile, parce qu'on se sent un poids pour sa famille.
02:53 J'avais l'impression de faire du mal à ceux que j'aimais de par mon état,
02:59 et de s'en revenir à plus grand chose.
03:02 J'avais plus de but dans ma vie, donc pour moi la vie ne valait plus la peine d'être vécue.
03:08 Comment est-ce que tout se manifeste ? Est-ce que c'était des prises de cachets, de l'alcool, de la drogue ?
03:13 Au tout début, je me suis taillé les veines.
03:17 C'était plutôt de la scarification,
03:20 puisque mon principe c'était d'avoir plus mal physiquement qu'à l'intérieur.
03:27 J'avais une telle douleur à l'intérieur que je préférais la douleur physique à la douleur mentale.
03:32 Tu avais besoin de faire ressortir cette douleur ?
03:34 J'avais besoin d'avoir mal physique, mais c'était pour moi personnellement.
03:37 C'est très masochiste ?
03:39 Oui, mais c'est très dur quand on en arrive à se faire mal soi-même
03:43 pour que cette douleur dépasse la douleur qu'on a.
03:47 C'est un dégoût de soi ?
03:48 Parce que pour en arriver à se faire mal, il faut avoir une très mauvaise image de soi,
03:52 il faut avoir très peu d'estime de soi.
03:54 On n'a plus d'image de soi-même.
03:56 Non, je n'avais plus d'image de moi-même.
04:00 Et après ça a fait parler avec les médicaments, bien sûr.
04:03 J'ai pris énormément de médicaments avec beaucoup d'alcool.
04:07 C'est violent la drogue sur le corps ?
04:09 Qu'est-ce que ça te procurait ?
04:11 La drogue peut tuer quelqu'un.
04:13 Au début c'est en ivrant, bien sûr, on se croit le roi du monde.
04:17 Mais après on se rend compte très vite que la paranoïa arrive.
04:21 Et on a peur de tout.
04:25 Et puis ça accentue énormément nos craintes et nos angoisses.
04:29 Donc finalement, les problèmes du quotidien que je gère normalement
04:34 me paraissaient complètement insurmontables quand j'en prenais.
04:37 Tu en prenais régulièrement ?
04:38 J'en prenais régulièrement, oui.
04:40 Ce n'était pas que le soir ou ce n'était pas dans un cadre festif ?
04:42 Non, j'étais arrivée au début, j'étais dans un cadre festif.
04:44 Et après quand j'ai été avec quelqu'un qui m'a mis dedans, c'était quotidien.
04:48 Bien sûr, je ne mangeais même plus, je ne dormais quasiment plus.
04:52 Je ne me nourrissais que de ça.
04:55 Et je peux le dire que c'était l'enfer.
04:58 Et c'est bien l'enfer quand on en devient dépendant.
05:01 Quand c'est festif, je ne souhaite pas de le faire parce qu'on ne peut faire la fête sans rien.
05:05 Mais quand on en est dépendant, c'est comme n'importe quelle drogue, l'alcool, les médicaments.
05:09 Mes trois addictions ont été aussi dures et difficiles à gérer et à s'en débarrasser.
05:15 C'est pour ça que je ne veux plus jamais y retourner.
05:17 Ce n'est pas pour pouvoir le vivre, c'est pour pouvoir m'en défaire.
05:20 Je ne veux plus jamais revivre ces crises de larmes, ces tremblements, ces sueurs froides et ces cauchemars.
05:24 Pour m'en sortir de là-dedans.
05:26 C'est ça que crée la drogue.
05:28 La vie est plus belle au naturel ou elle est plus belle avec des substances ?
05:30 La vie est plus belle au naturel, sans artifices. Et c'est vrai.
05:33 Parce qu'au final, c'était pour te rendre la vie plus belle que tu prenais tout ça ?
05:36 Je prenais tout ça pour oublier.
05:38 Pour oublier ?
05:39 Oui, je prenais tout ça pour oublier ce qui m'arrivait, pour oublier ce que j'étais.
05:44 Je crois que je m'étais un peu perdue.
05:46 Je m'étais perdue et je trouve que la vie est tellement plus belle sans rien.
05:51 Parce que maintenant, je ne bois plus d'alcool, ni de médicaments, ni de drogue.
05:55 Tu ne peux même pas boire trinqué au champagne.
05:58 C'est étrange parce que mon corps refuse complètement l'alcool.
06:01 Ce n'est pas moi qui ne veux pas boire, c'est que même l'odeur de l'alcool me dégoûte maintenant.
06:05 Et c'est vrai qu'en soirée, je reste au soft alors que les autres boivent de l'alcool.
06:09 Tu as peur parfois de ressombrer, de franchir cette limite ?
06:12 Je n'ai aucune peur de franchir cette limite parce que je l'ai déjà faite et je n'ai pas envie d'y retourner.
06:17 Je suis très heureuse comme je suis, donc je n'ai pas besoin de plus pour être heureuse.
06:21 Je suis à 100% heureuse, donc je n'ai pas besoin d'artifices en plus pour l'être.
06:24 Parce qu'on m'en a proposé, bien sûr, tu te doutes bien.
06:27 J'ai le pouvoir maintenant de dire non et je n'ai pas envie.
06:29 Je n'en ai ni l'envie ni le reste et je suis très fière de m'en être sortie.
06:33 Je n'ai aucune crainte et j'ai énormément confiance en moi sur ce côté-là.
06:39 Je ne retomberai plus jamais dans ces travers-là, vraiment.
06:43 [Musique]
06:58 [Silence]

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