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00:00 Avec moi Richard Werly, correspondant pour le quotidien Suisse Blic à Libreville.
00:04 Bonsoir à vous.
00:05 Bonsoir. Je ne suis pas à Libreville, je suis à Paris.
00:09 Oui, pardon.
00:10 On entendait le message désespéré d'Ali Bongo hier,
00:14 qui en appelait à tous ses amis.
00:16 Est-ce qu'il lui en reste encore sur la scène internationale
00:19 qui aurait les moyens d'arrêter ce coup d'État ?
00:21 En tout cas, il n'y en a plus qui ont la volonté de l'arrêter.
00:25 Il y en a sans doute qui auraient les moyens,
00:27 mais on a compris soit du côté de Paris,
00:30 soit même du côté de Washington ou des organisations régionales.
00:33 Il y a eu des condamnations du coup d'État,
00:35 mais pour l'instant, personne n'a demandé le rétablissement d'Ali Bongo,
00:40 vainqueur du scrutin, pour une raison simple,
00:42 c'est que tout le monde est conscient que le résultat qui avait été annoncé,
00:46 qui le donnait vainqueur, n'était juste pas crédible.
00:49 Donc on peut presque dire aujourd'hui qu'Ali Bongo, président,
00:53 ça semblait être une histoire terminée et que la parenthèse est en train d'être tournée.
00:57 Alors cette parenthèse, elle n'est pas terminée,
01:01 en tout cas pour l'opposant Albert Rondeaux,
01:04 qui, lui, dénonce une révolution de palais.
01:08 Selon lui, il s'agirait de remplacer un rouage du système Bongo par un autre.
01:15 On va l'écouter chez nos confrères de TV5Pont, on va en parler ensuite.
01:19 Ce n'est pas un coup d'État, c'est une révolution de palais.
01:25 Oligi Nguema est le cousin d'Ali Bongo.
01:28 Et la campagne, c'était 60 ans de Bongo, c'est trop.
01:33 Les Bongo ont trouvé qu'il fallait mettre Ali Bongo de côté
01:38 et poursuivre effectivement le système Bongo PDG.
01:41 Et ils ont mis Oligi Nguema en avant.
01:44 Derrière Oligi Nguema, nous savons qui elle est.
01:47 Donc c'est toujours le système Bongo.
01:49 Richard Werly, est-ce qu'elles sont justifiées, les craintes d'Albert Rondeaux ?
01:55 Écoutez, oui.
01:56 Et quand je parlais de parenthèse, c'est justement ce qu'on peut craindre.
01:59 C'est-à-dire que pour les putschistes, pour les militaires et les liens familiaux
02:04 entre le nouveau président de la transition et Ali Bongo ont été évoqués.
02:09 Pour eux, peut-être que ce scrutin va être mis entre parenthèses,
02:13 ce qui serait à l'évidence un déni démocratique.
02:15 L'opposant a raison, le candidat de l'opposition, il a sans doute été élu,
02:21 il a gagné ce scrutin.
02:22 Et ce qui est en train de se passer, c'est peut-être une mise à l'écart du vote des Gabonais.
02:27 Alors pour combien de temps ? Dans quelles conditions ?
02:29 Est-ce qu'il y a encore une possibilité de négocier cet après-scrutin ?
02:34 Ça va être sûrement tout l'enjeu des heures à venir.
02:37 Mais quand on écoute le candidat Ondo Ossa, on se dit qu'il a, semble-t-il,
02:42 la certitude qu'il va être écarté.
02:44 Il ne parle pas comme quelqu'un qui croit pouvoir exercer le mandat
02:47 pour lequel il affirme avoir été élu.
02:49 La plateforme de l'opposition qu'il avait choisie comme candidat
02:54 a demandé aux militaires aujourd'hui de terminer le décompte des voix de la présidentielle.
02:59 Est-ce que c'est une façon aussi de faire tomber le masque des militaires,
03:05 de prouver qu'ils ne veulent pas mener ces élections à leur terme ?
03:10 Oui, de toute façon, l'ancienne opposition, c'est-à-dire l'opposition à Ali Bongo,
03:16 qui aujourd'hui, semble-t-il, pourrait se prévaloir d'une victoire à cette présidentielle,
03:20 cette opposition a une seule carte à jouer.
03:24 C'est la carte de la mise à l'épreuve des militaires.
03:27 Au fond, il faut que ces militaires qui ont pris le pouvoir justifient désormais leur putsch.
03:34 S'ils prétendent avoir fait un putsch pour la démocratie
03:38 et pour le rétablissement de la démocratie au Gabon,
03:41 eh bien ils doivent se tourner vers l'opposition.
03:43 Sinon, il apparaîtra que ce soit une révolution de palais,
03:46 en tout cas un coup de force qui n'était pas destiné à donner la parole
03:50 et à permettre aux Gabonais d'exprimer librement leur vote.
03:54 L'Union africaine semble pour l'instant la seule organisation prête à sanctionner le Gabon.
04:01 Il y a partout ailleurs une gêne par rapport à la transparence des élections.
04:07 Oui, ce qui peut quand même amener à douter de la détermination de l'Union africaine.
04:11 On va le voir dans les jours à venir, mais à partir du moment où les grandes puissances,
04:16 et je pense notamment à la France, certes condamnent,
04:19 mais ne semblent pas être pressés de voir revenir,
04:23 soit revenir à Libongo, ça c'est certain, soit donner le pouvoir à son opposant.
04:28 À partir du moment où d'autres puissances régionales
04:31 semblent se satisfaire de ce putsch militaire avec une période de transition
04:35 dont on ne connaît pas la durée,
04:37 eh bien ça va être difficile à l'Union africaine de tenir sa ligne de crête.
04:40 Je pense que ce que tout le monde attend maintenant,
04:42 c'est de la part des putschistes un calendrier et des explications.
04:47 Il y avait aujourd'hui une première journée de dialogue avec l'ancienne opposition,
04:51 c'est-à-dire avec le camp du candidat qui se prévaut d'avoir été élu.
04:55 Il faut maintenant voir ce que les militaires vont faire.
04:58 Il y a quand même un risque, c'est qu'au moment où les militaires diront au peuple gabonais
05:03 "nous ne tenons pas compte du résultat des élections qui ont eu lieu",
05:06 lorsqu'ils feront ça et s'ils le font,
05:08 alors le risque d'une crise n'est pas à écarter parce que les gabonais ont bel et bien voté.
05:13 Merci beaucoup Richard Werley.