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00:00 Bonjour, je m'appelle Rosalie, je suis la maman d'une personnalité politique.
00:04 Devinez qui est-ce ?
00:06 Voilà, je suis la maman de Georges-Louis Boucher.
00:12 Georges-Louis, première interview avec votre maman.
00:16 Vous l'avez briefée avant parce qu'on sait que vous êtes souvent dans le contrôle.
00:19 J'aurais voulu, mais je n'ai pas eu le temps en fait,
00:21 parce que j'ai eu trop de choses ces derniers jours.
00:23 Mais voilà, je fais confiance à ma maman qui a déjà donné une ou deux interviews sans moi.
00:27 Mais à chaque fois, je les ai trouvées très bien.
00:29 Donc je me dis que voilà, ça devrait normalement aller.
00:32 Vous n'êtes pas trop stressé ?
00:34 Si, je suis plus stressé que pour une interview traditionnelle
00:37 parce que ça touche au personnel, à l'intime.
00:40 Donc voilà, on a un rapport avec sa maman.
00:43 Ce n'est pas la même chose que de la communication extérieure.
00:45 Donc voilà, c'est un exercice un peu particulier quand même.
00:49 Donc Rosalie, on est là aujourd'hui pour parler de votre fils Georges-Louis.
00:52 Quand il était petit, est-ce que vous vous attendiez un jour à ce qu'il devienne président du MR ?
00:57 Président du MR, peut-être pas, mais je le voyais quand même dans une carrière,
01:03 peut-être pas politicienne, oui peut-être, mais je le voyais bien dans la diplomatie.
01:09 Je voyais bien que ce n'était pas un manuel.
01:12 Je ne fais rien contre les manuels, mais ce n'était pas un manuel.
01:15 Ça, c'est la différence. Ma maman ne se rend pas compte que la phrase
01:18 « ce n'était pas un manuel », ça, ça va me poursuivre.
01:20 Ah bon, alors on ne le dit pas.
01:22 Si, si, si, si.
01:22 Non, c'est pour la blague.
01:27 Vous, Écoute-Marie, vous n'êtes pas du tout issu du milieu de la politique.
01:29 Non, pas du tout, pas du tout. Nous avons nos idées.
01:31 Nous sommes, enfin, moi, je suis passionnée de politique.
01:35 J'écoute les informations, je me tiens informée le plus possible.
01:40 Donc Georges-Louis, finalement, vous vous êtes intéressé tout seul à la politique ?
01:43 Oui, mais où il y a eu l'influence de mes parents, et je l'explique justement dans le livre,
01:47 c'est que comme eux s'informaient, après ils s'informent comme des citoyens,
01:52 ce n'est pas non plus qu'on allait acheter le journal tous les jours,
01:56 mais toutes les émissions de télévision.
01:58 Rosalie, vous diriez quoi ?
01:59 Vous étiez une maman assez sévère envers Georges-Louis ?
02:02 Sévère, peut-être, mais juste.
02:06 Quand il fallait le réprimander, ça oui.
02:09 Tous les gens sévères disent qu'ils sont justes.
02:12 Si, si, mais la preuve, ça t'a quand même réussi, l'éducation qu'on t'a donnée.
02:16 Mais je dois dire aussi, c'est un enfant docile.
02:19 Il a été facile à élever.
02:23 Je crois que ça fait partie aussi de son caractère.
02:26 On connaît aujourd'hui un Georges-Louis très bavard, il l'était déjà à l'époque.
02:29 Oui, je vais dire oui.
02:33 Parce qu'il avait 3-4 ans, et dès qu'il a su parler, il fallait toujours l'écouter.
02:39 Et si on ne l'écoutait pas, il dit "écoutez-moi, j'ai quelque chose à dire".
02:43 Alors on devait se taire, et le mari de ta marraine a dit "mais c'est pas croyable".
02:48 Il m'a dit "c'est pas croyable, ton fils c'est un futur leader,
02:51 c'est un futur politicien, c'est pas possible".
02:55 Et tout le monde s'était aisé.
02:56 Vous confirmez ce que votre maman dit ?
02:58 Oui, les souvenirs sont assez justes.
03:01 J'ai pas encore Alzheimer.
03:03 Non, mais mes parents...
03:05 Parce qu'il y a aussi un truc, c'est que quand on est enfant,
03:08 on a une perception des choses qui ne correspond pas toujours à la réalité.
03:11 Mais la perception correspond bien, on est assez d'accord sur la vision.
03:16 Avec aussi le fait, mes parents ne m'ont jamais poussé.
03:19 Ils ne m'ont jamais poussé à faire des choses,
03:21 ils ne m'ont jamais mis de pression.
03:23 Ils m'ont mis des règles qui étaient assez claires.
03:26 Par exemple, ma maman a dit "je dois pas aller en rue".
03:29 Ça c'est clair que je crois que j'ai été un des derniers dans mon école,
03:32 pour ne pas dire le dernier, qu'on est venu chercher à l'école
03:34 jusque assez loin dans les études secondaires.
03:36 Ça a été un grand débat, vraiment à pied.
03:40 Donc ce n'était pas ceux qui veulent venir avec la voiture.
03:42 Mais c'est vrai que oui, on est venu me chercher très très tard.
03:46 Ma mère ne voulait pas que je traîne en rue.
03:48 Si, mais pour moi, il y en a qui à l'entrée de la secondaire,
03:52 c'est déjà fini, ils prennent le bus.
03:53 Moi, j'ai dû attendre pas loin de la moitié des études secondaires.
03:56 Non, non, ça, ce n'est pas vrai.
03:56 Un grand objet de débat quand même jusqu'à la deuxième.
04:01 En deuxième, le premier trimestre de la deuxième.
04:03 Parce qu'il m'a dit "ce n'est pas possible,
04:05 il y a une copine dans ma classe qui n'habite pas loin de chez nous,
04:08 elle, elle revient bien à pied et c'est une fille.
04:10 Alors moi, je reviens à pied aussi".
04:12 Je me dis "mais alors".
04:13 Il y avait le timing.
04:15 Et alors, d'ailleurs pour l'anecdote,
04:17 ma maman, c'est souvent amusé, mais elle me racontait après
04:19 que fatalement, je traînais parce que tu as un peu de liberté,
04:22 donc tu en profites, tu repasses, tu vas acheter un magazine à la librairie,
04:25 tu discutes avec l'un, tu traînes un peu.
04:27 Mais j'étais tenu par une heure.
04:30 Et donc, parfois, elle se mettait à la porte là
04:32 et elle voyait à l'autre bout de la rue,
04:35 parce qu'ici, on a un sous-bas dégagement,
04:37 et elle me voyait courir et regarder ma montre avec mon sac dans tous les sens.
04:41 Et elle, ça la faisait rire.
04:42 Georges, lui, moi, je voudrais revenir dans votre livre qui vient de sortir,
04:45 "A bâton rompu".
04:45 Vous évoquez justement la vie de vos parents, la vie professionnelle.
04:49 Vous parlez d'une famille modeste.
04:51 Quelle est la perception avec le recul ?
04:52 Maintenant, vous avez grandi, vous avez 37 ans,
04:54 vous n'êtes plus le petit enfant.
04:56 Est-ce que vous admirez la vie professionnelle de vos parents ?
04:59 Comment est-ce que vous vous sentez par rapport à ça ?
05:01 Oui, je l'ai dit.
05:02 Et d'ailleurs, il y a un élément qui est majeur dans le bouquin,
05:04 qui permet de comprendre mon action politique aujourd'hui,
05:07 c'est le rapport au travail.
05:08 Et le rapport au travail que j'ai aujourd'hui, c'est celui de mes parents.
05:11 C'est-à-dire que mon papa a une formation d'ingénieur.
05:15 Il se fait que les événements de la vie l'ont amené à un moment donné
05:18 à être dans des positions plus difficiles.
05:21 Mais mes parents ne se sont jamais arrêtés de travailler,
05:25 parfois de faire des boulots qui n'étaient pas les plus gratifiants.
05:29 Et puis, ça lui a permis de repartir sur autre chose.
05:33 Et ma maman aussi, de pouvoir jamais lâcher.
05:39 Moi, pour être très clair avec vous,
05:41 j'ai beaucoup de mal quand j'entends des gens aujourd'hui qui me disent
05:43 « Non, je ne vais pas faire ce boulot-là parce que c'est trop loin. »
05:45 Moi, j'ai vu mes parents se lever à 5h du matin
05:48 parce qu'il fallait aller à Liège, il fallait aller à Bruxelles,
05:51 il fallait aller parfois encore plus loin.
05:54 J'ai du mal avec les gens qui disent « Je ne prends pas ce boulot-là
05:56 parce que ça ne correspond pas à mes qualifications. »
05:58 OK, en premier choix, je suis d'accord.
06:00 Mais quand tu es vraiment dans les problèmes,
06:02 ben oui, à un moment donné, moi, je n'ai pas peur de dire
06:05 « Mon papa, il a été déblayé des jardins à un certain moment,
06:08 il a fait des boulots comme ça et il ne s'est jamais dit
06:10 « Je suis ingénieur, ce n'est pas assez bien pour moi. »
06:13 Il s'est dit « J'ai une responsabilité vis-à-vis de ma famille. »
06:16 Il a pris ses responsabilités.
06:18 Et donc, mes parents n'ont jamais considéré
06:20 qu'il y avait des tâches qui étaient subalternes.
06:22 Donc aujourd'hui, je dois être président de parti,
06:24 la veille des congrès, j'y vais.
06:25 S'il faut mettre des chaises, je mets des chaises.
06:28 Je n'ai pas cette hiérarchie qu'il y a des tâches qui sont trop nobles
06:32 ou des tâches qui ne le sont pas assez pour l'un ou pour l'autre.
06:35 Alors Rosalie, je me tourne vers vous.
06:37 Votre fils, il est souvent ou régulièrement la cible des critiques,
06:40 que ce soit sur les réseaux sociaux ou ailleurs.
06:42 Comment vous le vivez ?
06:43 Évidemment, pas bien.
06:45 Pas bien parce que ça vient de personnes qui ne le connaissent pas.
06:51 En fait, ce qui est très difficile,
06:54 ça bon, je ne veux pas jeter la pierre au média,
06:57 mais ce qui est difficile aussi, c'est qu'on retire d'un contexte
07:01 une phrase ou une idée.
07:04 Et alors, les gens ne voient que ça et se font une idée
07:09 sur base de quelque chose qui, à la limite, ne ressemble à rien.
07:16 Il vous arrive de répondre aux gens ?
07:17 Non, jamais. Ça, jamais.
07:19 Je crois qu'avec Georges Louis, on s'est dit,
07:22 ça, on ne va pas prêter le flanc.
07:24 Au contraire, c'est pire que mieux.
07:26 C'est pire que mieux.
07:27 Il vaut mieux ne rien dire.
07:29 Je suis désolée, mais voilà, on sait ce qu'on dit.
07:32 On répond par le silence.
07:35 Mais enfin, voilà, bon.
07:36 Non, ça, je ne veux pas.
07:38 Je ne veux pas et je ne veux pas m'émisser dans sa carrière.
07:43 Ce n'est pas l'envie qui me manque des fois,
07:45 quand j'entends certaines émissions ou que je lis certains articles.
07:48 Ce n'est pas l'envie qui me manque.
07:50 Mais alors, je pose une bonne gueulante avec quelqu'un et puis c'est tout.
07:53 Vous êtes toujours en accord avec ses choix ?
07:57 À 90 %, oui.
07:58 À 90 %, je les comprends.
08:00 Ah merde, il y a 10 %, ce n'est pas le cas ?
08:02 Bah...
08:05 Je les comprends.
08:05 C'est parce qu'elle ne me trouve pas à sa droite.
08:07 Ça doit être bon, ça.
08:09 Ben non.
08:10 Bon, ben, je ne sais pas.
08:11 Bon, il y a quand même des choix que tu fais qu'au départ, on ne comprend pas.
08:16 Et puis, on se dit, dans le fond, c'est le bon choix.
08:20 Voilà, c'est le bon choix.
08:21 Ça, c'est parce que tu es ma maman.
08:23 Non, non, non, non, non, non.
08:24 Je t'ai déjà dit à plusieurs reprises.
08:25 Je sais.
08:26 La question qu'on pourrait se poser, à quoi ressemblent vos repas de famille ?
08:29 Vous parlez politique.
08:31 Vous parlez peut-être de la dernière sortie de Georges Louis.
08:35 Euh...
08:35 C'est-à-dire...
08:36 Je ne comprends pas.
08:37 Ben, en fait, on ne sait pas beaucoup parler d'autres choses.
08:45 On ne parle pas que de politique, mais au moins, à un moment du repas,
08:49 ça vient sous une forme ou une autre.
08:52 Alors, il y a des moments où il vaut mieux esquisser très vite.
08:57 Et des moments, ça va, on peut discuter.
08:59 Mais autrement, voilà, on parle de choses et d'autres.
09:01 J'avoue qu'on en parle aussi parce que vous aimez savoir si ça va pour moi.
09:06 Si ça va pour toi, justement.
09:07 Et donc, par exemple, quand il voit des faits,
09:09 il me pose la question discrètement, mais je sens qu'en réalité,
09:12 c'est leur manière de me dire "t'es sûr, ça va ?"
09:14 Et donc, ils veulent voir dans ma manière de réagir si ça va.
09:17 Pour continuer dans cette interview, est-ce que vous pourriez dire,
09:20 donc au courant public, une chose sur Georges Louis que personne ne sait aujourd'hui ?
09:24 Personne ne sait aujourd'hui...
09:26 Ça, vous auriez dû me le demander.
09:27 Il y a plein de trucs que les gens ne savent pas.
09:29 Tu ne vas pas me regarder.
09:33 Parce que parfois, il est un peu casse-pieds, ça.
09:36 Ça, ils le savent, ils l'ont compris.
09:38 Ça, il y en a même des gens qui en souffrent physiquement, je crois.
09:42 Et pour répondre vraiment directement à votre question,
09:45 un truc que je ne dis pas souvent, je ne dis pas que je ne l'ai jamais dit.
09:49 Alors, je ne vais pas dire que je les aime parce que je leur ai dit qu'ils le savent.
09:52 Mais ce que je leur ai dit en début, c'est que leur éducation...
09:56 Voilà, aujourd'hui, m'a permis de faire ce que je fais, d'être épanoui,
10:02 et d'être bien sur mes deux jambes, quoi.
10:06 D'être bien stable, de connaître la valeur des choses,
10:09 de ne pas faire n'importe quoi, d'être structuré.
10:13 Et ça, c'est vrai que je pense que je n'avais jamais dit merci pour mon éducation.
10:17 Maintenant, ce que je veux dire à mon fils, ce que je lui ai toujours dit,
10:20 que je l'aime beaucoup, que je suis très fière de lui,
10:22 je suis très fière de lui, que moi, voilà, depuis qu'il est là,
10:27 moi, je n'imagine plus la vie sans lui, ça, c'est certain.
10:32 Voilà, c'est mon chéri.
10:35 Je suis très fière de mon fils et bon, j'ai souvent peur pour lui
10:40 parce que le monde est violent, mais bon...
10:44 - Ça va aller. - Ça va aller.
10:45 - Ne t'inquiète pas.
10:46 - Enfin, je suis très fière, voilà, continue comme ça.
10:49 Reste tel que tu es avec tes convictions.
10:53 Je crois qu'un jour, ça paiera, ça paiera vraiment.
10:55 Sous-titrage ST' 501
10:57 [SILENCE]

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