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  • 07/08/2023
Remarques grossophobes et fétichisation : Leslye Granaud dénonce le manque de considération des femmes grosses et "midsize" sur les applications de rencontre et la normalisation des comportements problématiques

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Transcription
00:00 Je baisse que des minces, mais ce que j'ai vraiment envie, c'est de baiser des grosses comme toi.
00:04 Les femmes grosses et les femmes mid-size, sur les applications de rencontres,
00:07 elles sont principalement considérées comme des plans cul et des bouts de viande.
00:10 Et aujourd'hui, je vais vous expliquer pourquoi c'est problématique.
00:13 Ça fait à peu près 8 ans que j'utilise les applications de dating.
00:18 Il faut savoir qu'en l'espace de 3 ans, j'ai pris près de 30 kilos.
00:21 Donc je suis passée d'une fille qui faisait un 36 à une fille qui fait un 46.
00:25 J'ai senti une vraie différence sur comment on m'abordait sur les applications de rencontres.
00:28 Chaque premier message va vraiment m'aborder soit sur le fait que j'ai une grosse poitrine,
00:31 soit sur le fait que j'ai une grosse bouche, ou des tatouages.
00:34 Ça aussi, les tatouages, grosse fétichisation.
00:36 On estime que les femmes qui ont beaucoup de tatouages, c'est des femmes qui sont à petite vertu.
00:41 On n'imagine pas qu'une femme avec des tatouages puisse être une femme tout à fait calme et rangée,
00:45 qui a son emploi, son petit chien et sa vie comme tout le monde.
00:47 Ou alors des commentaires tout à fait grossophobes, en mode
00:51 "Bah dis donc, toi ça se voit que t'aimes pas le sport", "Dis donc, t'as bien mangé à la cantine".
00:54 C'est très très rare qu'il y ait un premier message tout à fait normal
00:57 qui me parle d'une activité que je chie dans ma bio.
01:01 Déjà, il y a un fait qui est quand même assez inquiétant,
01:03 c'est que notre société est tellement grossophobe
01:06 qu'elle considère qu'une femme qui fait du 46 est une personne grosse.
01:08 46, c'est la moyenne française.
01:10 Donc en fait, la majorité des femmes en France font cette taille-là.
01:13 C'est pas normal, déjà, sur ce point-là, qu'on nous considère comme étant grosse quand on fait cette taille-là.
01:17 Et je peux vraiment faire la différence vu que j'ai été très mince.
01:20 Et quand j'étais très mince, je peux pas dire que j'avais pas de remarques sur mon corps,
01:23 mais c'était pas les mêmes.
01:24 C'est des remarques beaucoup moins axées sur la sexualité.
01:27 Le regard a changé de la part des hommes
01:30 parce que je suis simplement et uniquement devenue un bout de viande.
01:34 C'est qu'aujourd'hui, les hommes ne m'assument pas dans leur vie quotidienne.
01:37 C'est-à-dire que, par exemple, il n'y a pas si longtemps que ça,
01:40 j'ai rencontré un homme sur une application de rencontre, on a fait un date,
01:43 je suis rentrée chez moi et le premier SMS qu'il m'a envoyé, c'est...
01:47 "Je baisse que des minces, mais ce que j'ai vraiment envie, c'est de baiser des grosses comme toi".
01:52 Ça résume très bien le plan auquel je suis relayée dans le regard des hommes.
01:55 Dans l'imaginaire collectif masculin, on imagine que les femmes qui auraient des formes n'auraient pas le choix.
01:59 C'est absolument faux.
02:00 Une femme qui a des formes a exactement le même type de pratique que n'importe quelle femme.
02:04 Elle n'est pas plus libérée parce qu'elle crèverait la dalle.
02:07 Et finalement, comme on est grosses, on a bien cherché.
02:10 Donc, est-ce qu'on mérite vraiment le respect ?
02:12 C'est pas normal que ce soit devenu totalement commun de dire aux personnes,
02:15 dès un premier message, "T'as un beau cul et j'aimerais vraiment te baiser".
02:18 Sauf que les gens sur les applications de rencontre arrivent avec leurs émotions,
02:21 leur parcours de vie, leurs blessures.
02:22 On a tout à fait le droit de vouloir juste un plan d'un soir.
02:25 Il n'y a pas de mal à ça.
02:26 Sauf qu'on n'est pas obligé de l'amener en mode "T'es vraiment bonne et j'ai vraiment envie de te tringler".
02:29 On peut l'amener de façon correcte.
02:31 Qu'on arrête de normaliser les comportements toxiques,
02:34 que ce soit des dick pics, que ce soit des messages insultants sexuellement explicites.
02:39 En fait, reconsidérons-nous comme des êtres humains, aussi bien hommes que femmes.
02:43 Arrêtons de penser qu'on est juste une petite image virtuelle sur qui on n'a pas d'impact.
02:48 La réalité, c'est que notre téléphone, on l'a dans notre poche,
02:50 on l'a tous les jours chez nous, on regarde dans notre lit.
02:53 Et en fait, c'est une agression qui ne s'arrête jamais.
02:55 C'est-à-dire que l'agression commence quand on sort de chez nous en tant que femme,
02:57 parce que dans l'espace public, on est considéré comme des bouts de viande.
02:59 Et que quand on rentre chez nous et qu'on veut juste discuter avec quelqu'un
03:02 pour éventuellement rencontrer l'amour,
03:03 car oui, il y a encore des personnes qui cherchent l'amour sur les applications de rencontres,
03:06 on se retrouve dans la continuité de toutes les agressions qu'on a subies
03:09 dans la rue et dans l'espace public.
03:11 Et ça, c'est inquiétant.
03:12 La vidéo que j'ai faite sur TikTok, où je parle de ma prise de poids
03:15 et de ce que ça a impliqué dans mes relations sur les applications de rencontres,
03:18 j'ai trouvé ça dingue de devenir d'un coup une espèce de porte-parole
03:22 des femmes grosses qui expérimentent les applications.
03:25 Donc, je n'ai pas envie d'être le porte-parole des fattes activistes,
03:27 parce qu'il y a des meufs qui le font bien mieux que moi
03:29 et qui sont bien plus concernées par la question.
03:31 Mais par contre, je peux me faire la porte-parole des mid-size,
03:33 qu'on considère grosses à tort.
03:35 46, ce n'est pas gros.
03:37 Et avoir des cuisses, avoir du ventre, avoir de la poitrine,
03:40 avoir des bras qui bougent, c'est tout à fait normal.
03:42 Il arrive plein de choses, il arrive une grossesse,
03:44 il arrive les menstruations, il arrive la ménopause.
03:46 D'ailleurs, messieurs, vous aussi, vous avez le corps qui change
03:49 et pour autant, on vous aime même avec vos petits bides,
03:51 avec vos cheveux qui tombent et avec vos rides.
03:53 Et on ne vous considère pas pour autant comme des bouts de viande.
03:56 Je pense que c'est au-delà de la question du corps,
03:58 c'est se poser la question de pourquoi on est accro à ces applications-là,
04:03 quels impacts elles ont sur notre santé mentale,
04:05 aussi bien hommes que femmes, et rétablir un petit peu les choses.
04:09 Se poser la question, se dire
04:10 "Est-ce que j'aimerais recevoir le message que je viens d'envoyer ?
04:13 Est-ce que je le dirais à quelqu'un dans la rue ?
04:15 Est-ce que j'aborderais quelqu'un dans un bar
04:17 en lui disant telle ou telle chose ?"
04:19 Je pense qu'aujourd'hui, malheureusement,
04:20 les applications de rencontre ont créé beaucoup de frustration,
04:22 aussi bien chez les femmes que chez les hommes,
04:24 et que malheureusement, les applications ne font rien pour arranger ça.
04:28 Et aujourd'hui, en effet, peut-être que la solution,
04:30 c'est peut-être de quitter les applications et de prendre le pas,
04:33 de se reconnecter dans la vraie vie, de se redraguer dans la vraie vie.
04:36 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
04:39 [Musique]

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