Matthias Dandois, neuf fois champion du monde de BMX flat, tentera cette semaine, à Glasgow, de remporter un 10e titre mondial. L'Équipe l'a rencontré lors du FISE de Montpellier. Interview.
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00:00 Globalement, à part ce dixième titre, après, il ne me reste plus grand chose.
00:06 C'est assez triste, mais c'est assez beau.
00:08 J'ai tellement gagné des trucs dans ma carrière qu'il ne me reste plus grand chose à cocher.
00:11 Donc on va cocher ce dixième titre et puis on fêtera ça après.
00:14 Ok.
00:16 Bisous.
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00:56 Je suis encore à haut niveau et j'arrive à toujours être en finale, être sur le podium.
01:01 Et je me suis dit, pourquoi arrêter du coup si j'arrive toujours à être performant ?
01:05 C'est assez facile de gagner une fois les championnats du monde.
01:08 Paradoxalement, tu peux avoir un coup d'éclat, c'est sur un jour, tu peux être bien.
01:12 C'est beaucoup plus dur d'en gagner neuf sur quinze ans de carrière, puisque c'est plus du hasard du coup.
01:17 Et en arrivant à neuf, je me dis que c'est quand même trop bête de ne pas aller à dix.
01:21 Tu vois, c'est un super beau chiffre.
01:22 Je suis motivé par mon niveau et puis par ce chiffre qui est vachement emblématique, je trouve.
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01:31 J'ai de toute façon décidé d'arrêter après les JO de Paris 2024.
01:36 Je n'ai pas envie de faire l'année de trop haut et les kids dans ma discipline sont de plus en plus forts.
01:41 J'ai beaucoup gagné dans ma carrière et je n'ai pas envie d'être ce pro en 2029 qui fera quinzième au championnat du monde.
01:48 Ce n'est pas du tout mon but.
01:49 Une fois que ma carrière sportive sera finie, je vais passer complètement à autre chose.
01:51 Et voilà, j'ai vraiment envie de mettre un point final à cette carrière.
01:55 Et le dixième titre, ce serait vraiment le point parfait.
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02:02 C'est marrant parce qu'en 2008, j'étais l'outsider total.
02:05 J'ai gagné au Japon contre un Anglais qui survolait la discipline à l'époque.
02:09 J'étais vraiment le rookie.
02:11 Après, j'étais le gars imbattable en 2015-2018.
02:17 Je roulais sur tout le monde sur la discipline et je gagnais assez facilement les compétitions.
02:21 Et aujourd'hui, je galère de fou à gagner une compétition parce que les kids sont trop forts et je suis vieux.
02:27 C'est trop bien d'avoir eu cette évolution dans ma carrière.
02:29 D'être l'outsider, après le gars qui gagne tout et puis le mec qui se galère un peu.
02:33 C'est ça que j'ai adoré tout au long de ma carrière.
02:34 Ce n'est jamais resté vraiment gravé dans le marbre.
02:37 C'est vraiment tout le temps en constante évolution et c'est pour ça que je suis toujours aussi motivé finalement.
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02:45 Je veux arrêter avant d'être ringard.
02:47 C'est pour ça qu'il y a ce point final de Paris 2024.
02:50 C'est trop bien.
02:51 Ça me laisse un an et demi pour gagner d'autres titres et d'être hyper motivé et focus pendant cette année et demi.
02:56 Parce que je sais qu'à un moment, je serai ringard.
02:58 Je n'ai vraiment pas envie d'arriver à ce moment-là.
03:00 J'ai envie de dire ciao avant d'être ringardise.
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03:09 C'est assez facile de gagner une compétition quand tu arrives dans un sport.
03:11 Tu es doué, tu as un gabarit différent des autres, tu es un peu frais.
03:15 Ce qui est dur, c'est qu'une fois que tu as beaucoup gagné, les juges t'attendent au tournant de fou.
03:19 Si tu mets un peu un pied par terre ou si tu rides un peu moins bien que d'habitude, ils vont te casser.
03:25 Ça m'a beaucoup démotivé à un moment.
03:27 J'ai dû trouver les ressources pour rebondir.
03:29 Et les ressources pour rebondir, ça a été de prendre du recul de fou sur ma discipline.
03:35 J'ai eu de la chance de faire du cinéma, du mannequinat, d'avoir une boîte de production vidéo.
03:39 Et si je n'avais pas eu ce moment où j'avais fait d'autres choses, je pense que j'aurais arrêté bien avant.
03:44 Ce côté santé mentale dans le sport est presque aussi important que le côté performance.
03:51 J'en parlais avec Enzo Lefort qui lui est fan de photographie.
03:55 Il me disait que sans la photo, il aurait complètement arrêté.
03:59 Florent Manodou s'est mis à faire du handball tout d'un coup parce qu'il en avait marre de regarder des lignes de natation toute la journée.
04:04 Il faut faire des choses en dehors de son sport pour rester performant dans son sport.
04:07 Les coachs, je pense qu'ils ont du mal à l'entendre, mais c'est des conneries.
04:10 Je pense qu'il faut se réserver à des moments sociaux et interactifs pour pouvoir être performant dans ta discipline à un moment.
04:22 J'ai commencé le BMX en 2002 à Épinay-sur-Orge, au sud de Paris.
04:26 A l'époque, on était vraiment des cafards.
04:29 On s'entraînait dans la rue, vite fait, il y avait deux ou trois mecs qui rideaient.
04:32 Clairement, les institutions s'en cognaient qu'on existe.
04:35 Que le BMX Park soit au JO, que nous avons notre rôle à jouer pendant la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques.
04:43 C'est incroyable cette évolution.
04:45 Moi, je la vois plutôt d'un bon oeil.
04:47 Je trouve que c'est top que l'UCI soit emparé de notre compétition.
04:51 Ça tire vraiment le sport vers le haut.
04:53 Et tous les autres qui n'en veulent pas peuvent quand même rider tous les jours dans la rue.
04:56 Donc finalement, c'est très positif.
04:58 Ce dont je suis le plus fier quand je regarde ma carrière, c'est la longévité déjà.
05:07 Et surtout, tous les kids que j'ai pu inspirer à commencer le BMX ou le BMX flat.
05:14 Tous les messages que je reçois, où on me dit que tu as l'air d'être quelqu'un de bienveillant, que tu donnes de l'énergie positive.
05:20 Et c'est vrai que j'ai été élevé comme ça.
05:22 Mes parents ont toujours été dans ce truc.
05:24 Si tu es gentil avec les gens, ils seront gentils avec toi.
05:27 Si tu dégages une énergie positive, tu seras mieux dans ta vie.
05:30 Et je pense que j'ai globalement réussi ça dans ma carrière.
05:33 C'est d'être un mec qui est abordable et qui donne de la bonne énergie aux gens.
05:37 Et ça, j'en suis plutôt fier.
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