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Aujourd’hui, l'Inde est le second producteur au monde de médicaments et vise la première place avant 2030. Depuis 20 ans, le gouvernement indien a investi dans une ville du sud du pays : Hyderabad.
Cette ville de 8 millions d'habitants accueille les usines des géants pharmaceutiques du monde entier, entraînant la région dans un essor économique sans précédent. Pourtant, la population subit aujourd'hui les conséquences de ce développement économique sans limite ni contrôle.
Un désastre écologique, humain et sanitaire se profile. Les scientifiques sur place sont unanimes : les cancers, malformations et décès suspects sont tous liés au rejet d'eaux usées. Près de 30 % des produits pharmaceutiques européens sont importés d'Inde et sont, pour l’essentiel, produits à Hyderabad.
Pour répondre aux demandes toujours plus fortes des pays occidentaux, le gouvernement indien a lancé la construction de Pharma City. Un projet pharaonique destiné à devenir le fer de lance de l'économie indienne. Sur une surface grande comme 14 000 terrains de football, surgiront des milliers d'usines qui feront de l'Inde le premier producteur de médicaments au monde.

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00:00 ...
00:09 ...
00:13 -L'eau de la Moussie est utilisée depuis toujours
00:17 pour l'agriculture et dans notre vie quotidienne.
00:20 Aujourd'hui, vous pouvez voir à quel point la rivière est polluée.
00:24 ...
00:26 -Baté est le chef communautaire d'Eid-ul-Abad,
00:29 une petite ville du sud de l'Inde installée sur les rives de la Moussie.
00:33 Depuis 30 ans, il se bat contre la pollution industrielle
00:36 qui ravage sa région.
00:37 -Ces mousses blanches que vous voyez,
00:40 c'est en fait une concentration extrêmement forte
00:43 de rejets médicamenteux.
00:45 ...
00:47 Maintenant, je vais vous montrer à quel point ces eaux sont toxiques.
00:51 Un simple contact entre les résidus de mousse et l'alumette
00:54 est capable d'enflammer la terre.
00:57 Voilà la preuve de la contamination de cette rivière
01:00 par l'industrie pharmaceutique.
01:02 Comment peut-elle justifier cela ?
01:04 ...
01:09 Imaginez les conséquences de la consommation de cette eau
01:12 sur la population.
01:14 ...
01:19 -Les eaux de la Moussie brûlent.
01:21 Le fleuve, autrefois source de vie et d'abondance,
01:24 disparaît sous une épaisse couche de mousse toxique.
01:27 ...
01:29 Sur des centaines de kilomètres,
01:31 il charrie ces eaux nocives et porte la mort et la maladie
01:35 jusqu'à la capitale de la région.
01:37 ...
01:40 Hyderabad,
01:41 mégalopole industriel de 8 millions d'habitants,
01:44 est devenu en à peine 40 ans le plus grand pôle pharmaceutique d'Asie.
01:48 ...
01:51 C'est ici que les géants internationaux
01:54 et le secteur médical ont installé leurs forces de production,
01:57 attirées par une main-d'oeuvre bon marché, de faibles taxes
02:00 et des réglementations environnementales quasi inexistantes.
02:04 ...
02:06 Plus de 140 industriels occupent la banlieue de la ville.
02:10 Ils sont tous là.
02:11 Mailand, Sandhoz, Sanofi ou Pfizer.
02:15 ...
02:18 Leurs usines tournent nuit et jour
02:20 pour répondre à la demande mondiale toujours grandissante.
02:23 30 % des médicaments génériques
02:25 et 40 % des vaccins consommés dans le monde
02:28 sont fabriqués dans ces complexes.
02:30 ...
02:33 Pour atteindre les quotas de production,
02:35 de nouvelles usines sortent de terre chaque année.
02:38 ...
02:40 L'air, l'eau et les sols sont saturés
02:42 par la pollution de l'industrie du médicament.
02:45 ...
02:47 Une pollution insidieuse,
02:49 accusée par la communauté scientifique
02:51 peut provoquer chez les habitants infections pulmonaires,
02:54 fausses couches et cancers.
02:56 Avec la volonté de devenir la nouvelle pharmacie du monde,
02:59 l'Inde empoisonne sa nature et sa population.
03:02 ...
03:07 Et Doolabad en est le symbole.
03:10 ...
03:13 Cette ville de 9 000 habitants
03:15 est située à quelques kilomètres des usines d'Hiderabad.
03:18 ...
03:21 C'est ici qu'ont été mesurées
03:23 les plus fortes concentrations de rejets toxiques.
03:26 ...
03:28 Bhaté, le chef de la communauté,
03:30 documente systématiquement les conséquences de cette pollution.
03:34 ...
03:37 -Les poissons d'Hiderabad étaient très réputés dans la région.
03:40 Mais à cause des produits chimiques rejetés dans la moussie,
03:44 les poissons sont tous en train de mourir.
03:47 Les pêcheurs eux-mêmes tombent malades et certains meurent.
03:51 Et pour ceux qui restent, c'est une perte de revenus colossale.
03:55 ...
03:59 Les femmes qui travaillent au bord de la rivière
04:02 ont commencé à avoir des cloques sur la peau.
04:05 Et l'argent qu'elles gagnent
04:07 leur permet seulement de payer leur traitement.
04:10 Le Bureau de contrôle de la pollution,
04:13 les industriels et le gouvernement
04:16 devraient tous être envoyés au tribunal
04:18 pour avoir empoisonné la population.
04:21 Et seulement à ce moment-là, le peuple obtiendra justice.
04:25 ...
04:26 -Malgré une détermination sans faille, Bhaté le sait,
04:30 ses espoirs de justice auront peu de chance d'aboutir.
04:34 ...
04:36 En 30 ans, aucune plainte ou recours n'ont porté leurs fruits.
04:40 ...
04:43 Une génération d'agriculteurs a déjà été sacrifiée.
04:47 Parvine et Srikant ont passé leur vie
04:50 à travailler sur les rives de la Moussi.
04:52 Aujourd'hui, tous les deux sont victimes
04:55 de graves infections pulmonaires.
04:57 ...
05:01 -Quand mes problèmes respiratoires apparaissent,
05:04 j'utilise cet inhalateur que mon fils m'a acheté.
05:07 Cela m'aide à atténuer les symptômes,
05:10 et en même temps, ils finissent toujours par revenir.
05:13 Et c'est pareil pour mon mari.
05:15 On a compris que l'on ne pourrait plus continuer à vivre ici.
05:19 ...
05:21 -La terre de ces agriculteurs est souillée par les produits chimiques
05:25 utilisés au cours du processus de fabrication des médicaments.
05:29 Depuis plus de 10 ans, des ONG internationales
05:32 comme la fondation néerlandaise Changing Market
05:36 documentent la contamination de la Moussi.
05:39 Chacune de ces études révèle la présence de quantités importantes
05:43 de produits dangereux, chromes, arseniques ou nickels.
05:46 -Nous voulons seulement survivre,
05:48 et comme chaque être humain en a le droit,
05:51 respirer un air pur, manger une nourriture saine
05:54 et boire une eau potable.
05:56 La situation empire chaque jour.
05:59 Les femmes de notre communauté
06:01 subissent de plus en plus de fausses couches.
06:04 Depuis que ces cas ont été recensés,
06:07 les médecins nous ont interdit de boire ou même de toucher la Moussi.
06:11 C'est à cause de cette eau que les enfants ne grandissent pas normalement.
06:15 Ils développent des problèmes respiratoires
06:18 et des maladies des yeux.
06:20 ...
06:22 -C'est la plus grande inquiétude de Baate.
06:25 La nouvelle génération semble déjà condamnée,
06:28 avant même leur naissance.
06:30 ...
06:32 Dans la seule ville des Doulats,
06:35 plusieurs centaines d'enfants
06:37 connaissent des troubles physiques ou psychiatriques.
06:41 ...
06:43 Aucune étude du gouvernement n'a été réalisée sur le sujet.
06:47 Mais Baate effectue des recensements réguliers.
06:50 Selon lui, plus de 20 % des enfants de la ville
06:53 seraient victimes des eaux de la Moussi.
06:56 ...
06:58 Chambavi est la mère de trois enfants.
07:01 Tous sont nés avec des malformations
07:04 et des déficiences mentales.
07:06 La fille de la famille voisine est atteinte des mêmes pathologies.
07:10 -Regardez nos enfants.
07:12 Regardez leur apparence.
07:14 ...
07:16 J'ai été dans plusieurs cliniques et j'ai vu de nombreux médecins.
07:20 J'ai dépensé beaucoup d'argent, mais même ça, ça n'a pas aidé.
07:24 ...
07:27 -Ma fille a 12 ans, mais ressemble encore à moi.
07:30 Elle a une petite fille.
07:32 Ma fille a 12 ans, mais ressemble encore à une enfant.
07:35 Elle souffre de fissures sur la langue.
07:38 Dès que quelque chose rentre en contact avec sa bouche,
07:41 elle commence à saigner.
07:43 Parfois, sans raison, elle fait des crises de démence
07:46 et commence à se gratter partout sur le corps.
07:50 ...
07:52 -Baate reste impuissant face au désespoir de ses mères de famille,
07:56 mais se refuse à les abandonner à leur destin.
07:59 Avec l'argent réuni par la communauté,
08:02 il fait passer le médecin local chaque semaine
08:06 afin d'assurer un suivi aux enfants.
08:08 -Depuis 20 ans, j'ai observé une augmentation croissante
08:11 du nombre de cas d'enfants naissants avec une vision défaillante,
08:14 des troubles cognitifs et des cas de surdité.
08:17 -Il ne peut malheureusement que constater les dégâts.
08:21 A ce jour et à sa connaissance, aucun traitement n'améliore
08:24 la condition de ses enfants aux pathologies encore méconnues.
08:27 Baate a transmis plusieurs rapports aux industriels
08:30 et aux gouverneurs de l'Etat
08:32 pour les alerter sur la situation de ses enfants.
08:36 Ses nombreux courriers sont restés sans réponse.
08:39 Le drame sanitaire qui se joue à Edou Labade
08:42 se répète mécaniquement dans chaque ville et village
08:45 traversée par la rivière Moussi.
08:47 C'est le point de départ des recherches
08:51 d'un professeur de l'université d'Hiderabad.
08:54 Vijay Goudavarti est spécialisé en économie de l'environnement.
08:58 Il est un des premiers à avoir documenté
09:01 l'origine de la pollution de la Moussi.
09:04 -Nous allons dans un endroit que l'on appelle Godar Potaram.
09:08 C'est une zone industrielle.
09:10 Elle a été allouée aux industriels par le gouvernement
09:13 pour qu'ils y installent leurs usines.
09:16 Celle-là, qu'on aperçoit, c'est Mylan.
09:19 L'autre, c'est Orobindo.
09:22 On trouve aussi Heterodrugs ou Dr. Redis.
09:25 Je crois qu'il y a les plus grandes
09:28 et les plus importantes firmes industrielles au monde
09:31 qui opèrent depuis cette zone.
09:34 ...
09:38 -Les fermes de production
09:41 sont en train de se déployer dans cette zone.
09:44 ...
09:47 -Voilà, nous y sommes.
09:49 C'est là que l'industrie effectue ses rejets.
09:53 Et voilà l'un de ces bassins contaminés.
09:56 Comme vous pouvez le constater, il ne s'agit pas seulement d'eau usée.
10:00 Les industriels affirment qu'il n'y a pas une seule goutte d'eau polluée
10:04 hors du périmètre des usines.
10:07 ...
10:11 -Il y a un écoulement permanent d'eau contaminée
10:14 aux produits chimiques dangereux qui sortent de ces complexes.
10:18 Elles pénètrent directement dans les réserves d'eau souterraines.
10:22 ...
10:25 Comme on peut le voir ici, il n'y a pas beaucoup d'effluents visibles
10:30 sur le site de production, mais il y a tous ces petits ruisseaux,
10:34 ces petits filets d'eau qui finissent par porter l'eau jusqu'à la moussie.
10:38 -C'est une situation rendue possible par des failles majeures
10:42 dans le système de régulation.
10:44 -Le système de contrôle et de régulation est un échec total
10:49 parce que l'industrie pharmaceutique est un lobby extrêmement puissant.
10:53 Elle est dirigée par des classes socialement très influentes.
10:57 Elles font partie de la classe dirigeante et ont un réseau
11:01 qui remonte jusqu'aux politiques et bureaucrates de premier plan.
11:06 -Ce qui est intéressant, c'est que les entreprises
11:10 ne veulent pas intimider leurs opposants.
11:13 Il y a une sorte de culture mafieuse qui s'est installée
11:17 et certains industriels menacent même d'éliminer des militants
11:21 ou des activistes.
11:23 La conséquence, c'est que beaucoup de données sont falsifiées
11:28 et cela conduit à une mauvaise représentation
11:31 de la réalité de la situation.
11:33 -Il y a des enquêtes sur les rejets d'eau contaminée.
11:37 Aucun n'a donné suite à nos demandes d'interview.
11:40 Vijay Goudavarti et ses équipes ont fait de nombreux prélèvements
11:45 révélant des concentrations d'antibiotiques
11:48 encore jamais observées dans le monde.
11:51 -C'est d'ailleurs le vrai sujet d'inquiétude.
11:54 Les antibiotiques présents massivement
11:57 dans les rejets industriels se mélangent à la moussie.
12:02 Les eaux usées de la ville sont rejetées,
12:05 principalement constituées de matière fécale.
12:08 Elles transportent un ensemble de pathogènes humains
12:11 qui, lorsqu'elles rentrent en interaction
12:14 avec ces eaux chargées en antibiotiques,
12:18 sont capables de créer des superbactéries.
12:21 -Les craintes de Vijay sont déjà une réalité à Hyderabad.
12:25 Ces superbactéries prolifèrent massivement
12:28 dans les eaux de la moussie
12:31 et infiltrent les nappes phréatiques
12:34 contaminant eaux potables et nourriture.
12:37 Plus de la moitié des habitants de la capitale sont infectés.
12:41 Et dans ces hôpitaux,
12:43 les superbactéries font déjà des ravages.
12:46 Ramesh Konanki est pédiatre au Rainbow Children's Hospital.
12:51 Son service est débordé.
12:53 Les traitements aux antibiotiques prescrits aux enfants
12:56 sont devenus inefficaces.
12:58 -Normalement, quand nous donnons un antibiotique à un patient,
13:02 il va cibler l'organisme étranger et le détruire.
13:06 Mais ces bactéries ont développé
13:08 des mécanismes de protection à ces antibiotiques.
13:12 Voilà la 1re radio de l'enfant le lendemain.
13:27 Les 2 poumons étaient complètement détruits.
13:30 Face à l'urgence,
13:33 nous avons immédiatement dû le placer sous ventilation.
13:37 Il est venu d'un petit village
13:39 avec le poumon droit et gauche touché par la pneumonie.
13:43 Il subit une très grave infection des poumons,
13:46 résistante à tous les médicaments.
13:49 Et même les injections d'antibiotiques
13:52 ne permettent aucune amélioration de la santé de l'enfant.
13:56 ...
14:00 -Avant, on observait que rarement des cas d'infection
14:15 liés aux superbactéries.
14:17 Mais aujourd'hui, on les détecte systématiquement
14:21 dans chaque communauté et chaque hôpital.
14:24 Les antibiotiques classiques avec lesquels nous travaillons
14:27 ne fonctionnent plus aujourd'hui.
14:29 -En 2022, 60 000 enfants sont morts dans le pays,
14:35 contaminés par des bactéries résistantes aux antibiotiques.
14:39 Cette épidémie silencieuse traverse déjà les frontières,
14:44 tuant plus d'1,3 million de personnes par an à travers le monde.
14:48 Les projections des scientifiques de l'OMS
14:51 estiment que 10 millions d'êtres humains
14:54 en mourront chaque année d'ici à 2050,
14:57 devenant ainsi la 1re cause de mortalité mondiale.
15:01 C'est le paradoxe de l'industrie pharmaceutique indienne.
15:05 En voulant soigner le monde,
15:07 elle peut être en train de créer les maladies de demain.
15:10 Une stratégie aveugle et dangereuse,
15:13 menée au nom de la croissance économique
15:17 et condamnant les générations à venir.
15:20 Le pays indien a déjà les yeux tournés vers le futur
15:23 et veut pousser son avantage dans le secteur pharmaceutique
15:26 pour devenir le 1er producteur mondial de médicaments
15:29 et dépasser la Chine, son principal concurrent.
15:33 Cette ambition porte un nom, Pharmacity.
15:36 Jayesh Ranjan est le ministre du développement
15:39 et de l'industrie de l'Etat du Telangana.
15:42 C'est lui qui est en charge du suivi du projet.
15:45 -Il n'y a aucun endroit au monde
15:48 où la pharmaceutique atteint cette dimension.
15:51 Avec Pharmacity, nous voulons tripler la taille du secteur,
15:54 de le faire croître de 80 à plus de 250 milliards de dollars.
15:58 C'est tout à fait faisable, tout à fait possible.
16:01 Nous sommes très heureux de ce qu'on a accompli
16:05 avec le secteur de l'industrie médicale.
16:08 Environ 400 compagnies ont déjà postulé
16:11 pour acheter des parcelles de terrain.
16:14 C'est juste le commencement.
16:17 Plus de 1 500 compagnies s'installeront à Pharmacity.
16:20 ...
16:24 C'est aussi une grande source de fierté
16:27 que des industriels indiens produisent pour les Etats-Unis,
16:30 l'Europe et le reste du monde.
16:32 L'industrie du médicament est le porte-étendard
16:36 du processus industriel indien.
16:38 Le gouvernement apporte un soutien total à ce projet
16:41 et je pense que beaucoup reste à faire.
16:44 L'industrie pharmaceutique est polluante.
16:47 Mais avec Pharmacity, le gouvernement a pris la responsabilité
16:51 de construire lui-même les usines de traitement.
16:54 Nous avons mis 2 ans pour réaliser les études
16:57 et les analyses nécessaires avec les organismes de réglementation.
17:01 Cette étape a été validée.
17:03 Nous avons obtenu une complète approbation environnementale
17:07 pour le projet.
17:09 Dès que nous aurons acquis les derniers terrains,
17:12 nous pourrons inaugurer le projet.
17:15 Nous sommes donc littéralement à quelques mois
17:18 du lancement de Pharmacity.
17:21 Le gouvernement de Télégana a envisagé
17:24 le Hyderabad Pharmacity comme le premier
17:27 industriel environnementalement sustainable.
17:30 S'adressant à la potentielle et nationale importance
17:34 du projet, le Hyderabad Pharmacity
17:37 ne sera pas seulement une solution
17:40 à la sécurité de l'économie du pays,
17:43 mais un nouveau benchmark mondial
17:46 pour un développement inclusif et sustainable
17:50 pour l'industrie.
17:53 Voilà la réalité de l'utopie industrielle
18:00 dont rêve le gouvernement indien.
18:03 Dans l'ombre de son projet immobilier pharaonique,
18:06 se joue un drame humain et écologique.
18:09 Au sud d'Hyderabad s'étendent des terres encore sauvages.
18:12 À la lisière de ces espaces protégés,
18:16 de larges parcelles agricoles,
18:19 les terres sont cultivées à la main.
18:22 C'est la dernière zone non polluée
18:28 de l'état du Télégana et l'une des plus riches
18:31 en biodiversité du pays.
18:35 C'est ici que Pharmacity va prendre racine.
18:38 Et le chantier a déjà commencé.
18:46 Les forêts de pylônes électriques nécessaires
18:49 pour alimenter les milliers d'usines
18:52 ont déjà remplacé les jungles primaires.
18:56 Les collines et les montagnes ont été amputées,
18:59 les lits de rivières déplacés.
19:02 80 km2 de terres agricoles et de forêts vierges
19:05 seront transformés en paradis pour industriels du médicament.
19:08 Et près d'un demi-million de personnes
19:12 sont menacées d'expulsion.
19:15 C'est l'histoire de Kaluva,
19:18 militante écologiste devenue l'un des derniers remparts
19:21 contre Pharmacity.
19:24 -Les industriels sont en train d'acheter nos terres
19:28 à des prix dérisoires
19:31 et les découpent en parcelles pour l'industrie.
19:34 C'est un projet monstrueux.
19:37 Il va engloutir toute une région
19:40 et cela aura un impact énorme sur l'environnement
19:44 et sur les industries.
19:47 Ils ne reconnaissent même pas notre droit à exister.
19:50 Ils disent qu'ils donnent des compensations aux fermiers,
19:53 mais c'est seulement pour quelques propriétaires.
19:56 Il y a tellement de personnes qui dépendent de ces terres
20:00 pour vivre. L'ampleur de la destruction liée à ce projet
20:03 est inimaginable.
20:06 -A l'annonce du lancement de Pharmacity, en 2018,
20:09 Sara Swati Kaluva fonde un collectif
20:13 qui permet au gouvernement d'acquérir les dernières parcelles
20:16 nécessaires au lancement de Pharmacity.
20:19 -Cette ligne rouge, ce sont les futures frontières de Pharmacity.
20:22 Le projet s'étend sur plus de 80 km2.
20:25 Il détruira 12 villes et plusieurs villages.
20:28 Et vous voyez, c'est juste à côté de cette immense forêt.
20:32 C'est une réserve naturelle protégée, évidemment.
20:35 Ca, c'est une des premières lettres
20:38 que nous avons envoyées au ministère de l'Environnement.
20:41 Elles contiennent toutes les violations
20:44 des droits humains et environnementaux
20:48 provoquées par Pharmacity.
20:51 Ce courrier est la seule bonne chose qui soit sortie
20:54 de nos échanges avec le gouvernement.
20:57 Après nos réclamations, le ministère a été obligé
21:00 de poser des conditions aux industriels.
21:04 Aucune terre ne pourrait être prise de force.
21:07 Ils devront obtenir le consentement de chaque propriétaire.
21:10 -La lutte contre Pharmacity, le combat d'une vie.
21:13 Elle sillonne sans relâche la région
21:16 à la rencontre des chefs de communauté
21:20 pour leur porter une assistance juridique
21:23 et organiser leur défense.
21:26 -Le juge a dit que près de 75 % du projet était achevé.
21:29 Et il a osé nous demander pourquoi on continue à se battre
21:32 pour seulement 25 % des terres restantes.
21:36 ...
21:39 -Nous devons leur faire comprendre notre problème,
21:42 celui de la pollution, auquel ils seront confrontés
21:45 un jour ou l'autre. Ne restez pas assis calmement
21:48 en espérant que vous serez à l'abri. Ce projet
21:52 est comme un lent poison qui va affecter tout le monde.
21:55 On doit continuer à se battre jusqu'à ce que nous réussissions
21:58 à faire interdire la construction de Pharmacity
22:01 autour de nos villes.
22:05 -Je suis en prison aujourd'hui et nous sommes 7 dans ma famille.
22:08 On dépend tous de ces terres pour survivre.
22:11 ...
22:14 Si Pharmacity arrive, nous n'aurons plus rien à faire
22:17 de nos vies. Nous sommes illettrés
22:20 et nous ne retrouverons pas d'autre travail.
22:24 Nous devrons vivre comme des esclaves
22:27 pour les industriels.
22:30 Nous ferons face à énormément de problèmes
22:33 à cause de Pharmacity. Les gens commenceront
22:36 à tomber malades et ne pourront plus travailler.
22:40 -Ils ont essayé de nous soudoyer avec de l'argent
22:43 mais nous l'avons refusé. On ne veut pas vendre nos terres.
22:46 On leur a dit que nous ne vendrons jamais nos terres
22:49 pour Pharmacity car nous n'en avons pas besoin.
22:52 -Le seul moyen pour le gouvernement d'installer Pharmacity ici,
22:56 c'est de tous nous tuer et d'occuper nos propriétés
22:59 par la force.
23:02 La détermination se mêle au désespoir dans les communautés
23:05 alors que la pression des industriels s'intensifie
23:08 à l'approche de la date de l'inauguration fixée
23:12 par le gouvernement.
23:14 -Nous n'avons pas besoin de Pharmacity ici.
23:17 Peut-être que l'Occident en a besoin.
23:20 S'ils veulent produire des médicaments, alors qu'ils les fabriquent chez eux.
23:23 Les hommes devraient arrêter de penser en termes de pays
23:27 et de frontières. Ils devraient commencer à penser
23:30 aux êtres humains et aux conséquences de leurs actes
23:33 sur l'humanité et sur leur propre espèce.
23:36 -Sara Swati Kalluva observe peut-être pour la dernière fois
23:39 les terres sauvages de son enfance.
23:43 Le gouvernement indien a fait la promesse
23:46 que Pharmacity ne reproduirait pas les erreurs du passé
23:49 et vante une nouvelle ère industrielle propre.
23:52 Mais les fondations du plus grand pôle pharmaceutique du monde
23:55 empoisonnent déjà la région.
23:59 Le combat de quelques agriculteurs
24:02 contre la puissante industrie pharmaceutique
24:05 permettra-t-il d'éviter à la région
24:08 de subir le même destin qui dérabade ?
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