Miner les fonds marins, opportunité en or ou prochain désastre écologique ?
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00:00 Et si on pouvait miner les océans pour sauver la planète et se faire plein de brouzouf au passage ?
00:03 Complot ! Ah non c'est pas ça.
00:04 Vous avez peut-être entendu parler du deep sea mining, en bon français l'exploitation minière des fonds marins, l'ultime frontière.
00:09 Alors c'est pas encore le cas, il n'y a pas d'exploitation en cours, mais ça risque de se concrétiser dans les mois ou les années à venir.
00:14 Donc c'est peut-être le bon moment pour se documenter là-dessus.
00:16 Alors Jamyif, qu'est-ce que c'est exactement que ce deep sea mining ?
00:19 Est-ce une opportunité incroyable ou le prochain scandale écologique ?
00:22 Alors d'abord pourquoi ? Pourquoi je vis, pourquoi je meurs et surtout pourquoi les sciepiers s'oumèrent pour extraire des minerais ? Bah parce qu'il y en a pas mal justement.
00:28 Regardez ça, ça c'est un présalé littéralement où les moutons sont des nodules polymétalliques.
00:33 À nous !
00:34 C'est des boules de pétanque riches en hydroxyde de manganèse et de fer qui contiennent aussi du cuivre, du cobalt et du nickel
00:42 et des traces de lithium, de molybdène et quelques terres rares. Un bon petit cocktail.
00:45 Ces ingrédients justement, on en a besoin dans la vie de tous les jours.
00:48 On s'en sert pour les téléphones, les transports, les ordinateurs, les batteries, l'électricité, les miroirs, les bijoux, les peintures, les produits pharmaceutiques, les moteurs d'avion, la construction, l'automobile, les plastiques, les céramiques.
00:55 Il s'avère qu'avec l'avènement des véhicules électriques et le développement des pays en développement, la demande en ces métaux augmente drastiquement.
01:03 Ces métaux, aujourd'hui on les prélève sur la terre ferme, pas le choix, mais ça pose pas mal de problèmes.
01:06 Sans même parler du fait que certaines ressources soient concentrées dans des territoires pas au sommet de la régulation environnementale notamment.
01:11 Les mines terrestres sont pas trop un exemple de respect de l'environnement et des humains.
01:14 Entre la dégradation des habitats, la pollution de l'air des rivières et des nappes phréatiques, les déchets toxiques, l'expropriation des populations locales.
01:20 Bref, si on pouvait trouver une alternative, ce serait Bonnard.
01:23 Et c'est là qu'interviennent les grands fonds marins situés au-delà de 200 mètres de profondeur.
01:27 La particularité de ces nodules, c'est qu'ils sont bien plus concentrés en métaux que les cailloux qu'on extrait sur le continent.
01:32 Une entreprise de minage en eau profonde avance que la moitié des moutons de cette zone-là permettrait de construire un milliard de voitures électriques
01:38 en émettant un tiers de moins de gaz à effet de serre que le minage terrestre.
01:42 Ça se réfléchit.
01:42 Et c'est pas le seul avantage du deep sea mining.
01:44 Déjà, les grands fonds représentent 60% de la surface de la Terre avec plein de minerais potentiels dessus.
01:49 En plus, 80% de ces nodules sont situés dans les eaux internationales, donc ils appartiennent pas à un pays donné a priori.
01:54 Voilà qui rebat les cartes de la géopolitique.
01:56 Y a qu'à se baisser pour les ramasser en plus ces moutons, donc c'est tout bénef non ?
01:59 Mais moi en lisant tout ça je me suis dit "ouais quand même hein, ouais quand même hein".
02:03 Mais avant de nous emballer, regardons de plus près d'où viennent ces minerais et comment on les extrait.
02:08 [Générique]
02:13 A commencer par nos moutons.
02:14 Ces moutons se forment dans les plaines abyssales par précipitation de métaux contenus dans l'eau de mer autour d'un petit noyau.
02:19 Ça peut être un bout de coquillage, une dente de requin, une arête, un os de dodo que Noé a mangé pendant la traversée.
02:24 Faut dire qu'il devait trouver le temps long et puis c'est tentant aussi quand on vit littéralement dans un énorme garde-manger.
02:28 Et donc, par couche concentrique, les nodules grandissent au fil du temps, gentiment posés sur le fond marin.
02:32 Faut pas être pressé par contre, on est sur quelques millimètres de croissance par millions d'années.
02:35 On estime que nos champs de moutons s'étendraient sur l'équivalent de la superficie de l'Asie.
02:38 Certaines zones sont très riches en moutons, comme celle-ci au milieu du Pacifique,
02:42 qui focalise l'attention des états et des industriels.
02:44 On l'appelle la CCZ, ou Zone de Fracture de Clarion-Clepeton.
02:48 La quantité de monganaise, nickel et cobalt, rien que là, dépasserait la totalité des réserves...
02:52 [Bruit de bouche]
02:53 [Rire]
02:54 C'est pas en beatboxing.
02:55 ... dépasserait la totalité des réserves continentales connues.
02:57 Oui, c'est à ce point-là.
02:58 Maintenant la question c'est comment on peut extraire ces moutons,
03:00 qui sont parfois à plusieurs milliers de mètres de profondeur ?
03:02 Eh bien déjà il me semble que c'est plus ou moins en réflexion,
03:04 mais ce sera dans tous les cas un sacré défi technologique.
03:07 Va falloir que les engins supportent des énormes différences de pression,
03:09 température, densité, salinité et pH, ce sera pas du gâteau.
03:13 [Musique]
03:13 Tout ça se fera sans doute avec des machines contrôlées à distance.
03:16 On va pas descendre des mineurs mineurs à 6000 mètres de profondeur quand même.
03:18 Les industriels sont pleins d'humanité.
03:20 L'idée pour ramasser ces machins-là, c'est d'avoir trois éléments.
03:22 [Bruit de bouche]
03:23 Aïe.
03:23 [Rire]
03:24 Un aspirateur qui se balade sur le plancher océanique
03:26 pour slurper les premiers centimètres de sédiments où se trouvent les nodules.
03:29 [Bruit de bouche]
03:29 Un ascenseur pour ramener tout ça en surface.
03:31 Et un bateau qui triera les nodules du reste du sédiment,
03:34 lequel sera rejeté en mer.
03:35 Dans un contexte commercial,
03:36 il faudrait ramasser plusieurs milliers de tonnes de nodules par jour pour être rentable.
03:39 C'est énorme.
03:39 Et potentiellement les impacts environnementaux aussi.
03:41 D'abord, comment vont réagir les bestioles abyssales
03:43 quand on va leur sucer l'habitat dans un Roomba géant ?
03:45 Eh bien, il y a fort à parier que c'est la fin mon ami.
03:47 [Bruit de bouche]
03:48 Mais c'est pas tout.
03:49 Parce que outre la dégradation de l'habitat et la pollution sonore et lumineuse du chantier,
03:52 ça va aussi remuer du sédiment.
03:54 Et notamment quand les machines vont rejeter après traitement l'eau et les déchets dans l'océan,
03:58 plus ou moins près du fond.
03:59 Et ça c'est catastrophique pour plusieurs raisons.
04:01 Ça va créer un panache de sédiments,
04:02 comme une tempête de sable qui peut retomber en pluie sur les organismes du sol
04:05 qui avaient tenu bon jusque-là.
04:06 Vous avez survécu à l'aspirateur ?
04:07 Essayez Pompéi maintenant.
04:08 [Musique]
04:10 Mais c'est jamais qu'une partie des particules qui vont retomber.
04:12 Les autres vont rester en suspension dans la colonne d'eau...
04:15 Hummm...
04:17 Pendant des années, sur des dizaines, des centaines, voire des milliers de kilomètres.
04:21 Du coup, l'eau va se troubler,
04:22 et on fait un bon gros fuck aux organismes filtreurs comme les éponges
04:26 qui ont besoin d'un milieu transparent pour vivre.
04:27 Tant pis aussi pour les organismes qui communiquent et chassent à vue,
04:30 comme les espèces bioluminescentes.
04:32 [Bruit de bouche]
04:35 Aaaaah !
04:36 [Tousse]
04:37 Ah la vache ! Pourquoi j'ai fait ça ?
04:38 Ne faites jamais ça, c'est complètement débile.
04:40 Mais c'est pas fini.
04:41 Ce panache ne contient pas que des sédiments.
04:43 Il peut aussi porter des métaux, ceux-là même qu'on a remué pour les récupérer, souvenez-vous.
04:47 Vous savez, le cuivre, le cadmium, le zinc, le plomb,
04:49 et ben ils sont toxiques pour la vie marine.
04:51 Et eux, ils pourraient rester en suspension dans la colonne d'eau pendant des siècles...
04:54 Non.
04:56 Des siècles pendant lesquels ils vont pouvoir contaminer, voire décimer les organismes vivants,
05:00 et remonter gentiment la chaîne alimentaire jusqu'à, par exemple, le poisson dans nos assiettes.
05:04 Miam miam !
05:05 Et à la température aussi,
05:06 parce que cette eau qui ressort après traitement va être réchauffée.
05:09 C'est pas voulu, c'est juste les machines qui émettent de la chaleur en triant le bon minéral de livret,
05:12 à tel point que cette eau pourrait être 10°C plus chaude en sortant qu'en entrant.
05:15 Vous imaginez un peu l'impact que ce petit sauna peut avoir sur les organismes du fond,
05:20 qui sont au contraire habitués à des conditions extrêmement stables.
05:22 En plus que c'est pas 3 palourdes qui vont être chatouillées par l'aspireau géant.
05:25 Je sais pas si vous vous souvenez, la zone CCZ dont on parlait au début,
05:28 des scientifiques l'ont étudiée,
05:29 et 70 à 90% des espèces trouvées là-bas étaient inconnues jusqu'alors.
05:38 Ils y ont trouvé des poulpes, des poissons, des coraux, des crinoïdes,
05:41 des organismes unicellulaires de parfois 5 cm de long.
05:43 Donc ces zones qu'on aimerait bien raser, non seulement elles sont habitées,
05:46 mais en plus elles pourraient abriter une faune à la fois abondante et diversifiée.
05:49 Un peu comme nos aisselles.
05:51 En fait les chercheurs se sont même rendus compte que plus il y avait de nodules, plus il y avait de vies,
05:54 avec certaines espèces de coraux qu'on retrouvait que sur les nodules.
05:57 Donc si on enlève les nodules, ben...
05:59 Mais ces écosystèmes sont encore très mal connus.
06:01 La rumeur dit qu'on connaît mieux la surface de la Lune que le fond de nos océans.
06:04 Donc difficile de prévoir les impacts possibles du minage
06:06 si on sait même pas à quoi ça ressemble, ni qui y réside et comment ça fonctionne.
06:10 En fait la question la plus importante c'est
06:11 est-ce que ces endroits peuvent se remettre vite si on exploite ces champs de nodules ?
06:15 En d'autres termes, quelle est la résilience de ces écosystèmes ?
06:17 Ben ça tombe bien que vous me posez la question parce qu'il y a un début de réponse
06:20 grâce à des expérimentations qui datent d'il y a respectivement 20 et 37 ans.
06:24 Les chercheurs ont simulé le passage d'un engin de ramassage des nodules
06:27 et ils ont regardé comment ces zones se remettaient après.
06:29 Ça c'est la zone témoin où l'aspirateur n'est pas passé
06:31 et ça c'est 37 ans après qu'il est passé.
06:33 Dans la zone d'Ison, il y a moins de nodules, c'est normal, ils ont pas repoussé en 40 ans
06:36 mais surtout il y a beaucoup moins de bestioles qui y vivent et elles y sont moins diversifiées.
06:40 Les scientifiques se sont particulièrement intéressés à la faune qu'on retrouve sur le fond,
06:43 qu'on appelle l'épiphaune, et leur constat c'est qu'il y a 70% de bestioles en moins qui nagent près du fond
06:48 et 8 fois moins d'organismes accrochés par terre.
06:50 Donc oui, il y a une sorte de recolonisation dans ces zones, mais c'était mieux avant.
06:54 D'après les chercheurs, les écosystèmes des plaines abyssales pourraient mettre des dizaines
06:57 sinon des centaines d'années à se remettre du passage des aspirateurs.
07:01 Pas cool du tout.
07:01 Effectivement, extraire ces nodules polymétalliques ça viendra avec un sacré prix pour les abysses.
07:15 Heureusement pour nous, les plaines ne sont pas les seuls endroits où on retrouve des miches.
07:18 Des miches, ouais.
07:19 Les plaines ne sont pas les seuls endroits où on retrouve des richesses minérales dans les grands fonds.
07:24 Suivez-moi, on va aller dans une source hydrothermale.
07:27 Rien à voir avec Evian ni Vichy, bien que ce soit mon régime préféré.
07:32 On les appelle aussi fumeurs blancs et fumeurs noirs.
07:34 Imaginez des geysers mais au fond de l'eau.
07:38 Ils se forment quand il y a des volcans sous-marins, par exemple au niveau des dorsales.
07:40 Dans ces zones-là, comme ça bouge beaucoup, le fond marin est scarifié de failles
07:43 comme les poignées de votre petite sœur Emo.
07:45 Et ce qui se passe c'est que l'eau de mer va s'engouffrer dans toutes ces fissures
07:48 et elle va se rapprocher du magma sous-jacent.
07:50 Elle va se dire "Waouh, il fait chaud ou c'est moi ?"
07:52 Et au passage, elle va devenir acide samère, arracher des minéraux à la roche adjacente.
07:56 C'est ces minéraux métalliques qui nous intéressent.
07:57 Et puis pchit, l'eau ressort en geysers et ces précieux métaux dissous vont précipiter
08:02 pour former les cheminées des fumeurs ou bien ils vont retomber en pluie tout autour
08:06 et s'incruster dans ce qu'on appelle les boues.
08:08 C'est des dépôts qui vont être riches en cuivre, zinc, plomb, arsenic, cobalt et même or et argent.
08:13 Et c'est ces trucs-là que les industriels veulent miner.
08:15 Petit coquin.
08:16 Merde.
08:18 Aujourd'hui, on peut trouver plusieurs dizaines de mètres de couches de dépôts comme ça
08:21 qui s'étendent sur de toutes petites zones, c'est ultra localisé.
08:23 La plus grande source hydrothermale connue est 14 fois plus petite que le Vatican.
08:26 Et le pire, c'est que j'ai trouvé cette info telle qu'elle dans une étude, j'ai rien eu à faire.
08:29 Des petites zones, mais nombreuses, puisqu'on en compte pas moins de 300 et certaines d'intérêt économique.
08:33 L'une d'elles contiendrait 15 millions de tonnes de minerais,
08:35 elle est située du côté de la ride océanique Rouen des Foucas, en français, "Jean de Feuc".
08:39 Alors, comment on extrait ces bidules ?
08:41 Eh bien, ce sera facile de répondre parce que ça a déjà été fait par les japonais.
08:46 En 2017, ils sont descendus à -1600 mètres au large d'Okinawa
08:50 et ils ont prélevé une poignée de ces sulfures polymétalliques juste pour goûter, comme ça.
08:53 Ce qu'ils ont fait, c'est un dispositif assez similaire à l'extraction des nodules.
08:56 Sauf qu'ils ont utilisé plusieurs machines sur le fond marin pour détacher les dépôts métalliques, là,
09:00 et puis ils les ont acheminés en surface grâce à une pompe et stockés sur un bateau.
09:04 Et encore une fois, tout ce qui n'est pas intéressant est rejeté en mer,
09:06 panache turbide et Mokun Tessak abatte.
09:08 Donc, globalement, les mêmes impacts que pour les champs de nodules qu'on a vus.
09:11 Le hic, c'est que ces sources hydrothermales sont des oasis de vie.
09:14 Oui, je parle bien des geysers de fluides acides portés à 400°C et bourrés de sulfures et de métaux.
09:18 Vraiment, la faune qui s'est développée là-bas, c'est Chuck Norris avec des nageoires.
09:21 [♫ Musique ♫]
09:28 On se demande même si la vie sur Terre ne serait pas apparue dans ce genre d'écosystème-là.
09:32 Donc, ils sont extrêmement importants du point de vue scientifique.
09:34 Les chercheurs ont déjà découvert plus de 500 nouvelles espèces autour de ces sources hydrothermales.
09:37 Du poisson, de la crevette, de l'escargot, des vers, des bactéries...
09:40 Comme un plateau de fruits de mer à Noël.
09:41 En plus, il n'y a pratiquement pas deux communautés de fumeurs qui sont pareilles.
09:44 D'un côté de l'océan, c'est des collégiens en manque de popularité.
09:46 De l'autre, des intermittents du spectacle en sarouel.
09:48 Il y a de tout.
09:49 Certains scientifiques avancent même que 85% des espèces des fumeurs pourraient être endémiques.
09:53 Donc, on les retrouverait qu'à un seul endroit sur Terre.
09:55 Mais c'est pas parce que ces espèces se sont adaptées à des conditions de vie ultra-hardcore
09:58 qu'elles survivent dans le noir complet, dans une eau si chaude qu'elles feraient bouillir dans vie des panzanis
10:02 et qui ont carrément inventé un autre type de métabolisme, basé non pas sur la photosynthèse
10:06 mais sur la chimiosynthèse, qu'elles peuvent pour autant survivre à une grosse perturbation.
10:09 Changer leur morning routine, priver-les de leur soufre du matin, et ils seront peut-être en PLS.
10:13 Surtout si vous détruisez leur maison et la broyez en petits morceaux sous leurs yeux.
10:16 Les bons points, parce qu'il y en a, c'est que ces fumeurs mettraient plusieurs milliers d'années à se former
10:19 et non pas millions, donc c'est déjà mieux que de s'attaquer aux nodules.
10:22 D'autant plus que les zones couvertes sont très réduites,
10:24 donc potentiellement les impacts de l'extraction pourraient l'être aussi.
10:26 Et côté pollution métallique, a priori cette faune-là est tranquille,
10:29 puisqu'elle vit déjà dans un bouillon de métaux toxiques et elle s'y est adaptée, donc un peu plus, un peu moins.
10:33 Pour tous les autres impacts, c'est difficile de prévoir comment un écosystème pareil réagirait,
10:36 d'autant plus qu'il n'y en a pas deux identiques.
10:38 Bon, donc on a nos nodules polymétalliques au fond des plaines abyssales,
10:41 nos dépôts sulfureux des sources hydrothermales,
10:43 et on a une troisième et ultime source de minerais dans nos abysses,
10:46 une qui va plaire à mon public lépreux que j'embrasse,
10:48 ce sont les croûtes polymétalliques.
10:49 Oui, polymétallique encore, l'océan est plus métal que le Hellfest.
10:52 Alors donc nous sommes cette fois sur les monts sous-marins,
10:54 et ces croûtes dont je vous parle, ça se forme comme un glaçage de ferro-manganèse
10:58 par précipitation des métaux contenus dans l'eau sur le socle rocheux, à même notre flanc de montagne.
11:03 Un glaçage qui peut atteindre 25 cm d'épaisseur quand même, il faut avoir de bonnes dents.
11:08 C'est ignoble.
11:09 Ils contiennent à peu près la même chose que nos nodules polymétalliques du début,
11:12 donc beaucoup de cobalt, du manganèse, nickel, cuivre, et même du zirconium.
11:16 Et elles se forment tout aussi lentement, de l'ordre du millimètre par million d'années.
11:19 C'est dans le Pacifique qu'on en trouve le plus, notamment dans le Pacifique Nord,
11:22 puisque c'est là que la croûte océanique est la plus vieille, environ 160 millions d'années.
11:27 Et donc c'est là que les croûtes polymétalliques ont eu le plus le temps de se former et de grandir sur la croûte océanique.
11:32 Ça fait un sandwich de croûtes cette histoire, un sandwich de croûtes fort intéressante même,
11:35 parce qu'on a estimé qu'elles abritaient par endroits 4 fois plus de cobalt, 3,5 fois plus d'yttrium,
11:40 et 9 fois plus de tellure que l'entièreté des réserves continentales connues.
11:43 Ah c'est horrible. Bon appétit.
11:46 Pour prélever ces minerais, on sait pas très bien ce que les industriels ont prévu de faire,
11:49 vu que les infos sont pas publiques, mais dans tous les cas ça va pas être facile de décoller les croûtes de la roche
11:53 vu qu'elles sont vraiment cimentées dessus.
11:55 On sait pas s'ils vont y aller au Burin ou s'ils préféreront leur faire écouter du Orelsan en boucle,
11:58 jusqu'à ce qu'elles décident d'elles-mêmes de s'en aller,
12:00 mais dans tous les cas il y a fort à parier que si des bestioles habitent sur ces croûtes,
12:04 et ben elles vont pas faire long feu.
12:05 Bon, mais si c'est difficile à choper, on peut au moins espérer que ces croûtelles soient désertes, non ?
12:09 Et bien que nenni, les monts sous-marins sont carrément des hot spots de biodiversité.
12:12 Et oui, pas de bol.
12:14 *musique*
12:22 Ils sont couverts de récits de coraux, d'anémones et d'éponges,
12:25 qui abritent près de 800 espèces de poissons,
12:27 avec aussi des requins, des thons, des tortues, des cétacés, des crustacés, des mollusques et des oursins à étoile de mer.
12:31 Ces écosystèmes-là sont les plus mal connus des trois dont on a parlé,
12:34 mais certains chercheurs avancent que 80% de ces espèces pourraient être endémiques.
12:37 Le célèbre ours polaire des abysses.
12:40 C'est de plus en plus ignoble, j'adore.
12:41 Et côté résilience, me direz-vous, et bien c'est mal barré.
12:44 Faudra attendre plusieurs millions d'années pour que nos croûtes repoussent.
12:46 Et côté biodiversité, comme finalement l'extraction minière ressemble un peu au chalutage profond,
12:50 des chercheurs se basent sur des expériences de chalutage dans les monts sous-marins
12:53 pour imaginer les impacts potentiels de l'exploitation minière.
12:56 Et il s'avère que les traces du passage d'un chalut se voient encore 10 à 30 ans plus tard.
13:00 Donc on peut s'attendre à la même chose avec une opération de minage.
13:02 En plus, la faune, il sera probablement complètement différente après,
13:05 puisque les communautés qui peuplent les monts sous-marins sont des espèces qui vivent longtemps et qui grandissent très lentement.
13:09 Certains coraux ou éponges sont séculaires, voire millénaires.
13:12 Donc quand l'espace est brutalement rasé,
13:14 déjà, ces espèces crèvent, et ensuite, il est très vite recolonisé par d'autres espèces plus réactives.
13:20 Et tant pis pour les pépés et les mémés, ils avaient qu'à être plus rapides.
13:23 Bon, faut bien garder en tête que là, je parle d'impact potentiel, pas des effets avérés,
13:28 parce qu'on n'a jamais miné les foins à l'échelle industrielle encore, je le répète, c'était toujours que des tests.
13:32 Et en plus, on ne connaît pas très bien les techniques qui seront utilisées,
13:34 et on connaît si mal le fonctionnement de ces écosystèmes
13:37 que c'est difficile d'évaluer les impacts de cette activité.
13:39 En tout cas, les impacts potentiels qu'on a mentionnés ont été identifiés par des scientifiques,
13:43 qui sont tous relativement unanimes.
13:45 Mais il n'y a pas uniquement les effets que j'ai mentionnés précédemment qui sont à craindre.
13:48 Certes, on a parlé de la destruction des habitats,
13:50 certains ayant mis des millions d'années à se former,
13:52 des panaches turbides de sédiments avec une potentielle contamination métallique,
13:55 des pollutions sonores et lumineuses des engins qui travailleront potentiellement jour et nuit,
13:58 en affectant toutes les bestioles marines et pas que celles du fond, y compris les mouettes.
14:01 Mais c'est pas fini, le meilleur pour la fin.
14:03 Si on remue tout le sédiment comme ça, ça peut aussi relarguer joyeusement le CO2
14:07 séquestré dans les sols océaniques depuis des millions d'années.
14:10 C'est pile le bon moment, on en manquait du CO2.
14:12 Ça pourrait aussi empêcher l'océan profond, en particulier les plaines abyssales et les sources hydrothermales,
14:15 d'accomplir son rôle de puits de carbone,
14:17 en perturbant les communautés de microbes qui fixent ce carbone normalement,
14:20 en décomposant les joyeux cadavres qui tombent au fond de l'eau.
14:23 [Musique]
14:47 Alors, peut-on faire du deep sea mining durable ?
14:50 Vu les temps de formation de ces ressources, ça risque pas.
14:52 Et même s'il y en a potentiellement des bons gros stocks qui nous permettraient de voir venir pendant un moment,
14:55 elles ne sont pas renouvelables, à l'échelle humaine en tout cas.
14:57 Mais les métaux qu'on mine sur Terre non plus, c'est pas le but.
14:59 Et côté impact sur les écosystèmes marins, de toute façon, ce serait impossible d'avoir zéro impact.
15:03 Et on part de loin quand même avec le minage terrestre.
15:05 Donc, est-ce que ça peut pas quand même représenter un peu du mieux ?
15:08 Concernant l'impact socio-environnemental, toutes les études ne sont pas d'accord entre elles.
15:12 Certaines affirment que le minage des abysses est sans doute moins coûteux,
15:14 ne serait-ce que parce que tout se passe sur l'eau, donc pas besoin de construire des infrastruct...
15:17 des infrastruct... des infrastruct... le retour du beatbox.
15:19 Pas besoin de construire des infrastructures, ni des routes en déforestant et expropriant gaiement,
15:23 et qu'en plus, les bateaux pourraient être réutilisés après.
15:25 D'autres chercheurs avancent que pas du tout, et qu'une mine en mer consommera plus d'énergie
15:28 et générera plus d'émissions que son équivalent à Terre.
15:30 Bref, difficile de conclure, d'autant plus qu'on connaît trop peu les grands fonds
15:33 pour estimer vraiment les impacts d'une activité qui n'a pas encore eu lieu.
15:37 Et s'il y a un accident sur Terre, ça peut être catastrophique.
15:39 Vous vous rappelez peut-être de ce barrage brésilien qui a rompu en 2016
15:42 et répandu 50 millions de mètres cubes de boue et de déchets toxiques,
15:45 a tué 19 personnes et interrompu l'accès à l'eau potable de centaines de milliers d'habitants.
15:50 Mais on voit qu'en mer, quand il y a un accident, ça peut aussi prendre une ampleur inattendue.
15:53 Bref, je suis assez d'accord... euh, c'est d'accueur...
16:00 Voilà, je suis assez d'accueur.
16:01 Bref, je suis assez d'accord avec ces chercheurs qui écrivent en 2018
16:04 "Les coûts économiques élevés de l'impact écologique du minage terrestre
16:07 sont souvent utilisés comme argument en faveur du deep sea mining.
16:10 Pourtant, cette approche de "pas à côté de chez moi", qui les pousse vers les fonds marins,
16:14 violerait le principe de précaution pour lequel les États se sont accordés
16:17 pendant le sommet de Rio en 1992."
16:19 Le truc, c'est qu'en plus, on peut craindre un effet pervers.
16:21 C'est pas parce qu'on va miner dans les océans qu'on va pour autant arrêter de miner sur Terre
16:24 et toujours dans les mêmes conditions.
16:25 Donc au final, ça pourrait juste augmenter les stocks de métaux disponibles,
16:28 c'est-à-dire augmenter beaucoup plus vite l'offre que la demande
16:31 et en conséquence très probablement faire s'effondrer le cours des métaux,
16:34 sans qu'il y ait pour autant de progrès sur le plan social ni environnemental.
16:38 Bon, maintenant que vous savez pourquoi on s'intéresse aux grands fonds
16:40 et pourquoi c'est peut-être pas la meilleure idée d'aller extraire leur richesse,
16:43 il reste une grande question, pourquoi on en parle maintenant ?
16:46 Et pour y répondre, j'invoque Raphaël, alias Underwaterbaguette sur Instagram,
16:50 qui est biologiste marin et militant contre le deep sea mining.
16:52 Et il va nous raconter des bonnes nouvelles, donc c'est assez rare en environnement, faut en profiter.
16:56 La semaine dernière, à la COP27, Macron a affirmé que la France soutenait
16:59 l'interdiction de toute exploitation minière des fonds marins.
17:02 Cette position va donc encore plus loin qu'un moratoire, qui est une pause temporaire.
17:05 Et pour une fois, c'est pas que de la poudre de perlimpinpin, les paroles ont été suivies d'actes.
17:09 Quelques jours plus tard, aux négociations de l'autorité internationale des fonds marins,
17:13 l'autorité chargée de réguler et d'encadrer l'industrie minière en haute mer,
17:16 au passage soupçonnée de conflits d'intérêts avec les entreprises minières,
17:19 la France a concrétisé sa position auprès des autres états membres.
17:22 C'est une position diplomatique forte, qui positionne notre pays aux côtés d'états
17:25 comme le Costa Rica, le Chili, le Panama, la Nouvelle-Zélande, l'Allemagne ou l'Espagne,
17:29 qui appellent à un moratoire ou à une pause de précaution sur cette industrie,
17:32 étant donné le manque de connaissances scientifiques sur les écosystèmes abyssaux
17:35 et l'absence de réglementation suffisante pour protéger l'environnement.
17:38 Mais le combat est loin d'être fini. Il faut à présent ramener d'autres pays
17:41 dans le sillage de la France pour bloquer le début de l'exploitation des fonds marins.
17:44 En effet, la lutte contre le deep sea mining est une course contre la montre
17:47 depuis qu'une entreprise minière canadienne, The Metals Company,
17:50 a déclenché une loi dite "la loi des deux ans".
17:52 Cette loi oblige l'autorité internationale des fonds marins
17:55 à délivrer les premiers contrats d'exploitation minière deux ans après son activation,
17:58 soit juin 2023, et ce, peu importe si un cadre réglementaire existe ou non.
18:03 Et puisque les scientifiques nous disent qu'il nous faudra des décennies
18:05 pour comprendre les impacts environnementaux du deep sea mining,
18:08 il sera impossible d'avoir un cadre réglementaire strict d'ici là.
18:11 Et c'est pas des blagues. Les premiers tests à large échelle ont déjà eu lieu.
18:14 En septembre dernier, The Metals Company a obtenu une autorisation
18:17 pour récolter 3600 tonnes de moutons polymétalliques.
18:20 Les annonces récentes de la France pourraient donner de l'élan
18:22 au mouvement anti-deep sea mining qui grandit de jour en jour.
18:25 Merci Raphaël ! Si vous aimez la biologie marine et les dessins,
18:28 précipitez-vous sur son compte Instagram Underwater Baguette.
18:30 Raphaël qui est aussi membre du collectif Look Down,
18:32 qui lutte contre cette industrie aux côtés d'ONG comme la SOA
18:35 et d'activistes comme Camille Etienne.
18:37 Donc pour vous tenir au courant des actualités autour du deep sea mining,
18:39 vous savez où aller !
18:41 Moralité, on va avoir de plus en plus besoin de métaux dans les années à venir.
18:44 Est-ce que c'est une bonne idée d'aller les chercher au fond de l'océan ?
18:46 Et bien c'est pas si sûr !
18:48 Miner les écosystèmes abyssaux s'avèrerait extrêmement invasif et destructeur,
18:51 qu'il s'agisse des plaines abyssales et leurs nodules polymétalliques,
18:54 des sources hydrothermales et leurs dépôts soufrés,
18:56 ou encore des monts sous-marins et leurs croûtes polymétalliques.
19:00 Mais conséquence inattendue, le deep sea mining pourrait aussi avoir un impact
19:03 sur la régulation du climat par l'océan.
19:05 Quand on pense que certains de ces minerais serviraient à développer l'économie verte,
19:08 c'est cocasse.
19:09 Une autre idée, plutôt que de chercher à toujours extraire plus de ressources,
19:12 ce serait de mettre l'accent sur la sobriété énergétique d'une part,
19:15 et de développer d'autre part l'économie circulaire
19:17 pour recycler au max les ressources qu'on a déjà extraites.
19:19 Certes, on aura toujours besoin de métaux,
19:21 mais il y a peut-être moyen qu'on en recycle un paquet
19:23 pour limiter notre impact sur l'environnement.
19:25 En tout cas, s'il y a un truc que les études que j'ai lues martèlent,
19:27 c'est qu'il faut plus de recherches avant de faire quoi que ce soit.
19:29 À ce jour, moins d'un millième des abysses a été exploré.
19:31 Donc avant de s'approprier des ressources millénaires, voire millionnaires,
19:34 qui ont en plus une signification culturelle ou spirituelle
19:36 pour certaines populations humaines,
19:38 essayons d'explorer ces endroits, d'apprendre à les connaître,
19:40 comprendre comment ils fonctionnent,
19:41 et protéger tout de suite les zones les plus fragiles
19:43 avant de risquer de leur faire du mal.
19:45 On peut se faire disparaître des espèces avant même qu'on ait pu les découvrir, non ?
19:47 C'est l'heure de la page réclame.
19:53 Merci à Cambly de soutenir cette chaîne.
19:55 Imaginez, vous êtes sur scène, en train de dispenser votre éminent savoir
19:57 à une poignée d'heureuses élus,
19:59 avec toujours la très grande modestie qui vous caractérise,
20:01 quand soudain, dans le public, quelqu'un prend la parole
20:03 et vous demande de traduire en anglais ce que vous venez de dire.
20:05 Là, tout le monde vous regarde et attend.
20:07 Imaginez un peu.
20:08 Heureusement, ça n'arrive que dans les rêves, ces choses-là.
20:13 Bon, c'était un petit peu approximatif.
20:15 Mais j'étais contente de ne pas avoir perdu mes moyens,
20:23 déjà, une pensée pour tous les traducteurs qui font ça toutes les journées
20:26 et qui, eux, le font bien.
20:27 Bref, je ne pensais pas que ça allait m'arriver un jour,
20:29 et pourtant, heureusement que j'étais un petit peu préparée.
20:31 Peut-être que vous aussi, vous vous dites "enfin, ces choses-là n'arrivent jamais".
20:33 Auquel cas, je vous présente Cambly.
20:35 Cambly, c'est un site qui vous met en relation avec des anglophones natifs
20:38 et qui vous permet de converser en anglais avec eux.
20:40 Les tuteurs viennent de plein d'endroits différents,
20:42 ça permet de se faire un peu leur aigle, donc c'est cool,
20:44 et on peut même les choisir selon leur accent.
20:46 Il y a toujours des tuteurs disponibles à toute heure du jour ou de la nuit,
20:48 7 jours par semaine,
20:49 donc si à un moment, vous avez une envie soudaine de parler anglais à 3h du mat,
20:52 c'est possible.
20:53 Vous vous connectez sur le site,
20:54 vous choisissez votre victime, enfin votre tuteur,
20:56 et vous le mappoulez.
20:57 Vous pouvez aborder des thématiques précises,
20:58 par exemple pour se préparer au TOEIC,
21:00 un entretien d'embauche, un examen, une présentation orale,
21:02 ou simplement pour tailler le bout de gras
21:04 et parfaire votre anglais courant, par exemple avant un séjour à l'étranger.
21:07 Parce que l'anglais écrit, c'est bien mignon,
21:09 mais il n'y a que quand on commence à pouvoir tenir une conversation avec quelqu'un
21:12 que ça devient un peu sérieux.
21:13 Et non seulement c'est bien, mais grâce à moi, c'est encore mieux.
21:15 Si vous cliquez sur le lien en description de la vidéo,
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21:30 Le lien est en description, n'hésitez pas à vous balader sur le site
21:32 pour voir à quoi ça ressemble.
21:33 Et merci à Cambly de soutenir cette chaîne
21:35 et de nous permettre de devenir imbitables, imbattables en anglais.
21:38 Merci d'avoir suivi cette vidéo,
21:42 merci à Underwater Baguette pour sa participation,
21:44 son gros coup de main sur la biblio, quel homme.
21:46 On se voit très vite pour un sujet un peu plus joyeux normalement.
21:48 Et d'ici là...
21:50 J'aurais trouvé une phrase de fin.
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