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Le colonel Pierre Gaudillière, porte-parole de l’État-major des armées, était l'invité de BFMTV pour évoquer l'opération d'évacuation des ressortissants français du Niger.

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00:00 Bonsoir, Colonel Pierre Gaudière.
00:02 Combien d'appareils engagés ?
00:03 Et est-ce que là, au moment où on se parle, les opérations sont en cours ?
00:07 Les opérations sont effectivement en cours.
00:09 Alors, je vous parle, il y a deux avions de transport stratégique posés à Niamey
00:15 et qui embarquent des ressortissants.
00:18 Et un troisième qui s'apprête à décoller de France pour rejoindre Niamey également.
00:23 Ça veut dire que le premier appareil va arriver ce soir avec des Français à son bord ?
00:27 Exactement, dans la nuit, dès qu'il aura décollé de Niamey.
00:31 Des informations que vous avez ?
00:32 Ça se passe correctement, il n'y a pas d'hostilité sur place ?
00:35 Les embarquements de ressortissants se passent en coordination
00:39 et depuis l'aérodrome civil de Niamey.
00:42 Et tout ceci a été planifié et déclenché sous très court préavis
00:48 puisque ces avions ont été mis en alerte finalement dans la nuit.
00:51 Qu'est-ce qui a déclenché justement ces évacuations ?
00:55 Quels ont été les éléments en votre possession
00:57 qui ont dit "bon maintenant il faut y aller" ?
00:58 Vous avez suivi notamment les manifestations de dimanche dernier
01:04 et notamment contre l'ambassade de France à Niamey
01:08 qui ont donné une obligation finalement à nos forces de se tenir prêtes
01:18 à répondre à une évacuation de ressortissants.
01:22 Et finalement le président de la République a pris la décision
01:24 de faciliter la sortie des ressortissants français et européens
01:30 qui souhaitaient quitter le Niger par le biais de leur mise à disposition
01:35 d'avions militaires français pour quitter Niamey vers la France.
01:38 Vous savez combien de ressortissants vous allez évacuer au total ?
01:41 Vous avez un chiffre précis ?
01:43 Ce chiffre de recensement finalement des ressortissants français et européens
01:47 est du ressort du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères
01:50 avec qui nous travaillons bien évidemment en très étroite coordination.
01:53 Ulysse Gosset ?
01:54 On parle d'environ 1500 personnes à évacuer
01:57 dont 600 à 700 français et des ressortissants européens.
02:01 La question qu'on se pose c'est, il y a eu un putsch mercredi dernier
02:04 donc l'espace aérien du Niger a été fermé, l'aéroport était fermé.
02:09 Comment vous avez fait pour que finalement les avions français
02:12 puissent se poser à Niamey pour permettre aux français de revenir en France ?
02:18 Comment ça s'est passé ?
02:18 Est-ce que ça veut dire qu'il y a eu un accord avec les putschistes,
02:22 avec l'armée du Niger ?
02:23 Il y a surtout une coordination technique
02:25 et qui est toujours encore en cours à l'heure où je vous parle
02:28 avec les forces nigériennes et le personnel nigérien
02:33 qui gère l'aéroport civil.
02:36 Et c'est bien dans ce cadre-là que ces missions militaires
02:39 ont été autorisées à se poser et finalement à embarquer des ressortissants
02:45 comme dans n'importe quel aérodrome civil.
02:47 Mais ce sont bien des vols militaires
02:49 qui ont fait l'objet d'une coordination étroite.
02:52 Vous l'avez dit, ce sont des vols non armés,
02:56 ce sont des Airbus A330 qui contiennent combien de passagers ?
03:00 Qui peuvent emmener combien de passagers pour revenir en France ?
03:02 Pour rentrer dans le détail, vous avez deux types d'avions.
03:05 Ce sont des avions de transport stratégiques,
03:07 c'est-à-dire qu'ils servent à emmener les troupes vers leur théâtre d'opération.
03:13 Et donc c'est vraiment du transport de personnel,
03:15 ils sont absolument non armés.
03:16 Ils effectuent finalement une ligne, ce sont des avions de ligne militaire.
03:19 Le premier est dédié exclusivement à ça,
03:23 ça s'appelle un Airbus A330-200 opéré par l'armée de l'air et de l'espace.
03:27 Il peut emporter 280 personnes.
03:30 Les deux autres, ce sont des Airbus multi-rôles,
03:33 c'est-à-dire qu'ils peuvent faire à la fois du transport de personnes,
03:37 270 environ personnes,
03:40 et aussi du ravitaillement en vol dans le cadre d'autres missions.
03:42 Mais là, ils sont tous les trois utilisés vraiment dans le cadre de transport de personnes.
03:48 D'accord. Et quelles sont les forces, les militaires qui sont engagés
03:51 pour accompagner nos ressortissants et les protéger aussi sur place ?
03:55 Alors, les forces militaires qui sont engagées,
03:58 elles sont engagées d'abord depuis la France,
04:01 elles sont engagées aussi en Afrique,
04:03 on va dire avec le dispositif qui est déjà présent.
04:06 Les opérations sont commandées depuis Paris,
04:07 mais elles sont aussi commandées depuis le Tchad.
04:09 Vous le savez, le commandement finalement régional de ces opérations.
04:15 Et puis, il y a du personnel militaire français déjà à Niamey.
04:20 Et là, c'est à partir de ce personnel déjà à Niamey,
04:23 sur la base aérienne projetée,
04:25 qu'une cinquantaine de militaires s'occupent d'aider à embarquer.
04:30 Alors, c'est très important ce que vous venez de dire,
04:31 c'est-à-dire une cinquantaine de personnels qui sont déjà en poste
04:35 sur la base aérienne projetée, la base projetée de Niamey.
04:38 Est-ce que ça veut dire qu'il y a des militaires français dans Niamey aujourd'hui
04:41 qui participent à l'escorte ? Où sont-ils positionnés en fait ?
04:45 Pas du tout. Les ressortissants viennent par leurs propres moyens à l'aéroport civil.
04:50 Et il s'agit vraiment d'une aide à l'accueil et à l'embarquement.
04:55 Et il y a aussi du personnel du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères
04:59 qui accueille bien évidemment les ressortissants pour des formalités.
05:03 Donc, les militaires français qui sont basés à Niamey,
05:05 la cinquantaine d'hommes dont vous parlez,
05:08 sont à l'aéroport pour accueillir les ressortissants
05:10 et les accompagner à l'avion.
05:12 Exactement. Pour faciliter.
05:13 Il n'y a pas de militaires français dans les rues de Niamey.
05:15 Non.
05:16 Et est-ce qu'aujourd'hui, puisque vous êtes là ce soir sur le plateau,
05:19 est-ce qu'aujourd'hui il y a ou pas une nouvelle tension,
05:22 une nouvelle menace contre l'ambassade ou pas du tout ?
05:25 Pas à l'heure où je vous parle.
05:28 Mais est-ce que vous êtes prêts, dans le cadre de ces évacuations,
05:31 s'il se passe quoi que ce soit, à parer à toute hostilité ou mouvement hostile ?
05:36 C'est la nature des missions des armées d'être prêts à répondre
05:40 à n'importe quel type de situation,
05:42 dont l'atteinte à la sécurité des ressortissants ou la protection des…
05:48 Vous avez pu obtenir des garanties que tout se passe bien
05:51 avec les autorités locales, qu'il y aura une complète coopération ?
05:55 On a des garanties techniques pour la conduite de cette mission
05:59 d'évacuation de ressortissants.
06:02 Cette opération dont vise à évacuer 600 à 700 Français,
06:05 1500 personnes avec les Européens,
06:09 combien de temps ça peut durer ?
06:10 Ce matin, le Quai d'Orsay a dit 24 heures environ pour cette opération,
06:14 qui n'a pas un nom spécifique d'ailleurs, mais quelle durée pour l'opération ?
06:17 Elle n'a pas de nom spécifique parce que c'est une mission d'appui
06:20 au départ volontaire de ressortissants français et européens
06:26 qui souhaitent quitter le Niger.
06:28 Et le ministère des Affaires étrangères, ce matin, a parlé de 24 heures,
06:32 notamment sur l'opportunité de prendre ces avions militaires.
06:37 D'accord, les Français, nos compatriotes qui veulent rester au Niger,
06:41 qui veulent rester à Niamé, il n'y a pas de problème,
06:43 c'est de leur propre responsabilité.
06:45 Vous n'irez pas les chercher en leur disant "pas question, vous rentrez".
06:47 C'est vraiment sur une base de volontariat, de conseil bien sûr,
06:51 mais de volontariat.
06:52 Le personnel diplomatique reste sur place ?
06:56 Le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères l'a confirmé.
07:00 D'accord, donc il n'y a pas de rupture totale aujourd'hui
07:03 entre la France et le Niger ?
07:06 L'ambassade reste ouverte.
07:09 D'accord, donc pour nos compatriotes qui le souhaitent,
07:11 ils ont une aide et un appui aussi auprès de l'ambassade.
07:14 Alors c'est vraiment une question à poser au quai d'Orsay.
07:17 Trois avions vont participer, c'est ça ?
07:21 Le premier doit arriver à quelle heure ce soir normalement ?
07:23 Dans la nuit.
07:24 En fait, tout dépend...
07:25 Les familles, ce que je veux dire, c'est que les familles en France
07:28 sont d'ores et déjà prévenues de ce qui se passe ?
07:32 Là, je vais vraiment vous parler du côté militaire,
07:34 c'est-à-dire finalement de la gestion des décollages et atterrissages
07:38 et du transport de passagers.
07:39 Tout ce qui est gestion, recensement des ressortissants et de leur famille,
07:45 c'est du ressort du quai d'Orsay.
07:48 Le décollage des avions qui sont posés
07:52 dépend de l'arrivée des ressortissants à l'aéroport civil.
07:55 Et finalement, c'est ça qui donne le tempo des Norias,
07:59 ou en tout cas des décollages et atterrissages depuis la France.
08:02 D'accord, donc il n'y a pas de créneau horaire défini, quoi, en fait ?
08:07 Il y a des créneaux horaires que nous planifions et que nous concertons.
08:12 C'est-à-dire, à quel moment savez-vous que, par exemple,
08:14 pour le premier avion, c'est terminé, les ressortissants sont arrivés
08:17 et l'avion peut décoller et peut repartir ?
08:18 Nous essayons de partir avec des avions pleins au maximum.
08:22 D'accord.
08:22 Avec des créneaux horaires qui peuvent être définis éventuellement ?
08:24 Vous pouvez établir...
08:26 Ça obéit à des plans de vol, c'est-à-dire vous déclarez votre horaire de décollage,
08:30 mais vous pouvez la décaler en fonction de vos aléas.
08:33 Oui, en fonction des aléas aussi.
08:36 Et là, en l'occurrence, des familles.
08:37 Éventuellement, oui, bien sûr.
08:41 De ce que vous savez sur place, tout se passe bien pour le moment ?
08:44 Tout se passe bien.
08:45 Il y a beaucoup de demandes de départ ?
08:48 Là encore, les gens arrivent à l'aéroport civil, sont pris en compte
08:52 et peuvent embarquer dans les avions de manière nominale.
08:55 Donc, je n'ai pas beaucoup plus de détails à vous donner.
08:59 Avec un avion qui devrait décoller de Niamey sous très peu.
09:02 La situation le commandait, Ulysse Gossel.
09:04 Il y avait une espèce d'urgence quand même à procéder à ces évacuations ?
09:08 En réalité, si vous voulez, le déclencheur, comme l'a dit le colonel,
09:11 ça a été la manifestation de dimanche qui a dégénéré lorsque les manifestants
09:15 ont décidé d'aller vers l'ambassade et où certains ont même essayé d'y pénétrer.
09:19 Et en brandissant des drapeaux nigériens, mais aussi russes
09:22 et en arrachant la plaque de l'ambassade.
09:23 Donc, ça a été une forme d'alerte qui a résonné évidemment d'abord à l'ambassade,
09:28 mais au Quai d'Orsay, à l'Elysée et à l'état-major bien sûr.
09:31 Et puis surtout, c'est l'idée de dire si cette évacuation peut se faire dans le calme,
09:36 de façon préventive et ne pas intervenir si par exemple,
09:39 il y avait une escalade militaire, des affrontements entre les Pouchis
09:42 et leurs adversaires ou même une intervention par exemple des pays d'Afrique de l'Ouest.
09:46 Eh bien, les Français qui le souhaitent peuvent partir maintenant.
09:49 C'est une mesure de précaution d'une certaine manière.
09:51 Ça s'est déjà passé une fois récemment en Afghanistan, à Kaboul,
09:55 où les Français ont été évacués avec plusieurs mois d'avance sur les autres pays
10:00 parce que le Quai d'Orsay avait décidé de prendre des mesures de précaution.
10:04 C'est un peu dans ce cadre-là parce qu'en réalité,
10:07 personne ne peut dire comment la situation va évoluer.
10:09 Il faut rappeler que les Pouchistes refusent de céder le pouvoir aux civils.
10:13 Le président élu, Basoum, est toujours en poste.
10:16 Il refuse lui de démissionner et il y a un ultimatum qui court jusqu'à dimanche.
10:21 D'ici là, je pense que la situation est évolutive
10:24 et que, évidemment, tout peut arriver, d'où la nécessité d'évacuer.
10:27 Et donc, colonel, pour conclure,
10:30 demain, en milieu de journée, l'opération d'évacuation pourrait être terminée.
10:34 – Exactement.
10:35 C'est soumis d'abord à la volonté des ressortissants
10:39 de rejoindre ou pas l'aérodrome.
10:42 Et comme annoncé ce matin,
10:44 il y a une durée qui dure jusqu'à à peu près au milieu de la journée de demain.
10:50 – Merci colonel Pierre Godillard, porte-parole de l'état-major des armées,
10:53 d'être venu donner des précisions sur BFMTV.

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